Je n'ai pas de mots Dora - juste MERCI
LETTRE OUVERTE AUX HABITANTS DU SUD D’ISRAEL -
Dora MARRACHE
Pour aschkel.info et lessakele.
Une pensée toute spéciale pour Gilat Shalit enlevé le 25 juin 2006, près de1597 jours dans la solitude la plus exécrable qui soit ! On pense à toi tous les jours Guilat !
En ces temps difficiles où la judéophobie étend ses tentacules à travers le monde, le Juif doit savoir que , quoi qu’il arrive, rien ne sera jamais plus comme avant, car aujourd’hui « Le Juif errant » n’existe plus. Aujourd’hui, les Juifs ont un pays où les habitants défendent avec leurs armes et avec leur cœur chaque pouce de terrain.
Et c’est en pensant à eux que j'ai choisi de parler aujourd'hui de la vie des habitants du Sud d'Israël. Je veux ainsi rendre hommage à tous ces Israéliens qui résident dans les villes et villages frontaliers et qui risquent leur vie pour protéger notre pays.
Je veux aussi rendre hommage à une amie irremplaçable, Aschkel Lévy, qui vit également à la frontière avec Gaza et qui est non seulement une amie avec un grand A, mais aussi une « super woman » : elle est professeur d'histoire, s'occupe quotidiennement de son blog absolument remarquable, « Aschkel.info », que consultent près d'un million d'internautes, elle est lue et très appréciée et, comme beaucoup d’Israéliens, elle trouve aussi le temps de travailler pour son pays. Elle mérite toute notre admiration pour son courage et son dévouement.
LETTRE OUVERTE AUX HABITANTS DU SUD D’ISRAEL - Dora MARRACHE
Si vous, habitants de Sdérot et d’Aschkléon, villes situées respectivement à 2 et à 11 kilomètres de Gaza, et vous riverains de la bande, veniez à parler de votre vie aux touristes de passage, ils vous répondraient: “ On sait ! On sait ! » .
Mais que savent-ils ? Que depuis près de dix ans vous êtes la cible privilégiée des Gazaouis parce qu’à portée de leurs tirs? Que vous êtes aux premières loges pour qu’ils déversent sur vous leur pluie de missiles ? Que vous avez subi de nombreux attentats, sans parler des attentats déjoués ?
Oui, cela ils le savent, oui, cela nous le savons. Nous n’avons pas oublié cette roquette qui s’est abattue sur une salle de classe, par bonheur inoccupée, ni cette bombe qui a frappé un centre de soins situé dans un centre commercial d’Aschkelon faisant alors 14 blessés, ni non plus le tir de roquettes à partir de l'UNRWA, située au cœur d'une école.
Mais qui se souvient aujourd’hui, à l’exception des habitants d’Aschkelon, de cette pluie de roquettes dont les ont gratifiés les terroristes palestiniens alors qu’ils fêtaient Hanoucca, le 24 décembre 2008. Il est tombé en 2009 jusqu’à 32 roquettes par jour, 32 fois vous avez été contraints d’abandonner vos occupations pour tenter de gagner un abri ! 32 fois en 24 heures ! Je lisais même que vous pouviez en recevoir plusieurs centaines par jour !
De 2005 à 2007, immédiatement après le retrait unilatéral israélien de la bande de Gaza, ce sont 5700 roquettes qui se sont abattues sur le Sud d’Israël, soit onze fois plus qu’en 2003-2004. Heureusement, comme vous aimez la vie, que vous vous protégez du mieux que vous pouvez, que vous consentez à vivre dans des abris pour échapper à la mort, et comme pour vous « celui qui sauve une vie sauve l’humanité », le nombre de victimes est somme toute peu élevé comparé à celui des victimes palestiniennes. Mais qui osera se lever et dire que les Palestiniens se servent de boucliers humains, qu’ils entreposent des armes dans les hôpitaux et les écoles ? Qui se lèvera pour déclarer au gouvernement de Gaza qu’il est inacceptable d’agir ainsi et pour l’enjoindre de cesser ses activités? Et qui se rappellera l'attitude humanitaire d'Israël qui, sous le feu incessant des roquettes, prodigua des soins médicaux à 12 000 Palestiniens de Gaza, eux-mêmes maltraités par les leurs?
On se souvient aussi de Sderot qui a dû être désertée mais qui, depuis l’opération « Plomb Durci » connaît une accalmie, accalmie toute relative, puisque la ville ne reçoit «pas plus d’une ou deux roquettes par semaine», aux dires de Avi Melaned, ancien agent du renseignement israélien.
Comme on n’entendait plus parler de tirs de Qassams, on en avait conclu un peu trop vite que vous étiez tous , habitants du Sud, en sécurité. C’était oublier que le mot « trêve » n’a guère de sens pour les terroristes palestiniens, qu’ils n’ont aucun scrupule à la rompre. Et le 30 juillet de cette année les Palestiniens se sont rappelés à notre souvenir en tirant une roquette sur Aschkelon, plus précisément un missile, d’une force et d’une puissance nettement supérieures à celles des roquettes artisanales. Le Premier ministre Netanyaou avait alors déclaré « Israël prend très au sérieux l’attaque contre Aschkelon ». Cette mise en garde n’a pas empêché les Palestiniens de récidiver le 15 septembre dernier en lançant plusieurs obus de mortier sur le terrain du Conseil régional d’Eshkol.
Qui plus est, la situation s’est même aggravée puisque les roquettes artisanales ont ont fait place à des obus au phosphore blanc qui ont une portée de 6 kilomètres et qui ont la particularité de s’enflammer aussitôt qu’ils entrent en contact avec l’oxygène de l’air, provoquant des brûlures et allumant des incendies. Un de ces obus est tombé le 19 novembre près d’Aschkelon, heureusement sur un terrain vague. L’ambassadeur israélien à l’ONU a alors été chargé de déposer une plainte auprès de Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire général de notre ex Société des Nations. C’était il y a bientôt un mois, je ne crois pas que le Secrétaire général ait donné suite à cette plainte.
Bien sûr, on n’ignore pas non plus que le 8 décembre, il y a tout juste deux semaines, pendant les fêtes de Hanoucca, les terroristes ont lancé 5 roquetttes et mortiers sur le Sud d’Israël. C’était leur façon à eux de remercier le Cabinet israélien d’avoir voté des mesures d’aide à l’économie gazaouie.
Oui, tout cela, nous le savons ! Et l’Occident aussi le sait !
Et que fait la communauté internationale ? Que fait l’ONU, elle si prompte à condamner Israël (41 % des résolutions de l’ONU depuis 2003 ont été votées à l’encontre d’Israël) ? L’une et l’autre brillent par leur silence, elles ont choisi de rester les bras croisés comme à l’époque d’Hitler, comme en 67 quand près de 200 millions d’Arabes s’étaient donné rendez-vous à Tel-Aviv en se lançant à l’assaut d’Israël. Les Qassams, vous dira-t-on, ce n’est pas grave, ils ne tuent pas. D’ailleurs, une fois de plus, ce sont des intellectuels antisionistes qui vont minimiser le danger : « Il faut se dire que les roquettes du Hamas, c’est plutôt pour les enfants, avait déclaré Stéphane Hessel, ancien déporté de Buchenwald, cela n’a aucun rapport avec les dégâts de l’armée israélienne ».
C’est pour les enfants, dites-vous, Monsieur Hessel. Quelle insulte pour les habitants du Sud d’Israël ! N’avez-vous jamais entendu dire qu’à Sderot une personne sur deux connaît quelqu’un qui a été tué par une roquette ? Et que pensez-vous alors des 56% des habitants de Sderot affectés par les dégâts des roquettes, que ce soit physiquement ou émotionnellement , quand ce n’est pas les deux à la fois ?
Ignoreriez-vous que le tiers des enfants souffrent de troubles post-traumatiques dont la guérison prend parfois des années ? Et les maladies chroniques comme la dépression ou encore l’anxiété généralisée, sont-ce là des exagérations des Israéliens ? Mais non, vous êtes trop bien informé pour l’ignorer !
Condamne-t-on le Hamas qui a choisi la violence et qui porte la responsabilité du millier de blessés à Aschkelon et Sderot? Il va sans dire que non. Les roquettes s’abattent sur le Sud d’Israël sans qu’aucun gouvernement ne s’en émeuve. En revanche, quand les Israéliens décident de réagir et de recourir à l’action militaire puisque l’ONU se refuse à prendre une action concrète, quand ils choisissent l’autodéfense (art.51 de la Charte de l’ONU) pour mettre fin aux crimes perpétrés par le Hamas, la communauté internationale le déplore et l’ONU se dépêche de voter une résolution – la énième – condamnant l’État d’Israël.
Bien sûr, tous vous diront qu’Israël a le droit de se défendre comme toutes les nations, mais ce droit est assorti de tellement de MAIS, que tout cela revient à dire en fin de compte qu’Israël n’a pas le droit de se défendre. On vous dira : « Mais la riposte était disproportionnée ! » ou encore « Mais c’est un massacre ! ».
Pourtant, ce qui est remarquable et qu’il est bon de souligner, c’est la retenue dont a fait preuve Israël devant ces pluies de roquettes. Faut-il rappeler que le gouvernement a attendu deux ans et demi avant de décider de riposter militairement pour mettre un terme au quotidien qu’imposait la branche armée du
Hamas aux habitants du Sud d’Israël?
Qu’aurait dû faire alors Israël pour satisfaire l’Occident ? Demander à ses citoyens de se comporter comme pendant la Deuxième Guerre, en « bons citoyens » ou, au contraire, en « peuple guerrier » prêt à tout pour se défendre comme il l’a fait en 67 et en 73 ? Certes, il est évident qu’on préfère le Juif victime, le Juif persécuté et courbant l’échine au Juif qui relève la tête. « Dieu est du côté des persécutés », entend-on souvent dire, et comme les Palestiniens sont passés maîtres dans l’art de la mise en scène pour jouer les martyrs, on pourrait penser qu’il est normal que la sympathie de l’Occident aille vers eux. Seulement voilà, l’Occident ne s’apitoie guère sur le sort des habitants du Darfour, sort infiniment moins enviable que celui des Palestiniens, pas plus qu’il ne s’afflige des génocides ou des guerres ailleurs qu’au Moyen-Orient. En vérité, ce n’est pas le sort des Palestiniens qui préoccupe l’Occident, c’est la puissance d’Israël, c’est la présence d’un état fort qu’il ne supporte pas.
Et vous, habitants du sud d’Israël, que pouvez-vous faire, que pouvez-vous dire ?
Pour savoir ce que vous vivez, il faudrait partager votre vie, ne fût-ce qu’une semaine, et s’imaginer ensuite devoir vivre avec la peur au ventre non pas un jour, ni un mois, mais des années. Les Gazaouis ne vous préviennent pas quand ils vont lancer une roquette, contrairement à Tsahal qui téléphone aux habitants pour les inviter à évacuer les cibles qu’elle s’est fixées.
Faire entendre votre voix, parler de votre vie au quotidien, de cette menace permanente, atténuerait peut-être votre souffrance. Mais, contrairement aux civils libanais ou palestiniens, vous, habitants d’Israël n’intéressez pas les medias, ils ne veulent pas savoir comment vous vivez. Vous aimeriez vivre comme tous les peuples de la terre, vivre dans des villes où vous vous sentirez en sécurité et non avec un code de survie. Chacun considère sa ville comme son chez-soi, il s’y sent en sécurité plus que partout ailleurs, mais vous ne pouvez en dire autant. Quel pays accepterait de vivre sous la menace constante de ses voisins ? Quel gouvernement tolérerait que des roquettes s’abattent quotidiennement, de jour comme de nuit, sur ses villes ? Qui en Europe voudrait revivre la situation des années 39-45, et dormir d’un demi-sommeil pour rester à l’affût du son strident des sirènes qui déchire le silence de la nuit, annonçant la mort et le désespoir ? Qui jugerait normal de vivre dans une ville où l’on dispose de quinze secondes pour gagner un abri quand la sirène annonce un tir de missile ? Et cela peut se produire à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit ! « Alors, me disait une amie, si tu es loin d’un abri, tu te couches à terre et tu récites le Shema Israël ».
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Je vous vois , vous habitants du Sud d’Israël, isolés, menacés de toutes parts par les terroristes du Hamas, en danger de mort. Mes mots ne peuvent ni dresser un mur pour vous protéger ni désarmer l’ennemi. Vous le savez, vous, que les Palestiniens ne veulent pas de vous comme voisins, qu’ils ont refusé en 47 le plan onusien pour le partage en deux États, qu’ils n’ont jamais voulu de vous et qu’ils ne voudront jamais de vous ! D’autres que vous auraient déserté la ville et les terroristes auraient gagné. Vous, vous ne la quittez que le temps de souffler, de reprendre de l’énergie ou encore quand, sous le feu des bombardements, on vous oblige à partir, mais vous revenez, déterminés à lutter de toutes vos forces contre ces terroristes. Les Palestiniens n’ont-ils pas encore compris que vous ne vous laisserez pas terroriser ? Que vous ne leur abandonnerez jamais les territoires qu’ils convoitent ? Je comprends pourquoi le héros toranique Samson est l’emblème de la ville d’Aschkelon et pourquoi vous, les Aschkélonites, portez le surnom de Samsonites. Votre sang-froid, votre détermination et votre courage suscitent l’admiration de tous.
Notre souhait à tous –nous savons qu’il ne s’agit là que d’un vœu pieu - est de voir la communauté internationale quitter cette attitude de passivité pour réagir et condamner les agissements du Hamas. Il faut qu’elle comprenne qu’Israël a besoin de son soutien dans cette guerre qui l’oppose au Hamas, et qu’elle comprenne qu’on ne peut ’établir une équivalence entre Israël et le Hamas.
Pour conclure, c’est à vous, habitants du Sud d’Israël, mais aussi à tous les Israéliens, que je voudrais dédier la chanson que vous allez entendre. C’est ma voix, c’est notre voix à tous – à quelques exceptions près - qui parle ici. Cette chanson a été écrite en 1967 par Serge Gainsbourg, juste à la veille de la Guerre des Six Jours, et elle est restée pendant 35 ans dans les archives de Kol Israël. Ce n’est qu’en 2002, donc 10 ans après sa mort, que les fans de Gainsbourg ont pu l’écouter pour la première fois. Une chanson que vous n’entendrez jamais sur quelque radio francophone que ce soit, exception faite évidemment des radios juives.
Écoutez maintenant , interprétée par Serge Gainsbourg, la chanson qui s’intitule « Le Sable et le Soldat ».
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