MAHOMET - CONTRE-ENQUETE - René MARCHAND
"L'APÔTRE D'ALLAH EMPRISONNA LES QURAYZA À MEDINE PENDANT QUE DES TRANCHÉES ÉTAIENT CREUSÉES PLACE DU MARCHÉ. ENSUTE IL FIT VENIR LES HOMMES ET LES FIT DÉCAPITER DE TELLE SORTE QU'IL TOMBAIENT DANS LES TRANCHÉES. ILS FURENT AMENÉS EN GROUPES, ET PARMI EUX ÉTAIT KAB, LE CHEF DE LA TRIBU. EN NOMBRE, ILS ATTEIGNAIENT SIX OU SEPT CENTS, BIEN QUE CERTAINS AFFIRMENT QU'ILS ÉTAIENT HUIT OU NEUF CENTS. TOUS FURENT ÉXÉCUTÉS." MÉDINE, AN 627. SIRAT RASOUL ALLAH, IBN ISHAQ.
DISCOURS DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE Nicolas SARKOZY aux autorités religieuses
Palais de l’Elysée
Vendredi 7 janvier 2011
Monsieur le Cardinal,
Monsieur le Métropolite,
Monsieur le Grand Rabbin,
Monsieur le Président du Consistoire Israélite de France,
Monsieur le Pasteur,
Monsieur le Président du culte musulman,
Monsieur le Recteur de la Mosquée de Paris,
Monsieur le Président de l’Union Bouddhiste de France,
Excellences,
Messieurs les représentants, en France, des églises d’Orient
Madame le Ministre d’État,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Et si vous me le permettez, mes chers amis,
Il y a une semaine jour pour jour, des femmes et des hommes, qui quelques instants auparavant étaient encore prosternés dans la prière, ont été sauvagement assassinés, leurs corps déchiquetés par les éclats d’une bombe meurtrière.
C’était à Alexandrie, la nuit du 31 décembre dernier, sur le parvis de l’église de Tous les Saints.
Ces femmes et ces hommes, accompagnés parfois de leurs enfants, se préparaient spirituellement à l’une des principales fêtes du monde chrétien, Noël.
Une fête que le calendrier orthodoxe célèbre à treize jours de distance de notre calendrier grégorien.
Alors même que nous entrions dans le nouvel an, ils vivaient l’Avent.
C’est aujourd’hui, date du Noël Copte, que ces hommes et ces femmes auraient dû se retrouver en famille, dans cette église désormais ensanglantée, pour célébrer la Nativité.
J’ai, croyez-le bien, en ce moment-même, une pensée très douloureuse pour leur mémoire à laquelle je tiens à rendre devant vous un ultime hommage.
Ils s’apprêtaient à fêter la naissance du Christ, la fureur d’un kamikaze les a condamnés à mort.
Ils venaient de recevoir et de se donner la Paix, ils ont été tués à l’arme de Guerre.
Leur crime ?
Pratiquer leur religion ;
Leur crime ?
Fêter la naissance d’un « Sauveur » qui pour les uns, n’est pas le Messie et qui pour les autres, n’est pas le Prophète.
Leur crime ?
Appartenir à une minorité religieuse. Une minorité très ancienne, une minorité qui conserve pieusement la mémoire du christianisme des premiers siècles, un christianisme bouillonnant et encore clandestin. Le christianisme des Actes des Apôtres, des Lettres et des Epitres. Une minorité qui depuis bientôt deux mille ans, participe à l’immense richesse culturelle et humaine d’un pays lui-même millénaire. Un pays où est apparu, pour la première fois dans l’Histoire de l’Humanité, il y a de cela trente trois siècles, l’idée de Monothéisme. Un très beau, un très grand pays : l’Egypte.
Cette minorité, c’est bien évidemment la communauté Copte qui tire son nom même de son pays, l’Égypte. Communauté dont je tiens à saluer, aujourd’hui, la présence des représentants, ici à l’Elysée, pour cette cérémonie de vœux hélas assombrie par ces drames.
Une communauté à laquelle je veux présenter non seulement mes condoléances personnelles, mais les condoléances de la France.
La France a été fortement émue par ce drame atroce le soir de notre Saint-Sylvestre mais la France est aussi inquiète car la tuerie d’Alexandrie n’est malheureusement pas un acte isolé.
Des évènements tout aussi monstrueux ont semé, depuis quelques semaines, la consternation au Moyen-Orient. La veille même de l’attentat d’Alexandrie, le 30 décembre, une dizaine de bombes déposées devant des maisons chrétiennes de Bagdad ont semé la mort, ont semé l’effroi.
Dans la même ville deux mois plus tôt, un commando d’Al-Qaïda prenait d’assaut la Cathédrale syriaque de Bagdad et exterminait, il n’y a pas d’autre mots, parfois à l’arme blanche, plus de cinquante personnes. Les victimes, dans ce cas s’apprêtaient à fêter la Toussaint, c’était essentiellement des femmes et des enfants. Il semble donc que chaque fois le calendrier liturgique ait été soigneusement consulté par les terroristes. Il ne leur suffit pas de tuer des fidèles, il convient également que ces fidèles soient assassinés de façon barbare les jours de fête.
Chacune des religions que vous représentez ici a ses martyrs et chacun les révère ou les célèbre selon ses rites.
Dans chacune des religions que vous représentez ici, des femmes et des hommes ont sacrifié leur vie pour défendre leur foi et par là leur liberté de croire ; car c’est une liberté.
Chacune des religions que vous représentez a ses martyrs, a été persécutée et l’on a aussi, trop souvent hélas, persécuté en dévoyant son nom, je veux dire le nom de votre religion.
Si je pouvais, ici, utiliser le mot de martyr, alors je dirais que les martyrs d’Alexandrie ou de Bagdad ne sont pas uniquement des martyrs coptes, syriaques, ou maronites.
Ils sont collectivement nos martyrs.
Ils sont les martyrs de la liberté de conscience.
Les Français n’acceptent pas, la France n’acceptera jamais que l’on puisse impunément prendre des innocents en prière pour cible d’un terrorisme délirant et barbare.
Au nom de la France je condamne ces crimes avec la plus grande fermeté et la France continuera de condamner ces crimes depuis toutes les tribunes que lui offrent le droit international et son rang dans le Monde. La ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères y veillera au nom de la diplomatie française.
Aucun être humain ne peut accepter que l’on massacre un autre être humain pour ce qu’il est ou pour ce qu’il croit, ce qui est la même chose. S’en prendre à une vie innocente c’est s’en prendre à l’Humanité toute entière.
Ainsi, devant ce déchaînement d’une violence aveugle mais diaboliquement orchestrée, je le dis avec émotion et avec fermeté, en ce matin d’un jour particulier pour la communauté copte, en me tournant vers le représentant de Patriarcat copte d’Alexandrie, cher Père Lucas Guirguis, pour l’assurer, en votre nom à tous et bien au-delà de ce lieu, de notre solidarité : dans l’église d’Alexandrie, c’est toute la Communauté des hommes qui a été frappée ; c’est la Civilisation humaine qui a été défiée.
Oui, le sort des chrétiens d’Orient nous concerne tous parce qu’il symbolise, bien au-delà des chrétiens et bien au-delà de l’Orient, les enjeux du monde globalisé dans lequel nous sommes entrés de façon irréversible.
La France est émue, la France est inquiète. Pour autant, la France ne se contente pas de déplorer, elle agit.
Dès le lendemain de l’attentat du 31 octobre contre l’église syriaque de Bagdad, le gouvernement a organisé l’accueil de cent cinquante chrétiens irakiens blessés dans l’attentat. La France n’avait d’ailleurs pas attendu ces drames pour porter secours aux chrétiens d’Orient. Dès 2007, le gouvernement français avait permis à des hommes et des femmes directement menacés de quitter l’Irak. Ils ont été plus d’un millier à en bénéficier.
Mais — car il y a un mais – il faut y prendre garde, nous ne pouvons pas non plus admettre et donc faciliter ce qui ressemble de plus en plus — j’emploie un mot fort — à un plan particulièrement pervers d’épuration du Moyen-Orient, d’épuration religieuse. En Irak comme en Egypte, les chrétiens d’Orient sont chez eux et ils le sont pour la plupart depuis 2000 ans.
Nous ne pouvons pas accepter que cette diversité, humaine, culturelle et religieuse qui est la norme en France, en Europe et dans la plupart des pays occidentaux disparaisse de cette partie du monde. Les droits qui sont garantis, chez nous, à toutes les religions, doivent être réciproquement garantis dans les autres pays.
Chaque État, chaque civilisation, chaque société a ses lois, ses principes et ses règles de vie commune mais il existe aussi des principes universels auxquels la très grande majorité des États du monde a souscrit. Ces principes garantissent, comme le pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, le droit à la liberté de pensée, le droit à la liberté de conscience, le droit à la liberté de religion.
Pourtant, au Pakistan, une mère de famille a été récemment condamnée à mort.
Pourquoi ? Elle est pauvre, elle est chrétienne, c’est une ancienne intouchable.
Son nom : Asia BIBI.
Son crime ? Avoir bu dans le verre de sa voisine, qui a vu là un geste impur, un blasphème.
Oui, il existe au Pakistan une loi qui punit le blasphème. Cette femme, Asia BIBI, a donc été condamnée. Des voix se sont élevées dans son propre pays pour dénoncer cette condamnation. Ces voix l’on payé cher. Mais la tête d’Asia BIBI a été mise à prix par des extrémistes.
Si elle est libérée, elle risque la mort. La France est concernée par cela.
La communauté musulmane de France elle-même est d’ailleurs la première horrifiée, je le sais, par les crimes que l’on commet au nom de l’Islam.
Je veux remercier tout personnellement le Recteur BOUBAKEUR pour les mots très clairs, très fermes et d’une très grande bonté qu’il a prononcés à la suite de l’attentat d’Alexandrie.
Mais je veux également saluer l’initiative du Conseil Français du Culte musulman et de son Président Mohamed MOUSSAOUI qui a dépêché une délégation pour assister à la messe du Noël Copte en signe de solidarité. Messe à laquelle assistait également le ministre de l’intérieur.
Les réactions unanimes dans le monde musulman — y compris de la part de gouvernements ou de mouvements dont la modération n’est pas toujours la principale caractéristique — témoignent du rejet absolument massif de ces attaques lâches, barbares qui ont aussi pour but, ne soyons pas aveugles, de déstabiliser les pays où elles ont lieu.
La religion, la tradition, l’histoire du monde musulman montre qu’il a toujours toléré, parfois même accueilli et protégé ceux que le Coran lui-même appelle les « gens du livre ».
Faut-il rappeler que ce monde musulman a accueilli et protégé les juifs et les marranes qui fuyaient une Europe sur laquelle s’étendait l’ombre redoutable de l’Inquisition.
Moins loin de nous, il n’est pas inutile d’évoquer, surtout dans les circonstances actuelles, le geste plein de noblesse de l’émir ABDELKADER volant au secours des chrétiens maronites de Damas.
Les résultats d’un sondage publié avant-hier dans un grand journal du soir et qui montrent qu’un trop large tiers des Français et des Allemands interrogés considèrent les musulmans comme une menace me préoccupe et ne peut que préoccuper les hommes et les femmes de bonne volonté.
Si telle religion est irrationnellement perçue, chez nous, comme une menace, nous devons combattre cette réaction irrationnelle par la connaissance mutuelle et par la compréhension de l’Autre.
L’Islam n’a évidemment rien à voir avec la face hideuse de ces fous de Dieu qui tuent aussi bien des chrétiens que des juifs, des sunnites que des chiites. Le terrorisme fondamentaliste tue aussi des musulmans.
Nous le savons bien. Vous le savez parfaitement bien vous, hommes de foi et de sincérité, mais nous devons le dire inlassablement si nous ne voulons pas que les opinions occidentales, sincèrement émues par ce massacre des innocents, ne s’enferment dans la défiance, dans la peur et donc dans l’amalgame.
Les menaces qui ont visé, il y a quelques jours, les églises coptes de France sont inadmissibles et le gouvernement les prend très au sérieux. Un dispositif de sécurité a été pris pour que les célébrations du Noël copte qui concernent plusieurs dizaines de milliers de fidèles qui doit se dérouler dans la paix et la sérénité indispensables.
Ce qui vaut pour le Noël Copte aujourd’hui vaut bien évidemment pour tous les lieux de cultes qui se trouvent sur le territoire et donc sous la protection de la République.
Sans aller, heureusement, jusqu’à des évènements aussi tragiques que ceux auxquels je viens de faire allusion, chaque fois qu’un cimetière est profané, chaque fois qu’une synagogue est violée, qu’une mosquée ou qu’une église sont l’objet d’actes de vandalisme ou d’insultes, les auteurs de ces actes seront recherchés, ils seront jugés, ils seront punis. Et je veux dire ici, combien à nos amis et à nos compatriotes musulmans, combien je suis scandalisé par les actes dégradants qui ont eu lieu dimanche dernier sur le chantier de la mosquée de Nogent-le-Rotrou. Ces actes, et je m’y engage, ne resteront pas impunis.
Je vais être ici très clair sur les principes et rappeler la Loi, la Loi française, la Loi qu’il convient de respecter si l’on veut pouvoir vivre librement sur notre sol, que l’on soit français ou que l’on soit étranger.
Le principe, il peut être compris de tous ; chacun doit pouvoir, en France, prier le Dieu de son choix, celui-là même que l’on invoque dans le secret de son for intérieur, qu’il soit celui de ses ancêtres ou celui que l’on a choisi par la conversion.
Chacun doit pouvoir, en France, prier dans la paix, la sécurité et dans la dignité. La Prière ne fait pas de bruit, la Prière n’offense pas, la prière n’agresse personne.
Chacun doit évidemment avoir le droit, en France, de ne pas prier.
Chacun a évidemment le droit, en France, de proclamer n’avoir « ni Dieu ni Maître ».
Chacun a évidemment le droit en France de professer les fameux maîtres du soupçon, ces fameux penseurs qui comme Nietzsche, Marx ou Freud, bousculèrent bien des certitudes et parfois ébranlèrent des convictions que l’on croyait solides.
Chacun a le droit en France de perdre la foi, de la trouver ou de la retrouver.
Mais attention, que la liberté de culte et donc la liberté de conscience soient simplement menacées et c’est l’édifice républicain lui-même qui vacille.
La liberté de culte et son corollaire immédiat, la liberté de conscience sont au même titre que la liberté d’expression, que la liberté d’opinion, consubstantielles de la Démocratie.
Personne en France ne s’y attaquera sans trouver face à lui, l’Etat et le Peuple français lui même.
Ma conception de la laïcité est simple. Elle peut être, je crois, admise et comprise par tous ;
Une République laïque assure à chacun, dans le respect d’une neutralité absolue, le droit de pratiquer sa foi, le droit de croire, le droit de ne pas croire.
Une République laïque assure à chaque culte et à chaque fidèle la sécurité sans laquelle il lui est impossible de vivre pleinement sa foi.
Une République laïque entretient un dialogue permanent avec les religions pratiquées sur son sol de façon à les entendre, et parfois, pourquoi pas, à les écouter.
Comme si les religions n’avaient rien à nous dire sur le monde dans lequel nous vivons ?
Comme si les religions n’avaient rien à dire sur la société que nous construisons ?
Aucune religion ne dictera jamais sa conduite à la République mais en quoi la République serait-elle menacée d’entendre ce que peuvent avoir à lui dire savants, philosophes et sociologues ? Cette idée ne viendrait à l’esprit de personne. Alors pourquoi cette volonté d’exclure du simple débat public ceux qui cherchent une réponse dans la transcendance divine ?
Comment peut-on réclamer, avec raison d’ailleurs, le dialogue à tous les étages de la société et décider qu’il faut enfermer les croyants dans leurs églises, leurs synagogues, leurs temples et leurs mosquées pour ne les autoriser à en sortir que comme des citoyens indifférenciés ?
Qui peut prétendre que l’on ne peut pas être l’un et l’autre en même temps?
La République n’intervient que lorsque des pratiques, présentées souvent à tort d’ailleurs comme religieuses, portent atteinte à d’autres principes démocratiques comme la simple dignité humaine et celle des femmes en particulier. Dignité, égalité homme-femme, principes sur lesquels nous ne transigerons jamais.
La République ne peut pas accepter qu’une religion investisse l’espace public sans son autorisation ; Mais dans le même temps, la République implique qu’elle tienne ses promesses en permettant que chacun puisse prier dans des lieux dignes.
La République protège de ses lois et de son autorité les religions et l’exercice des cultes mais là encore soyons très clairs, la République ne laissera jamais aucune religion, quelle qu’elle soit, lui imposer sa loi.
De cette République juste, laïque et protectrice, je dois être le garant.
De cette République-là, je dois être le rempart.
La relation entre l’Etat et les religions est encadrée par une loi vieille de plus d’un siècle. La loi de 1905. Personne ne la conteste, même si certains de nos concitoyens, dans les trois départements d’Alsace et de Moselle, vivent, pour des raisons historiques, dans un autre cadre. En revanche, il ne faut pas confondre la loi de 1905 avec les lois antireligieuses de 1793. Aristide Briand n’est pas Chaumette.
La République n’a pas à mener je ne sais quelle guerre contre Dieu et contre les croyants.
Mais puisque nous parlons de la loi, je tiens à faire référence, ici, à notre droit pénal qui qualifie de circonstances aggravantes un crime ou un délit motivé par l’appartenance de la victime à une religion déterminée.
Je le répète : jamais je ne tolèrerai qu’en France, on puisse impunément s’en prendre à un individu ou à des groupes d’individus en raison — si l’on peut appeler cela une raison, ne soyons pas trop cléments –, de leurs convictions religieuses ou de la pratique de la foi de celui qui en est victime.
Tous les fidèles que vous représentez ici, et je m’adresse encore tout particulièrement aux représentants en France des Eglises d’Orient en raison du contexte particulier qui est le nôtre, sont placés sous la protection de la République française, sans distinction.
J’aurais sincèrement souhaité que cette cérémonie de vœux puisse se dérouler dans un autre climat, plus serein, plus apaisé, moins solennel, comme nous en avions l’habitude. Mais la gravité de la situation internationale et les menaces qu’elle semble vouloir faire peser sur certains de nos concitoyens m’ont contraint à faire cette mise au point, aujourd’hui devant vous.
Cela ne m’empêche pas de vous présenter à chacun et aux fidèles que vous représentez mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
Que 2011 vous renouvelle les joies que vous apportent vos sacerdoces.
Qu’elle vous donne la paix, la paix de la réflexion, parfois la paix de la contemplation.
Qu’elle vous donne la force et l’énergie de ce service aux autres qui est au cœur même de vos vies.
En ce 7 janvier, jour de Noël pour les coptes, permettez-moi de me tourner une dernière fois vers tous les représentants des chrétiens d’Orient qui nous ont fait l’amitié de leur présence, pour leur souhaiter par-delà le deuil, par-delà la douleur et par-delà la peine, un très beau Noël.
Il n’est pas d’autre jour, chez l’ensemble de tous les chrétiens d’Orient ou d’ailleurs, qui puisse porter davantage vers l’espérance.
Je vous remercie.
Posté par jcdurbant
L’islam, totalitarisme guerrier, utilise notre conception de la « religion » comme cheval de Troie pour la conquête subversive de Europe.
René Marchand - ripostelaique
Objectifs : la libanisation avant l’islamisation totale.
De la nécessité d’une stratégie de contre-offensive
Comment évaluer la portée des nombreux signes qui témoignent de la montée de l’islam dans les pays européens, du plus anodin en apparence, comme le choix des prénoms des enfants d’immigrés venus du Maghreb, jusqu’aux plus spectaculaires, tels que la multiplication des mosquées ou des voiles pour les femmes ? Comment les Musulmans interprètent-ils chacun de ces signes ? Avons-nous affaire à une campagne d’islamisation de notre continent ? Dans cette hypothèse, qui conduit l’offensive ? qui y participe aujourd’hui ? qui est susceptible de s’y rallier, à court et moyen terme ? La cohésion de nos peuples est-elle menacée ? Y a-t-il un risque de fracture à l’intérieur de nos nations ? de guerre civile ? L’avenir de notre civilisation est-il en cause ? Voilà des questions que dirigeants, chefs de partis, autorités spirituelles, intellectuels… devraient se poser quand l’Europe compte sur son sol une communauté musulmane de plus de vingt millions de personnes, en accroissement numérique constant, tant par voie interne que par apport. Des « immigrés », installés à demeure, qui refusent l’assimilation pure et simple aux peuples qui les ont accueillis et revendiquent toujours davantage de droits particuliers. La France, où les Musulmans représentent dix pour cent de la population, s’honorerait en prenant l’initiative de réfléchir – simplement réfléchir, avant toute chose – sur cette mutation lourde au sein de nos sociétés.
Disons le tout net : il est indispensable que nous commencions par nous débarrasser de beaucoup de nos idées reçues sur l’islam et les Musulmans. Sommaires, souvent fausses, parfois véritables tares héritées d’un lointain passé, certaines de nos conceptions sont extrêmement nocives dès que nous abordons le champ de l’action. Un grand ménage s’impose dans ce bric-à-brac. Place aux réalités, aussi dérangeantes soient-elles pour notre confort intellectuel ! L’exercice sera difficile. Il exigera de nous de la recherche, de la réflexion, de l’honnêteté, de la persévérance. Il conviendra aussi que nous évitions, au moins dans un premier temps, les jugements de valeur sur nous-mêmes ou les autres, qui brouillent la vue et empêchent de poser les problèmes en termes adéquats.
L’islam, défini seulement comme une « religion » : un piège mortel
L’ignorance pousse toujours les peuples à plaquer sur des phénomènes qui leur sont étrangers leurs propres concepts, leur propre grille d’analyse : c’est l’erreur d’ethnocentrisme. C’est ce que nous, Européens, avons fait et continuons à faire avec l’islam, et avec d’autant plus d’aveuglement que nous sommes « ignorants de notre ignorance » : nous croyons bien connaître cette civilisation qui nous est contiguë depuis toujours, que nous avons vaincue au cours des derniers siècles, qui est présente maintenant sur notre sol…
Ainsi, nous définissons l’islam comme une « religion » sans plus de précision. En notre siècle, en Europe, le mot « religion », recouvre un culte, des rites, une tradition…, mais, d’abord et avant tout, une foi, c’est-à-dire quelque chose qui relève de la sphère privée, du droit qu’a chacun chez nous de penser ce qu’il veut et de croire à ce qu’il veut. Et nous tombons dans un piège.
En proférant : « l’islam est une religion » comme une vérité connue de tous et qui ne mérite pas de commentaires, nous nous interdisons, en conséquence, au nom de nos valeurs démocratiques et laïques, d’examiner de près sa nature, son idéologie, ses modes d’expression, ses moyens et ses fins, et, nous nous gardons d’intervenir dans les pratiques de ses fidèles.
Des Musulmans, qui, eux, nous connaissent parfaitement, jouent à fond de notre ignorance satisfaite, mais aussi de notre respect du droit de l’individu, pour réclamer la libre expansion de leur « religion » dans nos nations. L’islam « religion » est l’arme principale des promoteurs de l’islamisation de l’Europe. C’est le cheval de Troie d’un totalitarisme dans une guerre de conquête. Les mots soulignés appellent une explication.
Un totalitarisme, à fondement religieux, à l’opposé de la laïcité
L’islam est bien différent de ce que nous nommons « religion ». En première analyse, disons que c’est un ensemble insécable, à la fois identité (une identité qui a prévalence sur toute autre, à laquelle il est interdit de renoncer sous peine de mort), religion, droit, morale, civilisation, culture – selon les mots de nos langues indo-européennes qui recouvrent très imparfaitement ses composantes.
Dans l’islam, tout a un contenu religieux, tout – absolument tout – est placé sous le signe d’Allâh, en référence à son Livre (le Coran, incréé et éternel comme Allâh), à son Prophète, « le beau modèle », et aux premiers Compagnons de celui-ci…
L’islam ignore nos distinctions entre le politique et le religieux, le sacré et le profane, le droit public et le droit privé, entre le droit, la morale, les moeurs… C’est un totalitarisme, à fondement religieux, sans doute, mais certainement pas simplement une religion au sens que nous donnons, aujourd’hui, à ce mot dans nos pays.
(Gardons-nous de l’ethnocentrisme à tous égards : Le mot « totalitarisme », pour les démocrates occidentaux que nous sommes, est chargé négativement. Mais pour un homme de foi, soucieux de placer sa vie sous tous ses aspects dans la complaisance à son Dieu, il ne peut être que valorisant.)
Concernant les droits et devoirs des individus, le totalitarisme islamique est d’un extrémisme et d’une rigueur sans équivalent dans l’histoire. L’individu est pris dans un lacis d’interdictions et de devoirs pour toutes les occurrences de sa vie. D’autre part, à tout instant, il se trouve placé dans un système croisé de surveillance et de sanction confié à la fois, verticalement, à des cadres : imams, uléma, qadis… et, horizontalement, aux parents, voisins, Musulmans ordinaires.
Seule la prise en compte de ces réalités permet de poser avec pertinence la question de la compatibilité de l’islam avec les principes constitutifs de nos sociétés, en particulier, en France, au regard d’un des piliers de notre république : la laïcité.
– Au plan des concepts, un islam laïc est impensable parce que contraire aux dogmes les plus sacrés. Strictement inimaginable. Comme un cercle carré ou un triangle à quatre pointes.
– Un Musulman peut se dire laïc ; il ne l’est pas, il ne peut pas l’être. Un Musulman qui se prétend laïc est un ignorant, un naïf, un cynique ou une taupe.
– Une variété d’islam acceptant les lois et coutumes d’un pays non musulman, « rendant à César ce qui revient à César », bref, un islam respectant la laïcité dans une nation laïque est tout aussi impossible.
Sur des points aussi essentiels que la place du politique et du religieux ou la liberté de conscience, le choix est binaire : ou la laïcité ou l’islam.
– L’histoire et l’actualité nous fournissent la réponse musulmane à cette question de la compatibilité : dès qu’elle en a le pouvoir, une autorité fondée sur l’islam a toujours réduit à l’état de sujets subordonnés les non-Musulmans et leur a interdit toute propagande pour leur idéologie.
D’où l’importance du combat pour le respect de la laïcité face aux débordements de l’islam dans notre espace civilisationnel. Au demeurant, la laïcité, c’est une pierre de touche irremplaçable pour juger de la menace islamique sur nos valeurs et nos modes de vie.
Résumons : En laissant l’islam prendre ses aises sur notre territoire – avec l’espoir, vain, de le contrôler –, nos gouvernants ne font pas place à une religion de la sphère privée parmi d’autres, mais à un totalitarisme incompatible avec tout ce qui fonde notre civilisation. Et ce totalitarisme est mobilisé en permanence pour la conquête.
L’islam est né et ne peut être qu’expansionniste et guerrier
– L’islam, de naissance, génétiquement, en fonction de ces dogmes les plus sacrés, impossibles à réformer, indiscutables et jamais discutés, fait à ses adeptes un devoir d’expansion.
– Parmi les moyens légitimes de cette expansion figure la guerre (dans le Coran, deux synonymes : jihâd, qitâl).
+ sous la forme violente, sanglante, de l’affrontement armé,
+ mais aussi sous la forme subversive : l’islam admet, et même recommande, toutes les variétés de la ruse, de la dissimulation, du mensonge… (taqiyya, kitmân, makr…). Allah garantit à qui remplit ce devoir, cette obligation, les plus grandes récompenses : de son vivant, le butin, et, s’il meurt en « martyr » « dans le chemin d’Allâh », le Paradis (Coran).
Dès sa naissance, au VIIe siècle de notre ère, l’islam a déclaré au reste de l’humanité « une guerre universelle et perpétuelle », divisant le monde en Maison de l’islam (dâr al-islâm) et Maison de la guerre (dâr al-harb). Il n’a cessé ses agressions que lorsqu’il était dominé ou contenu. (En position de force ou d’égalité, un Musulman ne peut signer avec un pouvoir infidèle qu’une « trêve », d’une durée maximum de dix ans, cela en référence à une action de Mahomet face aux Mekkois, en 628.) Sur le rôle joué par la guerre dans l’histoire de l’islam, les spécialistes sont unanimes : de tout temps, elle fut le moyen privilégié de son expansion.
La réforme impossible ; la dynamique involutive
Autre réalité dont il faut nous pénétrer : L’islam n’a jamais connu de réforme et il ne peut être réformé. Sa dynamique est « involutive », fondamentaliste, réactionnaire. Cela se démontre par sa génétique même (ce qui excèderait le cadre de cet article) et cela se prouve par l’histoire :
Jusqu’au choc avec l’Occident il y a deux siècles, tous les grands mouvements intellectuels, toutes les révoltes, tous les changements de dynastie se sont fixé pour objectif, non de « faire table rase du passé », mais de revenir à l’islam, plus ou moins mythifié, des fondations. Il s’agissait, non pas seulement de s’inspirer de cet islam plus « pur », plus rigoureux, mais bien de l’imiter. Le pire crime-péché était l’innovation (bid‘a).
Actuellement, les seuls partis (au sens large : politiques, religieux, intellectuels, selon nos mots) qui recrutent dans les pays musulmans et en Occident sont les partis prônant le retour aux origines. Ce « reflux continu », inhérent à l’islam dès sa naissance, répétons-le, se trouve activé présentement par plusieurs facteurs : la volonté de récupérer une identité malmenée pendant longtemps par les Occidentaux ; un désir, bien compréhensible, de revanche ; la faillite des modèles de gouvernement et de développement importés en terre d’islam. Les nationalistes, modernistes… sont sur la défensive ; ils ne s’expriment guère que dans les démocraties de l’Ouest et la sincérité de beaucoup est sujette à caution. Et il faut savoir qu’ils ne disposent d’aucune doctrine à opposer au courant majoritaire.
Ces faits, constatables, indéniables, signifient notamment que l’espoir de voir naître un « islam des Lumières », en Europe par exemple, est une utopie… ou un outil de propagande. A supposer que, dans un de nos pays, une branche de l’islam développe des rameaux plutôt laïcs ou tolérants à l’égard des autres, ces étrangetés seraient, tôt ou tard, réduites à rien par l’orthodoxie à laquelle obéissent un milliard quatre cent millions d’hommes qui, de nos jours, communiquent d’un bout de la Terre à l’autre, notamment par les télévisions satellitaires.
La « divine surprise » de l’Europe, terre d’immigration de l’islam
Pendant des siècles, il était interdit par la Loi à un Musulman de s’établir durablement dans un pays non musulman, parce qu’il lui serait impossible d’accomplir ses devoirs et que ses mœurs risquaient de se corrompre. Au siècle dernier, l’Algérien Ben Badis ou le Frère Musulman égyptien, Sayyid Qutb, n’avaient pas de mots assez durs pour condamner ceux qui émigraient chez les Infidèles. Soudain, au tournant des années soixante-dix quatre-vingt, le discours des maîtres à penser a changé. Que s’était-il passé ? Des Européens de l’Ouest, par avidité financière (plutôt à droite) et/ou par calcul politicien (à gauche), faisaient venir des Musulmans en nombre sur leur territoire, puis, par stupidité et veulerie, ils laissaient s’en installer d’autres par millions.
La constitution d’une diaspora musulmane en Europe occidentale – une nouveauté dans l’histoire – a été analysée par les Musulmans les plus attentifs à leurs devoirs saints comme une aubaine pour reprendre la guerre d’expansion. Le continent ennemi héréditaire était de nouveau à la portée des Croyants. Mais, cette fois, la guerre serait subversive. La taqiyya remplacerait le cimeterre.
(L’énoncé même de ce fait : « l’islam conduit une guerre subversive de conquête en Europe » choque certains de nos esprits patentés « antiracistes ». Ethnocentrisme encore, et, en l’occurrence, « racisme » inconscient, mais bien réel ! Au nom de quoi, sinon à partir d’une supériorité présupposée de leur vision du monde, des Occidentaux non musulmans peuvent-ils reprocher à des Musulmans de se conformer à leurs valeurs les plus sacrées et d’aligner leurs actes sur leurs dogmes fondamentaux ?)
Une stratégie « peau de panthère », en vue, pour commencer, de la libanisation
Une stratégie précise a été élaborée et elle est mise en œuvre avec systématisme. Les rôles y sont bien distribués : des généraux d’état-major (comme, entre autres, l’Egypto-qatari Qaradawi, président du Conseil européen pour la recherche et la fatwa – sic –), des combattants (les cadres et militants d’organisations comme l’UOIF), des sympathisants, de la piétaille, des taupes (beaucoup de Musulmans « modérés »), et, bien sûr, des idiots utiles (tant d’Européens de souche !), des alliés à courte vue… Cette stratégie ne cesse de remporter victoire sur victoire, démontrant par là même et sa réalité et son efficacité.
Dans une première phase, les opérations s’articulent sur trois axes :
– D’abord, faire venir en Europe le maximum de Musulmans (ou de migrants susceptibles d’être islamisés, comme les Noirs d’Afrique).
– Les réislamiser, ce qui ne veut pas tant dire leur apprendre ou réapprendre les dogmes et lois de l’islam, les inciter à fréquenter la mosquée… Non, les réislamiser, c’est d’abord les doter de signes et de comportements marquant leur qualité de membres de la umma et, donc, rendant impossible leur intégration dans le pays d’accueil. Comment ?
+ les prénoms des enfants. Donner à un enfant un prénom musulman, c’est le tatouer à jamais comme musulman, ainsi que toute sa descendance, car un Musulman ou un enfant de Musulman ne peut quitter l’islam : c’est le crime d’apostasie, punissable de mort. Aujourd’hui, dans toute l’Europe, la pression sur les immigrés est telle qu’aucun d’eux ne peut appeler son rejeton Marcel, Alain ou Isabelle.
+ le voile des femmes, qui signifie non seulement un statut diminué, mais aussi l’interdiction du mariage avec un non-Musulman ; le voile, c’est le fanion d’une armée.
+ le ramadan : le mois lunaire de jeûne a une fonction policière de premier plan : il permet de détecter les « mauvais Musulmans », qui seront châtiés en conséquence et ramenés par la pression de la communauté dans le droit chemin.
+ les mosquées, évidemment, qui sont bien autre chose que des « lieux de prière », à la fois mairies, lieux de réunions pour la politique et la propagande (c’est dans les mosquées que sont nés tous les mouvements d’opposition au « modernisme »), écoles, centres de formation continue, éventuellement casernes…
+ les mœurs, les habitudes alimentaires (la viande halâl, licite…), qui, comme les prénoms et les vêtements, sont des marqueurs au quotidien, permanents, de l’identité et des rappels à ne pas se laisser entraîner vers l’assimilation à la société d’accueil.
+ etc.
– Habituer les Européens au « fait musulman », les amener à considérer la présence de l’islam comme « normale », non dérangeante et définitive, ce qui conduit à laisser aux envahisseurs toute latitude pour mener à son terme leur projet de conquête. Les prénoms, les voiles, les mosquées, le ramadan, la viande halâl… doivent être banalisés peu à peu sur notre territoire. La revendication pour des « arrangements raisonnables », au nom de notre tolérance, des droits de l’homme, du respect dû aux religions…sera méthodique, incessante, portant ici sur la séparation des hommes et des femmes dans les piscines, là sur tel ou tel chapitre de l’enseignement non conforme à la doctrine islamique.
Il s’agit, on le voit, d’une conquête par petits bouts, portant à la fois sur les lois, les mœurs, les paysages…, « en peau de panthère », pour arriver à la reconnaissance par la loi d’une communauté identitaire – qu’on pourra qualifier de « religieuse » par ethnocentrisme – à l’intérieur de chaque pays, autrement dit : la libanisation.
L’étape suivante – tout aussi programmée – est la conquête du territoire lui-même. N’ayant plus à ménager les autochtones, les guerriers d’Allâh utiliseront désormais la violence armée. La méthode est annoncée :
– obtenir du pouvoir central des « places de sûreté islamique » (sur le modèle des villes de sûreté des protestants au XVIe siècle) là où la population est majoritairement musulmane ; dans ces zones, la Loi musulmane sera appliquée dans on intégralité ;
– à partir de ces points d’appui, grignoter continûment (encore « la peau de panthère ») des espaces. Les chefs de la guerre font miroiter à leur troupe l’islamisation complète, avant la fin de ce siècle ou au cours du siècle suivant, d’un ensemble comprenant
– la France, qui compte le plus grand nombre de Musulmans et le plus fort pourcentage de Musulmans dans sa population, coupable de colonisation et de guerre contre l’indépendance, terre des « Francs », à l’origine des croisades…,
– la Belgique, déjà affaiblie par ses deux communautarismes de fondation et dont la capitale, Bruxelles, par ailleurs « capitale de l’Europe », est presque conquise démographiquement : dans dix ou quinze ans, un habitant sur deux y sera musulman,
– l’Italie, cible « spirituelle », à cause du Vatican,
– l’Espagne : al-Andalus, de Gibraltar à… Narbonne, exclue injustement de la Maison de l’islam.
Les Européens appliquent la stratégie de leur ennemi. Pourquoi ?
Les Européens ont laissé les Musulmans qui leur font la guerre développer leur stratégie sans même avoir conscience qu’ils étaient attaqués. Il y a là un mystère qui n’est pas sans précédent dans le temps (cf. l’attitude des démocraties face au nazisme et au communisme dans les années trente). Ce qui est nouveau, c’est que les pays agressés ont apporté leur concours activement à leur ennemi, non seulement en cédant à ses demandes, mais en allant au devant de ses revendications, en appliquant sa stratégie, en « en faisant toujours plus » : par exemple, créer des postes d’« aumôniers » dans l’armée ou les prisons (ni la fonction ni le terme n’existent en islam), former des « imams » (un mot valise qui permet les ruses les plus variées)…
Il faut faire la part belle à la mauvaise conscience coloniale, à la dilution des valeurs de civilisation en Occident, à la haine de soi, à la torpeur avachie de générations de repus voulant croire toute guerre désormais impossible… Ces causes-là sont certaines, mais elles sont insuffisantes pour expliquer une attitude littéralement suicidaire. L’étude ne peut qu’être esquissée ici. Retenons quelques points essentiels :
+ les intérêts à court terme de lobbies et de partis : le « patronat » faisant venir des immigrés pour faire pression sur les salaires ouvriers et disposer d’une manœuvre bon marché et mal protégé, les socialistes espérant créer entre droite et gauche un parti charnière qui leur serait acquis ;
+ la sous-estimation de l’adversaire, le mépris des anciens colonisateurs qui ne pensent pas que des hommes (des « bougnoules ») qu’ils ont dominés puissent sérieusement les menacer, encore moins les vaincre ;
+ l’aïkido à partir de nos conceptions et de nos valeurs : une technique qui fonctionne à la perfection. Les appels à la tolérance, au respect des religions, des minorités, à la liberté de conscience servent à justifier notre complaisance à l’égard d’un totalitarisme à qui ces notions sont inconnues et qui les refuse frénétiquement là où il a le pouvoir.
+ notre besoin de nous rassurer. Pour ne pas avoir à envisager toute l’horreur d’une guerre avec l’islam tout entier, nous nous accrochons à trois contre-vérités :
° « l’islam n’est qu’une religion parmi d’autres, d’ailleurs une religion de tolérance et de paix. » Passons !
° « il est absurde de parler de l’islam comme d’une entité géopolitique. Il existe tant de variétés d’islam ! » Certes, mais tous les Musulmans, dans les cinquante-sept pays membres de l’Organisation de la Conférence Islamique et dans les communautés de la diaspora, tous adhérent aux mêmes « fondamentaux », tous lisent le même Coran… Le sentiment d’appartenance des Musulmans à une umma radicalement, ontologiquement, différente du reste de l’humanité est constant depuis le VIIe siècle. (C’est dire, notons-le au passage, les possibilités de soutien et de mobilisation au nom de l’islam en cas de choc aggravé des civilisations.)
° « les menées agressives de Musulmans, tant dans nos banlieues qu’à l’échelle planétaire, s’expliquent facilement par la pauvreté, le sous-développement… ». Nous nous réfugions dans une explication simpliste par l’économie alors que les pires terroristes viennent des pétrodictatures richissimes et refusons de voir que le problème est identitaire – sans doute parce que nous ne savons plus guère ce qu’est une identité, à commencer par la nôtre.
Surtout, dans ce besoin maladif de refuse de voir l’islam tel qu’il est, nous avons inventé « les islamistes ». Ecoutons nos définitions de ces « fous d’Allâh » : « des marginaux », « qui défigurent l’islam en le mettant au service d’une ambition politique », « quelques individus » « que leur passéisme même condamne à disparaître. » Et nous faisons d’Al-Qaïda notre seul adversaire musulman et de ses attentats sanglants, le seul danger venu de l’islam.
+ Dès lors – et c’est un fait auquel nous ne prenons pas garde – la guerre des « islamistes » fait écran à la guerre subversive contre l’Europe, autrement active et autrement dangereuse. Elle seule occupe les écrans, la presse ; des centaines de livres lui sont consacrés et sont largement diffusés alors qu’il est impossible de trouver en librairie les rares ouvrages qui évoquent l’invasion de notre continent. Pourtant, qu’on réfléchisse un peu : les attentats des « islamistes » ne peuvent provoquer que des sursauts d’autodéfense, de survie, quand la subversion qui grandit dans notre corps social même est un cancer létal.
Nous ne remporterons pas la guerre sans une stratégie
Comment sortir d’un mécanisme de destruction de l’Europe ? Quelques indications :
+ une stratégie globale est indispensable. Ce n’est pas en multipliant les coups qu’on fera pièce à la stratégie globale d’en face. Définissons des objectifs clairs, susceptibles de mobiliser les masses ; élaborons des méthodes et des moyens, évaluables et révisables… Ne recommençons les erreurs des croisés et des colonisateurs qui agirent toujours sans vision d’ensemble, en suivant l’occasion, jusqu’à la déconfiture.
+ prendre conscience de l’importance de l’enjeu. Nous vivons actuellement un « processus continu de libanisation » (Ivan Rioufol). La libanisation, c’est la guerre civile à l’état endémique entre l’islam, expansionniste et guerrier, et les autres composantes de la nation.
Voulons-nous laisser cet héritage à nos enfants ? Après la libanisation, le terrorisme islamique pouvant se déployer pleinement, la fin de notre civilisation ne demandera pas longtemps. Nous connaîtrons le sort des Juifs de Médine, des Chrétiens sujets de Byzance, des Persans... Là où l’islam passe, les civilisations trépassent. L’Europe a commencé à jouer sa survie même.
Au plus tôt
+ inverser les courants migratoires avec les pays musulmans ou connaissant une propension à l’islamisation (le sujet est trop vaste pour être traité ici).
+ apprendre l’islam et le dévoiler. Dire que c’est un totalitarisme, qui ne se réformera jamais.
Avant tout, sortir du piège de l’islam religion. Cette religion-là dissimule un système politique, militaire, juridique, policier… impitoyable qui ignore la liberté de l’individu, qui refuse l’autre, qui recommande la guerre pour son expansion. Peut-on accorder à un tel système, sans aucun contrôle, des moyens de propagande, des écoles, des émissions sur le service public, des aumôniers dans nos armées, des prêcheurs dans nos prisons… ?
+ ne rien céder sur nos valeurs, nos lois, notre morale, nos modes de vie, puisque, en islam, tout ce qui constitue une civilisation relève d’une même Loi et que tout recul de notre part est une victoire pour l’ennemi.
+ fonder notre action avec les Musulmans sur deux notions qui nous sont communes, qui seront donc facilement admises :
° à l’intérieur, la justice : une justice ferme, aux règles connues et appliquées sans faiblesse. Exemple :« cramer » une voiture = incendie volontaire ; selon le Code pénal français, art. 322 : 10 ans d’emprisonnement, 150 000 euros d’amende.
° vis-à-vis des pays étrangers, la réciprocité : pas de champ libre à l’islam tant que les pays musulmans ignoreront la liberté de conscience ; pas de prêcheurs musulmans tant que les prêcheurs chrétiens seront interdits en terre d’islam… Ainsi, nous mettrons un terme à l’ingérence de régimes et de personnages médiévaux et hostiles dans nos affaires intérieures.
+ affirmer hautement et fortement nos valeurs chez nous ; les enseigner à nos enfants. La fierté d’appartenance est la première condition pour qu’un homme se construise et pour qu’une nation tienne debout.
+ définir dans nos pays, par la voie démocratique – et le référendum sera indispensable –, un statut de l’islam qui tienne compte de ses spécificités multiples, et notamment de celles qui sont radicalement incompatibles avec nos valeurs et nos modes de fonctionnement démocratique. Il faut arriver au plus vite au containment de l’islam en Europe.
+ dans le débat, ne pas s’interdire d’examiner la possibilité d’une interdiction pure et simple de la propagande et de l’exercice de l’islam en Europe.
Immédiatement
Œuvrer à l’unité des résistants : les clivages internes à notre civilisation, comme la distinction droite-gauche ou catho-franc-mac doivent s’effacer devant l’objectif commun. Un objectif semblable à celui des résistants de 1940 : vaincre un totalitarisme pour sauver nos démocraties et survivre dans notre personnalité. Une question de vie ou de mort. Une question d’honneur aussi.
Un paradoxe ? Seule la lutte contre l’islamisation de l’Europe nous acquerra le respect des Musulmans
Le programme ébauché ci-dessus ne peut que provoquer la frénésie d’un certain nombre d’Occidentaux qui crieront : « Racisme ! Xénophobie ! Islamophobie ! ». Mais comment sera-t-il jugé par les Musulmans ?
Notons que la certitude de la victoire des Musulmans sur nous est basée principalement sur notre incapacité actuelle à défendre notre civilisation face aux empiétements de la leur. Nos faiblesses, nos démissions devant l’islam sont pour eux des preuves de notre décadence, de notre faiblesse, et même de… notre impiété. Nous sommes des « vaincus d’avance », qui, par leur comportement, ne font que démontrer qu’ils méritent leur sort à venir, le sort que leur réservent des hommes pieux, moraux, courageux, oeuvrant « dans le chemin d’Allâh ».
Reprenons en mains notre destin et le jugement des Musulmans – de tous les Musulmans – sur nous changera aussitôt. Nous respectant nous-même, nous acquerrons le respect de l’autre. Du même coup, en mettant un coup d’arrêt à l’entreprise de destruction de notre civilisation, nous diminuerons l’agressivité des enragés et libérerons les plus modérés de l’emprise des agents du totalitarisme. Avec les pays musulmans, nous pourrons entretenir des échanges plus apaisés. Nous pourrons parler avec chaque Musulman d’égal à égal, dans un langage clair, dénué d’arrière-pensée.
Faute de quoi, à moins d’une implosion de l’islam que rien ne permet de présager, nous nous condamnons soit à nous engager dans une Reconquista longue et meurtrière, soit à accepter notre disparition dans la umma totalitaire.
René Marchand
Auteur de "La France en danger d’islam"
occidentalis
Nous tenons à remercier chaleureusement monsieur René Marchand pour nous avoir accordé cet entretien exclusif. Il est bon de signaler que la deuxième édition (en un an !) de ce livre est pratiquement épuisée et qu'une troisième est sous presse et ce sans le concours d'aucun grand média. Un signe non seulement de la très grande qualité de cette enquête mais aussi esperons-le d'un frémissement de l'opinion sur cette vérité occultée : Mahomet.
Occidentalis : Pourquoi une nouvelle biographie de Mahomet alors qu’on trouve sur les rayons des librairies plusieurs volumes consacrés au prophète de l’islam ?
René Marchand : Aucune des biographies proposées au grand public n’est satisfaisante.
On peut les classer en deux groupes :
– La plupart des ouvrages reprennent les grandes lignes de la tradition musulmane, avec parfois, lorsque les auteurs sont des Occidentaux, quelques ajouts mineurs empruntés aux études des orientalistes. Un des traits communs à ces livres, écrits dans les dernières décennies, est qu’ils édulcorent ou même parfois suppriment purement et simplement certains épisodes de la vie de Mahomet qui sont peu compatibles avec la figure de saint homme que la pensée dominante aujourd’hui veut imposer en Occident. Par exemple, le massacre, en 627, de 600 à 900 hommes d’une tribu juive de Médine – le prophète se réservant la veuve d’un supplicié pour son plaisir de lit – est traité comme un épisode sans grande importance, ou même totalement censuré, ignoré (alors que la tradition musulmane classique, bien loin de minimiser le fait, le range parmi les « campagnes » glorieuses du fondateur de l’islam). La dernière biographie parue dans ce genre sans valeur historique, du très connu Tariq Ramadan, n’est ni plus ni moins qu’une arme de propagande dans une guerre subversive contre l’Occident.
– Deux ouvrages signés de grands érudits, qui ont écrit dans les années cinquante du siècle dernier, méritent davantage de considération. Cependant, je me suis rendu compte que, alors que les orientalistes du XIXe siècle et du début du XXe faisaient preuve d’une grande liberté d’esprit vis-à-vis de l’islam, leurs successeurs, à partir de la fin de la Première Guerre mondiale, se laissent contaminer par les modes de penser du temps : la mauvaise conscience coloniale d’une part, le marxisme, qui submerge l’université, d’autre part. L’un des deux savants dont je vous parle écrit, en préface à sa biographie de Mahomet : « Je me suis imposé de ne rien déclarer qui puisse être en contradiction avec l’une ou l’autre des doctrines fondamentales de l’Islam. » (Texto !) L’autre explique l’émergence de l’islam par un « grand besoin de l’époque ». «Les voies étaient ouvertes à l’homme de génie qui saurait mieux qu’un autre y répondre. » Bref, pour lui, l’Arabie du VIIe siècle était dans l’attente de Mahomet comme l’Occident capitaliste souhaitait se livrer à un dictateur marxiste au milieu du XXe siècle.
Depuis une vingtaine d’années, des érudits, notamment en France, se délivrent de ces déviances de la pensée. Malheureusement, leurs livres sont souvent peu accessibles au lecteur non spécialisé et ils sont peu nombreux, car la corporation des grands orientalistes est en voie de disparition (dans notre pays, sans aucun doute à cause de l’anéantissement programmé des humanités dans le secondaire, qui ne fournit plus le vivier où se recrutaient ces chercheurs).
Occidentalis : Vous avez donc mené une contre-enquête sur ces livres qui sont disponibles en libraire et forgent l’idée que nos contemporains se font de Mahomet. Mais vous avez poussé plus loin vos investigations.
René Marchand : Il est connu de tous les spécialistes que, entre le IXe et le XIe siècle, les califes abbassides ont créé et imposé une « orthodoxie musulmane », l’islam étant le seul facteur d’unité dans leur immense empire, qui se fracturait de partout. Ils ont
a) imposé une version unique du Coran,
b) fait « épurer », selon leurs vues et au mieux de leurs intérêts, les hadîth (les faits et dits du Prophète et de ses Compagnons),
c) fait écrire des biographies « officielles » du Prophète.
Ils ont réussi pleinement dans leur œuvre de désinformation : aujourd’hui encore, la « tradition » musulmane recomposée par les Abbassides n’est aucunement mise en doute comme vérité historique en terre d’islam (les pouvoirs politico-religieux ne le permettraient pas).
Cette tradition a été sérieusement corrigée en deux siècles par des orientalistes européens. Toutefois, bien des découvertes des érudits n’ont pas atteint le grand public, même en Europe. D’autre part, beaucoup de ces savants ont fait preuve d’une certaine… naïveté. La naïveté d’hommes de cabinet face à un grand fauve de l’Histoire. Mahomet devient souvent, sous leur plume, une sorte de missionnaire presque bonasse.
D’autre part, sans doute parce qu’ils ont accordé trop d’importance à la littérature et pas assez aux faits bruts, ils ont une vision du monde antéislamique qui me semble biaisée.
En particulier, ils ont confondu les riches aristocrates mekkois, détenteurs du monopole sur un tronçon incontournable de la plus grande route commerciale du monde (la route qui relie les empires byzantin et persan à l’Inde et à la Chine) avec les bédouins illettrés et misérables des grands déserts que leur décrivaient des poèmes (lesquels étaient souvent des faux, postérieurs de plusieurs siècles). Ils ont vu les hommes des cités-Etats du Hedjaz, qu’on peut comparer aux riches et puissants Arabes de Palmyre ou de Pétra, comme des « indigènes », des « natives »– et là ils sont les enfants de leur temps, colonialiste – quasiment aussi « primitifs » que les pygmées ou les bantous qu’étudiaient certains de leurs collègues.
Occidentalis : Vous avez aussi lu avec beaucoup d’attention les sources premières, arabes et persanes.
René Marchand : Reprenant les biographies commandées par les Abbassides, j’ai constaté que les plumitifs chargés de ce travail de désinformation avaient laissé passer beaucoup de faits qui, à y regarder de près, « ne collaient pas » avec l’image souhaitée par leurs commanditaires. Non pas les actes de violence, bien admis : par exemple, les meurtres individuels et les massacres entrent, j’y ai fait allusion, dans les campagnes du Prophète comme des titres de gloire et ils ne sont nullement cachés. Mais d’autres faits, plus subtils : j’ai remarqué en particulier que le principal biographe, Tabari, avait laissé subsister bien des incohérences, comme s’il adressait des clins d’œil à des lecteurs attentifs. Mon opinion personnelle est que ce Persan, au demeurant très cultivé et excellent conteur, ne portait pas dans son cœur les Arabes, ces « mangeurs de lézards », qui avaient détruit la civilisation de ses ancêtres et qu’il s’est joué parfois des tyrans qui le payaient pour faire œuvre de propagande…
Occidentalis : Par exemple ?
René Marchand : L’Hégire, évènement à partir duquel l’Islam a établi son calendrier : en 622, Mahomet et les premiers musulmans quittent La Mekke pour s’établir à Médine.
D’après la tradition musulmane, Mahomet est appelé à Médine par les principaux chefs arabes pour y être une sorte d’arbitre suprême. Ce recours à un homme discrédité selon les codes arabes (il a été chassé de son clan trois ans plus tôt) est déjà peu vraisemblable (au point que beaucoup d’orientalistes, il y a cinquante ans, penchaient pour attribuer la responsabilité du fait aux tribus juives de l’oasis !) Mais Tabari nous dit que, pendant les mois qui suivent l’arrivée à Médine, Mahomet et les siens crèvent littéralement de faim, au point que le Prophète est obligé de monter plusieurs expéditions pour piller des caravanes. Contradiction : ou bien il est le numéro un de la cité, et les lécheurs de babouches ne manqueront pas de lui faire des présents, ou bien il n’est rien qu’un réfugié – ce que je crois.
Occidentalis : S’il arrive à Médine comme simple immigré, comment expliquer son ascension ?
René Marchand : Par la violence, par des actes qui contreviennent totalement au code des Arabes de ce temps.
Tant qu’il prêche pacifiquement à La Mekke, entre 610 et 622, Mahomet ne rassemble pas autour de lui plus d’une soixantaine de disciples. C’est ce petit groupe, très soudé, qui sera à la base de son succès. Quand il arrive à Médine, la cité est à prendre. C’est la plus grosse oasis agricole d’Arabie, sur la grand-route mondiale. Elle a été victime d’une immigration-invasion au cours des soixante-dix dernières années. Fondée par des juifs et habitée uniquement par des juifs, elle a accueilli des Arabes yéménites qui, au tournant du siècle, se sont emparés du pouvoir politique. Depuis lors, factions juives et factions arabes se déchirent. Mahomet, qui a, nous dit Tabari, impérativement besoin de moyens de subsistance, a le front de faire attaquer une petite caravane pendant la trêve religieuse. Immense sacrilège ! Immense scandale ! Mahomet se tient coi pendant un mois… Et rien ne se passe : aucun groupe médinois ne réagit, parce qu’aucun groupe n’est en mesure de réagir face à la violence hors normes d’une petite bande bien soudée. Quelque chose de décisif s’est produit à ce moment-là, comme un facteur déclenchant, la mise en route d’une mécanique que rien n’arrêtera.
Deux mois plus tard, les Musulmans, auxquels se sont joints des Médinois attirés par les perspectives de butin, attaquent une grosse caravane mekkoise qui circule sans gardes – et le butin, cette fois très important, assure de nouveaux recrutements. Peu après, le Prophète fait éliminer des opposants par des meurtres terroristes (une femme poétesse est assassinée au milieu de ses enfants alors qu’elle allaite son dernier né : si ce n’est pas du terrorisme…). La mécanique « violence plus butin égalent expansion » tourne désormais à plein régime sous la direction d’un homme convaincu de sa mission d’envoyé de Dieu, de surcroît très intelligent et qui sait s’entourer. Mahomet dépouille, chasse ou massacre les juifs ; il devient le maître absolu de Médine, passe des accords avec les tribus bédouines, toujours friandes de pillage, asphyxie le commerce de La Mekke, enfin rallie les chefs mekkois qui, ne pouvant se débarrasser de lui, préfèrent se mettre à son service pour, un jour, recueillir son héritage – et c’est ce qui se produira. Par un jeu subtil de conquêtes, de féodalisations, d’alliances, il étend en quelques années sa domination à la quasi-totalité de l’Arabie.
A sa mort, en 632, toutes les zones sous contrôle des Musulmans, y compris La Mekke, se révoltent. Et ce sont les chefs mekkois ralliés de la dernière heure qui répriment la révolte dans le sang et sauvent l’héritage à leur profit. Moins de trente ans plus tard, les descendants du principal collabo mekkois fondera, au mépris de toutes les traditions arabes qui récusaient le principe héréditaire, la première dynastie musulmane, celle des Omeyyades.
Occidentalis : Votre livre renouvelle les connaissances en beaucoup de points. Vous prétendez notamment que Mahomet ne fut pas persécuté à La Mekke.
René Marchand : Nuançons… Il n’était certainement pas bien vu des notables, puisque sa prédication portait atteinte au statut de la cité, capitale d’une religion polythéiste. Mais la tradition elle-même ne parle guère que de brimades ou de sanctions juridiques quand la même tradition nous présente les chefs mekkois sous les traits de caractère les plus noirs. Or, à ma connaissance, personne, parmi les orientalistes même, n’a fait une remarque de bon sens : il n’a pas été tué, alors que lui-même, dès qu’il aura un peu de pouvoir à Médine, fera tuer à tour de bras. Il n’a pas été tué parce que, avec les dizaines de membres de sa secte, il ne paraissait pas très dangereux aux riches et puissants doges de la cité-Etat.
Occidentalis : Votre livre s’ouvre par un chapitre intitulé : Un des maîtres du monde contemporain…
René Marchand : On ne peut rien comprendre aux problèmes que l’islam contemporain pose au reste du monde si on ne se réfère pas aux années de naissance de cette civilisation.
L’islam s’est fondé sur trois matériaux, qui constituent ce que les érudits appellent son « donné scripturaire » :
– le Coran, parole de Dieu, incréé, éternel comme Lui, valable au mot près pour tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux,
– les faits et dits du Prophète et de ses premiers compagnons (hadîth),
– les biographies du Prophète
Je vous ai dit que ces écrits ont été beaucoup « travaillés » sous les Abbassides, mais que, aujourd’hui, les Musulmans ne mettent pas en doute leur authenticité et les pouvoirs politiques et religieux ne permettent pas de les contester. L’islam, ce sont ces trois sources, plus leur développement, qui va donner la Loi (la sharî‘a), laquelle sera déclarée complète et définitive au XIe siècle (« les portes du raisonnement personnel sont fermées »).
Pour se constituer et tout au long de son histoire, l’islam s’est toujours référé à un principe : la sunna. Un principe arabe qui fonde le légal sur le précédent : une chose est juste ou légale parce qu’elle a été considérée comme telle dans le passé. Une notion très importante et qui est à l’opposé de toutes nos conceptions. (Arrêtez-vous un instant que le fait que, dans toutes les variétés d’islam, la grande faute a toujours été l’innovation – bid‘a –.)
Allons plus loin pour voir les différences entre la civilisation islamique et la nôtre. Arrêtons-nous sur ces trois caractéristiques :
a) Des faits historiques, qui se sont produits au temps de nos Mérovingiens, ont été, par la sunna, élevés au rang de modèles, de paradigmes métahistoriques comme disent les historiens des civilisations. Plus : ils sont devenus des articles de la Loi, des obligations ou des interdictions, valables définitivement, non révisables non amendables.
b) La Loi a compétence dans tous les domaines évoqués dans les textes sources, c'est-à-dire tous les domaines de la vie humaine, de la manière de se vêtir jusqu’aux relations sexuelles.
c) Le tout étant justifié à jamais et pour tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux par un absolu : l’ordre (au sens de commandement et d’organisation) du Divin
Occidentalis : Vous parlez donc de totalitarisme.
René Marchand : Pendant des siècles, jusqu’à la rencontre brutale avec l’Occident, il y a deux cents ans, l’Islam tout entier a été un totalitarisme. L’islam comme système, tel qu’on le voit fonctionner au long des siècles tant qu’il est maître de son destin, ne distingue pas le politique et le religieux, comme on le fait remarquer souvent, mais il ne distingue pas plus le profane et le sacré, il ne reconnaît pas la moindre sphère privée aux individus, il interdit la conversion à une autre confession sous peine de mort…
En outre, aucune civilisation n’est allée aussi loin dans le contrôle sur l’individu.
Occidentalis : Et ce totalitarisme est expansionniste et guerrier.
René Marchand : L’islam fait de la guerre contre les non-Musulmans un devoir pieux. Le Coran est un chant de guerre : il tombe, à l’évidence, sous le coup des lois actuelles réprimant l’incitation à la haine pour raisons ethniques ou religieuses. (Les appels au pardon ou à « la tolérance », qui existent aussi dans le Livre, ne concernent que les Musulmans entre eux, jamais les non-Musulmans.) Dans toute l’histoire de l’islam, les non-Musulmans sont à anéantir ou à réduire à un état juridique de sous-homme – un statut défini uniquement par les Musulmans.
Occidentalis : Vous soulignez : Ce totalitarisme est « involutif ».
René Marchand : Toujours la sunna, qui est dans les gênes de l’islam… Les premiers temps n’ont pas seulement servi de sources pour la constitution de l’islam : ils ont toujours et partout été la seule référence pour le meilleur islam et Mahomet, « le beau modèle » en toute chose – ainsi que le définit un passage du Coran (sourate 33). En Occident, nous avons peine à concevoir que cette civilisation a, pendant quatorze siècles, aurait pris pour paradigmes des modes de comportements remontant à Dagobert (contemporain de Mahomet). Notons ce fait historique incontestable : jusqu’à la rencontre brutale avec l’Occident au XIXe siècle, aucune rébellion, aucun renversement de pouvoir ne s’est fait pour un éloignement de l’islam, mais toujours au nom d’un retour à l’islam des origines, censé être plus pur… et plus contraignant.
Occidentalis : D’où une grande différence entre le fondamentalisme chrétien et le fondamentalisme musulman ?
René Marchand : Des différences de nature, essentielles.
a) Tous les musulmans sont et ne peuvent qu’être fondamentalistes. Qualifier seulement ceux que nous nommons « islamistes » de fondamentalistes est une erreur. Un musulman ne peut qu’être fondamentaliste. S’il cessait d’être fondamentaliste, il cesserait d’être musulman.
b) Le fondamentalisme musulman ne vise pas à puiser l’inspiration dans les textes des origines, mais à copier, à imiter les comportements du fondateur et de ses Compagnons, d’autre part à se conformer à une Loi qui touche à tous les aspects de la vie humaine.
c) Enfin, le fondamentalisme chrétien ne concerne qu’une religion. Or l’islam n’est pas une religion, selon nos définitions (il faudrait que l’islam reconnaisse l’existence d’une sphère privée de l’individu, la liberté de conscience, etc.)
Occidentalis : Si l’islam n’est pas une religion, qu’est-il ?
René Marchand : D’après le président du Conseil français du culte musulman lui-même, l’islam est, certes, une religion mais également un droit, une culture, une civilisation, une identité (qui, par parenthèse, a prévalence sur toute autre et dont on ne sort qu’au prix de sa vie).
Considérer l’islam comme une religion, c’est fausser et réduire l’islam. C’est une vision ethnocentriste. Nous bricolons l’analyse d’une civilisation avec des signifiants empruntés à une autre. En ce qui nous concerne, c’est même une attitude de dominant, de colonialiste : nous avons toujours cru tout savoir des Musulmans, que nous avions vaincus.
Définir l’islam comme une religion, c’est aussi tomber dans le piège de nos pires ennemis, c’est, en vertu de nos principes de tolérance, de liberté de pensée… – qui, par parenthèse, n’ont pas cours en islam – nous interdire d’examiner l’islam avec un œil critique.
Occidentalis : Cette remarque est importante. Selon vous, des conclusions politiques sont à tirer du fait que l’islam n’est pas seulement une religion ?
René Marchand : Bien sûr. L’islam-religion est le cheval de Troie introduit dans nos civilisations par les Musulmans qui ont décidé de repartir à la conquête de l’Europe, cette fois par la voie de la subversion et de l’invasion-colonisation.
Les politiques européens doivent définir un statut de l’islam dans nos pays qui tienne compte de la réalité pleine et entière de l’islam, et non d’une définition sans réalité… et utilisée par nos ennemis.
Pour commencer, en France, il faut affirmer que l’islam ne relève pas de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat (il suffit de lire la loi). A ce propos : il ne peut y avoir en France d’enseignement privé musulman (ou alors il faudrait envisager un enseignement privé socialiste, communiste ou UMP). Il y a énormément à dire, notamment au sujet de la diaspora musulmane (phénomène nouveau, qui n’a pas plus de quelques décennies), de la guerre subversive de colonisation de l’Europe qui est conduite par des ennemis qui nous connaissent parfaitement et dont nous ignorons tout (nous « croyons savoir », ce qui est pire que d’ignorer)… Il faudrait insister sur le fait que cette guerre est quasiment masquée par la guerre ouverte, très « télévisuelle », celle des attentats, mais qu’elle est autrement redoutable sur le long terme. Je vous renvoie à mon dernier chapitre : Et maintenant ?…
Occidentalis : Le « totalitarisme involutif » explique, selon vous, le succès des islamistes.
René Marchand : Les « islamistes » ne font qu’un retour aux constantes de l’histoire des Musulmans après la parenthèse de la colonisation. Ils trouvent immédiatement des échos dans la mémoire collective, notamment en évoquant les grandes défaites infligés à la Chrétienté pendant les « Siècles d’or » de l’islam. Ils restaurent une identité malmenée par l’impérialisme occidental, que tous les Musulmans récusent et ils rétablissent une fierté d’appartenance affaiblie depuis deux siècles. En face de cette force déferlante qui recrute sans cesse, aucun parti ne s’est vraiment constitué depuis l’échec (ou la destruction : cf. l’Iraq) des nationalismes plus ou moins laïcistes issus des idées occidentales et, surtout, aucune doctrine de la réforme n’a été élaborée. Les seuls réformistes qui s’expriment ouvertement le font en Europe, en alignant des banalités ou des contrevérités. Leur audience en terre d’islam est nulle. Certains sont des parasites ; il faut se demander combien parmi eux sont des taupes qui visent à désarmer l’Occident en présentant l’image d’un islam « près de », « sur le point de » devenir démocratique et pacifique.
Mahomet, prophète profondément convaincu de sa mission, mais chef de guerre, massacreur, terroriste, demeure « le beau modèle » pour un masse de un milliard deux cent millions d’hommes en explosion démographique. C’est dire l’intérêt