Michel Kikoïne
Par Gilles Raphel
bouquet non daté
Michel Kikoïne (ou Kikoïn) est né le 21 mai 1892 à Rechytsa près de Gomel (actuellement en Biélorussie), il est fils de banquier.
Ne pouvant étudier à l’Ecole des Beaux Arts interdite aux Juifs, il entre en 1904 dans une académie libre de peinture dirigée par le peintre Kruger dans la ville de Minsk où sa famille a déménagé. Il fait là la connaissance de Chaïm Soutine. A dater de 1908 Kikoïne et Soutine étudient à l’Ecole des Beaux Arts de Vilnius et ce pendant trois ans. Ils y font la connaissance de Pincus Krémègne, ensemble ils rêvent déjà de Paris. Pour gagner leur vie Kikoïne et Soutine travaillent comme retoucheurs chez un photographe.

Portrait de Claire 1928
Fuyant les pogroms, Krémègne et sa famille s’installent à Paris à la Ruche, 2 Passage Dantzig, aux limites de Montparnasse face aux abattoirs de Vaugirard. Kikoïne le rejoint quelques mois plus tard en 1912, puis Soutine. La Ruche était un atelier appartenant au sculpteur Alfred Boucher situé au sud de Montparnasse. Au nord se trouvait l’autre centre de création artistique ; le Bateau Lavoir. Ces deux centres artistiques formèrent ce qu’André Warnod appela en 1925 l’Ecole de Paris. Entre les deux guerres, ce n’est pas moins de 500 artistes, dont beaucoup venaient d’Europe de l’Est qui s’étaient réunis en ces lieux.
A la Ruche Kikoïne fréquente entre autres Modigliani, Chagall, Léger, Marie Laurencin.
St Jean d'Acre 1950 Enfant d'Israel 1950/54 Juif en prière
Il épouse à Paris Rosa Bunimovitz puis s’engage comme volontaire lors de la déclaration de guerre de 1914. Ils auront deux enfants, Claire née en 1915 et Jacques (le peintre Yankel) en 1920. Il sera naturalisé français en 1922.
Kikoïne expose pour la première fois à Paris en 1919 à la Galerie Cheron. Sa peinture est de tendance expressionniste tout en s’approchant plus tard du fauvisme par le choix des couleurs chaudes. Il peint à cette époque des nus, des autoportraits et des portraits dans lesquels son éducation juive se retrouve, représentant des visages pâles, penchés sur l’étude du Talmud. Durant la seconde Guerre mondiale Kikoïne et sa famille se réfugièrent dans la région de Toulouse dans le sud ouest de la France. Dans les années 50 il visite l’Espagne, l’Italie et effectue trois voyages en Israël. Il publie en 1953 un recueil de lithographie couleur intitulé : Enfants d’Israël.
La leçon de musique, 1930
En 1958 il s’installe à Cannes où il décèdera le 4 novembre 1968. Ses peintures représentent durant cette période de sa vie de nombreux paysages du sud de la France.
En 2001 l’Université de Tel Aviv dédie une nouvelle aile de son centre d’études artistiques à Michel Kikoïne. La fondation Kikoïne y récompense chaque année un artiste.
Nombre de ses œuvres sont visibles au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme* à Paris, 71 rue du Temple, 3ème arrondissement.
· Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme présente du 6 novembre 2009 au 7 mars 2010 une exposition intitulée : La Splendeur des Camondo de Constantinople à Paris (1806-1945). Nous pourrons y découvrir les magnifiques collections léguées à la France par la famille Camondo, banquiers éclairés de Constantinople. Famille dont la dernière descendance, Béatrice Camondo, son mari Léon Reinach et leurs deux enfants furent assassinés dans les camps de la mort nazis.