L’ancien chef d’état-major et aujourd’hui vice-premier ministre, Moshé Yaalon n’a pas un tempérament passionné pas plus qu’il n’est un militant idéologique de longue date. Mais, un peu comme Avigdor Lieberman, il lit avec froideur et lucidité la carte de la réalité, et en tire les enseignements qui s’imposent.
Mercredi matin, il a accordé une interview très instructive sur les ondes de Kol Israël, dans laquelle il explique avec méthode et conviction pourquoi il s’oppose à un nouveau gel de la construction, et pourquoi il a accepté de signer la pétition des opposants au gel au sein du Likoud.
Pour Yaalon, « peu importe ce que propose Barack Obama en contrepartie d’un nouveau gel, il faut dire cette fois-ci ‘non’ aux Américains, et avec un fort point d’exclamation! » Le général explique « que l’acceptation d’un nouveau gel, quel qu’en soit la durée, diffusera un message très problématique d’Israël vers l’extérieur, et appellera automatiquement d’autres exigences palestiniennes et d’autres diktats venus de Washington. Et même s’il s’agit encore d’une question mineure en comparaison des autres sujets en négociations, la position stratégique d’Israël risque d’être fort ébranlée si Israël cède sur ce point ».
« Cette question est un test pour nous », continue Yaalon, « car si nous ne fixons pas des limites et des lignes rouges, notre situation sera très difficile lors des discussions de chacun des dossiers fondamentaux de ce conflit ».
Le ministre a également voulu préciser « qu’il ne s’agissait pas du tout d’un appel dirigé contre le Premier ministre ou contre ceux qui au Likoud estiment qu’il faut accepter le ‘deal’ convenu entre Netanyahou et Clinton, mais qu’il s’agissait d’une prise de position de principe, d’une pierre d’achoppement entre deux visions différentes, et qu’il se sentait le devoir de faire entendre cette différence ».
Le journaliste, Yaron Dekel lui posait alors la question suivante: « Pensez-vous qu’il est judicieux de se mettre à dos un Président américain dont le soutien serait nécessaire ultérieurement, par exemple contre l’Iran? » Yaalon répondit alors en substance: « C’est vrai, mais il y a des moment où il faut dire ‘non’ même aux Américains, car je vois dans ce deal un changement profond dans la stratégie israélienne. J’en veux pour preuve l’exigence d’entamer les pourparlers sur les frontières durant ces trois mois. A cause de l’amère expérience d’Oslo, Israël a systématiquement insisté sur l’exigence de la reconnaissance de l’Etat comme patrie du Peuple juif et sur celle de la fin définitive des revendications palestiniennes en cas d’accord de paix. Or, rien n’indique que les Palestiniens vont dans cette direction, bien au contraire, et si nous discutions sur le tracé de frontières durant ces prochains mois, Israël sera le seul à devoir donner et céder, alors que les Palestiniens n’auront aucune obligation de leur côté. »
Question du journaliste: « Voulez-vous dire par là qu’Abou Mazen n’est pas un partenaire à vos yeux? ». Réponse du ministre: « Tant qu’il déclarera qu’il ne reconnaîtra jamais Israël comme Etat du Peuple juif, ce sera à lui de faire la preuve de sa bonne foi et de la bonne volonté ».
En conclusion, Yaalon a tenu à rappeler la chose suivante: « Nous ne tenons pas à régner sur eux, mais si nous exigeons à ce point la reconnaissance d’Israël comme patrie du Peuple juif, c’est aussi parce que cela doit avoir un effet pédagogique sur leur population. Or, il faut savoir que pour eux, ce qu’ils appellent l’ ‘occupation’ a débuté en 1948 et non en 1967 et l’OLP a été créé en 1964, bien avant qu’Israël prenne le contrôle de la Judée-Samarie. C’est en ce sens qu’ils éduquent leurs jeunes générations, en les imprégnant qu’il n’y a aucun lien entre le Peuple juif et cette terre, et que par conséquent, que nous n’avons aucun droit dans cette région ».
Moshé (Boggy) Yaalon était chef d’état-major avant le désengagement du Goush Katif. Il s’était ouvertement opposé à ce choix d’Ariel Sharon en avertissant que ce geste unilatéral n’amènerait qu’à une radicalisation de l’attitude des Palestiniens et non l’accalmie que promettait l’ancien Premier ministre. Ce dernier l’avait alors limogé pour le remplacer par Dan Haloutz.
par Shraga Blum - israel7