Sacré Hussein !!!
Une année après son fameux discours du Caire, le Président américain passe des déclarations d’intentions aux mesures plus concrètes, en convoquant un « sommet » chargé de promouvoir les liens économiques et sociaux entre les Etats-Unis et le monde musulman.
Lundi et mardi se réunira un « Congrès Présidentiel des Entrepreneurs», auquel prendront part 250 entrepreneurs et hommes d’affaires en vue venus des Etats-Unis mais aussi de plus de 50 pays musulmans ou à forte population musulmane. Le Président Obama prendra la parole lundi soir devant ses invités, et selon le vice-conseiller à la Sécurité Nationale, Ben Rhodes, « Barack H. Obama s’engagera à développer et approfondir les liens économiques entre les Etats-Unis et le monde musulman, dans l’esprit du discours du Caire ».
Certaines parmi les personnes invitées font déjà partie des forums économiques traditionnels, comme celui de Davos, mais on précise à la Maison Blanche « qu’il y a aussi des participants qui ne font pas partie des cercles généralement conviés à ce genre de rencontres. » Y prendront part également des hauts dirigeants de l’Administration américaine, comme Hillary Clinton, ainsi que des « grosses pointures » de l’économie américaine, telles que le PDG de « Yahoo » ou encore des grands banquiers arabes. Les organisateurs du Congrès veulent également mettre l’accent sur des programmes d’emploi pour les jeunes, qui représentent la grande majorité de la population dans de nombreux pays musulmans.
Du côté de l’Administration américaine, on se plait à souligner la « cohérence de l’action du Président dans le temps, avec la mise en application des engagements pris au Caire en direction du monde musulman: retrait progressif des forces américaines d’Irak, création d’un Fonds d’Encouragement pour le Développement Technologique, nomination d’émissaires dans le domaine scientifique et maintenant ce Congrès ». Pour nombre d’observateurs, « ce Congrès portera effectivement des fruits si d’autres initiatives viennent à sa suite, comme une forte augmentation des investissements américains dans ces pays, ou la mise en place de vastes programmes sociaux ». Mais pour le moment, les Etats-Unis veulent plutôt « être l’élément déclencheur et le lien entre les différents acteurs sur le terrain, plutôt que d’investir en masse ».
Tout le monde n’est pas aussi optimiste que les analystes de la Maison Blanche. Selon Juan Saretta, chercheur au Centre d’Etudes Stratégiques Internationales de Washington et ancien vice-directeur du Conseil National de Sécurité sous George W. Bush, « l’amélioration des relations économiques entre les Etats-Unis et le monde musulman dépendra moins de la réussite de ce Congrès ponctuel que de la manière dont les Américains gèreront les ‘gros dossiers’ afférant au monde musulman : Irak, Iran, Afghanistan, Pakistan et conflit israélo-arabe ». « Et sur ces points », estime Saretta, « Obama n’engrange guère de succès, entre la mollesse de sa réaction face à l’Iran, la stagnation du processus israélo-palestinien, la corruption qui règne à Kaboul et la poursuite de la violence en Irak ».
Il est fort à parier que les pays musulmans mettent leurs conditions politiques à ce rapprochement avec les Etats-Unis, et que de son côté, l’Administration US, pour faire avancer cet ambitieux projet, trouve assez rapidement sur quel pays exercer d’intenses pressions afin de montrer au monde musulman qu’elle « tient ses engagements ».