Jean-Louis Pourtet, RFI

Dennis Blair, directeur du renseignement américain, a donné sa démission vendredi 21 mai, pour incompatibilité d’humeur avec la Maison Blanche et à cause aussi de plusieurs ratés dont la fusillade de Fort Hood, les deux tentatives d’attentats à bord d’un avion à Noël, et plus récemment, avec une voiture piégée à Time Square.Des incidents que les services qu’il supervisait n’avaient pas réussi à anticiper. Mais comme le rapporte le New York Times, un autre facteur a contribué a la disgrâce de Dennis Blair : son désir de coopérer plus étroitement avec la France.
Dennis Blair souhaitait entretenir des rapports plus étroits entre le renseignement américain et français. Il préparait, au début de l’année avec Paris un pacte par lequel les deux pays s’engageraient à ne plus s’espionner l’un l’autre.
Car les deux alliés aiment depuis fort longtemps se surveiller : La France essaie de voler les secrets industriels américains, et les Etats-Unis observent les Français qu’ils soupçonnent d’avoir des liens et de commercer avec des pays tels que l’Iran et la Syrie.
Tensions entre les deux gouvernements
Dennis Blair, toutefois, avait estimé que Nicolas Sarkozy était un allié fiable avec lequel il pouvait conclure un « gentleman agreement » identique avec celui qui existe entre Washington et Londres. Malheureusement, la Maison Blanche a décidé de couler le projet, sans en avertir l’Elysée qui ne l’a appris qu’après coup.
Cela a créé des tensions entre les deux gouvernements à un moment où ils essayaient de montrer un front uni pour démanteler le programme nucléaire iranien. Blair a été blamé pour cette mauvaise communication. Mais pourquoi cette opposition de l’administration américaine ? La crainte qu’un accord écrit ne l’handicape si un gouvernement hostile aux Etats-Unis arrive au pouvoir. Comme l’a expliqué un responsable américain : « Comment vérifier si le pacte est respecté ? En espionnant ? ».