Merci DORA
« On largue les amarres ! »
Par Dora Marrache
pour © 2011 www.aschkel.info
Je voudrais commencer cette chronique en rendant hommage à tous ceux qui ont lutté pour empêcher le départ des bateaux français, en particulier au député français Jacques-Alain Bénisti qui adressa une requête au Ministre français des Affaires étrangères ; à Maître Charles Baccouche ; à la Confédération des Juifs de France et amis d’Israël, ainsi qu’à tous les amis d’Europe-Israël.
L’excitation est à son comble dans divers ports à travers le monde. Dimanche 19 juin est une date fatidique : la Flottille Liberté II largue les amarres.
Une ONG turque pro-islamiste, l’IHH, considérée par Israël comme un groupe terroriste qui, selon le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, "recrutait pour le Jihad à venir", est à l’origine des deux flottilles.
La deuxième flottille compterait, selon les militants, une quinzaine de bateaux avec chacun à son bord quelque 60 participants de 60 nationalités différentes.
Difficile de dire en réalité combien de pays y participent, les chiffres variant de 25 a 60 selon les sources, mais ce qui est certain c’est que cette flottille comprendra des bateaux d’un grand nombre de pays européens, mais aussi du Canada et des USA.
Le bateau américain « L’audace de l’espoir » aura a son bord une quarantaine de militants qui prétendent lutter pour la justice sociale. A bord du « Bateau canadien pour Gaza » voyage un groupe d’une cinquantaine de personnes , « militants pour la paix » et journalistes.
En ce qui concerne le Canada, précisons que ce sont le parti Québec Solidaire, un parti ouvertement antisioniste avec à sa tête Françoise David et Amir Khadir, et l’ONG Alternatives qui, grâce à des associations islamistes, ont pu recueillir les fonds nécessaires pour qu’un bateau canadien puisse se joindre à la flottille.
Signalons également que le Syndicat des Travailleurs et travailleuses de Postes Canada soutient l’envoi de ce bateau et que son président a déclaré : «Le STTP a pris position depuis deux ans par rapport au conflit au Moyen-Orient. On est favorable au mouvement BDS, boycott, désinvestissement et sanction contre Israël.» Il dépêchera d’ailleurs deux personnes à bord du « Bateau canadien pour Gaza ».
De son côté, l’organisme Voix Juives Indépendantes (VJI), qui soutient l’initiative Bateau Canadien pour Gaza, justifie ainsi son choix: « En tant que Juif, j'ai l'obligation, le devoir de lutter contre les injustices, a dit Yakov Rabkin. Cette injustice est particulièrement grave parce que l'État d'Israël, très souvent, prétend qu'il agit au nom des Juifs, voire au nom du judaïsme. Il est très important de souligner que beaucoup de Juifs, tant en Israël qu'à l'extérieur d'Israël, trouvent le siège de Gaza absolument inacceptable, inhumain et contraire à tous les principes que promeut la tradition juive. »
Or voilà que la semaine dernière on apprenait que l’IHH, cette ONG turque à l’origine du projet, reconsidérait sa participation à la flottille.
Deux jours après, on annonçait qu’un des bateaux français avait annulé sa participation, que les organisateurs remerciaient les passagers et les invitaient à embarquer sur des bateaux grecs ou turcs. Mais le lendemain la nouvelle était démentie pour être confirmée le surlendemain.
On a appris également, par la bouche de Dror Feiler, un Israélien qui dirige en Suède le mouvement pour Gaza, que même si l’IHH remet en question sa participation, les autres organisations iront de l’avant car elles jugent que « c’est important » . En effet, qu’y a-t-il de plus important aujourd’hui que la diabolisation d’Israël ?
En France, si le Ministre des Affaires Etrangères a déconseillé aux ressortissants français « d’embarquer sur des navires ayant pour objectif de briser le blocus maritime imposé sur la bande de Gaza », en revanche de nombreux députés ont apporté leur soutien au mouvement pour Gaza: le Vert, Noël Mamère ; le socialiste, François Loncle ; le communiste, Jean-Paul Lecoq qui affirme « Cette initiative, je la soutiendrai jusqu'au bout, quitte à partir avec » ; le député UMP, Etienne Pinte, qui a déclaré au journal Libération : « Si je n’étais pas parlementaire, je monterais à bord ». Il va même jusqu’à se dire «investi en faveur de l’indépendance de la Palestine et de la bande de Gaza ».
Évidemment, cette flottille est soutenue par la quasi-totalité des partis politiques de gauche, par toutes les organisations palestiniennes ainsi que par les soi-disant mouvements de défense des droits de l'homme et par les syndicats.
Qui plus est, parmi les 736 eurodéputés, deux seulement ont osé s’opposer au projet de cette flottille anti-israélienne qu’ils ont qualifiée de « pur acte de provocation contre l'Etat d'Israël."
Destination de la flottille : Gaza, Gaza cette ville assiégée, cette prison à ciel ouvert où les habitants, victimes de la cruauté israélienne, sont affamés et privés de tout.
Objectif des organisateurs Briser le blocus du territoire palestinien, un blocus qu’ils qualifient de criminel, imposé par Israël depuis 2006. Les militants, défenseurs de la veuve et de l’orphelin, clament que les habitants de Gaza sont dépendants de l'aide internationale et que plus de 60 % d'entre eux souffrent de sous-alimentation. Ils se gardent bien de dire que l’aide internationale qui se chiffre en milliards de dollars ne va pas dans les poches des Gazaouis, mais dans les coffres du Hamas pour lui permettre d’imposer la Charia, d’inculquer la haine du Juif aux enfants palestiniens et d’acheter des armes pour partir à la conquête d’Israël.
Les participants à cette flottille savent tous que Gaza ne manque de rien, que les marchés regorgent de fruits et légumes comme en témoignent les vidéos qui circulent sur Youtube. Même la représentante de la Croix Rouge internationale l’a confirmé. Ajoutons que près de 250 poids-lourds traversent quotidiennement le terminal frontalier d’Israël pour apporter aux Gazaouis nourriture et aide humanitaire, que la frontière avec l’Égypte a été rouverte, et on comprendra que les raisons invoquées par les organisateurs ne tiennent nullement la route. En réalité, ce qui manque cruellement aux Gazaouis ce ne sont ni les médicaments ni les produits alimentaires, ce qui leur manque cruellement, CE SONT LES ARMES.
Objectif non-avoué : il est double
1. Forcer le blocus instauré par l’État d’Israël pour assurer la protection de ses citoyens et, ce faisant, obliger Israël à réagir et à recourir à la force, donc provoquer une confrontation directe. Il n’est pas nécessaire d’avoir, comme disent mes amis québécois, « la tête à Papineau » pour le comprendre.
Alors tous les yeux du monde seront rivés sur Gaza, la communauté internationale s’apitoiera sur le sort de ces nazislamistes habités par des principes humanistes et voudra, tout comme eux, apporter son soutien au peuple palestinien victime d’une injustice historique.
Comme en juin 2010,on pourra lire à la une des grands quotidiens
- « Israël face aux témoignages des militants et à la colère de la communauté internationale », Le Monde avec AFP et Reuters, 2 juin 2010.
- « Israël : arraisonnement irraisonnable, l’Allemagne hausse le ton », La Gazette de Berlin.
- « Condamnations unanimes de l’attaque israélienne de la flottille » , France24, publié le 31 mai 2010
Et Israël, une fois de plus, fera l’objet de résolutions de la part de l’ONU.
Alors, il n’en sera que plus facile d’obtenir en septembre l’accord des pays membres de l’ONU, voire celui des Etats-Unis, pour la proclamation unilatérale d’un État palestinien.
2. « Alimenter » Gaza en armes. Les nazislamistes espèrent réussir, sinon à forcer le blocus, du moins à en obtenir la levée, ce qui permettra alors aux Palestiniens de s’armer en vue d’attaquer Israël. Car le but, comme l’a déclaré ouvertement dans un de ses discours le président Yildirim de l’ONG turque IHH, n’a pas changé: il faut libérer la mosquée Al-Aqsa, donc chasser les Juifs qu’il qualifie de « souillure humaine » . Le mouvement pour Gaza est à ses yeux l’intifada de la mer.
« Nous n'avons pas peur de devenir des martyrs, a-t-il déclaré. Nous n'allons pas revenir en arrière. Jusqu'à ce que l'embargo dans la bande de Gaza se termine et jusqu'à ce que la marche de Al-Aqsa se complète, cette intifada maritime et cette intifada terrestre se poursuivront. Tout le monde devrait le savoir! »
Pourtant, côté israélien, il faudra répondre et répondre avec fermeté D’ailleurs, l’armée israélienne a prévenu qu’elle ne resterait pas passive, qu’elle arrêterait cette deuxième flottille,
L’état d’Israël rappelle que M. Ban Ki-Moon, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que « l’aide et les biens destinés à Gaza devraient être acheminés par des points de passages légitimes et des canaux établis » et qu’il a demandé à tous les gouvernements concernés « d’ user de leur influence pour décourager de telles flottilles, qui peuvent dégénérer en conflits violents. »
Israël a également rappelé que toutes les cargaisons peuvent être livrées directement par le port israélien d'Ashdod, ou envoyées à Gaza par les différents postes frontaliers terrestres.
Ajoutons que le gouvernement du Canada a réagi en ces termes par la voix du ministre canadien des Affaires étrangères, M. John Baird : « "Les efforts non autorisés pour acheminer l'aide sont provocateurs et, finalement, inutiles à la population de Gaza".
Mais nul n’ignore que ce conflit violent est voulu, recherché par les « militants pour la paix ». Cette flottille pour Gaza leur donne l’occasion de se confronter à leur ennemi juré, et de faire ainsi la une des medias du monde entier.
Que seraient donc les Palestiniens sans ces gauchistes, ces âmes compatissantes habitées par des valeurs humanistes, prêtes à risquer leur vie pour venir en aide aux opprimés de la terre, aux seuls opprimés de la terre : les Palestiniens ?
Aurions-nous oublié, nous gens de droite, totalement insensibles à la misère de ce monde, que « la Gauche, c’est avant tout le parti de l’intelligence, de la sensibilité et du progrès humain » ?
Inversement, que seraient ces gauchistes attardés s’ils n’avaient pas trouvé une cause pour braquer sur eux les cameras et faire entendre leurs voix en espérant éviter ainsi la disparition pure et simple de leur parti agonisant ?
Pourquoi avoir choisi la cause palestinienne plutôt qu’une autre ? Sans doute est-elle celle qui répond le mieux à leurs aspirations , mais surtout c’est la seule qui implique les Juifs , donc qui leur permet de donner libre-cours à leur haine du Juif sans pour autant être traités d’antisémites. Car s’il fait bon aujourd’hui d’être antisioniste, il ne fait pas bon d’être antisémite !
D’ailleurs, s’il n’y a toujours pas eu de solution au conflit israélo-palestinien, ce n’est ni la faute des Israéliens ni même celle des Palestiniens : c’est tout simplement celle de ces gauchistes fanatiques qui, pour les raisons que l’on sait, n’ont aucun intérêt à voir la paix se réaliser.
Palestiniens et gauchistes ont besoin les uns des autres pour exister et la Gauche d’aujourd’hui n’est pas pro-palestinienne comme elle le laisse entendre, la Gauche d’aujourd’hui est ouvertement anti-israélienne, elle n’est rien d’autre que le Parti d’Allah et tous ses beaux discours – car il faut reconnaître que la Gauche a l’art de la rhétorique- n’y changeront rien.
Dora Marrache
Chroniqueuse, Radio-Shalom, Montréal.