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A sa création il y a quatre ans, l'organisation sioniste Im Tirtzou avait pour objectif de donner la parole aux réservistes, au lendemain de la seconde guerre du Liban.
Aujourd'hui, forte de milliers de membres, l'association estudiantine se retrouve au cœur d'un scandale retentissant
Un document a mis le feu aux poudres et enflammé la chronique. Désormais désigné comme "le rapport Im Tirtsou", et publié le mois dernier, il dénonce les activités du "New Israel Fund" (NIF), Nouveau fonds israélien.
Des T-shirts de l’association Im Tirtsou, en vente sur Internet.
Photo: JPost
Le NIF, qui figure parmi les organisations les plus importantes agissant en Israël, serait le principal bailleur de fonds de plus d'une douzaine d'ONG (organisations non gouvernementales) israéliennes.
Parmi elles : l'association pour les droits civils en Israël, Adalah ; le centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, Bimkom ; le centre pour la défense de l'individu, le Comité public contre la torture en Israël et Yesh Din
qui œuvre pour les droits de l'Homme. Des groupes tous à l'origine de témoignages négatifs sur Israël, utilisés dans le cadre du rapport Goldstone.
A la tête du groupement Im Tirtsou : un jeune homme, Ronen Shoval. Lors d'une interview accordée au Jerusalem Post, il revient sur le rapport qui continue de faire des vagues. Dans le cadre des enquêtes effectuées auprès du NIF, il explique que sa démarche suit le "modèle des agences de renseignements qui étudient le financement des groupes terroristes.
"Le processus a été soigné : "Nous avons investi beaucoup d'efforts pour comprendre la stratégie de financement et l'idéologie qui se cache derrière le NIF. Ce que nous avons révélé n'est que la partie émergente de l'iceberg", assure-t-il sans vouloir pour autant s'expliquer davantage.
"Le rapport Goldstone représente l'arme du crime", commente-t-il. "Il est la preuve que ces groupes rattachés au NIF ne se sont pas engagés dans une critique constructive mais destructrice, au contraire. Ils travaillent à nuire à l'Etat." Shoval s'est montré inspiré :
"Nous savions que les témoignages accordés étaient très imparfaits et souvent sans attributions", poursuit-il. "Il était donc important pour nous d'entamer des recherches sur ces groupes et de révéler à qui ils sont liés."
Pour cela la démarche d'Im Tirtsou paraît simple : "Tout ce que nous avions à faire était de remonter la filière des dons financiers. Nous sommes ainsi parvenus jusqu'au NIF."
Dans les semaines qui ont suivi la publication du rapport, des centaines de personnes se sont jointes à Im Tirtsou. Le groupe est devenu le point de ralliement des opposants du NIF et des ONG mises en cause.
"Parfois, vous avez le droit de jeter la vérité au visage des gens", affirme le jeune président. "Nous devions trouver le moyen de nous élever contre un mouvement dont personne ne soupçonnait l'existence."
Nouvelle mise au point : l'idée - fausse - qu'Im Tirtsou ait reçu une aide politique pour rédiger son rapport. "Beaucoup de groupes, y compris des organismes gouvernementaux, nous soutiennent", déclare-t-il, "mais ce n'est pas comme si nous recevions des instructions d'en haut. Des responsables gouvernementaux ont réagi avec intérêt à nos constatations, tout simplement parce qu'ils reconnaissent en ces groupes et en leurs actions une véritable menace."
Pour le renforcement des valeurs sionistes en Israël
"Quant à nous, nous considérons cette information comme une question d'éthique, non un problème juridique", ajoute-t-il. Et de mentionner les milliers de courriels le remerciant pour le rapport. L'affaire lui tient à cœur :
"Il ne s'agit plus d'être de droite ou de gauche, mais de soutenir Israël. Un point c'est tout." Et telle est l'essence même d'Im Tirtsou.
Tout a débuté par une volonté de soutenir les soldats de Tsahal, en particulier face aux manifestations pacifistes organisées sur les campus universitaires lors de la seconde guerre du Liban.
"Nous voulons que les gens comprennent ce que signifie être sioniste aujourd'hui. Pourquoi ils doivent rester en Israël. Pourquoi ils doivent être réservistes."
Im Tirtsou regroupe désormais des milliers de membres et retient l'attention des politiques.
"L'association s'est présentée comme un moyen de revenir à l'essentiel et propose des alternatives à l'ensemble des sentiments antisionistes qui existent."
Son succès est spectaculaire : elle est devenue un mouvement de référence pour les membres de la Knesset.
Il faut dire qu'avec son rapport, Im Tirtsou a jeté un sacré pavé dans la mare. Ses accusations portées à l'encontre du New Israel Fund ont fait grand bruit. Les chiffres avancés ont choqué et généré un tollé tant en Israël qu'à l'étranger.
Seize ONG auraient reçu un soutien financier du NIF à l'origine de 92 % des citations défavorables à Israël reprises par le rapport Goldstone. En réaction, le NIF a publié jeudi 18 février un contre-rapport.
Et les deux parties s'affrontent. Dans le camp d'Im Tirtsou, certains ont exigé des enquêtes complémentaires sur les activités du NIF. En face, celui-ci a entrepris d'examiner les réclamations d'Im Tirtzou.
Et d'appeler le Dr Amir Paz Fuchs - maître de conférences à la Faculté de droit de l'établissement supérieur Ono, près de Kyriat Ono, et expert en matière de droits de l'Homme - à travailler à la publication d'une contre-enquête.
Le NIF contre-attaque
Le rapport d'Im Tirtzou est "une série de mensonges, de manipulations et de distorsions qui découlent d'une méthodologie de recherche amateur et de la volonté systématique d'adapter les 'faits' à des conclusions décidées par avance", prétend Paz Fuchs en introduction au contre-rapport.
"Sans considérer le contenu ou le contexte, les auteurs ont examiné la proportion des citations qui provenaient des organisations soutenues par le NIF, de façon arbitraire, et ont mal calculé le nombre de propos incriminants. Ils ont manipulé et gonflé les chiffres afin d'exagérer le rôle tenu par le NIF dans le rapport de Goldstone", fait-il valoir. La majorité de ces références n'étaient pas activement transmises à la commission Goldstone, mais ont été recueillies par le comité à partir de sources disponibles sur Internet."
"Une grande partie des données utilisées comme base pour les conclusions du rapport Goldstone reposent sur des sources israéliennes (médias, déclarations de commandants supérieurs de Tsahal ou de ministres du gouvernement) qui ont fourni de la matière au juge sud-africain. Ces sources ne sont pas mentionnées dans le rapport Im Tirtzou !" D'autres éléments viennent démonter les allégations du mouvement sioniste. "Ainsi, si six organisations ont signé une lettre mentionnée une fois dans le rapport Goldstone, ses rédacteurs l'ont comptabilisée six fois. Et si le rapport Goldstone se réfère à la même lettre ou au compte-rendu d'une organisation plus d'une fois, celui d'Im Tirtzou a compté les références comme si elles provenaient de sources différentes. Ces types de distorsions se sont produits dans de nombreux cas."
En outre, tous les témoignages pris en compte ne concerneraient pas l'opération Plomb durci.
"Certains des faits concernent des événements qui ont eu lieu en Judée-Samarie ou en Israël plutôt que dans la bande de Gaza. Certains d'entre eux se sont même produits avant l'opération Plomb durci !", s'insurge le NIF. "Finalement, sur l'ensemble des témoignages contenus dans le rapport Goldstone, seuls 46 proviennent d'organismes soutenus par le NIF et portent sur des événements qui ont se sont déroulés dans la bande de Gaza, lors de l'opération Plomb durci. Soit une proportion de 3,8 %."
Mais cette version des faits n'est pas de nature à faire fléchir Im Tirtsou. Ronen Shoval sait que son association est comme le veut le dicton : "la bonne personne, au bon endroit, au bon moment". Il a confiance en ses membres, qu'il qualifie d'"intelligents et capables d'accomplir du bon travail".
Il sait que sur sa route, il trouvera de nombreux "groupes anti-israéliens, dont un bon nombre en Europe, qui ont rallié à leur cause des Israéliens prêts à faire leur sale boulot". Mais lui a foi dans le potentiel que représentent les campus universitaires. "Nous avons toujours considéré l'université comme un moyen pour parvenir à nos fins, comme le premier échelon d'un plan sur dix ans qui nous permettra de passer d'un groupe estudiantin à une force influente au sein de la société israélienne."