· La Libye attaque violemment UN Watch pour avoir fait témoigner une troisième victime libyenne contre les crimes de Kadhafi devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU
· Le représentant de Kadhafi demande à la Présidence d’effacer les discours critiques contre la participation de la Libye au Conseil
· Les Etats-Unis prennent faits et causes pour UN Watch : “leurs discours doivent être enregistrés ».
Adapté par Marc Brzustowski
pour unwatch
pour aschkel.info et lessakele
Genève, le 20 Septembre — La Libye a violemment attaqué UN Watch aujourd’hui, pour avoir poursuivi ses mises en cause de la participation de cette dictature du désert au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, en faisant témoigner encore une autre victime devant l’assemblée plénière, afin de rend publics les crimes de Kadhafi.
La Libye a exigé que le Président du Conseil efface l’enregistrement des remarques des victimes, qui comprenaient des marques de défiance contre la nouvelle participation de la Libye en tant que membre du plus haut organisme des droits de l’homme de l’ONU. (Voir la pleine retranscription ci-dessous)
L’étincelle qui a provoqué le tumult de ce jour, lors de l’assemblée plénière, a été le témoignage de Mohammed Eljahmi, frère du disparu Fathi Eljahmi, un dissident libyen connu qui est mort après avoir subi un brutal emprisonnement sous le régime Kadhafi.
S’exprimant au nom de la Maison pour la liberté, Eljahmi a demandé :« Pourquoi le Gouvernement de Mr Kadhafi, qui a torturé et tué mon frère – et qui est l’un des pires violeurs des droits de l’homme de par le monde – est-il, désormais, un membre élu du Conseil des Droits de l’homme de l’ONU ? »
Organisé par UN Watch, base à Genève, les remarques d’Eljahmi ont été rendues publiques, en tant que parties intégrantes d’une nouvellecampagne suivie par 27 associations des droits de l’homme militant pour la suspension de la Libye du Conseil des 47 nations.
Jeudi, UN Watch a prévu le témoigne de Kristyana Valcheva, l’une des cinq infirmières bulgares, qui avaient été emprisonnées et torturées sur de fausses accusations d’empoisonnement d’enfants par le VIH, et deAshraf El-Hajouj, le médecin palestinien qui avait été victime des mêmes sévices avec elles. Tous deux ont été continuellement interrompus par la Libye.
Après qu’Eljahmi ait témoigné, le représentant de la Libye, Ibrahim Aldredi a violemment attaqué “un certain type d’ONG irresponsables et arrogantes » de faire de supposées « allégations qui sont vraiment litigieuses et sans fondement ».
Il a déclaré au Président du Conseil, le Thaïlandais Sihasak Phuangketkeow, que la Libye “aimerait que les interventions de telles ONG soient effaces de l’enregistrement, car étant “incompatibles avec nos procédures”.
Mais, les Etats-Unis sont intervenus immédiatement, ralliant la défense du témoignage des victimes, en déclarant que “des ONG accréditées devaient être autorisées à parler, et que leurs discours (devaient) être inclus dans l’enregistrement”.
Aldredi a ajouté que “la Jamahariya arabe libyenne sous Muammar Al-Kadhafi était fière d’avoir été élue au Conseil, et que le rôle positif de la Libye était apprécié et perçu en Afrique et à travers le monde comme renforçant les droits de l’homme ».
Le Président a répondu : “Nous prenons en compte les points que vous avez soulevés”, sans donner la moindre suite à la demande libyenne.
Le gouvernement du dictateur libyen Muammar Kadhafi a obtenu son siège au Conseil la semaine passée, lors d’une session de 3 semaines que se conclura le 1er octobre. Le Conseil a été créé en 2006 pour remplacer la Commission discréditée des Droits de l’homme, dont la réputation a été entachée par l’élection de la Libye à sa Présidence en 2003.
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(Ci-dessous la retranscription du débat de ce jour)
“Que fait Kadhafi au Conseil des Droits de l’homme”?
Conseil des droits de l’homme de l’ONU, 15 ème session
Témoignage de Mohammed Eljahmi au nom de la Maison
de la Liberté
Organisé par UN Watch
Genève, le 20 septembre 2010.
M. Le Président,
Ce Conseil a été créé avec la promesse d’y élire des pays que promeuvent et protègent les droits de l’homme.
Nous demandons alors : “Est-ce que l’élection de la Libye tient cette promesse?”
Pour moi, cette question n’est pas intellectuelle : mon défunt frère, Fathi Eljahmi, était un dissident et un héros en Libye.
Sous le règne de M. Kadhafi, être membre de partis politiques ou de syndicats indépendants de travailleurs sont des crimes punissables de mort. Les nécessités d’accomplir ses devoirs de citoyen sont liées à une absolue obéissance à M. Khadafi.
Les Libyens ordinaires sont soumis à un vaste appareil de répression policière. Leurs actions sont observées à la loupe par des institutions orwelliennes et peuvent être punies par des escadrons de la mort sans pitié.
Malgré le danger palpable, mon frère Fathi avait choisi de s’exprimer en faveur de la liberté d’expression et des droits de l’homme. C’était un homme courageux. Il a aussi été mon tuteur et l’image de père que j’ai eue. C’était un mari, un fils et un frère aimant inconditionnellement et généreux. Fathi était doué d’une grande largesse d’esprit et d’une passion de l’égalité et de la justice.
En 2002, il a tenu à exposer publiquement sa vision de la constitution, de la liberté d’expression, de la libre entreprise, et pris parti pour une enquête sur le massacre de 1200 prisonniers à Abu Slim.
En conséquence, le gouvernement a emprisonné Fathi Durant 17 mois, jusqu’à ce que le Sénateur Biden d’alors, qui est aujourd’hui Vice-Président des Etats-Unis intercède en sa faveur. Dès qu’il a été libéré, Fathi s’est, de nouveau, exprimé en faveur de la liberté et des droits de l’homme. Deux semaines plus tard, il été renvoyé en prison, soumis durant cinq ans à d’intenses tortures et à l’isolement, qui l’ont conduit à la mort, le 21 mai 2009.
Ma famille demande : “Quand ce Conseil lancera t-il une enquête internationale sur les conditions d’emprisonnement, de torture et la mort de mon frère?”
Pourquoi le gouvernement de M; Kadhafi, qui a torturé et tué mon frère – et qui est l’un des pires violeurs des droits de l’homme de par le monde – est-il alors un membre élu du Conseil des Droits de l’homme ?
Quand est-ce que ce Conseil fera ce qu’il doit faire et se tiendra t-il aux côtés du peuple libyen, pour défendre vraiment leurs droits en tant qu’êtres humains ?
Merci, Monsieur le Président.
La Libye exerce son droit de réponse :
Libye (Ambassadeurr Ibrahim Aldredi): Merci, Monsieur le Président. Je me permets cette déclaration pour répliquer à celles d’un certain type d’ONG irresponsable et arrogante qui tentent de paralyser le travail du Conseil en employant des allégations litigieuses et sans fondement. M. Le Président, nous aimerions que les interventions de telles ONG soient effacées de l’enregistrement – l’intervention du dernier jeudi et quelques-unes, cet après-midi. Ils doivent être effaces car il s’agit d’interventions qui sont incompatibles avec les procédures requises.
Etats-Unis ( interférant dans le tour de parole) : Nous souhaiterions mettre en lumière que les Etats-Unis pensent que des ONG accréditées doivent être autorisées à parler et que leurs exposés doivent être inclus dans l’enregistrement : comme vous le savez, les voix de la société civile sont extrêmement importantes pour le travail du Conseil. Bien que les états membres, dont les Etats-Unis, peuvent occasionnellement être en désaccord avec le contenu de leurs déclarations, le Conseil devrait cultivar un climat d’ouverture, dans lequel nous puissions discuter de nos divergences. Merci.
Libye : J’aimerais dire à l’honorable Conseil que cela ne devrait pas devenir une agora où se diffusent toutes sortes d’allégations, lorsqu’elles sont infondées et non basées sur la vérité. La Jamahariya arabe libyenne sous la conduite de Muammar Kadhafi a été honorée d’avoir été élue à ce Conseil, et le rôle positif de la Libye est apprécié et perçu en Afrique et à travers le monde entier comme renforçant les droits de l’homme. Ma délégation est totalement préparée à coopérer avec vous, même si d’autres membres ne le sont pas, pour promouvoir le travail du Conseil, pour assurer qu’il s’agit d’un débat authentique visant à protéger les droits fondamentaux de l’être humain et les libertés.
Président du Conseil des Droits de l’homme (Sihasak Phuangketkeow, de Thailande) : Nous prenons en considération les points que vous avez soulevés.
Libye : Nous ne nous opposons pas à la participation des ONG, mais seulement aux déclarations irresponsables d’ONG irresponsables.