Opération de comm. d’une affligeante banalité, exposée par Marine Le Pen aux bobos de l'upper-class post-sioniste dans Haaretz
Par Marc Brzustowski
Pour © 2010 lessakele et © 2010 aschkel.info
Comment (re-) devenir fréquentable, lorsqu’on risque de subir le préjugé défavorable des « dérapages » verbaux de Papa, dans l'arène nationale ? C’est un peu l’équation qu’est parvenue à résoudre à peu de frais, Marine Le Pen, auquel le journal post-sioniste en chute d’audience Haaretz, s’est empressé de fournir une tribune.
On sait, en effet, que le quotidien n’a pas de mots assez durs contre sa propre société, l’armée qui la défend et le gouvernement actuellement aux affaires. Il est impliqué dans l’organisation de « fuites » de dossiers confidentiels, de la part d’Anat Kam, une soldate en manque de rébellion contre son pays, délivrées à l’un de ses journalistes, Uri Blau, exilé un moment au Londonistan et rattrapé par le "Fisc" de la défense du territoire.
On se souvient également que les pages de cette multinationale de la globalisation post ou antisioniste (associée aux journaux Le Monde, The Guardian, etc.) étaient parvenues à piéger Alain Finkielkraut, en 2005, en maquillant et détournant par des titres fracassants, ses remarques sur les émeutes ethniques de la même année. Cette manipulation avait valu au philosophe d’être poursuivi en France par le MRAP et consorts pour « racisme », excusez du peu.
C’est donc sur cette plateforme qu’Haaretz et son invitée, Marine Le Pen, ont décidé de surfer. Cette étrange association aurait pu avoir de quoi surprendre, mais le calcul politique « gagnant-gagnant » (on croirait du Royal, mais c’est du Le Pen !) doit bien être pris pour ce qu’il est : une collusion de cynisme gauchiste israélien et de mauvaise foi pré-électorale, pour la candidate frontiste :
En peu de mots : « Le véritable racisme, s'entend et se lit tous les jours dans le quotidien d'Israël » ! « Comparativement, le FN historique est une « blanche colombe », qui plus est, amoureuse de la paix de Shalom Akhshav et de ceux qui « refusent de servir dans les Territoires » pour défendre "les colonies"…
Voilà ce qu’on peut retenir en conclusion de cet exercice de style, qui nage dans les eaux troubles de l’alliance de la carpe et du lapin, pour mieux tirer parti de la fibre antisioniste en vogue dans l’actualité internationale.
Les bénéfices nets pour les petits caporaux à plume du Haaretz consistent à afficher que l’Etat Sioniste ne disposerait plus du moindre capital de légitimité morale pour se permettre la plus petite remarque à l’encontre des héritiers de l’extrême-droite européenne, mais que l'inverse n'est plus vraie. Touché au cœur par la récente Loi frappant de transparence les financements obscurs des ONG israéliennes qui font profession de délégitimation contre Tsahal et contre l’Etat, le Haaretz se « venge » avec les moyens du bord : adouber les arguties d'une nationaliste française en affirmant sa plus grande fréquentabilité, plutôt que de devoir rendre des comptes à l’Etat sur lequel on crache. Novlangue quand tu nous tiens !
Marine Le Pen et Haaretz gèrent ainsi leurs contradictions respectives en se renforçant mutuellement : l’une n’a besoin que d’affirmer l’héritage paternel globalement inchangé [« le bilan globalement positif » disait-on au Parti Communiste], en s’appuyant sur le fait que l’antisionisme est la valeur la mieux partagée du monde et qu’il ne saurait être connecté à « l’antisémitisme ». Si jamais dérapage il y a pu y avoir dans le passé, elle n’a nul besoin de l’assumer et personne ne songerait, du reste, à lui en demander des comptes personnellement. Sauf les esprits un peu tordus, à droite ou à gauche, qui, comme Pierre Moscovici, perçoivent un « lien génétique » (?) entre sa mouvance et la réaction à la Révolution de 1789, qui écarterait la fille de tout Républicanisme. Du « délit de Sale gueule » ou de patronyme.
Marine Le Pen avait déjà pris fait et cause pour les Jihadistes du Mavi Marmara, dans les Nouvelles Dépêches d'Alsace, au lendemain (3 juin 2010) de l’assaut mortel contre la flottille turque, taxant l’acte de « piraterie israélienne en haute-mer ». Indifférente aux manipulations de l’Autorité Palestinienne, puisque Mahmoud Abbas refuse, en violation de tous les accords passés, de poursuivre les négociations, elle « récidive » en condamnant comme une "erreur israélienne », la poursuite de la construction des implantations, qu’elle taxe de « colonies », dans la terminologie la plus pure employée par le Quai d’Orsay. Elle revendique le droit légitime de critiquer un gouvernement (c'est du Boniface), tout en se gardant de la moindre trace « d’antisionisme » dans son discours, puisque, paraît-il, le Front aurait toujours été favorable à l’existence d’un état juif.
Elle plaque le modèle d’intégration française -dont les réussites sont, ô combien! méritoires, à l’heure actuelle ! - d’un état « de tous ses citoyens », pour fustiger au passage les récents appels de Rabbins à transmettre le patrimoine national à des coreligionnaires susceptibles de conserver cette nature « d’Etat juif » et démocratique.
Car Marine Le Pen l’ignore certainement, n’ayant pas eu le temps d’étudier sérieusement une carte au-delà des Alpes, mais Israël se trouve situé au Moyen-Orient, là où tous les états environnants sont arabo-musulmans et dictatoriaux. Elle ne perçoit rien et ne veut rien percevoir des risques attenant à « l’état binational », permettant, demain, de pousser à la disparition des communautés juives, comme c’est actuellement le cas des minorités chrétiennes, coptes, maronites, syriaques et autres "dhimmis" massacrés en Orient. Elle ne comprend pas, parce qu’elle préfère surfer sur le chaos et les peurs primaires que de rechercher et de reconnaître des modèles politiques viables, que le Sionisme offre au monde, particulièrement en Orient, un mode de résolution des conflits et que c’est bien pour cette raison que l’Islamisme radical ou modéré refuse d’en entendre parler ! Autrement dit, au royaume des borgnes, qui sont les reines?
Elle prend également ses distances avec les dirigeants de l’ancienne « extrême-droite » européenne, de la Liga Norte (Gianfranco Fini), du Vlaams Belang, du FPÖ de Sträche, dans les pas d’un Geert Wilders, véritable ami de toujours d’Israël, qui ont trouvé un terrain d’entente commun avec le combat d’Israël contre l’Islamisme. Ainsi ne prend t-elle pas le moindre risque vis-à-vis des éternels complotistes présents au Front ou dans son sillage, qui dénoncent ces accointances comme une « allégeance au Credo shoatique » (dans le ton Dieudonné-Soral), chez ceux qui se reconnaissent une parenté dans la défense d’Israël contre le Jihad global, d’obédience salafiste ou turque de l’AKP, en Europe centrale ou du Sud. En toute neutralité, on ne peut en revenir, chez elle en tout cas, que sur le caractère mutuellement exclusif de tout nationalisme, faisant qu'elle préfère s'entendre avec les positions post- ou antinationales chez autrui pour mieux prôner l'assimilation-dissolution et de l'Etat et des populations "disputées"...
Lui dire que préférer l’AKP ou l’IHH à l’intervention, même musclée, des commandos du Sayeret, c’est faire le lit de l’islamisation des Balkans ne servirait de rien avec cette débutante en géopolitique de l’Europe. Ele reste dans la courte vue clientéliste. Et, last but not least, elle peut ainsi manger aux râteliers de l’extrême-gauche, qui partage les mêmes extases conspirationnistes de la connexion entre le cosmopolitisme de l’argent, le libéralisme et l’ascendance juive, telles qu’on retrouve ces thèses au NPA, à alterinfo voire aux marges du PS.
Après tout, cela donne une bonne radiographie de l’état des forces en présence en Europe, la Droite encore populiste et donc « extrême » française, se targuant d’exception culturelle. Un "extrémisme" désormais dilué dans le politiquement correct, élections obligent.
En matière de politique étrangère, il faut donc chercher la plateforme du FN dans cette sorte de contrat en réhabilitation, offert par la « zone grise » (post/anti-) en Israël, pour mieux gagner des franges entières d’indécis, déçus par l’islamisation progressive de groupes altermondialistes en France et en Europe. Ils partagent globalement la même focalisation sur « le rôle des Juifs » dans le capitalisme ou les médias, et un amour démesuré pour la patrie éternelle des Palestinistes du Hamas ou de l’IHH.
Chez Marine Le Pen, tout n’est affaire que de fard et de maquillage. Cela n’a même plus le goût provocateur du Jean-Marie, qu’on finirait presque par regretter : mieux vaut une ennemi déclaré de la mémoire juive en Europe qu’une pâle copie, ce "Canada Dry", juste assez correct pour chercher audience à gauche. Elle est suffisamment intelligente pour ne pas tomber dans les travers enseignés par son père (elle avait « claqué la porte » au moment où « l’occupation allemande n’était pas une épreuve aussi terrible que cela » ou Oradour-sur-Glâne, une quasi-balade de santé, pour le mentor des anciens collaborationnistes en mal de réhabilitation).
Rétive à tout aggiornamento, hier ou aujourd'hui, elle réédite que la reconnaissance par Chirac d’une implication d’un gouvernement à qui le Parlement avait donné les pleins pouvoirs, était, là encore, une « erreur ». Elle ne le dira pas, mais, de fait, les Juifs de France sont alors complices d’une concurrence en repentances qui défigurerait le sens global de l’histoire de ce pays. Là encore, elle ne sait pas faire la différence entre histoire objective et manipulation politique par les « Indigènes de la République » ou autres groupuscules instrumentalisés par l'Organisation de la Conférence Islamique. Marine est étrangère à toute complexité, surtout propagatrice des messages simplistes qui seuls peuvent « faire mouche » du coche en politique française.
Parce qu’elle n’a pas tort sur des problèmes d’envahissement des espaces publics, à l’interne, elle peut continuer de prospérer sur les mêmes poncifs politiques qui lui offriront un écho dans la très banale majorité des médias et opinion à travers le monde. Elle est réfractaire à une quête quelconque de vérité sur les faits, sans laquelle il ne saurait y avoir la moindre « légitimité ».
Il lui est plus facile de se trouver une oreille compatissante à l’extrême-gauche en révolte contre l’Etat d'Israël, que de se construire des connaissances solides sur les dossiers étrangers à fortes répercussions en Hexagone.
Ainsi le FN restera t-il ce parti protestataire qui joue à ne plus faire autant peur qu'avant à la gente bien-pensante à Paris, tout en s’alignant et donc, s’aliénant les voix de la Doxa « ultra-orthodoxe post ou/et antisioniste » dans les médias.
On ne saurait, pour autant, passer sous silence, les dérapages réels et indélicatesses hors-propos, ceux-là, de chroniqueur se croyant habilité à parler pour autrui et qui n’oppose que l’insulte à la manœuvre pour justifier son salaire. Tout de go, Miguel Garroté, en restant charitable à son endroit, ferait mieux d’apprendre à se taire que de servir la soupe, à peine réchauffée, à ceux qui n’attendent que cela : http://www.drzz.info/article-va-te-faire-foutre-marine-le-pen-par-michel-garrote-64493229.html . Suite à quoi, Nationspresse s’en délecte :http://www.nationspresse.info/?p=120829 . On existe comme on peut. Pas en notre nom !
En conclusion : une affligeante banalité des propos, tant à l’extrême-gauche israélienne qu’à la droite de l’échiquier français, avec les mêmes billevesées. Y compris chez qui se glorifierait d'être étiqueté comme "porte-parole de l'extrême-droite sioniste", ce qui est encore hommage du vice à la petite vertu.