Oussama Ben Laden et les terroristes palestiniens en parfaite communion d'esprit.
Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach
Pour © 2010 lessakele et © 2010 aschkel.info
Ce 27 octobre 2010, le chef d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden s'est adressé au peuple français et expliqué les raisons pour lesquelles il voulait attenter à sa sécurité et enlever ses ressortissants à l’étranger (qu’il a qualifié de « rapt de vos fils »). Ainsi, la capture des cinq Français au Niger a été présentée comme une réponse adaptée aux « injustices que commet la France contre la Nation musulmane». Par ailleurs, il a expliqué que le peuple français était en partie responsable de ses souffrances. Aussi, a-t-il posé la question de savoir s’il était possible de concevoir une participation à « l’occupation de nos pays », une alliance avec les Américains « pour tuer nos femmes et nos enfants », et dans le même temps, espérer vivre en sécurité et en paix. Autrement dit, pour Oussama Ben Laden, le peuple français ne peut se livrer au meurtre de Musulmans sans que ses actes restent impunis. De même, il a déploré le soutien apporté aux agents français à l’étranger (aux dépens des musulmans), et la captation des richesses dans des transactions suspectes, alors que « nos peuples souffrent de misère et de pauvreté ». Sur ce point, le chef d’Al Qaïda dénonce un enrichissement du peuple français au détriment des musulmans qui s’opère dans des conditions proches du vol. Enfin, il a déploré l'atteinte faite au droit des femmes musulmanes de se vêtir en France comme elles le souhaitent, et demandé aux Français si l’oppression qu’ils exerçaient et le droit qu’ils s’arrogeaient d’interdire aux femmes libres de porter le voile, ne lui conférait pas le droit de pousser au départ « vos hommes envahisseurs en leur tranchant la tête». En guise de conclusion, il a lancé : « L’équation est alors simple et claire » : « Tout comme vous tuez, vous êtes tués. Tout comme vous prenez des prisonniers, vous êtes pris en otages. Comme vous mettez en péril notre sécurité, nous mettons aussi votre sécurité en péril ». S’il a d’ailleurs comparé les injustices commises respectivement, c’est pour avancer que « le plus injuste est celui qui a commencé ». A la fin de son allocution, Oussama Ben Laden a néanmoins offert une porte de sortie honorable au peuple français : « la seule façon pour les français de protéger leur sécurité est de mettre un terme aux injustices (à l’égard de sa nation) », de se retirer de la guerre en Afghanistan, et de mettre fin à la colonisation directe ou indirecte ». Il a alors suggéré aux Français de tirer les conséquences de la situation de l’Amérique qui sombre « en raison de cette guerre injuste » et qui va prochainement se replier outre-Atlantique…
Il est certain que les menaces lancées ne sont pas à prendre à la légère. Le Ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a d’ailleurs reconnu, début octobre 2010, que les risques d’attentats terroristes étaient réels, compte tenu du nombre de « ressortissants européens formés et entraînés en Afghanistan ou au Pakistan », « susceptibles de revenir dans l'Union européenne avec de mauvaises intentions.». Cette mutation, dans la commission de l’acte terroriste, a été qualifiée par le coordinateur antiterroriste de l'UE Gilles de Kerchove, de « terrorisme natif qui recrute ses militants en Europe, les entraîne hors d'Europe, puis les renvoie chez eux, prêts à l'action.»…
En tout état de cause, le discours d’Oussama Ben Laden suscite différentes observations. La première tient à son mépris de la règle démocratique. Oussama Ben Laden se présente en effet comme le représentant de la nation musulmane alors qu’aucun vote ne lui a conféré le droit de parler en son nom. Par ailleurs, il s’adresse au peuple français une fois encore au nom de l’Islam, alors qu’il n’a reçu aucun mandat particulier pour ce faire. Il explique par ailleurs que la mort de Français est une bonne réponse au choix faits par les dirigeants, alors que l’éventuel responsable est le peuple français dans sa collectivité, non pris individuellement. Il exige enfin du peuple français la modification d’une loi votée sur le territoire français, au mépris du principe de souveraineté dévolu aux Français. La seconde observation, tient au rôle de justicier du monde de l’Islam qu’il s’arroge, imputant aux Français une partie des problèmes du monde de l’Islam, alors qu’ils sont internes et résultent d’une absence de droit d’expression politique pour les Musulmans, sans redistribution des richesses locales à leur profit. Enfin, la dernière observation tient à la justification de la guerre qu’il mène contre la France en se plaçant dans un état de légitime défense, tel un résistant, comme si finalement il était préférable d’endosser un costume de résistant pour éviter d’avoir à s’interroger sur ses propres crimes.
Etrangement, c’est le même raisonnement qu’utilisent les Palestiniens à l’égard des Israéliens pour justifier leur méfaits. Les Français seraient collectivement responsables d’une captation des richesses musulmanes et du meurtre des enfants et des femmes de la nation islamique, tout comme les Juifs le seraient de la misère des Palestiniens, de leur oppression et de l’appropriation de leur richesse. De même, les Français portent atteinte au droit des femmes libres musulmanes, comme les Juifs porteraient atteinte au droit des Palestiniens. Ils doivent donc subir le même sort par une atteinte à leurs droits. En somme, et tout comme pour les Palestiniens, la rhétorique de Ben Laden en appelle d’une part à la vengeance : « ce que tu me fais, je te le fais de la même manière, mais sans que tu puisses t’en plaindre puisque c’est toi qui as commencé». C’est également l’argumentation des Palestiniens. Par ailleurs, l’attaque des Français s’inscrit dans une forme de légitime défense, tout comme le font les Palestiniens : « tu m’as agressé et je me vois contraint, avec mes faibles moyens, de te rendre la pareille ». Enfin, et comme les Palestiniens, Ben Laden présente ses opérations comme des actes de résistance plein de bravoure : « tu es un envahisseur qui ponctionne les richesses de ma nation et je n’ai d’autre choix que de te chasser de mes terres et de réparer le dommage injustement causé».
Bien évidemment, le raisonnement du chef d’Al Qaïda ne résiste pas à l’analyse. Les Français ne sont en rien responsables de l’oppression des Musulmans exercée par leurs dirigeants non désignés démocratiquement (comme les Juifs ne sont pas responsables de la corruption au sein de la société palestinienne qui les prive de leur richesse nationale). Par ailleurs, la France est une formidable terre d’accueil qui héberge des personnes originaires du monde entier dont une part importante de Musulmans, tout comme Israël offre une qualité de vie à sa population arabe et des droits démocratiques, dont ils seraient privés dans l’ensemble du monde arabe.
Il faut donc chercher les responsabilités ailleurs et notamment au niveau du manque de démocratie : c’est lui qui est à l’origine des malheurs des populations musulmanes comme de ceux des Palestiniens. Notons d’ailleurs que dans les démocraties, en cas de problème, ce sont les tribunaux qui tranchent les litiges et sanctionnent les abus et les détournements, non les individus qui tranchent les gorges ou corrompent les juges pour obtenir des décisions favorables. Une fois encore, Israël met à la disposition d’Oussama Ben Laden et des Palestiniens le chapitre 16 du Deutéronome : « Tu établiras des juges et des magistrats dans toutes les villes que l'Éternel, ton Dieu, te donne, selon tes tribus ; et ils jugeront le peuple avec justice Tu ne porteras atteinte à aucun droit, tu n'auras point égard à l'apparence des personnes, et tu ne recevras point de présent, car les présents aveuglent les yeux des sages et corrompent les paroles des justes. » (Dt 16,18-19). La doctrine d’Oussama Ben Laden est un parfait moteur pour dynamiser les Palestiniens; mais si ces derniers entendent réellement vivre harmonieusement avec les Juifs, il faudra chercher une autre source d’inspiration.
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