Le procès d’un terroriste ne risque-t-il pas de donner à l’accusé l’occasion de rendre populaires ses crimes et de susciter l’admiration des adeptes de la violence meurtrière ? C’est la question judicieuse qu’a posée le Pr Yehouda (ou Judea) Pearl, père du journaliste du Wall Street Journal Daniel Pearl qui a été sauvagement assassiné il y a sept ans dans des conditions atroces au Pakistan. Il a fait part de ses réflexions en apprenant que les meurtriers de son fils seraient jugés par un tribunal fédéral de New York.
Rappelons que le jeune Pearl, 39 ans correspondant à l’étranger du quotidien américain et responsable du desk sud-asiatique, a été enlevé en 2002 par des miliciens alors qu’il s’apprêtait à interroger un chef terroriste local. Le groupe responsable de son rapt, qui était en contact avec Al Qaïda, a prétendu, pour justifier son geste, que le journaliste était un espion. Plusieurs jours plus tard, ses ravisseurs l’ont égorgé. Avant son horrible exécution, Daniel Pearl a eu le temps de clamer fièrement son appartenance au peuple juif.
Le père de Daniel, Yehouda Pearl, qui est natif de Tel Aviv, vit aujourd’hui à Los Angeles et il est professeur à l’université d’UCLA. Interviewé par le site Ynet de Yediot Aharonot, il a protesté contre la décision des autorités et a estimé que la justice américaine « cédait ainsi au terrorisme ».
Et de s’expliquer: « Qu’est-ce que le terroriste peut encore souhaiter ? Il sait que sa vie est finie et donc, il veut montrer au monde « combien il souffre et combien il a raison ». Pearl a ajouté: « C’est ainsi qu’on transforme une cour de justice respectable de New York en tribune servant à la propagande terroriste qui touchera tous les foyers musulmans du monde ».
Pearl a encore déclaré: « Je ne veux pas entendre encore une fois ce que l’assassin de mon fils lui a fait. Je m’oppose à l’ouverture d’un jugement à New York ». Il a encore précisé qu’il ne craignait pas que la propagande terroriste touche la jeunesse américaine. En revanche, il s’est dit préoccupé par le fait que « les images du procès puissent être diffusées par Al Jazira, depuis New York, pour 80 millions de terroristes potentiels dans tout le globe ». Il a encore souligné qu’il s’agissait d’un danger « qui menaçait l’Amérique et le monde libre ».
Le professeur Pearl a bien expliqué que ce n’était pas pour des motifs personnels qu’il s’opposait à un procès public lorsqu’il s’agissait de juger des terroristes mais par souci pour toute l’humanité. Pour lui, il faut constituer un cadre juridique spécial pour cette catégorie de criminels. Et en Amérique, a-t-il rappelé, les juristes ne manquent pour s’occuper de ce dossier et redéfinir le statut de ces terroristes.
[Lundi 16/11/2009 11:26]