Quelques mois avant le sommet de Camp David qui réunissait en juillet 2000 le Premier ministre, Ehud Barak et le Président de l’OLP, Yasser Arafat, Israël a reformulé ses positions sur l'avenir du tracé des frontières et sur les questions de sécurité.
Dans ses Mémoires, Martin Indyk, ancien ambassadeur des Etats-Unis, raconte qu’Ehud Barak a émis au départ des réserves sur un retrait de la vallée du Jourdain. Lorsque les besoins territoriaux d’Israël ont été présentés à l’équipe palestinienne, tous se levèrent d'un bond et quittèrent la salle en colère.
Selon Indyk, le département de la planification de Tsahal avait proposé « une approche plus logique » pour que les Palestiniens ne la rejettent plus. Selon cette proposition, et suite à une période de trois ans, une force internationale dirigée par les Etats-Unis, sera déployée le long de la vallée du Jourdain. Cette force comprendra également des unités de l’armée israélienne. La nouvelle approche était fondée sur le fait que Tsahal pourra revenir rapidement dans les zones de l’Autorité palestinienne au cas où surgirait une menace émergeant du front Est.
Tout observateur qui a suivi l’histoire des négociations de Camp David réalise effectivement que les Etats-Unis ont certes adopté la proposition israélienne concernant la présence d'une force internationale dans la vallée du Jourdain, mais ont omis la participation de l’armée israélienne et a même exigé son retrait total à la fin de la période de trois ans.
En outre, les parties ne sont pas parvenues à un accord sur les circonstances et les conditions selon lesquelles l’armée israélienne pourra y revenir dans la vallée du Jourdain. Ainsi, la concession israélienne a profité aux Palestiniens et leur a permis d’éroder notre présence sécuritaire.
Tout gouvernement israélien qui entame des négociations sur le statut final avec les Palestiniens rencontrera les mêmes dilemmes auxquels a fait face le gouvernement de Barak il y a juste une décennie. Israël possède un droit légal et reconnu pour se doter de frontières défendables contrairement aux lignes d'avant juin 67 qui n'ont jamais été fixées comme frontière politique et donc ne peuvent être considérées que les lignes d’armistice de 1949.
Ce fait est inclus dans la Résolution 242 de l’ONU adoptée en novembre 1967. Toutefois, chaque revendication territoriale israélienne rencontre des difficultés et donc il est toujours difficile de parvenir à des accords avec les Palestiniens.
C’est la raison pour laquelle lors des négociations précédentes, Israël a conçu une alternative aux frontières défendables sous la forme de « mesures de sécurité » dans les zones qui seront officiellement sous souveraineté palestinienne. Ainsi, au lieu d’exiger une souveraineté israélienne sur les zones vitales à sa sécurité, tels que les zones où l’armée israélienne a programmé d’installer des stations d’alerte ou déployer des forces, Israël était d’accord à renoncer mais a exigé auparavant le droit d’accès à des fins militaires. Le but était de distinguer entre sécurité et souveraineté sur une région proprement dite.
Deux dangers graves guettent cette approche.
Le premier, lorsqu' Israël renonce à sa demande de souveraineté sur des zones vitales, il est plus facile d’affaiblir ses autres exigences concernant la sécurité. Ce fut le cas en l'an 2000.
Le deuxième danger: si les Palestiniens acceptaient un jour une présence militaire israélienne au sein de l'Etat palestinien futur (Abou Mazen a déjà rejeté cette offre) ils mettront toute en œuvre pour exiger un retrait juste après la signature de l’accord. Je suppose qu'ils réussiront.
Finalement, la stratégie diplomatique sur « les mesures de sécurité » pourra entraîner non seulement la perte de souveraineté mais également l'abandon de la sécurité tant espéré à obtenir en contre partie.
Actuellement, il semble que le gouvernement d’Israël aspire, et à juste titre, à se concentrer sur les questions de sécurité avant de soulever d’autres problèmes plus complexes comme les frontières. Cette condition sine qua non est vitale pour garantir que la focalisation sur la sécurité ne serait pas considérée par les Américains comme une satisfaction israélienne tout en écartant la question de souveraineté sur la zone requise.
Les leçons du passé nous apprennent que les positions israéliennes de défense qui n'ont pas été placées dans des zones sous contrôle complet ne pourront survivre à la longue, Donc, avec toutes les difficultés en cours, Israël devrait insister pour que sa souveraineté règne dans les régions où un besoin sécuritaire est nécessaire.