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12 novembre 2009 4 12 /11 /novembre /2009 15:19
Qui sera le futur président égyptien ?
Par ZVI MAZEL 
12.11.09



En 2011, le pays devra choisir son prochain leader. Hosni Moubarak veut porter son fils sur le trône. Mais l'opposition pourrait contrecarrer ses plans.

Malgré les efforts de son père, Gamal Moubarak pourrait ne pas être à la hauteur du poste. (© Bloomberg) 
PHOTO: BLOOMBERG , JPOST

C'est la valse des noms en Egypte, celle des futurs candidats potentiels à l'élection présidentielle. Un nouveau patronyme est récemment apparu dans les colonnes du quotidien indépendant égyptien, Al Shorouk : Amr Moussa, ancien ministre des Affaires étrangères entre 1991 et 2001 et actuel secrétaire général de la Ligue arabe depuis 2001. Ce dernier a reconnu envisager une candidature mais réserve toujours sa réponse définitive. Une confession qui a fait l'effet d'un scoop à travers le monde arabe où l'homme politique de 73 ans est une figure bien connue.

Les élections présidentielles égyptiennes influencent l'ensemble du Moyen-Orient depuis des années. Ce qui se trame au Caire, le plus grand Etat arabe, a des retombées dans toute la région. Sa stabilité politique et son pragmatisme sont essentiels pour le processus de paix avec Israël, ses relations avec l'Occident et le combat contre l'Iran. L'Egypte a perdu, certes, un peu de son prestige et de son influence ces dernières années. Mais le pays ne demeure pas moins le dernier bastion modéré de la région.

Non à une nouvelle monarchie

L'annonce d'Amr Moussa intervient quelques jours après une autre information de taille : le leader du petit parti d'opposition Al-Rad (demain), Ayman el-Nour, a annoncé une candidature conjointe avec plusieurs partis de l'opposition afin de contrer la succession du fils d'Hosni Moubarak, Gamal, au sommet de l'Etat. Ayman el-Nour n'a jamais fait des étincelles électorales. En 2005, lors des précédentes élections, il n'avait recueilli que 3 % des voix. Mais les mauvaises nouvelles ne se sont pas arrêtées là. Il a été accusé d'avoir falsifié des documents pour se présenter aux élections, puis condamné à 5 années de prison et relâché au bout d'un an et demi. Conséquence d'une forte pression américaine et d'une santé fragile.

La candidature de Moubarak junior ne déclenche pas l'enthousiasme du pays et de nombreuses voix s'y opposent. Après le renversement de la famille royale en 1952, les Egyptiens ne veulent pas voir une nouvelle dynastie imposée en coulisses. Par ailleurs, Gamal Moubarak, 46 ans, est loin d'être une personnalité charismatique. Apprécié par l'Occident, il est juste considéré comme un bon économiste. C'est son père qui a géré son ascension : il l'a nommé en 2002 secrétaire général du parti actuellement au pouvoir, le NDP (Parti national démocratique). Un poste clé pour connaître de l'intérieur les problèmes de l'Egypte et apparaître devant les projecteurs. Mais le coup de pouce n'a pas été suffisant. Les parties de l'opposition sont déjà en rang de bataille à travers tout le pays. Ce qui a provoqué une contre-campagne du camp Moubarak sous le slogan : "Nous te voulons." Les deux camps cherchent les mots les plus accrocheurs de l'arabe oral. Une chanteuse populaire a même écrit une chanson à la gloire de Gamal Moubarak.

L'ombre des Frères musulmans

Mais dans cette course électorale, un troisième larron concentre aussi toutes les attentions : le mouvement des Frères musulmans. Officiellement interdit, il peut pas présenter son propre candidat aux élections présidentielles. Et pourtant, il est devenu la principale force d'opposition du pays. Les rumeurs fusent. Selon l'une d'entre elles, le mouvement aurait décidé de s'allier aux partis séculaires opposés à Moubarak pour empêcher la succession de Gamal.

Mais en réalité, les Frères musulmans semblent toujours réserver leur réponse, secoués par une crise interne : la jeune génération demanderait davantage de pouvoir face à la vieille garde opposée à toute tentative de démocratisation. Selon des rumeurs non confirmées, le "leader suprême" du mouvement, Mohammad Mahadi Akef quitterait son poste en 2010. Dans une interview accordée au quotidien, Al Masri al-Yom, Akef ne s'est pas prononcé frontalement sur le sujet. Mais il a révélé que durant les élections de 2005, il avait passé un accord avec le camp Moubarak : cinquante sièges au Parlement pour les Frères musulmans à condition qu'ils mettent la pédale douce sur les critiques contre le gouvernement. En réalité, 88 membres du mouvement ont été élus, qui se révèlent des opposants coriaces sur les questions intérieures et internationales, en particulier au sujet d'Israël. Akef a été clair sur un point : pas question de négocier à nouveau avec le camp Moubarak. Les Frères musulmans s'opposent au principe d'un pouvoir héréditaire.

Mais son principal objectif reste l'instauration d'un régime islamique régi par les lois de la Charia. Ainsi, le groupe n'aurait aucun intérêt à soutenir l'opposition laïque à Moubarak. En 2005, ses candidats au parlement se sont présentés sous la bannière "indépendants".

Hosni Moubarak : le monarque-président

Dans la course électorale, quelle est la ligne de conduite d'Hosni Moubarak ? Le vieux loup de la politique est au pouvoir depuis 28 ans et actuellement à son cinquième mandat. Rien ne l'empêche de se présenter une sixième fois en 2011. La voie légale est libre. Dans les années 1980, la loi limitait à deux le nombre de mandats présidentiels autorisés. Une disposition rayée de la constitution à l'initiative d'Hosni Moubarak, lui-même.

Mais à 81 ans, le vieux dirigeant semble fatigué du pouvoir. C'est pourquoi il prépare la succession de son fils, même s'il ne soutient pas officiellement sa candidature. Selon lui, le prochain président doit être "élu démocratiquement". L'enjeu est de taille : si la candidature de son fils suscite trop d'opposition, Hosni Moubarak se verra dans l'obligation de se représenter "pour le bien du pays", qui souffre derrière les apparences de graves problèmes économiques et sociaux. Pour l'instant, l'opposition ne parvient pas à s'unir derrière un leader charismatique capable de faire de l'ombre à Moubarak. Dans cette quête, les noms de Mohammed El-Baradei, qui doit bientôt quitter la direction de l'AIEA, et d'Ahmed Zouweili, scientifique et prix Nobel égyptien vivant aux Etats-Unis, ont été cités. Mais leurs faibles expériences de la politique jouent en leur défaveur.

L'ancien ministre des Affaires étrangères, Amr Moussa, possède lui toutes les qualités requises : charisme, popularité, virulente opposition à Israël... Son seul handicap reste son âge. Il aura 75 ans en 2011 et 81 ans à la fin de son mandat s'il est élu. Il se murmure qu'Hosni Moubarak le considère comme un rival sérieux. Il aurait ainsi poussé sa candidature à la tête de la Ligue arabe pour s'en débarrasser sur le front intérieur. L'annonce de Moussa dans la presse est perçue comme un défi direct lancé au vieux leader. Lors des précédentes élections, le nom de Moussa avait été chuchoté. Mais l'ancien ministre avait décliné cette option, sentant probablement que Moubarak était encore trop puissant. Le président a pris note.


L'armée : un trouble-fête potentiel ?
Au lendemain de sa réélection, il avait amendé l'article 76 de la constitution concernant les conditions d'éligibilité. Aujourd'hui, un candidat "indépendant" doit recueillir au moins 250 signatures des membres du Parlement ou des conseils locaux pour pouvoir se présenter. Une tâche quasi-impossible car le parti au pouvoir, le NDP, contrôle tous les organes institutionnels.

La grosse incertitude dans ce débat reste la position de l'armée. Depuis la Révolution des officiers en 1952 qui a mis fin à la monarchie, tous les présidents ont été officiers dans l'armée égyptienne avant de briguer leur poste : Gamal Abdel Nasser, Anouar el-Sadate et Moubarak lui-même. L'armée est-elle toujours aussi puissante pour dicter en coulisses le nom du futur président ? Va-t-elle décider de soutenir Gamal Moubarak, qui n'a pas effectué ses classes, ou plutôt promouvoir le général Omar Souleiman, chef des services de sécurité égyptiens qui jouit de la pleine confiance du président ? Une tête encore inconnue peut-elle émerger de l'armée avant le scrutin ?

Une chose est sûre : Hosni Moubarak a toujours bien en main les rennes du pouvoir. Au bout du compte, le vieux leader prendra seul la décision. Mais l'histoire a prouvé que le Moyen-Orient n'aime pas les futurs tout tracés.

Zvi Mazel est l'ancien ambassadeur israélien

en Egypte et en Suède. 
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