Qui veut la peau du chef du Mossad ? Par Frédéric SROUSSI

pour aschkel.info et lessakele

Fondateur du Mossad

Qui veut la peau du chef du Mossad ?

 Par Frédéric SROUSSI

 pour aschkel.info et lessakele

 

Plusieurs sources indiquent que Meir Dagan , l’exceptionnel patron du Mossad, serait sur le départ. Le premier ministre Benjamin Netanyahou aurait refusé de reconduire le chef des services secrets israéliens malgré le souhait de Dagan de rester une année supplémentaire à son poste (selon une information donnée par la deuxième chaîne de la télévision israélienne) .

Nommé par Ariel Sharon en 2002 et reconduit depuis par chaque nouveau premier ministre (y compris par M.Netanyahou) , Meir Dagan a su redorer de manière fantastique le blason terni des légendaires services de renseignements et d’actions de l’État juif.

On attribue à Meir Dagan et à ses agents des opérations clandestines d’une rare audace. On citera l’élimination en 2008 en plein Damas, du maître és terreur, le chef des actions ''spéciales'' du Hezbollah, Imad Mughniyeh . Ce dernier, surnommé aussi parfois le ’‘fantôme’‘, était recherché par plusieurs services de renseignements depuis 25 ans pour des attentats qui ont coûté la vie à des centaines de personnes (de nationalités américaine, israélienne,française, argentine, etc.) 

Le Mossad de Meir Dagan serait aussi l’auteur de la neutralisation (en 2008) du général syrien Mohamed Suleiman, bras-droit du Président Bashar al-Assad. Suleiman a été abattu par un sniper qui se trouvait sur un yacht alors que le général syrien se reposait à terre près du port de la ville de Tartous en Syrie.

Des scientifiques impliqués dans le programme militaire nucléaire iranien ont été aussi éliminés par le Mossad qui aurait ainsi réussi à ralentir sensiblement l’avancée de Téhéran dans sa course à l’armement atomique. D’autres actions d’éclat ont été réalisées par les services de Meir Dagan, ce qui fait de ce dernier l’un des tous meilleurs patrons du Mossad depuis sa création en 1949 par Reuven Shiloah (les moins brillants ont été – selon nous – Danny Yatom dit «le　Kaiser» (1996-1998) et le «diplomate» Ephraim Halévy (1998-2002)) .
Alors, remplace-t-on un homme et une équipe qui gagnent ? Meir Dagan serait en fait devenu, selon les dires des journalistes, un «　boulet　» depuis l’opération menée en 2010 à Dubaï contre un haut responsable du mouvement terroriste Hamas, Mahmoud al-Mabhou . L’ action clandestine avait été certes a posteriori quelque peu éventée quand des images des agents (et prétendus agents) du Mossad avaient été dévoilées à la télévision. De plus, des passeports de pays ‘‘amis’‘ auraient été contrefaits par le Mossad pour cette opération, ce qui aurait définitivement scellé le sort de Meir Dagan.

Ces arguments ne tiennent pas la route ! La mission de Dubaï a été un grand succès; la cible à été neutralisée et aucun agent des services israéliens n’a été arrêté. Tout le monde sait en Israël -et dans le monde- que ces missions en territoire ennemi sont d’une extrême complexité et que des aléas peuvent toujours arriver. 

Alors que les informations sur le possible départ de Meir Dagan faisaient déjà la une des journaux en Israël, le chef de la police de Dubaï , le Général Dahi Khalfan Tamim, déclarait le 27 juin que Dagan avait été mis sur la touche car «le Mossad n’accepte pas les perdants　».

On remerciera le Général Tamim du touchant intérêt qu’il porte au bon fonctionnement des services secrets israéliens ainsi que de l’estime qu’il lui manifeste...La vérité est que le chef de la police de Dubaï a essayé d’enfoncer le clou afin qu’un ennemi aussi doué que Dagan se retrouve à la porte.

En fait, si Meir Dagan n’est pas reconduit dans ses fonctions c’est certainement pour des raisons de politique intérieure et non pour de prétendues «erreurs» qui auraient été commises.

Il faut se rappeler qu’il y a quelques mois, l’actuel ministre des finances Yuval Steinitz (anciennement président du très prestigieux Comité des Affaires Étrangères et de la Défense du Parlement israélien mais aussi ancien président du sous-comité des services secrets) et Dan Meridor, ministre en charge des services de renseignements et de l’Énergie Atomique, avaient tous deux déclaré qu’il ne serait pas bon que Meir Dagan continue d’exercer encore pendant longtemps ses fonctions. Nous pensons que des membres de l’exécutif israélien craignent tout simplement la puissance d’un homme en charge des services de renseignements depuis 8 ans. Les pouvoirs exécutif et législatif sont toujours méfiants vis-à-vis des services secrets dont ils ont peur de perdre le contrôle. Une question reste cependant en suspens : les responsables politiques israéliens sont-ils prêt à sacrifier un homme aussi précieux que Meir Dagan pour des raisons qui n’ont rien à voir avec ses capacités professionnelles ?

Après tout, le légendaire Isser Harel n’est-il pas resté 10 ans à la tête du Mossad entre 1953 et 1963 ?

Harel a même un moment cumulé les fonctions de Chef du Mossad et de patron du Shin Bet (les services de la sécurité intérieure).
De plus, si Meir Dagan n’est pas reconduit à son poste, on peut alors se demander comment cette décision sera interprétée par l’Iran qui sait que le patron actuel du Mossad est son pire ennemi.

Cela voudrait-il dire qu’Israël a définitivement accepté l’idée d’un Iran nucléarisé ou au contraire qu’Israël est prêt à passer à l’attaque contre les infrastructures atomiques iraniennes, l’État hébreu en sachant assez sur le dossier du nucléaire iranien ?

En tous cas , on se souviendra que Meir Dagan a été baptisé en janvier 2010 par le journal égyptien Al-Ahram (!) le «Superman d’Israël»...