JCall, mouvement européen qui prend pour modèle le JStreet américain, a publié tout récemment une pétition intitulée « Appel à la Raison ». Pour réagir à cette initiative, un autre groupe, « Raison garder », totalement solidaire d’Israël et partisan d’une politique plus ferme, a lancé à son tour une pétition pour contrer l’influence du premier mouvement.
L’Europe n’est déjà pas très solidaire d’Israël, c’est le moins qu’on puisse dire, et sa politique est bien souvent favorable à la cause palestinienne. Et c’est dans ce contexte qu’un nouveau mouvement voit le jour, du nom de JCall, prenant pour modèle le JStreet américain, qui s’identifie à l’idéologie de l’extrême gauche israélienne et s’inspire nettement des thèses de Shalom Akhshav (la Paix Maintenant). A la seule différence qu’aux Etats-Unis, il s’oppose à l’AIPAC, puissant lobby pro-israélien qui soutient depuis des années l’Etat juif.
JCall, qui appelle notamment au gel de la construction dans les « implantations » et à la création d’un Etat palestinien, a publié tout récemment une pétition intitulée « Appel à la Raison ». Ce groupe, composé de nombreux intellectuels juifs, prétend « défendre la démocratie et la moralité et exprimer sa solidarité et son souci du destin d’Israël ».
L’un des initiateurs de ce mouvement, David Chemla, est le directeur de la branche française de Shalom Akhshav. Il a indiqué à la presse que des personnalités françaises, belges, suisses et italiennes étaient déjà impliquées dans ce projet et qu’il espérait toucher également de nombreuses autres personnes à travers l’Europe.
Cet « appel à la raison » sera présenté le lundi 3 mai au Parlement de Bruxelles, lors d’une réunion importante. Dans le texte, on peut lire notamment : « Loin de sous-estimer la menace de ses ennemis extérieurs, nous savons que ce danger se trouve aussi dans l’occupation et la poursuite ininterrompue des implantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem Est, qui sont une erreur politique et une faute morale ».
Parmi les signataires, figurent notamment Daniel Cohn-Bendit, Bernard Henri Levy, Zeev Sternhell, Elie Barnavi, Avi Primor et Alain Finkielkraut. Ce dernier, intellectuel juif connu des médias, a accordé dimanche matin une interview à la radio de l’armée israélienne Galei Tsahal.
« Je suis découragé par la situation interne d’Israël, a-t-il déclaré au micro du journaliste Razi Barkaï, et je me souviens des propos d’Henri Kissinger qui disait qu’Israël n’avait pas de politique étrangère ». « Avec ce gouvernement, a-t-il ajouté, je ne vois aucune chance d’avancer pour des pourparlers de paix sérieux ».
Pour réagir à l’appel de JCall, un autre groupe, « Raison garder », totalement solidaire d’Israël et partisan d’une politique plus ferme, a lancé à son tour une pétition pour contrer l’influence du premier mouvement.
Dans son appel aux signatures, il écrit notamment: » Alors que ces mêmes signataires font peser la responsabilité de l’impasse sur le seul Israël, toutes les enquêtes objectives montrent et démontrent que ni l’Autorité ni la société palestiniennes ne sont véritablement intéressées par une paix juste: 66,7% de cette population rejettent la création d’un État palestinien sur la base des frontières de 1967, 77,4 % rejettent l’idée que Jérusalem soit la capitale de deux États (sondage d’avril 2010 par l’Université Al Najah de Naplouse). La création d’un État palestinien sans la confirmation de la volonté de paix du monde arabe sans exception exposerait le territoire exigu d’Israël à une faiblesse stratégique fatale ».
Il ajoute: « Devant les véritables menaces qui visent Israël dans son existence même et qui compromettent les chances d’une paix durable au Moyen-Orient nous entendons constituer un mouvement d’opinion véritablement médiateur au sein de l’Union européenne dont nous sommes les citoyens, qui se propose de défendre et d’illustrer la légitimité de l’État d’Israël dans le cadre d’une véritable paix, et de lutter contre l’antisémitisme qui s’y développe dangereusement ».
Parmi les signataires de cette pétition, on peut citer Jean Pierre Bensimon, professeur de sciences sociales, Raphaël Draï, professeur de sciences politiques et de droit et Shmuel Trigano, professeur de sociologie politique.
Pour le professeur de sciences politiques Emmanuel Navon, de l’Université de Tel Aviv, les supporters de JCall, comme ceux de JStreet d’ailleurs, ne comprennent pas la situation. Interviewé par le Jerusalem Post en anglais, il a déclaré: « Je me demande si ces gens là ont déjà regardé les informations ! La situation a changé et ce n’est plus un secret pour personne que l’Etat d’Israël a déjà accepté le principe des « deux Etats » et il est donc tout à fait superflu de tenter de convaincre le gouvernement israélien sur cette question. Mais il faut d’autre part comprendre que chaque fois qu’Israël était prêt à des concessions pour la paix, les Palestiniens ont opposé un refus systématique ».
[Dimanche 02/05/2010 10:34]