
Les efforts du président américain Barack Obama pour gagner du temps dans les négociations se sont heurtés à de nouveaux obstacles mardi 20 octobre, quand la délégation iranienne a rechigné à accepter un accord en vertu duquel elle devrait envoyer la plupart de son matériel nucléaire hors du pays, dans le but de le convertir à des fins médicales. L'Iran devait notamment l'envoyer en France, à laquelle elle ne veut désormais plus avoir à faire. Une troisième journée de négociations a finalement été décidée.
Mohamed El Baradei, directeur de l'AIEA (Agence internationale pour l'Energie atomique), a souligné «Nous progressons, mais plus lentement que prévu». En privé, d'autres sources étaient plus pessimistes selon leNew York Times. El Baradei a expliqué que la journée s'était déroulé autour de diverses consultations bilatérales, impliquant la France, la Russie, les Etats-Unis et l'Iran et qu'il croyait toujours possible d'arriver à un accord.
A la conférence de Genève qui se tenait début octobre, l'Iran avait, selon les diplomates occidentaux, accepté le principe d'envoyer la majorité de son uranium faiblement enrichi en France et en Russie pour qu'il soit encore raffiné. Cet uranium aurait ensuite été converti en combustible nucléaire afin de reconstituer les stocks d'un réacteur de Téhéran qui commence à en manquer, réacteur qui produit des isotopes contre le cancer.
Le refus de Téhéran de négocier avec la France a été soudain. Le ministre iranien des affaires étrangères Manouchehr Mottaki ainsi que d'autres officiels de Téhéran ont accusé Paris d'avoir, par le passé, dénoncé des contrats qui prévoyaient la livraison de matériel nucléaire. Les négociations ont finalement repris incluant la France dans les discussions, et le New York Times souligne que les négociateurs travaillaient à un compromis qui sauverait la face: l'Iran pourrait maintenir l'accord avec la Russie sur l'envoi d'uranium; la Russie pourrait ensuite sous-traiter à la France.
Selon le magazine Time, cette volonté iranienne d'écarter la France ne devrait surprendre personne: il s'agit simplement pour l'Iran de diviser ses ennemis, stratégie adoptée depuis longtemps par Téhéran. Le comportement de Nicolas Sarkozy, «qui joue régulièrement le mauvais flic avec l'Iran, menaçant et titillant ses leaders, et poussant Barack Obama à adopter une ligne dure» a fait de lui la cible facile. Le magazine raconte comment, en septembre 2009, Sarkozy avait semblé tourner en dérision l'attitude modérée d'Obama lors de l'assemblée des Nations Unies à New York. «Les narines écartées, Sarkozy a répondu à la modération de son homologue américain en qualifiant le programme nucléaire iranien de menace à la sécurté internationale, menace que trois ans d'efforts fournis par les Nations Unies n'avaient pas dissipée». Sarkozy s'est fait le porte parole de la dénonciation du régime iranien selon le Time. Pas très difficile de comprendre aujourd'hui pourquoi les Iraniens s'évertuent à écarter la France.