So Far, So good - Une Europe qui promène son malaise existentiel sur la béquille du conflit israélo-arabe
Isaac Franco © primo-info
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Dernier témoignage significatif de l’incapacité du monde arabe et musulman de supporter l’existence d’autrui comme témoin d’une autre foi et d’une autre conduite, le massacre d’une cinquantaine de Chrétiens en prière dans une église de Bagdad.
Tout cela sur fond de discrimination des Coptes d’Egypte, d’exode des Chaldéens d’Irak et des Maronites du Liban.
Tétanisés par la morsure de l’islam, le Pape, les patriarches et les évêques du Moyen-Orient se sont réunis à Rome en synode pour dénoncer la persécution de leurs ouailles.
Ils concluront que la responsabilité de la détérioration de leurs conditions de vie incombe à … Israël, seul pays de la région où leur nombre est pourtant en constante augmentation.
Ainsi les enfants perdus de Jésus et de Mahomet accordent-ils perfidement leurs voix au chœur des « humanistes ».
Ils dénoncent ces Juifs dont l’arrogance à revendiquer leurs droits sur leur terre d’Israël contrarie les rêves de conquêtes de l’islam à partir du cœur historique et géographique de son projet expansionniste.
C’est qu’ils ne manquent pas à l’appel, ces « humanistes », eux qui, dans le même bêlement, distinguent les masses arabes ou musulmanes de leurs extrémistes.
Les premières prennent trop timidement la peine de se démarquer des seconds. Les « progressistes », eux, sont toujours prompts à absoudre l’islam dans les crimes qu’il inspire.
En témoigne la capture d’écran, début novembre, de la cellule internet du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme en Belgique pour qui le Coran ne mentionne pas explicitement la lapidation comme peine, ni pour l’adultère ni pour quelque autre crime.
Alors que la lapidation est citée dans l’Ancien Testament et le Talmud et rejetée par le Nouveau Testament, le Coran n’en ferait, lui, nulle mention explicite !
S’il est vrai que ce supplice se produit encore dans certains pays, il provient de milieux extrémistes qui exploitent la religion dans un but d’imposer un nouvel ordre moral dans leur société en opposition avec les mœurs de l’occident.
Ainsi, pour dédouaner le Coran du soupçon d’inspirer le sévice de la lapidation des femmes pour crime d’adultère, le Centre pour l’égalité des chances (l'équivalent de la Halde) en exhume-t-il des traces dans l’Ancien Testament et le Talmud en blanchissant au passage le Nouveau Testament.
Et pour dénoncer l’amalgame entre la lapidation et le Coran qui nuit à la Communauté musulmane sans nuance, risque-t-il ainsi de nuire aux Juifs en suggérant que le lien avec ce supplice existe bien … dans l’Ancien Testament et le Talmud.
Aux universités
En témoigne aussi, parmi les orateurs invités quelques jours plus tard à la cérémonie de clôture des « Assises de l’Interculturalité » censées élaborer les accommodements raisonnables pour un nouveau vivre ensemble, une sociologue de la KUL (Université Catholique de Louvain).
Elle est, par ailleurs, signataire de l’Appel pour le retrait du Hamas de la liste européenne des organisations terroristes lancé en juin 2009 aux 736 députés européens et auteur d’un articleNous appartenons à la génération de l’AEL.
Cet article a été repris sur le site de l’Arab European League, condamnée aux Pays-Bas pour négationnisme (1).
Convié également, le directeur du Centrum voor Islam in Europa à l’époque où des liens sur le site de cette organisation - hébergé par celui de l’Université de Gand - renvoyaient à des sites dégageant le fumet de la prose d’antisémites notoires et à d’autres proches du Hamas(2).
En témoigne encore, les campagnes, sur le campus universitaire de l’ULB (Université Libre de Bruxelles), visant désormais, au nom de la liberté d’expression, toute personne « coupable » de déceler une veine antisémite dans la langue de l’antisionisme.
Un esprit de croisade qui exclut toute critique de la critique d’Israël.
Et pour mieux bâillonner ceux qui s’aventurent à leur contester le droit de tutoyer consciencieusement les lignes rouges de l’incitation à la haine, ces antisionistes monomaniaques se rêvent alors avoir été traités d’antisémites.
Etrange conception de la liberté que celle d’en exclure ainsi ceux qui interrogent la nature de cette haine obsessionnelle du sionisme et d’Israël dans notre milieu académique (3).
En témoigne, en Belgique toujours, l’escorte physique de trois policiers qu’un représentant d’un cercle communautaire juif de la capitale, professeur à l’ULB et à Sciences Po Paris.
Cet universitaire a dû l'accepter après qu’une formation sur l’antisémitisme qu’il avait été invité à tenir dans le cadre d’un projet de rapprochement intercommunautaire, ait été « troublée » par des « jeunes ».
"Je vous avoue que je n’ai pu m’empêcher de penser aux derniers jours de la République de Weimar", témoignera-t-il plus tard dans un quotidien bruxellois.
En atteste, en France également, la campagne de dénigrement d’un autre âge lancée par le MRAP contre Pierre-André Taguieff, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’IEP de Paris, pour avoir démasqué et dénoncé les mobiles racistes de l’antisionisme radical.
Voilà un mouvement qui a effacé il y a une trentaine d’années déjà de sa dénomination toute référence à la lutte contre l’antisémitisme.
Il a, depuis, dévoyé la lutte contre le racisme en faisant de la propagande anti-israélienne et de la disqualification de toute critique de l’islam politique par la menace de poursuites pour « islamophobie », son fond de commerce (3).
En témoigne, au rang des organisations internationales, nouveau champ de batailles du conflit israélo-arabe, l’UNESCO, l’institution de l’ONU chargée de l’Education, des Sciences et de la Culture. Elle aussi contribue à nier le lien millénaire entre le peuple juif et son patrimoine.
L'UNESCO a voté une résolution grotesque indiquant que le Tombeau de Rachel à Beit Lehem et le Caveau des Patriarches à Hevron sont des lieux saints musulmans avec une dénomination arabe et que, dès lors, Israël se devait de les retirer de la liste des sites historiques juifs.
L’UNESCO ajoute ainsi sa voix à celles qui, impudemment, débaptisent la Judée Samarie ou à celles encore qui exhument la provocation de Yasser Arafat et contestent, au nom des « modérés » de l’AP, l’évidence du lien entre le peuple juif et le Mur Occidental (4).
Contraires aux faits, insensibles et hautement provocateurs, dira le Département d’Etat américain de ces commentaires.
Mais combien de temps encore la décence l’obligera-t-elle à ainsi condamner ce méprisable négationnisme ?
Combien de temps encore s’indignera-t-il de voir les Palestiniens « modérés » tutoyer cette ultime ligne rouge quand, avec l’Europe, il cède lui aussi déjà à cet appel absurde pour la déjudaïsation de Jérusalem ?
Et en choisissant Téhéran pour la tenue, fin novembre, d’un colloque de philosophie sous son égide en dépit d’un régime qui travaille à l’éradication de l’ « entité sioniste », l’UNESCO aurait achevé de renouer avec l’esprit de sa déclaration honteuse de 1974 qualifiant le sionisme de racisme.
Quelques jours seulement avant l’événement, sa Directrice générale a décidé de l’en dissocier.
Enfin, il y a cette indifférence qui, en Europe, accueille les dernières provocations de la Turquie, alliée privilégiée des Etats-Unis et membre de l’OTAN.
Une nation candidate au statut de membre de l’Union dont les dirigeants, peu fiable pour le Premier ministre et extrêmement dangereux pour le ministre des Affaires étrangères et idéologue du régime (5), inscrivent l’Etat juif sur la liste des pays qui la menacent.
Une liste où ne figurent plus l’Iran et la Syrie aux côtés desquels cette insolente Turquie assure qu’elle se rangera en cas de confrontation armée entre Israël et le Liban.
Ce dernier est par ailleurs invité par la France (6) à renoncer à demander justice dans l’assassinat de Rafic Hariri pour privilégier la « paix » et la « stabilité ».
Le France contraint ainsi le pays du Cèdre au suicide de son indépendance et de sa souveraineté.
Indifférence encore quand le Hamas, dont les propos vénéneux de Stéphane Hessel recommandent de se rapprocher, en appelle, lui, à l’expulsion des Juifs de la région comme le firent la France, l’Angleterre, la Belgique, la Russie et l’Allemagne qu’ils avaient trahies, volées et corrompues (7).
Indifférence enfin devant la promesse d’un Iran nucléarisé et sanctuarisé d’éradiquer l’Etat juif et de perpétrer un nouveau génocide contre son peuple quand même les régimes sunnites pressent l’administration américaine de les débarrasser de la menace de l’hégémonisme chiite(5).
Une indifférence qui achève d’indiquer que face aux dangers qui la menacent, l’Europe aime plus ses ennemis que ceux qui honorent ses valeurs.
Hier déjà, elle s’irritait de la résistance de la Tchécoslovaquie à s’immoler pour apaiser la faim de l’ogre allemand.
Une Europe qui promène son malaise existentiel sur la béquille du conflit israélo-arabe
Une société ivre qui, par la voix de son « Tribunal Russel », juge autoproclamé des « crimes d’Israël », hoquette à nouveau Juif !, Juif !, Juif ! pour chacun de ses tourments ; un espace que, si elle néglige encore d’y prendre garde, les Juifs auront bientôt pratiquement déserté.
Une Europe qui n’en finit pas de devoir fournir une protection à des enfants juifs qui jouent ou étudient, à des adultes juifs qui prient, travaillent ou se réunissent.
Cette protection sommeille ici comme une déficience identitaire de sa conscience et une perversion récemment redynamisée par une immigration musulmane frustrée, en mal d’intégration et de repères et elle-même victime du racisme.
Une société malade, mais ce sont les Juifs qui ont mal.
So far, so good, pensent-ils, un peu comme dans l’histoire de cet homme qui dégringole du haut d’un immeuble et qui, à chaque étage qui le rapproche du sol où enfin il s’écrasera, se répète, pas trop confiant, so far, so good…
Isaac Franco - Bruxelles - Décembre 2010
Notes (1) Source : www.arabeuropean.org (2) Source : www.antisemitisme.be (3) Extraits de communiqués (novembre) de l’Union des Etudiants Juifs de Belgique. (4) Extraits de l’ « étude » rédigée par le vice-ministre palestinien de l’Information Al Mutawakil Taha, par ailleurs « poète » et « historien », reprise début décembre sur le site officiel de l’AP : Le mur des Lamentations n’a jamais fait partie d’un prétendu Temple juif. Si les Juifs ont pu y prier et y pleurer, c’est à la tolérance de l’islam qu’ils le doivent…Le mur est en réalité la muraille de la Mosquée à laquelle Mahomet attacha son cheval Al Buraq sur lequel il s’est ensuite envolé vers le Ciel. (5) Sources : WikiLeaks. (6) Michèle Alliot Marie à L’Orient Le Jour, 2 décembre : Ce qu’il faut distinguer, c’est ce qui peut être ponctuel parce qu’il y a des circonstances particulières et, d’autre part, la vocation du Liban qui est celle de rassembler tous ses fils. Nous soutenons cette volonté. (7) Mahmoud Zahar, Gaza, 6 novembre. | |
| Isaac Franco © Primo, 05-12-2010 |