Cela fait maintenant 18 ans que l’Iran a entrepris un programme d’armement atomique dans le dessein explicite d’éradiquer Israël de la surface du globe. On comprend bien que le sort de six millions de Juifs au Moyen-Orient ne préoccupe pas plus les dirigeants d’aujourd’hui que celui de six millions de leurs aïeux en Europe il y a 65 ans. La realpolitik a des raisons que la raison ne connaît pas. Et l’on n’aura pas l’outrecuidance d’évoquer lamorale, un gros mot qui ne figure pas dans les dictionnaires diplomatiques. Des menaces, toujours des menaces... Mais n’importe quel élève de CM2 est capable de comprendre que lorsqu’une brute épaisse met la main sur un arsenal et que les profs détournent la tête, les bons élèves ne sont que le premier rempart devant les autres, tous les autres : l’ivresse du pouvoir et la faim de sang ne s’éteignent jamais d’elles-mêmes. A fortiori quand la brute en question appelle de ses vœux la fin du monde pour hâter la venue du Mahdi. Jusqu’à présent, la « communauté internationale » a déployé d’immenses efforts pour ne rien faire qui fâche Ahmadinedjad : quelques sourcils froncés, quelques menaces marmonnées, quelques ultimatums reportés de calendes grecques en Scylla, une coulpe battue qui a valu à son auteur un Prix Nobel de la Paix... On a du mal à imaginer une situation plus propice aux visées nazislamistes ! Des promesses, rien que des promesses Le résultat des « ouvertures diplomatiques internationales visant à résoudre la controverse suscitée par le programme nucléaire iranien » est à la mesure de la détermination de l’occident. L’Iran a annoncé un projet de construction de dix sites d’enrichissement de l’uranium à travers le pays, une expansion spectaculaire de ses efforts que même le nobélisé le mieux disposé à son égard ne peut plus faire semblant de prendre pour un programme nucléaire civil. D’autant que l’Iran a rejeté la proposition de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) soutenue par les États-Unis, la France et la Russie qui prévoyait le traitement à l’étranger d’une partie de son uranium faiblement enrichi (UFE). Il est très fort, Mahmoud Les négociateurs iraniens ont donné leur accord de principe à cette proposition, mais lui l’a rejeté et a déclaré qu’il entamerait l’enrichissement de son UFE à des concentrations proches du niveau nécessaire pour produire des armes. Voyons, voyons, le Conseil de sécurité de l’ONU ne l’avait-il pas sommé de suspendre toute activité d’enrichissement de l’uranium ? Bah, ce n’était que la cinquième résolution dans ce sens, il n’y avait pas plus de raison qu’il obéisse à celle-ci qu’aux précédentes. L’AIEA en a pris acte, qui a déclaré que l’Iran rejette la coopération internationale avec de plus en plus d’audace. Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites... Est-ce cela qui a poussé les alliés inconditionnels de l’Iran à prendre avec Mahmoud une distance millimétrique ? Retenez-moi ou... Le Conseil des gouverneurs de l’AIEA, qui comprend des représentants de la Chine et de la Russie, ont émis une résolution de censure condamnant le manque de coopération de l’Iran. Ce type de résolution est rarissime. Mais absolument non contraignant. Le Conseil des gouverneurs a exigé que l’Iran arrête toute construction sur son site militaire récemment découvert d’enrichissement de l’uranium, sur une base du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) située près de Qom, et qu’il cesse tout enrichissement d’uranium. E-XI-GÉ. Sinon ? Ben... Le chef sortant de l’AIEA, Mohamed El Baradei, a reconnu que l’Agence se trouve « dans une impasse » vis-à-vis de l’Iran. Il a également déclaré que l’AIEA serait incapable de vérifier le caractère pacifique des ambitions iraniennes à moins que Téhéran ne commence à coopérer avec l’Agence. Le caractère PACIFIQUE des intentions iraniennes ? C’est vrai, quoi, ce pauvre Mahmoud est victime de l’occident qui lui fait des procès d’intention : ce n’est quand même pas parce qu’il déclare à tout bout de champ que dès qu’il a la bombe, il éradique Israël de la surface du globe qu’il faut douter de ses intentions pacifiques ! Ce n’est pas parce qu’il teste des missiles à moyenne et longue portée, et qu’il menace de les envoyer contre « les Juifs et les croisés » qu’il est autre chose qu’une colombe un peu véhémente... Ce n’est pas parce que l’Iran dispose désormais de plus de 1 500 kg d’uranium faiblement enrichi, une quantité presque suffisante, si un enrichissement supplémentaire lui fait atteindre un niveau de qualité militaire, pour produire deux armes nucléaires, qu’il va utiliser lesdites armes pour autre chose que des défilés du 1er mai. Ce n’est pas parce que l’AIEA a révélé que la petite taille du site d’enrichissement d’uranium situé près de Qom le rend inadapté à une utilisation à des fins industrielles, mais qu’elle convient en revanche à l’enrichissement de l’uranium pour la production d’armes nucléaires, que le dirigeant iranien a des intentions autres que pacifiques. Que faire ? Du fait du rejet iranien des négociations et de sa violation continuelle des résolutions du Conseil de sécurité, la communauté internationale est placée devant un choix cornélien : soit continuer à se couvrir de ridicule en réitérant ses remontrances impuissantes, soit imposer de nouvelles sanctions, sévères celles-là. Si l’on veut vraiment affaiblir Ahmadinedjad et offrir une chance à la jeunesse de son pays d’en prendre les rênes pour y créer du bien vivre au lieu de la haine, il faut taper là où ça fait mal. Mais non, pas envoyer une bombe sur Téhéran ! Seulement le priver de ses immenses richesses. On peut rêver... Une campagne internationale de sanctions générales peut cibler les dirigeants du régime iranien en leur imposant une interdiction de déplacement, le gel de leurs avoirs bancaires et d’autres sanctions visant les entités liées à l’IRGC. Le secteur financier de l’Iran, ainsi que d’autres secteurs comme les assurances, l’industrie et les transports, peuvent tous faire l’objet de nouvelles amendes sévères. Certaines de ces sanctions doivent viser la vente et l’exportation de produits pétroliers raffinés vers l’Iran : si l’Iran se voyait obligé d’importer jusqu’à 40% de ses besoins en essence et diesel, cela aurait un impact spectaculaire et la pression populaire pourrait alors amener le régime déjà très contesté à changer de cap. La corruption évoluerait de manière notable et certains politiques européens en profiteraient pour se faire "arroser". Les Mollahs contrôlent l'ensemble des secteurs économique de l'Iran. Malgré leur grande "spiritualité désintéressée", ils seraient les premiers à en profiter. Un grand mouvement d'opinion verrait aussitôt le jour pour condamner des sanctions qui touchent le peuple iranien ("les enfants iraniens", ça sera plus larmoyant). On avait déjà vu ça avec "pétrole contre nourriture" en Irak. Et Ahmadinejad serait le premier à dénoncer une nouvelle ingérence dans les affaires internes d’un Etat indépendant et à tenter de racoler les déçus du régime autour de cette insupportable humiliation. Mais vaut-il mieux attendre stoïquement de recevoir la bombe sur la tête ? | |
http://www.primo-info.eu/ | Liliane Messika © Primo, 14-12-2009 |
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