
"Les dix usines d'enrichissement d'uranium seront construites de manière à être protégées contre toute attaque", a indiqué M.Salehi, cité par les mass médias iraniens
Il a ajouté que suite à un ordre du président Mahmoud Ahmadinejad, Téhéran pourrait lancer la construction de deux premières usines à partir de l'année prochaine selon le calendrier iranien.
Il est toujours intéressant de constater à quel point certains phénomènes peuvent être considérés comme des évidences en Israël, mais pas à l'étranger. Un exemple flagrant : celui des intentions nucléaires iraniennes. Demandez à n'importe quel Israélien, il vous répondra sans hésiter que le président Mahmoud Ahmadinejad ne cherche qu'une seule chose : fabriquer la bombe atomique.
Vladimir Poutine rencontre le Premier ministre, Binyamin Netanyahou, à Moscou.
PHOTO: AP , JPOST
Mais tout le monde ne pense pas de même. En décembre dernier, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andrei Nesterenko, était à Jérusalem. L'un des constats les plus étonnants de sa visite relevait précisément des ambitions iraniennes : à ce sujet, Israël et la Russie étaient alors sur deux planètes différentes. Près de vingt ans après le début des discussions israélo-russes sur le programme nucléaire de Tééhran, le débat semble aujourd'hui à son apogée. Une impression renforcée encore plus récemment, lorsque le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexander Saltanov, a confirmé une fois de plus la position du Kremlin : rien ne prouve, selon Moscou, que la République islamique prévoit de fabriquer des armes de destruction massive.
En Jordanie, Yevgeny Primakov, ancien Premier ministre russe et l'un des experts du Proche-Orient les plus reconnus de son pays, persiste et signe : "La Russie ne possède aucune preuve concrète que l'Iran prévoit de fabriquer une bombe. Téhéran pourrait très bien se comporter comme le Japon en se dotant d'infrastructures nucléaires, mais pas de la bombe."
Un secret de Polichinelle
Compte tenu des doutes persistants du Kremlin, la première question posée à Binyamin Netanyahou, lors de sa visite la semaine dernière, s'imposait alors comme une évidence. Lors d'une conférence de presse en présence de sept des plus grands journalistes diplomatiques du pays, Netanyahou a dû exposer les grandes préoccupations israéliennes au sujet de l'Iran. D'une part, il a évoqué l'arsenal de missiles balistiques longue portée dont s'est dotée la République islamique au fil des années. Des missiles capables de frapper non seulement Israël mais également le cœur de l'Europe et donc, la Russie. D'autre part, il est désormais impossible d'ignorer la présence de la centrale nucléaire de Qom, selon le chef du gouvernement.
Centrale dont la construction est restée secrète jusqu'à sa découverte en septembre dernier. Pourquoi en faire un secret puisque les ambitions avouées ne font état que d'un usage civil ? Enfin, le Premier ministre a mentionné la décision iranienne, début février, d'enrichir à 80 % son uranium. Une initiative qui sous-entend forcément une volonté de fabriquer des armes nucléaires. Sans oublier la quantité d'informations recueillies par divers services de renseignements du monde entier, mais dont le contenu ne peut encore être révélé, a précisé Netanyahou.
Si les estimations 2007 des services de renseignements américains devaient être revues et corrigées à l'heure actuelle, les conclusions seraient très différentes, assure par ailleurs le Premier ministre. A l'époque, le rapport américain affirmait que le programme iranien d'armement nucléaire avait été suspendu dès l'automne 2003.
Le Kremlin : un aigle à deux têtes
Le défi de Netanyahou ne consistait pas seulement à convaincre les journalistes russes du véritable danger iranien, mais surtout le président russe Dmitry Medvedev et le Premier ministre Vladimir Poutine. Interrogé après sa rencontre avec Medvedev, Netanyahou semblait particulièrement confiant : il y a peu de chances que les Russes ne comprennent pas qu'il y a aujourd'hui une véritable course iranienne à l'armement.
Toutefois, en Russie, pays de l'aigle à deux têtes - symbole d'un double pouvoir dirigé à la fois par le président et le Premier ministre - il ne suffit pas de remporter l'adhésion de Medvedev. L'avis de Poutine est aussi crucial. Après deux heures et demie de discussions avec ce dernier, le Premier ministre redoublait pourtant d'optimisme : "La Russie comprend très bien le problème de l'Iran." "Le plus important", a-t-il poursuivi, "est de savoir qu'il y a aujourd'hui un consensus parmi quasiment tous les gouvernements du monde arabe, d'Europe, ainsi qu'aux Etats-Unis et en Russie. Tous veulent éviter d'assister à la nucléarisation de l'Iran (...). Ce n'est plus comme par le passé. J'aborde ce sujet depuis 14 ans déjà et je me souviens de la première fois que j'en ai parlé devant le Congrès américain, lors de mon premier mandat de Premier ministre. Tous semblaient sceptiques à l'époque", explique Netanyahou.
La stratégie du déni
Or, la question que tous les pays se posent aujourd'hui - y compris la Russie - n'est pas de savoir s'il faut arrêter Téhéran mais plutôt comment l'arrêter. Une nuance de taille selon le chef du gouvernement. Pourtant, certains continuent de penser que les hésitations russes sont précisément destinées à épargner Moscou de toute responsabilité. D'ailleurs, le refus de considérer le programme iranien comme un danger ne s'est pas totalement évanoui pendant la visite de Netanyahou. En l'absence de déclarations claires du Kremlin, le quotidien anglophone Moscow Times confirmait une fois de plus la position soviétique traditionnelle, la semaine dernière : "Rien ne prouve que l'Iran cherche à se doter de l'arme nucléaire."
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