Tombeau de Rachel, colloque de philosophie à Téhéran : R.Prasquier du CRIF écrit a Irina Bokova, la directrice générale de l’Unesco | ||||||||||||
04/11/10
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Madame la directrice générale, Je vous écris pour vous dire la stupéfaction de la communauté juive de France, comme celle des diverses communautés juives dans le monde, devant deux mesures récentes prises par l’Unesco, incompréhensibles et outrageantes. 1° La première est la demande 184 Ex 37 du Conseil exécutif de l’Unesco dans sa récente session, au milieu d’autres motions injustement hostiles à Israël, de retirer le tombeau de Rachel (et le caveau des Patriarches) de la liste du patrimoine national israélien. Dans cette décision, le tombeau de Rachel est appelé Mosquée de Bilal bin Rabah comme s’il s’agissait de sa dénomination réelle. Il est également signalé que ce lieu a une signification religieuse aux yeux des trois religions monothéistes. Il n’en est rien. Le monument en question porte depuis des temps immémoriaux le nom de « tombeau de Rachel ». Les Juifs ne sont pas les seuls à l’appeler ainsi : dans l’histoire les musulmans ne l’ont jamais appelé autrement, jamais…jusqu’en 1996 où pour la première fois, est apparu le terme, sans justification historique, religieuse ou culturelle, de « mosquée de Bilal bin Rabah ». Le tombeau de Rachel a été attribué en exclusivité aux Juifs par le pacha de Jérusalem en 1615. Il a fait l’objet d’un achat par le dirigeant Juif anglais Moses Montefiore en 1841 aux autorités turques. C’est le même Moses Montefiore, qui par respect a construit un mihrab attenant au bâtiment. Le tombeau de Rachel est un lieu célèbre de pèlerinage pour les Juifs. Il ne représente rien de particulier pour les autres religions. L’Unesco, en avalisant une dénomination idéologique et toute récente, s’associe donc à une entreprise négationniste visant à effacer la mémoire juive des lieux où leurs ancêtres ont vécu et prié depuis des millénaires. 2° La seconde mesure incompréhensible et outrageante est le choix de Téhéran pour la tenue du 23 au 25 novembre 2010 d’un colloque de philosophie sous l’égide de l’UNESCO. Faire cet honneur à un gouvernement qui maintient son peuple dans un régime de terreur et de déni des droits élémentaires de la personne humaine, en particulier en ce qui concerne les femmes, qui s’agrippe au pouvoir après avoir truqué les résultats électoraux, qui menace continuellement d’anéantissement l’Etat d’Israël membre à part entière de l’ONU, est insupportable. Quel est l’apport du régime iranien totalitaire à la réflexion philosophique ? La lapidation fera-t-elle partie des thèmes traités ? Madame la Directrice Générale, l’Unesco a été créée sur la base de belles et nobles ambitions. Il lui est arrivé dans le passé de faillir sous l’influence de pressions politiques en violant les impératifs de vérité à la base de toute éducation qui mérite ce nom. Cela s’est traduit par la déclaration honteuse de 1974 sur le sionisme comme racisme. Aujourd’hui, de nouveau, l’Unesco se trouve à la croisée des chemins. L’éducation, le progrès et la philosophie méritent de puiser leurs exemples ailleurs que chez le régime iranien. Votre élection a été accueillie avec joie par les partisans de la démocratie et de la liberté. Que restera-t-il demain de ces espoirs ? Je vous prie, Madame la Directrice Générale, d’agréer mes sentiments très distingués. Richard Prasquier Président du CRIF |