Le leader du principal parti islamiste tunisien : "L'intifada a chassé Ben Ali"
par Eytan Dror
Dans une déclaration sur Al Jazira, Rached Ghannouchi , président du mouvement islamiste El Nahda, a déclaré qu’il voulait figurer dans le gouvernement d’union nationale qui se prépare en Tunisie.
Il affirme que le futur gouvernement doit représenter toutes les tendances, dont celle des islamistes de son parti. « Je me prépare, je prépare mon retour. (...) », a déclaré Ghannouchi, samedi. L'Intifada tunisienne a réussi à faire tomber la dictature ».
Dans un entretien publié vendredi par le journal belge "Le Soir", Ghannouchi a comparé son parti à l'AKP turc, le parti islamique du Premier ministre Erdogan au pouvoir , affirmant que "son parti avait accepté en 1988 le statut des femmes tel qu'il est défini en Tunisie".
(Source Jeune Afrique)
par Dominique Lagarde, publié le 05/10/2000 - mis à jour le 17/10/2003
Certains dirigeants de l'opposition démocratique font les yeux doux aux islamistes dans l'espoir de renforcer leur audience
Que faire des islamistes? Le débat est en train de resurgir en Tunisie au sein de l'opposition et du secteur associatif. Il a notamment été relancé par la rencontre récente, à Londres, de Moncef Marzouki, porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) et l'une des principales figures de la «dissidence», avec Rachid Ghannouchi, l'émir d'Ennahda, le mouvement islamiste tunisien. Pour Marzouki, la liberté ne se divise pas et les atteintes aux droits de l'homme ne sont pas plus acceptables lorsque les victimes sont des islamistes. Ces derniers lui savent gré d'avoir toujours défendu cette position, même lorsqu'elle n'était pas majoritaire chez les intellectuels tunisiens.
Positions laïcisantes
Marzouki cherche-t-il aujourd'hui à exploiter ce capital de sympathie pour accroître son audience dans le pays? Certains l'en accusent, à demi-mot. Le CNLT, qui projette d'organiser en décembre une «conférence nationale sur les libertés», a en tout cas annoncé son intention d'y associer les islamistes. Or, s'il existe actuellement un consensus, au sein du secteur associatif et de l'opposition tunisienne, en faveur d'une amnistie pour les prisonniers politiques, y compris islamistes, l'opportunité d'une telle association, qui équivaut à une reconnaissance du mouvement - et de son droit à exister sur l'échiquier politique - ne fait pas l'unanimité. Une importante fraction du courant démocratique défend au contraire des positions laïcisantes, qu'il s'agisse de l'Association tunisienne des femmes démocrates ou des «patriotes démocratiques», des syndicalistes dissidents de l'UGTT, très actifs depuis le début de l'été.
C'est cette approche qui avait prévalu lors de la réunion, le 1er juillet dernier, d'une autre «conférence des libertés» rassemblant - avec l'accord des autorités - quelque 250 membres de l'opposition et d'associations de défense des droits de l'homme. Le projet de déclaration finale prenait, entre autres, explicitement position en faveur de l'égalité des sexes et pour la séparation «du droit et de la religion». Mais depuis - la version définitive du texte fait toujours l'objet de discussions - deux des responsables politiques qui avaient participé à la conférence ont fait savoir qu'ils souhaitaient une formulation moins tranchée. Nejjib Chebbi, pour le Rassemblement socialiste et progressiste, et Mohamed Moadda, pour le Mouvement des démocrates socialistes, ont l'un et l'autre jugé plus opportun de ne pas heurter les islamistes. Et, accessoirement, de ne pas laisser Marzouki cultiver seul ces plates-bandes...
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