Vive le Québec Libre !
par Emmanuel NAVON
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L’Université du Québec à Montréal (UQÀM) a récemment fait de moi un homme heureux. Après y avoir donné ma conférence le 30 mars, j’ai été escorté par quatre gardes du corps qui m’ont fait filer par une sortie de secours avant de me fourguer dans une voiture qui s’est enfuie du campus. Comme c’est grisant de jouer les chefs d’État ou les James Bond ! Malheureusement pour mon amour-propre, la vraie raison pour laquelle j’ai vécu cette scène est que je suis Israélien.
Bien qu’ayant été invité pour donner une conférence sur un sujet anodin (la géopolitique de l’énergie), ma présence à l’UQÀM a créé une controverse parce que je suis Israélien. Certains étudiants ont exigé l’annulation de mon invitation sous prétexte qu’inviter un Israélien à l’UQÀM serait une souillure pour l’Université puisque Israël « commet un génocide en Palestine. » Le département de sciences politiques n’a pas rejeté cet argument grotesque, mais a organisé un vote sur la question (une majorité de professeurs a voté contre l’annulation de ma conférence).
Les étudiants qui n’ont pas réussi à m’empêcher de parler à l’UQÀM ont accroché sur les murs de l’Université une photo et une citation de moi dans le but de me discréditer. Mais tant la photo que la citation qu’ils ont choisies n’ont fait que me rendre fier. La photo (prise de mon site Internet) me montre dans mon uniforme de Tsahal. Quant à la citation (également prise de mon site Internet), la voici : « Dire que vous êtes antisioniste mais pas antisémite équivaut à dire que vous n’avez rien contre les Juifs tant qu’ils sont vulnérables. » En tant que Juif, je suis fier d’être un soldat de réserve de Tsahal. Et en tant que conférencier et écrivain, j’aime quand on me cite.
Après ma conférence, les "questions" furent en réalité des harangues hystériques (et longues) sur les "crimes du sionisme." Une étudiante m’accusa d’être un « criminel de guerre » à cause de mon affiliation à l’Université de Bar-Ilan (je suis membre du Comité directeur du Centre pour la Communication internationale à l’Université de Bar-Ilan). Étant donné que l’Université de Bar-Ilan dirige un programme d’enseignement à l’Académie d’Ariel, cela fait de moi un criminel de guerre. Ce à quoi j’ai répondu que l’Académie d’Ariel, contrairement au campus de l’Université de Tel-Aviv (où j’enseigne), n’a pas été construite sur les ruines d’un village arabe, et que contrairement à mes collègues arabes en Israël je ne peux pas en tant que Juif être professeur dans un pays arabe.
J’ai continué à énumérer des faits embarrassants qui ont rendu mes accusateurs ridicules -au point qu’ils ont fini par quitter la salle. Mais ils sont revenus plus tard avec des haut-parleurs pour hurler « Sionistes, meurtriers ! »
« L’antisémitisme est le snobisme du pauvre » a écrit Jean-Paul Sartre dans ses Réflexions sur la question juive. Aujourd’hui, l’antisionisme est le snobisme de l’ignorant. Dans de nombreux campus, nul n’est besoin d’être érudit pour impressionner : il suffit d’être outré en parlant d’Israël.
Mon public à l’UQÀM n’était par composé uniquement d’incitateurs arabes et d’idiots du village. En réalité, de nombreuses personnes sont venues me serrer la main à la fin de ma conférence pour me remercier. Certains étaient juifs, beaucoup étaient chrétiens. Ils m’ont tous dit la même chose : « Merci d’avoir dit la vérité, merci de nous avoir rendu notre fierté, merci de nous donner espoir. »
Ces gens savent que leur liberté est en danger. Et de plus en plus d’Européens et d’Américains partagent ce sentiment. Ils comprennent que le terrorisme intellectuel, l’irrationalité et l’hypocrisie qui caractérisent le traitement d’Israël en Occident constituent une menace pour l’Occident.
La liste des résistants ne fait que croître. Elle comprend le Premier Ministre canadien Stephen Harper qui a récemment déclaré que « ceux qui menacent l’existence du peuple juif sont une menace pour nous tous ; » L’ancien Premier ministre espagnol José Mariá Aznar, qui dit que « le combat d’Israël est notre combat ; » La journaliste espagnole de gauche Pilar Rahola, qui a écrit que « si Israël est détruit, notre liberté, notre modernité et notre culture seront détruites ; » La députée italienne Fiama Nirenstein, qui a déclaré que « la diffamation d’Israël est la honte du monde ; » Le sénateur français (anciennement socialiste) Jean-Pierre Plancade, qui implore Israël à gagner pour que sa propre liberté soit préservée ; L’ancien sénateur social-démocrate Thilo Sarrazin, qui affirme que l’Allemagne s’islamise; et la journaliste britannique Melanie Philips, qui montre comment l’Angleterre est en train de sombrer dans l’irrationalité.
Lorsque de Gaulle s’exclama « vive le Québec libre ! » depuis le balcon de la Mairie de Montréal en juillet 1967, il voulait dire la liberté vis-à-vis la suprématie anglo-saxonne. Aujourd’hui, la liberté du Québec, et la liberté de l’Occident, sont menacées par la haine et l’irrationalité dont les Juifs sont toujours les premières mais jamais les dernières victimes. Maintenant que nous Juifs sommes souverains et libres, nos anciens oppresseurs veulent que nous soyons victorieux parce qu’ils savent que leur liberté en dépend. Quelle ironie. Et quelle responsabilité.
Emmanuel Navon
8 avril 2011