Syrie/résolutions - Moscou refuse de condamner Damas - l'OTAN n'interviendra pas, le massacre s'accélère..
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L'OTAN condamné la brutalité avec laquelle des autorités syriennes traitent les manifestants, mais elle n'envisage aucune intervention militaire en Syrie, a déclaré jeudi le secrétaire général de l'Alliance Anders Fogh Rasmussen à la télévision Russia Today.
"L'OTAN n'a aucun projet d'intervention en Syrie. Dans le même temps de partage l'indignation de la communauté internationale concernant les violences des autorités syriennes contre les civils. La seule solution possible est de respecter les exigences légitimes du peuple syrien", a indiqué M.Rasmussen dans une interview à RT.
Depuis le 15 mars, le régime syrien fait face à une contestation populaire sans précédent. Pour calmer le mécontentement populaire, le président Bachar al-Assad a levé l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963, et a annoncé des réformes économiques et politiques. Malgré ces mesures, la révolte populaire prend de l'ampleur. Selon l'opposition et les défenseurs des droits de l'homme, la répression de la révolte populaire en Syrie par les forces de sécurité a fait plus de 1.200 morts.
Tout porte à croire que le Conseil de sécurité de l'Onu aura du mal à voter le projet de résolution sur la Syrie déposé par des pays occidentaux: Moscou s'est déclaré hostile à tout document visant à condamner Damas.
L'Occident redoute que la Russie n'oppose son veto afin d'éviter la répétition du scénario libyen.
Selon les médias internationaux, le projet de résolution pourrait être voté d'ici quelques jours.
Projet de résolution
La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal ont soumis mercredi au Conseil de sécurité de l'Onu un nouveau projet de résolution condamnant la répression en Syrie. Selon les agences occidentales, le projet initial avait été modéré pour être accepté par Moscou et Pékin.
Selon les sources diplomatiques russes auprès de l'Onu, le nouveau document condamne les autorités syriennes pour la répression des opposants au régime en place, mais ne prévoit ni de sanction, ni d'embargo sur les livraisons d'armes. Il appelle en outre à ouvrir une enquête indépendante sur les meurtres en Syrie, à engager des réformes structurelles et à libérer les prisonniers politiques.
Moscou est hostile
Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, a déclaré jeudi que Moscou s'opposait à l'adoption de quelque résolution que ce soit sur la Syrie par le Conseil de sécurité de l'Onu. Selon le diplomate, "la situation dans ce pays ne constitue pas une menace pour la paix et la sécurité internationales".
D'après l'ambassadeur de Russie aux Nations unies, M. Tchourkine, Moscou n'est pas persuadé "que cette résolution contribue à engager un dialogue politique et à mettre fin aux violences. Il existe un risque d'effet contreproductif".
Le président Dmitri Medvedev avait auparavant indiqué que la Russie ne soutiendrait pas une résolution du Conseil de sécurité sur la Syrie, analogue à celle qui avait été adoptée sur la Libye.
Les experts n'excluent pourtant pas…
Le président de l'Institut d'évaluations stratégiques, Alexandre Konovalov, estime pour sa part que Moscou pourrait soutenir le projet de résolution sur la Syrie, mais à condition que le risque d'intervention étrangère armée dans ce pays soit totalement exclu.
"Personnellement, je soutiendrais une telle résolution. Je ne vois aucun mal à dire à Bachar el-Assad que son comportement mérite réprobation", a-t-il déclaré.
Evoquant le rapport de forces au sein du Conseil de sécurité de l'Onu, M. Konovalov a fait remarquer que "le projet de résolution serait vraisemblablement adopté si la Chine n'y oppose pas son veto".
Des informations évoquent des dissidences au sein de l’armée, et un lourd bilan. Plus de 120 morts ce lundi, et 300 depuis vendredi
mardi 7 juin 2011 - 01h22, par

Des informations de plus en plus persistantes font état de la défection de plusieurs unités de l’armée syrienne, et de violents combats entre ces rebelles et les unités fidèles à Assad. Officiellement, les groupes armés ont tué 120 militaires à Jisr Al-Choughour, au nord-ouest du pays.
La situation se dégrade dangereusement en Syrie. Le divorce entre le régime et le peuple semble inévitable. Ces derniers jours, le massacre s’est accéléré, et on compte, depuis vendredi, près de 400 morts supplémentaires à travers le pays. Ce lundi, le ministre de l’Intérieur a tenu une conférence de presse à Damas pour parler d’embuscades tendues par des groupes armés à Jisr Al-Choughour (province d’Idlib) qui ont fait 120 morts parmi les militaires.
Cette version officielle ne convainc personne. L’activiste des droits de l’homme et contre la violence, Khaled Al-Khalaf, interrogé depuis Paris, affirme que « ces 120 morts sont essentiellement des éléments du 4ème régiment, commandé par Maher Al-Assad, des Gardiens de la Révolution iranienne et du Hezbollah ». Il ajoute que « plusieurs unités de l’armée ont refusé les ordres du commandement et se sont retournées contre les forces du régime ». D’ailleurs, Khalaf affirme disposer des noms des combattants du Hezbollah tués ces dernières heures en Syrie et qui ont été enterrés dans la région de Baalbek-Hermel, dans la Bekaa libanaise. Selon la même source, citée par la télévision « Al Arabiya », au mois cinq Iraniens ont été capturés par la population qui, « face à la lâcheté de la communauté internationale et à son silence, a décidé de se défendre ». De ce fait, ajoute Khalaf, « il n’y a plus aucune chance au dialogue en Syrie, puisque le peuple n’acceptera pas moins la traduction de Bachar et Maher Al-Assad devant la justice, pour génocide ».
Le régime affirme que les groupes armés dans la région d’Idlib sont fournis en armes à travers la frontière turque. Cette évolution et les accusation portée à l’encontre de la Turquie interviennent après la conférence d’Antalya qui a réuni quelques 300 opposants syriens, entre mardi et vendredi derniers pour proposer une alternative au Baas. Le quotidien égyptien « Al Masriyoune » affirmait, mercredi 1er juin, qu’un « président qui tue son peuple perd toute légitimité, et un peuple massacré par son président ne lui pardonnera jamais ». L’auteur dénonçait la complicité occidentale avec le régime syrien : « Comment expliquer qu’il a suffi que le régime de Hosni Moubarak envoie ses bandes à chevaux et à chameaux pour attaquer les manifestants de la place Tahrir, pour que Hillary Clinton réagisse immédiatement et demande le départ de Moubarak, mais quand Assad envoie des centaines de chars et les hélicoptères pour décimer son peuple, les Etats-Unis lui suggèrent à peine des réformes ? ».
D’ailleurs, concernant les réformes, les décrets annoncées mardi 31 mai, prévoyant un dialogue national et une amnistie générale, sont restés lettre morte. « Le premier désigne les bourreaux du Baas pour dialoguer avec leurs victimes. Le deuxième ne prévoit aucune amnistie, mais un allègement des peines », affirment les opposants, avant de conclure : « Assad vide les prisons pour remplir les cimetières ».
Avec ce blocage, et les menaces des opposants de recourir aux armes pour se défendre, semblent sceller le sort du régime. D’autant plus que selon le quotidien koweïtien « Al Seyassah » de samedi 4 juin, « un officier des renseignements syriens s’est récemment réfugié en Europe et a remis au Tribunal spécial pour le Liban des informations particulièrement compromettantes pour le régime et pour le Hezbollah dans l’assassinat de Rafic Hariri ». L’étau se resserre sur Assad, selon l’hebdomadaire « Al-Moharrer » : « le régime syrien est aux abois, et utilise toutes ses cartes pour sauver sa tête. Il cède devant l’AIEA, l’autorise à inspecter ses sites nucléaires, verse dans le chantage en Irak ». L’hebdomadaire ajoute : « le ministre syrien des affaires étrangères, Walid Al-Moallem, a effectué une visite surprise à Bagdad, semaine dernière, et a proposé d’extrader les membres du Baas irakiens réfugiés en Syrie vers Bagdad. Damas serait également prêt à accepter la reconduction de la présence militaire américaine en Irak, si Washington cessait ses pressions sur le régime, et le laisser réprimer ».
Au Liban, les pro-syriens, auteurs du coup d’Etat qui a renversé le gouvernement en janvier dernier, peinent toujours à former un nouveau cabinet, et plongent le pays dans la paralysie. Le Hezbollah serait tenté de profiter de cette situation pour accélérer sa mainmise sur le pays et la société... Hassan Nasrallah a mis en garde mercredi dernier contre l’éclatement de la Syrie, accusant l’occident de comploter contre le régime. Il a menacé de s’en prendre à l’Arabie saoudite et de provoquer son éclatement si le régime syrien était renversé. Selon le quotidien « Asharq Al Awsat », « Nasrallah a montré son vrai visage de mercenaire, au service de Damas et Téhéran, au détriment du Liban, alors que les révélations sur les liens commerciaux entre des entreprises israéliennes et l’Iran devaient le faire taire à jamais ».
En Irak, les attentats reprennent et pour la première fois depuis de longs mois, une base américaine a été la cible d’une attaque à la roquette, ce lundi. Plusieurs observateurs estiment que cette reprise du terrorisme en Irak, tout comme les menaces sur la FINUL au Sud-Liban (le dernier attentat a visé les Italiens), font partie de la stratégie syrienne : avec les Etats-Unis, Damas alterne chantages et menaces en Irak ; avec les Européens, la Syrie fait planer la menace sur la FINUL au Liban ; avec Israël, le régime syrien multiplie les provocations au Golan. Le tout, pour obtenir leur consentement et poursuivre le massacre contre le peuple syrien...
D’ailleurs, la stratégie syrienne a touché ses limites. Les Palestiniens commencent à se réveiller et à découvrir qu’ils ont été manipulés par le régime Assad. Lors des obsèques, ce lundi, des palestiniens tués dimanche par l’armée israélienne en voulant franchir la ligne du cessez-le-feu au Golan, les familles s’en sont violemment pris au FPLP de Maher Al-Taher, au FPLP-CG d’Ahmed Jibril et au Hamas de Khaled Mechaal. Ils leur ont reproché d’avoir envoyé leurs enfants mourir au Golan pour sauver le régime syrien. De violents accrochages ont eu lieu dans le camp de Yarmouk, faisant une trentaine de morts, affirme le site « Elaph.com », et la tension y est toujours très vive.
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