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J’adore les proverbes français. Ils sont très imagés et souvent d’une grande sagesse. Avec le sens de l’harmonie esthétique, le romantisme, le savoir vivre et la cuisine, ils font partie de mon héritage préféré des années que j’ai passé en France.

Un membre du gouvernement israélien a fait l’annonce maladroite d’un projet de construction de 1600 logements, en plein milieu de la visite du vice président américain. Il était spécialement venu pour faire redémarrer le dialogue pour la paix.

L’administration Obama a très mal pris la chose.

Les Etats Unis et l’ensemble des pays occidentaux sont opposés au vœu d’Israël de conserver une Jérusalem indivise, mais ils avaient eu le bon goût, jusqu’à présent, de laisser ce sujet au cœur des négociations entre les arabes et Israël.

La signature d’une paix, c’est une discussion longue ou chacun tente de donner le moins possible et de gagner le maximum. Le plus fort et le plus prévoyant gagne. Les occasions manquées, les erreurs fatales, les mauvaises négociations, l’histoire en est remplie. Cette paix là ne sera pas différente.

Mettons nous à la place du gouvernement israélien. Quel avantage a-t-il, avant même de commencer à négocier, à renoncer à l’une de ses demandes ?

Les pourparlers étaient déjà bloqués depuis un an par la faute d’Obama. Il a fait germer dans le cerveau de Abbas l’idée qu’il pouvait compter sur l’Amérique pour la Judée et la Samarie, et qu’il pouvait demander l’arrêt des constructions – avant même toute négociation. Résultat, panne des pourparlers, et Israël a continué à construire. Vous m’arrêtez si je me trompe, Israël a conquis ce territoire des mains de la Jordanie, et son sort reste a déterminer. Ce n’est pas comme s’il appartenait de facto aux arabes et qu’Israël devait le leur rendre. Uzi Landau rappelle d’ailleurs que 20% d’arabes vivent en Israël, et qu’il ne voit pas pourquoi, si la Judée et Samarie leur est attribuée, il n’y aurait pas 10% de juifs qui habite l’état palestinien.

Non content de cette erreur, Obama remet ça, et suggère maintenant que les arabes peuvent compter sur lui pour Jérusalem. Il réclame à Israël, en punition de la maladresse de l'annonce des 1600 logements, l’engagement d’arrêter de construire.

Le début du mandat d’Obama a été l’occasion pour les commentateurs de prédire que les relations avec Netanyahu seraient électriques. Elles s’étaient jusqu’alors passées à peu près normalement. Obama vient de faire un bras de fer avec Israël et il a perdu. Pourquoi ? Parce que son opinion publique s’est rangée du coté d’Israël, en s’étonnant de la démesure de la réaction du président américain.

De visite à Washington cette semaine, Netanyahu a fait preuve d’un courage politique exemplaire. Il a non seulement tenu tête à Obama et à la première puissance mondiale, mais il a surtout pris le risque d’indisposer son pays ami le plus ardent, qui le défend contre vents et marrées et se range à ses coté partout ou Israël est mis en cause.

Je me rappelle les mots récents de Bernard Henri Levy, sur son blog, quand il critiquait le manque de courage des socialistes au sujet de Georges Frêche, et qu’il leur reprochait de jouer la boutique contre l’éthique. Avec les 3 milliards d’aide annuelle des USA à Israël, Netanyahu n’a pas hésité à jouer l’éthique contre la boutique – et quelle boutique : 3 milliards de dollars !

Entre son idéal sioniste et le portefeuille, Netanyahu a choisi l’éthique, et il mérite notre admiration. Vous m’accorderez que la profession de politicien n’est pas spécialement un modèle de courage, c’est le moins qu’on puisse dire.

Et Obama n’est pas le premier venu.

Qu’à cela ne tienne, Netanyahu a fait preuve d’une intégrité absolue.

En réaffirmant que les juifs construisent à Jérusalem depuis des centaines d’années, et qu’il n’entend pas s’arrêter là, que Jérusalem a été par le passé divisée, et qu’il n’est pas décidé à ce que ça se reproduise, et finalement que la demande des arabes pour faire de Jérusalem leur capitale n’est ni raisonnable, ni logique, il n’a pas hésité à mettre Obama dans l’embarras, à affirmer que le peuple israélien entend rester maître de son destin, et que le monde peut bien le désapprouver, il n’a pas apporté la preuve d’être digne de confiance, car il ne s’est pas rangé derrière les juifs pendant la seconde guerre mondiale, et il ne s’élève pas plus, de nos jours, contre la barbarie des terroristes financés par l’Iran pour les exterminer.

Enfin un langage clair, cohérent et ferme. Enfin un premier ministre israélien qui exprime haut et fort ce que veut la majorité de sa population, au lieu de cacher honteusement ses souhaits. Quitte à être vilipendé pour nos actions et nos choix, autant les affirmer tout haut, et qu’ils soient ambitieux.

Clinton a critiqué les propos de Benjamin Netanyahu : "la décision de construire ne facilite pas notre tâche de médiateur ni la reprise des négociations de paix" affirme t-elle. J’aurais aimé entendre Clinton et Obama attaquer Mahmoud Abbas et lui reprocher que les tirs de rockets sur Israël mettent en péril la reprise des négociations. L’administration Obama est un bien curieux ami, ces temps-ci.

Après tout, nous avons reconquis cette ville en 1967. Israël a gagné alors le droit exclusif d’évaluer où se situent les frontières qui assurent sa sécurité, qu’il les garde ou les rendent aux arabes dans le futur.  Les arabes nous ont attaqué et ont déclenché la guerre des 6 jours. Ils ont « joué » et ils ont « perdu ». A eux d’en assumer les conséquences. On appelle ça la loi du plus fort, et elle règle les rapports humains depuis la nuit des temps jusqu’à la semaine dernière. Et sauf erreur, personne ne reproche à l’Amérique et aux pays européens de se conduire selon cette loi en Afghanistan.

De plus, à ce que je sache, le sort de Jérusalem ne remet en cause ni la situation humanitaire des arabes, ni leur économie, ni leur culte. Je l’ai maintes fois rappelé, Jérusalem a commencé à faire l’objet de leur convoitise pour la première fois de l’histoire à partir de 1967, précisément quand les juifs l’ont reprise.

Le congrès américain a acclamé le courage de Netanyahu. Nancy Pelosi, son porte parole, a affirmé que « le congrès ne parle que d’une voix quand il s’agit d’Israël » (même lorsque le président des Etats Unis se montre hostile, notons le), et « nous, au congrès, sommes du coté d’Israël ».  « Jamais je n’aurais pensé voir, de mon vivant, l’administration américaine reprocher à Israël de reconstruire Jérusalem !  » s’est acclamé le républicain de l’Indiana Mike Pence. « Nous n’avons pas de plus solide allié qu’Israël dans le monde entier », a conclu le représentant des républicains, John Boehner.

A se demander qui, de Netanyahu ou du congrès, a infligé à Obama le plus gros camouflet !

A toute chose malheur est bon !