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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 12:05




Que fait l'Occident ?









Les Américains et les Européens protestent, s’indignent, brandissent des menaces de représailles mais ne veulent surtout pas aller trop loin dans les sanctions. Il ne faut surtout pas braquer, déstabiliser l’Iran qui pourrait devenir une menace pour ses voisins. Un Iran chaotique aurait des répercussions néfastes sur toute la région, l’Irak, l’Afghanistan, voire le Liban, Israël, la Syrie.

L’Occident hésite à prendre des sanctions qui pénaliseraient le peuple, comme l’embargo sur l’essence, et pourrait conduire à l’affrontement. Il ne veut pas non plus pousser le régime au pire… La quadrature du cercle ou comment pousser l’Iran au changement pacifique, s’en faire un allié et régler le conflit israélo-palestinien. La stabilité, la paix de la région…

Si les Américains ont sans doute des « infiltrés » dans les rangs des manifestants, comme en Ukraine, ils ne les appuient pas sans réserve car on ne connaît pas précisément leurs orientations politiques, le régime qu’ils souhaiteraient mettre en place. Il faudrait davantage de clarté.

http://www.lalsace.fr/fr/france-monde/article/2535873,218/Que-fait-l-Occident.html



Obama.jpgAvez-vous remarqué le silence assourdissant de la Maison Blanche sur les événements en Iran ? Il faut admettre que l'administration américaine est prise à contre-pied. Jusqu'aux dernières manifestations le président américain n'a pas dévié de sa "stratégie" : négocier avec le pouvoir iranien de Mahmoud Ahmadinejad afin de le faire céder sur la question du nucléaire. Outre que cette statégie était d'une naïveté déconcertante et n'a eu comme seul résultat que de permettre au programme nucléaire iranien de gagner des mois précieux, cette stratégie était totalement immorale. En effet, alors que depuis juin le gouvernement et la théocratie qui dirigent l'Iran sont discrédités auprès de la population, alors que des foules imposantes osent braver la répression et crient «Mort à la république islamique» ou s'en prennent au guide de la révolution que fait Barack Hussein Obama ? RIEN. Quel message adresse le prix Nobel de la Paix aux foules qui aspirent à la démocratie ? AUCUN.

Comme le dit Farhad Khosrokhavar, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, dans l'édition du Monde du 02 décembre 2009 : "
Sous Georges Bush, le président américain prônait la démocratie mais n'avait pas de crédibilité pour le faire et l'Iran n'était pas prêt à remettre en cause la théocratie islamiste. La société iranienne est prête au changement, mais le président Obama ne la suit plus. Lui qui a la crédibilité internationale pour prescrire la démocratie n'a plus le souffle nécessaire pour le faire. Pourtant, la société iranienne a un besoin urgent de soutien international, non pas tant pour faire avancer le dossier nucléaire, mais pour soutenir son mouvement démocratique."

Le seul bémol que j'apporte au constat de Farhad KhosroKhavar est que pour moi Barack Hussein Obama n'a jamais eu le souffle nécessaire pour faire quoi que ce soit en politique étrangère si ce n'est d'encourager par sa naïveté et son inaction les ennemis de la démocratie. Sa présence à la Maison Blanche est une erreur de casting. Déjà en 2008, lors des primaires, j'avais dit que le candidat démocrate n'était "
qu'un bel homme dans un costume avec du bla-bla". Si son bla-bla a été assez brillant et efficace pour son élection, il ne vaut rien sur la scène internationale. Et cela commence à se savoir. De plus en plus. Je ne peux m'empêcher de penser que les démocrates d'Europe de l'est en 1989 ont eu la grande chance de ne pas avoir un Barack Hussein Obama à la Maison Blanche.

Comme il n'a ni l'envergure, ni l'ambition pour aider les démocrates iraniens, cet incapable utilise une tactique vieille comme le monde pour détourner l'attention du monde de l'Iran. Il allume un contre feux au Yémen. Certes ce pays est un dangereux repaire de djihadistes. Mais qu'on cesse de nous prendre pour des imbéciles. Voilà que la Maison Blanche veut nous faire croire que ces groupes 
posent subitement un problème pour la sécurité des Etats-Unis car la cellule qui a revendiqué l'attentat manqué du 25 décembre sur un avion assurant la liaison Amsterdam-Detroit est au Yémen. Mais le Yémen c'est le pays natal de Ben Laden. C'est le pays d'où partent depuis des années des djihadistes pour l'Arabie-Séoudite, la Somalie ou l'Irak. C'est le pays d'où un commando s'est élancé pour incendier le pétrolier français "Limburg" dès 2002 (1 mort). Et c'est encore au Yémen que le destroyer USS Cole a subi une attaque d'Al-Qaïda le 12 octobre 2000 (Bilan 17 marins américains tués et 50 blessés). Tout le monde sait depuis des années que le Yémen est un refuge pour Al-Qaïda. Et voilà que Barach Hussein Obama fait mine de le découvrir et tente de nous faire croire que le nouvel épicentre de la lutte contre le terrorisme est situé là-bas.

Non, l'épicentre actuel de la lutte 
contre l'idéologie monstrueuse qui depuis 1979 gangrène le monde est en Iran. C'est de là que tout est parti en 1979. C'est de là que tout pouvait commencer par changer favorablement en 2009. Car en Iran nous assistons à la naissance du premier mouvement démocratique de masse dans le monde arabo-musulmanUn mouvement anti-islamiste. Mais manque de chance pour les démocrates du monde entier et particulièrement pour ceux du Moyen-Orient nous avons un Barack Hussein Obama à la Maison Blanche. Mahmoud Ahmadinejad et tous ses amis, qu'ils soient chiites ou sunnites, peuvent pousser un soupir de soulagement. Tout indique que les démocrates iraniens, et avec eux tous ceux qui rêvent de changement au Moyen-Orient, seront sacrifiés.

David Bescond pour Rebelles.info


http://www.rebelles.info/ 

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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 13:29

L’intransitivité

[Dimanche 03/01/2010 12:24]


par Ygal Soleth



Les amis de mes amis sont mes amis. Qui ne connait pas cet adage, bien que pas nécessairement infaillible. Cette expression impose arbitrairement deux groupes, les éléments du premier étant ami de ceux du second. D’une certaine façon, on pourrait dire: «  Les amis de mon groupe rejoignent mon groupe ». Par extension, l’ennemi de mon ami est mon ennemi, et l’ennemi de mon ennemi est mon ami, car inclus dans le groupe des ennemis ; et l’ennemi de mon ennemi devrait être donc mon ami. La question qui peut se poser, c’est l’éventuel passage d’un groupe à l’autre, à savoir: « Si je me fais l’ennemi de mon ami, obtiendrais-je la grâce de mon ennemi ? »

Essayons d’analyser, au regard de ce que nous venons de poser, certains tenants de la politique israélienne. Comment le gouvernement, quel qu’il soit, doit-il s’y prendre pour se faire des alliés parmi les grandes puissances qui ne portent pas l’Etat d’Israël dans leur estime ? En particulier, personne n’ignore l’hostilité de la Maison dite Blanche envers ce pays. Il suffit de constater l’incroyable verdict dont souffre encore l’espion israélien Pollard dont la période de détention a dépassé depuis bien longtemps celle de criminels dangereux ; le tout en dépit des accords de collaboration en matière de renseignements, justement, sur des ennemis communs. Voici donc déjà une première faille au troisième des principes énoncés  ci-dessus, (l’ennemi de mon ennemi est mon ami) mais ne nous éloignons pas de notre sujet.

Posons la question plus clairement: L’Etat juif, en s’attaquant à un sous-groupe de Juifs, pourrait-il obtenir le non-antisémitisme (ou le non antisionisme) des puissances internationales ?

Les habitants juifs des régions du territoire d’Israël récupérées plus tardivement sont devenus les « Juifs » des habitants juifs des zones souverainement plus anciennes. Si tous ne se laissent pas prendre aux stratagèmes imposés par les médias avant de ne l’être par le pouvoir, quand les « nouveaux juifs » sont considérés comme responsables de tous les problèmes de la société – entre autres accusations, on peut entendre que les investissements en Judée-Samarie sont effectués au détriment des habitants des autres régions, les rendant responsables de la pauvreté ; à l’époque de la présence juive à Gaza (Goush Katif), on accusait ses habitants d’être responsables de la situation de guerre et de la mort des soldats tombés en raison de l’armement des terroristes (cette allégation s’étant révélée absurde par la suite), etc. – beaucoup sont en tout état de cause peinés, indifférents ou voire joyeux, quand les « colons » sont victimes de mesures discriminatoires, mais tous acceptent cette injustice comme une fatalité. Ainsi, la population globale est habituée, par bourrage de crâne interposé, à l’idée que tout ce qui peut frapper ces gens-là n’est imputable qu’à leur seule responsabilité ou culpabilité. Le ton enjoué sur lequel le journaliste de service avait annoncé le dernier service du bus pour Newe-Dekalim, à Gaza, en dit long sur cette conception.

Avant l’expulsion des Juifs de Gaza, les politiciens avaient promis une ère nouvelle, sans précédent, et une paix exemplaire, que des concessions douloureuses allaient certainement entraîner. Nul n’était besoin de traités de paix ni de pourparlers. Si les ennemis ne voulaient pas se transformer en amis de leur plein gré, Israël allait, en se montrant désarmant, les désarmer. Comment des dirigeants politiques avisés ont-ils pu s’imaginer une chose pareille ? Ils ont tout simplement dû considérer qu’en prenant leurs distances de ce qui représente le Juif aujourd’hui, ils allaient par conséquent se retrouver du côté de ceux qui le détestent. Mais cette nuit de cristal où la totalité des synagogues de Gaza ont été jetées en pâture aux ennemis qui auraient dû du jour au lendemain tourner la page et oublier leur rancœur envers le peuple d’Israël a tout au plus été bénéfique à titre individuel à un ou deux politiciens. Or, cette tragédie humaine ne s’est pas limitée à n’obtenir aucun effet, hormis peut-être la joie de voir les Juifs se laisser faire comme lorsqu’ils n’avaient pas de souveraineté. Les résultats ne se sont pas fait attendre et ont été bien plus lourds de conséquence qu’une simple indifférence: d’abord, les Israéliens ont dû subir une recrudescence des bombardements visant les populations civiles, commencés timidement d’abord, contre les seuls habitants du Goush Katif, pour atteindre Ashdod et Beer-Shev’a. Ensuite, comme il a bien fallu se défendre, et ne pas toujours se laisser faire comme pendant les terribles pérégrinations de l’exil, l’effet du sacrifice des villages juifs et des synagogues a été brusquement rompu pour changer radicalement de direction: accusations de crimes de guerre, et insécurité des Juifs en diaspora. 

Cette situation absurde n’a pas éveillé encore toutes les consciences. Il est vrai que les politiciens suivent un processus de réveil beaucoup plus lent que la population. On oublie que la victoire écrasante de Sharon contre Ehoud Barak a résulté du rejet de la politique de concessions censée amadouer l’ennemi. 65% des électeurs, qui avaient pris conscience du caractère suicidaire de cette vision politique ont été trompés. Leurs voix ont été détournées pour servir à interdire toute présence juive à Gaza. Même les responsables des partis d’extrême gauche les plus résolus avaient tout au plus évoqué le démantèlement des villages isolés de Netzarim et de Kfar Darom.

Certains observateurs s’offusqueront peut-être de la troisième proposition présentée en introduction. Pour eux, il n’est nullement question de s’écarter du noyau juif, qu’un récent sondage (Hanoukka 5770) a présenté comme les hasmonéens de notre temps, et encore moins d’essayer de se faire aimer des non-Juifs par des mesures prises contre leurs propres concitoyens. Même si les circonstances peuvent faire penser à un abandon des valeurs ancestrales, et même si les puissances s’en réjouissent, la raison de cette politique de destruction est tout autre: les gouvernements israéliens, par soucis de préserver à long terme l’Etat juif en tant que tel, doit à tout prix éviter que les Juifs s’y retrouvent en minorité. Un peu comme si en France, ou, plus largement, en Europe, à titre d’illustration, les villes ou départements à forte population hostile à la culture européenne étaient retranchés du territoire national, afin de garantir la pérennité de la civilisation indigène. Cette théorie présente bien des failles, car ses partisans ou ceux qui le sont devenus  n’ont pas hésité à amputer du territoire national le Sinaï, et ils semblent même prêts à faire subir le même sort au Golan, D. préserve, malgré la majorité juive qui y vit.

De plus, cette conception est précisément diamétralement opposée à ce qu’en pensent ceux qui la défendent: elle n’envisage que le court terme et manque totalement de rigueur. Si l’idée de se séparer d’une population étrangère, qui risquerait à la longue de prendre le pouvoir au cas où le droit de vote lui serait accordé et d’expulser les Juifs avec la bénédiction de la communauté internationale, consistait réellement à prévenir du danger que représente pour la démocratie, ou le droit du peuple juif à disposer de lui-même, elle ne se limiterait pas à une volonté ou tentative de déplacer les populations juives vers la zone côtière, mais elle envisagerait aussi un déplacement des populations arabes d’Ouest en Est, d’autant plus qu’elles disposent du droit de vote, contrairement à ceux du centre géographique et biblique du pays. Vingt pour cent d’électeurs dont quatre-vingt dix-neuf pour cent votent d’une façon monolithique contre tous les principes judaïques de l’Etat faussent dangereusement le droit du peuple juif à disposer de lui-même. Une expulsion totale de ses membres installés dans les monts de Judée, qui réduirait le pays aux frontières non viables d’avant la guerre des Six Jours ne serait qu’une répétition de la micro-expérience de Goush Katif, en beaucoup plus dévastatrice. L’Etat d’Israël ne serait absolument pas quitte des pressions qui auront alors prouvé leur efficacité. Le chantage n’en sera que plus virulent, avec des prétentions du type: « Après tous les efforts que vous avez fournis, il serait dommage, si près du  » but « , que vous fassiez tout rater. » Cette spirale infernale n’est pas une simple hypothèse en « si » dénuée de fondement. Avant Oslo, peut-être, mais après, c’est du déjà vu.

L’Etat réduit préconisé par les politiciens coupés du mouvement historique qui transcende la réalité serait, d’une part, la cible d’une agressivité décuplée, avec autant de nouveaux pays ou ressemblants à ajouter à la liste des ennemis, comme le montre d’une façon évidente Gaza, et d’autre part, une absurdité sans nom, faisant des Juifs la risée et l’irritabilité des nations, puisqu’ils seraient alors revenus sur leur terre après un exil horrible pour se défavoriser eux-mêmes indirectement en spoliant les droits de leurs frères désignés comme « nouveaux Juifs » et leurs propres droits, et remettre leur propre terre, pour laquelle ils ont priés près de vingt siècles, à des occupants étrangers.

Que leur intention soit une tentative de faire oublier la haine que leur vouent les nations en la projetant sur une néo minorité juive désignée selon sa situation géographique, ou qu’elle consiste en une aspiration à sauver l’existence d’une « entité » nationale juive en en sacrifiant le fondement, elle trahit la vocation de leur raison d’être. Ces politiciens doivent se ressaisir et s’identifier au combat existentiel de leurs frères de Judée-Samarie et des expulsés de Gaza qui n’est autre que le leur. Faire machine arrière les fera tous repartir de l’avant, à l’instar d’un homme qui sait retrouver son chemin balisé quand il se tient au bord du gouffre. La destinée du peuple juif est balisée depuis quatre millénaires ; inutile de tout saborder si près du but, si près de l’accomplissement de la destinée d’Israël, et inutile de le remplacer par un autre.

Il faut considérer dans toute sa mesure l’objection juste des politiciens qui craignent à la longue la domination en Israël des minorités. Or, pour ce qui est de déplacer des populations, il ne faut pas se tromper, et aspirer sérieusement non plus au déplacement des populations juives du cœur de sa terre, mais au déplacement des populations hostiles. Israël, vainqueur de toutes les agressions, avec l’aide de D., doit dans ce cas, et dans ce cas uniquement, s’inspirer des actes des nations, tout comme les Alliés qui ont dicté le tracé des frontières à l’Axe vaincu. Il doit d’autre part réapprendre à distinguer leurs véritables amis de leurs ennemis, et ne plus maltraiter les premiers pour amuser les derniers.

par Ygal Soleth

 

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 22:15
Une décennie médiocre et malhonnête

Caroline Glick , THE JERUSALEM POST | Adaptation française de Sentinelle 5770

samedi 2 janvier 2010

De retour du Caire mardi, le Premier Ministre Benyamin Netanyahou a déclaré : « il est temps de faire avancer le processus de paix ». L’interprétation la plus bienveillante de la déclaration de Netanyahou est qu’il s’engageait sur le théâtre politique. C’était une déclaration médiocre et malhonnête émise à la fin de ce qui avait été, selon les mots immortels de W.H. Auden « une décennie médiocre et malhonnête ».

Tout un chacun, avec des yeux pour voir, sait qu’il n’y a aucune chance de faire la paix avec les Palestiniens. Tout d’abord, le maximum de ce qu’Israël veut offrir est en dessous de ce que les palestiniens sont disposés à accepter.

Mais au-delà de cela, Gaza est contrôlé par le Hamas, et le Hamas est contrôlé par l’Iran.

Pour sa part, le Fatah n’est pas en position de faire la paix même si ses dirigeants le souhaitaient. Mahmoud Abbas et ses adjoints savent que comme le Hamas a gagné les élections de 2006 en Judée, Samarie et à Gaza, le Hamas gagnerait les élections aujourd’hui. Pour maintenir un semblant de légitimité intérieure, les chefs du Fatah n’ont pas d’autre choix que d’adhérer au rejet par le Hamas d’une coexistence pacifique avec l’Etat juif.

Clairement, il n’est pas temps aujourd’hui « de faire avancer le processus de paix ».

Pas moins que ce que cela nous dit sur Netanyahou, sa déclaration est remarquable pour ce qu’elle nous dit sur Israël. Notre volonté continue de nous prendre au piège de la rhétorique des processus de paix démontre combien nous avons peu progressé dans la décennie passée.

En 1999, Netanyahou a été chassé de son poste par un électorat convaincu qu’il gaspillait une opportunité historique de paix entre Israël et ses voisins. Une majorité d’Israéliens croyait que la signature politique de Netanyahou exigeant que les Palestiniens se plient à leurs engagements à l’égard d’Israël, et le maintien d’une zone de sécurité de Tsahal au Sud Liban, condamnaient tout espoir de paix.

Son successeur, Ehud Barak, promit de retirer les soldats de Tsahal du Liban et de forger une paix définitive avec les Palestiniens et la Syrie dans un délai d’un an. Après avoir gagné les élections, Barak promit, on s’en souvient, devant une foule en pâmoison sur la place Rabin, que « l’aube d’un jour nouveau était arrivée ».

Barak ne perdit pas de temps à accomplir les promesses de sa campagne. Il retira Tsahal du Sud Liban en mai 2000.

Il lança des pourparlers avec la Syrie en décembre 1999. Pendant quatre mois, il supplia le dictateur syrien Hafez Assad d’accepter les Hauteurs du Golan, s’arrêtant seulement après que Assad l’ait durement rabroué en mars 2000.

Et en juillet 2000 à Camp David, Barak offrit à Yasser Arafat Gaza, 90 % de la Judée et de la Samarie et la moitié de Jérusalem en échange de la paix. Après qu’Arafat ait rejeté son offre, Barak l’adoucit à Taba en septembre 2000, ajoutant encore 5 % de la Judée et de la Samarie, le Mont du Temple, et des terres supplémentaires dans le Negev, pour être encore rejeté.

Barak fit ces offres alors que la sagesse de la compromission explosait devant ses yeux. Le Hezbollah s’empara du retrait du Liban comme d’une victoire stratégique. Loin de disparaître comme Barak et son adjoint Yossi Beilin avaient promis qu’il le ferait, le Hezbollah s’empara du Sud Liban et utilisa cette zone comme tremplin pour sa prise de pouvoir final du gouvernement libanais. De même aussi, avec ses forces positionnées sur la frontière, le Hezbollah bâtit ses forces commandées par l’Iran, préparant le prochain round de la guerre.

De même, les supplications désespérées de Barak envers Assad améliorèrent la position du dictateur dans le monde arabe, au détriment de l’Egypte et de la Jordanie.

Dans la mesure où il voulait un encouragement, l’ascendant du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran, rendirent le rejet de la paix politiquement avantageux pour Arafat. Revigoré par leur augmentation, Arafat dissipa des milliards de dollars d’aide occidentale destinée à des projets de développement, dans les rangs boursouflés de ses armées terroristes. Au lieu de préparer son peuple à la paix, il le formait à la guerre.

Arafat répondit à la supplication de Barak à Camp David et Taba en lançant la plus grande offensive terroriste qu’Israël ait endurée depuis les années 1950. La célébration orgiaque du meurtre de masse d’Israéliens fut le dernier clou dans le poste de Premier Ministre de Barak, le glas de sa politique de compromission.

Un an et demi après qu’il eût occupé son poste, le public expulsa Barak du pouvoir. Le chef du Likoud Ariel Sharon – qui seulement une décennie plus tôt avait été tenu pour mort – fut ramené au pouvoir par une victoire électorale historique. Dans la mesure où le vote du public avait été pour Sharon, plutôt que contre Barak, on s’attendait à ce que Sharon mette fin à la politique de compromission de Barak pour vaincre Arafat et l’Etat terroriste qu’il avait construit à Gaza, en Judée et en Samarie.

Mais cela ne devait pas se produire.

Plutôt que d’abandonner la politique de Barak, Sharon y adhéra. Il forma un gouvernement d’unité avec le Parti Travailliste et refusa de combattre. Il ne combattit pas après que 22 adolescents furent massacrés à l’entrée du club Delphinarium en juin 2001. Il ne combattit pas après les attaques du 11 septembre 2001 et les célébrations palestiniennes de l’agression contre New York et Washington.

Sharon n’ordonna pas à Tsahal de se battre jusqu’au carnage de mars 2002 qui culmina avec le massacre du Seder au Park Hôtel de Netanya, qui lui força la main. S’il n’avait pas ordonné à Tsahal de démanteler les infrastructures terroristes palestiniennes en Judée et Samarie à ce moment là, il aurait été confronté avec certitude à la perspective d’être rejeté de la course à la direction du Likoud programmée en novembre de cette année.

L’opération « Bouclier Défensif » fut un modèle exemplaire de ce que vous obtenez quand vous mêlez des politiciens faibles et une société forte. D’un côté, pendant ‘Bouclier Défensif’, Tsahal prit le contrôle de l’ensemble des principales villes de Judée et Samarie et rendit ainsi Israël capable de démanteler les réseaux de terrorisme palestiniens en restant sur place pendant les années suivantes.

D’un autre côté, Sharon refusa d’autoriser Tsahal à lancer une opération parallèle à Gaza, malgré les supplications réitérées de l’armée et des résidents du Sud. Plus important, Sharon empêcha Tsahal de renverser l’AP ou même de reconnaître que c’était un gouvernement ennemi. Et il maintint que le jihad palestinien avait commencé et pris fin avec Arafat, donnant ainsi l’absolution de toute responsabilité à tous les adjoints d’Arafat – qui étaient alors et demeurent aujourd’hui encore profondément impliqués dans la machinerie terroriste.

Agissant ainsi, Sharon manifesta qu’il n’abandonnait pas la compromission. De fait, il faisait savoir clairement que son objectif était d’adopter de nouveau la compromission comme stratégie nationale aussi vite que ce serait politiquement faisable.

La majorité des Israéliens expliquèrent plus tard le comportement de Sharon pendant son premier mandat comme le prix qu’il était obligé de payer pour son gouvernement de coalition avec le Parti Travailliste. Aussi quand en 2003, Sharon, le Parti Likoud et la Droite politique gagnèrent haut la main de la part du public un mandat pour diriger le pays sans la Gauche, on s’attendait à ce qu’il la laisse finalement filer. Qu’il se battrait enfin pour la victoire.

Au lieu de cela, Sharon cracha sur son Parti, les partenaires de sa coalition et ses électeurs, et il adopta comme sienne la politique de la Gauche qu’il avait condamnée pendant sa campagne.

Pour exécuter cette politique, Sharon démantela son gouvernement et son Parti et forma une coalition avec la même Gauche que la nation venait de rejeter massivement.

Les stratégies politiques majeures de la décennie passée : le retrait de Gaza, la construction de la barrière de sécurité, l’acceptation du plan de paix selon la ‘Feuille de Route’, la Conférence d’Annapolis, l’opération ‘Bouclier Défensif’, la Seconde Guerre du Liban et l’opération ‘Plomb Durci’ ont toutes partagé un critère central. Elles étaient toutes fondées sur l’ignorance des leçons de l’échec de la politique de compromission en 2000. Alors que le succès stratégique de ‘Bouclier Défensif’ était dû à la décision d’Israël de maintenir le contrôle sur le territoire dont Tsahal s’était emparé au combat, en lançant les guerres avec le Hezbollah et le Hamas, le successeur de Sharon, Ehud Olmert, ignora ce succès et choisit à la place d’imiter les échecs de l’opération.

Pour faire avancer la politique de compromission de son gouvernement, Olmert refusa de donner l’ordre à Tsahal de s’emparer du Sud Liban ou de Gaza. Dans le même ordre d’idée, comme Sharon avec le ‘Bouclier Défensif’, Olmert annonça dès le début qu’il ne portait pas d’intérêt à vaincre les ennemis d’Israël. Il limita les buts des campagnes à leur « donner un leçon ». Et évidemment sans rechercher la victoire pour Israël. Olmert permit aussi bien au Hezbollah et au Hamas de proclamer la victoire en leur nom.

En choisissant de ne pas vaincre le Hezbollah ou le Hamas, Olmert envoya le message que comme Sharon avant lui, son objectif stratégique ultime était de maintenir la viabilité de la politique de compromission comme stratégie nationale. Il se battait pour protéger la compromission, pas Israël.

Alors que nous avançons vers la seconde décennie de ce siècle, nous devons comprendre comment fut gaspillée la précédente décennie. Comment est-il possible qu’en 2010, Israël continue d’adhérer à une stratégie politique qui l’a conduit à l’échec – violemment et de façon continue depuis tant d’années ? Pourquoi, en 2010, continuons-nous d’ignorer les leçons de 2000 et tout ce que nous avons appris depuis lors ?

Il existe deux raisons principales à cet échec : les media locaux et Sharon. Pendant les années 1990, les media israéliens – presse, radio et télévision – étaient les principaux propagandistes de la compromission. Quand la politique de compromis échoua en 2000, les élites des media israéliens ‘mirent les chariots en cercle’. Ils refusèrent d’admettre qu’ils s’étaient trompés.

Des expressions trompeuses comme « le cycle de la violence » furent introduites dans notre nouveau langage. L’absence d’une barrière de sécurité – plutôt que la présence d’une société ennemie à la périphérie des centres de population d’Israël – était rendue responsable du terrorisme qui ôta la vie de plus d’un millier d’Israéliens. Des propagandistes et des terroristes palestiniens comme le chef du Fatah Marwan Barghouti étaient traités comme des politiciens légitimes. Des liens palestiniens avec l’Iran, la Syrie, l’Irak et le noyau du jihad mondial restaient dissimulés ou non commentés.

Dans le même, temps, les opposants à la compromission – ceux qui avaient prévenu des dangers du processus d’Oslo et s’étaient élevés contre le retrait du Liban et un retrait potentiel des Hauteurs du Golan et de Gaza – ne furent pas félicités pour leur sagesse. Ils restaient marginalisés et diabolisés.

Cette situation prévaut encore aujourd’hui. Les mêmes media qui nous ont valu ces catastrophes ridiculisent maintenant les ministres du Likoud et les membres de la Knesset qui s’élèvent contre la politique fondée sur l’illusion, en adoptant soudain Netanyahou qui – avec Barak de son côté – a tardivement adopté leurs chimères de paix fondée sur la compromission.

Puis il y a Sharon. L’homme qui mit en place la politique d’implantations, qui expulsa l’OLP du Liban, qui s’opposa à Oslo, Camp David et au retrait du Liban ; l’homme qui s’opposa à la barrière de sécurité et promit de rester pour toujours dans le Goush Katif. En tant que dirigeant pendant la plus grande part de la dernière décennie, Sharon est responsable plus que tout autre de l’adhésion continue d’Israël aux diktats malhonnêtes, discrédités et déshonorants de la compromission.

Que cela soit dû à sa corruption présumée, à son affaiblissement physique, à sa peur du Département d’Etat américain, ou bien à son désir ardent et de longue date d’être reconnu par la Gauche, Sharon a trahi ses électeurs et son Parti et il a sapé la capacité d’Israël d’aller au-delà de l’échec.

L’expression « médiocre et malhonnête » d’Auden’s remonte aux années 1930. C’était alors l’obsession de l’Occident e la compromission qui plaça le monde sur la voie du cataclysme de la Seconde Guerre Mondiale.

Alors qu’Israël entame cette nouvelle décennie, nous devons redoubler d’efforts pour empêcher une répétition du cataclysme des années 1940. De façon troublante, l’appel de Netanyahou à un processus de paix trompeur montre que nous sommes à un point de départ ignoble et mensonger.


http://www.jpost.com /servlet/Satellite ?

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 21:32
Au cœur du genre humain. Partie 3

Bonjour pour chaque jour de 2010 ! 

Ci-joint la troisième partie de ma série "Au coeur du genre humain". 
Merci de m'en dire un mot ou de la faire connaître. 
Cordialement 
F.C.


Merci à vous Cher François pour votre magnifique série, et oui bonne année 2010 

Un peu de philosophie métaphysique par François Célier. 


première partie
Au cœur du genre humain. Partie 1 Du présent à la nuit de Cristal. F.Célier

Deuxième partie
Au cœur du genre humain - Ismaël ou la haine d’Israël. Par F.Celier 

Un serpent s’est lové dans le cœur du genre humain. En Eden, le serpent injecta le venin du doute métaphysique. L’antisémitisme peut être neutralisé par l’antidote du sionisme Biblique. Cela nécessite de revenir à la source du drame primordial avec Dieu le Créateur, Adam et Eve, premier couple dont l’esprit fut ouvert par son souffle (Dieu est Esprit) et le Serpent distillant le doute : Dieu a-t-il dit ? (La Promesse) Interdit d’interdire! (Mai 68).

III. De la shoah et de l’Enfer

Suite à mes deux précédents articles cherchant à remonter le cours du temps historique, vu sous un angle métaphysique, la présente réflexion évoque l’effondrement moral des sociétés européennes qui se déshumanisèrent au XXème siècle dernier. Ce qui m’amènera à creuser dans les strates du temps, jusqu’à l’horreur de l’Inquisition et l’avènement de l’Islam.

Dès les prémisses de la deuxième guerre mondiale, l’année qui suivit l'invasion de la Pologne amena le régime nazi à entreprendre la déportation des Juifs vers les ghettos et les camps de concentration (inimaginables pour tout esprit éclairé du siècle des Lumières). En quelque sorte, Auschwitz fut le produit d’une osmose entre une idéologie biologique raciale aberrante, s’associant à tous les procédés de destruction que pouvait engendrer une société industrielle moderne. Auschwitz représente l’orgueil de la science, la cupidité extrême et la perversion éthique et spirituelle de la civilisation européenne.

Avec la fulgurante ascension d’Hitler au pouvoir, l'antisémitisme nazi développa une radicalisation méthodique et inéluctable. Déjà, au printemps 1933, les premières mesures discriminatoires contre les Juifs sont adoptées. Effaçant complètement tous les acquis d'un siècle d'émancipation des juifs par les lois de Nuremberg, les persécutions s’étendent en moins de deux ans pour se transformer en persécution systématique après les vagues de pogromes qui s’amplifièrent jusqu’en 1938 avec la ténébreuse nuit de cristal.  Sur l’apogée de l’horreur et l’échec de la civilisation la plus avancée du siècle, un de mes articles Noël à Auschwitz (lien) évoque ma perception de cet enfer.

En France, l’intelligence maligne de l'antisémitisme racial fut abondamment formulée par des Gustav Le Bon, Vacher de Lapouge et Edouard Drumont (auteur de La France juive). Leurs écrits tracèrent l’état civil de la naissance d'un puissant mouvement antisémite populiste. Dés lors, les juifs étant devenus (enfin !) des citoyens à part entière, furent à nouveau perçus comme des « étrangers » susceptibles de menacer la France de l'intérieur. Un nouveau complot juif se mit à hanter les esprits bien pensants du pays. Cette rumeur de juifs comploteurs invétéréstrouva ses lettres d’ignominie dans l'affaire Dreyfus et l’abominable Protocoles des Sages de Sion, un comble de fausseté. Maurras l’ayant cautionné l’accréditera auprès des élites, des autorités et des lecteurs français jusqu’au delà des frontières : depuis que l'Etranger de l'intérieur s'est emparé de l'Etat, juifs, protestants, maçons, métèques, n'opèrent plus avec les seules ressources de leur budget : ils disposent du budget de la France.

L’Affaire Dreyfus (1894) créa un véritable séisme culturel en France. Officier de l’armée, d’origine juive, Alfred Dreyfus fut accusé de vendre des secrets militaires aux Allemands. Son procès à grand spectacle déclencha une vague d’antisémitisme nationale. Des années plus tard, il apparaîtra que la hiérarchie militaire avait sciemment effacé des preuves capitales afin de se protéger. L’écrivain Emile Zola publia J’accuse, un pamphlet qui devint célèbre et provoqua un ébranlement du Parlement et du pays tout entier. Acquitté, Dreyfus retrouva son honneur cependant que celui de la France s’entachait indélébilement. Consécutivement à cette affaire qui devint d’Etat, une cassure sociétale du pays menaça ses bases et déclencha de violentes passions, aussi bien dans les chaumières citoyennes que dans les châteaux bureaucratiques des nouveaux nobliaux républicains.  

La révolution de 1789 ayant créé le principe d’une nation constituée par la volonté de ses citoyens égaux en droits et devoirs, celui-ci incluait les Juifs qui pouvaient, dès 1791, accéder à la nationalité française en tant que pleinement citoyens français. Enzo Traverso (Ecrits sur l’histoire des Juifs et de l’antisémitisme) démontra que «L’hostilité a l'égard des Juifs à des racines profondes qui remontent aux origines du christianisme à travers une histoire millénaire, mais l'antisémitisme moderne, né en Europe vers le milieu du XIXe siècle, se définit par opposition à l'émancipation juive…». Mais cette agrégation dans la République représenta pour les juifs beaucoup d’inquiétude. Elle signifiait pour eux de se mêler au monde des chrétiens avec le risque d’abandonner progressivement leurs traditions séculaires et leur sourcilleux respect de la Torah.

Un autre risque que celui de l’influence de la religion Catholique dominante, fut celui des Encyclopédistes éclairés. Inconsciemment ou pas, ces derniers gardaient des traces  d'antisémitisme gréco-romain. Aussi, cette alliance culturelle et cultuelle engendra-t-elle une nouvelle forme d'expression antisémite : les Juifs seraient de moins en moins responsables de la crucifixion de Jésus mais deviendraient coupables de « crimes » bibliques commis au nom du Dieu Créateur ! De plus, les Encyclopédistes considérèrent que la religion israélite, plus ou moins obsolète à leurs yeux, serait un frein au développement du progrès. A partir de ce constat des lumières, la Bible hébraïque sera discréditée et deviendra pour ces censeurs politiquement corrects, une sorte de recueil remplis d’âneries mystiques émaillées d’actes de cruauté fondés sur l’interprétation erronée de œil pour œil, dent pour dent, paroles d’un Dieu cruel et vengeur.

En poursuivant cette de remontée dans le temps, le thème du juif errant me revint à l’esprit. Cette fable imbécile apparut dès le 16e siècle dans quelques estampes, s’auréola de croyances légendaires jusqu’en 1815, date à laquelle elle fut fabriquée à profusion, dans un style d’imageries populaires telles que celles d’Epinal (de 1760 à 1914). Prétendument véridiques, ces tags d’alors et annales anciens illustraient une séquence fictive de Jésus portant sa croix en vacillant sous son poids. Son épuisement physique, ses plaies et sa couronne d’épineux qui ensanglantait son front l’ayant très affaibli, un soldat romain ordonna à un quidam spectateur, cordonnier juif de son état nommé Ahasuérus de lui porter assistance. Simple observateur de la cruelle procession, celui-ci fut horrifié par cet ordre. Paisible cordonnier subitement mandaté de soulager la victime de sa charge, il osa refuser. Une rumeur parcourue la foule, le déclarant coupable pour défaut de pitié et non-assistance à individu juif épuisé, se rendant vers sa mort par crucifixion. Ahasuerus fut mis au ban de l’espèce humaine et condamné à l’errance éternelle ! Dès lors, où qu’il dû se rendre, où qu’il se trouvât de part le monde, il allait devoir, lui, sa postérité et celle de son peuple, errer sans terre ni repos au fil des siècles et des continents jusqu’à la fin des temps…

En écrivant à rebours factuels cette plongée dans le temps, je suis conscient d’énoncer des points de repères simplistes, amplement commentés par divers auteurs et historiens, auxquels je rends hommage. Il m’apparut utile d’étalonner cette sorte d’apnée mémorielle. En 1517, la Réforme Protestante se mit en place.

Martin Luther espérait que les Juifs se rallieraient à sa cause et se convertiraient au Protestantisme. Ce qui n’arriva pas. Concluant que les Juifs avaient -bibliquement- la nuque raide (sic) et un esprit de rébellion, le Moine-Réformateur écrivit un pamphlet venimeux à leur encontre « Les Juifs et leurs mensonges » (Wittenberg, 1543) : «Les Juifs sont des brutes, leurs synagogues sont des porcheries. On devrait les brûler car c’est ce que Moïse ferait s’il revenait dans ce monde… Ce sont des animaux sauvages qui devraient être chassés comme des chiens fous». De même, sa honteuse diatribe protestataire (chrétienne ?) dans ses « Propos de table » : «Si un Juif ne se convertit pas, on doit lui attacher une meule autour du cou et le jeter dans le Rhin». Or, les écrits restent… Quatre siècles plus tard, Hitler les reprit pour justifier l’extermination des juifs. Dans Mein Kampf (livre qu’il écrivit en 1924) : «Donc, je crois que j’agis dans l’esprit du Dieu Tout-Puissant : En me défendant contre les Juifs, je combats pour l’œuvre du Seigneur». La justification religieuse d’une malédiction (chrétienne ?) pouvait se mettre ne place pour ses plus basses œuvres.

Au Moyen-Age, en guise de pénitence, les Juifs ne devaient exercer que des métiers dégradants, tels qu’agent de change ou prêteurs d’or et d’argent. Mais les Chrétiens devinrent jaloux de la richesse que les Juifs parvinrent à réaliser (à leurs dépens ?). De même, les juifs obtinrent des succès dans les sciences, les lettres, la philosophie, les mathématiques, l’astronomie, la médecine ou le travail de recyclage de textiles usagés, ce qui augmentait d’autant la haine populaire pour leur savoir faire manifeste. En 1320, les Pastoureaux tentèrent de relancer une nouvelle Croisade en Terre Sainte. Ils parcoururent la France, pillant, massacrant et provoquant la disparition de plus d’une centaine de communautés israélites, coupables d’être Juives. De même, partout où la peste ou la famine surgissaient, des Juifs furent sacrifiés pour conjurer le fléau, ou encore, accusés d’empoisonner les puits d’eau. En tous lieux, ils furent massacrés par milliers, en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Pologne, en Autriche et en France (notamment brûlés au bûcher, à Strasbourg et à Troyes).

Comment « le peuple de la mémoire » pourrait-il oublier ce qu’il endura d’une Europe christianisée ? Pardonner, peut-être, oublier, jamais…

En ces temps de noirceurs et de cruautés (des XIV et XVème siècles), les classes dominantes et chrétiennes se réjouissaient des massacres de Juifs. Elles se trouvaient débarrassées de rivaux en affaires tout en étant religieusement justifiées par l’Eglise. Celle-ci imposa aux Juifs l’humiliation du port de la rouelle (pièce ronde de tissu) et d’un chapeau pointu. Ils furent enfermés dans des ghettos, quartiers exigus les obligeant à vivre dans des conditions sanitaires effroyables. Coutumièrement, la foule se devait d’insulter les juifs au cours de leur Shabbat, de les persécuter durant la semaine pascale, car moines et prêtres rappelaient perfidement à leurs ouailles que c’était bien les Juifs qui avaient tué Jésus.

Toujours au Moyen-Age, des controverses théologiques étaient organisées en privé. L’Eglise en redoutait les conséquences tant les juifs étaient habiles à objecter leurs arguties, ce qui mettait à mal la foi Catholique. Comme le clergé y participait en tant que juge et partie, les Juifs étaient prudents dans leurs affirmations, mais en définitive, ils étaient toujours perdants et pouvaient encourir la peine de mort (pour l’outrage de dire des vérités ?). Dans la France de 1171, les juifs de Blois furent faussement accusés d’avoir crucifié un enfant chrétien pendant la Pâque Juive et d’avoir jeté son corps dans la Loire. Cette accusation de meurtre rituel reposait sur l’imbécile assertion que les Juifs avaient besoin de sang pour le pain sans levain de leur fête juive de Pessah. Huit siècles durant, cette odieuse accusation causa la mort de milliers de juifs innocents.

Les Juifs vivaient en France depuis plus de mille ans lorsqu’en 1179, Philippe Auguste accéda au trône de France. Quatre mois après avoir pris les rênes du gouvernement, il fit emprisonner tous les Juifs qui vivaient sur ses terres et ne les relâcha qu’après qu’ils eurent payé une lourde rançon. L’année suivante (en 1181) il fit annuler tous les prêts faits aux Chrétiens par des Juifs (tout en prélevant pour lui-même une commission de 20%). Une année plus tard, il confisqua les terrains et bâtiments qui appartenaient aux Juifs et les expulsa de ses terres. Dominique, moine fondateur de l’Ordre des Dominicains, institua le dogme criminel de l’Inquisition, en 1199. Ce système anti hérétiques gagna de nombreuses régions de France et d’Espagne. Son objectif consistait à démasquer les déviances de la saine doctrine catholique par l’usage d’interrogatoires et de tortures. C’est ainsi qu’en Espagne, des milliers de Marranes (juifs forcés d’adhérer au Christianisme) soupçonnés de pratiquer leur Judaïsme en secret furent pendus, brûlés ou battus à mort. Autrement dit, les plus grands ennemis des juifs en Europe étaient les Chrétiens.

En descendant plus profondément le cours des âges, nous arrivons à ce qui trouble et alarme le monde contemporain et l’Occident en particulier, à savoir : l’Islam. Dans son livre «Tristes tropiques», Claude Lévi-Strauss avertissait déjà en 1955 :  «L’intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables ; car s’ils ne cherchent pas toujours de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant incapables de supporter l’existence d’autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l’abri du doute et de l’humiliation consiste dans une «néantisation» d’autrui, considéré comme témoin d’une autre foi et d’une autre conduite». Un an plus tard, André Malraux écrivait avec un certain sens prémonitoire :  «C’est un grand phénomène de notre époque que la violence de la poussée islamique. Sous-estimée par la plupart de nos contemporains, cette montée de l’Islam est analogiquement comparable aux débuts du communisme du temps de Lénine. Les conséquences de ce phénomène sont encore imprévisibles». En 1959, le Général De Gaule se chargera de préciser ces conséquences, le 5 mars 1959 : «C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu'on ne se raconte pas d'histoire ! (…) Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants (…). Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? (…) Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées».

Al-Jihad (le combat pour l’Islam) est une déclaration de guerre pour la propagation de l’Islam. A lui seul, ce Coran représente un véritable manuel de guerre. Quelque 67% du Coran révélé à la Mecque sont consacrés aux mécréants ou à la politique… et 32% à la piété. Au moins 75% de la Sirah (biographie de Mahomet) est consacrée au Jihad. Dans la section du Coran révélée à Médine, 51% concerne les mécréants. Quant aux hadiths (Paroles du Prophètes rapportées par ses disciples), environ 20% de celles de Bukhari ne parlent que du Jihad. Ainsi, un énorme pourcentage appuie la violence guerrière de cette religion de tolérance et paix qui est à présent reconnue comme contestable par la réalité des faits. Sans devoir développer la personnalité de Mahomet, son fondateur historique, l’origine et la rédaction de son Coran, livre décrété inamovible (vu qu’il serait incréé. Sic), donc hors de portée analytique des occidentaux, bien qu’il ait été réécrit et réaménagé plusieurs fois, induisant ainsi qu’il y aurait beaucoup d’aspects à radiographier.

Des milliers de livres, d’articles, d’études et de commentaires parlent du Coran mieux que je ne pourrais le faire, aussi vais-je terminer la troisième partie de cette réflexion par l’idée que Le poète est plus grand que le Politique (mais dans l’Antiquité biblique ce serait plutôt : Le Prophète est plus grand que le Roi). Concernant la problématique de l’Islam originel ou contemporain qui taraude les esprits, je vais me référer à la poésie visionnaire d’un illustre aède nommé Dante Alighiéri, né en 1264 à Florence. Ce brillant intellectuel du monde culturel et politique de son temps (à l’égard du Moyen-Orient et de l’Occident chrétien), jaugeait sans frémir les puissants de son siècle. Il eut mainte fois le loisir de méditer sur la carence morale foncière, les ruses et la cruauté des conquêtes guerrières de l’expansion de l’Islam depuis ses origines en l’an 636. Selon sa vision poético-prophétique, Dante Alighiéri évalua la place que devait occuper Mahomet dans sa Divine Comédie, considérée comme un des chefs-d’œuvre de la littérature universelle. «Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate» (Vous qui entrez, abandonnez toute espérance),proclama-t-il en préambule de sa fascinante vision des neufs cercles de l’enfer qu’il explora en compagnie de son ami le poète Virgile.

Son vortex dantesque devait s’ouvrir sous la ville de Jérusalem… Par ordre décroissant, les neuf cercles de l’enfer s’y enfonçaient dans des profondeurs abyssales. En s’y aventurant à partir du 1er cercle, Dante et Virgile apprirent en particulier que les âmes vertueuses d’avant l’avènement du Christ, y avaient séjourné, jusqu’à ce que Jésus lui-même vint chercher ses premiers sauvés : Adam, le père des hommes,Abel, Noé, Abraham, Moïse, David, Israël et d’autres encore... (En accord avec les Evangiles). Après avoir visité sept autre régions infernales de l’Enfer, Dante évoqua celle du 8ème cercle dans lequel se trouvaient «les trompeurs, adulateurs, simoniaques, devins, sorciers, hypocrites, délateurs, voleurs, mauvais conseillers, diviseurs, semeurs de trouble, prévaricateurs, charlatans, faux prophètes, faussaires, alchimistes, faux monnayeurs, menteurs. Ils sont sans cesse fouettés par des démons et subissent mille tourments, notamment d’être plongés dans une fosse de lie dégoutante et pestilentielle. Nous y rencontrâmes Simon le mage, des Papes cupides, tels Nicolas III, Boniface VIII, Clément V, l’astrologue Bonatti, le voleur Vanni Fucci, Ulysse et Diomède, le politicien Guido de Montefeltro. Quant aux musulmans délirants, poursuivit il,qui n’ont eu de cesse de nous polluer de leur propagande, qu’ils aillent au diable pour y retrouver leur divinité perverse et son sanglant prophète Mahomet, fondateur de l’Islam, condamné à avoir le ventre coupé et les boyaux pendants, pour avoir été semeur de scandale et de schisme».

Dans ce même cercle se trouvait aussi son successeur Ali (ibn Abi Talib fondateur du courant Chiisme), avec son visage atrocement fendu en deux «Vision de poète allumée», diront les intellectuels de la raison relative actuelle. «Singulière prémonition», penseront les spirituels de toutes obédiences. Néanmoins, cette intuition de la transcendance du Jugement de chacun, n’est-elle pas partagée par l’ensemble du genre humain ? Depuis l’âge de la conscience du bien et du mal ? C’est-à-dire, sa chute en Eden.

 


 

 

 

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 20:21
L'Iran n'a aucun droit à la technologie nucléaire

http://www.matthiaskuentzel.de/contents/kategorie/01/


Accepter le ,droit' de l'Iran à l'énergie nucléaire conduit carrément au désastre · 
Matthias Küntzel

La communauté internationale a traité la récente révélation d’une autre usine secrète d’enrichissement d’uranium en Iran tout comme elle avait traité les précédentes violations de Téhéran au Traité pour la non-prolifération de l’armement nucléaire – avec des appels répétés au “dialogue”. La poursuite continue d’une diplomatie infructueuse aux négociations de demain entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, plus l’Allemagne, est basée sur une mauvaise compréhension du droit international, un droit qui a été lancé par les Européens et qui est aujourd’hui, malheureusement, partagé par le président des États-Unis.

“Toute nation – y compris l’Iran – devrait avoir le droit d’accéder à l’énergie nucléaire pacifique,” a déclaré Barack Obama dans son célèbre discours au Caire, “s’il remplit ses obligations dans le cadre du Traité pour la non-prolifération de l’armement nucléaire.”

Le problème est que l’Iran est contraint, par sa propre constitution, de violer le traité. C’est pourquoi, insister pour que le TNP octroie tout de même des droits à l’Iran est non seulement politiquement absurde mais aussi incorrect du point de vue strictement légal.

Le traité à été signé par l’Iran en 1968 conformément à la loi du Shah Mohammed Reza. Il vise, tel que décrit son préambule, à “détendre davantage la tension internationale et à renforcer la confiance entre les états.” Son but est ainsi de stabiliser le système international.

Cependant, la République islamique, souhaite abolir ce monde séculier “satanique” et le remplacer par un système basé sur la charia du droit islamique. “La lutte va se poursuivre”, a promis Ayatollah Khomeini, “jusqu’à ce que les appels ‘Il n’y a de Dieu que Dieu’ et ‘Muhammad est le messager de Dieu’ se fassent entendre partout dans le monde. Le programme atomique fait partie de cette quête révolutionnaire.” La nucléarisation de l’Iran,” a dit le président Mahmoud Ahmadinejad à ses partisans,” est le début d’un changement très important dans le monde.” Il “serait placé au service de ceux qui sont déterminés à confronter les puissances intimidantes et les agresseurs.”

L’opposition aux intentions nobles du traité n’est pas seulement politiquement affirmée mais légalement enchâssée. L’Iran est probablement le seul pays au monde qui a déclaré l’armement général contre les “ennemis d’Allah” comme une condition constitutionnelle. Dans l’Article 151 de la constitution de la République islamique, le verset 8/60 du Coran est cité comme un précepte exécutoire pour la politique du gouvernement: “Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le vôtre, et d’autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci.” Pour des oreilles occidentales, cette référence aux écritures du VIIe siècle peut sembler étrange. Mais les Mollahs sont sérieux. Leur idée d’adapter le Coran au monde moderne est de remplacer “cavalerie équipée” par “usines nucléaires.”

Un État islamiste comme l’Iran peut, par définition, ne pas être considéré comme signataire bona fide au TNP. Les Mollahs, bien qu’opposés à l’objectif général du traité, ne se sont jamais retirés du TNP pour profiter des avantages que le document octroie à ses signataires.

On suppose souvent que le TNP empêche, en fait, l’accès à la bombe. En réalité, les opportunités offertes à des fabricants d’armes nucléaires rêveurs sont immenses. L’Article IV du traité permet aux signataires de produire tous les composants nécessaires pour fabriquer une bombe, et ce, sous le contrôle des Nations Unies, tant qu’ils n’associent pas ces composants pour en faire des explosifs nucléaires. L’importance de cette ambiguïté a été expliquée au mois d’avril 2007 par Hossein Shariatmadari, une confidente du Guide suprême iranien, Ali Khamenei: “Un pays qui a obtenu les connaissances et la technologie pour enrichir de l’uranium n’est qu’à un pas de produire des armes nucléaires. Ce pas [supplémentaire] n’est pas scientifique ou technique, mais une question de décision politique.”

L’Article X du TNP approfondit cette ambiguïté. Un État signataire qui, à la suite des vœux de Barack Obama, “remplit ses obligations conformément au Traité pour la non-prolifération de l’armement nucléaire,” pourrait accumuler les composants essentiels à une arme nucléaire sous le couvert du TNP, puis se retirer légalement du traité en citant simplement des “événements extraordinaires.”

C’est pourquoi, dans les années 90, le président Bill Clinton, ignorant la signature iranienne effacée sur le TNP, a refusé aux Mollahs le droit à toute forme d’énergie nucléaire. Cependant, le 21 octobre 2003, “il y a eu un tournant très important,” comme l’a décrit Hossein Mousavian, négociateur nucléaire iranien haut placé. C’était le jour où les ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne – Jack Straw, Dominique de Villepin et Joschka Fischer – s’étaient rendus à Téhéran, malgré les importantes réserves émises par l’administration de George W. Bush, pour “reconnaître le droit de l’Iran à bénéficier de l’usage pacifique de l’énergie nucléaire conformément au Traité pour la non-prolifération de l’armement nucléaire,” comme l’indique le texte de la déclaration conjointe entre l’Iran et les trois ministres des Affaires étrangères.

Pendant tout ce temps, nous savions déjà que Téhéran violait le régime de surveillance depuis plus de 18 ans en construisant des usines nucléaires secrètes. Néanmoins, le cours des événements contradictoires a continué: plus l’Iran a violé le TNP, plus les concessions de l’Europe et par la suite des États-Unis étaient généreuses, utilisant toujours le traité comme justification. Dans son discours prononcé au Caire, Barack Obama a également officiellement reconnu le droit présumé de l’Iran à l’énergie nucléaire. Même après que l’existence d’une seconde usine d’enrichissement d’uranium a été révélée la semaine dernière, le ton du président Barack Obama est resté conciliant: “Il est temps pour l’Iran d’agir immédiatement pour rétablir la confiance de la communauté internationale en remplissant ses obligations internationales.”

Tant que l’Iran est gouverné par la doctrine d’Ali Khamenei, cette confiance ne peut jamais exister. Les négociations de demain ne feront qu’encourager Téhéran à continuer à feindre la “loyauté.” Le refus de reconnaitre cette réalité pourrait conduire à un compromis dangereux, un compromis qui permettrait l’enrichissement d’uranium iranien tant que Téhéran accepte le contrôle de l’ONU.

Ce serait courir tout droit au désastre. Permettre à un régime théocratique qui rêve d’une guerre religieuse d’obtenir les armes nucléaires est une menace pour l’humanité. Elle ne peut être neutralisée ni par les dispositions du TNP, ni par des sanctions fragmentaires. A l’exception d’une action militaire, la seule option est d’utiliser inconditionnellement le Chapitre VII de la Charte de l’ONU. Afin de faire face aux menaces sur la paix, il suggère, dans l’article 41, “l’interruption, en tout ou partie, des relations économiques et des moyens de communication par voie ferrée, maritime, aérienne, postale, télégraphique, radiophonique et autres, et la rupture des relations diplomatiques.” Le temps du “dialogue comme d’habitude” est révolu.

Matthias Küntzel est l’auteur de “Les allemands et l’Iran : passé et présent d’une amitié destructive,” (Die Deutschen und der Iran: Geschichte und Gegenwart einer verhängnisvollen Freundschaft), parution en Allemagne au mois d’octobre 2009, avec Wolf Jobst Siedler Jr. Belinda Cooper a traduit cet article de l’Allemand

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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 23:03




Identité nationale: Qu’est-ce que c’est que ce pays qui refuse de décréter sa propre disparition? 

26 décembre, 2009

http://jcdurbant.wordpress.com/
Turkish supporter (Paris, juin 2008)On ne crie pas à un somnambule qu’il est en train de marcher sur le toit, il risquerait de se briser la nuque. Radu Stoenescu

 

Aujourd’hui, le concept de diversité change complètement la donne. Tout se passe comme si la seule communauté qui n’avait pas sa place dans notre monde, c’était la communauté nationale: celle-ci devrait se dissoudre au profit des groupes, des minorités, des communautés qui aujourd’hui vivent en France. Alain Finkielkraut

Ma France à moi, elle parle fort, elle vit à bout de rêve. Elle vit en groupe, parle de bled. Elle déteste les règles. Elle sèche les cours, le plus souvent pour ne rien foutre. Le BEP ne permettant pas d’être patron, alors elle se démène et vend de la merde à des bourges. Diam’s

 

Si l’on remplaçait dans les discours le mot islam par celui de judaïsme, ou celui de musulman par le mot juif, l’indignation serait à juste titre générale. (…) Faudra-t-il demain qu’ils rasent les murs comme les juifs du temps de l’affaire Dreyfus ? Faut-il croire que dans la France laïque, il y aurait place pour une sorte de dhimmitude à l’encontre des musulmans ? (…) Après l’étoile jaune, faudra-t-il un jour porter une étoile verte? Jean-François Bouthors

Ma maxime sur cette affaire c’est: les prolétaires n’ont pas de patrie. Il n’y a de politique novatrice, apte à briser les figures inégalitaires, communautaires, qu’à échelle du monde entier. Déjà Marx pensait que le cadre national était obsolète. (…) Il faut penser, aujourd’hui plus que jamais, au-delà de l’Etat-nation. La véritable construction à venir, c’est une vision totalement internationaliste de la figure politique. Et pouvoir construire un internationalisme interne au pays est une chance, non un malheur. (…) Il n’y a pas de « problème immigré » en France, il n’y a pas de « problème musulman », pas plus qu’il n’y avait de « problème juif » dans les années 1930. (…) Les Communards se reconnaissaient dans le drapeau rouge, pas dans le drapeau tricolore, qui était celui des Versaillais, des gens qui ont laissé 20.000 morts ouvriers sur le carreau.(…)

Ma position ne remet aucunement en question l’existence de l’Etat d’Israël – bien au contraire. Deux éléments ont conduit à cette situation de Guerre de Cent Ans à laquelle on assiste. L’« exportation » de cette question par les Européens après la guerre, façon commode de s’en laver les mains, combinée à la tension que devait fatalement produire l’introduction du prédicat identitaire juif dans la constitution même de cet Etat. Comment s’en sortir désormais ? Eh bien je me demande simplement si le maintien de cette assignation identitaire n’est pas plus périlleux aujourd’hui pour les Juifs que la création de cette Palestine binationale pour laquelle je milite depuis longtemps, et qu’Hannah Arendt appelait déjà de ses vœux. A. Badiou

A l’heure où nos pauvres émirs du pétrole ne se sentent même plus en sécurité dans la propre cité de Calvin …

Et où, en pleine commémoration de l’opération militaire israélienne à Gaza nos soeurs et frères de la Révolution mondiale sont agressés dans leurs valeurs les plus chères jusque sur leur propre territoire par les incitations à la débauche occidentales …

Contre la criminelle “introduction du prédicat identitaire” français dans la constitution même de notre Etat et le scandaleux et périlleux “maintien de cette assignation identitaire” …

Contre les risques proprement totalitaires que ceux-ci représentent pour notre société (camps de concentration, persécutions policières, filtrage constant, déportation, étoile verte) …

Contre “l’unanimisme marchand et la commercialisation universelle” …

Nous demandons avec les forces de gauche de notre pays et comme pour l’Etat d’Israël …

- la dissolution immédiate de l’Etat français (et ses résonances Vichystes – à remplacer éventuellement, en hommage à nos frères engagés dans la Révolution mondiale du côté de l’Hindu Kush, par…Frankistan?)

- le retrait tout aussi immédiat, comme pour l’Italie et pour arrêter d’offenser les pauvres prolétaires parmi nous, des crucifix dans les écoles dites libres comme des croix des 45 000 églises (avant leur destruction) et des cimetières

- la suppression du drapeau tricolore et son remplacement par le drapeau rouge de la Révolution avec option faucille et marteau sans oublier à la turque le croissant pour nos dominés (avant bien entendu l’interdiction des croix sur les drpeaux de nos voisins européens, britanniques, comme suisses ou scandinaves)…

- la fin de toute fête à caractère chrétien et des décorations qui vont avec comme Noël, Pâques ou même les dimanches comme la disparition progressive de nos bibliothèques et librairies des Bibles et autres ouvrages dits sacrés …

- la hallalisation définitive des cantines de nos écoles, suppression comprise du poisson vénusien (ie. du vendredi) …

- et enfin la création d’un Etat binational français-islamique où la loi des plus faibles serait enfin systématiquement appliquée…

A savoir dans le cas précis, la charia avec voile ou burqa de rigueurpour les femmes …

Finkielkraut-Badiou: le face-à-face
Aude Lancelin
Le Nouvel Observateur
17/12/2009

Réunis pour la première fois dans la presse, l’auteur d’«Eloge de l’amour» [1] et celui d’«Un coeur intelligent» [2], débattent de l’identité nationale, de la politique sarkozyste et d’Israël. Un affrontement idéologique d’une rare violence, qui a été arbitré au «Nouvel Observateur» par Aude Lancelin, et dont voici le verbatim intégral

Né en 1949 à Paris, Alain Finkielkraut, philosophe et enseignant à Polytechnique, est l’auteur de «la Défaite de la pensée» (Gallimard) et d’«Un cœur intelligent» (Stock/Flammarion). Né en 1937 à Rabat, Alain Badiou, philosophe et professeur à l’ENS de la rue d’Ulm, est l’auteur de «l’Etre et l’Evénement» (Seuil) et «Eloge de l’amour» (Flammarion).

Le Nouvel Observateur. – Un débat sur «l’identité nationale» [3] a été imposé au pays pour des raisons largement électorales. Maintenant que de façon assez prévisible il dérape, comment y faire face ?

Alain Finkielkraut. – Je ne sais si le débat est opportun mais l’inquiétude est légitime. Dans sa fameuse conférence de 1882, Renan commence par écarter toute définition raciale de la nation. « L’histoire humaine diffère essentiellement de la zoologie », dit-il, et il définit la nation comme un principe spirituel, comme une âme (il ne faut pas avoir peur de ce mot), composée de deux éléments : un riche legs de souvenirs, un héritage de gloire et de regrets à partager d’une part, et de l’autre, le consentement actuel, le désir de continuer la vie commune. Or la France est aujourd’hui le théâtre d’une double crise : de l’héritage et du consentement. L’exécration de la France est à l’ordre du jour dans une fraction non négligeable des nouvelles populations françaises. Il faut vivre à l’abri du réel pour considérer que cette francophobie militante est une réponse au racisme d’Etat ou à la stigmatisation de l’étranger.

Quant à l’héritage, l’école, depuis quarante ans, travaille avec ardeur à sa dilapidation. De plus en plus de Français, élites comprises, sont aujourd’hui étrangers à leur langue, à leur littérature, à leur histoire, à leurs paysages. C’est parce que la civilisation française est peut-être en train de disparaître que cette question de l’identité nationale intéresse tant de monde alors que personne n’est dupe de la manœuvre électorale. Ce qu’on peut reprocher au gouvernement ce n’est pas de s’occuper de l’identité nationale, c’est de s’en décharger sur un débat. J’aurais préféré une vraie politique de la transmission de l’héritage.

N.O. – Les actes du gouvernement Sarkozy vont pourtant en sens inverse de son discours sur l’héritage : voyez par exemple cette volonté de supprimer l’enseignement de l’histoire dans les terminales S [4]…

A. Finkielkraut. – C’est une contradiction. Entre Richard Descoings et Marc Bloch il faut choisir. Mais une refondation de l’école dans ce sens (recentrage autour de la culture et rétablissement de l’exigence) jetterait dans la rue collégiens, lycéens, syndicats d’enseignants et fédérations de parents d’élèves. L’inculture pour tous est une conquête démocratique sur laquelle il sera très difficile de revenir.

Alain Badiou. – Une discussion organisée par le gouvernement sur « l’identité française » ne peut qu’être la recherche de critères administratifs sur « qui est un bon Français qui ne l’est pas ». Les sérieux juristes du gouvernement Pétain avaient bien travaillé dans ce sens ! Ils avaient montré, avec une science bien calme, que les Juifs et autres métèques n’étaient pas des bons Français… On peut donc, on doit, être très inquiet de l’initiative Sarkozy-Besson. Quand l’Etat commence à se soucier d’une légitimité identitaire, on est dans la réaction la plus noire, l’expérience historique le montre. Cette initiative est donc non seulement stupide et incohérente, comme on le voit tous les jours, mais elle s’inscrit aussi dans ce que j’ai appelé le « pétainisme transcendantal » du gouvernement Sarkozy.

Dès que les considérations identitaires sont injectées dans la politique, dans le pouvoir d’Etat, on est dans une logique qu’il faut bien appeler néo-fasciste. Car une définition identitaire de la population se heurte à ceci que toute population, dans le monde contemporain, étant composite, hétérogène et multiforme, la seule réalité de cette identification va être négative. On ne parviendra nullement à identifier ce qu’est la « civilisation française », entité dont j’ignore ce qu’elle signifie, on va juste clairement désigner ceux qui n’en sont pas.

Il y a dans notre pays des millions de gens qui sont ici parfois depuis des décennies, qui ont construit nos routes, nos ponts, nos maisons, qui vivent dans des conditions déplorables, qui ont fait tout ça pour des salaires de misère, et que les gouvernements successifs, depuis trente ans, accablent de lois persécutrices, expulsent, enferment dans des zones de non-droit, contrôlent, empêchent de vivre ici avec leurs familles… Or on sait d’avance que ce sont ces gens qu’on va désigner comme n’étant pas vraiment français. Cette vision politique, est absolument répugnante, et je pèse mes mots.

D’autre part je suis très frappé de voir que les catégories utilisées par Alain Finkielkraut sont celles, très traditionnelles, de la réaction. L’héritage du passé et le consentement, voilà des catégories totalement passives dont l’unique logique est l’impératif « famille, patrie ». Il s’agit d’un portrait de l’identité française réactif et conservateur. L’héritage de la France c’est un héritage que je suis prêt à assumer quand il s’agit de la Révolution française, de la Commune, de l’universalisme du 18ème siècle, de la Résistance ou de Mai 68. Mais c’est un héritage que je rejette catégoriquement quand il s’agit, de la Restauration, des Versaillais, des doctrines coloniales et racistes, de Pétain ou de Sarkozy. Il n’y a pas « un » héritage français. Il y a une division constitutive de cet héritage entre ce qui est recevable du point de vue d’un universalisme minimal, et ce qui doit être rejeté précisément parce que ça renvoie en France à l’extrême férocité des classes possédantes et à l’accaparement par une oligarchie d’affairistes, de politiciens, de militaires et de serviteurs médiatiques du motif de « l’identité nationale ».

On parle toujours, notamment Alain Finkielkraut, du sang que les autres, les « totalitaires », comme il dit, ont sur les mains. Mais « l’identité nationale » a donné en la matière les plus formidables exemples. Pour trouver une boucherie aussi dépourvue de tout sens et atroce que celle de 14-18, il faut se lever de bonne heure. Or elle était strictement articulée sur l’identité nationale, c’est ça qui a fait marcher les gens. Il est très clair que l’identité nationale, référée à une mémoire non divisée et à un consentement héréditaire et familial, n’est que le retour aux catégories fatiguées de la tradition, et ne prépare que la guerre, intérieure contre les « mauvais français », extérieure contre « les autres ». Le débat d’opinion est aujourd’hui entre deux orientations désastreuses : d’un côté l’unanimisme marchand et la commercialisation universelle et de l’autre côté, la crispation identitaire, qui constitue contre cette mondialisation un barrage réactionnaire, et qui plus est totalement inefficace.

A. Finkielkraut. – Il est vrai qu’on peut avoir une conception raciale et déterministe de cette identité, en faire un caractère fixe et biologiquement transmissible, mais c’est précisément contre cette idée que le président de la République a construit son discours de La Chapelle-en-Vercors. Il y a débat a-t-il dit, mais la race est hors débat : « On est Français parce qu’on ne se reconnaît pas dans une race parce qu’on ne va pas se laisser enfermer dans une origine et pas davantage dans une religion. » Il est légitime et même nécessaire de pointer la contradiction entre le désir affiché de transmettre l’identité et une politique de la dilapidation de l’héritage.

Mais pourquoi cette surdité ? Pourquoi dénoncer comme raciste un discours aussi ostensiblement antiracial ? Parce que, aux yeux de l’antiracisme et de l’antifascisme dominant, c’est l’identité elle-même qui, quelle qu’en soit la définition, est « nauséabonde » ou « répugnante », pour reprendre le mot d’Alain Badiou. La tâche qui s’impose donc à nous, c’est la résiliation de tout prédicat identitaire. C’est la désaffiliation. Pour être nous-mêmes, c’est-à-dire fidèles à notre vocation universelle, il faudrait effacer tous nos signes particuliers. Pour n’exclure personne, il faudrait faire le vide en soi, se dépouiller de toute consistance, n’être rien d’autre, au bout du compte, que le geste même de l’ouverture.

N. O. – Il y a les mots du président de la République, qui sont ceux d’un chef de parti en campagne, et puis il y a la réalité du débat, où clairement des suspects sont désignés et vous savez bien lesquels…

A. Finkielkraut. – C’est avoir, comme disait Koestler des communistes, « des yeux pour voir et un esprit conditionné pour éliminer ce qu’il voit » que de tenir pour nulles et non avenues, par exemple, les manifestations qui ont célébré la victoire de l’Algérie sur l’Egypte huit ans après les sifflets du match France/Algérie. Je rappelle tout de même que le regroupement familial a été instauré en 1974. Ce qui me gêne beaucoup dans cet hyperbolisme c’est qu’il ne fait plus la différence entre Marc Bloch et Pétain, entre Simone Weil et Drumont, entre Bernanos et Brasillach, entre de Gaulle, obsédé de l’identité nationale, et Hitler. La plupart des résistants se sont référés à l’héritage national indivis pour justifier leur résistance, et qu’a dit Simone Weil ? Qu’il n’y a pas de plus hideux spectacle qu’un peuple qui n’est tenu par rien, par aucune fidélité.

A. Badiou. – Fidélité à quoi ?

A. Finkielkraut. – Au sacre de Reims, à la Fête de la Fédération…

A. Badiou. – Mais oui, mais oui, mais attention… Il y a énormément de gens dans ce pays qui sont fidèles à bien d’autres choses et d’abord à la transmission de leur patrimoine par héritage et cela depuis le fin fond des temps. Ils sont fidèles aux séquences de l’Histoire où les forces populaires ont été désorganisées. Dans la Résistance elle-même, ils passent volontiers sous silence le caractère en définitive déterminant, qu’on le veuille ou non, des forces armées communistes. Pris isolément, «héritage» ou «fidélité» ne veulent rien dire. Il s’agit de dire : héritage de qui ? Fidélité à quoi ? Vous supposez en fait, et c’est pourquoi votre démarche est absolument tautologique, que le problème de l’identité a déjà été résolu. C’est à cette identité unifiée, mais inexistante que vous déclarez qu’il faut être fidèle. Moi je suis d’une fidélité aussi exemplaire que possible à la France révolutionnaire, à son universalité paradigmatique. A la constitution de 1793 qui disait que quand un homme, n’importe où dans le monde, accueillait et élevait un orphelin, eh bien par là même il acquerrait la nationalité française.

Une identité de ce genre, immédiatement transmissible de façon universelle, j’en veux bien. Mais je ne connais pas d’exemple où l’inclusion dans la conception de l’Etat d’une figure identitaire puisse être considérée comme progressiste, en aucun sens. La question de l’engagement dans la Résistance outrepassait de beaucoup, et vous le savez très bien, la question de la libération du territoire national, et n’avait nul rapport à une « identité ». Les groupes armés résistants les plus actifs en France étaient composés de communistes venus de toute l’Europe, et que Pétain, au nom de l’identité française, accusait de traîtrise, ce qui est un comble ! Lorsque Aragon écrit : « mon Parti m’a rendu les couleurs de la France », il faut insister sur les deux aspects, la France sans doute, mais le Parti, qui est pour lui le nom de la vision internationaliste et communiste.

A. Finkielkraut. – Si un inventaire doit être établi, il faut commencer par faire aussi celui du communisme… A criminaliser ou à déconstruire violemment le désir que se perpétue la civilisation française, on ne fait qu’épouser le processus actuel qui nous conduit en effet à la world music, la world cuisine, la civilisation planétaire, le village global. C’est aller un peu loin que de qualifier de « résistance » à Sarkozy cette reddition au processus qui nous emporte.

N.O. – Mais le sarkozysme ne participe-t-il pas lui-même de ce processus ?

A. Finkielkraut. – C’est bien ce que je lui reproche.

A. Badiou. – Vos catégories philosophiques et politiques vous rendent prisonnier d’une conception extraordinairement étroite de la question. Vous êtes pris entre d’un côté le consentement à la marchandisation universelle, la dilution de tout dans le village planétaire, et de l’autre une théorie de l’identité qui serait le seul et unique appui contre ça. C’est exactement comme si Marx avait dit, en 1848, que la seule alternative était : ou le capitalisme mondial ou le nationalisme français. Mais justement, Marx, il y a tout de même un siècle et demi, a défini une figure de l’internationalisme politique qui n’est réductible ni à l’un ni à l’autre. Or c’est ça notre problème aujourd’hui.

Notre problème aujourd’hui n’est pas de nous crisper sur de prétendues « identités » qu’on tire de la tradition et qu’on croit devoir restaurer pour organiser une résistance fantomatique à la puissance gigantesque de la marchandisation universelle. Le problème c’est de trouver une voie qui ne soit ni la souveraineté du capital et de sa phraséologie «démocratique», ni la construction forcenée d’ennemis intérieurs supposés saper notre «identité». Et là, nous sommes adossés à la seule tradition qui se soit constituée ainsi, qui ait refusé de se laisser embrigader au XIXème siècle par le nationalisme pur et dur, à savoir la tradition internationaliste révolutionnaire. C’est la seule. C’est du reste pourquoi elle a constitué partout, et singulièrement en France, le noyau dur de la résistance au fascisme identitaire.

N. O. – Pensez-vous en effet, comme vous le prête Alain Badiou, que l’assignation identitaire est le seul levier dont nous disposions pour résister à cette unification planétaire marchande que vous aussi dénoncez à votre façon ?

A. Finkielkraut. – Je déplore la perte des choses, mais il n’y a pas que la civilisation française qui risque d’être perdue. Je suis sensible aussi à la dévastation de la terre, au progrès de la laideur, à la destruction de la faculté d’attention, à la disparition du silence, à l’entrée dans l’âge technique de la liquéfaction de tout. Et précisément il me semble que pour faire face à ce désastre, nous ne pouvons pas nous contenter d’une politique de la libération. Nous avons besoin aussi d’une politique de la responsabilité. Ce qui me gêne dans l’idée qu’Alain Badiou se fait de la politique c’est qu’il n’y a aucune place pour la gratitude, la fidélité, et pour ce qu’Hannah Arendt appelle l’amour du monde. Voilà dans quel horizon philosophique et existentiel je me situe, et d’une manière plus générale encore, je suis frappé par la pauvreté critique de la critique de la domination.

N. O. – Vous pensez à quoi ? A quel courant, à quelle pensée au juste ?

A. Finkielkraut. – A tous. Au schéma qui divise le monde en dominants et en dominés. Et qui est si solidement ancré que personne ne proteste quand une décision de la Cour Européenne demande aux écoles italiennes de retirer leurs crucifix, alors que la décision suisse de ne plus construire de minarets est qualifiée de honteuse par une presse quasi unanime. Les crucifix aujourd’hui, même désactivés (l’école publique en Italie est laïque), sont perçus comme les insignes de la domination et les minarets voire les burqas, comme les emblèmes des dominés, des exclus, des réfractaires.Nous sommes constamment renvoyés à ce grand partage.

A. Badiou. – Ces questions sont insignifiantes, c’est ça ma conviction. Moi je suis sur ces questions un nietzschéen rigoureux. Dieu est mort, et depuis longtemps. Donc il faut partir de l’idée que quand on est face à de phénomènes dits de civilisation ou de religion, ils dissimulent autre chose que leur qualité apparente. Qu’est-ce qui se tient vraiment là-derrière ? On ne voit pas de nouvelles figures mystiques, des penseurs religieux profonds, une théologie novatrice, etc. On ne voit rien de ce genre. On voit des agitateurs organisés, des attentats anonymes, des phraséologies tout à fait stéréotypées. Alors quelle est la figure politique qui se dissimule derrière cette phraséologie de l’islamisme radical ? En tout cas, pour ce qui est d’être identitaire, elle l’est ! Et vous voudriez l’imiter, vous voudriez lui opposer une défense quasi désespérée de la « civilisation occidentale », ou de l’« identité française », investie et menacée par les barbares…

A. Finkielkraut. – Ah non, non !

A. Badiou. – Mais si, mais si… N’esquivez pas les conséquences de vos propos identitaires ! Quand vous voyez des jeunes hurler en faveur de l’Algérie, ce sont à votre avis des barbares anti-français. A mon avis ils ne le sont pas plus que ne l’étaient les supporters du club de rugby de Tyrosse dans les Landes quand, il y a cinquante ans, ils hurlaient contre les supporters du Racing de Paris. C’est l’imaginaire assez miteux du conflit identitaire, dont le sport est un exutoire bien connu. Une dernière vague d’immigration reste toujours solidaire de son passé, c’est normal. Déjà au XIXème siècle, on accusait les prolétaires de Paris, avant de vouloir les chasser en juin 48 et de les massacrer, d’être des analphabètes auvergnats, ce n’est pas nouveau tout ça. Dans mon enfance, à Toulouse, on disait en ricanant que les réfugiés de la guerre civile espagnole mettaient le charbon de chauffage dans leur baignoire. Il est consternant de vous voir faire la même chose !

La prolétarisation générale du monde s’est étendue au-delà de notre continent, c’est le seul phénomène nouveau. Après l’auvergnat, après l’italien et le polonais, nous avons le sri-lankais ou le malien. Et vous croyez que c’est là que doit être le problème de la pensée «française» ? Entre nous, alors que le monde est aujourd’hui partout aux mains d’oligarchies financières et médiatiques extrêmement étroites qui imposent un modèle rigide de développement, qui font cela au prix de crises et de guerres incessantes, considérer que dans ce monde-là, le problème c’est de savoir si les filles doivent ou non se mettre un foulard sur la tête, me paraît proprement extravagant. Et j’y vois donc un mauvais signe. C’est le début d’une stigmatisation rampante visant une minorité déterminée. Et prenez garde que cette stigmatisation, sous prétexte d’identité nationale, sous prétexte de valeurs à conserver etc., se répande ensuite dans la population sous des formes incontrôlables.Le vote de millions de Suisses abrutis contre les minarets n’est qu’un épisode de cette dérive, et vous en êtes responsable. Il est clair que les intellectuels et les « féministes » qui ont fait du foin sur le foulard il y a 20 ans sont responsables des phénomènes de minaret maintenant, et demain de bien pire encore. Vous voulez une éthique de la responsabilité ? Eh bien assumez-la !Les intellectuels sont ceux qui ont lancé cette affaire…

A. Finkielkraut. – Régis Debray, Elisabeth de Fontenay, Elisabeth Badinter, Catherine Kintzler et moi…

A. Badiou. – La liste est incomplète, mais exacte. Eh bien c’est une lourde responsabilité. J’ai aussi des amies de longue date qui se réjouissaient que les Américains bombardent Kaboul parce que c’était pour la libération des femmes. C’est choses-là, n’est-ce pas, vous pouvez vous amuser à les lancer localement, comme des coquetteries identitaires, mais elles cheminent ensuite, elles s’emparent des populations, elles deviennent un point de vue grossier et sommaire selon lequel nous sommes très bien et ces gens-là très mauvais. Et on va les décrire dans ces termes de façon de plus en plus systématique. Et des lois vont être votées, année après année, d’orientation de plus en plus ségrégatives et discriminatoires. Dans toutes ces histoires civilisationnelles est mise en route une machine d’introduction de l’identitaire dans la politique que vous ne contrôlerez certainement pas. D’autres le feront.

A. Finkielkraut. – On voudrait nous faire croire aujourd’hui que les Français sont en proie à la haine de l’autre, au rejet de l’autre… Je rappelle quand même que l’école n’exclut personne, elle exclut le foulard, ce qui est tout à fait différent. Je rappelle que si peur il y a aujourd’hui ce n’est pas la peur de l’étranger, c’est la peur de la haine dont certains immigrés ou enfants d’immigrés sont porteurs et qui n’a pas de précédent dans les vagues d’immigration antérieures. A cette haine, il ne s’agit pas de répondre par la stigmatisation, mais de dire qu’il y a, en France, des règles, des valeurs et des traditions qui ne sont pas négociables. La beauté du monde, c’est aussi sa diversité. Les ultra libéraux veulent un monde fluide, dépourvu de significations particulières et de communautés politiques, et que la France ne soit rien d’autre qu’une salle des pas perdus, un rassemblement aléatoire d’individus affairés – mais nous, le voulons-nous ? Voulons-nous que la circulation soit le dernier mot de l’être, et son dernier soupir ? Voilà. C’est tout ce que j’essaie de dire.

N.O. – On connaît le précepte augustinien : « à Rome fais comme les Romains ». Mais justement ces gens-là, les gens des « quartiers », ils ne vivent pas à Rome. Très concrètement ils vivent dans des zones de relégation complète, et leur accès à la citoyenneté française reste donc largement théorique…

A. Finkielkraut. – D’abord les choses ne sont jamais aussi simples. Les phénomènes de substitution démographique ne sont pas dus, malgré ce que certains voudraient nous faire croire, à la stigmatisation de l’étranger. Si à Bobigny vous avez besoin de prendre votre voiture pour trouver une boucherie qui ne soit pas hallal, vous déménagez. Voilà la situation. Deuxième réponse : pour vous, Alain Badiou, il n’y a de politique légitime qu’à travers l’affirmation d’égalité. Mais on doit ajouter autre chose, et là l’idée d’héritage commence à prendre forme, nous sommes les héritiers de la galanterie c’est-à-dire d’un certain régime de la coexistence des sexes fondé sur la mixité. Or le voile réduit les femmes à l’état d’objet sexuel. En arabe algérien, on dit qu’une femme dévoilée est nue. Lubrique ou cachée : telle est donc l’alternative. Elle est, pour notre civilisation en tout cas, obscène.

A. Badiou. – Salle des pas perdus pour salle des pas perdus, il faut quand même bien voir que votre affaire laisse en liberté une féroce oligarchie de prédateurs qui est la maîtresse de cette salle des pas perdus. J’aimerais que dans votre discours on s’en prenne d’abord à elle, responsable concentrée et globale de tout ce qui se passe, plutôt qu’au paysan qui vient d’arriver parce qu’il lui est impossible de faire vivre sa famille chez lui, et que donc c’est à la fois une nécessité et un devoir, pour lui, d’aller là il peut trouver les moyens d’exister, comme l’ont fait avant lui les millions de paysans français qui ont quitté leur terre pour aller en ville. Un prolétaire, en somme, j’aime ce vieux mot. Il faut quand même une hiérarchie des importances !

Il est quand même plus important de s’en prendre au noyau du pouvoir actuel que de passer son temps à s’en prendre aux prolétaires, sous le prétexte réactionnaire typique que, venus d’ailleurs, ils ont encore en eux les attributs de cette altérité. Vu la manière dont on les traite, qu’ils ne soient pas pétris d’amour pour ce pays, c’est assez compréhensible. Moi-même je veux bien aimer la France mais dans ce qu’elle a d’aimable. Les formes actuelles du pouvoir en France, celles qui règlent son devenir de nation aujourd’hui, je les hais aussi.

Quand vous dites qu’ils nous haïssent ces gens-là… Ils haïssent qui, quoi ? Ils ne haïssent pas la France, c’est tout à fait faux, croyez-moi. J’ai fait de la politique avec eux, pendant des décennies. J’aurais plutôt tendance à croire qu’ils sont les derniers patriotes véritables : il croient encore à la France démocratique et révolutionnaire, ils sont encore étonnés et meurtris qu’on les persécute. Au fond, ils sont patriotes parce que, Alain Finkielkraut, ils espèrent que l’actuel discours identitaire et hostile ne représente pas ce qu’est vraiment la France. Ils haïssent uniquement dans la France ce qu’ils perçoivent comme des protocoles de stigmatisation. C’est la France telle qu’elle apparaît dans votre discours fermé et identitaire qu’ils n’aiment pas. Il faut dire que cette France n’a pas bonne mine, ni aujourd’hui ni autrefois.

A. Finkielkraut. – Sur la question de la haine, il y a peut-être un vrai clivage entre nous. Dans une conférence de 1945, Camus parlant de l’amitié française disait : le nazisme nous a contraints à la haine, il importe maintenant de triompher de la haine, et de ne laisser jamais la critique rejoindre l’insulte. Il appelait cela : refaire notre mentalité politique. Sartre a pris la décision contraire. Il a voulu prolonger le climat exceptionnel de la résistance en faisant de la politique la continuation de la guerre absolue, et il a donc écrit : «Toute la valeur qu’un opprimé peut avoir à ses propres yeux, il la met dans la haine qu’il porte à d’autres hommes.» Camus est célébré aujourd’hui, mais c’est Sartre qui rafle la mise. La reductio ad hitlerum fonctionne à plein régime.

Quand vous comparez Sarkozy à Pétain, je vois là, Alain Badiou, un double bénéfice intellectuel et psychologique. Dans ce cadre, tout est simple. On n’a jamais affaire à des dilemmes ou à des problèmes, on ignore les conflits de devoirs, on pantoufle dans l’indignation car on ne rencontre que des scélérats. « Une oligarchie féroce » dites-vous, mais qui pratique quand même l’impôt progressif sur le revenu et qui oblige les plus riches à donner cinquante pour cent de ce qu’ils gagnent.

A. Badiou. – Rappelez un peu l’histoire de cet impôt… et les batailles populaires insensées qui l’ont imposé ! Les gens qui se sont battus pour l’imposer se sont battus contre des ennemis. Vous ne pouvez pas absenter la catégorie d’ennemi. Vous ne le pouvez pas. Et vous ne pouvez pas vous tromper d’ennemi aussi : ce sont plutôt Sarkozy et ses complices que les jeunes des banlieues.

A. Finkielkraut. -Les jeunes de banlieue ne sont pas mes ennemis. Ils ne l’ont jamais été, Alain Badiou, je vous le jure. Quand je dis qu’il faut fixer les règles, je crois au contraire que je leur tends la main, et c’est, au contraire, les abandonner à leur marasme que de leur tendre un miroir flatteur et gratifiant.

A. Badiou. – Ils sont bien avancés avec votre main tendue… Le destin positif et universel de ces jeunes, ce serait de s’organiser dans la visée de la destruction de l’ordre établi : ça, ce serait une issue sublimée et positive. Vous leur proposez juste de devenir des toutous aux ordres de la société.

A. Finkielkraut. – C’est votre poing levé qui les condamne. Et j’en viens au bénéfice psychologique de l’analogie perpétuelle avec les années noires. Si Sarkozy c’est Pétain, alors vous êtes un résistant. Je vous invite, vous et la gauche intellectuelle qui, sous votre égide, devient complètement mégalomane, à cesser de vous raconter des histoires. Sarkozy n’est pas un chef, c’est une cible. L’insulte au Président de la République est devenue l’exercice le plus courant, le plus grégaire, sur le net et dans les médias. Quand le pouvoir politique était fort, il y avait un conformisme de l’obséquiosité, aujourd’hui, ce pouvoir est faible et il y a un conformisme du sarcasme.

A. Badiou. -Vous avez un axiome fondamental qui est de type consensuel. Vivre ensemble. Vous faites comme si on était dans des conditions où il ne devrait pas y avoir d’ennemi véritable, où on devrait nécessairement avoir des rapports de respect avec le sommet de la République. Vous décrivez une scène politique virtuelle qui n’a aucun rapport avec la scène réelle. Dans la vraie scène, il y a des ennemis, des accapareurs du pouvoir, des inégalités monstrueuses, toute une couche de la population qui se voit discriminée dans la loi elle-même. Il y a des règles contrairement à ce que vous dites, mais des règles unilatérales. Et dans cette situation là, vous semblez considérer que ce qui doit requérir l’attention d’un philosophe c’est l’enthousiasme provincial, comme on le connaît dans le sport, d’une deuxième génération d’immigrés algériens pour la victoire de leur équipe d’origine. Vous ne parlez que de problèmes insignifiants et vous en parlez de manière d’autant plus dangereuse que vous investissez dans ces problèmes une sorte d’affect totalement excessif. Je souhaiterais que cet affect surnuméraire vous l’investissiez en direction des ennemis véritables.

A. Finkielkraut. – La mise en cause des programmes d’enseignement n’est pas un phénomène insignifiant. Je crois aussi que les agressions répétées dont les professeurs sont victimes, ce n’est pas un phénomène insignifiant. Pas plus que le mépris de ces professeurs parce qu’ils ne gagnent que 1.500 euros par mois. Nous ne faisons donc pas la même évaluation des choses. Mais je ne plaide absolument pas pour le consensus, je milite contre la mégalomanie résistancielle, et pour un dissensus civilisé. La question que je me pose en vous écoutant et en vous lisant, Alain Badiou, c’est : y a-t-il une place pour un adversaire légitime ? Dans le moment de la lutte, l’adversaire n’est pas légitime, c’est un scélérat il doit être combattu et anéanti. Et une fois qu’il a été anéanti ? C’est l’idylle à perpétuité. La politique communiste est cruelle et son utopie est kitsch. A l’idéal grec de l’amitié, c’est-à-dire du dialogue sur le monde, elle substitue la fraternité, c’est-à-dire la transparence des cœurs, la fusion des consciences.

A. Badiou. – Non, ça c’est une blague…

N. O. – Vous avez souvent dit, Alain Badiou, que ce pouvoir devait être abattu par la rue plutôt que par les urnes. Ces jeunes issus de l’immigration, vous semblez en faire la pointe avancée du mouvement émancipateur que vous prônez, de même que vous militez pour une réhabilitation de l’hypothèse communiste. Un autre point qui vous oppose radicalement à Alain Finkielkraut, qui lui redoute un oubli des leçons du XXème siècle, un reflux de l’antitotalitarisme…

A. Badiou. – Je considère les dirigeants actuels comme Marx les considérait en 1848 : ce sont les « fondés de pouvoir du capital ». C’est ce qu’ils sont redevenus de façon de plus en plus insistante depuis les années 80, aidés en cela par la contre-révolution idéologique à laquelle Alain Finkielkraut a activement participé avec d’autres. Et qui a consisté : 1/ à discréditer toutes les formes de l’hypothèse communiste. 2/ à relégitimer la démocratie parlementaire comme horizon indépassable de la politique.

Ma position, la voici. Je suis capable, comme tout le monde, de tirer le bilan désastreux des communismes étatiques du XXème siècle. Mieux que vous d’ailleurs, Alain Finkielkraut, car j’en connais les détails les plus terribles, et que la question du communisme est intimement ma question. Mais ce n’est aucunement une raison de tolérer le train des choses tel qu’il est. Il y a donc des ennemis, auxquels je ne confère pas de légitimité. Par conséquent il faut construire une force idéologique, politique, dont la nature est pour l’heure totalement indistincte. Cette force sera en tout cas nécessairement internationale. Comme Marx l’avait parfaitement vu d’ailleurs. La violence capitaliste et impérialiste a accouché de ceci, qu’il y a un seul monde. La provenance des individus est finalement beaucoup moins déterminante que le choix des valeurs qu’ils vont faire, le choix de leurs organisations, leurs visions. L’émancipation, son noyau fondamental, suppose l’égalité et donc la lutte contre l’emprise sociale totale de la propriété privée.

Moi aussi je propose à ces « jeunes » finalement une forme de règle : la règle de la discipline politique. La discipline politique des plus pauvres, des démunis, on en est aujourd’hui encore très loin hélas. La construction d’une nouvelle discipline c’est le problème de notre époque. Et ça ne passera pas par l’école, ni par aucune des institutions de l’Etat. L’école elle est foutue, comme du reste l’essentiel de l’héritage de la IIIème et de la IVème République. Tout doit se faire à grande échelle en dehors de ces débris, auxquels vous attache une mélancolie de plus en plus crispée.

A. Finkielkraut. – En effet moi j’ai essayé de tirer toutes les leçons de l’expérience totalitaire. Le philosophe polonais L. Kolakowski m’y a aidé. «Le trait essentiel du stalinisme consistait à imposer à la réalité humaine le schéma de l’unique alternative dans tous les domaines de la vie.» Il faut sortir de cela. Le monde de Badiou c’est deux camps, deux blocs, deux forces. Et puis «un», une fois la victoire obtenue. Jamais il n’y a place pour la pluralité dans cette vision prétendument progressiste du monde.

A.Badiou. – Moi dont l’œuvre philosophique entière consiste à élaborer une ontologie du multiple, moi dont un des énoncés essentiels est «l’Un n’est pas», il faudrait tout de même que je sois vraiment inconséquent pour penser contre la pluralité ! C’est vous qui n’en voulez pas, de la pluralité, car elle vous épouvante…

A. Finkielkraut. – Je ne suis pas ce que votre schéma voudrait me faire être à savoir un défenseur de l’état des choses. Je vois ce monde se transformer en un non-monde et je le déplore, comme Lévi-Strauss, et cette tristesse ne fait pas de moi un contre-révolutionnaire.

A. Badiou. – Je vois très bien que chez vous, la donnée subjective fondamentale est une forme de mélancolie. Elle me touche, parce que je peux d’une certaine manière la partager. Il est difficile de trouver plus profondément Français que moi. Une des premières phrases de mon livre, «Théorie du sujet», c’est « j’aime mon pays, la France ». Nous pourrions communiquer sur une certaine image du vieux charme français, et nous associer mélancoliquement dans le regret de ce charme évanoui. Seulement chez vous, la mélancolie se fait agressive, elle rêve de ségrégations, d’interdits, d’uniformité. Et cette pente vous entraîne à considérer des phénomènes irréversibles et nouveaux comme périlleux ou nuisibles, alors qu’ils ne sont que la vie historique des choses.

Acceptons une fois pour toutes, je le redis, que l’arrivée massive de gens venus d’Afrique soit la continuation du processus enclenché au XIXème, quand les auvergnats, les savoyards sont venus à Paris, puis les Polonais dans les villes du nord et les Italiens à Marseille. Faute de cette vision large, l’image qu’on se fait de la France est étriquée et dangereuse. La seule vison qui puisse donner sens au mot « France », c’est ce qui fait l’universalisme français aux yeux du monde entier, à savoir la filiation avec la Révolution française, avec la politique populaire, ça oui par contre, au moins au niveau subjectif, cela peut être salvateur.

A. Finkielkraut. – Une enseignante a été l’objet d’une lettre de ses élèves de Terminale la mettant en demeure de partir ou de changer d’attitude parce qu’elle poussait l’autoritarisme jusqu’à interdire l’usage des portables en classe ! La communication tue la transmission. On est en train de priver les nouveaux venus sur la terre d’un droit fondamental : le droit à la continuité. J’observe cette mutation, j’interviens pour la combattre mais je n’ai pas le moindre espoir de gagner la bataille.

N. O. – Votre position, Alain Badiou, se caractérise par un universalisme radical, un refus argumenté de faire jouer à toute assignation communautaire un rôle déterminant en matière politique. C’est l’un des points qui vous éloignent le plus d’Alain Finkielkraut, qui au demeurant semble faire une distinction entre la vague d’immigration actuelle et celles qui lui sont antérieures… Pouvez-vous préciser ce différend qui vous oppose tous deux?

A. Finkielkraut. – Je crois en effet, à la différence d’Alain Badiou, qu’il y a une différence profonde entre les vagues d’immigration antérieures et l’actuelle. Je n’en reste pas moins sensible au risque de stigmatisation. Il faut être attentif à ne jamais généraliser. Un militant d’AC le feu, organisation créée après les émeutes de 2005 a dit : « Je ne suis pas un Français issu de l’immigration, je suis un Français faisant partie de la diversité française.» Cela m’a renvoyé à ma propre situation, puisque je suis à ma manière un Français issu de l’immigration. Mon père est arrivé en France à la fin des années 1920, ma mère en 1948, ce sont deux survivants, mes grands-parents on été déportés de Bordeaux, après avoir été dénoncés par un passeur. Mon père a été déporté aussi. Le contentieux avec la France dans ma famille était lourd. Bien sûr. Il y avait chez mes parents une certaine distance. Et en même temps jamais je ne pourrai reprendre à mon compte une phrase pareille. Car c’est une manière de dire : la France en moi, c’est moi. Non. La France c’est quelque chose qui m’est donné en partage. Elle s’est proposée à moi, et c’est sa grandeur, comme une patrie adoptive. La France c’est une langue dans laquelle j’ai grandi. Une culture que j’ai faite mienne. L’école ne m’a rien proposé d’autre et je ne lui demandais rien d’autre.

Aujourd’hui, le concept de diversité change complètement la donne. Tout sepasse comme si la seule communauté qui n’avait pas sa place dans notre monde, c’était la communauté nationale : celle-ci devrait se dissoudre au profit des groupes, des minorités, des communautés qui aujourd’hui vivent en France. Si l’identité d’une nation c’est la diversité de ses composantes, alors il n’y a plus d’identité et la France n’est plus un sujet historique, mais un objet sociologique, et c’est une grave inconséquence, de la part du gouvernement, de jouer, comme il le fait, sur les deux tableaux. Je pense profondément que la France ne doit pas être une auberge espagnole où chacun apporte son manger. Le sentiment que j’éprouve c’est un patriotisme de compassion. La tendresse, comme disait Simone Weil, pour une chose belle, précieuse et périssable. Et j’aimerais que ce sentiment soit un peu plus partagé.

A. Badiou. – Ma maxime sur cette affaire c’est : les prolétaires n’ont pas de patrie. Il n’y a de politique novatrice, apte à briser les figures inégalitaires, communautaires, qu’à échelle du monde entier. Déjà Marx pensait que le cadre national était obsolète. La réalité historique de l’apogée du nationalisme français, c’est la guerre de 14. Des millions de morts pour rien. La France n’est digne de faire présent d’elle-même aux nouveaux venus que pour autant précisément qu’elle a été la France qui a été capable de les accueillir dans la politique qui était la sienne. La France qui ne les accueille pas, qui vote loi sur loi pour les discriminer c’est tout simplement la France de la guerre de 14 ou la France de Pétain. C’est-à-dire la France qui se ferme, qui n’a pas d’autre protocole d’existence que sa clôture.

Et vous, vous dites « pas d’auberge espagnole ». Mais il faut voir ce que ça veut dire concrètement pour les gens qui vont venir. Ca veut dire camps de rétention, persécutionspolicières, filtrage constant de gens qui ne sont nullement des islamistes, mais tout simplement des gens d’ici. Des gens dans le même itinéraire difficile, tortueux et réprimé que celui de leurs ancêtres venus de la campagne. Ces gens-là, vous avez beau dire et beau faire, vous êtes partisan de les désigner comme des suspects. Et cela, à mes propres yeux, c’est intolérable. Il faut penser, aujourd’hui plus que jamais, au-delà de l’Etat-nation. Alors la diversité ! Mais tout est divers, tout est composé depuis toujours de diversités absolument extravagantes. La France elle-même, sous Louis XIV n’était même pas unifiée linguistiquement. Donc c’est une pure foutaise que cette oppositions entre unité et diversité de la France.

La France est composée de diversités innombrables, alors pourquoi dirait-elle : « Ah non, là il faut arrêter ! Ce type de diversité, la musulmane par exemple, elle est pas bien, celle-là ». Ce sont des méthodes qui sont en définitive policières et persécutoires. Ou bien le fétichisme national ou bien la communauté : encore une fois j’observe que vous vous enfermez dans une alternative étroite. Mais il y a une autre hypothèse. La véritable construction à venir, c’est une vision totalement internationaliste de la figure politique. Et pouvoir construire un internationalisme interne au pays est une chance, non un malheur.

N. O. – On n’a pourtant rien trouvé d’autre jusqu’à présent que le cadre national pour imposer la redistribution par l’impôt, la sécurité sociale et autres acquis sociaux que vous-même, Alain Badiou, défendez par ailleurs. N’en déplaise aux altermondialistes à la Toni Negri, qui en viennent même à réclamer un improbable « salaire minimum mondial », tout cela est rendu possible uniquement par l’adossement à un cadre national….

A. Badiou. – Mais tout cela est provisoire ! Il est absolument indémontré et indémontrable, que ce cadre est indépassable.

N. O. – C’est que vous ne tenez pas compte la finitude, ou plutôt qu’en bon révolutionnariste vous décidez de ne jamais en tenir compte. Contrairement à Jean-Jacques Rousseau, un auteur qui vous est particulièrement cher, et qui considérait qu’une nation trop étendue se condamnait nécessairement à la disparition…

A. Badiou. – Peut-être, c’est assez vrai. On pourrait effectivement dire que ma position est celle d’un rousseauisme de l’infini.

A. Finkielkraut. – Le mot de persécution pour qualifier l’actuelle politique d’immigration me paraît tout à fait exorbitant… Les politiciens européens sont tiraillés par des exigences contradictoires.

A. Badiou. – Ah eh bien ça, c’est parce que vous ne connaissez pas les gens qui en sont victimes. Permettez-moi de vous le dire : vous en parlez de loin.

A. Finkielkraut. – On peut difficilement décrire notre continent comme une forteresse. L’hospitalité donc…

A. Badiou. – On n’appelle pas hospitalité le fait de faire venir des gens parce qu’on en a besoin, je regrette ! Le fait de les faire venir pour trimer dans la restauration, creuser des trous sur les trottoirs pour des salaires de misère, c’est une conception de l’hospitalité très particulière.

A. Finkielkraut. – Et la nécessité de préserver les conquêtes de l’Etat social… si nous vivions sous un régime ultralibéral la circulation des individus serait beaucoup plus facile à assurer. Accueillir c’est donner quelque chose et pour donner quelque chose il faut avoir quelque chose à donner et en face être réceptif. Et je constate la disparition progressive de cette réceptivité.

A. Badiou. – Vous parlez de ce que vous ne connaissez pas. L’écrasante majorité de ces gens-là sont venus trimer mais pas du fait de la grande hospitalité bénéfique de la France… Ils sont venus creuser nos trous et nettoyer notre merde. Et ça pour des salaires inférieurs au SMIC, cependant que notre fameux « Etat social » ne s’applique pas à eux, parce qu’on refuse de leur donner des papiers. Ils ne peuvent même pas se faire soigner dans les hôpitaux correctement. Et ce sont ces gens-là que vous rendez responsables de l’altération de l’identité française ?

A. Finkielkraut. – Un article du « Monde », journal soucieux s’il en est d’éviter les stigmatisations, citait récemment les propos du maire de Cavaillon, ville où règne une violence endémique. Les employés municipaux ont reçu des déchets venus d’une tour. On leur a crié : « Putains de Français, continuez à nettoyer notre merde ! ».

A. Badiou. – Mais bien sûr ! Des histoires de ce genre, les bons blancs français bien intégrés en ont à la tonne sur les Africains ou les Algériens comme autrefois ils en avaient sur les Juifs ou les « levantins ». Quelle vérité ? Quelle importance ? Les Suisses qui votent contre les minarets n’ont jamais vu un Arabe de leur vie. C’est une construction idéologique cette affaire-là. Vous êtes en train de construire idéologiquement les musulmans comme ont été construits les Juifs dans les années 1930. C’est ça que vous êtes en train de faire, avec les mêmes épithètes : des gens qui ne sont pas vraiment de chez nous, qui nous haïssent secrètement ou publiquement, qui constituent une communauté fermée, qui refusent de s’intégrer dans l’Etat français, etc. etc. Et vous croyez que vous allez faire ça innocemment ? Eh bien vous vous trompez. Il y aura des gens pour se servir de cette pseudo construction intellectuelle. Car la situation est grave. Mais elle n’est pas grave comme vous pensez.

Ce n’est pas l’identité française qui est menacée, elle en a vu d’autres l’identité française. Ce qui est menacé c’est le minimum de cohésion interne et populaire qui évitera que tout cela se termine un jour ou l’autre par la domination sans partage de forces sinistres. Je sais très bien, Alain Finkielkraut, que vous ne rallierez pas ces forces, mais vous serez en coresponsable. On ne peut pas introduire en politique des désignations identitaires de ce type sans que cela ait des conséquences gravissimes. Vous le savez parfaitement. Il n’y a pas de « problème immigré » en France, il n’y a pas de « problème musulman », pas plus qu’il n’y avait de « problème juif » dans les années 1930. Pourquoi utilisez-vous votre intelligence et votre talent à participer à la construction absolument fantasmatique de ce genre de « problème » à partir d’incidents qu’on peut toujours découvrir, si on ne les invente pas ? Les antisémites aussi trouvaient des « incidents », il y avait toujours un Juif qui avait dit ou fait ci ou çà.

On ne peut pas jouer avec ce genre de chose. Le capitalisme est un système précaire, on va être dans des contextes de crise, de guerre, et la tentation du bouc émissaire va ressurgir avec force. Et quel sera le bouc émissaire dans l’Europe d’aujourd’hui ? Quel sera-t-il ? Sinon ceux qu’on appelle les musulmans, les gens du Maghreb, les Africains ? Ce sera eux. C’est inévitable, c’est gros comme une maison. Et vous serez coresponsable de cela. Je le regrette vivement pour vous, parce que cet avenir n’est pas très loin. Quand on commence à « vérifier » l’identité française, tout devient possible.

A. Finkielkraut. – La mise en cause des programmes d’enseignement n’est pas un phénomène insignifiant. Je crois aussi que les agressions répétées dont les professeurs sont victimes, ce n’est pas un phénomène insignifiant. Pas plus que le mépris de ces professeurs parce qu’ils ne gagnent que 1.500 euros par mois. Nous ne faisons donc pas la même évaluation des choses. Mais je ne plaide absolument pas pour le consensus, je milite contre la mégalomanie résistancielle, et pour un dissensus civilisé. La question que je me pose en vous écoutant et en vous lisant, Alain Badiou, c’est : y a-t-il une place pour un adversaire légitime ? Dans le moment de la lutte, l’adversaire n’est pas légitime, c’est un scélérat il doit être combattu et anéanti. Et une fois qu’il a été anéanti ? C’est l’idylle à perpétuité. La politique communiste est cruelle et son utopie est kitsch. A l’idéal grec de l’amitié, c’est-à-dire du dialogue sur le monde, elle substitue la fraternité, c’est-à-dire la transparence des cœurs, la fusion des consciences.

A. Badiou. – Non, ça c’est une blague…

N. O. – Alain Badiou porte à votre égard une accusation pour le moins grave… Qu’avez-vous envie de lui répondre, Alain Finkielkraut ?

A. Finkielkraut. – L’accusation formulée à mon endroit est scandaleuse, mais je vais essayer de ne pas m’énerver. Je vais simplement dire que nous ne tenons pas pour réelles les mêmes choses, Alain Badiou et moi. Nous ne nous faisons pas la même idée du réel. Je me suis très récemment affronté avec l’extrême-droite et j’étais assez seul car toute une partie de la gauche a rejoint sur ce point Marine Le Pen. C’est l’affaire Polanski, bien sûr. On a vu le fascisme procéder comme à l’habitude, en désignant une cible à la vindicte populaire, en créant une victime sacrificielle, accusée de viol de petite fille. Et la gauche n’y trouvait rien à redire. Pourquoi ? Parce que cet homme faisait partie à ses yeux de la caste dominante. Et que donc il devait payer. « Ceux qui s’en prennent aux tournantes dans les banlieues ne devraient pas plaider l’indulgence pour la jet set », a-t-il été dit, et peu importe les faits. Peu importe que l’acharnement de la justice américaine contre ce petit « polak » n’ait rien à voir avec son délit et tout avec sa notoriété.

La comparaison que vous faites entre les Juifs et les Musulmans pourrait aussi me faire sortir de mes gonds. Je vous répondrai simplement ceci : il y a, à mon avis, un même aveuglement devant la montée d’une certaine francophobie et devant la montée d’une nouvelle judéophobie. Pour les mêmes raiso

ns : ceux qui ont l’étiquette de dominés sont nécessairement innocents. Quand on s’en prend aux Juifs et qu’on n’est pas un franchouillard, c’est qu’on est victime de la misère sociale ou solidaire des Palestiniens. Nous sommes mis en demeure de ne pas appeler cet antisémitisme par son nom.

A. Badiou – Ca n’a jamais été mon cas. Dès les premières pages de « Circonstances III », j’ai dit qu’il existait un antisémitisme arabe, qu’il fallait y prêter la plus grande attention, et qu’en aucun cas je ne pactiserai ni de près ni de loin avec ça. Donc je me sens tout à fait extérieur à ce procès. Ce que je dis est d’une autre nature. L’extrême droite européenne s’est construite depuis maintenant des décennies sur l’hostilité par rapport aux musulmans, à ce qu’elle nomme l’islamisme. Vous contribuez à alimenter cette hostilité en disant que ces « musulmans », ces africains, ne sont pas, du point de vue de la « civilisation », exactement comme nous. Ils ne sont pas intégrables. Ils nous haïssent. Le fait que les Juifs faisaient partie de « l’anti-France » était un argument fondamental de l’extrême droite dans les années 1930. Je ne vois pas pour le moment de différence de principe entre les mécanismes intellectuels au nom desquels vous êtes en train de vous inquiéter de cette présence de masses populaires pauvres islamisées dans notre pays et la manière dont a été construite de toute pièce la stigmatisation des Juifs, lesquels constituaient aussi, massivement dans les pays de l’Est, mais ici même dans les ateliers de confection, des gens pauvres exposés à la stigmatisation.

A. Finkielkraut. – Le racisme anti-arabe me paraît évidemment inqualifiable, comme toutes les autres formes de racisme. Mais l’antiracisme d’aujourd’hui est comme le communisme d’autrefois : un système d’explication du monde, inoxydable et indéfiniment reconductible. Quand Diam’s [2] chante :

Diams_Dans-ma-bulle.jpg
« Ma France à moi,
elle parle fort,
Elle vit à bout de rêve.
Elle vit en groupe, parle de bled.
Elle déteste les règles.
Elle sèche les cours, le plus souvent pour ne rien foutre.
Le BEP ne permettant pas d’être patron, alors elle se démène et vend de la merde à des bourges »

l’idéologie antiraciste voit dans cet hymne à l’incivilité et à la bêtise une réponse à la xénophobie ambiante. Or la France profonde et prétendument raciste porte aux nues Rama Yade, Yannick Noah et Zidane ! Nous ne vivons pas dans une période raciste de l’histoire de France, ce n’est pas vrai.

A. Badiou. – Mais quand le gouvernement est une saloperie, vous devenez francophobe à la fin des fins… C’est bien normal ! Les Communards se reconnaissaient dans le drapeau rouge, pas dans le drapeau tricolore, qui était celui des Versaillais, des gens qui ont laissé 20.000 morts ouvriers sur le carreau. Vous ne voulez pas employer le vocabulaire de la guerre mais ces gens-là nous font la guerre. Ce sont eux les ennemis, et pas les ouvriers, qui sont les principales victimes de ces gens-là. Sarkozy c’est tout de même pire qu’un ouvrier malien balayeur ! Si quelqu’un est en rupture avec tout ce que ce pays peut avoir d’estimable, c’est le premier, et pas le second. Quelle pensée pauvre, faite pour les journaux réactionnaires à sensation, que de faire croire que l’islamisme est notre adversaire capital. Encore une fois vous vous laissez prendre dans la fausse contradiction : capitalisme mondialisé ou islamisme. Ce n’est pas du tout le monde réel, ça. Pour moi l’islamisme, ce sont des groupuscules fascistes, je ne vois aucun inconvénient à dire ça. Je n’ai aucune espèce de complaisance pour ces gens-là et je les tiens pour absolument nuisibles.

A. Finkielkraut. – Il faut écouter Lévi-Strauss : « En dépit de son urgente nécessité pratique et des fins morales élevées qu’elle s’assigne, la lutte contre toutes les formes de discrimination participe de ce mouvement vers une civilisation mondiale destructrice de ces vieux particularismes auxquels revient l’honneur d’avoir créé les valeurs esthétiques et spirituelles qui donnent son prix à la vie.» Je pense qu’il y a une dimension d’universalité dans la civilisation française, mais il y a aussi un particularisme qui mérite d’être préservé. Et en effet, je rejoins Alain Badiou sur ce point, l’islamisme est loin d’être la seule force dissolvante.

A. Badiou. – Ma théorie générale des vérités c’est justement ce point-là : que toute vérité se construit dans la particularité.

N. O. – Alain Badiou, vous avez affirmé avoir publié « Circonstances 3 » car vous étiez, je cite, « consterné de voir le mot ” juif ” mêlé par des intellectuels au soutien qu’une large partie de l’opinion accorde désormais à des politiques fondées sur un nationalisme étriqué , voire un racialisme… ». Alain Finkielkraut, niez-vous qu’il y ait bel et bien pu y avoir une instrumentalisation de ce type au profit de politiques réactionnaires ?

A. Badiou. – Je faisais allusion à l’enchaînement qui a conduit à dire qu’anticapitalisme et antiaméricanisme participaient nécessairement de l’antisémitisme…

A. Finkielkraut. – Il ne me semble pas que la politique française actuelle soit racialiste. C’est ce que je disais tout à l’heure au sujet de René Char et Camus. Le modèle de la résistance ne vaut pas pour la situation que nous vivons. D’ailleurs le Président tire toutes ses références de la Résistance…

N. O. – Et au même moment il a pour proche conseiller politique l’ancien rédacteur en chef de « Minute », intellectuel d’extrême-droite notoire, auquel il affirme lui-même devoir une large partie de sa victoire présidentielle en 2007…

A. Finkielkraut. – Je fais partie de ceux qui ont été heurtés par la lecture de « Circonstances III » et en même temps je ne veux pas faire de procès en antisémitisme à Alain Badiou, car je sais ce que c’est qu’être victime de l’accusation de racisme. Parlant de l’horreur nazie, vous écrivez : « On devrait plutôt tirer de ces massacres illimités la conclusion que toute introduction emphatique de prédicats communautaires dans le champ idéologique politique ou étatique qu’elle soit de criminalisation ou de sanctification expose au pire.» Et voilà ce que j’aimerais répondre. J’ai pensé à une phrase de Wladimir Rabbi écrite en 1945 : « Nous avons été réintégrés dans notre condition d’hommes libres mais nous ne pouvons pas oublier que nous avons été la balayure du monde : contre nous, chacun avait licence.» Eh bien la majorité des survivants en ont tiré la conclusion suivante : « Plus jamais ça, plus jamais nous ne serons la balayure du monde ; nous allons quelque part sur la terre retrouver toutes nos prérogatives de peuple.» Ce quelque part, c’est Israël.

Vous entendez le ça du « Plus jamais ça » d’une tout autre oreille, Alain Badiou. Pour vous, c’est la division du même et de l’autre qui expose au pire. C’est l’affirmation de l’identité qui conduit à l’exclusion et à son paroxysme exterminateur. Vous plaidez donc pour une humanité que ne romprait aucune séparation intérieure, et vous ne reconnaissez de légitimité qu’aux Etats cosmopolites « parfaitement indistincts dans leur configuration identitaire ». La conclusion implicite, c’est que les sionistes sont les mauvais élèves d’Auschwitz, voire les perpétuateurs de la politique hitlérienne. Cette insinuation est très douloureuse, et d’autant plus injuste que ceux qui en Israël militent pour l’émancipation des Palestiniens sont des patriotes sionistes attachés au maintien du caractère juif et démocratique de leur Etat.

A. Badiou. – Ma position ne remet aucunement en question l’existence de l’Etat d’Israël – bien au contraire. Deux éléments ont conduit à cette situation de Guerre de Cent Ans à laquelle on assiste. L’« exportation » de cette question par les Européens après la guerre, façon commode de s’en laver les mains, combinée à la tension que devait fatalement produire l’introduction du prédicat identitaire juif dans la constitution même de cet Etat. Comment s’en sortir désormais ? Eh bien je me demande simplement si le maintien de cette assignation identitaire n’est pas plus périlleux aujourd’hui pour les Juifs que la création de cette Palestine binationale pour laquelle je milite depuis longtemps, et qu’Hannah Arendt appelait déjà de ses vœux.

Propos recueillis par Aude Lancelin

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 08:13
Le débat sur l’identité nationale

Shmuel Trigano Editorial sur Radio J du 13 novembre 2009




 http://www.controverses.fr/blog/blog_trigano_13112009.htm#a 


Le débat sur l’identité nationale nous renseigne sur l’état de la France. Les réactions à droite comme à gauche sont en effet très significatives.

A droite, il ne fait pas de doute que l’ouverture d’un tel débat est portée par une manœuvre de la politique politicienne qui fait preuve d’une désinvolture inquiétante dans la gestion d’une question aussi grave et aux retombées considérables. La lettre du ministre Besson qui institue officiellement ce débat en détaillant les thèmes (1) qui doivent y être abordés le confirme. Il y est question des valeurs républicaines et démocratiques mais pas des contenus identitaires, de sorte qu’on ne voit pas très bien en quoi la droite se distingue ici de la gauche et on comprend encore moins les cris d’orfraie poussés par cette dernière à cette occasion. Un constat superficiel de l’état des lieux montre d’ailleurs que la droite a désormais pour leitmotiv des slogans comme la « diversité », la « discrimination positive » et les « minorités visibles », autant de concepts qui récusent la notion d’identité nationale.

S’il y a une droite foie-gras, comme on le constate, que dit la gauche caviar ? Son discours domine les médias et la scène publique. La simple évocation de l’identité nationale constitue à ses yeux un immense scandale. Elle remet en branle le stratagème imaginé par Mitterrand. En indexant cette question au Front National, la gauche veut tout simplement interdire de poser la question, comme si elle était un modèle de vertu et de moralité.

C’est le même système que le gouvernement Jospin avait activé pour interdire la reconnaissance de la vague antisémite des années 2000, en décrétant qu’il n’y avait d’antisémitisme que du côté de Le Pen et du Front National - pas du côté des ex-colonisés - de sorte qu’il fut décrété officiellement qu’il n’y avait pas d’antisémitisme en dépit de centaines d’agressions.

Or, la question de l’identité nationale est brûlante. Elle ne concerne pas seulement la loi démocratique ou la laïcité, réellement en danger, mais aussi les contenus de l’identité nationale que personne ne veut reconnaître ni assumer. Car l’identité nationale c’est la République bien sûr mais aussi la Nation, c’est à dire une histoire spécifique qui représente une donnée incontournable.

Le paysage que je viens de camper nous donne le spectacle d’une France qui ne s’aime pas et est prête à se faire hara-kiri sans pour autant aider les citoyens de fraîche date à s’intégrer.

Une telle configuration est paradoxale pour les Juifs car leur identité s’est forgée en s’adossant à l’identité française – tant sur le plan des lois que de la culture. Dès le moment où cette identité s’effondre, c’est toute l’architecture identitaire du judaïsme français qui vacille, au point que les Juifs deviennent, comme je l’avais écrit en 1982, les « derniers Français de France » Vous avez en effet remarqué comme nous sommes devenus les plus grands républicains, les plus grands défenseurs de l’universel, les plus grandes sentinelles de l’identité française...
Il n’y a pas lieu de se réjouir de cette évolution, à moins de trouver agréable le ghetto identitaire. C’est un paradoxe car les Juifs ont souffert tout au long des 2 derniers siècles du nationalisme français, des affirmations trop fortes de l’identité nationale. Mais ils souffrent aujourd’hui du recul de cette identité qui les isole dans la société face à d’autres minorités identitaires autrement plus puissante, face à un pseudo-multiculturalisme qui prône le culte des différences, sauf de la différence juive. Ils apparaissent dans ce concert bariolé comme une minorité à la nuque raide qui fait obstacle à la fraternisation universelle.

Le paradoxe est le suivant : la réaffirmation de l’identité française – République et nation - apparaît aujourd’hui, et pour ce temps, comme la seule politique capable de défendre le judaïsme français dans le délitement ambiant où il n’y a plus de références solides ni de normes reconnues. Du moins dans la sphère de l’État.
Espérons un sursaut et un réveil de la société civile !

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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 15:17

http://yerouchalmi.web.officelive.com/yer115.aspx



Quand Pie XII  rencontrait Hitler




L'Eglise, poussée par son aile intégriste, propose à nouveau de béatifier Pie XII, le Pape si silencieux durant la Shoah. 
Cette décision met à mal l'œuvre remarquable de Jean-Paul II, qui avait permis à l'Eglise et au peuple juif de se retrouver. Une seule manière pour le Vatican de démontrer qu'il ne veut pas stopper cette approche : ouvrir les archives secrètes sur Pie XII pour montrer que ce Pape a aidé les juifs de manière efficace...
 
C'est la position d'Israël, que partage Yerouchalmi (cf. ci-dessous).


Réactions du Judaïsme

Israël
 
 
  

Yerouchalmi est 100% en phase avec les Affaires étrangères d'Israël qui ont déclaré : 
"
Le processus de béatification ne nous regarde pas, c'est une question qui ne concerne que l'Eglise catholique. Quant au rôle de Pie XII, c'est aux historiens de l'évaluer et c'est pourquoi nous demandons l'ouverture des archives du Vatican durant la guerre mondiale".
   En 2008, le ministre Herzog, avait déjà protesté «
le projet visant à transformer Pie XII en saint est inacceptable. Durant la Shoah, le Vatican savait ce qui se passait. Pie XII a gardé le silence et a peut-être fait pire, au lieu de s'élever, conformément au précepte biblique, contre le sang versé».

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim

  

Il a déclaré «
espérer que l'Eglise renoncera au projet de béatifier Pie XII. Projet s'inscrivant aux antipodes du dialogue judéo-chrétien, compte tenu du silence de Pie XII pendant et après la Shoah, je ne veux pas croire que les Catholiques voient en Pie XII un exemple de moralité pour l'humanité. J'espère que l'Eglise renoncera à ce projet de béatification et qu'elle fera ainsi honneur à son message et à ses valeurs».  
s délégués du Grand rabbinat d'Israël entendent poursuivre leur dialogue avec le pape Benoît XVI, en dépit de sa décision de poursuivre le processus en béatification de Pie XII, a indiqué mercredi un haut responsable de cette instance.

Le Grand Rabbinat d'Israël



Le Grand Rabbinat d'Israël et le Grand Rabbin ashkenaze Yona Metzger estiment 
"
qu'il serait sage de laisser aux chercheurs le temps de procéder à une enquête sérieuse sur l'attitude du Pape durant la Seconde guerre mondiale. Nous ne voulons ni créer une crise avec le Vatican, ni nous mêler des affaires intérieures de l'Eglise. Mais, en l'état, la décision sur Pie XII, regrettable et inappropriée, nous heurte et rendra plus difficile notre dialogue avec le Vatican. Cependant, nous savons d'expérience qu'il est important de maintenir le contact avec les dirigeants des autres religions. Ainsi, la communauté juive italienne, maintenant la visite du Pape à la Grande Synagogue de Rome, (prévue de longue date le 17 janvier), les délégués du Grand Rabbinat d'Israël y participeront dans le cadre de notre dialogue établi depuis sept ans, une fois par an, alternativement à Jérusalem et à Rome"

Klarsfeld, une voix dissonante 



Serge Klarsfeld a déclaré : "
c'est une affaire interne à l'Église ! Il n'y a aucune raison pour que Pie XII ne devienne pas saint. Il a joué un rôle déterminant contre Hitler et contre le communisme ; mouvement de résistance d'où est né Jean-Paul II. 
C'est Pie XII qui avait rédigé l'encyclique de son prédécesseur qui condamnait le nazisme en 1937. Il a eu des gestes discrets et efficaces pour aider les juifs et en sauver des millers (par ex. à Rome, il a demandé aux monastères d'ouvrir leurs portes au millier de juifs arrêtés lors d'une rafle). Si Pie XII avait élevé la voix, cela n'aurait probablement pas changé les choses pour les juifs : ses déclarations pour les catholiques n'ont pas été entendues et en Pologne, 2 millions ont été tués. 
Néanmoins, une prise de parole publique aurait sûrement amélioré sa réputation aujourd'hui, mais sa priorité était de protéger les catholiques des régimes nazi et communiste.
Cela dit, la controverse me paraît normale car les archives du Vatican n'ont pas été ouvertes, malgré des promesses et depuis 60 ans ; elles devraient l'être pour que l'on constate, par nous-mêmes les gestes et la réaction de Pie XII
".

Le CRIF
 

Il a vivement condamné cette nouvelle tentative de l'Eglise qui l'a "
stupéfait".

Le Centre Simon Wiesenthal
 
  
Le Centre qui préserve la mémoire de la Shoa s'est dit  "
abasourdi par la décision de poursuivre la béatification de Pie XII, contesté pour son silence pendant la Shoah. Ce serait une déformation importante de l'Histoire. Pie XII s'est réfugié dans le silence alors que des crimes étaient commis contre les juifs. En 1941 quand les massacres ont commencé, on aurait pu s'attendre à ce qu'il intervienne dans nombre de dossiers, mais ça n'a hélas pas été le cas. Il y avait ceux qui se dressaient contre les tyrans, Pie XII ne l'a pas fait".

Le Consistoire Central 

  
Il a exprimé sa «
stupéfaction devant une décision surprenante au vu du silence officiel de Pie XII quand 6 millions de juifs étaient victimes de la Shoah».

Le Grand Rabbinat de Paris
 
  
David Messas a déclaré "
Je me fais le porte-parole des communautés juives de Paris et région, pour exprimer ma plus vive inquiétude et ma profonde déception concernant une béatification possible du pape Pie XII. Son silence durant la tragédie de la Shoah est en contradiction flagrante avec le dialogue franc et fraternel instauré entre l'Eglise et la Synagogue depuis la fin de la dernière guerre. J'ose espérer que de nombreux chrétiens sauront faire entendre leur voix pour qu'une telle décision ne soit pas prise".


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24-12-2009

Interview - Alors que la polémique sur la béatification de Pie XII bat son plein, Jean-Dominique Durand, historien, décrypte sur TF1 News son attitude avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Jean-Dominique Durand est professeur d'histoire contemporaine à l'Université Jean Moulin-Lyon III. Il est spécialisé dans l'histoire du catholicisme. Il fait notamment partie de la commission d'historiens sur Pie XII mise en place par le mémorial Yad Vashemde Jérusalem.

 TF1 News : En dehors de la polémique sur son attitude pendant la Seconde guerre mondiale, comment peut-on définir Pie XII et son pontificat ?
Jean-Dominique Durand : C'est un pontificat très complexe. Les éléments de conservatisme, notamment dans les années 50, sont nombreux. A l'époque, il refuse la réflexion sur la nouvelle théologie et condamne les expériences pastorales innovantes, comme celle des prêtres ouvriers, qui est arrêtée.

Mais le règne de Pie XII comporte également des aspects très novateurs. Il a ainsi développé les études bibliques en autorisant les méthodes scientifiques modernes d'approche de l'exégèse, des textes anciens ou encore de l'archéologie. Il a aussi organisé des fouilles sous la basilique Saint-Pierre pour savoir si la tombe de saint Pierre s'y trouvait bien ou non. C'était très risqué. Pour bien analyser ce pontificat, il faut enfin se rappeler que Pie XII fut malade en 1954-55 et le remettre dans le contexte de sa chronologie, puisqu'il traverse la Seconde guerre mondiale.
 
TF1 News : Dans cette période troublée, Pie XII agit en fin connaisseur des relations internationales.
J.-D. Durand : Quand il est élu pape, Pie XII est en effet un diplomate disposant d'une longue expérience. Pendant la Première guerre mondiale,  Eugenio Pacelli (ndlr : le vrai nom de Pie XII) joue un rôle important pour rapprocher les belligérants et tenter d'obtenir, sans succès, une paix sans vainqueur ni vaincu. Il est ensuite nonce à Munich et à Berlin (ndlr : 1917-1929). Il parle donc l'allemand et connaît très bien le monde germanique. Il est surtout le témoin de la montée dunazisme -il est en poste à Munich lors du putsch d'Hitler en 1923. Les rapports qu'il envoie auVatican lors de cette période sont très violents contre le nazisme. Lorsqu'il revient à Rome pour être secrétaire d'Etat du Saint-Siège, l'équivalent d'un Premier ministre, il est confronté à l'arrivée des nazis et d'Hitler au pouvoir. 

"Indirectement, Pie XII a participé à un complot contre Hitler"
 
TF1 News : Quelle est alors son attitude ? 
J.-D. Durand :
 Eugenio Pacelli joue la négociation plutôt que la confrontation. En mars 1933, deux mois après la victoire d'Hitler aux élections, il signe un concordat pour protéger l'Eglise catholique, menacée par le nouveau régime. Mais il sait aussi être très ferme. En 1937, il tape du poing sur la table en étant le principal auteur de l'Encyclique Mit bennender Sorge, que l'on peut traduire par "avec une très grande inquiétude". C'est une position forte contre le nazisme. Nous ne sommes alors plus dans la diplomatie. 
 
TF1 News : En mars 1939, Eugenio Pacelli devient Pie XII. Six mois plus tard, la guerre éclate. Comment agit-il ?
J.-D. Durand : Pour se faire une idée, voici un élément peu connu. Fin 39-début 40, Pie XII a, de fait, participé indirectement à un complot visant à tuer Hitler. Il a en effet été contacté par la résistance allemande, qui lui demandait de servir de relais avec l'Angleterre en  transmettant la question suivante à Londres : quel serait le sort de l'Allemagne si Hitler mourrait ? MaisChurchill n'a pas donné suite.

"Londres et Washington en savaient autant que le Vatican"
 
TF1 News : Quand les informations sur les déportations arrivent-elles au Vatican ?
J.-D. Durand : Très vite, grâce au relais de ses nonciatures dans les pays de l'Est, premiers pays envahis par Hitler, et par les nombreuses congrégations religieuses. Pie XII est rapidement informé personnellement des massacres. Un aumônier de l'armée italienne, qu'il connait très bien, lui raconte par exemple la "Shoah par balles". Les nouvelles sur les déportations arrivent également rapidement. Le Vatican n'en connaît pas forcément tous les détails, mais il sait que les nazisJuifs. A l'époque, les Alliés en sont au même point, ni plus ni moins.
 
TF1 News : Pourtant, Pie XII ne prend jamais position publiquement et officiellement.
J.-D. Durand Ce supposé "silence" est à la fois vrai et pas vrai. Il a bien pris position et s'est exprimé sur le massacre des Juifs, mais de manière peu claire 
massacrent les

pour le grand public. A Noël 1942, dans un discours relayé par la radio, il utilise le mot italien "stirpe", que l'on peut traduire par la "race", au sens très fort du terme. Cela fait bien sûr référence aux Juifs. Mais comme le fait alors remarquer un diplomate américain, c'est incompréhensible pour les non-initiés. Ce message de Noël, aujourd'hui fortement critiqué, est un message de diplomate. Il a d'ailleurs été très bien compris par les nazis puisque la presse allemande se déchaîne contre le pape. 
 
TF1 News : Peut-on alors parler de stratégie de la diplomatie plutôt que celle de la confrontation ?
J.-D. Durand : Tout à fait. Plutôt que taper du poing sur la table, le pape fait le choix de mobiliser les catholiques pour sauver le maximum de Juifs. Les nonciatures participent au sauvetage, notamment en Grèce ou en Bulgarie, et les congrégations religieuses cachent des réfugiés. Cela a même été le cas de femmes cloîtrées, qui ont accueilli des hommes. Or, vu le fonctionnement de l'Eglise à l'époque, c'est impossible que Pie XII n'ait pas donné son accord. On peut donc bien parler de stratégie diplomatique et souterraine plutôt que celle du choc frontal. A titre de comparaison, début 1943, la Croix-Rouge a également choisi la même option pour continuer à pouvoir intervenir dans les camps de prisonniers.

"Après la guerre, ce sont les catholiques qui critiquent Pie XII"
 
TF1 News : Au lendemain de la guerre, il n'y a pas de polémique.
J.-D. Durand : Pie XII est même remercié par les Juifs. Fin 1945, il reçoit des rescapés des camps de la mort et prononce un discours important qui renforce son image positive auprès d'eux. Paradoxalement, les critiques viennent des milieux catholiques qui estiment que l'on n'a pas assez entendu la voix du pape pendant la guerre. En 1958, à sa mort, la situation est grosso modo toujours la même. L'orchestre symphonique d'Isräel se déplace ainsi à Rome pour jouer un concert, Golda Meir, alors ministre des Affaires étrangères, lui rend hommage. A l'époque, laShoah n'est cependant guère abordée. Le mot ne sera utilisé que plus tard et les Juifs, notamment les rescapés, n'en parlent pas. Quand on parle de déportation, on pense surtout aux résistants, pas aux Juifs.
 
TF1 News : Comment la polémique est-elle apparue ?
J.-D. Durand : La première attaque a eu lieu en 1963 avec Le vicaire, du dramaturge allemand Rolf Hochuth. La pièce est une charge contre le silence de Pie XII pendant la guerre. En réponse, Paul VISaint-Siège pendant la période 1939-1945. La mise à disposition de ces documents s'étalera de 1965 à 1981, avec, au total, 11 volumes de 1.000 pages chacun. Mais cela ne suffira pas à désarmer les critiques. Aujourd'hui, la "légende noire" contre Pie XII est relayée par les certains milieux Juifs qui n'auraient rien fait ou rien dit. On est là dans le domaine des polémiques passionnelles. 
constitue une commission sur le sujet et publie les archives du Vatican

Par Fabrice Auber 
Source : http://www.jerusalemplus.tv/ 
 
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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 04:06
Monsieur François Leotard - lettre ouverte au President Iranien

dimanche 13 décembre 2009, par Juliette TOUBOUL (St Raphael)
Sur 
http://www.jforum.fr/spip.php?article1218 

pour accéder au document CLIQUEZ SUR LA PHOTO

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 20:25


Par son analyse très fine François Celier, nous avait gratifié, lors de son premier article "Du présent à la nuit de Cristal "
http://www.aschkel.info/article-au-coeur-du-genre-humain-partie-1-du-present-a-la-nuit-de-cristal-41190146.html 


DE SON POINT DE VUE, 
http://www.aschkel.info/ et http://lessakele.over-blog.fr/

Voici donc la deuxième partie..........


II. Au cœur du genre humain

Un zeste de philosophie métaphysique

©François Celier, écrivain.

 

II. Ismaël ou la haine d’Israël.

 

Un serpent et son venin le doute métaphysique et l’antisémitisme, s’est lové dans le cœur du genre humain. Il ne peut être annihilé que par l’antidote d’une Parole de Dieu et l’amour de Sion. Cette réflexion nécessite de revenir à la source du hiatus primordial avec : Dieu le Créateur, Adam et Eve, premier couple dont l’esprit fut ouvert par son souffle (Dieu est Esprit) et le Serpent, distillant le doute : Dieu a-t-il dit ? (La Promesse…) Interdit d’interdire! (Mai 68...)

 

*****

Depuis la fin des années 1930, l'antisémitisme arabe est devenu la plus dangereuse forme de haine des Juifs. Cela est dû à la coopération qui existe entre arabes antisémites et leurs homologues occidentaux. La propagande arabe anti-juive comprend 3 composantes majeures : Les opinions anti-juives dérivées des sources islamiques traditionnelles avec ses stéréotypes antisémites, associées aux accusations et à l’imagerie d'origine européo-chrétienne.

Une attitude négationniste générale associée à la formule : sionisme égale nazisme (d'origine occidentale), ajoutée aux invectives hebdomadairement adressées aux Juifs dans les sermons de chaque  vendredi (depuis 14 siècles) les qualifiant de singes et de porcs, de même que dans les médias et les politiques.

 

Cette référence animalière se base sur des versets coraniques selon laquelle des Juifs auraient été transformés en singes et en porcs par Dieu pour les punir d'avoir enfreint le shabbat ( ?).

Faire allusion de façon récurrente aux Juifs comme étant des animaux méprisables (le porc est impur) pour les déshumaniser, justifierait leur élimination.

Le cheikh saoudien Abd El-Rahman Al-Sudayyis, imam et prédicateur à la mosquée Al-Haram, de la Kaaba Mecquoise et 1er lieu saint du monde musulman, déclara dans un sermon :

Lisez l'histoire et vous comprendrez que les Juifs d'hier sont les ancêtres malfaisants des Juifs d'aujourd'hui, une descendance malfaisante composée d'infidèles qui déforment les paroles (de Dieu), d'adorateurs du veau, d'assassins des prophètes, de négateurs des prophéties… Le rebut de l'espèce humaine, qu'Allah a maudit et 'dont il a fait des singes et des porcs...' Ainsi sont les Juifs, un continuum d'escroqueries, d'entêtement, de permissivité, de mal et de corruption… (Dossier spécial N° 11 de MEMRI (2002), d’Aluma Solnick).

 

Au  fil des siècles, cette image simiesque et porcine a profondément  pénétré la conscience collective du monde musulman. Salim Azzouz, chroniqueur pour le quotidien égyptien d'opposition Al-Azzouz, affilié au parti libéral religieux, commenta le retrait israélien du Liban en mai 2000 : Ils se sont enfuis avec seulement la peau sur le dos, comme des porcs. Et pourquoi dire 'comme', quand ce sont effectivement des porcs et des singes ?

L'antisémitisme arabe a adopté tous les mythes antisémites européens, anciens ou modernes, dont l'accusation de crime rituel, en disant que les Juifs incorporaient du sang humain à leurs gâteaux traditionnels ; de même que l'accusation selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus (vieille antienne de l’Eglise Catholique romaine).

 

Depuis 1927, année de la traduction du Protocole des Sages de Sion en arabe, cet ouvrage sert de référence au discours antisémite pour appuyer l'hypothèse d'un complot juif qui contrôlerait l'économie, les médias, corromprait les mœurs et attiserait les conflits dans le monde.

Quand ce Protocole est mentionné dans les médias arabes, il n'est jamais remis en question, bien que de nombreux écrivains arabes soient conscients du fait qu’il s’agit d’un faux.

Le journaliste libanais Ghassan Tueni écrivit : Si nous ne savions pas que le Protocole des Sages de Sion avait été fabriqué par les services de renseignement russes au 19ème siècle (…), nous dirions que les événements actuels correspondent très exactement au projet juif mondial, vu la grande similitude qui existe entre [les événements actuels] et ce qui est attribué, à tort, [aux Juifs]. [Je fais allusion] au complot visant à contrôler le monde et à en piller les richesses, aux actions [des Juifs] partout dans le monde et au statut financier, politique et militaire [des Juifs à travers le monde]. Cela s'ajoute à leurs efforts pour détruire tout ce que les autres considèrent comme sacré (Al-Ayyam, 28 mars 2000).

Dans leurs rapports avec le monde arabo-musulman, les occidentaux croyants ou incroyants devraient toujours avoir à l’esprit que l’Islam englobe dans une même entité, religion, politique et expansion territoriale et ils devraient se sevrer du martellement mensonger de religion de tolérance et de paix.

 

La propagande arabe anti-juive qualifie les Juifs de meurtriers du Christ en se basant sur le Coran. La sourate 4 :156-157 déclare que ce dernier ne serait pas mort sur la croix selon une croyance chrétienne blasphématoire. Les conséquences de cet enseignement aberrant font qu’actuellement encore, 80% des persécutions religieuses dans le monde frappent les chrétiens, signale le journaliste Michel Garroté. De nos jours, un grand nombre de chrétiens ne peuvent pas pratiquer leur religion. Selon un rapport de l’Aide à l’Eglise en Détresse faisant allusion à l'islam et aux pays mahométans : de nombreuses violences meurtrières sont faites contre les Chrétiens du Pakistan, d’Égypte et du Nigeria notamment. Par contre, une seule religion y est partout préconisée : l’Islam, de gré ou de force. Ces faits réaffirment les rapports indiquant que de 75% à 85% des persécutions religieuses dans le monde visent des chrétiens (organisme pontifical Aide à l’Eglise qui souffre).

 

Une tactique séculaire des antisémites musulmans consiste à procéder à une inversion des écrits et des faits ou à les amalgamer pour les annihiler. Par exemple, sur le plan politique, les écrits antisionistes arabes s’évertuent à assimiler sionisme et nazisme en alléguant des racines communes : supériorité de la race aryenne (Peuple élu), expansion militaire territoriale (Europe - Palestine). Cet empoisonnement de la réalité invite à diaboliser les Juifs où qu’ils se trouvent, individuellement et collectivement. Ayant pénétré les esprits mahométans, l’antisémitisme arabe créé une spécificité religieuse dans laquelle les Juifs ne sont pas considérés comme tout à fait humains. Dès lors, n’étant pas naturellement des animaux, ni des faunes mythologiques, seraient-ils des Aliens extra-terrestres ?

 

Au cours de la seconde guerre mondiale, Amin al-Husseini, mufti de Jérusalem, soutenu par d’autres dirigeants musulmans, collabora activement avec les nazis. Il se rendit à Berlin pour offrir ses services à la machine de propagande du régime et préparer avec elle une force militaire musulmane destinée à participer à la solution finale des juifs prévue par les nazis.

Considéré comme le chef des arabes de Palestine, al-Husseini les incita à s’engager du côté de l’Axe nazi. En novembre 1941, il intervint dans la création (par Himmler, février 1943) de la division de Waffen-SS Handschar, composée de musulmans bosniaques.

En janvier 1944, al-Husseini réaffirma que la juiverie mondiale était le principal ennemi de l’islam et célébra les convergences de vues et les intérêts communs entre les musulmans et les nazis : Le Reich mène le combat contre les mêmes ennemis… L’Allemagne national-socialiste lutte contre la juiverie mondiale et, comme dit le Coran : “Tu apprendras que les Juifs sont les pires ennemis des musulmans.” Les principes de l’islam et ceux du nazisme présentent de remarquables ressemblances… la valeur du combat, la fraternité d’armes, la prééminence du rôle du chef, dans l’idéal de l’ordre. Voilà ce qui rapproche étroitement nos visions du monde et facilite la coopération. Je suis heureux de voir, dans cette division [de Waffen-SS musulmans], l’expression visible et la mise en pratique de nos deux visions du monde.

Dans une autre émission de la radio nazie, il incita les Arabes au meurtre des Juifs au nom d’Allah : Arabes, levez-vous comme des hommes et combattez pour vos droits sacrés. Tuez les Juifs partout où vous les trouvez. Cela plaît à Dieu, à l’histoire et à la religion. Cela sauve votre honneur. Dieu est avec vous.

 

Bien que lexique et contexte diffèrent, cette convergence islamo-nazie se perpétue.

Le roi Fahd d’Arabie saoudite publia en 1985 dans Al-Musawwar : Depuis les temps anciens, Israël a des intentions malveillantes. Son objectif est la destruction de toutes les autres religions. L’histoire a démontré que ce sont les Juifs qui ont déclenché les croisades à l’époque de Saladin, afin que la guerre affaiblisse à la fois les musulmans et les chrétiens. Ils considèrent les autres religions comme inférieures et les autres peuples comme d’un niveau moindre. Quant au sujet de la vengeance, il y a un jour de l’année où ils mélangent le sang de non-Juifs à leur pain et le consomment. Il y a deux ans, alors que je me trouvais en visite à Paris, la police a découvert cinq enfants assassinés. Leur sang avait été extrait et il s’est avéré que certains Juifs les avaient tués afin de prendre leur sang et de le mélanger au pain qu’ils mangeaient ce jour-là. Cela démontre l’étendue de leur haine et de leur animosité envers des peuples non juifs. 

De même, le Dr Abd el-Halim Mahmoud, recteur de l’université Al-Azhar (son livre « Guerre sainte et victoire ») : Les Juifs ont mis au point un programme pour la destruction de l’humanité en corrompant la religion et la morale. Ils ont déjà entamé l’application du programme grâce à leur argent, leur contrôle des médias publics et leur propagande. Ils ont falsifié le savoir, violé les normes de la vérité littéraire et entrepris sans scrupules de démolir et d’anéantir l’humanité. 

Autre déclaration de marque, celle de Sa Majesté le Roi Abdul Aziz Ibn Saoud d’Arabie Saoudite : Dieu a maudit les juifs, par conséquent, ils ne méritent pas un pays. 'Our hatred for the Jews dates from God's condemnation of them for their persecution and rejection of Isa (Jesus Christ), and their subsequent rejection later of His chosen Prophet.Notre haine pour les juifs date de la condamnation de Dieu pour leur persécution et de rejet d'Isa (Jésus Christ), et leur rejet ultérieur plus tard, de son Prophète choisi (Mahomet).

 

Les attentats du World Trade Center et du Pentagone perpétrés sur le sol américain, n’étaient pas seulement une menace contre les Etats-Unis, ils annonçaient le début de la mondialisation du terrorisme islamique. Les attentats à Karachi, au Yémen, à Djerba, Bali, Moscou, Mombasa, Islamabad, Casablanca, Jakarta, Istanbul, Madrid, Londres, Bombay ont dramatiquement confirmés que le terrorisme islamique menace ouvertement le monde libre, ainsi que les pays musulmans qui auraient des velléités de s’opposer à ces fondamentalistes

HRH King Abdul Aziz Ibn Saud of Saudi Arabia, to Col HRP Dickson British Foreign Office file 371/20822 E7201/22/31 Oct 28, 1937  Source - Interview of Saud with Dickson, 1937

Or, malgré toutes les potentialités négatives, paradoxales, voire maléfiques de l’Islam actuel dans ses dérives meurtrières, je ne veux pas occulter les lueurs d’espoir qu’évoquent certains versets coraniques susceptibles de parler aux cœurs des musulmans de bons sens et de raison.

Ces versets évoquent le retour d’Israël sur sa terre : Et au peuple de ceux qui avaient été abaissés, (les enfants d’Israël sortant d’Égypte), nous donnâmes en héritage les contrées orientales et occidentales de la terre que nous avions bénies. Sourate VII, v. 133. Leurs commentateurs précisent qu’il s’agit de l’Est et de l’Ouest du Jourdain.

Dans une autre sourate, Moïse s’adresse aux enfants d’Israël et leur dit :

Ô, mon peuple, entrez dans la Terre sainte que Dieu vous avait destinée... (Sourate V, v.24).

Par ailleurs, la tradition juive enseigne que la réconciliation entre l’Islam et le Judaïsme aura lieu. La Bible hébraïque nous rappelle que les deux fils d’Abraham, Isaac et Ismaël, allèrent ensemble se recueillir sur la tombe de leur père :

Abraham expira et mourut, dans une heureuse vieillesse, âgé et rassasié ; et il rejoignit ses pères. Il fut inhumé par Isaac et Ismaël, ses fils, dans le caveau de Makpêlah…. 

 

Selon cette tradition, on apprend que la garde de la terre d’Israël, confiée pour un temps à Ismaël, lui sera rendue (en 1948). Ce fait s’est accompli, certes à contre cœur des pays arabes.

Le Coran confirme la notion du retour d’Israël sur sa terre : Nous dîmes ensuite aux enfants d’Israël : habitez cette terre et lorsque le terme de la vie future sera arrivé, nous vous réunirons tous ensemble…. La paix véritable ne pourra éclore avec les musulmans que lorsqu’Israël sera reconnu par eux, comme étant le peuple dont le Coran lui-même leur dit qu’il est celui de l’Alliance : Ô fils d’Israël, rappelez-vous le bienfait dont je vous ai comblé, tenez fidèlement le pacte [envers] moi, je tiendrai fidèlement mon pacte [envers] vous... (Sourate II, verset 38).

A l’heure actuelle, pour que les musulmans éclairés veuillent reconnaitre les juifs comme étant les fils légitimes d’Israël, ils placent la barre très haut : à la hauteur des valeurs morales que le monde entier attend d’eux ( !)

 

Le 21 avril dernier, j’écrivis Le sacre de l’obscur à propos de Durban II à Genève.

La Suisse gouvernementale (et non populaire comme le démontra son vote sur les Minarets) se chargea d’accueillir ce colloque anti-israélien, considéré comme insensé.

J’y rappelais la conférence de 1938 à Genève habitée par l’esprit munichois.

Il était alors inconvenant de froisser Hitler (comme de nos jours, de froisser l’Islam).

Très différente fut la Conférence d’Evian convoquée par le Président Roosevelt, rappelant que les américains avaient libéré l’Europe de la tyrannie des Nazis…  

Cette mise en lumière historique n’aurait-elle pas dû inciter le nouveau Président Hussein Obama à saisir l’opportunité de Durban II pour se démarquer des pays arabes qui osaient préconiser la destruction des juifs et d’Israël ? Mais alors, Obama pouvait craindre (à juste raison) de se trouver en délicatesse à leur endroit… En effet, ne serait-il pas considéré pour nombre de mollahs sourcilleux ou radicaux, comme un apostat de l’islam dû à sa jeunesse musulmane?

Aurait-il prit le risque d’encourir la peine de mort par le décret d’une fatwah chariatique ?

Serait-ce cette appréhension inavouée qui l’aurait enjoint de s’incliner peu après devant le Monarque d’Arabie Saoudite, lui montrant ainsi son allégeance non protocolaire.

Un geste suspect pour un homme se disant chrétien, religion interdite en Arabie…
Cette réflexion amène aux interrogations suivantes : L’enchanteur charismatique Hussein Obama
 penchera-t-il en faveur des démocraties occidentales si elles étaient agressées en Grand Jihad ?

Se lavera-t-il les mains si demain Mahmoud Hitlerinejad lançait sa bombe atomique sur Israël ?

 

Décidément, l’homme le plus puissant du monde occidental demande à être mieux connu dans son intériorité. Comme son nom l’indique, Hussein Obama hérita par son père Africain, l’éducation et le tempérament de la foi musulmane ; et par sa mère, chrétienne blanche, l’intelligence occidentale et technicienne. Cette mixité, très tendance dans la génération plus ou moins déculturée, intoxiquée de mondialisme, de new âge et de relativisme tout azimut, devient quelque peu ambigu sur le plan politico-religieux. Cette réflexion m’amène à remarquer que le Président Hussein Obama incarne étrangement dans sa double nature, Ismaël (l’islam) et Edom (la civilisation judéo-chrétienne occidentale)…

Certes, l’aspect positif de sa dispendieuse et tonitruante élection marqua la fin de la malédiction de Ham (postérité des populations noires africaines et de Canaan) en regard de Sem (peuple spirituel à peau mate) et de Japhet (peuple blanc et intellectuel, les trois fils de Noé.

Désormais, les peuples noirs ne seront plus jamais esclaves, ni assujettis aux peaux mates et blanches. Par l’élection providentielle d’Obama, ce fléau historique fut aboli par un Noir, s’emparant de la tête d’un pays qui fut longtemps raciste.

Quel formidable espoir, pour l’Afrique notamment !

 

Néanmoins, la double nature du leader de la 1ère puissance du monde occidental recèle en sa personne la potentialité Chrétienne de s’associer avec l’Islam (unissant ainsi la détermination d’Ismaël et l’intelligence technologique d’Edom) pour s’emparer de l’Autorité mondiale et combattre Israël, témoin gênant de Dieu, qui se mettrait illico en travers de ce projet !

Sous cet angle métaphysique, plusieurs gestes et discours pro-musulman d’Obama pourraient s’expliquer. Bien que le prophète Ezéchiel décrive cette guerre à venir de Gog et Magog comme inéluctable (Chap. 38), j’ai conscience d’écrire là un scénario de politique-fiction.

Pour autant (dans cette éventualité scénaristique), parvenues devant les Portes de Jérusalem, les armées d’Ismaël associées à celles d’Edom (occident chrétien), pour un motif de discorde, ou de prééminence, les feront se combattre l’une contre l’autre pour s’autodétruire (selon la Bible).

 

Que se passe-t-il dans l’infra-monde musulman actuel ? Quel est le mode opératoire privilégié d’un extrémiste ? Quels sont les effets de sa propension à la paranoïa suicidaire ?

Quand bien même ses congénères s’entretueraient sous ses yeux, il considèrerait cela comme normal, résiduel. Soumis à l’omerta orientale, ancestrale, tacite et coutumière, il en est  toujours de même, se dirait-il. Aussi, les massacres entre musulmans irakiens, palestiniens, afghans, somaliens, soudanais, libanais, yéménites ou algériens font partie inhérente de la doctrine islamique. Ils ne troublent guère sa conscience altérée (mektoub), même si, par affrontements fratricides, 90% des victimes se produisent au sein de l’Oumma, au nom d’un Dieu commun.

Pourquoi cette haine religieuse, séculaire, fratricide ? L’antisémitisme qui la sous-tend peut atteindre des sommets d’irrationalité.

 

Cette animosité foncière s’apparente à un délire paranoïaque mystico-religieux, avec perte de conscience de la réalité élémentaire. L’individu qui atteint ce stade d’ivresse à la conviction d’être persécuté par le monde des infidèles. Il réorganise dès lors sa propre réalité fantasmatique. Persuadé d’être le centre d’attention de tous, de façon négative ou menaçante, ce proto-kamikaze évolue dans une divagation permanente. Son délire se focalise sur Israël, devenu le seul problème de sa vie mentale, étayé par des versets coraniques, les prêches des imams, mollahs, de ses leaders politiques et des speakers de médias arabes. L’extrémiste entre en sidération : la culpabilité inhérente d’Israël ; la corruption ou la stérilité économique du monde arabe ; la pourriture d’un Occident mercantile, luxurieux et mécréant, nécessitant une implacable Charia pour le châtier.

 

Le coran représente un élément essentiel de l’anthropologie mystique du musulman.

Son livre Saint et son Prophète l’exhortent à l’imitation. Pour s’en identifier, il aspire à devenir une photocopie scripturaire, un clone du prophète-guerrier. Comme quiconque, tout mahométan sincère peut se laisser envahir par l’envie, le ressentiment, la frustration, la jalousie et la haine de l’autre, de celui qui est différent, qui lui paraît plus libre et autonome. Ces sentiments peuvent l’exalter jusqu’à atteindre un pic de non-retour. Ils le déterminent à s’emparer de l’objet de sa convoitise (ou de sa haine), à désirer plus que tout le statut de guerrier et martyr. Ce fidèle d’entre les fidèles se voue alors au culte de la mort. La violence qu’il refoule dans son intériorité menace d’exploser tôt ou tard (ou risque d’imploser en lui). Entraîné dans un flot d’incantations sonores, son exaltation peut le submerger jusqu’au sacrificiel. Jusqu’à devenir Shahid.

Par capillarité émotionnelle, ce jaillissement de violence peut se répandre comme une pandémie d’hystérie sanguinaire.

 

Le péril majeur du proche avenir occidental est représenté par un islam extrémiste.

Nul ne l’ignore plus, si ce ne sont les autruches ou les idiots utiles.

Se pose alors la question qui dérange : Peut-on encore compter sur un sursaut venant des autorités et des biens pensants de notre France aveuglée, aveulie dans sa conscience historique ?

Des autorités (avec d’inavouables peurs au ventre) qui tolèrent une colonisation feutrée se déroulant aux yeux de tous ; qui déstructurent l’identité ancestrale de la nation ; qui atermoient sans fin, mensonges sur mensonges, tout en nous berçant de sornettes et de futilités.

Des autorités qui observent sans broncher les effets de la détermination mahométane (qu’ils crurent tenir en bride) dans nos rues, nos quartiers, nos banlieues, nos villes, nos régions, le Parlement, le Sénat et jusqu’au cœur élyséen.

Aucun d’eux n’espère plus d’où leur viendra le secours (et sûrement plus des américains).

Mais nous citoyens, qui aimons notre pays, observons le nombre croissant et l’égale détermination de résistants qui se lèvent, pour se battre. Les hommes d’honneur et de résistance qui luttèrent autrefois pour une cause qui les dépassait mais qui les liait les uns aux autres, dans l’ombre, la solitude, le dénuement, mais unanimement poussés par une même conviction de sauver leur pays et l’avenir de leurs enfants.

Aux temps des désespérances antiques, des guerriers solitaires s’assemblaient jusqu’à 300 pour combattre des assaillants mille fois plus nombreux, et les vaincre; aux temps de la première guerre mondiale, des poilus se sacrifièrent dans la boue des tranchées sous les déluges de feu ; aux temps des hontes capitulardes de la 2ème guerre mondiale, des hommes de courage offrirent leur vie pour que n’advienne Plus jamais ça !

De nos jours, la menace jihadiste, la capitulation de nos dirigeants et la connivence islamo-gauchiste pour une société multi-ethnique, multi-raciale et multi-culturelle (signifiant l’effondrement de la France), nous invite à entrer en résistance, pour l’honneur de nos pères.

 

François Celier, Paris 18. 12. 2009

 

 

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