Pendant quelques jours, le sort du monde a semblé reposer sur les épaules d’un illuminé comme seuls les Etats-Unis peuvent en inventer. Le pasteur d’une sous-secte évangélique entendait saluer le 11 septembre par un autodafé, afin de protester contre un projet qui a toute les raisons de choquer – à savoir la construction d’une mosquée à quelques pas de ce qui fut un jour le World Trade Center – notre doux dingue comptait brûler 200 Corans.
Coran alternatif ou continu ?
Tout ce qui pense, mais aussi ce qui planifie – le Général Petraeus en tête – de s’alarmer aussitôt, sur les conséquences d’un tel geste. Les mêmes qui nous assurent à longueurs d’ondes (le Général excepté cette fois-ci) que l’Islam est une Religion d’Amour, de Tolérance et de Paix nous affirment solennellement que la paix dans le monde n ‘y survivrait pas ou, qu’à tout le moins, les représailles sur les Occidentaux et les chrétiens seraient terribles.
Le pire là dedans, c’est qu’ils ont probablement raison. Cette réalité devrait nous ouvrir les yeux sur la vraie nature de cette religion et, par ricochet, sur celle de nos sociétés que les mêmes prétendent intolérantes. Soi-disant, nous ne serions plus capable de nous ouvrir à l’Autre. Nous faisons en cela preuve d’un incroyable égoïsme et d’un insondable ethnocentrisme, prémices d’un repli identitaire mortifère, à en croire les promoteurs infatigables du monde merveilleux des Bisounours multiculturels. Pourtant, à bien y regarder, on a du mal à l’apercevoir, la tolérance et l’ouverture aux autres, chez des musulmans qui sont prêts à relancer le« Djihad» pour 200 bouquins brûlés.
C’est vrai qu’il faut être un sectaire de catholique pour supporter sans mot dire les attaques continuelles contre le Pape et les moqueries incessantes sur sa propre foi de la part de tout ce qui se prétend « éclairé » dans nos contrées. Aucun chrétien, fût-il intégriste, n’a encore, à ce jour, égorgé un journaliste, un imâm ou un humanitaire musulman au nom de sa religion. Non ! On nous ressasse à l’envie des croisades qui sont vieilles de 900 ans, en oubliant sciemment que depuis sa conversion à l’humanisme, en matière de réponse aux agressions, l’Eglise et son troupeau tendent l’autre joue. Dans un Islam prétendument de paix : pas question de cela ! Il n’est qu’à voir les appels au meurtre qui tombent des minarets à la moindre caricature.
Il est bien frais mon journaliste otage
Tout le monde s’émerveille – ou feint de le faire – de l’acte de solidarité que les musulmans de France ont engagé au « bénéfice » des journalistes de France-Télévision retenus – selon la formule consacrée pour ne blesser personne - en Afghanistan, à l’occasion des célébrations marquant la fin du Ramadan.
Les dites « autorités » ont solennellement appelé à la libération de nos compatriotes au nom « des valeurs de paix de l’Islam en ce jour de fête et de pardon ». En dehors du fait qu’ils n’ont délibérément pas tenu compte des avertissements des militaires français, de quoi ces deux journalistes doivent-ils demander pardon aux musulmans ?
Je suis très content que les responsables du culte musulman en France appellent leurs coreligionnaires afghans à la clémence, tout autant qu’à la raison, mais pourquoi attendre aussi longtemps ? Qu’est-ce qui les empêchait, ces grandes consciences, de lancer leur appel dès l’enlèvement, ou au pire, dès que le battage médiatique s’est mis en branle autour de leur sort peu enviable, il y a de cela plus de 6 mois ?
En réalité, c’est une opération de communication destinée à nous faire gober le bobard de la Tolérance comme élément constitutif d’une religion qui s’est toujours construite par le combat. Qu’il y ait parmi les musulmans français des gens qui vivent leur foi comme une affaire personnelle et qui se désolent de la manière dont elle est instrumentalisée par les fondamentalistes pour mener à une guerre de civilisation, est indéniable. Il se trouve malheureusement qu’on ne les entend pas. Cela n’a rien d’étonnant car il s’agit précisément de musulmans français. Ils ont intégré la notion de base de notre pacte républicain : la religion est une affaire privée. Ces gens là sontassimilés, ils se sont fondus dans la masse du peuple français et sont, comme lui, devenus laïcs ; ce qui ne veut pas dire – contrairement à ce que professent nos barbus francs maçons – qu’ils seraient devenus athées.
C’est sous prétexte de ne pas « faire de la peine » à ces gens là en dénonçant les turpitudes des fanatiques, qu’on nous demande de taire les outrances des barbus (pas les maçons, les autres) et de tolérer leurs exigences. L’astuce est un peu grossière et elle ne prend plus. Il faut au contraire que ceux que l’on appelle un peu commodément les « modérés » sortent de leur silence et affirment sans ambages leurs convictions en dénonçant les exactions des extrémistes.
A défaut, le Choc des civilisations pronostiqué par Samuel Huntington dans son livre fondateur s’accomplira. Il ne sert à rien de dénoncer ses écrits comme apocalyptiques, hérétiques voire sataniques et de précipiter, ce faisant, la réalisation de ce que l’auteur ne présente comme inéluctable qu’à la condition expresse de ne pas y apporter de remède. Comme dans bien d’autres domaines : retraites, sécurité, dettes publiques… la politique de l’autruche ne fait que reculer l’échéance, elle ne la fait pas disparaître. Il n’y a qu’à regarder les Grecs pour s’en convaincre !
Le choc de LA civilisation
Plus qu’un choc des civilisations, c’est d’un choc de notre civilisation qu’il faut analyser. Nous nous sommes longtemps pensés, à juste raison, comme universels et nous continuons de le faire, malgré tout notre pathos multiculturel. Aussi avons nous du mal, aujourd’hui, à penser le monde comme « pluriel ».
Que l’on y songe, notre calendrier est universel, nos façons de mesurer le passage du temps, les distances, de nous situer dans l’espace géographique, le sont aussi. Tout, jusqu’à notre sacro sainte et intouchable religion des Droits de l’Homme, est à vocation universelle. La lutte entre l’enfer communiste et la démocratie n’était rien d’autre que l’affrontement de deux doctrines occidentales globalisatrices.
Le triomphe de la démocratie sur le bolchevisme a pu faire penser à une fin de l’Histoire, en ce sens qu’il n’existait plus d’alternative, que le bien avait enfin triomphé du mal et que les scories totalitaires, qu’elles soient maffieuses ou religieuses, allaient se diluer dans le régime représentatif à l’occidentale, seul vecteur politique capable de porter le progrès économique de manière pérenne.
La fin de l’Histoire n’est pas pour demain
Hélas, Francis Fukuyama semble s’être trompé et à sa suite, ceux que l’on appelle, avec condescendance chez nos bien-pensants, les « néo-conservateurs » américains. La démocratie ne s’exporte pas les armes à la main dans des pays aussi déstructurés que ceux du Moyen Orient. L’Irak de 2003 n’est pas le Japon ou l’Allemagne de 1945. Tous trois étaient certes des dictatures militaires mais l’Allemagne était de culture occidentale et le Japon bien que nationaliste, très perméable aux apports de civilisations venus de l’extérieur.
Sur le plan économique, la Chine du 21ème siècle semble contredire le principe qui veut que le développement aille de pair avec la démocratie politique. Le modèle occidental de développement n’est donc plus unique. Il est remis en cause industriellement, du moins pour l’instant, par la Chine – ce pays est trop vaste et trop compliqué pour être affirmatif sur la pérennité de ce constat – et politiquement par l’Islam.
Ce qu’il y a de pervers et de potentiellement explosif dans cette seconde contestation, c’est que la zone de contact entre les deux modèles est très étendue. Il s’ensuit que l’interpénétration entre les deux sociétés est plus grande, dans ce cas, qu’entre l’Orient chinois et l’Occident. Tout comme nous, le monde musulman, même s’il ne s’en est jamais vraiment donné les moyens, est universaliste. La Chine beaucoup moins, dans la mesure où elle s’est longtemps suffit à elle même.L’Empire du Milieu moderne, n’est guère expansionniste, territorialement s’entend du moins tant que ses débouchés commerciaux et les flux de ses approvisionnements en matières premières ne se trouvent pas menacés. La ressemblance avec les Etats-Unis est de ce point de vue frappante.
Crispation identitaire dans un monde musulman à l’agonie
En réalité la crise née du 11 septembre 2001, vient de la crispation identitaire musulmane. Celle-ci procède, nous l’avons vu, de sa proximité avec le modèle, peut-être déclinant mais encore singulièrement puissant, qu’est l’Occident. La force d’attraction de notre civilisation reste quasi intacte, et les sociétés du Proche et du Moyen Orient en subissent quotidiennement les conséquences.
Les traditions sont remises en cause, délaissées au profit de la modernité Occidentale, par une jeunesse qui aspire aux plaisirs de cette société de consommation qui nous est si naturelle que nous ne remarquons même plus sa singularité. Puisqu’ils se sont montrés jusqu’ici, malgré leurs richesses, totalement incapables à satisfaire les aspirations de leurs peuples en la matière, les potentats de ces pays, réagissent en prônant un retour à la rigueur morale, qui s’incarne à merveille dans une religion, très contraignante et démonstrative quand on en suit les principes.
Face à cette lente agonie, si nous devons nous garder d’organiser d’inutiles provocations, nous nous devons de rester fermes sur nos principes afin de ne pas compromettre la convergence et la dilution du monde arabo-musulman dans notre modèle. A la déchristianisation avancée de nos sociétés civiles, doit répondre une dés-islamisation de ces pays. Si nous parvenons à assimiler celles et ceux d’entre eux qui sont venus nous rejoindre en traversant la Méditerranée, nous assurerons notre avenir plus sûrement que par tout autre moyen. Les Barbus ont bien compris le danger. Ils redoutent plus que nous, la cinquième colonne constituée des hordes de musulmans occidentalisés qui viendraient leur donner le coup de grâce en portant nos valeurs au cœur de leur Moyen Age.
Voilà l’ambition que devraient avoir nos humanistes-droits-de-l’hommistes plutôt que de pérenniser, lâchement, la domination d’une religion sur la conscience d’une partie de leurs concitoyens, par l’exaltation d’un « droit à la différence » qui n’est, en fait, que le cache sexe d’un nouvel apartheid.