Bien que populaire, cette déclaration n’a pas de sens. Obama n’est pas surnommé « Obama au sang froid » pour rien. Il n’est pas crédible d’arguer que la décision du bureau de planification local de Jérusalem d’approuver la construction de 1.600 unités de logements à Ramat Schlomo ait conduit l’Obama au sang-froid dans une crise de rage contre le Premier Ministre Benyamin Netanyahou.
Obama déclare lui-même qu’il a lancé une guerre politique contre Israël dans l’intérêt de la promotion de la paix. Mais cette déclaration aussi, ne résiste pas à l’examen.
Vendredi, Obama a donné l’ordre à la secrétaire d’Etat Hillary Clinton de présenter à Netanyahou un ultimatum en quatre parties.
D’abord, Israël doit annuler l’approbation des unités de logements à Ramat Schlomo.
Ensuite, Israël doit interdire toute construction pour les Juifs dans les quartiers de Jérusalem construits depuis 1967.
Troisièmement, Israël doit faire un geste envers les Palestiniens pour leur démontrer leur volonté de paix. Les USA suggèrent la libération de centaines de terroristes palestiniens des prisons israéliennes.
Quatrièmement, Israël doit donner son accord pour négocier toutes les questions essentielles, y compris la partition de Jérusalem (incluant les quartiers juifs construits depuis 1967 qui sont désormais le foyer de plus d’un demi million d’Israéliens) et l’immigration de millions d’Arabes étrangers hostiles en Israël sous la rubrique du soi-disant « droit au retour », dans le cadre des négociations indirectes avec les Palestiniens, médiées par le gouvernement Obama.
A ce jour, Israël a maintenu que des discussions essentielles ne peuvent être conduites que lors de négociations directes entre dirigeants israéliens et palestiniens.
Si Israël n’accepte pas toutes les quatre exigences américaines, alors le gouvernement Obama boycottera Netanyahou et ses ministres de haut rang. Dans ce cas, cela signifie que si Netanyahou vient à Washington la semaine prochaine à la conférence de l’AIPAC, aucun officiel de haut rang du gouvernement US ne le rencontrera.
L’ultimatum d’Obama montre clairement que la médiation de paix entre Israël et les Palestiniens n’est pas un objectif qu’il veut atteindre.
Les nouvelles exigences d’Obama suivent des mois de pression américaine qui ont finalement obligé Netanyahou à annoncer son soutien à un Etat palestinien et un gel de dix mois de la construction juive en Judée et en Samarie. Aucun gouvernement israélien ne s’était jamais auparavant vu contraint de faire cette dernière concession.
Netanyahou a été conduit à croire qu’en échange de ces concessions, Obama commencerait à se comporter comme ses prédécesseurs l’étaient : un médiateur crédible. Mais au lieu d’agir comme ses prédécesseurs, Obama a agi comme les Palestiniens. Plutôt que de récompenser Netanyahou pour avoir pris un risque pour la paix, Obama a, selon le modèle de Yasser Arafat et Mahmoud Abbas, empoché les concessions de Netanyahou et fait monter ses exigences. Ce n’est pas le comportement d’un médiateur. C’est le comportement d’un adversaire.
Alors que le président des USA traite Israël comme un ennemi, les Palestiniens n’ont aucune raison de donner leur accord pour s’asseoir et négocier. De fait, ils n’ont pas d’autre choix que de déclarer la guerre.
Ainsi, à la suite de l’agression d’Obama contre le droit d’Israël sur Jérusalem, l’incitation à la haine des Palestiniens contre Israël et les Juifs a monté à des niveaux jamais vus avant l’éruption de la dernière guerre terroriste en septembre 2000. Et exactement comme la nuit fait suite au jour, cette incitation a conduit à la violence. Les émeutes arabes de la semaine dernière, de Jérusalem à Jaffa, et l’offensive renouvelée de roquettes provenant de Gaza sont liées directement aux attaques malveillantes d’Obama contre Israël.
Mais si la campagne contre Israël n’était pas motivée par une crise de mauvaise humeur présidentielle, et n’a pas pour but de promouvoir la paix, qu’est-ce qui l’explique ? A quoi veut en venir Obama ?
Il y a cinq explications au comportement d’Obama. Et elles ne s’excluent pas mutuellement.
D’abord, l’attaque d’Obama contre Israël est certainement liée à l’échec de sa politique avec l’Iran. Au cours de la semaine passée, les officiels de haut rang de l’administration US, dont le Général David Petraeus, ont lancé des déclarations malveillantes et diffamatoires contre Israël, insinuant que la construction de foyers pour les Juifs à Jérusalem est une cause primordiale du mauvais comportement iranien et de ses vassaux en Irak, en Afghanistan, au Liban, en Syrie et à Gaza. Suivant ce mode de pensée, si Israël revenait simplement aux lignes indéfendables d’armistice de1949, les centrifugeuses iraniennes cesseraient de tourner, et la Syrie, al Qaïda, les Taliban, le Hezbollah, le Hamas et les Gardes de la Révolution d’Iran transformeraient tous leurs glaives en socs de charrues.
Ensuite, encore plus important que son utilité comme outil pour faire diversion à l’attention du public sur l’échec de sa politique envers l’Iran, l’attaque d’Obama contre Israël pourrait bien avoir pour but la poursuite de cette politique de défaite. En particulier, il pourrait attaquer Israël pour tenter d’obliger Netanyahou à accorder à Obama un droit de veto sur toute frappe israélienne contre les installations nucléaires de l’Iran. A savoir que la campagne anti-Israël peut être un moyen d’obliger Israël à attendre alors pendant qu’Obama autorise l’Iran à se construire un arsenal nucléaire.
Au cours de mois écoulés, une succession sans fin de dirigeants de haut rang de l’administration américaine est venue à Jérusalem dans l’objectif déclaré de convaincre Netanyahou d’abandonner le droit d’Israël à frapper indépendamment les installations nucléaires de l’Iran. Tous ces officiels sont revenus à Washington les mains vides. Peut-être Obama a-t-il décidé que puisqu’une simple pression avait échoué à apaiser Netanyahou, il etait temps de lancer une attaque frontale contre lui.
Cela nous amène à la troisième explication des motifs d’Obama de mener la guerre contre le gouvernement israélien démocratiquement élu. Les conseillers d’Obama ont déclaré aimablement à des journalistes qu’Obama veut faire tomber le gouvernement Netanyahou. Par des exigences que Netanyahou et ses partenaires de la coalition ne peuvent pas accepter, Obama espère soit faire tomber le gouvernement et remplacer Netanyahou et le Likoud par Tzipi Livni [désormais] d’extrême Gauche et son Parti ‘Kadima’, ou bien obliger les Partis ‘Israël Beteïnou’ et ‘Shas’ à lâcher la coalition et conduire Netanyahou à accepter Tzipi Livni comme Premier ministre adjoint. Livni, bien sûr, a gagné le cœur d’Obama quand en 2008, elle a opté pour une élection plutôt que d’accepter l’exigence du ‘Shas’ qu’elle assure la protection de Jérusalem unifiée.
La quatrième explication du comportement d’Obama est qu’il cherche à réaligner la politique étrangère des USA loin d’Israël. Les tentatives constantes d’Obama de cultiver des relations avec le président non élu de l’Iran Mahmoud Ahmadinejad, le laquais arabe d’Ahmadinejad, le dictateur syrien Bashar Assad, et le Premier ministre islamiste turc Recep Tayip Erdogan, démontrent qu’il considère le développement des relations américaines avec ces régimes anti-américains comme un but prioritaire de sa politique étrangère.
Etant donné que tous ces dirigeants ont exigé qu’en échange de meilleures relations, Obama abandonne Israël comme allié des USA, et à la lumière des positions anti-Israël professées par plusieurs de ses conseillers de haut rang pour la politique étrangère, il est possible qu’Obama cherche à abaisser les relations américaines avec Israël. Sa critique sévère et constante d’Israël qui serait obstructionniste et arrogant a conduit à clamer dans certaines enquêtes qu’au cours de l’année passée, le soutien populaire d’Israël aux USA est tombé de 77 à 58 %.
Plus Obama remplit les titres des journaux d’allégations prétendant qu’Israël est responsable de tout, depuis les morts des combattants américains en Irak et en Afghanistan, jusqu’au programme nucléaire de l’Iran, moins on peut s’attendre à ce que ces nombres baissent. Et plus le soutien populaire américain pour Israël tombe, plus il sera facile pour Obama d’ourdir une brèche ouverte avec l’Etat juif.
L’explication finale du comportement d’Obama est qu’il instrumentalise cette crise fabriquée pour justifier l’adoption d’une position ouvertement anti-israélienne vis-à-vis des Palestiniens. Jeudi, le journal ‘The New York Times’ a rapporté que les officiels de l’administration prévoient qu’Obama présentera son propre “plan de paix”. Suivant le déni de l’administration du droit d’Israël sur Jérusalem, un “plan Obama” exigera sans aucun doute le retrait d’Israël aux lignes d’armistice indéfendables de1949, et l’expulsion de quelques 700.000 Juifs de leurs foyers.
De même, la crise fabriquée par Obama avec Israël pourrait lui ouvrir la voie vers la reconnaissance d’un Etat palestinien si les Palestiniens poursuivent leur menace de déclaration unilatérale d’un Etat l’an prochain, sans tenir compte du statut des négociations avec Israël. Une telle décision américaine pourrait à son tour conduire au déploiement de forces américaines en Judée et en Samarie pour « protéger » l’Etat palestinien déclaré unilatéralement sans Israël.
Aussi bien le comportement d’Obama que les objectifs politiques qu’il indique, démontrent clairement que la politique actuelle de Netanyahou tentant d’apaiser Obama par des concessions concrètes n’est plus justifiée. Obama n’est pas intéressé à être convaincu. La question qui se pose est : que devrait faire Netanyahou ?
L’un des fronts dans la guerre ouverte par Obama est intérieur. Netanyahou doit s’assurer qu’il maintient un soutien populaire intérieur pour son gouvernement pour faire échouer le plan d’Obama de renverser son gouvernement. Jusqu’à présent, en grande partie du fait de la méchanceté sans précédent d’Obama, le soutien intérieur à Netanyahou est resté stable. Un sondage réalisé pour le journal IMRA cette semaine par Maagar Mohot montre qu’un total de 75 % d’Israéliens pensent que le comportement d’Obama à l’égard d’Israël n’est pas justifié. De même pour Netanyahou, 71 % des Juifs israéliens pensent que son refus d’accepter l’exigence d’Obama d’interdire la construction juive à Jérusalem prouve que c’est un dirigeant fort. De même, un sondage de Shvakiml Panorama pour Radio Israël montre que le soutien public à ‘Kadima’ est tombé de plus de 30 % depuis la dernière élection l’an passé.
L’autre front de la guerre d’Obama est le public américain. En reprochant à Israël l’état du Moyen-Orient et en lançant des piques personnelles contre Netanyahou, Obama cherche à faire tomber le soutien populaire américain pour Israël. En construisant une stratégie pour contrer les décisions d’Obama, Netanyahou doit garder deux questions en tête.
D’abord, aucun dirigeant étranger ne peut gagner un concours de popularité contre un président des USA en fonction. De là, Netanyahou doit continuer d’éviter toute attaque personnelle contre Obama. Il doit limiter sa contre-offensive à la défense des intérêts d’Israël et à la politique de son gouvernement.
Ensuite, Netanyahou doit se souvenir que l’hostilité d’Obama envers Israël n’est pas partagée par la majorité des Américains. L’objectif de Netanyahou doit être de renforcer et d’augmenter la majorité des Américains qui soutiennent Israël. A cette fin, Netanyahou doit aller à Washington la semaine prochaine et parler à la conférence annuelle de l’AIPAC comme prévu, malgré la menace de boycott de l’administration.
A Washington, Netanyahou doit rencontrer tous les membres du Congrès et du Sénat qui souhaitent le voir ainsi que tous les membres de l’administration qui veulent le contacter. De plus, il doit donner le plus possible d’entretiens à des réseaux de télévision, de journaux, et de programmes de radio de grande diffusion de façon à faire passer directement son message au Peuple américain.
Obama a montré clairement qu’il n’est pas l’allié d’Israël. Et pour le reste de son mandat, il fera tout son possible pour dégrader les relations des USA avec Israël en maintenant ses génuflexions constantes à l’égard de l’Iran, de la Syrie, des Palestiniens, et de la Turquie.
Mais comme Israël, les USA sont un pays libre. Et aussi longtemps que le soutien populaire pour Israël se maintiendra, les options d’Obama seront limitées. La tâche de Netanyahou est de maintenir ce soutien face à l’hostilité du gouvernement US, tout en accomplissant la stratégie politique à l’égard de l’Iran ainsi que des Arabes nécessaires pour assurer la survie et la prospérité d’Israël à long terme.