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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 15:34

 

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Avec l’Egypte ambiguë dans l’angle mort, la fin du nationalisme arabe draine dangers, trafics et potentiels rebonds pour Israël

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2011 lessakele 


 

 

1) L’arrivée de la flottille iranienne au port de Lattaquieh en Syrie s’est instantanément soldée par une recrudescence des tirs de missiles Grad sur la ville israélienne de BeerSheva. Les Jihadistes pro-iraniens de Gaza célébraient, à leur façon, la livraison de nouvelles armes chinoises à l’intention du Hezbollah et du régime syrien sur la défensive. Ils font ainsi savoir qu’il leur sera facile d’accéder à de tels moyens militaires par le Sinaï, plus incontrôlable que jamais. La Péninsule, malgré les récents renforts militaires égyptiens, autorisés, les yeux fermés, par le Gouvernement Netanyahou, est devenue une zone où la piraterie le dispute au Jihad, à l’esclavage, au rançonnement et bénéficie aux filières terroristes palestiniennes, à Gaza et Ramallah.

 

Le choix de BeerSheva, ville de développement voulue par Ben Gourion, tient de la symbolique : le message terroriste se fait fort de « compter les jours du projet sioniste » dans la Région, en exploitant le flou politique qui règne au Caire, la montée en puissance des Frères Musulmans et la bride sur le cou d'Ahmadinedjad.

 

C’est Nasser qui avait nationalisé le Canal de Suez, en imposant des interdictions aux navires des pays jugés hostiles. Ces mesures ont visé les Britanniques et Français, en 1956, et Israël durant longtemps. L’enjeu a servi de prétexte au déclenchement de guerres. Depuis l’accord de paix de 1979, le conflit fratricide allait croissant entre l’Egypte, d’une part, et la Syrie et l’Iran d’autre part. Le Caire s'est montré restrictif, en matière de « libre circulation » contre des états musulmans concurrents. La chute de Moubarak scelle aussi la fin des alliances fiables, chacun pilotant à vue, en fonction du tumulte interne et d’un relâchement, quant aux priorités régionales.

 

La réplique de Benyamin Netanyahou à ce pied-de-nez destructeur du Jihad islamique s’est voulue ferme, lorsqu’il déclare : « je ne conseille à personne de tester notre détermination ». Néanmoins, Israël, pas plus que les Européens observateurs, n’a encore pris la mesure des bouleversements qui agitent la région, ni fourni les réponses sécuritaires adaptées à la nouvelle donne. L’attention des médias étant captée par la guerre civile en Libye, n’autorisait pas à tomber dans le piège de la provocation iranienne, ni à ouvrir un front de guerre maritime et frontalier au nord et au large d’Israël.

 

Les évènements d’Egypte ont permis aux Islamistes de relever la tête. Ils offrent des bénéfices immédiats et l’opportunité à l’Iran de venir défier Israël, en élargissant la profondeur stratégique du Hezbollah et du Hamas : cette extension concerne le Sinaï, la Syrie, et l’Irak chi’ite. Elle menace directement le Golfe, par l’intermédiaire des mêmes minorités visibles au Yémen, au Bahreïn et dans les zones pétrolières saoudiennes.

 

2) Le chaos en Libye et la récente indépendance du Sud-Soudan chrétien sont d’une nature différente : ils sont susceptibles de briser la chaîne du panislamisme révolutionnaire et, fréquemment génocidaire, qui prospère sur les décombres du nationalisme panarabe. Kadhafi ne s’y trompe guère, lorsqu’il accuse les insurgés d’être manipulés par al Qaeda, en espérant s’affirmer garant d'une fantasque « lutte anti-terroriste », à son échelle. Il doit surtout, craindre les foudres de la Justice internationale, car il y rejoint son compère Omar El-Béchir du Soudan, que protégeait aussi Moubarak -contre l'Ethiopie, l'Ouganda, le Kenya, certains, alliés d'Israël-, et le Hezbollah, en embuscade à Beyrouth.

 

Lire la suite : lessakele.over-blog.fr

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 11:01

 

editorialàGad

 

Course-poursuite entre aspirations démocratiques, justice au Liban et nouvelle poussée hégémonique de l’Axe irano-syrien en Méditerranée

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2011 lessakele  et © 2011 aschkel.info 


 

L’entrée de deux navires de guerre iraniens en Méditerranée, dès ce dimanche matin [-selon Al Arabiya/repoussée de 48 h, selon l'administration du canal-], jusqu’au port de Lattaqieh en Syrie -voire après un crochet par les docks du Hezbollah à Beyrouth- modifie du tout au tout l’équilibre stratégique de ces trente dernières années.

 

Pendant ce temps, un jeune cadre de Google, Wael Ghonim, héros malgré lui de la révolution égyptienne, était écarté manu-militari par la jeune garde des Frères Musulmans, qui supervisait l’appel au Jihad du prêcheur antisémite Youssouf al-Qaradawi. Mouammar Khadafi lançait ses hélicoptères de combat et ses snipers contre la foule, faisant 84 morts, en 3 jours, en Libye, sans que la Maison Blanche ne semble « accompagner », d’heure en heure, les révoltes, comme elle l’a fait pour la Place Tahrir, au Caire. On sait, par ailleurs, que l’Ambassade syrienne au Caire a fourni un faux-passeport à Sami Shehab, chef du gang du Hezbollah en Egypte, après son évasion, pour qu’il puisse s’afficher fièrement auprès de Nasrallah, à Beyrouth, à peine quelques jours plus tard. Le premier, le Hamas a pu fraterniser avec la confrérie musulmane qui l’a créé à Gaza, il y a un peu plus de 24 ans.

 

 

Les médias internationaux mettent chacune de ces insurrections, en Libye, au Yémen, au Bahrein sur le même plan d’aspiration à plus de droits, comme en Tunisie et en Egypte. Fréquemment, ils occultent les particularités de chaque situation géostratégique. Peu d'écho a été donné au fondamentalisme qui anime les protestataires de Benghazi (Libye), champions de la lutte contre les caricatures de Mahomet en 2005, les rassemblements hostiles devant des synagogues mises à sac à Gabès, le viol cruel et prolongé de Lara Logan, la correspondante-vedette de CBS, le 11 février, nuit du départ de Moubarak, aux cris de « juive ! juive ! », place Tahrir… Ces exactions font partie du grand élan de solidarité avec la "démocratie en marche".


 

 

L’armée égyptienne et le régime saoudien du Roi Abdallah semblent avoir décidé de punir l’Administration américaine et les Européens bavards en permettant à l’hégémonie iranienne d’étendre son rayonnement dans leur arrière-cour, le bassin méditerranéen. La menace réelle n'est clairement identifiée que par Israël, qui pense que l’un de ces navires, le croiseur Kharg est, en réalité, chargé de missiles longue portée à destination du Hezbollah libanais. Ici, le précédent diplomatique compte plus que la valeur militaire des navires ou de leur chargement.

 

Si cette cargaison parvenait à destination, ce serait la première fois, depuis la Révolution iranienne de 1979, que Téhéran livre ouvertement du matériel de guerre sophistiqué à sa milice supplétive, par voie maritime, avec l’accord de l’Egypte, de l’Arabie Saoudite, de l’Europe et de l’Amérique, sans qu’aucun ne bronche. Ceci, en dépit de tout embargo sur les armes ou de toute sanction censée « isoler » l’Iran, qui, à ce rythme, pourrait, qui sait?, bientôt accoster à Marseille.

 

Même si le régime des Ayatollah et le Hezbollah ont du « plomb dans l’aile », du fait du courant d’opposition, qui a démontré, lundi 14, être encore bien vivace, ou à cause de l’annonce des actes d’accusation du Tribunal international au Liban, ils mettent à profit le tumulte qui déconcerte tous les observateurs pour réaliser des coups tactiques. On peut croire que les stratèges iraniens ont parfaitement analysé les caractéristiques de la politique américaine, comme les atermoiements et incertitudes de son chef, Barack Hussein Obama. La sécurité des Etats-Unis et du bassin méditerranéen dépendait de la stabilité des cercles dirigeants dans le monde arabe Elle leur a coupé les jarrets et se trouve paralysée par l’évaluation des nouveaux acteurs qu’il conviendrait d’appuyer pour remplacer la vieille classe autoritaire déchue.

 

 Ce qui compte vraiment, dans ce déficit de prévisibilité des évènements, c’est la perte de maîtrise sur leur devenir, à l’intérieur de chaque pays, comme en ce qui concerne les nouvelles « lignes rouges » stratégiques. L'erreur d’Obama est de n’avoir pas compris que le rôle d’arbitrage entre les puissances régionales primait sur les discours et qu’il convenait de prévoir, pour prévenir, afin d’accompagner de légitimes aspirations. En donnant son « feu vert » à une fuite en avant dans la dérégulation, il n’a permis qu’aux acteurs les plus déterminés et les plus mobiles de tirer leur épingle du jeu, tout en étouffant, à ce stade, en tout cas, les mouvements de fond, comme les révolutions Google, Twitter et Facebook. La révolution par les nouvelles technologies ne peut se substituer à la difficile élaboration de réelles forces démocratiques sur le moyen terme. Du désordre économique n'accoucheront que des semblants de pouvoirs exangues. Lorsqu’on démoralise des forces organisées ayant assumé l’équilibre des forces depuis 30 ans, on risque fort de les voir se retourner contre soi. C’est la principale leçon à tirer de l’histoire des Harkis, durant la guerre d’Algérie, ou de tant d’autres, à travers l’histoire de fins d’empires.

 

Certes, il n’y a ni réel perdant, à cette heure, hormis Ben-Ali dans le coma et Moubarak, dont l’état de santé se dégrade à Charm el-Sheikh, ni réel gagnant. Et rien ne se dégage de cette nuée, lancée en avant, pour le meilleur et pour le pire. Mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir les petits cailloux que sème sur sa route l’Iran des Mollahs, « enfin libre » de poursuivre sa politique, alors que ses adversaires immédiats ont les mains liées par des révoltes internes.

 

Téhéran a plus d’une épine dans le pied, qui peut contrarier ses efforts, à domicile et au Liban et limiter les effets de ses démonstrations de triomphe, sur le Canal de Suez, dans le Sinaï et ailleurs.

 

D’abord, la grogne s’installe dans les rangs des Gardiens de la Révolution islamique : d’après le Daily Telegraph de vendredi, des officiers ont fait parvenir une lettre à leur chef Mohammad Ali Jafari, pour lui déclarer qu’ils refuseraient les ordres de tirer sur la foule. Ils affirment que les aspirations au changement du peuple iranien sont « légitimes », comme la contestation de leurs leaders. Il s’agit-là d’une victoire majeure pour les opposants au régime, sachant que leurs seules manifestations de rue sont vouées à l’échec, si elles ne s’accompagnent pas de relais au sein de l’establishment. Surtout, ce courrier désavoue les 200 parlementaires chauffés à blanc par Ali Larijani, qui réclament la tête des chefs de l’opposition. Ils doivent aussi s’inquiéter de savoir si la leur est solidement accrochée et pour combien de temps encore.

 

D’autre part, Saad Hariri attend le moment opportun pour que le bloc du 14 mars descende dans les rues à Beyrouth, soit l’anniversaire du 6è anniversaire de la création de ce courant.


Le Département d’Etat accompagne le Tribunal Hariri d’autres accusations qui  suivent leur cours : le Hezbollah détient le record mondial d’implication dans des activités criminelles, en matière de blanchiment d’argent sale, de trafic de drogues et d'armes, ou de conspiration avec les Taliban. La DEA a publié le 15 février un acte d’accusation contre 7 hauts-gradés de la milice chi’ite, ayant organisé des réunions durant l’été 2010 au Bénin, au Ghana, en Ukraine, en Roumanie avec l’insurrection en Afghanistan. Des enregistrements audio et vidéo sont en possession des agents anti-narcotiques. Héroïne et cocaïne afghane sont les produits d’appel de ces rencontres secrètes. Mais leur contenu concerne le trafic d’armes fournies aux insurgés des montagnes, AK 47 et M.16. Un citoyen israélien, Oded Orbach et un iranien, Alwar Pouryan, font partie des entremetteurs. Ayman Jooma, un trafiquant de drogue libanais a blanchi pour 200 millions de $ par mois en Europe et au Liban, au profit de l’organisation, à travers un réseau de sociétés-écran au Liban, à Panama, en Afrique de l’Ouest et en Colombie. Le 10 février 2010, c’est la Banque libanaise au Canada qui s’est trouvée en infraction du Patriot Act américain, à hauteur de plus de 5 milliards de $, pour la seule année 2009.

Abdallah Safieddine, envoyé du Hezbollah à Téhéran fait partie des principaux suspects. Enfin, les journaux ont déjà largement mentionné les noms de Qassem Suleiman, Hajj Salim, Abdul Majid Ghamloush, des frères Hussein et Mouin Khreis, et, plus significatif encore, de Mustafa Badreddine, le beau-frère d’Imad Mughniyeh, parmi les principaux accusés du Tribunal Hariri.

 

A l’heure qu’il est, il reste difficile d’établir que les cadres de la légalité internationale parviendront à prendre de vitesse la course pour sa survie engagée par la Révolution islamique. Celle-ci tire profit du chaos, alors que l’Administration américaine et l’Etat d’Israël semblent rester des observateurs enthousiastes ou inquiets, mais privés d’initiative.


Si les évènements actuels étaient peu prévisibles, il n’est pas impossible de limiter le rayonnement et la résonance que Téhéran entend donner à son hégémonie, sur le terreau des insurrections. Une fois encore, l’élément-clé, absent du tableau, est la volonté politique et la clarté dans la chaîne de décisions conjointes qui permettraient de remettre le diablotin iranien bien au fond de sa « boîte de Pandore »… ou des flots bleus de la Méditerranée?

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 11:59

 

 

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Obama en Prince d’Egypte et présentateur tendance Al-Jazeera, l’Egypte, Israël et le Moyen-Orient résistent

 

Par Marc Brzustowski

 

 

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Par Marc Brzustowski

 

 

Pour © 2011 lessakele  et © 2011 aschkel.info

 

Dans les années 1970,  les Etats-Unis ont été accusés de fomenter des coups d’Etats en Amérique Latine. On se souvient du Chili. Quel fut exactement, le rôle de la CIA, durant des périodes noires comme l' «opération Condor », qui fit, au moins, 30 000 desaparecidos en Argentine? Une fois la situation bien en main, il faut reconnaître à Jimmy Carter d’avoir incité à une certaine libéralisation dans ces pays, à partir de 1976. Il n’en perdait pas moins l’Iran du Shah, 3 ans plus tard, puis son successeur, la maîtrise des évènements au Liban.

 

Même si les Etats-Unis ont soutenu jusqu’à la veille les régimes autoritaires du Moyen-Orient, un renversement de tendance se fait jour. Depuis le début de la crise en Egypte, le 25 janvier, l’Administration Obama s’est faite militante et particulièrement pressante, prenant faits et causes pour la rue. Elle s’est affichée contre Hosni Moubarak, dont elle réclamait, à mots à peine couverts, la tête. Le véritable problème commence lorsque les pressions qu’elle exerce sur ces pouvoirs excitent les foules à des revendications maximalistes et proprement ingérables, en matière de gouvernance. La situation tient alors de l’anomie sans régulation possible, comme aurait dit Emile Durkheim.

 

Au soir du 10 février, nous voilà captivés par le petit écran, dans l’attente de l’évènement mondial. Dès le matin, le patron de la CIA, Léon Panetta, est venu nous l’annoncer : Moubarak, conformément au souhait de la Maison Blanche, doit, très vraisemblablement, donner sa démission. Et qui sait ? Partir. Dans la journée, d’autres informations suggèrent que les Emirats Arabes Unis s’apprêtent à offrir l’asile politique à l’ancien dictateur déchu, humilié, exilé en son propre palais.

 

Leon Panetta Central Intelligence Agency Director Leon Panetta (R) is sworn in as his wife Sylvia (L) looks on during a ceremonial swearing-in at the CIA headquarters February 19, 2009 in McLean, Virginia. Panetta is the 19th director of the agency. (Photo by Alex Wong/Getty Images) *** Local Caption *** Leon Panetta;Sylvia Panetta

 


Force est de constater que nous avons assisté à un non-évènement de simple passation de pouvoir en direction d’Omar Suleiman, ses renseignements et son armée, comme il était facile de le prédire sans risque, depuis le 30 janvier, soit le début de la crise (lCI).et (ICI)

 

 

 

 

N’y a t-il rien d’étrange à ce que Panetta, l’homme le plus secret du monde, se change soudain en Monsieur Transparence et se fasse présentateur télé des nouvelles du soir ? Au plus, devrait-il s’autoriser à glisser ce qu’il sait à l’oreille de son Président afin d’ajuster les meilleures décisions avec les toutes dernières informations et l’anticipation de leurs conséquences. Diane Feinstein, élue démocrate à la Commission du Sénat sur le Renseignement, pointait, dès la semaine précédente, de graves lacunes, les agences américaines étant incapables, selon elles d’apporter « une évaluation en temps réel » aux décideurs. Elle leur reproche, notamment, de ne pas même être au fait des informations en accès libre sur Facebook, malgré les risques pointés, par ces mêmes services, fin 2010, d’une déstabilisation de la région.

 

Cette fois, donc, on prend les devants, en inoculant l’information pour être presque certain d’en conserver la maîtrise et de retirer le bénéfice de l’évènement.

 



 

Mieux encore, tout au long de la soirée, pendant qu’on annonçait le discours de Moubarak dans l’heure qui suit, le Président Barack Obama, en jeune professeur de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, fait un discours inaugural, retransmis par les chaines américaines, sur la nouvelle ère en gestation au Moyen-Orient. Il réaffirme son engagement personnel auprès des peuples en révolte. Ces apparitions ont détonné, comme s’il se faisait fort de prendre de vitesse l’histoire en cours. La concurrence des acteurs bat son plein : il fallait être là et s’imposer sans attendre le contenu de ce qu’on savait déjà, puisque Panetta l’avait révélé le matin même.

 

Le public à capter n’était pas tant américain, du reste, qu’assemblé sur la désormais fameuse place Tahrir, devenu le centre de l’attention mondiale. C’est à ce peuple égyptien impatient que Barack Obama allait pouvoir, dans quelques instants, annoncer en direct, que le perroquet Moubarak avait enfin plié bagage et s’était soumis à son maître américain. Barack Hussein, prince d’Egypte !

 

Des observateurs français faisaient part, sur la chaîne Itélé, du sentiment de certains de leurs informateurs égyptiens, de vivre un véritable « Woodstock » égyptien. Des « hippies » barbus, en sandales, keffieh et djellaba sont à nos portes ! Depuis des semaines, toutes les chambres d’hôtel donnant sur la place Tahrir, avaient été retenues à l’intention des correspondants des chaînes internationales. Peu d’images, en revanche, ont filtré, en provenance de l’arrière-pays. Non, c’était bien là, l’arène où le matador Obama allait donner le coup de grâce au taureau Moubarak !

 

C’est encore faire fi de la brouille profonde qui s’est instauré entre l’Arabie Saoudite, première puissance pétrolière mondiale, et l’Administration, si ce n’est l’homme, Obama. Des rumeurs ont circulé, ce même matin du 10 février, selon lesquelles le Roi Abdallah était mort d’une crise cardiaque au cours d’un appel téléphonique du Président américain. Du jamais vu dans l’histoire des relations internationales : un Président tue par mégarde le roi du pétrole, à cause de sa gestion inqualifiable des affaires proche-orientales. Aussitôt les marchés financiers plongent dans le rouge. Puis vient le démenti. Mais, de fait, le Roi Abdallah, ami de Moubarak, reproche amèrement à Obama son lâchage de l’Egyptien, ainsi que celui de Saad Hariri au Liban. Il fera tout pour garantir la stabilité de l’Egypte, mais s’apprête, contre la politique américaine, à tenter le rapprochement avec l’Iran.

 

En réalité, nous sommes témoins d’une réelle désarticulation des équilibres géostratégiques : la Chine est devenue l’un des acteurs de tout premier plan et l’Amérique affiche son déclin et sa dépendance, par addiction à l’image, tout en se donnant le rôle de la puissance qui instaure le « changement ». Obama, mixte d’idéologie et d’opportunisme, subit ces inflexions, tout en tâchant de se mettre à jour. Pékin n’est pas vraiment embarrassé par les questions de liberté civique et de droits de l’homme. Encore moins ne se pose t-il de question sur l’opportunité d’accéder à des ressources énergétiques essentielles auprès de régimes peu scrupuleux. Et, pourtant, dans l’esprit de beaucoup, la place Tahrir est devenue Tien An Men. Et pourtant, tout à l’unilatéralisme du discours construit par les médias, peu se sont réellement interrogés sur le silence, et la censure imposée par les services chinois aux mots-clés : Moubarak, Egypte, Tunisie, etc. Ni sur le sentiment en Chine et en Russie, au sujet de l’agenda et du tempo, apparemment imposés par l’Amérique.

 

La valeur symbolique des slogans auxquels s’accrochent les médias américains et européens ressemble à s’y méprendre aux subprimes et autres produits financiers dits toxiques, qui ont plombé les marchés financiers, en novembre 2008. Ils annoncent  un « changement », une « transition », mais ne garantissent rien le jour d’après. Le Président Obama est devenu le courtier international de ces transactions occultes.

 



Si le discours se nourrit de symboles, on s’oriente vers une stabilisation malgré tout, à travers le nouveau régime d’Omar Suleiman, sujet à des secousses telluriques qui ne sont pas prêtes de s'estomper. Il a pour mission essentielle d’empêcher l’effondrement de l’économie de l’Egypte et de veiller à ce que les Islamistes, comme en Algérie dans les années 1990, ne détournent pas l’élan démocratique à leur profit. On dit cet homme du renseignement proche d’Israël, curieux de tout ce qui s’y passe, avide d’informations sur la guerre secrète entre l’Etat hébreu et la révolution islamique. Surtout, il reste l’homme-pivot des difficiles relations entre les pays arabes dits modérés et l’état juif. Donc un garant authentique, quant à lui, de la paix régionale. Lui seul est capable de ramener le roi saoudien à plus de mesure, évitant qu’il n’aille trop loin dans l’ouverture des relations avec Téhéran.

 

Suleiman sera concurrencé, lors des élections de septembre, par Amr Moussa, l’homme de la Ligue Arabe et Mohammed El-Baradeï, celui des Frères Musulmans et de l’Iran. Contrairement aux grands élans médiatiques gorgés de spontanéisme, aucun de ces trois principales figures de proue n’a particulièrement l’aura d’un grand démocrate. Si le pays des Pharaons survit au chaos qui menace toujours, sa « révolution » devrait accoucher d’une souris. Suleiman a tout intérêt à lâcher du lest aux instances de contre-pouvoir tout en empêchant qu’elles ne tombent entre les mains des réseaux fédérés par les deux autres candidats potentiels.

 

Le Moyen-Orient est, désormais, à même d’afficher son indépendance relative vis-à-vis de Washington, à travers des dirigeants stables et responsables, deux notions-clés qui ont déserté la Maison Blanche. Le contre-modèle de la « révolution iranienne » n’est pas la démocratie occidentale, ni le régime autoritaire traditionnel de Moubarak. Il s’agira d’une troisième voie de pluralité politique et économique, fondée sur des relations conviviales avec la Russie, l’Inde et où le poids grandissant de la Chine, sur l’échiquier, comptera autant que le partenaire américain, devenu facteur d'ambiguïté, de troubles et d’instabilité. Il faudra de l’esprit d’innovation et le goût du risque à proposer aux « émergents », et non plus vivre sur les tas d’or tirés des richesses du sous-sol. Ces valeurs-clés, un seul pays voisin de l’Egypte en dispose…

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 13:59

 

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L’Iran perçoit la révolution en Egypte comme le grand tournant de l’encerclement d’Israël et dépêche le Hezbollah contre les opposants en Syrie.

 

 

Par Marc Brzustowski 

Pour © 2010 lessakele 

 

 


 

Les opposants iraniens, comme Amir Jahanchahi (ICI ), familier des stratagèmes des Pasdaran, ainsi que les experts de ce régime, comme le Lieutenant-Colonel israélien Michaël Segall (ICIne partagent rien de l’optimisme naïf de la plupart des observateurs occidentaux, quant aux conséquences de la quasi-guerre civile en Egypte.

 

Jusque-là, les conflits de pouvoir entre le Parlement à Téhéran et la Présidence Ahmadinedjad étaient au plus vif, menaçant même le vainqueur des élections truquées de juin 2009 de destitution. Désormais, l’unanimisme triomphant est de rigueur : Ali Larijani, porte-parole du Majliss, condamne « les efforts sionistes et américains cherchant à briser l’esprit de la Révolution. Si les Américains soutenaient vraiment la démocratie, ils en laisseraient la décision aux Egyptiens. Ils découvraient alors toute l’ampleur de la haine du peuple contre l’Amérique ».

 

Lire la Suite : lCl

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 10:37

 

 

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Pourquoi l’armée et les renseignements égyptiens restent le dernier rempart d’une « démocratisation » à venir au Caire, Aman, Sanaa…

 

 

Par Marc Brzustowski

 

 

Pour © 2010 lessakele  et  © 2010 aschkel.info

 


 


  

D’après les images qui nous parviennent du Caire et des principales villes égyptiennes, on voit la foule juchée sur les véhicules blindés, aux côtés des tankistes de l’armée d’Egypte.

  

L’impopularité qui frappe le clan Moubarak ne semble pas atteindre les principaux généraux. Ils tiennent les rouages du pays et les hommes de troupes calment le jeu, dans l’attente d’une fraternisation entre insurgés et militaires.

  

La nomination du chef du renseignement, Omar Souleimane, au poste de vice-Président constitue déjà la forme la plus sécurisée qui puisse être, de transition dans l’ordre vers un régime plus constitutionnel et conforme aux aspirations de liberté démocratique et de réforme économique.

  

Toute autre alternative, à l"heure actuelle, ne ferait qu’envenimer l’atmosphère de chaos, au seul profit des Frères Musulmans, lesquels pousseront à l’éviction de tout souvenir de stabilité en Egypte et dans la région, depuis le temps des pyramides. Les tirs de roquettes, lancés sur les forces de police dans le Sinaï, ne font que signaler les premiers maillons observables de « fraternisation » réelle : celle entre les membres du Hamas de Gaza et les Bédouins, prenant pied dans les villes frontalières d’el-Arish. Ils escomptent  bien réaliser un coup d’Etat à l’iranienne au Caire, dans les jours à venir. Le même mouvement travaille le pouvoir hachémite à Amman. Une telle configuration géostratégique donnerait aux quartiers-généraux du Hezbollah à Beyrouth, toute la profondeur stratégique nécessaire et suffisante pour poursuivre la guerre iranienne sans merci contre l’Amérique, Israël et les Occidentaux.

  

Comme la Tunisie a commencé de le faire, l’expérience de la libéralisation s'organise comme elle peut, en « terra incognita », où les institutions capables de conforter la démocratie demeurent éminemment fragiles. En réalité, elles ne reposent, comme un chèque en blanc, que sur la maturité et les bonnes intentions des leaders locaux qui émargent du mouvement populaire. Le retour à l'avant-scène des dirigeants islamistes n'augure rien de bon pour personne. Ce qui sert encore de « laboratoire » d’un entre-deux rives à Tunis, au Maghreb, peut, très vite, prendre les allures d’une contre-révolution pilotée de l’extérieur, là où les agents des mollahs sont actifs depuis des décennies.

  

A l’heure qu’il est, même si toute la colère populaire se retourne contre la police de Moubarak, le peuple continue d’espérer que l’armée se préserve d’entrer directement en action contre la foule. Dans ce cadre, même si le fossé se creuse entre la rue et le régime, l’absolutisme et le jusqu’auboutisme revendicatif ne pourront que favoriser les coups de grâce, au débotté des évènements, donné par la « vitrine légale » d’al Qaeda et de l’Iran : la confrérie des Frères Musulmans, qui représente la seule force politique constituée et qui s’érige en alternative "providentielle".

  

Ce n’est donc pas un hasard si des « manifestations spontanées » ont été organisées par le pouvoir à Téhéran, exigeant le départ de l’ennemi juré depuis la signature de paix avec Israël : Hosni Moubarak a succédé à Anouar el Sadate, après son assassinat par les hommes du Jihad islamique égyptien de l’actuel n°2 d’al Qaeda : Ayman al-Zawahriri. Ahmadinedjad, après son alliance avec le Turc Erdogan, compte bien en finir avec plusieurs des potentats sunnites qu’il considère comme les suppôts de l’Amérique. Tout a commencé avec la destitution d'Hariri.

 

Il ne peut être question d’angélisme dans cette partie du monde. Les heures qui suivront seront cruciales pour la totalité de la région. l’Europe anxieuse est en première ligne si et quand les digues qui la protègent d’une « marée verte », seraient amenées à céder aux coups de butoir.

 

L’option interventionniste de Georges Bush a montré le chemin, en détrônant Saddam Hussein. Par contre, la non-politique d’impuissance diplomatique et de retrait systématique commanditée par Barack Hussein Obama a ouvert la porte à la démagogie pro-islamiste et sonné le glas pour tous les régimes alliés des Etats-Unis en Orient. Son discours du Caire, en tendant la main aux pires ennemis de la démocratie, a aussi laissé comprendre qu’il ne ferait rien qui favorise le développement dans les pays alliés.

 

Ce sont ces deux aspirations contradictoires qui s’expriment simultanément, dans les rues des pays arabes :

 

-       Un profond désir de changement par l’auto-détermination, sans plus rien attendre des démocraties occidentales qui se contentent de gérer les crises et n’apportent aucune perspective : préservant leurs intérêts par isolationnisme, ils laissent aux bons ou mauvais vents, le choix d’une prise en main d’un destin commun aux deux rives de la Méditerranée.

-      Un risque de plus en plus patent, à Beyrouth, que face au retrait américain, l’Iran, la Turquie, le Hamas et le Hezbollah, proposent au moins une fuite suicidaire en avant, comme seule alternative aux lendemains qui déchantent du Messianisme inconséquent d’Obama …

 

 

Dans ce cadre, l’avènement du démagogue El Baradei ne constituerait plus qu’une marionnette entre les mains des Frères Musulmans. L’armée égyptienne va devoir continuer à jouer le « good cop » contre le « bad cop » policier aux ordres des Moubarak. Cette dynastie, en quittant le Caire et en alléguant le pouvoir provisoire à un homme de la trempe d’Omar Souleimane, pourrait, dans un premier temps, sauvegarder un peu d’ordre et une chance que la colère s’apaise, en attendant d’y voir plus clair.

 

Malheureusement, en l’absence de culture démocratique « spontanée », toute nouvelle organisation constitutionnelle risque fort de faire la part belle aux confréries islamistes. La difficulté à redistribuer une manne économique inexistante en direction des classes méritantes est le principal obstacle à l’assainissement du régime politique.

 

Les Occidentaux, plutôt que d’engager les paris, les bras croisés, feraient bien de s’interroger sur les solutions urgentes à une telle impasse.

 

Contre la peste ou le choléra, la neutralisation des Frères Musulmans et de leurs alliés infiltrés depuis Gaza et Beyrouth, est de première urgence, si et justement parce qu’on voudrait sauver les pousses fragiles de la démocratisation du Proche-Orient.

 

Sans quoi, c’est bien la thèse du « choc des civilisations » qui sera la vedette des super-productions iraniennes dans la région, dans des temps que l’on ne peut que dire : proches, dans ce, décidément, très Proche...- Orient.

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 17:17

 


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Traînée de poudre verte autour du volcan moyen-oriental. L’Egypte à la recherche de l’improbable transition.

Par Marc Brzustowski

 

 

Pour © 2010 lessakele  et  © 2010 aschkel.info


 Egypte : le couvre-feu décrété (DR©)

 

Les mêmes phénomènes de contestation violente se propagent d’une capitale à l’autre du monde arabo-musulman,  contre des régimes autoritaires qui n’ont su user que de police et de torture pour se maintenir égaux à eux-mêmes au fil des décennies. La thèse du « cheval fort » vacille sur son socle, de Tunis jusqu’à Istanbul et Téhéran, en passant par Aman, Sanaa au Yémen ou Beyrouth. Ces vents incontrôlables n’épargnent ni Chi’ites ni Sunnites et risquent partout, de déboucher sur un bain de sang. Aucun pouvoir ne semble immunisé contre la colère populaire.

 

Qui n’avance pas recule et, longtemps, l’islamisme est devenu ce poison inoculé à l’échelle de la planète, depuis un 11 septembre 2001, pour dresser un contre-modèle ramenant ses adhérents talibanisés plusieurs siècles en arrière. Cette radicalisation ne fait jamais que trahir un mal-être plus profond, celui d’un monde en proie aux fièvres de l’auto-destruction. Une troisième alternative tente de se frayer un chemin dans la douleur, mais où aspirations démocratiques et solutions radicales semblent momentanément marcher main dans la main pour en finir avec la caste politique issue de la décolonisation.

 

L’heure des opportunistes et grands démagogues de la transparence a sonné. Des médias frénétiques, comme al-Jazeera s’immiscent dans le secret des dieux et liquident ce qui pouvait rester de diplomatie pour traiter les conflits. Des hommes prêts à toutes les compromissions, comme Mohammed El-Baradei, s’improvisent dans le rôle de l’homme providentiel, qui n’aurait, du reste, que des strapontins et des erzazt à redistribuer. Il vient d'être assigné à résidence.

 

C’est au Caire et dans les villes principales égyptiennes que se déroule le test majeur et, à la vitesse où vont les choses, nul ne peut prédire ce qu’il en adviendra. Cette ville qu'avait choisi un Président américain pour annoncer un programme, suite auquel il n'y aurait plus vraiment ni arbitre ni pilote dans l'avion, à l'ère de la paix universelle et de l'ambiguïté globalisée.

 

Déjà, les comptes se règlent à coups de roquettes dans le Sinaï. Préventivement, nombre de dirigeants des Frères Musulmans ont été mis en sûreté dans les prisons du Raïs, dont la foule réclame le départ. On s’achemine, à l’issue des prières du vendredi, vers une conflagration sanglante. A partir de là, les bords opposés deviendront vraisemblablement inconciliables, si l’affrontement déborde de tout cadre social et politique. S’il ne peut trouver aucune issue législative, parlementaire, assurant un déverrouillage progressif d’une « société civile » apathique ou inexistante jusqu’à l’avant-veille et qui se rue, devenue « Amok », sur les forces de l’ordre.

 

Le terreau est donc fertile pour les solutions simplistes, dressant les inspirés de l’Islam contre le pouvoir perçu comme « vendu à l’Occident ». Ceux qui attendent des changements en termes de libertés civiques en seraient pour leurs frais, entraînés dans une guerre civile qui n’est plus la leur, mais déjà d’un autre âge : celui des pierres, puis des bombes qu’on lance à l’aveugle dans les foules ivres de portraits et de corps à déchiqueter.

 

Surtout, si les pouvoirs régionaux n’endiguent pas cette marée humaine mue par le manque de moyens économiques et d’expression, pour trouver une voie de compromis acceptable, il est improbable qu’aucun pays de la rive nord ou sud de la Méditerranée s’en sorte indemne. Ce qui se déroule en direct au Caire aura des répercussions majeures dans tous les pays à fort taux migratoire : à Paris, Londres, Bruxelles et, par ricochet, à Washington.

 

 Le mouvement houleux entamé en Tunisie, après le départ précipité de Ben Ali, grâce au maintien de l’ordre par l’armée, est-il reproductible à l’infini, sans que cet ouragan ne se transforme en catastrophe planétaire ? L’ensemble territorial compris entre Alger et les confins de l’Asie centrale peut-il se permettre de se changer en un vaste laboratoire de la « transition politique » ?

 

 

Les observateurs des pays occidentaux qui ont achevé leurs révolutions il y a plusieurs siècles auraient beau jeu de se réjouir d’une comparaison qu’ils trouveraient flatteuse pour le modèle démocratique. Les troubles socio-politiques peuvent bien être devenus un mal pour un bien contaminant, que ventilent les nouveaux médias sms ou tweeter, il va falloir réinventer autre chose et il faudra du temps. La crise économique qui touche tous les secteurs des sociétés, la globalisation de l’information, mettent aux enchères la théorie du chaos, où le moindre battement de voile à Tunis a, désormais, des répercussions, la minute d’après, jusqu’aux déserts les plus reculés du Yémen.

 

Derrière l’écran des revendications légitimes de liberté civique et de redistribution des richesses, se profile aussitôt le théâtre d’ombre des agitateurs professionnels, dont les confréries musulmanes, les inconsolables du Jihad, ou les Emirs, prenant des postures d’empereur Néron : celui du Qatar trouve distrayant de jeter en pâture le peu de légitimité qui restait encore aux négociateurs palestiniens, pour être sûr qu’ils ne parviendront jamais à la plus hypothétique des solutions entre Arabes et Juifs. En cela, il vient de faire un magistral bras d’honneur à toute l’Administration Obama dont le sauvetage du processus de paix restait le principal cheval de bataille.

 

Le drame de cette « transition introuvable » ne se déroule donc plus dans une arène israélo-palestinienne que les cameramen plus ou moins bien intentionnés pouvaient capter de leurs appareils avides de scoops, en distribuant les rôles selon le manichéisme infantile des bonnes victimes sélectives et des méchants colons, à l’intention des opinions blasées, à l’indignation pavlovienne suggérée par un ex-diplomate sénile.  

 

A coups de remèdes de cheval ou de nouveaux « Plans Marshall », il va bien falloir traiter à la racine le mal qui ravage l’aire arabo-musulmane. Les solutions en termes de maintien de ce qui peut bien y rester d’ordre seront des palliatifs de première urgence. C'est un couvre-feu de cette nature qui vient d'être décrété dans toute l'Egypte, qui ne pourra qu'être temporaire. Mais force est de constater que c’est contre la décomposition même de ces sociétés qu’il faudra, pas à pas, lutter. Alors qu’on a voulu comprendre les données du problème selon des visions radicales religieuses ou de « choc des civilisations », l’immobilisme de ces régimes s’avère incapable de produire des cadres d’expression aux mouvances qui s’y mêlent et s’y affrontent, objets d’une vaste dérégulation.

 

Aux contempteurs d’Israël, de la démocratie et du libéralisme, aux spécialistes de l’indignation sur commande, on ne peut qu’opposer ce panorama chaotique, en leur demandant où ils sont encore capables de percevoir un îlot de stabilité, vecteur de progrès et de liberté, à plusieurs milliers de kilomètres à la ronde. L’antisionisme comme réponse toute faite aux multiples conflits régionaux est le baromètre qui indique l’intensité du malaise ambiant. Mais le mal-être est bien là, devant nos yeux et qu’on ne peut plus nier par des mises en scènes dérivatives, se servant du grand mot de "paix" pour perpétuer les conflits. On n’a jamais rien réglé en cassant le thermomètre. Dans cette aire géopolitique en proie à la dévastation, il faudra bien que quelques-uns conservent leur calme et aident les voisins à réinventer des règles du jeu. Elles ne viendront pas, lorsqu’exténuées, les foules succomberaient aux sirènes des milices pro-iraniennes comme le Hezbollah et le Hamas qui, dans l’ombre, attendent de se jeter dans la mêlée et de rétablir l’ordre, à leur façon. 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 10:06

 

 

 

EDITORIAL

 

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Par Marc Brzustowski

 

 

Pour © 2010 lessakele  et  © 2010 aschkel.info

 

Après un moment d’affolement, dans l’ensemble des capitales arabes, on a cherché à se rassurer sur le caractère d’exception des évènements de Tunis. L’exemple d’un peuple qui se soulève spontanément pour chasser un dictateur, Ben Ali, fait craindre la tâche d’huile. Il a, aussi, révélé que les vieilles ficelles, comme d’attiser la haine antisioniste en espérant éluder toute question relative à l’absence de développement, n’avait pas réponse à tout.

 

Bachar al-Assad, le nouvel ami de Washington et Paris, a réuni ses chefs de la sécurité, interdit tout rassemblement, démultiplié les écoutes téléphoniques et décapité tant et plus de paraboles de transmission par câble. Amrou Moussa, l’Egyptien de la Ligue arabe, est plus « modéré », laissant envisager un vent de réformettes pour endiguer le mécontentement, réputé plus contagieux que la grippe H1N1.

 

Après les manifestations massives en Iran contre la spoliation électorale, la révolution du Jasmin est le deuxième évènement-choc qui réveille en sursaut les Caïds inamovibles du monde musulman. L’une n’a pas abouti et se trouve prise dans les serres d’un régime qui démultiplie les tours de vis. L’autre a passé la première épreuve en faisant fuir devant sa clameur un homme terrorisant, défendu bec et ongles par son voisin et ami Khadafi. L’ancien despote n’apparait plus que comme un escroc de paradis fiscal, parti, avec sa rapace épouse, en emportant 1,5 tonne d’or. Reste à ce peuple le plus long chemin à accomplir : celui d’une véritable recomposition politique librement exprimée, au-delà des mots d’ordre visant à calmer sa fureur…

 

On prête, généralement, à la « rue arabe », l’idée qu’elle se préoccuperait en priorité de la revendication majeure de l’Organisation de la Conférence islamique : à savoir que « l’injustice suprême » pour un musulman serait l’existence d’Israël. C’est même l’axiome sur lequel repose toutes les diplomaties occidentales, avec cette pression accrue pour adopter des résolutions contraignantes contre Israël. Michèle Alliot-Marie est ainsi venue piétiner quelques « implantations », à Tel Aviv et proférer des menaces doucereuses et « modérées ». Elle marche tête baissée dans le plan unilatéral du cacique non-élu et inéligible Mahmoud Abbas.

 

Un sondage réalisé, il y a quelques mois par la chaîne TV d’Al Arabiya, auprès d’un large panel de citoyens du monde arabe, démontrait que 70% des sondés affichent une indifférence marquée quant au destin du « processus de paix ». En clair, si cette marotte idéologique de la cause palestinienne n’était pas répétée comme un mantra, les populations risqueraient d’exprimer leurs véritables frustrations et de faire trembler certains de ces pouvoirs sur leur socle. Ce serait, sans doute, pour de toutes autres raisons, et ces états devraient rendre des comptes. La première condition de la paix, hormis la reprise des négociations directes, ne serait-elle pas à portée de main ? Imaginons seulement que ces potentats ligués contre Israël pour conserver leurs trônes, prennent quelques heures de leur temps pour commencer à réfléchir aux voies de la sagesse et de la prospérité commune.

 

Ces exemples mettent à plat le discours du Caire, homogène et lisse comme un œuf. Ils font dérailler le soutien français à Saddam Hussein, à Ben Ali ou, maintenant, à Bachar al-Assad, comme rédempteur protégeant l’Occident de la marée « verte ». Chaque fois, le pire ennemi de la démocratie est le meilleur ami du pays des « Droits de l’homme ». Comprenne qui peut. En Syrie, les Occidentaux misent sur un matelas économique pour parvenir à un déverrouillage progressif du régime, assorti d’un lâchage par seuil de l’Iran et des groupes terroristes. C’est une illusion sans fond qui permet, précisément, au régime alaouite de jouer sur tous les tableaux, sans jamais céder un pouce de sa poigne de fer ni de ses alliances, sans lesquelles il n’est plus. 

 

Dans ces deux pays, Iran et Tunisie, on assiste à l’émergence brimée d’une classe moyenne, éduquée, mais privée d’accès à la parole. C’est encore une différence majeure avec l’ensemble composite et pluriethnique du monde arabe. En Tunisie le PIB moyen d’un habitant est de 4300 $, soit le double d’un Marocain ou d’un Jordanien. 1/3 de sa jeunesse fréquente l’université. La manne à redistribuer, confisquée par le clan Trabelsi, n’était pas d’origine pétrolière ou gazière. L’Algérie proche, riche à l’excès en matières premières, est victime d’une corruption endémique, mais peut lâcher quelques subsides de temps à autre, sur le mode féodal. L’armée y verrouille tous les accès, en proie à des explosions sporadiques qui, jusqu’à présent, n’ont pu rêver d’un changement de régime.

 

Le cas de Ramallah reste unique : un corrompu ne s’est pas présenté à une élection depuis son précédent échec, organisé par les Etats-Unis trop pressés, en 2006, face aux islamistes du Hamas. Mais, son existence politique est artificiellement maintenue, grâce à l’illusion diplomatique qu’il finira par « négocier » ou s’autoproclamer chef d’Etat. Il continue de représenter « le meilleur espoir de paix » pour toutes les chancelleries mondiales. Des capitales sud-américaines, elles-mêmes sujettes au népotisme ou au chaos socio-économique, l’ont déjà reconnu comme l’un des leurs ; l’Espagne, parmi les pays en voie de paupérisation accélérée en Europe, s’y prépare.

 

L’Irak est un autre cas particulier, dans sa marche vers une difficile « normalisation », entre retrait américain et risques de prise de contrôle iranien, via les milices de Moqtada Sadr et le Hezbollah local, réplique à l’identique de son grand frère libanais. Il offre les meilleures garanties de repli tactique pour les séides de Nasrallah, menacés par le Tribunal Spécial.


 Au Liban, le Hezbollah a esquissé deux tentatives successives de coup d’état, en moins de 24 heures : lors d’une première simulation, le mardi 18, plusieurs groupes d’une trentaine d’hommes se sont rassemblés en au moins 9 points-clé de la capitale, aux intersections des quartiers chiites et sunnites. Pris de panique, des commerçants ont baissé le rideau de fer, des écoles et des services publics ont préféré fermer. Les blindés de l’armée patrouillaient dans les rues, sans intervenir directement.


 On serait passé tout près du point de rupture, mercredi soir, 19 janvier, selon les sources militaires de Debkafile. Les cibles de cet assaut étaient les bâtiments et les troupes de l’ONU au Liban : ses hommes de mains devaient encercler les bureaux de la Commission économique et sociale de l’ONU, pendant que des miliciens en armes auraient contraint les hommes de la FINUL à répliquer à leurs assauts au Sud-Liban, ou à se constituer otages.

 

Le Hezbollah devait aussi assiéger les bureaux de l’émissaire spécial, Michaël Williams, ceux de l’UNWRA, qui s’occupe des camps palestiniens, ainsi que plusieurs points de liaison de la FINUL à Beyrouth. L’objectif était de contraindre Ban Ki-Moon à réévaluer les actes d’accusation contre plusieurs de ses membres haut-placés. Mais, au dernier moment, Nasrallah a préféré remettre l’opération à une fois prochaine.

 

Car  Ban Ki-Moon aurait pu exiger de l’armée libanaise qu’elle débloque les accès à ses institutions. En cas probable d’échec, il aurait alors dû mandater une résolution au Conseil de Sécurité, pour que des troupes en armes viennent au secours des équipes de la FINUL. L’intervention internationale aurait pu se terminer par le débarquement de troupes de marine américaines, françaises et germaniques, stationnées à proximité des côtes beyrouthines.

 

A cette heure, on peut considérer qu’on n’en est qu’à la première vague de tests. l’Iran rappelle qu’il se veut seul maître à bord, au pays du Cèdre, comme il dispose d’atouts-maîtres en Irak. Si le Hezbollah se sent acculé, il lui reste jusqu’en septembre prochain, au moins, pour trouver ce qu’il considère comme une  « sortie honorable » : il se présente en victime libanaise d’un complot américano-sioniste et peut appeler, à tout instant, ses partisans à l’insurrection, dans un scénario à l’irakienne.

 

Une guerre des nerfs, bien connue à la frontière israélienne, s’est déclenchée. Cette fois, elle est diffuse dans tout le pays, sans qu’Israël n’ait besoin de faire vrombir le moindre moteur de Merkava. Le risque de choc frontal avec les instances internationales pourrait entrouvrir la porte à la destruction en règle de son stock de 50 000 roquettes et missiles pointés contre Israël, assurant, par ricochet, la sécurité du Tribunal Spécial. Il est certain qu’Ahmadinedjad et Nasrallah réfléchiront à deux fois, avant de lancer les dés. Bachar, quant à lui, sait qu’il ne peut pas, sans dommage, franchir le « seuil critique » et suppléer au renfort de la milice chi’ite en nouveaux Scuds-D…

 

« L’Axe » est encore loin d’être « échec et mat », grâce à sa nouvelle profondeur stratégique en Irak.

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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 17:47

 

 

 

De l’Afrique comme point de « choc des civilisations » inédit

 

L’Indépendance chrétienne du Sud-Soudan, le massacre des coptes en Egypte et l’extension d’al Qaeda au Sahel…


 

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Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


 

Sud-Soudan 

 

 

Peu d’écho semble donné à ce qui pourrait bien constituer une grande victoire sur l'un des génocides les plus lancinants du tournant du XXIè siècle, ce 9 janvier : l’indépendance probable, mais fragile, du Sud-Soudan chrétien, peut-être assortie de celle de la province d’Abyié, à l’égard de Khartoum, où règne en maître, Omar El-Béchir. Soutenu par l’Organisation de la Conférence islamique, le dictateur soudanais échappe, jusqu’à preuve du contraire, à tout mandat d’arrêt international visant à le traîner devant le Tribunal de la Haye. Se conformer à ce référendum, soutenu par l’ONU est une façon de monnayer sa survie politique, quoi qu’il y soit viscéralement opposé, à l’instar de quelques voisins dont il a le renfort : l’Egypte de Moubarak et la Lybie de Mouammar Khadafi. Pour des raisons différentes, ces deux régimes y voient un risque de perte de leur mainmise sur le couloir africain, à partir des rives du Nil et le risque d’éveil, tant des Chrétiens d’Afrique que de l’Ethiopie.


 

 

 

Hier, le journal officiel russe RIA Novosti laissait s’exprimer El-Béchir, concédant que si Israël et le Sud-Soudan souhaitaient établir des relations diplomatiques, cela relèverait de leurs « affaires intérieures » à l’issue de ce référendum. Une triangulaire prend forme, où la Russie marque, de plus en plus, son intérêt pour les découvertes pétrolières et gazières au large d’Israël et les débouchés en Mer Rouge qu’offrirait le projet de gazoduc gréco-israélien transitant par Ashkelon, puis Eilat. La sécurisation de la Mer Rouge est donc à l'ordre du jour.

 

 

 

Plus au nord, tant la Turquie que le Liban se sont vus renvoyés dans les cordes, après leurs pressions sur Chypre, puis l’ONU, espérant bénéficier de la manne. L’Egypte veut également examiner en quoi ces explorations pourraient réduire son influence dans la région. Toujours est-il que la zone toute entière du Levant jusqu’à la Corne de l’Afrique subit une redistribution des cartes, où d’anciens adversaires idéologiques, comme la Russie et Israël, discutent et s’entendent jusqu’à un certain point, générant l’inquiétude, parmi les régimes arabes ou turcs, jusqu’alors en pointe sur le contrôle des énergies fossiles.

 

S’il faut bien voir la marque d’al Qaeda, probablement manipulé par la Syrie et l’Iran dans le massacre des Coptes à Alexandrie, comme leurs cousins chaldéo-syriaques à Bagdad, l’Egypte est aussi sujette à ces soubresauts par crainte d’une autonomie et l'absence de liberté de ses propres minorités. Dès lors, les autorités ont longtemps laissé faire ces persécutions jusqu’à ce qu’elles atteignent un paroxysme. L’origine locale d’une partie des réseaux terroristes, en lien avec les trafics d’armes et d’êtres humains venus du Soudan, via le Sinaï est l’un des avatars de l’ordre instable régnant sur les rives du Nil et du Canal de Suez.

 

 

 

Etablissant des comptoirs au Sud-Soudan avec la future république du Président Silva Kiir Mayardit, jouissant de liens privilégiés avec l’Ethiopie du Premier Ministre éthiopien Meles Zenawi, Israël, entretient, depuis fort longtemps des relations cordiales avec plusieurs états africains, comme le Kenya, ou encore le Rwanda, également frappé en plein cœur par un génocide, mais qui est devenu, depuis, l’une des Silicon Valley les plus prometteuses du Continent.

 

 

L'armée rwandaise, un modèle pour l'Afrique (extrait : nanojvpress)

 

L’environnement reste, néanmoins, hautement problématique : la Somalie est une plaie chaotique béante, saignée par les Shababs, alliés du Hamas. Plus loin à l’Ouest, c’est tout le Sahel qui devient une zone d’extension d’al Qaeda au Maghreb, à partir de places fortes et mobiles dans les zones désertiques entre Mali, Niger, Mauritanie et pays du Maghreb. La présence française y est prise pour cible privilégiée, comme l’atteste encore la mort de deux ressortissants, le 8 janvier. Beaucoup de pays sont divisés par zone d’influence, d’abord ethnique, ensuite religieuse, où l’appartenance chrétienne ou musulmane joue un rôle fluctuant, comme au Nord du Nigéria. Souvent l’origine tribale est plus déterminante que le degré d’islamisation. Mais le radicalisme d’al Qaeda travaille en profondeur ce clivage, à travers ses réseaux de contrebande en traque d’otages à monnayer pour étendre sa guerre sainte, encore à l’état embryonnaire.


 

 

Jusqu’à présent, depuis surtout la guerre civile algérienne des années 1990, les pays nord-africains ont refoulé vers le sud désertique cette mouvance issue du GIA et du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Salut. Les régimes algériens et tunisiens exerçant leur pouvoir par des pratiques semi-maffieuses où la corruption est le maître-mot, sont aujourd’hui sous le coup d’insurrections de leurs sociétés civiles pour les mêmes motifs de confiscation de tout avenir par des élites claniques, issues des rangs de l’armée et des grandes familles. Il est difficile de présager si l’islamisme refluant profitera de ces désordres socio-économiques prérévolutionnaires, qui ont encore fait 20 morts en Tunisie dans les dernières 24h, pour y récréer ses réseaux. L’alternative de la démocratisation et de la redistribution des richesses y semble inaccessible, motivant des actes de désespoir qui conduisent à des suicides publics. Les gouvernements n’ont jamais su tirer parti de la richesse culturelle (exemple de la Kabylie) et énergétique de cette région, et l’Islam d’Etat ou le vernis de laïcité s’y sont vite retrouvés confrontés à leur double : l’Islamisme fanatique enseigné par les confréries résurgentes jusqu’en Egypte (les Frères Musulmans) ou le Salafisme de retour d’Afghanistan contre les Soviétiques.

 

 

 

En contrepoids, l’Union des Etats Africains reste une structure fragile d’ententes entre caciques locaux faisant reposer leur pouvoir sur leurs réseaux tribaux. Mais la démocratisation y est parfois plus avancée que dans le Maghreb. L’ensemble des compagnies minières des Grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Iran…) y sont présentes et rivalisent pour y maintenir des régimes qui leur soient favorables. On le voit également en Côte d’Ivoire, qui est un des pays-clés de Centrafrique, où, là encore, une partition entre nord et sud ne résoudrait que provisoirement les jeux d’influence.

 

 

En Méditerranée, le nouvel axe d’entente stratégique entre Grèce, Israël et intérêts bien compris de la Russie autour de la maîtrise des réseaux énergétiques, les ententes militaires avec la Bulgarie, la Roumanie, sont susceptibles de revitaliser une cohabitation pacifiée dans les Balkans, tout en gelant l’entrée de la Turquie dans l’Europe. De la même façon, les pays nouvellement démocratisés de la Corne de l’Afrique peuvent jouer le rôle de « cordon sécuritaire » contre l’extension de l‘Islamisme résurgent depuis la Somalie ou l’Erythrée. Un rééquilibrage économique à base de coopération peut contribuer à modérer l’influence régionale de l’Arabie Saoudite et de l’Iran, tout en ménageant l’accès aux marchés asiatiques pour le pétrole et le gaz russe, ayant alors intérêt à inventer une nouvelle « paix froide » entre la Turquie et Israël, comme c’est le cas entre Le Caire et Jérusalem, et avec les forces de l'OTAN.

 

La question des minorités - non plus « protégées » par les Occidentaux, mais acquérant leur reconnaissance et leur autonomie plus ou moins large, comme dans le cas des Kurdes d’Irak, protecteurs des Chaldéo-Syriaques persécutés à Bagdad, de Chypre s’émancipant du danger turc-, offre un nouveau challenge aux puissances présentes dans la région.

 

 

 

Le défi partagé réside dans l’opposition concertée du monde musulman, arabe, turc, perse ou égyptien à une telle voie de développement : il mettrait en péril la cohésion panislamiste qui caractérise ce système féodal issu de la conquête arabe du IXè au XIVè siècle et qui verrouille l’entrée des pays émergents dans le XXIè. C’est aussi l’héritage subversif du Sionisme que de tendre à l’autodétermination des peuples et nations réels, sous le vernis d’Islamisation, des régions où son influence est active. Un modèle de "décolonisation" dont la presse occidentale ne sait parler qu'en mal.


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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 14:42

 

 

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Obama, archange du syndrome de Stockholm, envoie l’ambassadeur Ford assurer Damas, siège du terrorisme, de son impunité.


 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele  et  © 2010 aschkel.info


 

Wikileaks poursuit ses révélations, et pointe le rôle central joué par la Syrie, dans l’instrumentalisation des émeutes contre les chancelleries, lors de « l’affaire des caricatures de Mahomet », en 2006.

 

Mercredi 29 décembre, les polices danoise et suédoise arrêtaient 5 terroristes rompus aux attentats complexes de type « Mumbaï » qui devaient secouer Copenhague, dans la nuit du 1er de l’an. Une des cibles était le siège du journal Jyllands Posten, qui publia la satire. Une semaine après les tentatives avortées de Stockholm, un autre Irakien ayant vécu dans la capitale danoise, un Tunisien, un Libanais et un quatrième larron dont la nationalité reste imprécise, devaient égaler le record morbide de 2008 en Inde (163 morts). Un second Tunisien était capturé en Suède, sans qu’on puisse établir de lien direct avec la précédente alerte en plein coeur de Stockholm. Le Ministre de la Justice danoise a qualifié cette préparation, « d’attentat le plus grave qui ait jamais été tenté au Danemark ».

 

Au Nord, seule la Norvège semble épargnée pour l'exemple, du fait de l’empathie démesurée de son Ministre des affaires étrangères pour les dirigeants du Hamas, selon les câbles diplomatiques américains. L’ironie du mauvais sort veut encore que c’est depuis qu’il a joué un rôle important, dans les « accords d’Oslo », que ce pays ne pardonne pas à Israël de ne pas avoir cédé à toutes les exigences palestiniennes. Il a donc choisi de le lui faire payer durement, par une collaboration à peine voilée avec les radicaux islamistes de Gaza, sous le commandement de Khaled Meshaal. Doit-on rappeler qu’il est l’hôte privilégié de Bachar al-Assad, inspirateur de fatwas contre de simples dessinateurs doté d’un humour qui n’a pas l’heur de plaire à cet agitateur de foules? Cela tient du syndrome de la compassion sans limite de l’otage pour son bourreau. 

 

 Le régime syrien est un état superficiellement  « laïc » très prisé par les chancelleries occidentales pour cette raison, qui sait manier la poudre religieuse pour susciter de nouvelles offres d'apaisement. En "tout bien tout honneur", c'est à lui qu’incombe la « mission sacrée » confiée par Barack Obama de pondérer les appétits d’ogre révolutionnaire islamique de l’Iran face à la “Communauté internationale”. Au pays merveilleux d’Alice, l’Administration américaine vient, en effet et contre l’avis certifié de son Congrès, d’envoyer l’Ambassadeur Ford à Damas. Il est chargé d’acheminer en mains « propres », si l’on peut dire, les désidératas de son angélique Président.

 

D’autres menaces se font toujours plus précises : au moins douze Palestiniens du Jund al-Sham syrien et du Fatah-al-Islam viennent d'être dépêchés en Europe. Ils étaient logés auparavant dans le camp libanais d’Ain Heloué. Ces groupes sont également présents dans la bande de Gaza, comme supplétifs du Hamas, dotés d’une « riche » expérience » en combat urbain.


Deux autres groupes de 9 membres, en provenance de Somalie, ont été arrêtés, dont le premier, à Londres. Ils devaient commettre des attentats contre l’Ambassade américaine, la bourse de Londres, et des personnalités politiques et religieuses britanniques. 12 autres encore devaient en faire de même à Rotterdam, en Hollande. C’est donc au tour des groupes palestiniens implantés au Liban de dépêcher leurs émissaires de la mort pour renforcer le dialogue des civilisations : le 25 décembre, Ghandi Sahmarani, le dirigeant du Jund al-Sham était donné pour mort, dans ce camp près de Saïda. Il n’y a, en réalité,     jamais vécu. Il aurait disparu une semaine auparavant, en compagnie de ces douze hommes, par la Syrie, puis la Turquie, où une partie de ce groupe résiderait encore, avant de rejoindre les autres, pour s’infiltrer en Europe de l’Ouest par les Balkans. Ils constitueraient 3 groupes différents, experts dans l’art d'effacer les traces des déplacements de leurs dirigeants opérationnels. Le responsable palestinien du camp d'Ain Heloué, Mounir al-Maqda, a confirmé cette volatilisation d’un « groupe de combattants ». Il est lui-même soupçonné par les services de renseignements moyen-orientaux, d’être proche de la mouvance al Qaeda. Autant parler d'une pépinière de génies de l'Apocalypse.

 

Le régime syrien est tenu pour servir de couverture et de mine de renseignements à ces réseaux terroristes évoluant d’Irak vers le Liban et la Bande de Gaza. Qu'est-ce qui peut conduire une Administration occidentale à signer des chèques en blanc les yeux bandés à ce tonneau des Danaïdes, à l’heure même où les clignotants convergent vers le même centre nerveux?

 

Dans un autre câble publié par Wikileaks datant de février 2009, le conseiller français Jean-Claude Cousseran incite les Américains à ne pas tendre la main à Bachar al-Assad sans rien obtenir de tangible en retour. Damas est, selon lui, passé maître dans l’art d’éventer toute concession, adepte de « l’enfarinage » de ses visiteurs : leur faire miroiter monts et merveilles, lors de délicieuses conversations, et les laisser repartir les mains désespérément vides.

 

Selon Cousseran, il ne mènera à rien que Washington escompte le voir restreindre ses relations avec le Hamas et le Hezbollah. Il s’agit là d’une incompréhension structurelle entre les deux capitales : l’objectif américain est de voir Damas renoncer à des parrainages que, précisément, Bachar n’abandonnera pas, puisqu’ils constituent son « assurance-vie » et ses cartes-maîtresses dans le jeu de dupes diplomatique qu’il mène à son avantage.

 

En décidant de déléguer Robert Ford en Syrie, Obama tombe à pieds joints dans le piège alaouite. Obama s’en défend en espérant l’ouverture des sites nucléaires syriens que l’AIEA réclame d’inspecter sans succès depuis 2008. Il voudrait encore relancer les négociations israélo-syriennes et marquer quelques points dans celles avec les Palestiniens, où il vient d’échouer de façon cinglante. De même, le Président américain attend de Bachar qu’il consente aux accusations du Tribunal Spécial sur le Liban, alors même que le cacique syrien fait des pieds et des mains pour multiplier les obstructions.

 

L'Administration américaine vient, en fait, de signer des deux mains que Damas a déjà obtenu ce qu’il désirait le plus, puisque le dernier Ambassadeur avait été rappelé en représailles de l’attentat contre Rafik Hariri. Assad peut donc désormais faire patienter indéfiniment l’envoyé d’Obama dans le Corridor des « pas perdus ».

 

Sa présence va devenir une scène d'anthologie du théâtre de l’absurde orchestré depuis la Maison Blanche : elle prive ses ennemis de tout risque de rétorsion et les encourage à pousser les provocations, terroristes et diplomatiques, allant par paire, toujours plus loin.

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25 décembre 2010 6 25 /12 /décembre /2010 16:41

 

 

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Le rôle central des jihadistes palestino-jordaniens ou palestiniens du Liban dans le ressourcement en boucle du Jihad global

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

 

Au moins 8 Jordano-palestiniens ont été arrêtés ou tués, en Afghanistan, Yémen et Irak, pour leur implication dans le terrorisme, au cours du mois qui vient de s’écouler. Ainsi, Haitam Mohammed al-Khayat, âgé de 26 ans, sortait frais et moulu d’une faculté de médecine, avant de s’engager pour le grand Jihad, le cœur brisé par un échec amoureux. Connu dans les cercles extrémistes sous le nom de Abu Kandahar al-Zarqawi, il était aussi administrateur d’un forum jihadiste en ligne. Il était associé à un autre « médecin humanitaire », qui s’est fait exploser dans une base américaine en Afghanistan, tuant 7 employés de la CIA, le 1er janvier 2010, Abu Mulaï al-Balawi.

 

Celui-ci était un agent-triple, recruté par les services de sa Majesté le Roi Abdallah II, afin de fournir des informations à la CIA sur Ayman al-Zawahiri, le n° 2 d’al Qaeda. Mais, il s’est retourné contre ses commanditaires. Tous deux étaient originaires de Zarqa, lieu de naissance d’Abu Mussab al-Zarqawi, éliminé par un missile en Irak en juin 2006, et dont le premier a repris le nom. Al-Khayat était tenu pour en savoir long sur les échelons les plus hauts de l’organisation. Dans un entretien sur un site web, il incitait les Arabes du Moyen-Orient à se concentrer sur une guerre d’assassinats perpétrés par des snipers et des ingénieurs en explosifs. Sa famille provenait de la Bande de Gaza et maintenait des liens avec d’autres Palestiniens d’Hébron. Il se serait fâché avec son père du fait de ses positions radicales et ce même motif serait à l’origine de ses fiançailles interrompues.

 

A la même période, un Tribunal militaire jordanien diffusait un acte d’accusation contre Issam Mohammed Taher al-Barqawi, le mentor jordano-palestinien d’Abu Mussab al-Zarqawi et trois autres terroristes, arrêtés le 22 septembre dernier.

 

Abu Mussab al-Zarqawi

 

Le 15 décembre, l’ingénieur jordanien Maath Mohammed Kamal Alia était arrêté au Yémen. Le 14 décembre, le Jordano-palestinien Mahmoud Abu Reidah se fait tuer par les forces américaines en Afghanistan, après avoir obtenu l’asile politique en Grande-Bretagne. Le 7 décembre, c’est l’ingénieur informatique Mohammed Rateb Qteishat, qui est tué à Mossoul par les forces irakiennes. Il était déjà condamné par contumace en Jordanie pour la planification de complots terroristes anti-américains à Amman.  Le 19 novembre, 4 Jordaniens d’origine palestinienne, également originaires de Zarqa, sont tués en combattant les troupes américaines en Irak. Ils avaient tous entre 20 et 30 ans et presque tous connu la prison en Jordanie pour attaques terroristes contre des intérêts américains.

 

Des membres du Fatah al-Islam, mouvement inspiré d'al-Qaida, lisent le Coran dans le campde Nahr al-Barid, au Liban, en mars 2007.


C’est encore sans compter sur la branche « libanaise » de la famille, puisque Georges Malbrunot nous apprenait, sur son blog du Figaro, qu’une première vague d’une vingtaine de Jihadistes à haute dangerosité s’étaient infiltrés, grâce à des filières turques, en Grèce, Bulgarie, Allemagne, Belgique et en France, en provenance du camp d’Ein-Héloué, près de Saïda au Liban. Les services français confirment cette nouvelle filière, changeant d’identité et de faciès. D’après des renseignements palestiniens, « ces gens-là sont entre les mains de certaines puissances, ne connaissent pas de problèmes d’argent, attendant dans l’ombre pendant des mois avant de frapper". Tous ces éléments les distinguent d’une simple affiliation à al-Qaeda, comme nébuleuse non-étatique. Mais, leur rôle serait précisément de faire masse avec les filières dormantes du Jihad Global. La réserve de ces agents de liaison se monte à une bonne cinquantaine de terroristes aguerris près à suivre le même chemin.

 

Probablement avant la fin de la première semaine de janvier, le procureur Bellemare du Tribunal International, aura publié ses actes d’accusation à l’encontre des responsables de l’attentat contre Rafik Hariri. A une époque assez rapprochée aura lieu, à Ankara, la deuxième tranche de rencontres entre les 6 puissances du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Iran.

 

Scruté par les observateurs internationaux, le Hezbollah n’est plus cet outil imparable de Téhéran qui semait la terreur à travers le monde, comme en Argentine dans les années 90. Il doit prendre des précautions, faire le dos rond et déléguer les basses œuvres à des réseaux plus obscurs. Le même genre de phénomène s’organise en Afghanistan, où al Qaeda a récemment dépêché le bras droit de Saad Ben Laden, l’égyptien Saïf al Adel. Tous deux, ainsi qu’un second état-major complet de la mouvance jihadiste se trouvait, jusqu’à il y a peu, hôtes de l’Iran, qui leur a "rendu leur liberté" en octobre 2010. Le 23 décembre, un Taliban, agent de liaison des Forces Qods, plus connues, en Afghanistan, sous le nom de Corps Ansar, était capturé à Kandahar.  

 

Si l’on remonte encore dans le temps, le 19 août 2008, soit peu de temps après les coup de force sur Beyrouth -en mai- le fondateur du courant salafiste au Liban, Sheikh Daee al-Islam-al-Shahhal, signait un accord de coopération avec Ibrahim Amin al-Sayyed, pour le Hezbollah. Il s’agissait, alors, essentiellement, de faire face à l’Amérique et de discuter tous les désaccords religieux entre les mouvances. Ces groupes sunnites peuvent ainsi profiter de l’assistance de haut niveau des appareils sécuritaires syriens et iraniens. Ils étaient déjà escortés par ces services dans le Triangle sunnite en Irak depuis 2003. Les groupes terroristes salafistes sont venus au Liban pour s’entraîner en vue de frapper des cibles dans le Golfe arabo-persique.

 

L’exemple emblématique du Hezbollah permet de vérifier que la tactique iranienne est ancienne : employer des réseaux par procuration pour diffuser ses messages à l’Occident ou aux pays arabes plus traditionnalistes. Se perdant fréquemment en conjectures pour maintenir des distinctions qui, sur le plan opérationnel, n’en sont plus depuis longtemps entre les différents « révolutionnaires » du Moyen-Orient, la coalition anti-terroriste préfère demeurer aveugle à ces alliances de fait.

 

imad moughniyeh

Imad Moughniyeh, longtemps le chef de la section terroriste du Hezbollah, était, au milieu des années 70, le favori de Yasser Arafat et l’organisateur des « brigades étudiantes ». Elles deviendront la « Force 17 » du leader du Fatah, dont il fut le garde du corps personnel, avant de devenir celui du Cheikh Fadlallah, guide spirituel de la milice chi’ite.


 

Abdallah Yusuf Azzam

Le Jihad global, parallèlement, est né avec Abdallah Azzam, ancien membre de l’OLP, le mentor de Ben-Laden, en décembre 1979. Il y a de cela 31 ans. Azzam s’est écarté de l’OLP, déjà, à l’époque, à cause de sa corruption interne, non pour des divergences stratégiques. Dès ses débuts, il est protégé par l’ISI, le service de renseignement pakistanais, plus tard, père du Lashkar e-Taïba, frère jumeau pakistanais du Hamas. Mais, Ben Laden et Azzam lui faussent compagnie en créant leurs propres ONG et services du bâtiment, de façon à faire circuler les fonds dont ils ont besoin. Le 24 novembre 1989, meurt Abdallah Azzam dans un attentat à la voiture piégée. Imad Mughniyeh connaîtra le même sort, en plein quartier sécurisé de Damas, le 12 février 2008.

 

Il est vrai qu’on peut, ensuite, penser, que le problème se règlera autour d’une table  et qu’alors, le Jihad mondial s'évanouira dans les sables…

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