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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 06:12

 

 

 

 

 

 

 

editorialàGad

 

Ahmadinedjad harangue les foules libanaises à mourir pour l’hégémonie chi’ite et s’en retourne vers son Iran sous les verrous

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


 

 

On ne peut ni exagérer la portée des formules exterminatoires, tellement coutumières, du Maître de Téhéran, ni minimiser l’ampleur de la catastrophe à laquelle le visiteur du 3 ème type condamne ses hôtes libanais en les annexant à l’axe qu’il dirige.

 

Le Hezbollah, son bras armé, avait manifestement procédé aux battues rassembleuses de ses partisans, tant à Dahiyeh, dans ses quartiers réservés de Beyrouth, que dans ses fiefs du Sud, comme à Bint Jbeil. Les discours enflammés qui étaient dédiés à ces martyrs désignés volontaires ne variaient guère de leur ligne, désormais, bien rôdés : « Les sionistes vont disparaître » (par enchantement charismatique, sans doute).

 

Venu tiré parti de la supposée « divine victoire » qui a vu le Hezbollah reculer de 50 kms jusqu’au Litani et son chef atteint de neurasthénie à vie se barricader dans son bunker et ne plus en sortir que par vidéos enregistrées, Ahmadinedjad sait motiver les foules : après avoir promis 450 millions de $ au gouvernement libanais et avoir déboursé un premier milliard à la reconstruction des villages du sud, il propose aux heureux bénéficiaires de renoncer à ce qu’ils viennent ainsi d’acquérir chèrement.

 

Car tel est le challenge autodestructeur auquel il destine ses fervents supporters venus le remercier de ses largesses. Un prêt pour emprunter le chemin du sacrifice sur l’autel du Velayat e-Feqih, dont les Iraniens eux-mêmes ne veulent plus.

 

Mais on peut comprendre qu’il ne boude pas son plaisir de profiter de ces bains de foules en apparence spontanés, lorsque les incidents sont constants à domicile, depuis sa réélection contestée et jamais entérinée par le peuple d’Iran.

 

Gageons que les Libanais ne soient, finalement, pas plus idiots que ceux qui, à Téhéran, manifestent en criant : « ni Hezbollah, ni Hamas, je meurs pour l’Iran ! ». Tant qu’il s’agit d’écouter leur « bienfaiteur » égrener ses exigences de remboursement par le prix du sang, il ne s’agit jamais que de donner le change par la figuration. Mais, en contresignant ce pacte avec les pieds et les acclamations, ils sont, de fait, engagés par cette dette empoisonnée. Et ils ne le sont pas moins, pour l‘édification de l’empire pasdaran que ne le sont les malheureuses victimes de la répression dans les principales villes d’Iran.

 

Et, tant que le peuple perse résiste encore, les Libanais, ces « malgré-nous », enrôlés de gré ou de force dans le programme d’Ahmadinedjad pour le Moyen-Orient, ont encore le choix de repousser l’heure du sort fatal qu’il leur réserve. Qu’ils le sentent obscurément ou qu’ils préfèrent ne pas comprendre ce qui se passe là-bas, leur destin est lié.

 

Le Liban, peuple et gouvernants, devraient tirer quelque enseignement de l’expérience de leurs homologues vivant sous le régime tyrannique de leur visiteur. Ainsi, les médias officiels de celui-ci déclaraient sans vergogne, que les « Sionistes » avaient orchestré, avec leurs complices américains et les pouvoirs arabes vendus à Sion, le « faux sauvetage » des mineurs chiliens bloqués sous terre, pour détourner l’attention du monde du périple messianique d’Ahmadinedjad à Beyrouth. Il doit falloir des nerfs à toute épreuve pour supporter les retournements de sens paranoïdes de l’actualité la plus banale ou eceptionnelle en complot mondial. Il faut sûrement vivre enfermé dans une bulle de propagande auquel soi-même on ne croit plus pour accepter de gober et de tenter vainement de faire avaler à l'entonnoir médiatique de telles inepties maladives. Et pourtant !

 

Pourtant, ce qui ne marche plus en Iran, Ahmadinedjad entreprend de le ressusciter dans sa lointaine province, parmi les plus éloignées de son royaume ubuesque, peut-être avant la jungle des FARC. Ahmadinedjad se persuade que la soumission qu’il ne parvient pas à imposer dans ses frontières sera mieux exportée et mieux acceptée ailleurs.

 

Lorsqu’un pouvoir atteint de tels sommets d’isolement dans sa propre folie, contre son propre peuple et tous ceux qui l’entourent, il y a fort à parier qu’il est, chaque jour, plus déstabilisé et sensible à la guerre de l’information, menée de l’intérieur ou de l’extérieur.

 

Ainsi, lorsque le Président de cette République islamiste contre son gré vante la puissance militaire qu’il apporte dans ses bagages à Beyrouth, une base de missiles à Khoramabad, au sud-ouest kurde, prend feu, dans un mystérieux accident qui a toutes les allures du sabotage. Sur le plan humain, 18 hommes d’élite des Pasdaran y laissent la vie et 14 sont grièvement blessés. Sur le plan militaire et technologique, ce sont des Shahab 3, ces fameuses ogives qu’Ahmadinedjad promet, au même moment, de lancer dans un déluge de feu destructeur sur Israël, qui sont les vecteurs de la mort de ses meilleurs soldats et techniciens.

 

Qu'il prétende que c'est un accident et la fiabilité de ses armes de guerre laisse vraiment à désirer. Il ne peut donc accuser les éternels boucs-émissaires de ses fiascos, qu'ils soient Sionistes ou éléments de minorités révoltées par sa politique ségrégative envers les non-chi'ites. Qu'il affirme le contraire, et il continue de semer les germes de la révolte contre l'injustice, contraire aux valeurs au nom desquelles son idéologie a dit conduire les révolutions moyen-orientales.


Comment donc Ahmadinedjad parvient-il à conserver sa pieuse assurance en proférant ses appels incendiaires quand le feu qu’il veut répandre au Sud-Liban se retourne contre ceux-là mêmes, chargés d’acheminer leurs missiles les plus perfectionnés vers ses séides libanais promis au même sort ?

 

La configuration dans laquelle se trouve le pouvoir iranien aujourd’hui est celle du serpent qui se mord la queue. Allumer la mèche d’une guerre au Sud-Liban ne garantit en rien la pérennité du pouvoir pasdaran à Téhéran ni son immunité aux coups qui lui sont portés par les rebellions ethniques, par la rue verte ou les mouvements de grève du Bazar. Peut-être cela ne lui permettrait-il que de retarder l'échéance de sa destitution.


 Afficher l'image en taille réelle

 

Un tel régime aux abois est plus fragile, sur le plan économique, politique, ou de la faiblesse de persuasion de sa propre propagande autosuggérée,  que l’URSS quelques mois ou années avant la chute du mur de Berlin. Aucune démocratie ne peut aujourd’hui, l’ignorer. Aussi a-t-il grandement besoin d’opérations de communication comme ce happening de Beyrouth ou Bint Jbeil comme pour se régénérer, poursuivre le mythe d’une puissance régionale aujourd’hui chancelante sur son socle-même.

 

Une révolution ne s’exporte bien que lorsqu’elle conserve encore suffisamment d’ascendant sur sa propre population, soit par la foi enthousiaste qu’elle engendre, soit par la peur qu’elle inspire. L’Iran a t-il, aujourd’hui, encore les moyens de sa propagande ? Ses alliances même sont scellées dans une rivalité hégémonique à peine feinte, par la Turquie ou la Syrie, qui ne rêvent, finalement, que de tirer leurs propres marrons du feu, en agitant l’épouvantail iranien ou son supplétif de Daniyeh.

 

Les démocraties perdent leur temps à vouloir négocier avec un gouvernement lancé à ce point dans une fuite en avant. Si l’on doit redouter une guerre avec un pays, une milice ou ses alliés, elle pourrait bien être essentiellement motivée par la crainte de l’effondrement, la stimulation de réflexes nationalistes et le carburant du désespoir d’un régime qui ne sait pas qui sera le prochain « traître » à sa ligne de conduite et ses objectifs, l’instant d’après le déclenchement d’un conflit.

 

Les moyens à déployer sont ceux d’une guerre de l’information sans répit sur les réalités sombres de ce pouvoir, la répression qu’il exerce, les failles sécuritaires auxquelles il est constamment confronté dans ses provinces, malgré ses tentatives d’étendre sans fin ses tentacules sur les pays voisins, comme l’Irak ou le Liban.

 

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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 18:23

 

 

 

 

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Ahmadinedjad à un jet de pierre d’Israël et Abbas sur le fil de nouvelles frontières : qui franchira le premier la ligne rouge ?

 

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info


L’impensable, il y a encore peu, est sur le point de se produire. Les Pasdaran viennent d’envoyer 2500 membres des forces spéciales tapisser le Sud-Liban de drapeaux iraniens et, incidemment, veiller à la sécurité de leur dictateur Ahmadinedjad. Que fait l’ONU ? Quid de la résolution 1701 ? Que reste t-il du Liban souverain, cette peau de chagrin depuis si longtemps ?

 

D’après des rumeurs persistantes, l’empereur du Chi’isme aurait eu l’intention de payer de sa personne, par un petit geste symbolique l’assimilant aussitôt à la culture du Shabab : saisir une pierre symbolique pour la lancer, en signe de défi, sur les soldats israéliens, de l’autre côté de la frontière ! Il aurait s’agi là de se glisser dans la peau d’un personnage célèbre, cher aux fabricants de mythologies pour la cause, tel l’artiste maudit du début du XXIè siècle, qui se singularisa à la pointe du Jihad, Charles Enderlin : le garnement palestinien, instrument d’Intifada. Celui au nom duquel al Qaeda peut égorger un autre journaliste, un Juif Américain, celui-là, le regretté Daniel Pearl.

 

Mais, voilà, l'imagerie influant sur les croyances populaires, ne tient pas à l'analyse.

 

Les milieux proches de l’Iran au Liban se sont empressés de démentir ce scénario, campant leur dirigeant bien-aimé dans la stature du chef d’état unitaire, responsable, insistant sur la « stabilité » d’un Liban que ses propres partisans n’ont de cesse de remettre en cause au quotidien. Contre des postures trop voyantes, la théorie du « coup d’état » programmé, mais violent, orchestré après son départ risque d’être remisé, au profit d’une stratégie de moyen terme plus discrète, mais plus efficace. Il s’agit de concurrencer les pro-Occidentaux subsistants sur leur propre terrain en démontrant que Saad Hariri ne maîtrise plus grand-chose de la situation. Le Président Sleiman est un « pragmatique » qui a su faire allégeance aux deux parrains du Hezbollah, au fil du temps et laisse un semblant de vie parlementaire illusionner le visiteur politique européen ou américain.

 

Mettre en place un état-ventriloque, voilà un beau challenge pour Mahmoud-le-Conquérant!

 

Le défi coûtera, quoi qu’il en soit, bien moins cher à l’image d’Israël qu’à la souveraineté du Liban. Ahmadinedjad s’inviterait ainsi à Beyrouth, mais ne devrait pas se focaliser sur trop d'embrassades avec son bras droit local, Hassan Nasrallah. La visite doit conserver une allure officielle et converser avec "toutes les parties prenantes". Nasrallah n’a guère pu quitter sa cache dans un bunker de Dahiyeh, le quartier sud de Beyrouth sous la mainmise des services de sécurité du groupe terroriste libanais, depuis la fin de l’été 2006. Par contre, ses hommes de main ont réussi à développer et dissimuler tout un réseau de tunnels et d’entrepôts d’armes, pré- positionnés pour le jour où l’armée supplétive de Téhéran reprendrait ouvertement pied à la frontière israélienne. En attendant ce jour, l’armée libanaise a su prendre le relais, comme lors de l’attentat planifié contre le lieutenant-colonel Harari. Utiliser d'autres services sans exposer le Hezbollah est le meilleur fourreau qui puisse conserver intacte cette arme de frappe. Agir pour son propre compte risque de réveiller le spectre de "l'état dans l'état". Or, atteindre une parfaite homéostasie permet de rendre invisible le lien entre le pantin et son marionnettiste. Et c'est peut-être là, la revanche la plus sage et porteuse que la milice chi'ite réserve à Israël, après la mort de celui qu'on appelait le "fantôme", ou le "renard" : Imad Moughniyeh. Diriger le Liban, en sous-main, clandestinement, jusqu'à ce que la situation soit assez favorable pour saisir une opportunité crédible...


Nasrallah devrait se contenter de proférer ses harangues coutumières depuis son fief beyroutin. Il est peu probable que l’un comme l’autre s’exposent face à Israël, pour des questions de sécurité, d'une part : tenir en joue, au bout de la lunette, au même moment, Ahmadinedjad et Nasrallah, quelle superbe revanche se serait pour les hommes de l'officier israélien défunt! Que l'ordre de tir soit ou non donné, comme autrefois, Arafat pu s'échapper du Liban en ruines, sur injonction américaine. Le jeu [de massacre] en vaut-il la chandelle? Surtout, l'objectif iranien est de rendre l'ingérence politique incolore, inodore et sans saveur amère,  dans l’aggiornamento libanais : il s’agit d’officialiser, par cette visite, que Téhéran est le « meilleur allié » des Libanais et qu’il tient à bout de bras « l’indépendance » du pays, face à "l’ennemi commun" américano-sioniste. Il suffit d’être son maître, sans le dire. On obtient de meilleurs services de quelqu'un qui se croit libre que d'un fourbe soumis qui ne pense qu'à soulever le joug à la première occasion. Faire la démonstration des intérêts communs de l’Iran et du Pays du Cèdre semble aussi payant que de se livrer à des provocations téléphonées depuis Marun al-Ras, Marjayoun ou un autre lieu symbolique des combats contre Jérusalem. 

 

Si l’on revient sur quelques évènements passés, en effet, on peut en déduire que l’action violente pour le pouvoir a rarement servi directement les intérêts de la Révolution islamique : le coup de force de 2008, même s’il a vu ensuite, les Druzes de Jumblatt retourner leurs anciennes alliances au détriment du mouvement du 14 mars, a été vécu comme la menace permanente d’un couperet hezbollahni sur les habitudes de vie, dans les différents quartiers confessionnels beyroutins.

 

Un autre coup d’état partiellement manqué, dans ses objectifs, relève de la prise de pouvoir du Hamas à Gaza. Procédant de cette manière, Haniyeh et ses hommes se sont vus, progressivement interdire d’accéder à la prise de Ramallah et se sont sentis plus vulnérables, à la merci d’une réplique israélienne. Comme l’atteste le pic qu’a représenté l’opération plomb durci. Israéliens comme Américains n’ont alors été que plus vigilants à renforcer militairement et politiquement Abbas, tout en veillant à ce que les débordements du Hamas en Judée-Samarie restent limités.

 

On est donc sur la corde raide d’une gestion de conflit : la liquidation, ce vendredi, d’al-Karmi, le Commandant du Hamas et de son principal lieutenant, Natashe, illustre encore la difficulté à reprendre pied dans « la Bande Occidentale ».

 

La situation a conduit à une double-impasse, sans vrais gagnants ni perdants, tant que subsiste une once d’espoir de relance du mythique « processus de paix ». Démarche empruntée par les pays arabes sunnites concurrents et redoutant l’hégémonie iranienne, tant dans les territoires, qu’en Irak, au Liban, au Yémen, dans le Golfe, etc. Certains observateurs prétendent que Netanyahou veut un « statuquo amélioré ». Mais, à y regarder de plus près, il est probable que les Américains et leurs alliés arabes les plus menacés par Téhéran pensent plus sage de jouer la montre et les solutions inédites, plutôt que de risquer une déstabilisation interne, face au mécontentement de la rue arabe : à force de jouer de la cause palestinienne pour contenir toute frustration de la population quant à l’absence de développement et de débouchés éducatifs, culturels, professionnels, pour elle-même d’abord, l’échec des régimes à faire valoir une solution « juste » pourrait servir, encore une fois, d’exutoire. Mais, cette fois, au profit des Frères Musulmans, alliés objectifs de Téhéran et parrains du Hamas. C’est pourquoi, on peut croire qu’Obama parviendra à convaincre la Ligue Arabe, puis, peut-être Mahmoud Abbas, qu’il est préférable de continuer à tourner autour du pot et de négocier de futures frontières, plutôt que d’avoir des exigences trop radicales trop vite…

 

La stratégie lente du mikado, développée en Irak, se gagne à coups d’inflexions progressives, à mesure que la puissance américaine reflue et que les régimes locaux laissent poindre des failles. A cette heure, il ne saurait être question d’un remake de « révolution islamique », notamment au Liban. L’inverse est peut-être vraie : maintenir une illusion de souveraineté, tout en comblant les vides laissés par l’absence de gouvernance réelle, dans une alliance du Hezbollah avec l’armée, quelques Chrétiens d’Aoun, la neutralité au moins des Druzes, cela suffit amplement : on se demande quel « contre-pouvoir » pourrait y faire face : Hariri et Samir Geagea se retrouveraient alors plus isolés, sortes de survivants d’une ère révolue, qui ne devraient leur survie qu’au fait d’être prudents à ne contrarier ni Damas, ni surtout, le leader suprême : Ahmadinedjad.. A en croire son pas de deux à Beyrouth, celui-ci a opté pour la guerre d'usure, plutôt que pour les coups d'état fomentés par ses armées mexicaines.

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 10:54

 

 

 

editorialàGad

 

Le coup du sablier 

 

 

Monsieur Abbas, l’histoire ne peut, indéfiniment, resservir les mêmes plats refroidis

 

 

Par Marc Brzustowski

 

Une collaboration :  [Derrière le miroir] avec www.feminin.co.il

 

 © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

On connaît, par cœur, l’adage célèbre de l’ancien Ministre Abba Eban : « Les Palestiniens ne ratent jamais une occasion de rater une occasion ». Elle aurait été prononcée en 1973 et l’histoire ne se rappelle pas précisément s’il s’agissait vraiment des seuls Palestiniens -alors peu maîtres de leur destin-, ou des Arabes dans leur ensemble, à la veille de la guerre du Kippour et à l’avant-veille du futur accord de paix entre Begin et Sadate de 1978.

 

La distinction entre Arabes et Palestiniens importe, ici, surtout parce que, contrairement à Yasser Arafat, incarnant un leadership sanglant en lutte contre Israël, Mahmoud Abbas, par sagesse ou frilosité à l'égard du Hamas, a choisi de mettre sa propre autorité sous la tutelle de la Ligue Arabe. Ainsi ne doit-il donner sa réponse formelle à la poursuite ou non du processus de paix à peine enclenché, qu’après avoir consulté ses mentors, entre le 4 et le 6 octobre. Obama, de son côté, fait pression sur Netanyahou, à coups de bâtons et de carottes sécuritaires, affirmant son peu d’engagement foncier envers ces questions sensibles pour Israël.

 

Le prétexte du « dégel » tombait à pic pour mieux faire oublier les autres concessions qu’Israël est en droit d’attendre de la partie adverse, mais dont il n’est, grâce à ce subterfuge, nullement question. La principale aurait été la reconnaissance d’un état Juif. Or, celle-ci n’est même pas envisagée par la Ligue Arabe. Chacun de ses membres, y compris le futur état palestinien, revendique, pourtant, bien son statut strictement arabe et musulman, jusqu’à l’éradication de toute présence juive, notamment et surtout en Judée-Samarie, berceau de la nation et de ses pères fondateurs, créateurs-récepteurs de la première charte monothéiste.

 

L’affaire n’est donc ni de date malencontreusement inopportune, ni de délimitation de frontières. D’autant que la situation sur la carte des implantations peut, en principe, encore donner lieu à un découpage territorial qui accorderait à Israël la souveraineté sur ce 1 et quelque pour cent qu’elles représentent sur l’ensemble du territoire concerné, tout en accordant la contrepartie du contrôle de centres de population arabe à l'AP. La question est idéologique et politico-religieuse, séminale, dans la mesure du rapport de forces entre un bloc arabo-musulman dominant au Moyen-Orient et un Etat Juif qui n’est pas même reconnu sur le papier.

 

Par le timing suivi, par contre, on peut prendre la phrase d’Abba Eban à revers et affirmer, au contraire, que toute la stratégie palestinienne repose sur un dosage subtil des moments de refuser de faire quelque pas que ce soit et de ceux où il devient approprié d’entrer en scène pour obtenir plus. On comprend, par là, qu’Abbas fait de la figuration, mais n’a pas la moindre intention de négocier sérieusement en temps et en heure, le fond ou la forme de ses propres intransigeances, tout en accusant Israël d'être opposé à négocier des points difficiles à traiter.

 

Ce « coup du sablier » semble bien programmé pour n’advenir que quelques semaines avant la fin du moratoire sur le gel des implantations, décrété par Netanyahou : Abbas se trouve aussitôt en position, soit de réclamer une prolongation de ce moratoire, soit de clamer à la face du monde que, manifestant des réticences à revenir sur la parole donnée, Israël ne veut pas la paix. Que c’est donc bien sur ce seul pays que les pressions internationales doivent porter.

 

On aura beau jeu de rétorquer qu’Abbas bénéficiait de dix mois pour se lancer dans la prospection d’un accord, et surtout, que s’il l’avait fait, il était plus probable que le Premier Ministre israélien, à deux doigts de finaliser, aurait pu prendre le risque de demander une prolongation à sa coalition. L’Autorité Palestinienne n’en a rien fait et l’échéance reste valable, sans quoi, il n’y a plus ni loi ni accord, à l’interne comme à l’externe. C’est en respectant ses promesses et en se respectant lui-même, quelles que soient les exigences, qu’un homme politique peut être pris au sérieux par ceux qui lui ont fait confiance. Israël n’a pas à être tributaire des façons de se faire prier de Monsieur Abbas.

 

Lorsque la France, par la voix du Président Sarkozy, affirme que « la colonisation doit cesser », elle préfère oublier plusieurs choses :

 

-      D’abord, qu’à aucun moment, la partie palestinienne n’avait exigé ce Gel, au début du processus, en 1993, ni en 2000, lors des ratés de Camp David et Taba.

-      Qu’Israël a, de lui-même, convenu et s’est engagé à ne pas développer de nouvelles implantations, à partir de 2000.

-      Deux notions sont alors apparues qui restent essentielles, concernant les engagements israéliens :

-      La notion de « croissance naturelle » qui ne concerne que des aménagements ou développements au sein même des implantations existantes ;

-      Celle d’implantations ou « colonies », dès lors « illégales », qui sont ou seront démantelées.

 

Alors, d’où provient donc cette conception que seul le Gel complet garantit la Paix ? Tout simplement d’une proposition américaine de Barack Obama, à la mi-2009, comme l’une des pré-conditions qui favoriserait le retour à des négociations directes. C'était un point d'amorçage, uniquement. Mais, si l’on remonte plus loin dans le temps, on s’aperçoit vite que son origine est le point cardinal de rassemblement du mouvement pacifiste israélien post-sioniste : Shalom Akhshav. Bien avant qu’Obama n’emploie cet argument-massue, sous l'influence de ses amis de J-Street, du « gel ou retrait d’abord, négociations ensuite », la gauche israélienne a été et reste le doctrinaire qui murmure à l’oreille des chevaux palestiniens :

 

« toute présence juive au-delà de la "ligne verte" est, en soi, une « occupation » de fait ; exigez et vous obtiendrez »

 

Même sans prendre parti pour la validité ou non de cette assertion, on voit que le débat est d’abord interne à la société israélienne et à un mouvement pacifiste unilatéral, qui démontre ainsi n’exister que d‘un seul côté. Du coup, cette hémiplégie plonge dans les abysses quelques questions fondamentales du Sionisme, comme révolution des mentalités et des croyances : à savoir une patrie pour les Juifs du monde entier, notamment expulsés des pays arabes et musulmans. Dans la doctrine de Shalom Akhshav, en effet, la fin de ce qu’il stigmatise sous le nom de « colonisation » ne supporte aucune contrepartie. Pas même les Palestiniens devraient-ils, corrélativement, mettre un terme au terrorisme, appelée « lutte armée » lorsqu’elle s’en prend à des civils à coups de bombes humaines, de lynchage, ou à l'incitation à la haine. Et surtout, cela n’engage aucune négociation préalable ni retraçage de frontières, ni accord entre les parties. C’est un point de dogme qui engendre des croyances aussi fugaces qu'elles demeurent invérifiables, sauf par la reprise (ou non) du sentier de la violence, alors d'autant plus "légitime".

 

Ainsi, paradoxalement, un mouvement électoralement inexistant en Israël est, tout bonnement, en train de dicter sa vision du monde pacifié à l’Administration américaine. Elle est conforme aux attentes du lobby saoudien aux Etats-Unis[1], par les incitations d’Obama sur Israël et de la Ligue arabe sur Mahmoud Abbas. Le concept est devenu paradigmatique, ultra-consensuel, pré-conditionnant les tenants et aboutissants, à propos de ce que "devrait être" la paix universelle : il ne se "discute" pas. Il enterre la paix ou entérine la guerre, en n'accusant qu'un seul et toujours même coté de l'échec de la diplomatie. C'est, au sens propre, un diktat.

 

Au passage, on feint d’oublier que le retour à la table des négociations directes consiste à évoquer les points qui fâchent d’abord et de trouver les arrangements qui garantissent au mieux les droits de résidence et de circulation dans le seul intérêt ultérieur des deux populations. Comme 20% d’arabo-musulmans demeurent en Israël, il n’est pas totalement incongru de parvenir à un accord sécuritaire pour les 300 000 résidents juifs, à cheval sur les deux territoires. Mais cela requiert de la créativité politique, et Obama n'en a ni le temps ni la ressource.

 

Lorsque Mahmoud Abbas proclame qu’aucun Juif, serait-il soldat de l’OTAN ne doit subsister dans aucun territoire de la future Palestine, il exige, tout simplement, des pays occidentaux fournisseurs de sa propre sécurité, qu’ils appliquent des mesures discriminatoires d’Apartheid. Qu'ils érigent ce racisme en Credo. De ces finalités, rappelées par Shmuel Trigano

(in : http://www.jforum.fr/forum/communaute/article/un-affront-aux-juifs-de-france ),

ni Obama, ni Sarkozy ne semblent s’offusquer. Ils sont trop pressés de parvenir à un « accord », irait-il à l’inverse de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, revue et corrigée par le Conseil des Pays islamiques.

 

Lorsque des Institutions juives de France, secondées par des piliers intellectuels et journalistes proches de Shalom Akhshav et J-Call reçoivent le dirigeant de l’OLP, dans un grand moment d’extase sur le « projet Abbas », ont-ils seulement conscience de participer indirectement à l’élaboration d’une paix sans Juifs ?

 

Quand les dés sont pipés, un arbitrage s’impose sur le « respect » des règles du jeu [selon Raphaël Draï, le terme « respect » a été mis en avant, comme pour amadouer les spectateurs restés coits, lors des échanges mentionnés supra, entre intellectuels patentés au nom des Institutions juives et le représentant de l’Autorité palestinienne]. Le « processus de paix » étant un avion sans pilote naviguant dans le brouillard, peut-être est-il plus sage d’attendre que celui-ci se dissipe, plutôt que d’aller s’écraser sur les toujours mêmes falaises d’une intransigeance voilée qui ne dit pas son nom : le refus de toute entité juive légitime au Proche-Orient ou nulle part ailleurs.

 

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 08:36

 

 

 

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Précédent Editorial Déclencher une guerre contre Israël représente t-il un danger existentiel... pour le Hezbollah, le Hamas et les Alaouites de Damas

 


Sale temps pour la paix des braves.

 

Coups d’état avortés, déstabilisations menacent de proliférer, de Bahrein à Bagdad, en passant par Amman ou Ramallah…

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

  Editorial la paix des braves ECOUTER ICI-copie-1

 

Comme hier, l’Union Soviétique cherchait à exporter sa révolution vers l’Ouest, l’Islam chi’ite iranien tend à propager ses tentacules vers sa périphérie immédiate :

 

 le Bahrein, l’un des dominions du Golfe les plus sensibles, puisque sa population se compose de 70% de chi’ites, semble être le troisième du genre, avec le Yémen et l’Irak, à faire les frais des tentatives d’intrusion de Téhéran dans ses affaires locales. Le gouvernement du Bahrein reste extrêmement discret sur ce qui ressemble fort à un coup d’état avorté, qui l’a conduit, entre août et septembre, à l’arrestation de 23 individus accusés de conspirer au renversement du régime sunnite et à l’extension d’activités terroristes. Manama, la capitale du petit état, est réticente, comme tous ses voisins, à nommer clairement les « forces extérieures » qu’elle suppose avoir orchestré, organisé et aidé cette entreprise de déstabilisation. Il suffit d’observer la carte du Golfe persique pour l’identifier comme le « chaînon manquant » dont la conquête permettrait de mettre en échec la stratégie américano-saoudienne dans la région et de provoquer un tremblement de terre à Riyad : le Bahrein est, actuellement, le quartier général de la marine américaine présente dans le Golfe. Cette île se trouve située à l’épicentre des petites monarchies côtières : Koweit, Emirats, Oman, qui constituent une « zone de sécurité » aléatoire pour l’Arabie Saoudite. La perte d’un seul de ses joyaux, tout comme l’avait tenté Saddam Hussein en son temps, verrait la Monarchie Wahhabite immédiatement menacée d’effondrement et de troubles intérieurs avec ses propres minorités chi’ites, localisées dans les régions les plus riches en pétrole.

 

Le contrôle par le chaos et l’agitation ethnique, en deux autres points stratégiques : Bassorah dans le sud irakien, et Oman, à la pointe du détroit d’Ormuz, suffirait à mettre sur les dents tous les pays occidentaux, risquant alors de se trouver à court d’approvisionnement.

 

L’inclination à semer le trouble dans l’une ou l’autre de ces bandes côtières peut même devenir impérative pour Téhéran, afin de gêner, voire de provoquer le renoncement américain à livrer trop d’armes à des pays qui pourraient changer de main d’un jour à l’autre, ou encore d’y stationner une armada trop puissante, menacée de constituer un piège analogue à Pearl-Harbour, à cause du talon d’Achille de ces cités-états. Mais, les seules minorités chi’ites, qui se considèrent comme opprimées par les régents des pétromonarchies, ne sont vraisemblablement pas suffisantes à faire tomber les appareils sécuritaires de ces régimes.

 

Comme l‘a amplement montré l’exemple yéménite, les agendas de différentes insurrections peuvent coïncider et se combiner, rendant des pays, voire des régions entières ingouvernables. Al Qaeda n’éprouve pas de scrupule particulier à cogner en même temps au sud du Yémen, pendant que les Houtis, équipés et entraînés par les Pasdran et le Hezbollah, frappent au nord et multiplient les occasions de harcèlement transfrontalier contre l’armée saoudienne.

 

Ce modèle prévaut également en Irak, actuellement, incapable de se désigner un gouvernement plus ou moins stable, au-delà des fractures sectaires entre Sunnites, Chi’ites et Kurdes.

 

Or, cette entente minimale des ethnies entre elles que ne parvient pas à réaliser l’Irak, on a de bonnes raisons de croire que Téhéran sait entretenir les unes et flatter les autres, grâce à ses alliances subtiles avec les mentors de la « résistance » (muqawama, en arabe) contre Israël : Hamas, bras armé des Frères Musulmans et Hezbollah, celui du Velayat e-Faqih.

 

Ces alliances, apparemment contre-nature, entre mouvements chi’ite et sunnite, sont pourtant une réalité géostratégique depuis des décennies. Si une partie des faux-débats sur la nature de la lutte anti-terroriste à travers le globe a passé beaucoup de son énergie à nier la seule hypothèse d’une telle coalition des forces jihadistes, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le rapprochement sécuritaire entre Israël, l’Egypte et la Jordanie tire son carburant de la conscience de ce risque collectif pour le triptyque afro-asiatique.

 

L’affaire récente du Mavi Marmara a encore levé un coin du voile, en révélant que la Turquie d’Erdogan montait, cette fois, officiellement à bord du bâteau ivre de puissance de l’Iran. L’AKP tire ses fonds des collectes réalisées en Arabie Saoudite et au Qatar par les émissaires des « œuvres de charité » de l’Imam Youssouf Qaradawi. Le parti islamiste turc vient, également, de se voir gratifier d’une coquette somme de 25 millions de $ par Ahmadinedjad, en récompense de sa victoire électorale aux législatives et de son rôle de protecteur de l’IHH jihadiste, responsable de l’affrontement en mer avec le Sayeret 13 israélien. Ainsi donc, on peut allègrement être financièrement sustenté aussi bien par la confrérie des Frères Musulmans, orchestrateurs de la « révolution sunnite » en Egypte, Jordanie et ailleurs dans le monde, dont l’Europe, et recevoir de l’autre main les petits cadeaux du dictateur de l’actuel empire souterrain des Pasdaran. En l’échange de quoi, la Turquie aide les énergies, pétrole et gaz iranien, à déboucher vers l’Europe.

 

Si on ajoute à cela, le rôle de plaque tournante joué par la Syrie, en matière d’acheminement de logistique terroriste au Hezbollah, d’une part, et d’hommes et de matériels à l’insurrection « sunnite » en Irak, on s’aperçoit donc qu’Ahmadinedjad bénéficie, à la fois :

 

-      D’une vitrine d’exportation commerciale vers l’Ouest, à travers l’Asie Centrale, grâce à son intermédiaire Erdogan

-      D’un labyrinthe complexe d’organisations terroristes prêtes à l’emploi, partout où il lui semble nécessaire de semer le désordre en Orient et ailleurs pour maintenir « Grand » et « petit  Satans » sous pression, grâce au Cacique damascène Bachar al-Assad.

 

L’Egypte a mis à jour, en début d’année, une vaste toile d’araignée au profit du Hamas de Gaza, mais piloté par le Hezbollah, depuis le Sinaï. Malgré ce coup de filet, plusieurs alertes au tir de missiles ont menacé, virtuellement ou réellement, le Golfe d’Aqaba, triangle stratégique des trois « frontières » : israélo-jordano-égyptiennes. Si le Hamas de l’intérieur est à cours d’initiative, il peut trouver des supplétifs capables d’agir depuis le désert égyptien.

 

Là encore, action souterraine et vitrine légale avancent à des rythmes différents, de façon à maximiser la profondeur des failles dans les défenses adverses : en novembre auront lieu les législatives anticipées à Amman en Jordanie, le Roi Abdallah ayant, pour la seconde fois, dissout le Parlement en 2009. Les Frères Musulmans jordaniens, accusés par le Régime de faire le lit du Hamas palestinien et de chercher à déstabiliser le Royaume, promettent de conquérir l’assemblée, par le vote… ou par la rue.

 

On comprend donc mieux la volonté affichée de Barack Obama de réussir l’impossible pari de mettre d’accord Israéliens et Palestiniens à Washington à l’aune des inflexions que subit la stratégie américaine, après son retrait d’Irak. Les atermoiements qui font suite à l’échéance de la fin de la politique de gel des implantations n’ont que la valeur symbolique que la Présidence américaine veut bien leur donner.

 

Ce n’est pas, non plus, une coïncidence si l’on constate que, pendant qu’il fait comme s’il négociait à Washington, Mahmoud Abbas ménage ses arrières en envoyant une délégation sécuritaire à Damas, auprès du Commandant en chef du « Front du Refus », Bachar al-Assad. Selon que les régimes sunnites de la Ligue Arabe et le négociant américain semblent, ou non, en capacité de maîtriser une situation volatile qui s’étend à l’ensemble du Moyen-Orient, depuis le Golfe arabo-persique, le Yémen, Bagdad ou Beyrouth, dépend le peu d’audace qu’il aura montré durant la dernière phase de discussion.

 

Entre une paix de pacotille en vue des élections de novembre et les risques de démultiplication de zones de conflit, Obama devra choisir lequel des deux Mahmoud il entend ménager. L’Iran, de son côté, voit le temps et l’argent lui filer entre les doigts, son pouvoir sur la rue et ses propres frontières se fragilise, à mesure qu’il veut étendre son influence et ses capacités de nuisance à l’extérieur. La survie-même de ce régime contesté est devenue dépendante de l’action des groupes noyautés par les Pasdaran, alors que les cadres des gardiens de la Révolution tiennent l’économie et la rue, à domicile.

 

Il se peut qu’il ne leur reste guère que l’opportunité d’entraîner le Moyen-Orient dans le chaos, plutôt que d’envisager seulement de le soumettre à leur diktat qu’ils sont incapables d’imposer dans le Bazaar de Téhéran, chez les Baloutches, Azéris ou Kurdes iraniens… 


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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 20:04

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Déclencher une guerre contre Israël représente t-il un danger existentiel... pour le Hezbollah, le Hamas et les Alaouites de Damas ?

 

Ou les méandres de la drôle de paix…

 

Par Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

 

Depuis le printemps, les situations d’alertes se sont multipliées à la frontière-Nord d’Israël. On a souligné l’accumulation, d’un côté et de l’autre de la frontière libano-syrienne, de missiles iraniens M-600, de Scuds-D prêts au montage dans des entrepôts syriens et à leur acheminement au Liban. Depuis plus d’un an, les trafics des Pasdaran se sont intensifiés, en direction du groupe chi’ite, avec la complicité des Turcs et de Damas. Téhéran a versé une récompense de 25 millions de $ à Erdogan, en vue consolider sa campagne électorale pour un troisième mandat.

 

Pire, l’armée libanaise a délibérément provoqué Israël par le meurtre de sang-froid du Lieutenant-Colonel Dov Harari z’l, le 3 juillet. Les témoignages concordent pour dire que le Ministre de la Défense Ehud Barak était sur le point de donner la leçon qu’il mérite à Beyrouth. L’émissaire américain, Frédric Hoff serait intervenu pour signifier à Jean Kahwaji, chef militaire du Liban, qu’Israël balayerait ses infrastructures en moins de 4 heures et qu’il ne tenait qu’à lui d’éviter le déclenchement des frappes.

 

Cette « drôle de guerre », comme celle d'avant l’éclatement de la Seconde Guerre Mondiale, se poursuit donc. Une guerre de positions et de communiqués belliqueux repousse l'échéance. Chacun sait que le vis-à-vis est toujours mieux préparé, qu’il accumule plans stratégiques et moyens de tenter de faire basculer la situation à son avantage. Surtout chaque belligérant potentiel sait que la donne a fortement changé depuis juillet 2006 : nul ne peut espérer un maintien du statuquo, à l’issue de la prochaine confrontation. Elle sera décisive et modifiera tant la carte que le territoire, si jamais l’incident de frontière de trop se produit.

 

Il est probable que la Syrie, cette fois, ne pourra se contenter du rôle d’observateur complice, tirant les marrons du feu. Depuis des années, Hassan Nasrallah vocifère, de concert avec son patron Ahmadinedjad, que l’Etat Hébreu est au bord de l’effondrement. Toute guerre pour Israël a une signification existentielle.

 

La victoire en demi-teinte d’Israël en 2006 s’est arrêtée au fleuve Litani, les grandes puissances intervenant pour trouver une sortie diplomatique de la crise. Surtout, l’Etat-Major est passé de la sous-estimation du Hezbollah comme « groupe terroriste » au constat qu’il agit selon des procédés mixtes, à travers des commandos-suicide, des moyens balistiques conventionnels, tout en se servant des populations locales comme bouclier humain.

 

La résolution bancale 1701 n’avait vocation qu’à limiter l’extension du conflit à ces deux belligérants : le Hezbollah et Israël, selon leur zone de confrontation traditionnelle : le Sud-Liban. L’implication des commanditaires et fournisseurs de la milice chi’ite et leur volonté d’en faire le challenger principal d’Israël atteignent un seuil critique : il leur sera difficile de résister au fait d’être entraînés dans les conséquences et incertitudes du prochain conflit. Il n’y a qu’un pas à franchir, du rôle de protecteur et de fournisseur, à celui d’acteur entrant en pleine lumière… Sans s’en rendre compte, le Liban, le premier, a commis ce lapsus et simplifié l’équation.

 

Si rien ne se produit à ce jour, malgré des tensions exacerbées, c’est tout simplement, que chaque partie prenante redoute d’avoir plus à perdre qu’à gagner en réveillant le « tigre qui dort ».

 

Jeffrey White de l’Institut de Washington pour l'étude du Proche-Orient publie, ce mois de septembre, une évaluation des forces en présence (http://washingtoninstitute.org/pubPDFs/PolicyFocus106.pdf ) : « Si la guerre éclate ». Il passe en revue, tant les moyens à la disposition de chacun des protagonistes que leurs processus décisionnels, et les réactions possibles de leurs alliés, selon l’évolution du conflit. Sa principale conclusion est que, quoi qu’il advienne et malgré les incertitudes et les coups de théâtre, aucun ne s’en sortira indemne. Mais les probabilités les plus claires restent en faveur d’une victoire d’Israël, malgré l’éventualité de revers militaires et un cruel déluge de feu contre sa population et ses centres urbains.

 

Selon l’expert, il ne s’agira plus de déplacer une frontière onusienne de quelques kilomètres, ni d’une victoire « sur le papier ». L’objectif militaire de la conflagration sera d’opérer de vastes transformations dans l’équilibre des forces régionales. Ce caractère décisif est proportionnel aux menaces que fait peser chaque maillon de cet axe sur l’existence même d’Israël.

 

En cas de crise existentielle,  Israël obéit à un commandement unifié. Malgré les dissensions apparues en 2006, ou lors de la nomination de Galant au poste de chef d’Etat-Major, Tsahal n’agit que dans l’intérêt d’une entité unifiée. L’influence modératrice de ses alliés, Amérique et OTAN, n’a de sens que si les périls ne remettent pas en cause sa dissuasion globale. En 2006, le Hezbollah ne pouvait pas « vaincre » Israël, simplement éviter une défaite trop cuisante à changer en légende de la « divine victoire ».

 

Depuis la perte d’Imad Moughniyeh, Nasrallah n’a eu de cesse de promettre vengeance. Jusqu’à présent, il s’est surtout vu adjoint une tutelle iranienne, lors des allées et venues des grands noms des Gardiens de la Révolution : lorsqu’Ali Jafari se déplace à Beyrouth pour coordonner les troupes en ordre de bataille, c’est une menace évidente que l’heure « h » approche. Mais c’est aussi le signe que, malgré les seuils de préparation logistique franchis, la dépendance décisionnelle d’Hassan Nasrallah aux ordres de Téhéran est palpable. Il lui manque un Seigneur de Guerre local pour faire la différence selon un agenda libanais.

 

Ce sont encore ces écarts d’interprétation que l’on observe, entre le commandement central du Hamas, autour de Khaled Meshaal à Damas, durant « Plomb Durci » en janvier 2009 et les ténors gazaouïs, Ismaël Haniyeh et Mahmoud al- Zahar, sur le terrain, jusqu’à aujourd’hui. Si, comme au Sud-Liban depuis 2006, les groupes insurrectionnels se réarment et s’organisent, ils semblent aussi marquer le pas, plutôt que donner corps à la rhétorique de la vengeance chaque fois réitérée. Malgré les dispositifs électroniques sophistiqués, il est difficile de concevoir une guerre planifiée depuis Damas et Téhéran, sans qu’un tel Etat-Major de l’ombre n’essuie le retour de boomerang des ordres qu’il transmet.

 

On affirme que, depuis la mort controversée d’al-Mabhouh à Dubaï et la mise en cause de quelques-uns de ses lieutenants, le niveau d’approvisionnement du Hamas à Gaza en a pâtit. Lorsque le chef en second du Hamas de Judée-Samarie, Abu Shalbaya est abattu, la veille de Kippour, c’est la coordination des cellules dormantes du mouvement qui doit passer en mode défensif. Toutes ces petites victoires du renseignement israélien mises bout à bout, marquent autant de brèches à mettre à profit, le jour « J », dans l’organigramme d’un conflit généralisé.

 

Hezbollah et Hamas, s’ils sont bien les vecteurs de la prochaine conflagration et des tentatives de déraillement du « processus de paix », sont, aussi et surtout les principaux agents de la propagation du conflit jusqu’à la main qui les nourrit :

 

le dispositif fonctionne tant que les guerres demeurent « asymétriques ». C’est lorsque chacun des groupes sous tutelle des Gardiens de la Révolution s’apparente, de plus en plus à une armée conventionnelle qu’il expose ses centres nerveux aux frappes de même nature, de la part de Tsahal.

 

Le paradoxe est le suivant : la seule façon de donner une consistance au « processus de paix » passe par une quête de victoire décisive sur plusieurs des points névralgiques de l’axe qui le met en échec systématique. Les buts stratégiques de Tsahal viseront à provoquer le repli de ses ennemis, en contraignant chacun à tenter de préserver ses propres atouts et points vitaux :

 

1)   Si le Hezbollah provoque une entrée en guerre du Liban, son prestige « résistant » sera le cœur de cible et devra alors être durablement discrédité.

2)   Si la Syrie se joint à lui, elle sera prise sous un déluge de feu. La survie du pouvoir alaouite pourrait être remise en cause dans ses fondements.

3)   Un prolongement dramatique de « Plomb Durci » mettrait le directoire du Hamas en péril, à Damas comme à Gaza, au profit du Fatah.

4)   Les pertes engrangées par un ou plusieurs des alliés de Téhéran repousseront les limites de son influence régionale et l’isoleront un peu plus sur le plan stratégique.

5)   Qu’Israël soit ou non l’initiateur du conflit, il n’aura plus le choix de remettre à demain des frappes préventives sur les infrastructures nucléaires, terroristes et les cercles dirigeants de la Révolution iranienne. Les cibles choisies pousseront les Pasdaran à assurer leurs arrières, quoi qu'ils tentent pour maintenir, aussi longtemps que possible, Jérusalem sous un feu nourri.

 

Lancer des supplétifs au combat comporte le risque intrinsèque de voir ceux-ci refuser de sacrifier leurs cartes-maîtresses pour le meneur qui est le moins directement exposé. Les meilleures alliances risquent alors de voler en éclat.

 

L’atout majeur d’Israël reste qu’il devra combattre seul pour sa survie, quel que soit le conflit qui le menace. Vouloir changer des forces « asymétriques » de harcèlement en forces de destruction massive risque d’entraîner Damas et Téhéran à subir en pleine face une réplique au-delà des moyens de leurs prétentions.

 

C’est pourquoi le volet psychologique de la guerre des nerfs prend de l’ampleur, jusqu’à ce que l’un des joueurs pense que le temps est venu de « renverser l’échiquier ».

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 10:49

 

 

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Relance du processus de paix/préparatifs de guerre : des peuples otages de la dynamique des Axes.

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

 

 

 ECOUTER ICI-copie-1


 

Quelle photo-souvenir retenir de cette première rencontre directe à Washington entre Israéliens et Palestiniens, ce 3 septembre ? Que penser d’un projet d’accord-cadre devant aboutir dans dix ans, et quel sens cela peut-il avoir, à l’échelle du Moyen-Orient ?

 

Cette promesse n’aide pas à mieux vivre avec l’idée que l’Iran aura la bombe sous un à deux ans. Elle a assez peu d’effet sur les trafics turco-syriens en direction du Hezbollah, prêt pour une nouvelle guerre de Roch Hachana 2010, remake asymétrique de celle du Kippour 1973. Les deux attentats sanglants de mardi et mercredi rappellent autant à Mahmoud Abbas qu’à Benyamin Netanyahou que la sécurité dans la Bande Occidentale, qu’ils se disputeront sur le papier, reste la condition première de toute avancée ultérieure. Une relance des attaques du Hamas depuis Gaza ou le Sinaï aurait conforté les deux protagonistes. Mais, pas cette fois, où ils sont en échec sur le territoire même qui fait objet de la négociation. Les faits ne donnent pas tort à Nasrallah et Ahmadinedjad, lorsqu’ils prétendent qu’Abbas n’a pas mandat pour trouver une solution quelconque à deux états avec son partenaire-adversaire. D’emblée, la couleur est affichée : la majeure partie des décisions à prendre devront tenir compte des forces de nuisance disséminées un peu partout au Moyen-Orient par Téhéran.

 

Avons-nous ainsi rejoint le camp des sceptiques avant même la première réunion de travail, tous les 15 jours ? Comment arguer d’un aspect positif de cette réunion au sommet ?

 

Le journal saoudien Asharq al-Awsat basé à Londres, décrit, pourtant, une atmosphère détendue, presque conviviale entre les parties prenantes. On aura simplement évité d’évoquer les problèmes qui fâchent. Avec la résilience dont ont fait preuve les dirigeants d’Israël face aux pressions américaines, désormais, Obama a compris qu’il a besoin de Netanyahou. Au bout d’un an et demi, le Premier Ministre est arrivé à ce qu’il voulait : amener Abbas à la table des négociations directes. Il n’a pas eu besoin d’évincer du gouvernement tel ou tel Ministre considéré « trop à droite » par les opinions internationales ; Kadima divisé n’est, à ce stade, d’aucune utilité. Son retour aux affaires, au contraire, parviendrait, sans doute, à l’inverse des résultats escomptés. La coalition tient bon. La perspective de dix ans n’est pas, non plus, incompatible avec la théorie du long chemin, échafaudée par le discret Ministre des affaires stratégiques, Moshé « Booguy » Ya’alon. Il n’est plus question de geler ad vitam aeternam la construction dans les implantations, même si le dossier restera sensible.

 

La notion d’accord-cadre sert, surtout, de support pour maintenir un état de non-belligérance, voire d’alliance objective entre la plupart des régimes arabes et Israël face à l’Iran. Quant à Mahmoud Abbas, il reste tributaire de ce soutien de la ligue arabe aux négociations directes en continuant d’incarner une chance pour la paix aux yeux de Washington et une alternative à la guerre sans fin du Hamas et de son Guide Suprême iranien. 

 

A ces régimes, le moindre incident de gravité variable depuis le Sinaï, au Liban, en Irak ou au Yémen, rappellent leur vulnérabilité face à l’axe Iran-Syrie-Hezbollah et armée libanaise, Hamas, supplétifs iraniens en Irak et double-jeu trouble des Turcs. Ce processus a donc, prioritairement une fonction d’assurance-vie pour ces régimes, de même qu’il vise à maintenir la « rue arabe » à l’écart des tentations radicales, en prévision des périodes de transition du pouvoir, comme en Egypte. C’est ce qu’affirme Hillel Frisch, du Centre Sadate-Begin :

 

Mahmoud Abbas n’est pas venu à Washington pour réaliser des avancées substantielles, mais, plus prosaïquement, pour gagner du temps et survivre politiquement : avec le soutien arabe, mais aussi grâce aux garanties sécuritaires de Tsahal. Aucun état arabe, pas plus que l’Amérique, n’a intérêt  à un coup d’état à Ramallah, de même ordre que celui de 2007 à Gaza.

 

Est-ce à dire qu’Abbas a renoncé au double-langage qui faisait la maestria de feu son mentor Arafat ? L’incitation à la haine n’a, certes, pas quitté l’enseignement diffusé dans l’Autorité Palestinienne, comme en attestent les rapports réguliers de l’équipe d’Itamar Marcus, Palestinian Watch. Mais Arafat inspirait le respect de tous les leaders de faction. Abbas, l’apparatchik, n’a pas la stature, ni un seul des membres de son entourage immédiat constitué de gestionnaires, comme Salam Fayyad, Erekat, des centaines de millions de $ offerts par les contribuables de l’Union Européenne et des Etats-Unis.  Le profil de ces hommes crée un hiatus constant avec les caciques, autant que les « jeunes turcs » du Fatah. Leur modèle reste incontestablement Marwan Barghouti, qui éponge 5 peines de prisons à vie dans les geôles israéliennes et n’en sortira pas, même contre Guilad Shalit…  L’ancien chef des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa et le Hamas partagent les mêmes méthodes et objectifs : la réunification pourrait bien être instantanée, mais les Intifadas à répétition auraient certainement raison de la cause et des dernières énergies palestiniennes. C’est bien la première et, sans doute, la seule justification du pouvoir actuel de Mahmoud Abbas. Impopulaire, mal-aimé, il a de bonnes raisons de ne pas se représenter à un scrutin qui ne serait pas jouer d’avance. Il ne peut combattre le Hamas ni par les armes, ni par les urnes. Mais Fayyad et lui ont apporté un semblant de prospérité qui convient, après des années de lutte stérile.

 

On comprend donc que les réseaux traditionnels de soutien logistique du Hamas demeurent puissants en Judée-Samarie, sans que la population entière soit prête à payer un prix équivalent à celui de la période de 2000 à 2004, ou celui acquitté par Gaza, lors de « Plomb Durci ». Les terroristes qui ont froidement assassiné les deux couples de Beit Haggaï, le 1er septembre, peuvent sûrement bénéficier de complicités au sein des services de sécurité palestiniens. Mais, il n’est pas sûr qu’on puisse en tirer des généralités. Les fidèles du Fatah, en effet, se souviennent aussi du sort des 113 des leurs qui ont littéralement servi de chair à pâtée aux hommes des Brigades Ez-Zedin al-Qassam du groupe fratricide, à Gaza. Ils savent être les suivants sur la liste. Ce n’est pas tant par dévotion qu’ils servent Abbas, que par intérêt bien compris.

 

Ces constats conduisent à douter que les responsables de ces crimes appartiennent à des filières depuis longtemps identifiées, même si difficiles à saisir, autant par les Israéliens que les Palestiniens, qui contrôlent la Bande Occidentale à tour de rôle, la nuit et le jour. L’hypothèse la plus probable est qu’il puisse s’agir d’escadrons de la mort constitués par des Palestiniens infiltrés et venus des camps de réfugiés du Liban et de Syrie, n’ayant aucun contact entre eux, en cas d’arrestation et des rapports réduits au minimum avec les populations locales, pour éviter les recoupements d’information. Ils auraient été recrutés par le Hezbollah, le Hamas de Syrie et l’Iran pour semer la mort tant que dureront les discussions de paix. Ils sont d’autant plus difficiles à stopper que les conditions mêmes du processus diplomatique empêchent la mise en place de mesures coercitives trop pesantes et voyantes, comme la réinstauration des check-points.

 

Les tacticiens du Hamas appliquent les recommandations des Pasdarans consistant à exploiter les failles de tout processus politique et diplomatique : qu’il s’agisse d’élections en Irak, de participation au gouvernement au Liban, de zones tribales au Yémen, ou de relative libéralisation des conditions de sécurité en Judée-Samarie. De cette façon, ces processus sont détournés de leur sens et appelés à devenir leurs propres pires ennemis. Tant que le niveau politique ne donnera pas aux services de sécurité israéliens et palestiniens les moyens de les traquer et de les combattre efficacement par des représailles en conséquence, ces groupes ou individus isolés disposeront d’une marge de manœuvre suffisante pour participer au déraillement des négociations. Contraints de jouer le jeu de la diplomatie, plutôt que de mobiliser toutes leurs forces dans la lutte, on peut se demander lucidement si le processus entamé à Washington « pour la galerie » n’affaiblit pas aussi bien Abbas que Netanyahou, au moment où les menaces d’embrasement n’ont jamais été aussi fortes…

 

L’Iran dispose ainsi différentes cordes à son arc, à l’intérieur comme à l’extérieur des territoires, qu’il va pouvoir mettre en action, en fonction de ses besoins du moment. Le Hezbollah et la Syrie se joignent dans une même coordination de renseignement pour tenter de couler les navires israéliens mouillant au large du Liban. Et 13 groupes rejectionnistes palestiniens s’unissent sous un unique commandement pour faire échouer ces discussions.

 

La relance du processus de paix n’a fait qu’intensifier les menaces de guerre et l’on voit mal comment celui-ci pourrait différer celles-là durant 10 ans, sauf à être doté de pouvoirs illusionnistes hors du commun. Ce délai pourra t-il suffire aux hommes d’Abbas pour venir à bout du Hamas, en Cisjordanie comme à Gaza ? Tout dépendra, finalement, d’une juste répartition des tâches avec Israël, qui ne pourra pas ne pas faire le ménage au Sud-Liban : le Général Hasan Firouzabadi des Gardiens de la Révolution, menace, en effet, Israël d’une guerre nucléaire totale par le pilonnage de Dimona, via l’arsenal de M-600 en possession du Hezbollah, sachant que 16 000 roquettes seraient déjà pré-positionnées dans la zone interdite du Sud du Litani.

 

Ainsi, vendredi, un entrepôt d’armes du Hezbollah explosait à Shihabiya, à 15 kms à peine de la frontière israélienne. L’armée libanaise a, alors, quadrillé le secteur, empêchant la FINUL d’enquêter sur cette nouvelle violation flagrante d’une résolution 1701, qui aura eu le même effet que l’actuel processus de négociation directe : celui de différer les conflits, plutôt que de les résoudre.

 

 

 

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29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 05:56

 

 

 

 

 

 

 

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La poussée de l’hégémonie apocalyptique iranienne puise son carburant dans les estimations attentistes de l’Occident

 

 Par Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 


 

 

 

Dans un article du 25 août d’Il Foglio, l’éditorialiste  Farian Sabahi décrit une facette méconnue de la lutte à mort pour la maîtrise des leviers du pouvoir en Iran, qui s’est instaurée entre la classe vieillissante des mollahs et la garde noire des nationalo-islamistes autour d’Ahmadinedjad. Nous nous sommes accoutumés à une vision bipolaire du combat du peuple iranien, derrière le « mouvement vert », contre les élections tronquées de juin 2009. Mais la « révolution » en cours n’est peut-être pas celle que, confortablement, nous attendons. En coulisse, en effet, fort de son élection et de ses réseaux d’influence, de renseignement et de répression, Ahmadinedjad aplatit nombre de ses adversaires directs qui l’éloignent encore d’une présidence dictatoriale phagocytant l’ensemble de la structure dogmatique iranienne. Au milieu de cette tempête, alimentée par de nouvelles avancées technologiques exhibées à grand renfort de propagande, le Guide suprême Ali Khamenei tente désespérément de restaurer la figure de l’autorité et d’arbitrer entre les clans :

 

derrière les sourires et réconciliations de façade, Ali Larijani, qui préside le corps parlementaire, se plaint du fait que Mahmoud Ahmadinedjad paralyse l’activité du Majliss et que ses alliés se moquent éperdument de la politique économique gouvernementale. Ahmadinedjad ne manque jamais une occasion de rabaisser l’ancienne classe dominante et les habitudes de vie jugées décadentes des vieilles familles cléricales, qu’il tance comme hypocrites et corrompues.

 

Ali Akbar Velayati, critique à l’égard d’Ahmadinedjad et l’un des proches conseillers de Khamenei, en visite à Damas, le 9 août, laisse entendre que l’Iran serait disposé à négocier avec l’Occident son programme nucléaire. La semaine suivante, un communiqué des Affaires étrangères corrige le tir et rétablit que Téhéran n’a nullement l’intention de participer à la moindre négociation. La journaliste Farian Sabahi d’Il Foglio y voit le reflet de la confusion régnant au sommet. Mais, le clan de la Présidence iranienne a, surtout, appris à manipuler ses adversaires du cénacle pour entretenir l’illusion que la politique d’ouverture d’Obama, couplée aux sanctions et au désordre au sein même du gouvernement iranien finiront par faire fléchir un pouvoir, finalement, « rationnel ». Ahmadinedjad n’a donc plus besoin de « souffler le chaud et le froid », pour se consacrer entièrement et ouvertement à son projet d’emprise sur les manettes de commande de l’appareil iranien. Il peut sereinement allumer la mèche,  parachever Bushehr, vanter les capacités controversées du drone Karrar, sorte de bombardier sans pilote d’une portée de 900 kms, inaugurer de nouveaux prototypes d’embarcations rapides dotées des torpilles les plus véloces et indétectables du marché, annoncer la conquête prochaine de l’espace par l’Iran ou perfectionner ses missiles Fateh-110 à destination du Hezbollah. Rien ni personne ne s’y oppose, et surtout pas l’Occident, tant que subsistent des éléments conservateurs et autoritaires, mais réputés n’être pas complètement fous, qui font office de paravent.

 

Transformations technologique et politique avancent par pair et, sur les missiles des Pasdaran, deux mots sont peints en couleur sang : « révolution », sur une face, et « Mahdi » sur l’autre face. La fuite en avant lancée par le mouvement idolâtrant Ahmadinedjad se veut être celui de l’accomplissement messianique d’une révolution trop molle incarnée par le Guide Suprême, le Conseil de Discernement et toutes les autres familles politiques issues de l’ère Khomeiny. Ses séides, inspirés de la secte Ojjatieh, ne laissent place à aucune hésitation. Mais ils ne font pas que réprimer les faibles, ils cherchent à redorer l’image du Président, maculée du sang versé dans les rues, depuis l’été dernier. L’ésotérisme anticlérical et la stimulation constante de la fierté nationale, couplée à la lassitude face à l’impuissance des dirigeants des « Verts », comme celle des conservateurs à réfréner la percée des ultra-radicaux, tracent la voie vers l’accession à une forme de présidence populiste et totalitaire, sans espace de contestation possible. Zarah Rahnavard, la femme de Mir Hossein Mousawi peut, alors, bien répéter à l’envi le refrain préféré des Occidentaux : « Le gouvernement est sur le point de s’effondrer ». Les fidèles d’Ahmadinedjad, comme son richissime chef de cabinet, Esfandiar Rahim Mashaei sont en embuscade, envoyés en émissaires auprès des expatriés, organisant des banquets, pour diffuser la nouvelle image de leur leader. Mashaei se montre imprévisible, au point que certaines le prennent parfois pour un « modéré », lorsque d’autres pensent qu’il est le véritable idéologue derrière la stratégie de son maître.  Il sait parfaitement faire sensation, aussi bien auprès de la diaspora que des déçus du « mouvement vert » à reconquérir, quand il se fait fort de diffuser l’Islam iranien à travers le monde, plutôt que promouvoir l’identité islamique en tant que telle.

 

Cette guerre interne pour le pouvoir suprême se joue plus dangereusement, lorsqu’on sait que chacune des factions dispose de cellules de renseignement rompues à l’accès aux secrets nucléaires les mieux gardés. D’après Debkafile, deux jours après l’inauguration de Bushehr, les hommes du Ministère du renseignement, aux ordres du guide suprême ont fait irruption dans un luxueux appartement du quartier très réservé des hauts dignitaires des Pasdaran, Shaïb Babaee, face aux bureaux des Gardiens de la Révolution. Dans un salon, le M.O.I.S a découvert tout un système sophistiqué d’écoutes et de micro-caméras surveillant les allées et venues depuis les bureaux d’en face. Quittant le lieu de leur collecte de ces moyens d’espionnage, des hommes en civil se sont jetés sur eux pour leur arracher les objets de leur quête. Ils ont alors dû se barricader dans les locaux et appeler du renfort.

Mais les véhicules arrivant à la rescousse ont été arrêtés par les barrages gérés par d’autres hommes en civil et en armes. Les deux factions d’espions se sont alors copieusement tiré dessus, autour des bâtiments et depuis les appartements, sans qu’on sache précisément le nombre de victimes qui en a résulté. Lorsque les hommes du Ministère se sont aperçus qu’ils avaient affaire aux agents de renseignement des Pasdaran, ils ont cherché à se débarrasser du matériel collecté dans les toilettes. Ce n’est que plus tard qu’ils ont découvert que ces technologies avaient été discrètement infiltrées par une troisième agence secrète appelée Shaid Fahmideh, qui ne répond directement que de Khamenei en personne et de l’administration nucléaire des gardiens de la révolution. Le directeur de la branche du renseignement des Pasdaran, Hossein Taeb et Mojtaba Khamenei, le fils du Guide Suprême en avaient supervisé personnellement l’installation.

 

Ces incidents révèlent la mutuelle suspicion et la défiance qui animent chaque faction des services clandestins, selon qu’ils réfèrent à Khamenei, aux Gardiens de la Révolution ou à la clique d’Ahmadinedjad. Chacune soupçonne l’autre de trafiquer les secrets nucléaires pour faire avancer ses propres intérêts, voire de les vendre à l’Occident, de façon à s’acheter de l’influence dans les dispositifs de pouvoir politique et militaire.

 

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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 07:04

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A l’heure où Obama jette le gant en Irak, Téhéran inaugure Bushehr en grandes pompes et lorgne sur Bassorah.

 

Par Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

 

On pourra difficilement retirer aux Mollahs et à leur représentant, Ahmadinedjad, leur sens du jam *, du rythme et du symbole pour le cliché historique. Le lendemain même du retrait du dernier combattant américain d’Irak, le réacteur nucléaire de Bushehr est inauguré par Ali Akhbar Salehi, directeur iranien à l’énergie atomique, en présence de son homologue Sergueï Kirienko, manager de la corporation nationale russe Rosatom.

 

 

Ce timing construit une narration qui consacre l’impuissance de la Communauté Internationale, à commencer par l’Administration américaine, face à l’essor hégémonique iranien. Grâce à l’appui russe, depuis 1995, l’Iran démontre, par cette mise en service, comment elle entend réutiliser les offres « d’ouverture » d’Obama. Téhéran a, ainsi, annoncé vouloir créer un second réacteur et dix nouveaux sites nucléaires aussi vite que possible.

 

La Russie, quant à elle, achève sa part du contrat à Bushehr, tout en encaissant les dividendes exorbitants de son consentement aux sanctions économiques contre l’Iran : Washington prétend, comme pour s’excuser de son inaction, que Bushehr ne présente pas de risques de prolifération nucléaire. Dans ce domaine technologique sensible, on peut poser l'équation que tout est affaire de double-emploi des procédures qui sont exploitées sur ce site. Le réacteur, à « usage civil »a priori, permettra surtout aux ingénieurs atomistes iraniens et étrangers (Nord-Coréens, Syriens), de parfaire leurs connaissances et savoir-faire en matière fissile et de les transférer sur d’autres sites et procédés à vocation militaire, comme Natanz, le Centre de recherches d'Ispahan, Qom ou Arad.

 

A Obama et aux Européens les effets de rhétorique, aux Mollahs, grâce à Poutine, l’accès direct aux secrets de l’atome et de la désintégration potentielle de tout ennemi de la Révolution islamique.

 

 

Doit-on pour autant, céder à la tyrannie de l’urgence d’agir « avant que la fenêtre d’opportunité » pour une frappe ne se referme ? C’est ce qu’a suggéré l’ancien Ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, John Bolton, dont l’amitié pour Israël ne peut être mise en doute : à l’entendre, il ne subsistait, alors, plus que 8 jours à Israël pour le faire. L’avis de Bolton importe, car il tire la sonnette d’alarme. Avec la cérémonie officielle de Bushehr, le sablier vient de glisser entre les doigts des principaux décideurs. Ils avaient, ces derniers temps, fort à faire ailleurs, consacrant leurs déclarations à l’avenir architectural de Ground Zero et aux pourparlers directs israélo-palestiniens. Puisque, selon la doctrine en vigueur à Washington, la passion obsessionnelle pour l’assemblage de bombes atomiques a germé sous le turban des Mollahs, du fait des implantations juives de Judée-Samarie. Cela va de soi. A ce sujet, Mahmoud Abbas n’a, d’ailleurs, pas hésité à dire qu’il parviendrait à s’extraire de l’étau qui veut l'empêcher de refuser de négocier, du fait « d’une énorme surprise militaire ". Elle ne devrait, selon le prophète de Ramallah, pas tarder à bousculer le cours des choses au Moyen-Orient. On a les partenaires pour la paix et les complices pour la guerre qu’on mérite…

 

 

A n’en pas douter, le succès prévisible de Bushehr alimentera la chaîne de développement du programme nucléaire iranien. C’est une pierre blanche qui jalonne son chemin vers l’obtention d’armes nucléaires. Les Etats-Unis réfrènent les inquiétudes israéliennes, mais surtout, saoudiennes et arabes du Golfe, en arguant que l’Iran est encore, au moins, à un an de cette apothéose. Mais, on peut aussi considérer que peu importe la date exacte, dès lors que le compte à rebours est déclenché. En fait, mieux vaut compter en mois, les bonds en avant, délais, retards éventuels, mais passagers, qui marqueront les prochaines étapes : c’est désormais une menace palpable, même si les évaluateurs, subordonnés aux gouvernements, se paieront d’expertises pour déterminer l’heure « h » du dépassement du « seuil critique ». Officiellement, il est question d’un délai d’environ trois mois, à partir du moment où la décision aura été prise d’exiger des ingénieurs iraniens qu’ils assemblent plus d’un missile nucléaire. Techniquement, l’Iran pourrait être en capacité de le faire d’ici un à trois ans. Ensuite, on laisse les spécialistes à leurs spéculations jouant au bilboquet...

 

La question véritable est celle de la volonté politique de mettre un terme à cette course au renversement des équilibres stratégiques dans la région. Force est de constater que la préférence donnée à la politique des « retraits » sonne, depuis les années 2000, comme un encouragement à accentuer la pression du Jihad, sans réelle alternative stratégique pour contrebalancer le terrain abandonné.

 

En procédant, sans sourciller, au retrait d’Irak, alors que la mission de stabilisation de ce pays est ouvertement contredite par l’absence de gouvernement sorti des urnes, l’Amérique d’Obama affiche sa prédilection pour la « Libanisation » du Moyen-Orient. Elle laisse, face-à-face, Sunnites et Chi’ites : les uns, derrière Allawi, associés, à tort ou à raison, à une dé-baathification inachevée ; les autres, avec al-Maliki sortant, sensibles à la tentation iranienne, qui n’aura de cesse d’étendre son influence sur le terminal pétrolier de Bassorah et sur les villes saintes de Nadjaf et Kerbala.

 

Reste encore aux Kurdes, à apprendre à sanctuariser le périmètre d’autonomie qu’ils ont durement acquis, face aux coalisés syriens, iraniens et turcs, partisans de la manière forte, à coups de gaz chimiques. Ils ne devront surtout pas compter sur un arbitrage extérieur pour les aider à trouver une solution juste et unitaire pour les gisements pétroliers de Kirkouk, convoités par l’ensemble des belligérants et voisins agressifs.

 

Le sort des monarchies du Golfe va se jouer, dans les mois à venir sur ce chantier désinvesti, laissé à l’inspiration des influences régionales, comme une ville-fantôme du "Wild Wild Middle-East".

 

La question subsidiaire sera de savoir si ce qui a toutes les apparences d’un repli stratégique est une façon habile de conduire à la conclusion que les menées de l’outsider iranien sont principalement responsables du chaos régional, de Beyrouth jusqu’au Yémen. Ou s’il est à prendre pour ce qu’il est, conforme à de vieux réflexes isolationnistes américains.

 

Aucun des gouvernements israélien ni américain, ne donne le sentiment de vouloir protester énergiquement contre l’opération-marketing de Bushehr. Ont-ils, pour autant, entériné le fait accompli du développement nucléaire iranien, quels que soient ses détours, pour parvenir à son objectif ultime : faire se tordre d’angoisse tous ses voisins à l’annonce de la production de premières armes nucléaires, qui fera de Téhéran un sanctuaire nucléarisé ?

 

Si l’attitude américaine peut laisser croire que Washington a implicitement consenti à « faire avec » la nouvelle donne régionale, on ne voit pas les pétromonarchies du Golfe, ses bailleurs de fonds, accepter facilement de se le tenir pour dit. La seule réponse apportée par l’Administration Obama consiste dans le renfort des mesures de contention autour des Emirats : par la présence accrue de la Vè Flotte, autour du porte-avions l’USS-Truman, la frégate allemande FGS-Hessen, rappelant que l'Europe participe à l'effort commun. Martyn Indyk, ancien ambassadeur américain à Jérusalem, voulant, sans doute, détendre l’atmosphère, a affirmé que « les Etats-Unis, plus vraisemblablement qu’Israël, est susceptible de lancer une attaque contre l’Iran ».

 

Israël, quant à lui, s’est ouvertement détourné des solutions de désengagement pour se préparer, de façon intensive,  aux nouvelles menaces. Des sources arabes et iraniennes -dont les traditions complotistes sont notoires- soupçonnent les actuels désordres au sein de l’Etat-Major, à travers les rebonds de « l’affaire Galant », de n’être qu’un « écran de fumée » destiné à détourner l’attention de préparatifs de guerre bien concrets.

 

La suspension, au dernier moment, d’une escalade militaire déclenchée par l’armée libanaise, le 3 août, laisse présager ce que tout le monde sait : le véritable problème se situe ailleurs et toute guerre au Liban n’est que manœuvre dilatoire, pure diversion au moment opportun.

 

De nombreux observateurs, dont Jeffrey Goldberg, journaliste à The Atlantic, qui a enquêté auprès de 40 décideurs israéliens et de nombreuses sources à Washington, affirment qu’Israël attaquera avant juillet prochain. Selon ce proche d’Obama, il ne pourrait en être qu’ainsi : Téhéran, sous peu, sera en mesure de fournir des éléments de « bombes sales » à assembler à n’importe lequel de ses sous-traitants terroristes coordonnés par le Hezbollah. A partir de ce moment, virtuellement, la probabilité aléatoire de radiation d’une ville de la dimension de Tel Aviv par un tir balistique restera la moins probable, du fait des représailles qui ne manqueraient pas de s'abattre, en seconde frappe et d'un dispositif anti-missiles de plus en plus performant.

Mais, même sans destruction massive, l’éventualité d’un attentat à haute létalité poserait une équation qui réduit le rêve sioniste à néant : celui de garantir un pays refuge sécurisé à tout Juif dans le monde.

 

Tout porte à croire que, quelle que soit l’indécision régnant à Washington, l’actuel gouvernement aux affaires à Jérusalem ne saurait s’accommoder d’une telle « redistribution des cartes », qui ferait  perdre sa raison d’être à Israël. Au-delà des appels incantatoires à "l'éradication d'Israël de la carte", par l'agitation de cette simple épée de Damoclès, Ahmadinedjad aurait déjà atteint son but.

 

* Séance d’improvisation, équivalente à faire un « bœuf », terme musical utilisé pour le Jazz, le Hip-Hop ou le reggae. 

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 07:55

 

 

 

 

 

 

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Du meurtre du lieutenant-Colonel Dov Harari z 'l au dédain anti-américain d'Elias Murr,

 

ou : comment Ahmadinedjad a suborné* Assad, Abdallah et Obama en annexant le 9è bataillon libanais au Hezbollah.

 

Par Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

      ECOUTER ICI-copie-1

(*captation, corruption)

 

 

« Le Liban, l'Irak et l'Afghanistan forment la ceinture de sécurité de l'Iran » a déclaré Mahmoud Ahmadinedjad, le lundi 9 août, en délégant son directeur de la sécurité nationale, Saeed Jalili auprès d'Hassan Nasrallah. L'annonce récente que le Tribunal international pour le Liban allait probablement inculper plusieurs hauts-gradés du renseignement du groupe chi'ite dans l'assassinat de Rafic Hariri, a résonné comme un signal, pour tous les dirigeants régionaux, que la donne pouvait changer au Moyen-Orient.

 

La rencontre à Beyrouth d'Abdallah, roi d'Arabie Saoudite, avec Bachar al-Assad, a été perçue, à juste titre, comme une tentative arabe de rallier la Syrie, en lui demandant de réduire son soutien au « Parti de Dieu » compromis. Dès le 3 août, un accrochage éclatait, à la frontière, entre Tsahal et le 9è bataillon libanais, avec l'assassinat délibéré d'un officier supérieur israélien par un sniper en embuscade. On n'a guère besoin d'être grand clerc pour lire un enchaînement entre ces deux évènements. Le terme « d'incident » est d'autant plus inapproprié, que tous les supérieurs de l'assassin, jusqu'à son Président, Michel Souleiman, ont, non seulement couvert cet acte, plutôt que de l'isoler, mais assuré qu'il obéissait aux ordres.

 

Que les choses soient bien claires : le Liban a ordonné un acte suffisamment grave à la frontière pour que s'y déclenche une guerre l'instant d'après. Le Pays du Cèdre ne doit qu'à l'intervention de Nicolas Sarkozy et d'Hilary Clinton auprès d'Ehud Barak d'avoir échappé à une opération de grande envergure, devant lui rappeler les règles d'engagement. Le 5, selon le site Debkafile, un groupe de commandos et agents du renseignement des Gardiens de la Révolution iranienne inspectait la ligne de front, de façon assez ostensible pour être vu par les observateurs israéliens, de l'autre côté de la frontière. Il aurait alors s'agit de signifier clairement que Téhéran avait pris les choses en mains. Les mêmes agents seraient toujours présents dans un des postes avancés du Hezbollah du secteur. Le bras droit du Guide Suprême, Ali Akhbar Velayati, serait, aussi, présent à Beyrouth depuis la même période.

 

Il est plus que probable que ces démonstrations ont moins pour but de tenter d'impressionner Israël que de mettre la classe dirigeante libanaise au pas, à commencer par la majorité du gouvernement, autour du fils de Rafik, Saad Hariri. D'autre part, cette mise en mouvement vise à rappeler à l'ordre Bachar al-Assad au cas où il serait tout près de se laisser charmer par les sirènes du camp arabe modéré, lui vantant les avantages substantiels de l'entente sur certains points, avec l'Occident.

 

L'armée libanaise a franchi bien d'autres seuils de provocation, en se servant de l'agression contre Israël, pour mieux défier l'influence occidentale sur le pays dont elle a la charge : évidemment, côté américain, l'acte de guerre ne pouvait rester sans conséquence, eu égard aux liens organiques qui lient la sécurité d'Israël et celle de la présence de l'Armée US en Orient et en Asie centrale. Le député démocrate, Howard Berman, président de la commission des relations extérieures du Congrès, a usé de ses prérogatives pour suspendre le programme d’aides américaines destinées aux forces libanaises, au motif que les armes fournies par Washington sont utilisées contre Israël, et que Hezbollah, classé comme terroriste par le Département d'Etat, jouit d’un grand pouvoir au sein de l’armée. L'Amérique a fourni pour 720 millions de $ d'armement au Liban, depuis la guerre de 2006. De quoi, sans doute, se sentir des ailes.

 

Le Liban, par le truchement de son Ministre de la Défense, Elias Murr, a su avoir les mots délicats et pleins de gratitude envers l'Oncle Sam, si généreux durant ces 4 ans. Par là, il a affirmé, à qui refusait encore de l'entendre, avoir choisi son camp : « Que les pays qui veulent émettre des conditions à leur donation à l'armée d'un pays qui protège ses habitants et ses frontières contre « l'ennemi israélien », qu'ils gardent leur argent et l'offrent à Israël. Nous affronterons Israël avec les moyens dont nous disposons ». Lors d’une rencontre, lundi dernier, entre le chef d’état-major de l’armée libanaise Jean Kahwaji et l’ambassadeur iranien au Liban, ce dernier a indiqué que Téhéran était « prêt à coopérer avec les forces militaires du pays ».En d'autres termes, le Liban, qui n'a aucun destin propre, est à acheter par le plus offrant.

 

Si l'on remonte le cours des 4 années écoulées, on s'aperçoit que toute illusion, née des traités de cesser-le-feu et de l'application erratique de la résolution 1701, a fait long feu, d'un coup d'un seul. Les Occidentaux, Américains et Français en tête, se sont investis, par le renforcement de la FINUL au Sud-Liban, la protection diplomatique du « camp du 14 mars » anti-syrien et la fourniture de matériaux sophistiqués aux services libanais et à leur armée, à tenter de désamorcer l'influence du Hezbollah. C'était sans compter avec le fait que les moyens fournis par les grandes puissances, loin d'éloigner le Liban de la tentation de l'alignement sur Téhéran et Damas, n'allaient que l'accentuer. Puisqu'il s'agit de « prévenir les guerres civiles » et d'offrir un semblant de souveraineté à Beyrouth, la seule solution qui s'offre à lui, du fait de chaos politique endémique qui y règne, est de focaliser contre « l'ennemi désigné ». L'armée a mûrement préparé, jusqu'à susciter la confrontation. Il n'a suffit que de l'ordre donné par le commandant du 9è bataillon, proche des dirigeants locaux de la milice pro-iranienne, pour que tous les cercles dirigeants lui emboîtent le pas.

 

Cette « iranisation » du Liban ne saurait poursuivre son cours indolent aussi ouvertement, si l'armée libanaise risquait d'affronter seule Israël, à partir de provocations aussi grossières et vite démasquées. L'absentéisme politique de l'Administration américaine et l'étalage de faiblesse mêlée de largesses, de la part d'Obama, ont précipité une autre défection de marque : celle de la Turquie. Là encore, il a fallu une « provocation délibérée », la flottille pour Gaza, pour qu'un double-jeu, resté en clair-obscur, prenne tout son sens. La nomination de Hakan Fidan, un pro-iranien notoire au renseignement extérieur, le MIT, a rendu plus transparente l'alliance stratégique entre Ankara et Téhéran. Le Corriere della Sera, quotidien italien révèle que :  la Turquie « enverra des armes sophistiquées, des roquettes et des pistolets à la Syrie. L'arsenal sera ensuite transféré au Liban », où l'armée iranienne s'assurerade l'approvisionnement au Hezbollah. Les Gardiens de la Révolution « faciliteront le transfert, assureront la sécurité, surveilleront les transports routiers et apporteront un soutien à la frontière ».

 

Comme en attestent ces indications, si jamais la visite du roi saoudien avait bien pour mission de proposer un marché à Assad, et de réfréner ses tendances naturelles de protecteur du Hezbollah, force est de constater qu'il y a belle lurette que le problème ne se pose plus en ces termes. Bien d'autres dispositions ont été prises, en coulisse, depuis un certain temps, pour organiser les guerres préventives iraniennes. La Syrie, comme le Liban, n'est jamais plus qu'un couloir de transit. Si Assad rechignait à faire office, les réseaux des Pasdaran dans la région, implantés jusqu'au centre nerveux d'Ankara, sont suffisamment développés pour veiller à « assurer » que les tâches se réalisent conformément aux instructions impulsées depuis Téhéran.

 

Empêtrés dans des justifications internationales à fournir, suite à de sombres accrochages organisés sur des flottilles, les dirigeants israéliens semblent révéler leur talon d'Achille, plutôt que d'affirmer les moyens de leur dissuasion face à ces préparatifs doublés d'actes de guerre.

 

Les Etats-Unis renforcent leurs alliés arabes par l'envoi de batteries anti-missiles Patriot au Koweit, de F-15 à l'Arabie Saoudite, ou font patrouiller l'USS-Harry Truman dans le Détroit d'Ormuz, avec 6000 marine's et hommes d'équipage à bord. A leur intention, l'Iran dédicace spécialement des sorties de sous-marins de poche de type Ghadir ou d'embarcations rapides de type Bladerunner, dotées de torpilles russes Shkval, d'une propulsion de 360 noeuds, les plus rapides actuellement en service.

Et, pour marquer les esprits, le Général Hossein Kan'ani Moghadam a fait creuser des fosses communes à perte de vue dans le sud-ouest iranien, pas loin de la zone où pourraient débarquer les Marine's, si la nécessité s'en faisait sentir. Pour ne pas être en reste, la Russie a dépêché des S-300, non pas à l'Iran qu'elle se refuse à fournir, mais en Abkhazie. Comme pour rassurer Téhéran, en cas de départ d'une escadrille américaine ou israélienne, depuis les bases bulgares et roumaines. Là même où 6 pilotes israéliens et leur accompagnateur roumain ont trouvé la mort, alors que leur Yasour CH-53 s'entraînait à des percées longue distance, dans des sites escarpés, similaires à ceux où se sont enterrés les tunnels du programme nucléaire de Téhéran.

 

Dans ce contexte, James Jones, le conseiller américain à la Sécurité Nationale a « estimé qu'il n'était pas nécessaire de lancer une offensive contre l'Iran ». Est-il, pourtant, nécessaire d'attendre que Téhéran ait fini de boucler sa « ceinture de sécurité  : au Liban, en Irak et en Afghanistan »?

 

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 14:12

 

 

 

 

 

 

 

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L'attentat libanais contre un officier supérieur israélien ne restera pas impuni. La question n'est pas si, mais quand.

 

Par Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

ECOUTER ICI-copie-1

 

De nombreux chroniqueurs se sont alertés de l'absence de réplique israélienne à l'assassinat ciblé qui a frappé le lieutenant-colonel Dov Harari z'l, ce 3 août. Chaque fois qu'il est question du Liban -principalement-, revient en écho le thème de l'érosion de la dissuasion israélienne contre des ennemis qui s'enhardissent d'opérations toujours plus spectaculaires de ce type : meurtres, enlèvements...

 

Plusieurs éléments de contexte s'opposent à des représailles massives immédiates, même si l'on reconnaît le caractère de « casus belli », présent dans l'exécution de cet acte de guerre.

 

La violation délibérée de la résolution 1701 par une faction de l'armée libanaise est, techniquement suffisante, sur le plan du droit international. La fameuse « ligne bleue » de la frontière dessinée par la barrière entre les deux pays ne mord pas même sur la séparation géographique réelle entre le Liban et Israël. En réalité, elle concède 300 m de territoire israélien, justement pour éviter toute polémique incendiaire. Le rapport précis de la FINUL sur l'évènement et l'établissement des responsabilités a, comme il se doit, pris un temps de retard sur les mensonges goulus des principaux médias occidentaux, dont la corruption n'a d'égale que le renoncement au professionnalisme. Comme les chiens de Pavlov, Reuters, Yahoo lançaient leur « cocktail molotov » 0.2, et la meute des quotidiens comme « Libération » et consorts, s'empressaient de leur emboîter le pas de l'oie, avant qu'il ne soit « trop tard ». C'est-à-dire, avant que les rapporteurs sur place n'établissent les faits, tous les faits, rien que les faits.

 

Mais il n'y a pas de doute à avoir sur l'âpreté des échanges entre les protagonistes militaires sur place, durant tout ce temps, où d'un air penaud, certains journaux rectifiaient sans insister sur leur erreur d'orientation.

 

Lorsque le pas n'a pas encore été franchi, on parle de menace. Elle peut rester diffuse durant des années, dans une situation comme celle de la frontière nord. Ensuite, il s'agit d'ultimatum. C'est, désormais, le cas, après l'ordre donné à un sniper par le Commandant de la 9ème Brigade libanaise, chi'ite apparenté au Hezbollah, de faire feu, alors qu'aucun danger ne pointait à l'horizon, côté adverse. L'officier en question est, en effet, un familier des échanges fraternels avec les dirigeants paramilitaires de la milice pro-iranienne au Sud-Liban.

 

Selon les sources des renseignements de l'excellent Debkafile, Israël aurait demandé aux autorité libanaises que cet officier soit jugé en cour martiale ou démis de ses fonctions. Sans quoi Tsahal se sentira les mains libres de détruire tous les avants-postes militaires du pays du Cèdre dans cette région conflctuellee. La rencontre trilatérale entre libanais, israéliens et témoins de la FINUL, aurait eu lieu au Quartier Général de celle-ci, à Naqurah, dans la nuit de mercredi 4 au jeudi 5.

 

 

Officiellement, Tsahal a laissé entendre aux médias que le Hezbollah lui-même avait été pris par surprise, au même titre que l'Etat-Major israélien et la plupart des décideurs et observateurs régionaux. Sur le fond du dossier, les milieux autorisés, dont les attachés militaires américains, français et allemands, envoyés pour freiner toute escalade, sont clairs sur l'état de guerre et ses préparatifs enclenchés, dès l'assassinat de l'officier israélien. Reste ce laps de temps accordé aux dirigeants du Liban, pour faire la lumière sur la chaîne de commandement impliquée dans ce meurtre programmé. Les responsables de la FINUL ont appuyé cette vive mise en garde à l'adresse de Beyrouth. Chaque partie prenante est ainsi informée de la ligne de fermeté de Jérusalem sur la promesse que « l'incident » ne restera pas impuni.

 

Personne ne croit, évidemment, que l'Etat-Major libanais oserait sanctionner le donneur d'ordre. Cela ne ferait que renforcer le poids du Hezbollah, l'érigeant en « héros » de sa cause, contre un gouvernement facile à désigner comme « corrompu par l'influence occidentale et israélienne ». Nasrallah n'a de cesse de renvoyer sur Israël l'accusation du Tribunal international contre plusieurs de ses lieutenants dans le meurtre de Rafic Hariri. Il prétend, à qui veut bien l'entendre, qu'il dispose de « preuves » d'une telle « manipulation » et exploite tant et plus l'arrestation de prétendus « espions » au service d'Israël, travaillant dans les services de télécommunications libanais.

 

Il n'y a donc plus d'autre alternative que de laisser cette atmosphère électrique courir le long de la frontière, sachant que la moindre opportunité peut être saisie, par un bord ou l'autre, pour déclarer que l'ultime limite a été franchie pour la seconde fois. Elle a toutes les chances d'avoir lieu dès que le Hezbollah ne saura plus comment se sortir de l'impasse dans l'affaire Hariri. Sauf à exfiltrer ses hommes de main vers Téhéran, de façon à ce qu'ils échappent à une Justice internationale que ne reconnaît pas Le front du refus anti-occidental dirigé par Ahmadinedjad.

 

Sur le plan diplomatique, Israël doit encore dissiper bien des illusions persistantes, dans les esprits occidentaux, à propos du fonctionnement interne de la politique libanaise. Le Général Giora Eiland insiste sur ce point qu'Américains comme Européens persistent à diviser sa classe politique en deux clans opposés, dont aucun des intérêts de long terme ne coïncideraient. Ce qu'il appelle la théorie des « bons garçons » s'opposant aux « mauvais garçons ».

 

Dans l'un, nous aurions les Sunnites d'Hariri fils, les Druzes de Joumblatt et les Chrétiens de Samir Geagea. Dans l'autre, le Hezbollah de Nasrallah, le Courant du Général Aoun, grand perdant des élections, Amal, les agents de l'Iran et de la Syrie. Jusqu'à un certain point, cette césure demeure correcte. Mais on sait aussi que Walid Joumblatt n'a pas hésité à franchir le Rubicon, de même que, gênés ou pas par la démarche, le Président Souleiman comme Saad Hariri sont des habitués de la cours de Damas. Aucun ne saurait officiellement prendre la moindre distance avec le commanditaire bicéphale irano-syrien du Hezbollah. Plus que de simple allégeance contrainte et forcée, et malgré la retenue imposée par les formes de protectorat occidental sur le Liban, cette configuration permet au cercle dirigeant libanais de faire avancer ses pions sur les deux tableaux, cumulant les ava ntages de chacun et rejetant ses inconvénients. A l'ancien Etat-Major libanais à forte dominance chrétienne, soucieuse de la progression des musulmans sunnites ou chi'ites en son sein, s'est substitué un leadership militaire forgé par près de 50% de Chi'ites favorables au Hezbollah, plus que soucieux de la souveraineté du Liban.

 

Le modèle de gouvernance libanais est identique aux profits tirés par Bachar al-Assad des avances européennes et américaines en sa faveur, afin qu'il se détache de l'influence iranienne. Cela laisse à la Syrie comme au Liban la marge de manoeuvre suffisante pour réclamer toujours plus d'aide financière, diplomatique et militaire aux Etats-Unis, à Nicolas Sarkozy et l'OTAN, pour renforcer leurs dispositifs, sans modifier leurs propres positions sur le fond des dossiers. Or, la posture n'a pas varié d'un iota depuis 1948 : elle équivaut à un état de guerre permanent, même quand il n'y a pas belligérance effective.

 

De fait, on a vu la France et les Etats-Unis offrir du matériel militaire électronique sophistiqué au Liban, pendant que Damas et Téhéran se chargeaient des « à-côtés » : Scuds, M-600, etc. La question du retournement de l'armée libanaise semble ne s'être jamais posée à Paris et Washington, enthousiasmés par les résultats très partiels de la « révolution anti-syrienne du 14 mars ». Celle-ci est totalement inconsistante, dès lors que les officiels se précipitent aux pieds du leader alaouite à Damas.

 

Ceci nous conduit à l'analyse raisonnable du crime du 3 août 2010 comme la conséquence structurelle, et non la cause contingente, de l'état des forces en présence et de leur préparation au « prochain round ». Un pouvoir de façade à Beyrouth ne peut qu'adopter la posture de la « victime », entraînée malgré elle dans un règlement de compte régional, alors qu'il n'aurait rien fait de probant pour garder le contrôle sur sa propre armée déployée au Sud-Liban, dont les objectifs ne se démarquent en rien de ceux du Hezbollah.

 

Le temps de cette « prise de conscience » à Beyrouth, Washington, Paris et Bruxelles, est l'objet de cet ultimatum, tout le reste n'étant que pourrissement annoncé de la situation frontalière, entre deux « incidents ».

 

L'évolution de la situation à Téhéran influe grandement sur ce renforcement de la « ligue du Levant », à laquelle s'est jointe la Turquie, ces dernières années. De la capacité des Pasdaran à rester maître du jeu dépendront les choix de leurs alliés. Chaque annonce de nouveau trouble en Iran, explosion dans une usine pétrochimique, menace sur la vie-même d'Ahmadinedjad, embuscade dans laquelle succombent des gardiens de la Révolution, fait à nouveau rouler les dés sur le tapis vert-islam d'une région au bord du chaos. Il resterait, néanmoins, surprenant, que l'Iran s'avère, très rapidement, être le « maillon faible » de cette alliance en partie construite sur les opportunismes des caciques locaux...

 

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