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1 août 2010 7 01 /08 /août /2010 04:58

 

 

 

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Le Bal des  Parrains à Beyrouth : Gouvernorat maffieux contre Tribunal International

 

Par Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

Bachar al Assad est venu à Beyrouth rappeler qui était le parrain, capo de tutti capi de la grande famille des clans maffieux-terroristes qui ensanglantent le Moyen-Orient.

 

Depuis quelques temps, la menace d’inculpation, par le Tribunal International de la Haye, de plusieurs lieutenants d’Hassan Nasrallah, s’est faite plus précise : parmi eux, Mustapha Badr A-Din, alias Elias Saab, cousin d’Imad Mughniyeh, le chef des opérations extérieures du Hezbollah, qui a trouvé la mort à Damas, en 2008.

 

Pourquoi est-il déterminant que l’enquête internationale sur la mort de Rafic Hariri aboutisse enfin et que les responsables soient châtiés comme ils le méritent?

 

1)   D’abord, le chapelet de condamnations qui s’annonce aurait la fonction symbolique de sanctionner pour la première fois un cycle d’attentats massifs restés impunis depuis 1982-83, au Liban et sur la scène internationale. Ils ont causé la mort d’au moins 553 personnes et blessé à vie 2964 innocents, depuis l’attentat contre l’Ambassade américaine au Liban, le 18 avril 1983, faisant 63 morts et 120 blessés. On se souvient des enlèvements et assassinats du chef de la CIA, William Buckley, de Michel Seurat, anthropologue du CNRS, en 1986, enlevé avec Carton, Fontaine et Kauffmann, qui ont, eux, fait l’objet de marchandages. 5 soldats israéliens ont connu le même sort, après le retrait du Liban-Sud, dont 2 en octobre 2000. La dernière opération du Hezbollah dans ce domaine, le 12 juillet 2006, a déclenché une guerre de 33 jours, qui semble avoir provisoirement passé l’envie à la milice chi’te de recourir à ce procédé.

 

Le 23 octobre 1983 : deux camions piégés explosaient simultanément devant les casernes des «marines» américains et de l'Armée française à Beyrouth. 241 marines américains et 56 parachutistes français de la Force multinationale sont tués. La veille de l'attentat, les deux futurs « martyrs » étaient longuement reçus par le guide spirituel du Hezbollah, cheikh Mohamed Hussein Fadlallah, décédé, il y a peu, tranquillement dans son lit.

Entre décembre 1985 et septembre 1986, 13 attentats (dont 2 avortés) à Paris font au total 13 morts et plusieurs centaines de blessés. Toutes les pistes remontent au Hezbollah et à l’Iran.

En 1992 : le Hezbollah revendique l’explosion de l’Ambassade d’Israël en Argentine, qui fait 29 morts, 242 blessés et ravage complètement le bâtiment.

Un militant du Hezbollah fait, ensuite, exploser son van bourré d'explosifs devant un centre juif de Buenos Aires en 1994, tuant 85 personnes et faisant plus de 200 blessés.

Le 20 novembre 2000 : une bombe placée sur une route en Israël fait sauter un autobus qui menait des enfants de Kfar Darom à leur école de Neve Dkalim, dans le Sud de la bande de Gaza. Il y a deux morts (deux adultes) et 9 blessés, dont 5 enfants. L’attentat a été revendiqué conjointement par trois groupes, dont un inconnu, le Hezbollah en Palestine.

 

Suspendons-là le récit martyrologique des exactions planifiées par l’architerroriste Imad Mughniyeh. Si l’on se reporte à la commission d’enquête sur le 11 septembre 2001, on lui doit aussi la formation opérationnelle des premières cellules d’al Qaeda depuis 1992, au Soudan, sous l’égide du cacique islamiste al-Tourabi, qui hébergeait Ousama Ben Laden, à l’époque. Celui-ci était très admiratif des coups d’éclats du Hezbollah et les copia si minutieusement que l’élève a surclassé le maître, au palmarès de l’horreur. Moughniyeh n’a  payé qu’une fois ses innombrables crimes, le 12 février 2008, en plein centre sécurisé de Damas, lorsque son 4x4 Pajero Mitsubishi a explosé. Ses épigones peinent à le remplacer, malgré la reprise d’un modus operandiqui équivaut presque à une signature, le 16 juillet dernier, à Ciudad Juarez au Mexique. Cette ville jumelle  d’El Paso, au Texas, est le théâtre d’une guerre des cartels de la drogue, dont une partie des profits alimente la guerre terroriste de la milice libanaise, par le contrôle et le racket de ses diasporas.

 

2)   Evidemment, là n’est pas l’objet du Tribunal International sur le Liban. Il se concentre sur des évènements intérieurs survenus en 2005, autour de la disparition du père de l’actuel Premier Ministre.

 

C’est de mise en coupe réglée du Liban dont il s’agit. Bachar al-Assad n’était donc pas seul à venir faire serment de protection au Hezbollah, qu’il utilise, depuis sa création comme une armée supplétive. En avril 2008, lorsque le gouvernement libanais a voulu contrôler le matériel électronique de surveillance de l’aéroport de Beyrouth, entre  les mains de« l’état dans l’état », une flambée de violence ranima le spectre de la guerre civile. La brouille fut dénouée à Doha, au Qatar, mais dura jusqu’à la formation d’un gouvernement d’union nationale, après que le Hezbollah obtienne un score décevant aux élections de juin 2009.

 

L’émir du Qatar, Cheik Hamad ben Khalifa Al Thani, est donc, légitimement du voyage, à titre de marieur entre les factions et de trésorier de crise. Il a survolé en hélicoptère le fruit de ses  investissements dans la reconstruction du Sud-Liban, après la  guerre de  2006. Le geste est ambigu, puisqu’on peut l’interpréter comme un coup de pouce à la milice semeuse de guerre.  Il laisse entendre qu’elle dispose d’un crédit illimité, en cas de nouvel embrasement. Le Qatar a coutume de jouer les bons offices pour l’ensemble des protagonistes du Moyen-Orient, traitant sans exclusive, y compris les intérêts iraniens, cela va sans dire.

 

L’Emir Hamad bin Isa Al Khalifa du Bahrein, dominion qui dispose  d’une forte minorité chi’ite agitée, et le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite étaient également de la partie. Ce Cercle restreint laisse songer à une répartition des rôles : Syrie et Qatar représentant les intérêts de l’Iran, absent ; le Bahrein et Abdallah, ceux du Royaume saoudien, protecteur de la dynastie Hariri en péril.

 

Assad s’est insurgé contre quiconque tenterait de s’en prendre au Hezbollah : à l’entendre, la mise en route de ce Tribunal serait une véritable entreprise de « déstabilisation » du Liban. Le dictateur syrien a fait un appel solennel à l'enterrement de première classe de la procédure contre au moins huit membres du groupe terroriste. Il a, tout bonnement, menacé le tribunal d’insurrection de ce qu’il appelle « la résistance » contre lui et ses agents.

 

Face à ces imprécations, la partie adverse est demeurée attentive... et prostrée : Abdallah, qui était présent pour faire contrepoids, pas plus que l’Emir du Bahrein, n’ont pipé mot. Une délégation du Hezbollah doit aller à Damas se concerter sur les suites à donner à cette "incursion du droit international" dans les affaires arabes. Plusieurs hypothèses circulent en coulisse : la démarche des régimes du Golfe aurait eu pour vocation d’inciter Assad à prendre ses distances avec la milice compromise de Nasrallah. Il est plus que douteux qu’il en aille ainsi.

 

Le rapport de force n’est guère en faveur des Emirats et du Royaume Wahhabite. L’Iran reste une menace de tous les instants, grâce aux minorités chi’ites qu’il contrôle sur le pourtour du Golfe. Il a besoin de la puissance de feu du Hezbollah, qui les coordonne, au Yémen comme au nord d’Israël, pour poursuivre sa marche forcée vers l’obtention de l’arme nucléaire.

 

Au besoin, Téhéran le rappelle, en ordonnant un attentat contre le réseau Al-Arabyia à Bagdad, financé par l’Arabie Saoudite, mené par ses réseaux chi’ites à la solde des Pasdaran. S’est également rouvert un front de diversion depuis Gaza, par le tir d’une roquette perfectionnée sur Ashkelon, le vendredi 30 au matin. Un important dirigeant de la branche armée du Hamas, Issa al-Batran, -qui avait précédemment échappé à 5 tentatives d’élimination, dont une durant « Plomb Durci »- a trouvé la mort dans les représailles israéliennes qui ont suivies. La réplique a visé 3 symboles de l’infrastructure du Hamas à Gaza :

 

-      - le commandant paramilitaire al-Batran, chargé de l’assemblage des missiles et  roquettes au nord de Gaza ; 8 de ses lieutenants ont également été blessés, dans le bombardement du Bastion « Nasser », l’ancien QG d’Arafat à Gaza. C’était le centre de commandement et de contrôle de Tel al-Hawa. L’endroit aurait servi de centre de formation des cadres du mouvement. Le Hamas s’y serait restructuré de la même façon que le Hezbollah. Et l’Iran y avait investi 250 millions de $, qui viennent de partir en fumée.

-      - Etaient également visés : une fabrique d’armement, dans le centre de Gaza

-     -  et un tunnel de contrebande permettant l’acheminement d’armes et de biens courants revendus au marché noir.

 

Lorsque Bachar al Assad évoque la mise en branle des réseaux de la présumée « résistance » à l’Occident et à Israël, lui-même ou d’autres joignent le geste à la parole.

 

Le Tribunal pour le Liban est un précédent, visant à ré-instituer le droit au Pays du Cèdre et mettre le « holà » dans le cycle terrorisme/représailles. Jusqu’à ce jour, le droit sans la force y est impuissant. Tout laisse à croire, au travers des récents incidents contre la Finul, qu’il le restera. Car on imagine mal un commando de police onusienne se saisir des séides du Hezbollah impliqués dans le meurtre d’Hariri père, un beau matin de septembre, à l’heure du laitier…

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26 juillet 2010 1 26 /07 /juillet /2010 21:31

 

 

 

 

 

 

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Iran hewbollah editovECOUTER ICI-copie-1

 

Craquements en cascade dans “l’Arc chi’ite”?

 

Grand Bazar et rebellions en Iran, Hezbollah « cerné » par le Tribunal international…

 

 

Par Marc Brzustowski

 

 

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 


 

 

 

L’Union européenne a décidé de lancer un quatrième train de sanctions contre l’Iran, dans les semaines qui vont suivre ce lundi 26 juillet. Elles concernent : tout matériau à double-emploi, civil et nucléaire, l’interdiction de tout nouvel investissement financier. Elles touchent la navigation et le transport aérien, les contrats d’assurance des entreprises et le gel des avoirs et visas des Gardiens de la Révolution.

 

 

De premières évaluations sérieuses des dommages causés sur l’économie iranienne par l’ensemble des mesures prises n’interviendront que plus tard. Mais,  le Régime semble, d’ores et déjà, entraîné dans un maelström qui touche le cœur même de ses symboles. Plutôt que d’effet économique des sanctions, il s’agit de parler de conjonction de plusieurs facteurs, qui conduisent l’état mollachique à se raidir, sans toujours pouvoir rendre les coups :

 

En effet, depuis Zahedan au Baloutchistan, en passant par la grève des commerçants du Baazar, suivie à Téhéran, Ispahan, Tabriz et jusqu’en Azerbaïdjan iranien, rien ne va plus ! A cela s’ajoute le ralentissement de l’activité sur les sites gaziers de Pars-Sud, principale richesse énergétique du pays, considérée comme l’image de l’autosuffisance économique de l’Iran en état de siège

 

Depuis l’attentat de Zahedan au Baloutchistan, les Pasdaran ont tenté de reprendre le contrôle de la région rebelle. Il s’exerce, principalement, le jour, tandis que la nuit, des groupes hostiles au Régime, souvent, en armes, refont surface. Cela ne traduit qu’une chose : les Baloutches n’ont plus peur de Téhéran. Les nervis des Mollahs peuvent bien les arrêter, les torturer, l’ensemble de la population locale demeure incontrôlable. La réussite de ce coup d’éclat en plein jour-anniversaire de la fondation des Pasdaran rend le Jundallah d’autant plus dangereux qu’il reste localement très populaire. Agissant ce jour-là, les terroristes sunnites ont démontré que le régime n’avait ni autorité ni légitimité.

 

Malgré les mesures de quadrillage de la population, sur l’ensemble du territoire, l’onde de choc remonte jusqu’aux instances de gouvernement. 3 membres du Parlement ont présenté leur démission, en critiquant l’incapacité du pouvoir en place à assurer la sécurité. Plus, ils ont sous-entendu que les Baloutches subissaient un traitement abominable et qu’il ne fallait pas s’étonner que les Pasdaran deviennent une cible. Ces démissions ont été refusées, les Mollahs s’abstenant de débattre du problème des « minorités ». Or, peuvent-ils ignorer qu’elles représentent presque 50% de la population ? La situation baloutche est donc potentiellement explosive, puisque hautement contagieuse.

 

Le « mouvement vert » de Mousawi et Karoubi ne peut que monter dans le train en marche, cherchant à renforcer ses liens avec les minorités. Il charge donc les épaules du gouvernement Ahmadinedjad, déjà sous le feu de la critique, sur le plan social et économique. Il fustige l’inégalité de traitement et la discrimination que n’auraient plus qu’à attiser les groupes terroristes. Jusqu’à il y a peu, il est notoire qu’il existait un consensus fustigeant les autonomistes de tout poil, au nom de l’intégrité de l’héritage perse et chi'ite.

 

Mais, selon Michaël Ledeen, l’élément nouveau, c’est la mise en cause, de plus en plus ouverte, par des membres de l’élite, du Guide Suprême Ali Khamenei. On lui reproche, ainsi, de violer la Constitution. Un opposant en exil, Mohsen Kadivar a réclamé la destitution de Khamenei à Hashemi Rasfandjani, présidant l’Assemblée des Experts. Une sommité religieuse, Ahmad Gabel l’a accusé de mettre la Sécurité de la République iranienne en danger. Un journaliste courageux, Isa Saharkhiz, a produit devant la cour les preuves qu’il avait été torturé et, par la même occasion, réclamé que le Guide soit destitué. A tout cela, Khamenei n’a pu répondre que par la promulgation d’une Fatwa, le considérant comme mandaté par le Prophète, toute désobéissance devenant un parjure de l’Islam. D’autres mesures de rétorsion visent les programmes scolaires, censurant tout ce qui a trait à la Perse préislamique, ou l’interdiction de toute attitude à caractère sexuel durant la journée. Ce qui fait dire à Margaret Wente, dans le Globe and Mail, « qu’être une femme est devenu un crime » en Iran.

 

L’impact de ces restrictions des libertés est, pour ainsi dire, nul sur le comportement des Iraniens. Un officiel de l’agence de presse FARS, Haeri Shirazi, déplore que les progammes de la télévision d’état ne recueillent aucun spectateur.

 

Hormis la grève des commerçants dont on a parlé, l’exploitation des gisements gaziers de Pars-Sud, symbole du développement d’un pays assiégé, rencontre un ralentissement inquiétant. Shell, Total, Halliburton se sont retirés. Récemment, le responsable de l’ingénierie de la construction des Gardiens de la Révolution, Khatam al-Ambia a dû stopper deux projets-clés de raffinage du gaz. « Continuer l’activité mettrait les ressources nationales en danger », a-t-il déclaré. Sinotec, consortium chinois, et le Malaysien SRS Venture ont bien commencé certains travaux, mais l’essentiel est désormais réalisé par des entreprises locales peu connues, appartenant aux Pasdaran. En 2008, comparativement, le Qatar a exporté pour 62 milliards de $ de gaz, alors que l’Iran, disposant des meilleurs gisements mondiaux, n’a pu en vendre que pour 6 milliards de $ à l’étranger. Le nombre de travailleurs employés sur le secteur a chuté de 100 000 à 20 000 ouvriers. Les salaires des ingénieurs qui percevaient la zone comme un tremplin, se sont effondrés avec le départ et le désinvestissement étranger. Les conditions de logement sont devenues intolérables.

 

 

A ces remous intérieurs, s’ajoute la mise en examen plus que probable de membres importants du renseignement et de la sécurité du Hezbollah, au Liban, dans l’enquête sur l’attentat contre Rafic Hariri, en 2005. C’est une véritable bombe à retardement pour ce pays vassalisé par Téhéran. 8 des 20 téléphones mobiles retrouvés sur les lieux du crime par les enquêteurs, appartenaient ou remontaient vers les forces spéciales et l’appareil de renseignement du mouvement chi’ite, impliquant notamment des Commandants importants du Parti de Dieu.

 

Ces menaces qui pèsent sur l’entourage de Nasrallah coïncident avec l’évaluation des dégâts relatifs aux sanctions, en Iran.

 

La campagne récente contre un présumé réseau d’espionnage israélien contrôlant les télécommunications libanaises, s’inscrit dans cette stratégie de défense. Elle vise à discréditer la réalité des preuves contre ses propres agents impliqués dans le meurtre de Rafic Hariri. Son fils, Saad, n’a évoqué devant Nasrallah que l’existence « d’éléments rebelles » au sein de son mouvement, qui auraient agi pour leur propre compte.


Mais, il n’a pu écarter l’éventualité  d’un conflit, interne ou externe. Fin août/début septembre, lorsque le Tribunal émettrait de tels mandats d’arrêt, personne, dès lors, ne pourra plus les ignorer.

 

La milice n’aura, alors, que deux sortes d’échappatoire possible, pour manifester sa désobéissance :


-      Le déclenchement d’une nouvelle guerre contre Israël, pour un prétexte quelconque. Mobilisés, les inculpés éventuels ne pourraient répondre à une convocation.

-      Celui d’une guerre civile, suite au refus des membres du Hezbollah de se laisser arrêter, en employant les  forces à leur disposition, contre toute autorité inférente...

 

Voilà qui arrangerait, provisoirement, les affaires d'Ahmadinedjad et Khamenei...


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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 12:54

 

 

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Le déni occidental a couvert d'un voile pudique le retournement islamiste de la Turquie d'Erdogan (2/2)

 


 

Par Marc Brzustowski


pour lessakele et aschkel.info


source : Michaël Rubin, in Commentary


http://www.commentarymagazine.com/viewarticle.cfm/turkey--from-ally-to-enemy-15464


Première partie >

Erdogan a financé sa révolution de velours en creusant la dette turque à l’égard de la finance « verte » islamiste 

 

 

ECOUTER ICI-copie-1

 

Il y a dix ans, les Turcs se percevaient comme appartenant au même camp que les Etats-Unis, l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis. Aujourd’hui, l’identité turque place fermement le pays dans un camp dirigé par l’Iran, la Syrie, le Soudan et le Hamas. La Turquie peut bien être membre de l’Otan, cela n’empêche pas les sondages de démontrer qu’elle est le pays le plus anti-américain au monde. Pas plus, du reste, les Turcs ne font-ils la différence entre le gouvernement et le peuple américain : ils haïssent les Américains autant qu’ils haïssent Washington. Ce n’est pas un accident de parcours. Depuis le tout premier jour, Erdogan a encouragé, et ses alliés ont financé, un violent courant d’incitation anti-américaine et antisémite. Même si beaucoup de Turcs s’opposaient naturellement à la libération de l’Irak, en 2003, ce courant est aussi largement dû au fait qu’Erdogan les avait alors bombardés d’incitations anti-américaines avant le vote du Parlement qui a entériné cette tendance et retiré le soutien pourtant promis avant l’opération.


En 2004, Yeni Safak, un journal soutenu par Erdogan, a diffusé une liste d’ennemis (de la Turquie) uniquement composés de personnalités juives importantes (un « protocole des Sages de Sion » new-look). En 2006, non seulement « la Vallée des loups », un film anti-américain et antisémite, mettait en scène un médecin juif prélevant les organes d’Irakiens et d’enfants turcs tués (souvent par le « Mossad » lui-même, dans le film), mais la propre femme du Premier Ministre soutenait  publiquement le film et pressait tous les Turcs d’aller le voir. Des journaux turcs ont rapporté que des piliers financiers de l’AKP et les conseillers d’Erdogan avaient participé au financement de sa production.


Pendant que la majorité du monde occidental boycottait le Hamas, à la suite des élections palestiniennes de 2006, pour tenter de le faire renoncer à la violence et reconnaître le processus d’Oslo, non seulement Erdogan tendait la main au groupe terroriste, mais il accueillait en grande pompe comme son invité personnel de marque, Khaled Meshaal, dirigeant de sa faction la plus extrémiste, vivant à Damas et opposée à toute avancée.


La question, pour les décideurs politiques est moins de savoir si la Turquie est désormais perdue, que de savoir comment Erdogan a pu ainsi conduire une révolution islamique en pilotant sous les  radars, au nez et à la barbe de l’Occident. Souligner ce point, c’est à la fois une forme d’hommage à l’habileté d’Erdogan et une réflexion sur la naïveté des Occidentaux.


Avant de prendre le pouvoir, Erdogan et ses conseillers ont travaillé sur la forme d’esprit des leaders d’opinion en Occident. Et ils se sont spécialement concentrés, non pas tant sur les groupes américains pontifiants qui trouvent toujours que la politique américaine n’est jamais assez gauchiste et empathique envers le monde islamique, mais plutôt sur leurs critiques naturels, les supporters américains des faucons turcs et israéliens. Et ce sont, souvent, ceux-là mêmes qui ont, finalement, contribué à mettre Washington en confiance et à introduire Erdogan auprès des  décideurs politiques.


Après avoir consolidé son pouvoir, cela dit, l’AKP a cessé de cultiver ses relations  avec les groupes juifs et pro-israéliens en Amérique, quoi qu’il en ait fait très peu qui risquaient de provoquer une rupture des relations.

 


Traditionnellement, les Turcs portent un regard empreint d’empathie sur Israël et les Juifs ; parmi tous les peuples de l’Empire Ottoman, les Juifs de Palestine constituaient l’un des rares groupes qui ne se soit pas révolté contre le Sultan Ottoman. Dans les années 1980 à 1990, la Turquie et Israël avaient beaucoup d’intérêts en commun : tous deux étaient des démocraties perdues dans un océan d’autocraties. Ils ont eu tout loisir d’apprécier leurs étroites relations diplomatiques, économiques et militaires. Il y avait tellement de touristes israéliens qui visitaient la Turquie que des inscriptions en hébreu faisaient florès et qu’on en retrouvait partout dans les villes turques. Il était tout sauf surprenant d’entendre parler hébreu dans le Grand Bazaar d’Istanbul ou les restaurants tout le long du Bosphore.


Contre un tel effet rétroactif (de l’étiolement des relations), beaucoup de groupes juifs ont préféré demeurer longtemps aveugles aux signes avant-coureurs de l’antipathie d’Erdogan à leur égard et ont rationalisé (ou pondéré) les rapprochements flagrants de la Turquie avec le Hamas et le Hezbollah, la Syrie, le Soudan et l’Iran. Ce n’est vraiment qu’après le Forum Mondial de Davos, lorsqu’Erdogan explosait littéralement, en s’en prenant au Président israélien Shimon Peres : « Vous, vous savez très bien comment vous y prendre pour assassiner », semant la tempête en pleine tribune, et en accusant ensuite Israël de Génocide, que les groupes juifs se sont péniblement réveillés à ce changement d’attitude qui avait déjà recouvert toute la Turquie.


Une bonne partie du reproche quant à l’incapacité à reconnaître le sens de l’agenda d’Erdogan repose également sur l’approche intellectuelle de l’Islam radical. Pour trop d’observateurs, le port du voile était le seul critère à travers lequel juger d’un empiètement islamiste (dans la sphère publique). Pour Erdogan, quoi qu’on en pense, le voile n’est jamais qu’un symbole ; l’emprise sur l’Etat, voilà quel était l’objectif.


Même après qu’Erdogan ait commencé à modifier l’équilibre et vider les comptes de la société turque, les responsables européens et les diplomates américains sont restés dans la dénégation. Le relativisme moral a certainement joué un grand rôle : comme lorsqu’en octobre dernier, Erdogan demandait : « pourquoi la Turquie devrait-elle accepter la définition occidentale de la laïcité ? ». Pour de trop nombreux responsables occidentaux, cela dit, reconnaître le virage pris par la Turquie aurait été une façon d’admettre l’échec à prétendre modérer l’Islamisme. Critiquer ouvertement les intentions profondes d’Erdogan aurait pu paraître « raciste ».


Beaucoup de diplomates et de journalistes on rajouté à la situation leur propre dédain pour tout ce qui touche à l’armée, ont abandonné celle de Turquie, et pris le parti d’une dichotomie facile, dans laquelle l’Islamisme et la démocratie représentait un pôle, pendant que l’armée, la laïcité, et le fascisme représentait l’autre. De fait, ils ont voulu percevoir l’AKP sous le jour de réformateurs démocratiques, alors que les membres de l’Armée devenaient à leurs yeux le défenseurs d’un ordre anti-démocratique. Il est certain que les démocraties les plus avancées n’ont guère de place pour l’armée dans leurs politiques intérieures. Mais en chérissant et dorlotant l’AKP comme s’il se défaisait du rôle de l’armée dans le maintien de la Constitution sans, le moins du monde, construire simultanément un autre régime sur la base d’un comportement anticonstitutionnel, l’Union Européenne et les diplomates américains ont pavé la voie pour la dictature « soft » d’Erdogan.


Hélas! Au cas où le miroir aux alouettes et les brumes intellectuelles n’étaient pas suffisants pour tromper l’Occident,  Erdogan et l’AKP ont employé des tactiques bien plus sournoises. Comme beaucoup de diplomates américains prenaient leur retraite depuis leur ancien poste en Arabie saoudite pour reprendre leurs responsabilités commerciales précédentes, au moment de l’accession au pouvoir de l’AKP, chaque ambassadeur américain en Turquie à la retraite –Eric Edelman ayant été l’exception- s’est engagé dans des relations d’affaires lucratives auprès de sociétés turques. Mark Parris, qui dirigeait l’Ambassade américaine de 1997 à 2000, soit peu de temps avant l’avènement de l’AKP,  qui a occupé diverses positions dans plusieurs think-tanks, cultivait une relation d’affaires avec l’AKP et s’est montré aidant et compréhensif dans plusieurs affaires d’antisémitisme dans la presse turque auprès des néoconservateurs (américains) et concernant des rumeurs de complots de coup d’état. Durant toute la période des quatre premières années du règne de l’AKP, Fehmi Koru, l’éditorialistede Yeni Safak, et soutien public d’Erdogan, a publié plus d’une dizaine d’éditoriaux accusant les décideurs politiques juifs américains, conduits par Richard Perle – qui n’était pourtant pas alors un responsable de niveau gouvernemental – à la fois, de manipuler la presse et de conspirer en vue d’un coup d’état en Turquie. Les deux accusations, non seulement étaient fausses mais elles concordaient tout à fait avec les vieux refrains sur le contrôle de la presse et les complots, comme dans les Protocoles des Sages de Sion. Et, effectivement, ils servaient les objectifs du Parti : l’AKP a utilisé ces éditoriaux pour se rallier aussi bien des sentiments nationalistes qu’antisémites. Koru aurait, tout-à-fait, pu faire référence à une source diplomatique haut-placée. Dans un éditorial de novembre 2006, il a révélé que sa source aurait été Parris, une accusation que Parris lui-même n’a jamais jugé utile ni d’expliquer ni de nier.


Les Islamistes turcs ont également su entretenir de bonnes relations avec les Universitaires. Après que John Esposito ait reçu des subventions de la part du Mouvement Gülen, il a organisé une conférence en l’honneur du dirigeant islamiste-culte, en pratiquant un total blanchiment aussi bien de l’Islamisme de Fethullah Gülen que de son antisémitisme notoire. De la même façon, l’Université du Nord du Texas a bénéficié des largesses de Gülen, tout comme l’Institut Brookings à Washington DC, dont le fonds de commerce a longtemps été d’adopter une ligne compréhensive à l’intention d’Erdogan et de son agenda.


La Turquie est aujourd’hui en tous points une République islamique sans en porter le nom. Washington, ses alliés européens et Jérusalem doivent désormais mettre un terme à ces relations avec la Turquie, en tant que potentiel ennemi. Hélas encore, même si l’AKP devait quitter la scène turque dès demain, les changements induits par le parti d’Erdogan ont été apparemment rendus irréversibles. Alors que la Turquie était, depuis plus d’une demi-siècle, une zone de sécurité entre l’extrémisme du Moyen-Orient et le Libéralisme européen, aujourd’hui, elle est devenue un facilitateur de l’extrémisme et un farouche ennemi du libéralisme européen. Plutôt que de combattre les terroristes, la Turquie les congratule. Le soutien rhétorique d’aujourd’hui a toutes les chances de devenir le soutien matériel de demain. Sur la scène mondiale également, la Turquie constitue un problème. Plutôt que de contribuer à évacuer et à régler le problème du nucléaire iranien, Erdogan l’encourage.


L’anti-américanisme de la Turquie, sa dictature et l’incapacité des responsables occidentaux de prendre conscience de la réalité met la sécurité (régionale) en danger. Des choix douloureux nous attendent : en tant que membre de l’OTAN, la Turquie a un accès privilégié à l’armement américain, à ses tactiques d’intervention et à ses renseignements. Toute fourniture d’assistance à la Turquie, à présent, dans ce cas, ressemble fort à un moyen de les transférer indirectement au Hamas, au Soudan ou à l’Iran. Le Président Obama tient-il tant à fournir le F-35 Joint-Strike Fighter à la Turquie hostile, au défenseur en chef de l’Iran sur le plan régional, comme cela lui a été promis pour 2014 ? La Turquie doit-elle seulement rester membre de l’OTAN ? Après tout, il y a moins d’un demi-siècle, l’OTAN a bien appris à se passer des services de la France et à vivre sans elle…


Perdre la Turquie représente une tragédie, mais échouer à reconnaître cette perte ne peut que rendre cette tragédie plus lourde de conséquences. La pire d’entre elles serait, ici, de se contenter d’un déni dans l’évaluation de la situation qui empêcherait de tirer les enseignements de la situation en cours. Lorsqu’il était maire d’Istanbul, Erdogan eut cette remarque piquante : « La Démocratie, c’est comme un tramway. Dès que vous êtes arrivés à votre arrêt, vous descendez ! ». Peut-être, rétrospectivement, l’erreur de l’Occident a surtout été d’ignorer le danger de l’ascension d’Erdogan à la place du conducteur…. 

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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 18:12

 

 

 

 

 

 

 

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La contre-visite de Bibi Netanyahou à Washington, entre retrait d’Irak et timing messianique-suicidaire iranien.

 

Par Marc Brzustowski

Pour © 2010 lessakele et  © 2010 aschkel.info

 

 

 

contre visite de BibiECOUTER ICI-copie-1


Entre les 6 et 8 juillet, s’est déroulé le premier échange sans heurt entre Netanyahou et Obama, depuis l’arrivée des 2 hommes au pouvoir. La rencontre était condamnée à réussir, du fait des intérêts de court terme de l’un et de l’autre.

 

Les messages délivrés par le locataire de la Maison Blanche ont veillé à apaiser les tensions : si Israël est toujours invité à contresigner le traité de non-prolifération nucléaire, Obama « comprend » ses besoins spécifiques de sécurité et accepte « l’exception israélienne ». L’heure est au renforcement de la dissuasion, dans l’incertitude quant à l’efficacité des sanctions contre l'Iran. En attendant, l’éventualité d’une frappe préventive reste en suspens.

 

Si le gel des implantations devait durer dix mois, il est temps, selon l’Amérique, que débutent les pourparlers en face-à-face, auxquels se dérobe toujours Mahmoud Abbas. En termes diplomatiques, Israël, par l’application de ce gel, a déjà plié aux exigences américaines. Abbas serait bien inspiré d’entrer en négociations directes, plutôt que de mettre Obama et le processus de paix en état d’échec, juste avant les échéances de novembre…

 

La Maison Blanche a, également, accueilli favorablement les nouvelles mesures d’assouplissement du blocus de Gaza, depuis l’incident de la flottille.

 

Comment expliquer ce changement d’approche? Les échéances des élections de mi-mandat, en novembre prochain, ne sont pas propices à la remise en cause des alliances. L’actuelle Administration a dû affronter des mises en garde en cascade contre sa politique hostile envers Jérusalem, de la part du Sénat, du Congrès et de différentes personnalités. Elles restent sans précédent dans l’histoire des présidences US. Obama en vient même à saluer l’avantage d’avoir affaire à un faucon réputé, plutôt qu’à une colombe, dans l’effort de construction de la paix avec les Palestiniens. Bref, il doit constater la solidité de la coalition autour de Netanyahou, au moment où s’affaiblit le prestige des Etats-Unis au Moyen-Orient, et opérer un virage à 180°. Elle n’est pas, non plus, en mesure d’annoncer clairement ses priorités, à quelque distance des législatives.

 

Cette posture en « retrait » peut aussi être interprétée à la lumière des échéances que le Président américain s’est fixé :

 

1)   Obama doit opérer le repli de ses troupes combattantes d’Irak d’ici le 31 août. Rien ne garantit que les Etats-Unis laisseront derrière eux une région en ordre. Il faudra en confier la gestion aux pouvoirs régionaux les plus fiables. Dans ce tableau, les bonnes dispositions d’Israël et le renforcement militaire des régimes arabes alliés seront nécessaires.

2)   Les dernières consultations d’Israël avec l’Egypte et la Jordanie démontrent que la rhétorique anti- iranienne enfle chez les régimes sunnites et pays du Golfe. L’Ambassadeur Hamad al-Kaabi, représentant permanent des Emirats auprès de l’AIEA, s’est dit favorable à une frappe contre les installations nucléaires. C'est une première, dans le domaine public.

3)   Les unités américaines les plus aguerries iront renforcer le Général Petraeus en Afghanistan, afin de stabiliser cette autre plaque sismique. Le Général, sauveur de Bush en Irak, annonce une présence américaine de long terme, contrairement aux déclarations d’Obama, il y a un an.

4)  Le Général Mattis le remplacera au CentCom. Celui-ci devra donc superviser la cohérence des 3 fronts les plus importants pour l’Amérique : l’Afgha-Pak, la consolidation de l’Irak, et les risques liés au « volcan » iranien en fusion…

 

Un autre élément de stabilité régionale s’effrite à vue d’œil : le récent incident maritime de la Flottille et son exploitation diplomatique ont révélé au grand jour le double-jeu de la Turquie :

 

-      - d’abord, parce que les Turcs n’ont pas prêté main forte aux Etats-Unis, en 2003, lors de la libération américaine de l’Irak.

-      - Parce que c’est encore ce moment de retrait programmé d’Irak qu’Erdogan et ses islamistes ont choisi pour abattre leurs cartes : en 4 ans, l’AKP s’est montré favorable au nucléaire et au commerce énergétique avec l’Iran ; elle est, avec la Chine, son principal fournisseur de carburant raffiné ; farouchement anti-israélien et pro-Hamas ; hostile à l’autonomie kurde et allié des Mollahs dans l’étouffement des minorités ; prêt à modifier l’équilibre régional selon ses seuls intérêts, même s'ils s'avèrent non-compatibles avec ceux du leader de l’OTAN.

D’autre part, la Turquie présidera le Conseil de Sécurité de l’Onu, en septembre et s’en servira pour accentuer l’inflation du discours antisioniste dans les instances internationales. Israël a besoin de s’assurer que les Etats-Unis sauront mettre leur veto quand leurs intérêts conjoints sont menacés.

 

Pour limiter les effets de cette défection progressive, l’Alliance atlantique devra assurer ses arrières.

 

Alors que la crise battait son plein, Israël tissait, depuis un certain temps déjà, un renforcement de ses relations avec deux pays européens intéressés à combler le vide laissé par la Turquie :

-      - la Grèce, son ennemie de toujours, à cause du conflit ouvert à Chypre ;

-     - et la Roumanie, qui appartient au sud de l’Europe directement menacée par l’influence de l’ancien empire ottoman.

 

D’autres pays, nés de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie (Croatie, Serbie) peuvent trouver intérêt à renforcer ce pôle de la défense du sud de l’Europe, et contribuer à l’envoi de troupes en Afghanistan.

 

Le recentrement de la Turquie sur elle-même bénéficie, d’abord, à l’alliance irano-syrienne. Mais, à terme, la concurrence entre les deux hégémonies ottomane     et perse, peut aussi neutraliser l’influence iranienne sur la cause palestinienne, à travers ses filiales du Hezbollah et du Hamas. Ce dernier fait l’objet de la convoitise turque. Le Liban peut être tenté de se tourner vers la proche Turquie, pour contrer la mise sous tutelle de l'Iran...

 

Ils peuvent, en revanche, s’entendre sur le grignotage progressif de l’autonomie kurde et le dépeçage de l'Irak, par des campagnes conjointes de répression dans le Sud-Est turc, le Kurdistan irakien et le Nord-Ouest de l’Iran. Rien qui puisse rassurer ni l’Amérique sur le départ, encore moins, les pouvoirs sunnites, si les puissances du Levant se partageaient les restes de l’Irak. Cette entente est susceptible de pousser à l’émergence des Frères Musulmans au cœur de la Jordanie, de l’Egypte, dans un désastreux contre-effet-domino, qui renverserait la jarre de l’islamisme à travers tout le Moyen-Orient, les pays du Golfe, Bahrein, Emirats et Arabie Saoudite et bien au-delà, vers le Maghreb et l’Europe …

 

Depuis l'affaire du Mavi Marmara, l’Iran et le Hezbollah ont tenté, par diverses provocations, de rappeler leur dangerosité aux Occidentaux :

 

Les incidents se sont multipliés au Sud-Liban, à l’encontre des éléments français et espagnols de la FINUL, perçue comme une présence étrangère, et, par conséquent, hostile. Tsahal a diffusé des images de l’infiltration des 20 000 supplétifs et forces spéciales du Hezbollah dans les villages, comme al-Khiam. Ces mouvements suspects coïncident également avec la disparition de l’Ayattollah Fadlallah : en dépit de son soutien au terrorisme, il restait opposé à l’allégeance au Guide Suprême iranien, Ali Khamenei. Il avait rang de marja, la plus haute distinction, dans la hiérarchie chi’ite. Tout comme l’Ayattollah Ali Sistani, en Irak, également âgé de 81 ans, il était tourné vers Nadjaf, et non vers Qom, l’école religieuse de la Révolution islamiste concurrente. Son successeur pressenti, Afif Nabulsi, est d’un avis bien différent : totalement inféodé à Téhéran, il devrait être un acteur –pivot de l’iranisation croissante des Chi’ites libanais. Les Mollahs préparent, depuis des années, ce cycle de successions, avec Moqtada Sadr en Irak, dès qu’Ali Sistani aura quitté cette terre. Ce remplacement pourrait alors favoriser leur mainmise sur le Sud-irakien : Nadjaf, Kerbala, ses centres spirituels, et Bassorah, son terminal pétrolier…

 

C’est dans ce contexte qu’un espion iranien au service de la CIA, « Reza Kahlili », a jugé urgent de tenter de réveiller l’Administration Obama, lors d’une tribune-électrochoc au Washington Institute : il l’a accusé d’aveux de faiblesse répétés, de lâchage délibéré de l’opposition iranienne et a fustigé les assauts de naïveté d’Obama en direction des fous de Dieu de Téhéran : il ne devrait faire aucun doute, selon lui, que l’Iran est prêt à mettre Israël, mais aussi l’Europe et les pays du golfe à feu et à sang.


Obama, tout sucre et miel envers Netanyahou, est-il seulement capable d’entendre ce langage qui va à l’encontre des illusions qu’il dispense depuis son arrivée à la Maison Blanche ?

 

Attention : un messianisme béat peut en cacher un autre, bien plus tragique....

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 20:45

 

 

editorialàGad

 

 

La préparation houleuse de la visite de Bibi Netanyahou à Washington, à la veille de l'instant "T" à Téhéran.

 

Marc Brzustowski


pour lessakele et aschkel.info 

 

 

Editov-heure tECOUTER ICI-copie-1

 

L’affaire du Mavi Marmara n’en finit pas de faire des vagues dans les relations internationales. On se souvient que Benyamin Netanyahou avait dû reporter son voyage à Washington, au moment où la crise éclatait. Depuis, son homologue turc Erdogan a exploité le filon jusqu’à laisser entrevoir un alignement suspect sur les intérêts de l’Iran et de la Syrie, en flagrante violation de ses alliances, dans l’OTAN.

 

L’entourage d’Erdogan a fait comprendre à ce dernier qu’il conviendrait d’adopter un ton en-dessous, afin de ne pas affecter les chances de la Turquie, sur la scène internationale. Ces cercles ont jugé contre-productif le discours du Premier Turc accusant Israël du regain de tensions avec le PKK. Il s’est donc contenté de pointer du doigt les réseaux ultranationalistes turcs, la fameuse filière Ergenekon, d’être à l’origine de ces manipulations de la cause kurde. Les dirigeants présumés de cette nébuleuse sont en procès pour tentative de putsch militaire. Or, les observateurs avertis savent que les proches d’Erdogan répandent, depuis des mois, la rumeur selon laquelle les services extérieurs israéliens seraient les donneurs d’ordre de ce groupe de putschistes. Autant dire qu’il s’agit simplement de murmurer tout bas ce que le Parrain de la mafia islamiste au pouvoir à Ankara veut profondément faire croire.

 

Mieux, le chef de l’AKP n’a de cesse de mettre à mal toute tentative conciliatrice entre son pays et Jérusalem. Ainsi, le Ministre israélien des infrastructures, Ben Eliezer, aurait mené des discussions tenues pas si secrètes, à Zurich, à la demande du Ministre des Affaires étrangères turques, Ahmed Davutoglu. Une fuite aurait été organisée pour révéler l’échec de cette rencontre, se déroulant en parfaite ignorance du Ministre israélien des affaires étrangères, Avigdor Lieberman. Celui-ci aurait alors refusé de décrocher son téléphone durant toute la journée de jeudi, restant sourd aux appels de Bibi Netanyahou, qui cherche à stabiliser son gouvernement, avant de se rendre auprès d’Obama. Les « milieux autorisés » soupçonnent Ehud Barak d’être à l’origine de cette énième tentative humiliante de rapprochement avec la Turquie.

 

D’autre part, le Juge Turkel, chargé de la commission d’enquête, à propos de l’incident de la flottille, a exigé un mandat élargi, l’autorisant à mettre en cause un ou des membres défaillants du gouvernement dans la chaîne de décision menant à ce qui reste un fiasco médiatisé. De fait, semble t-il, le Ministre de la Défense et, par ricochet son Premier Ministre, sont mis sur la sellette, alors qu’ils pensaient garder le contrôle de cette investigation. De là à envisager que l’un ne serait pas prêt à couler seul sans entraîner dans sa chute toute ou partie de l’actuelle coalition, il n’y a qu’un pas que certains commentateurs n’hésitent pas à franchir.

 

 De son côté, Erdogan paradait, en diffusant son projet d’interdire tout vol commercial israélien au-dessus de son territoire. Hormis le renforcement de son prestige sur le plan régional, tout ce qui pourra déstabiliser Netanyahou avant sa visite du 6 juillet à la Maison Blanche est, pour lui, pain béni.

 

A l’inverse, toute modération israélienne dans l’approche de la nouvelle position turque n’aurait de sens que dans la perspective des élections législatives à Ankara, en septembre prochain. L’AKP pourrait alors être contraint par les urnes de composer avec le courant kémaliste, crédité de 32% d’intentions de vote. Ceci n’interdit pas la fermeté et la défiance à l’égard de l’actuel gouvernement, et non de la Turquie historique par amalgame. En prévision, Erdogan s’est fait fort de changer la donne et les hommes, au sommet des institutions : il a nommé, à peine trois jours après l’incident en mer, un nouveau chef des renseignements (au MIT) Hakan Fidan, l’un des membres islamistes anti-occidentaux les plus favorables au soutien de la politique iranienne et de son programme nucléaire. On le dit même d'obédience chi'ite. Autant dire que Téhéran dispose, désormais, d’un maître d’œuvre en plein cœur du régime d’Ankara, qui menace aussi bien les relations avec Jérusalem qu’avec Washington et l’Alliance Atlantique.

 

 Hakan Fidan

 

Renforçant ce sentiment de menace croissante sur l’équilibre régional, les services de renseignement font savoir que l’Iran a transféré, l’an dernier, à la Syrie, un nouveau système de radar sophistiqué. Il gratifierait ainsi le Hezbollah d’informations précieuses sur la navigation aérienne d’Israël, accentuant la précision de ses missiles et de sa défense anti-aérienne.

 

Depuis la signature par le Président américain du nouveau train de sanctions, l’Iran, par le truchement de Vahidi, son Ministre de la Défense, menace, désormais, de barrer aux pétroliers la route de l’acheminement de l’or noir, par le Détroit d’Ormuz. Selon les dirigeants du régime terroriste iranien, tout arraisonnement de l’un de ses navires aurait « les pires conséquences ».

 

L’approche de ces sanctions, considérées comme les plus dures jamais entreprises contre le régime des Mollahs, a été couplé à l’envoi de l’USS-Nassau NAH-4, avec un groupe d’attaque amphibie embarquant 4000 marines, dont des unités spéciales entraînées à agir derrière les lignes ennemies. Ce renfort sillonne actuellement le Golfe d’Aden. Ces mesures drastiques ont provoqué l’annulation des flottilles au départ de l’Iran. Elles pouvaient, en effet, entrer dans le cadre des sanctions prises à l’encontre de Téhéran et se voir fouillées de fond en comble. L’embargo n’atteint donc plus seulement Gaza, mais bien les côtes iraniennes, en faisant risquer à toute entreprise commerçant avec ce régime, le bannissement du marché américain. Les Pasdaran contrôlent tout le réseau de raffinement de pétrole, alimentant leurs trafics et manigances terroristes à travers le monde. Leur emprise sur l’Iran sera la première cible de ce regain de fermeté. La corde au cou, ils seront donc tentés de contrevenir, par tous les moyens, à l’acheminement pétrolier en direction de l’Europe, des Etats-Unis et de l’Asie, quitte à se lancer dans des opérations-suicide.

 

C’est à la lumière de cet encerclement qu’il convient d’envisager le redéploiement des alliés de l’Iran et l’accroissement des menaces directes contre Israël. L’assouplissement de l’embargo sur Gaza réintroduit l’Autorité Palestinienne, par la présence d’observateurs, lui laissant entrevoir la perspective d’une reprise ultérieure de ce territoire. En contrepartie, il s’agit d’infléchir son refus caractérisé de toute négociation directe. Ce point sera certainement abordé entre les deux Administrations, alors qu’Uzi Arad démarchera le régime Moubarak, afin d’évaluer ces évolutions.

Jusqu’à présent, le Hezbollah de Nasrallah n’a fait que vociférer, échouant à tenir ses promesses de représailles, depuis la mort d’Imad Moughniyeh. Il a encore dû renoncer à une visite à Ankara qui aurait consacré l’alliance de fait des régimes du Levant contre Israël. Il n’a, pas plus, été en mesure d’envoyer des flottilles sur le modèle turc ; encore moins, de déclencher des tirs contre le territoire israélien, à la suite d’un éventuel arraisonnement. Par contre, son arsenal s’est considérablement renforcé, en asseyant sa position de seule force paramilitaire crédible au Liban.

L’hypothèque demeure, en ce qui concerne la réaction turque à toute intervention israélo-américaine contre l’Iran ou l’un et l’autre de ses alliés déclarés : il est acquis qu’elle se traduirait vraisemblablement par un afflux de renseignements, de minute en minute, de la part de services d’espionnage du MIT « passés à l’Est ». Le territoire turc pourrait servir de voie de transit pour des missiles et la logistique irano-syrienne en direction du Hezbollah. Mais l’actuelle position d’entre-deux ne laisse pas entrevoir de renversement radical d’alliance, au-delà des déclarations diplomatiques incendiaires et de mesures symboliques de rétorsion.

De fait, le Hezbollah se retrouverait, avec le Hamas, comme bras armés les plus crédibles, mais aussi les plus exposés, de Téhéran. De même qu’Ankara, Damas pourrait trouver plus économique, pour la survie du régime alaouite, un rôle d’auxiliaire et de boutefeu, hésitant à franchir le pas de l’entrée dans la danse. La Syrie comme l’Iran dispose de missiles chimiques et biologiques et il serait candide de croire que l’un ne pressera pas l’autre de les utiliser…

Bachar al-Assad pourrait être tenté de se raccorder in extremis à Erdogan, plutôt qu’à Ahmadinedjad, en situation d’isolement croissant. Le fou de Dieu de Téhéran devrait donc exiger de ses services, relayés par les Turcs, qu’ils assurent la fourniture au Hezbollah des armes les plus nocives à leur disposition dans les entrepôts syriens.

Les actuels remous diplomatiques sont comme l’écume de la vague des tentatives de coordonner les efforts, dans les deux camps. La moindre friction ou hésitation, le moindre moment de déstabilisation, ici ou là, grippe les maillons de la chaîne de décision. Elle remet en question le sens de la partie qui se joue, loin des caméras, par les coulisses, les zones grises, et les labyrinthes des tunnels qui redessinent le Proche-Orient de la 23è heure avant l’ère atomique... 

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 09:26

 

 

 

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Remontées de bretelles pour Erdogan, bruits de bottes en Iran et appel d'Obama au "Roi David" pour sauver l’Afghanistan... 

 

Editorial de Marc Brzustowski

pour aschkel.info et lessakele

 

les bretelles d erdoganECOUTER ICI-copie-1

 

 

Les coups d’accélérateur de la semaine écoulée, en matière d’info-guerre, ont eu pour première conséquence de renvoyer les présumées « flottilles » libanaise et iranienne à leurs ports d’amarrage : les bienfaiteurs de l’humanitaire, Nasrallah, pas plus que son mentor Ahmadinedjad, n’ont osé égaler la Turquie d’Erdogan par tentatives de briser l’embargo maritime israélien autour de Gaza.

 

Cet abandon par forfait ne signifie pas qu’il n’y aura pas de nouvel épisode de ce genre à l’avenir. Cela veut simplement dire que l’effet de surprise s’est dissipé et que l’outil médiatique s’est érodé, dès qu’il est tombé entre les mains d’ennemis avérés d’Israël. Connaissant la propriété des navires, dont celui d'un cousin du despote syrien, leurs financeurs, comme Yasser Kashlak, Palestinien, intermédiaire de Téhéran dans l’acheminement de fonds au Hezbollah et au Hamas, il devenait simple à Israël de déclarer ces navires « ennemis » et de leur appliquer les mesures qui s’imposent. Les loups de mer formés par les Gardiens de la Révolution iranienne savent, désormais, qu’ils auront beaucoup de mal à se faire passer pour des agneaux. Pasdaran et Hezbollah ont promis des représailles en cas de prise d'assaut ; les uns comme les autres ont flanché face à Israël et devant leur public pourtant acquis.

 

Le tableau des « erreurs » commises lors de l’arraisonnement du Mavi Marmara n’en devient que plus clair : seul un pays passant encore pour un « allié stratégique » pouvait se permettre de tromper son monde, au point que le renseignement israélien baisse la garde et ne voit rien venir. Qu’advient-il, alors, de la fameuse « libération de Gaza » par les pseudo-humanitaires, alliés objectifs du Hamas, du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran, qui, tous, ont préféré plier les gaules ? Que reste t-il de la brillante, quoiqu’un brin perverse, initiative d’Erdogan? Sans réitération, sans continuité, elle semble bien tomber à l’eau et cingler comme un désaveu pour celui qui comptait bien en tirer des bénéfices inouïs, en terme de leadership régional. Sans l’intercession d’Erdogan, les ennemis restent les ennemis et il n’y a rien de nouveau sous le soleil, hormis l’allègement des mesures israéliennes visant Gaza. Du même coup, il rend les flottilles inutiles et purement provocatrices.

 

Sans affirmer que l’arroseur devient l'arrosé, l’affaire du Marmara a valu à Erdogan une autre défiance : les remarques acerbes du représentant américain en Europe, chargé des questions de l’OTAN : Philip Gordon. Celui-ci l’a accusé d’aliéner les Etats-Unis et l’Occident et lui a demandé de faire la démonstration de l’engagement de son pays dans le partenariat envers les forces atlantiques. Gordon a ajouté que : « des gens se posent des questions sérieuses à ce propos, et c’est une mauvaise affaire qui rend particulièrement difficile pour les Etats-Unis de soutenir certaines choses que la Turquie aimerait nous voir créditer… ». En se servant de l’IHH, un groupe connu pour ses liens avec le terrorisme, le Cacique d’Ankara est allé un pont trop loin. Il a attiré l’attention globale sur l’arrière-cour du projet politique et stratégique de l’AKP islamiste.

 

A domicile, il a dû annuler l’invitation faite à Nasrallah de se rendre à Ankara. Ce dernier a, tout simplement, eu peur de se faire éliminer en route par une unité de « nettoyeurs » israéliens, tandis qu’Erdogan se faisait rappeler à l’ordre par son entourage. S’afficher avec le chef du Hezbollah n’aurait plus laissé aucun doute sur le revirement opéré au seul profit de l’axe irano-syrien. Alors que le 31 mai laissait entrevoir une victoire morale éclatante de cette alliance, elle a donc provoqué une réaction en chaîne qui l’a obligée à reculer sur à peu près toutes les suites que ce programme promettait : de nouveaux navires se lançant tour à tour pour profiter de « l’érosion » de la garde des côtes de Gaza ; une hausse de fréquentabilité pour le guide du Hezbollah auprès d'un allié apparent de l’Ouest ; des émissaires iraniens débarquant à Gaza pour venir au secours d’une population abandonnée du monde et punir le "méchant" Israël… De plus, Erdogan est sommé par ses généraux dont Ilker Basbug, son chef d’Etat-Major, de cesser ses accusations selon lesquelles Israël manipulerait le PKK pour se venger de l’affaire de la flottille. L’armée turque lui reproche de renforcer le PKK et de pousser le Kurdistan irakien dans les bras d’Israël, étoffant une coopération déjà ancienne. Un homme d’affaires israélien, Idan Offer, se serait ainsi rendu, il y a peu, avec une délégation consistante en Irak autonome kurde, afin de marquer sa solidarité.

 

L’isolement de l’axe va plus loin : cette même semaine, l’Iran mobilisait ses troupes au nord du pays, par crainte, disait-il, d’un rassemblement de forces israélo-américaines sur la frontière de l’Azerbaïdjan. On ne peut pas prendre au premier degré cette agitation militaire, qui trahit plutôt l'affolement au sommet de la hiérarchie des Mollahs, par crainte de soulèvements de plusieurs des groupes ethniques minoritaires à sa périphérie : Baloutches, en représailles de la mise à mort de leur chef mythique, Abdelmalik Rigi ; Kurdes d’Iran, en solidarité avec ceux de Turquie en nouvelle phase de rébellion contre Ankara ; Azéris, par fraternité avec leurs frères nouvellement indépendants à l’égard de la Russie et pro-occidentaux. Ce sursaut des Pasdaran attire également l’attention sur la possibilité que l’alliance Israël-Turquie permettait, sans doute, de surveiller l’Iran et la Syrie, grâce à des centres d’écoute turcs. Mais que ceux-ci ont vraisemblablement été remplacés depuis longtemps par des stations américano-israéliennes en Azerbaïdjan, renvoyant les précédentes au musée des vieilles gloires. Depuis Tbillissi en Géorgie, en passant par l’Arménie, en contentieux historique avec la Turquie, jusqu’aux frontières nord de l’Iran, l’Occident et Israël disposent ainsi de couloirs et relais bienveillants qui leur permettent de contourner Ankara, et de renvoyer ses prétentions à leur juste place : celle d’un pays qui doit, dorénavant, s’interroger sur les pertes, autant que les gains réalisés, en écornant sa propre réputation aux yeux de ses anciens alliés.

 

L’autre grand moment de vérité… ou d’intoxication désinformatrice (?) de la semaine a concerné la toute aussi fameuse « base israélienne » de Tabuk, installée en catimini, dans l’ouest de l’Arabie Saoudite. C’est-à-dire, à peine à 200 kms, à vol de F 16, de la ville balnéaire d’Eilat. Si l’impact politique est déterminant, en cela que les vieux ennemis jurés saoudiens et israéliens travailleraient main dans la main à la perte du régime tyrannique de Téhéran, l’intérêt stratégique du lieu laisse à désirer, en termes de proximité de l’objectif : après avoir déchargé cette cargaison, il faudrait alors confier les équipements sensibles au fret routier saoudien pour que ces livraisons parviennent à bonne destination : à l’Est de ce vaste territoire qu’est l'Arabie Saoudite. A travers un pays où vivent de nombreux chi’ites très sensibles à l’appel du Guide Suprême Ali Khamenei… En bref, des alliés médiatiques de Téhéran ont pu vouloir mettre en cause la neutralité de la Royauté wahhabite dans un conflit qui la concerne directement. On croit savoir, en revanche, que les contacts entre Riyad et « l’ennemi sioniste » sont devenus courants, par l’entremise indirecte des excellentes relations entre le chef du renseignement égyptien, Omar Suleiman avec Jérusalem. Certaines sources jordaniennes vont plus loin, en attestant de rencontres directes, à Amman. Si bien qu’on pourrait presque, désormais, parler de « secret de Polichinelle », en ce qui concerne un évitement qui n’aurait rien de nécessaire, face aux enjeux qu’affrontent de concert, l’ensemble des pays de la région.

 

Comment a-t-on pu passer, en si peu de temps, de cette mobilisation pour des bateaux réputés « humanitaires » à ce branle-bas de combat aux frontières de l’Iran ? En quoi celui-ci permet ou pas de comprendre le renoncement temporaire d’Ahmadinedjad pour la première solution propagandiste, bien moins coûteuse, apparemment, et au seul détriment d’Israël ? L’annonce du passage du Canal de Suez par une Armada pilotée par l’USS Harry Truman a été l’un des tournants majeurs du changement d’appréciation de la situation par les Mollahs. Le pas de trop d’Erdogan, dans leur direction, lui valant les remontrances de Washington, accentue cette inquiétude, au sein de l’alliance turco-irano-syrienne. Leur précédente manipulation, le projet de transfert d’uranium iranien aux bons soins d’Ankara, par l’entremise du Président brésilien Lula, n'a fait qu'accélérer le vote de nouvelles sanctions. Même si celles-ci et peut-être parce que celles-ci, justement, resteront inefficaces, selon l’aveu même du patron de la CIA, Léon Panetta. Au moment où ce vote de la dernière chance commençait à prendre effet, tout se passe comme si aucun des belligérants potentiels n’était dupe et n'avait plus de raison valable d'y croire.

 

Jusqu’à présent, Jérusalem a laissé toute latitude diplomatique au Président Obama. Mais celui-ci, à l’instar d’Erdogan auprès des siens, semble tout aussi acculé à devoir redresser sa côte, en tant que Commandant en chef. Il a même dû congédier le Général Mc Chrystal, suite à des commentaires désobligeants pour son Administration, dans la presse. Il l’a remplacé par le prestigieux Général David Petraeus, surnommé « le roi David » après son succès en Irak. L’ancien Sénateur de l’Illinois devenu Président était le plus critique des élus à l’encontre du « Sursaut en Irak » alors prôné par Petraeus et soutenu par John Mc Caïn, à l'époque. Voilà qu'il en vient à remettre les clés de son propre destin présidentiel entre les mains de celui contre lequel il n’avait pas de mots assez durs, en 2006. Tancé par le Sénat et le Congrès, comme par le père d’Angélina Jolie, à cause de son parti-pris anti-israélien, mis à mal pour cause de pollution aggravée au large des côtes de la Louisiane, Obama apparaît plus faible que jamais. Le pouvoir réel semble lui glisser entre les doigts, à mesure que le sablier du programme nucléaire iranien continue de filer, quoi qu’il ait tenté pour réunir un consensus international autour de sa position d’ouverture. Il a promis un retrait d’Afghanistan en 2011 et, pour tenir parole, il ne trouve rien de mieux que d’appeler à son secours, le Général américain qui est, peut-être, le plus opposé à une échéance aussi courte, intenable sans dégâts considérables pour le prestige des USA…

 

Le dénouement de ce qui se profile, en ce début d’été chaud, n’aura sans doute pas lieu, sauf mouvement imprévu, avant l’automne : pour prévenir une élection défavorable au congrès ? Ou, parce qu’il est désormais clair que l’ouverture n’a pas stoppé le désir d’hégémonie iranienne ? Et que la situation en Afghanistan ne peut déboucher sans frapper l’agitateur régional et mettre indirectement au pas l’allié pakistanais ambigu, par l’exemple de la force que confère la suprématie militaire ? 


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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 06:10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

editorialàGad

Convoi de navires de guerre à travers le Canal de Suez, pour protéger contre elle-même une Europe vindicative,...


mais sans défense patente contre les missiles iraniens

 

 

 

Par Marc Brzustowski


pour lessakele et aschkel.info

 

 

 

convoi de navireECOUTER ICI-copie-1

 

Des sources maritimes de la ville de Suez ont révélé au journal al Qods al-Arabi, basé à Londres, qu’elles ont observé un vaste mouvement de 12 navires de guerre, 11 américains et un douzième, identifié comme israélien, franchir le canal vers la Mer Rouge, ce vendredi 18 juin. Le trafic régulier, la pêche et la circulation d’une rive à l’autre ont été interrompus pour permettre le passage de cette flotte menée par l’USS Harry Truman, ses 60 avions de chasse et 600 marins. Les témoins ont évoqué l’une des armadas les plus étoffées aperçues depuis des années. Les personnalités de l’opposition au régime Moubarak en Egypte ont vivement protesté contre cette coopération avec les Etats-Unis et Israël, alors que l’Iran, épaulé par Erdogan, poursuit ses provocations contre la Communauté Internationale.

 

La veille, jeudi 17, Robert Gates, le Ministre américain de la Défense, annonçait que les USA devaient réviser drastiquement leurs plans de défense anti-missiles du continent Européen. Des renseignements lui sont parvenus, selon lesquels l’Iran pourrait chercher, dès aujourd’hui, à tirer des « salves de missiles » par centaines contre l’Europe. Cette option pour la démultiplication de tirs simultanés rompt avec les perspectives développées jusqu’à présent par les stratèges américains, de devoir contenir des menaces graves, mais limitées à quelques tirs d'ogives isolées. Les Etats-Unis ne pourront réellement parer à un tel danger éventuel qu’à partir de 2018-2020. L’OTAN ne dispose pas, à cette heure, de défense efficace contre ce genre d’agression préméditée.

 

A très court terme, l’Europe se trouve donc dans la ligne de mire de l’Iran, sans doute de façon moins « prioritaire », mais non moins exposée qu’Israël, vivant  à portée de missiles et roquettes diverses en constante augmentation au cours des dernières années.

 

Le lien s’établit naturellement entre cette mise en garde de la hiérarchie américaine et le déploiement actuel en Mer rouge. De son côté, Téhéran a rétorqué de l’emploi "défensif", c’est-à-dire dissuasif de ces missiles pointés. L’Europe ne menace l’Iran qu’à travers des sanctions économiques, d’ailleurs remises à juillet prochain. Il s’agit donc d’intimider Bruxelles, Paris, Berlin, Rome…, tout en promettant des représailles, en cas de frappes des installations nucléaires iraniennes. 

 

Ce constat dramatique intervient à l’issue de deux crises récentes :

 

- l’affaire des missiles Scuds présumés transmis ou en voie de l’être, par la Syrie au Hezbollah, sans qu'aucune mesure tangible ait été arrêtée.


- Et, d’autre part, le net retournement de tendance diplomatique d’un membre de l’OTAN, la Turquie, favorable à la progression de l’influence iranienne à Gaza et au Levant.

 

L’affaire de la « flottille pour Gaza » et le large écho consensuel contre Israël qui en a résulté, notamment en Europe, apparaît, ici, jouer contre les intérêts du vieux continent, à portée de missiles chimiques ou biologiques, demain, nucléaires, tirés par les alliés de l’Iran ou par lui-même.

 

D’après Jean Tsadik, de Menapress (http://www.menapress.org/ ) , seul le Hetz III israélien, largement opérationnel et répandu dans les unités de Tsahal, serait en mesure de contrer des tirs de salves simultanées du type d’engins en possession des affiliés à Téhéran. A force d’abonder dans le sens des agressions diplomatiques turques contre Jérusalem, l’Europe ne se met à l’abri que de façon purement conjuratoire contre les nouvelles menaces qu’elle ignorait largement la veille. L’alerte lancée par l’ancien premier ministre espagnol, José Maria Aznar, dès le jeudi 17, selon laquelle si Israël tombe, ses alliés occidentaux le suivraient de près dans cet effondrement, est, dans ce cadre, saisissante d’à propos.

 

L’action de l'OTAN se trouve doublement verrouillée par deux de ses alliés supposés :

 

-       à cause des incertitudes qui émanent d’Ankara, depuis que la Turquie s’aligne de façon ostentatoire sur la politique décidée par les Mollahs


-      et par celles résultant d’un récent rapport quant aux manipulations des Talibans Afghans par l’ISI pakistanais.

 

La semaine passée, un exposé de la London School of Economicsaccusait l’Armée, les Services de renseignement et même les membres du gouvernement pakistanais d’apporter leur soutien aux insurgés afghans. Cette interdépendance y serait si puissante que plusieurs conseils ou Shuras talibanes, dont celle de Quetta, seraient sous le contrôle direct de l’ISI. Cela concernerait aussi bien des officiers d’active que des retraités disposant d’une autonomie considérable pour agir à leur guise. Le Premier Ministre en personne, Ali Zardari aurait promis leur libération prochaine à des dirigeants emprisonnés, dès que « cela serait politiquement possible ». C’est-à-dire, dès que les Occidentaux auront les yeux tournés ailleurs. Et ce ne sont pas les sujets de "distraction" qui manquent, si l’on peut dire. On se souvient que l’ISI a été in-directement impliqué, par l’entremisme du Lashkar e-Taïba, dans les attentats anti-indiens, comme ceux de Mumbaï en 2008.

 

Le même Pakistan est soupçonné d’avoir trahi le chef légendaire du Jundallah, Abdelmalek Rigi. Il avait été arrêté dans un avion détourné en provenance de Dubaï et en direction du Kirghizistan, par un commando iranien, en février dernier. Après des mois d’interrogatoire et des aveux obtenus sous la torture. Rigi a été pendu pour avoir organisé des attentats mortels contre le haut du panier de crabes des Pasdaran et fortement déstabilisé, durant des années le régime des Ayatollahs. Le Kirghizistan recèle une base d'approvisionnement américaine importante pour les forces présentes en Afghanistan. Les troubles ethniques qui s'y déroulent sont une source permanente d'inquiétude pour le devenir de cette source de ravitaillement. La construction récente d'un tronçon ferroviaire traversant l'Ouzbékistan, doit, précisément, permettre de contourner les voies pakistanaises et afghanes du Khyber, devenues dangereuses... et pour cause.

 

Les chefs de l’état-major de l’Otan en Afghanistan ont démontré, photos d'armements à l'appui, que l’Iran arme, finance et entraîne des Talibans. De l’autre côté, ceux-ci bénéficient de la bienveillance de l’armée et de l’establishment pakistanais. Encore ce mois-ci, un contrat gazier est signé,  entre l'Iran et le Pakistan pour la livraison de 21, 5 millions de m3 par jour, à partir de 2014. On est saisi de vertige, face à cette complicité à peine dissimulée, n’attendant que la défaite des forces coalisées. Quand elle ne l’alimente pas directement, lors d’attentats qualitatifs particulièrement meurtriers contre les troupes stationnées ou leurs moyens logistiques.

 

Durant ce temps, plus au nord, dans la sphère d’influence américaine, l’armée turque prend pour cible les villages kurdes de la région d’Irbil, en plein Kurdistan irakien. Lors d’un bombardement de plus de 90 minutes, une jeune adolescente  a été tuée, ce jour, alors que sa mère et son petit frère de 3 ans étaient blessés. Ankara prétend ainsi -en prenant les villages civils pour cible- répliquer aux attaques du PKK, qui se multiplient ces dernières semaines. L’une d’entre elles s’est soldée par la perte de 12 soldats de l’armée régulière turque et de dix membres du groupe insurrectionnel kurde. La stratégie suivie consiste, quant à elle, à faire place nette pour permettre la montée en puissance d'un marché commun entre la frontière sud-est de la Turquie, bassin des populations kurdes, le nord-Ouest de l’Iran et le Kurdistan irakien, bientôt débarrassé des Américains… et de leurs alliés, qui refuseront de se soumettre aux intérêts souverains du nouvel empire du Levant?

 

Force est de constater que la stratégie de repli préconisée par l'Administration Obama au Moyen-Orient et son incapacité structurelle à triompher en Asie centrale, tant que ses "alliés" à géométrie variable ne joueront pas selon les règles du jeu élaborées à la Maison Blanche, est menacée de bien des craquements. Elle risque même de tourner au fiasco, dont on est encore loin d'imaginer les conséquences désastreuses, si Obama ne révise pas radicalement son approche de "l'alliance des civilisations"...


 

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 07:47

 

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L’instant T. du basculement de la Turquie dans l’obscurantisme éclairé, ou le Troyen prêt au grand saut dans l'inconnu.

 

Editorial de Marc Brzustowski

Pour Aschkel.info et Lessakele

 

 

 

ECOUTER ICI-copie-1   ECOUTER ICI-copie-1 

 Audio partie 1 et 2

 

 Reconstitution du Cheval de Troie

 

Reconstitution du cheval de Troie. By Go Gap

 

editorial turquie

Editorial turquie partie 1 

                                                    

La ville mythique de Troie est située par l’UNESCO sur le site de l’actuelle Hissarlik, en Turquie. Selon le récit homérique, cette antique cité fut prise par la ruse, lorsqu’il fut clair que des années de siège ne viendraient pas à bout de cette forteresse.

 

 

Israël est assiégé depuis plus de 60 ans et, plutôt que de s’effondrer, comme le proclame Ahmadinedjad, l’Etat Juif n’a fait que se renforcer, économiquement et militairement. L’Europe et les Etats-Unis pouvaient, jusqu’au 11 septembre 2001, dormir sur leurs deux oreilles : celui qui est, à la fois le frère le plus ancien, historiquement, mais le plus jeune état-nation moderne et le plus près du feu, veille sur les valeurs de liberté et de pluralisme. Il absorbe à lui la plus forte part d’agressivité détournée contre ces valeurs de l’Occident par les hérauts de l’islamisation violente ou rampante. La bataille essentielle se joue, désormais, sur le terrain mouvant de la communication et de la guerre psychologique.

 

Le modèle Jihadiste radical, tenu par les Mollahs et, plus récemment, al Qaeda, fait peur au reste du monde. Il entraîne des campagnes de contre-insurrection. Seul un contre-modèle, apparemment non-violent, mais à fort teneur érosive, d’islamisation lente des valeurs de la modernité, peut triompher sans éveiller les soupçons. En un mot : l’usage de laTaqqyia.

 

C’est ce modèle qu’appliquent les Frères Musulmans en Europe, tel qu’exprimé par la doctrine Ramadan et les Fatwas incendiaires de Youcef Qaradawi. La même recette est employée par Recep Tayyip Erdogan, qui est leur obligé. L’AKP a émergé lentement, au fur et à mesure de la décomposition de l’état autoritaire laïc, sous les coups de boutoir des critères européens, en vue d’une hypothétique adhésion. Il a patiemment dominé toutes les poches de résistance, depuis les années 1990, en Turquie et en Orient.

 

Sous cet angle, l’aventure, non du Poséidon, mais du Mavi Marmara, est éloquente. Malgré les liens de l’IHH avec al Qaeda, on a, parfois, du mal à définir clairement le statut hybride de la cinquantaine d’hommes armés jusqu’aux dents sur le pont avant du navire : Jihadistes chevronnés ?, mercenaires ? Ils semblent bien un mixte des deux, délégués par Erdogan pour mener la bataille contre les forces d’Israël et enfoncer un coin du panoramique mondial. On sait qu’ils ont embarqué à Istanbul, le fief de l’actuel chef de la sécurité turque, l’Islamiste Muammer Guler, qui en est l’ex-gouverneur, alors que les 500 autres membres sont montés à bord à Ankara.

 

Plutôt que de provoquer l’annihilation de 3000 personnes dans les cendres de tours géantes, ils se sont, au contraire, appliqués à détourner tout le sens du discours « humanitaire » pour soutenir leur coup de force. Cette opération-suicide laisse 9 morts, pour un méga-résultat médiatique et diplomatique qui écorne le statut international d’Israël, déjà goldstonisé.

 

La stratégie a été déterminée par Erdogan, selon les aveux mêmes des individus arrêtés. Cette opération de charme vise le statut de héros populaire dans le monde arabe, accroissant le prestige de son pays, et doit se traduire par des retombées électorales à domicile. Le choix radical est qu’il faut, à tout prix, empoisonner la sémantique des valeurs essentielles que croit promouvoir l’Occident, à travers la rhétorique des Droits de l’Homme, pour tenter d’en finir avec le « problème israélien ». Ce qui oppose radicalement l’éthique juive, à l’origine des valeurs universelles, et l’Islamisme qui tend à sa propre diffusion sans limites, c’est, justement, qu’il n’y a aucun fatalisme, aucune soumission à la règle. Au contraire, seul l’exercice du discernement et l’affirmation de son libre-arbitre, permet l’émergence de la personne humaine. La singularité juive repose sur l’interpellation de la responsabilité de l’homme face à son propre comportement. L’Islam, hormis la mystique soufie, l’enferme sous une chape de plomb du code, devenu, de plus en plus rigoriste sous l’impulsion des fondamentalistes.

 

On épiloguera encore longtemps sur l’erreur tactique commise par Israël dans l’abordage du navire turc, le Mavi Marmara, ce 31 mai 2010. Le déficit de renseignement sur ce qui se préparait à bord et l’impréparation des Commandos à devoir affronter une quarantaine de mercenaires entraînés et déterminés, sont patents.

 

Le bras de fer que le Gouvernement israélien a engagé avec la « Communauté internationale », pour la mise en place d’une enquête équitable montrant l’implication turque, est essentiel. La médiatisation a centré la focale sur Israël, selon les vœux et menaces du site Internet de l’IHH, dès le 23 mai :

 

« Gérez bien cette crise. Si vous empêchez la flottille d’atteindre la Bande de Gaza, vous resterez isolés dans le monde et vous porterez tort. » Site de l’IHH. 

 

Actuellement, l’aura que Recep Tayyip Erdogan retire de sa prestation dans le monde arabe, est au firmament et tout lui semble permis. Néanmoins, des voix s’élèvent, en Turquie même, pour dénoncer qu’une organisation caritative islamiste, ayant des liens avérés avec al Qaeda, tire les ficelles et définisse l’orientation de la politique étrangère turque. Fethulla Gülen, leader spirituel d’un puissant mouvement de masse, a désapprouvé la farce «  Libérez Gaza ». Kemal Kilicdaroglu,le chef nouvellement élu de l’opposition kémaliste, a mis en garde la Présidence contre sa façon de tourner ouvertement le dos à l’Ouest et de ne plus être fidèle à la tradition médiatrice d’Ankara. 

 

La Turquie est, depuis un certain temps, à un tournant, où tout risque de basculer vers un régime islamiste autoritaire. De la même façon que l’expérience des Pahlavi, en Iran, s’est achevée dans un renversement de régime par les Mollahs rétrogrades, au nom du rejet des valeurs de l’Occident.

 

Chaque fois, des régimes autoritaires ont échoué à implanter dans le corps social iranien ou turc, des valeurs fondées sur la doctrine laïque de la Révolution française. Chaque fois, la nostalgie d’un ancien empire, perse ou ottoman, est le ferment du nationalisme et s’appuie sur le substrat religieux, pour fonder un régime qui restreint les libertés.

 

 

 

La démocratie relative subsiste encore en Turquie, grâce au multipartisme, entre kémalistes et islamistes de l’AKP. Néanmoins, les témoignages abondent, quant aux restrictions imposées aux différents niveaux de la société turque :

 

Le gouvernement turc est devenu de plus en plus totalitaire, Durant les dernières années. Il ne cherche plus seulement à contrôler la sphère économique et politique, mais à influer sur les attitudes, valeurs et croyances de sa population. Dans un récent article de Forbes, Melik Keylan évoque que l’AKP a procédé à des écoutes téléphoniques chez 100 000 Turcs, arrêté et questionné des milliers et mis 200 journalistes, intellectuels et militaires en prison, accusés de tentative de coup d’Etat.

 

“Si vous tentez de joindre au téléphone des gens en Turquie pour leur parler de leur gouvernement, ils préfèrent refuser de vous répondre, de peur d’être arrêtés. Tout le monde est devenu paranoïaque », écrit Kaylan.

 

Le Professeur Susan Brook Thistelwaite raconte que de plus en plus de femmes portent le chador et des robes religieuses. Un homme d’affaire turc ajoute qu’ils « veulent mettre un voile sur leurs esprits ». Il réfléchit à envoyer sa propre fille dans une université américaine pour finir ses études.

 

 

D’après le Professeur Thistelwaite, “ l’Administration Erdogan a gravement sapé l’indépendance des médias, de l’appareil judiciaire, du système bancaire et aboli toutes les lois interdisant l’habit religieux sur les campus universitaires. Il s’apprête désormais à réécrire les livres scolaires pour réviser l’histoire laïque du pays ».

 

« Les performances dans le domaine des droits de l’homme de la Turquie posent également de graves problèmes : la Turquie a envahi le nord de Chypre en 1974, en générant 160 000 réfugiés orthodoxes grecs. Les Turcs refusent tout retour ainsi que l’accès à leur propriété. Les Turcs se sont emparés de ces domiciles en violation de l’article 49 de la Convention de Genève.

 

En 2009, l’Eglise orthodoxe a lancé un action judiciaire contre la Turquie pour avoir détruit 522 églises durant l’invasion. Elle accuse Ankara de continuer à détruire les églises restantes, en les convertissant en morgues, étables, night-clubs et basse-cours ».

 

Les raisons du basculement vers l’Iran sont simples à comprendre :

 

La construction d’un pipeline de transfert mutuel de gaz, avec l’Iran vers l’Europe, est pour beaucoup dans les choix de réorientation stratégique et économique de la Turquie vers l’Iran et la Syrie. Sa valeur serait de 2 milliards de dollars par an. Les échanges bilatéraux entre les deux pays ont connu une croissance de 10 milliards de $ durant les 8 dernières années. On voit donc que le conflit avec des pays comme Israël n’est pas motivé par l’arraisonnement d’un navire de militants réputés »pacifistes » :

 

Erdogan s’est lancé dans cette opération, pour faire avancer les intérêts mutuels avec les Mollahs, qui utilisent le Liban et Gaza comme leur poste avancé. De la même façon, la semaine précédente, Erdogan mobilisait le Président Brésilien Lulla pour faire échouer les sanctions américaines en proposant un accord, sans la moindre garantie, sur le nucléaire iranien.

 

En engageant les intérêts économiques du pays, en phagocytant les mythologies du monde arabe, comme la « cause palestinienne », la Turquie d’Erdogan engrange des points et forge des alliances qui, ensuite, ne pourront que difficilement être dénoncées par ses adversaires politiques sur la scène ankariote.

 

Le défi qui est posé est bien loin de ne concerner qu’Israël : en bombardant les Kurdes jusqu’au Kurdistan irakien, en collaboration avec les Pasdaran d’Iran, la Turquie porte directement atteinte à la stabilité déjà précaire de l’Irak. Ce faisant, elle fait peser une grande incertitude sur l’avenir du pays, miné, de l’autre côté par les Chi’ites pro-iraniens. L’Amérique d’Obama ne peut se permettre un retrait qui s’achèverait en partition de l’Irak au profit des 3 puissances régionales syrienne, turque et iranienne, constituant alors une menace directe sur les pays sunnites environnants, affaiblis face à cette alliance.

 

Un recul de l’Egypte, de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite face à la question palestinienne pousserait en avant le Hamas, au détriment du Fatah. Tout processus de paix, conçu par les Etats-Unis, serait alors voué à l’échec. La confrontation entre Israël et tous ses voisins du nord deviendrait alors inéluctable. La Turquie est donc devenue un concurrent redoutable des Etats-Unis en Orient.

 

L’OTAN pourrait perdre influence et accès aux ressources de l’Asie centrale, dans une configuration qui s’apparente à un chantage. Comme au temps où les flottes barbaresques pirataient les bateaux chrétiens pour obtenir rançon ou les réduire en esclavage. Si la Russie peut s’en trouver le principal bénéficiaire durant un temps, la constitution d’un bloc islamiste à ses portes n’a rien pour assurer à Moscou, qu’un jour où l’autre, ses anciens alliés ne se retourne contre lui…

 

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 10:13

 


 

Retrait du Liban mai 2000 : quelles leçons pour aujourd’hui et demain ?

Par Marc Brzustowski

 

pour lessakele et aschkel.info

 

editov retrait liban 2000ECOUTER ICI-copie-1

 

On a commémoré silencieusement et de façon bien singulière les dix années de retrait de Tsahal du Sud-Liban, cette semaine. Un exercice de grande envergure, « Tournant 4 », a concerné toute la population du pays. Il consiste à se préparer à des évacuations de masse en cas d’attaque simultanée sur plusieurs fronts. D’autre part, les aveux de deux espions arabes israéliens, participant officiellement à la démocratie parlementaire, mais travaillant officieusement pour le Hezbollah, ont fait la une de l’actualité.


La nature ayant horreur du vide, chaque retrait a stimulé l’émergence et le renforcement de groupements islamistes appuyés par l’Iran et la Syrie, dans les zones délaissées : Liban-Sud ou Gaza. Ces retraits étant, chaque fois, interprétés comme un signe de faiblesse, ils ont été retournés en « divine victoire » par l’ennemi et en instrument puissant de guerre psychologique. Affaiblissant le caractère dissuasif d’Israël, on peut même dire qu’ils ont favorisé le retournement d’alliés hésitants, s’alignant sur l’axe qui tirait le maximum de bénéfices de la situation de vide ainsi créée : c’est le cas de la Turquie s’alliant à Téhéran et Damas, à la suite de ses déboires vis-à-vis de l’Europe, mais aussi parce qu’elle sent un vent puissant se lever à l’Est.


Ces points faibles remettent en cause ces stratégies globales, bien qu’ils n’enlèvent rien à la valeur tactique intrinsèque du retrait. Durant 18 ans, les unités stationnées dans cette zone de sécurité ont, continuellement, servi de cibles relativement fixes à la mise en œuvre d'une guérilla de harcèlement, de plus en plus sophistiqués, de la part de cellules combattantes terroristes. Celles-ci ont pu aiguiser leur savoir-faire en matière de coups tordus : fortins, bastions, tranchées, routes chaotiques devenaient un théâtre favorisant l’ingéniosité du Hezbollah. Il affinait ses façons d’attaquer par surprise, à la faveur de la nuit, puis de se retirer rapidement, ou de piéger les voies de passage. Contre son gré et au prix de près d’une dizaine de tués par mois, Tsahal est devenue experte dans les méthodes de guerre contre-insurrectionnelles. Ce qu’elle a retenu a, ensuite, été transféré et appliqué sur d’autres scènes de guerre des armées occidentales, comme en Irak ou en Afghanistan. L’armée de défense d’Israël reste un corps militaire en mouvement, plus à son affaire dans une incursion de quelques jours au cœur des dispositifs adverses, que dans une guerre de position durant une vingtaine d’années.


La question des retraits est donc moins un problème intrinsèquement militaire que conditionné par le type de processus décisionnels et politiques qui l’entourent. Tsahal dispose, a priori, de la même force de rétorsion qu’auparavant, si ce n’est plus. C’est la conséquence supposée du retrait dans l’attitude de l’adversaire qui est hautement erronée. Croire qu’on retire le bénéfice de la « légitime résistance » à l’ennemi et qu’il devra se conformer à des résolutions internationales tient du rêve éveillé. Il constitue une faille grave dans l’identification du type d’ennemi auquel on a affaire.

Du moins, chaque retrait s’est accompagné de fanfaronnades justifiant d’une réplique décisive, si jamais l’ennemi repassait à l’offensive.

Dans le cas du retour du Liban, l’exemple typique en a été donné au mois d’octobre 2000 : trois soldats du génie étaient enlevés sur le Mont Dov. Quoi qu’ayant promis des représailles radicales avant le retrait, Ehud Barak s’abstint d’entreprendre quoi que ce fut de sérieux. On se trouvait aux prémices de l’Intifada et la situation intérieure devenait menaçante. Les différents groupes terroristes, libanais ou palestiniens esquissaient alors une distribution des rôles qui augurait déjà de cette prise en tenaille qui caractérise la situation actuelle de ni guerre ni paix. Chacun s’accorde à penser que le retrait de 2000 a donné le coup d’envoi de l’Intifada de septembre de la même année dans les territoires. De même, plus la pose « résistante » du Hezbollah devenait « sexy » dans l’imaginaire arabe, plus on a eu d’occasions de constater que la loyauté des Arabes de Galilée s’effritait et que certains de leurs chefs n’hésitent pas à travailler comme espions pour la milice libanaise. La "souveraineté" du Liban, déjà sujette à caution, échouait entre les mains de l'entité non-étatique ou "Etat dans l'Etat".

Sur ces deux fronts, ce sont les gouvernements ultérieurs :

- celui d’Ariel Sharon, avec l’opération Rempart, en 2002,

- celui d’Olmert, avec l’impréparation qui caractérisa la guerre du Liban II de 2006,

qui durent mettre les menaces de Barak à exécution. Concernant le Hezbollah, la réplique dut attendre 6 ans et fit preuve d’approximations. Elles nous reconduisent, 4 ans plus tard, au même scénario envisageable, mais avec des armements toujours plus performants : M-600 ou missiles Scud entreposés à Adra en Syrie, dans l’attente de leur transfert vers le front libanais.

On retrouve une configuration identique avec la sortie de Gaza. Elle se solde, durant l’hiver 2008-2009, par l’opération « Plomb Durci ». A ce même modèle répliqué trois fois, manque cruellement l’application de la doctrine énoncée : celle de la tolérance zéro.

Plutôt que d’attendre le moment politique opportun pour des représailles en conséquence, la notion d’attaque préventive -gagnante de façon magistrale en juin 67- semble avoir été la première "victime collatérale" de ces tergiversations politiciennes.

Un retrait tactique suivant une victoire stratégique considérable serait relativement indolore sur le plan de la guerre psychologique et de l’image, si importante en termes de dissuasion. C’est principalement ce qui a manqué en mai 2000 : si celui-ci avait été la conséquence de la destruction de plusieurs places fortes réputées et la disparition de plusieurs représentants de l’Etat-Major du Hezbollah, chacun ce serait écrié : «Khol Hakavod,  mission accomplie ». On évitait, peut-être, d’avoir à tenter de le refaire, avec un certain cafouillage, 6 ans plus tard.


Dans les deux cas, ce sont les buts de guerre précis qui se sont perdus dans les brumes des combats.


D’autre part, Israël n’est pas seul responsable du volume pris par une organisation tentaculaire comme les fous de D.ieu de Nasrallah. L’anticipation erronée pouvait être que le Hezbollah, perdant sa raison d’être, l’armée libanaise allait investir le Sud-Liban et ce pays recouvrer sa souveraineté relative. C’était sans compter avec le facteur syrien, qui contrôlait le reste du pays et a empêché l’armée libanaise de bouger le petit doigt. Damas avait encore besoin de Nasrallah dans son chantage permanent concernant le Golan. Depuis, la situation n’a fait qu’aller toujours plus loin dans l’inflation de la menace.

Concentré sur l’influence iranienne, on distingue mal le pas de deux qui s’est esquissé, entre le retrait syrien de 2005, après l’assassinat de Rafic Hariri et le besoin syrien de voir le Hezbollah semer le chaos en août 2006. Il a patiemment préparé le retour des Alaouites au Liban, tout en se jouant de l’ingénuité des Occidentaux (résolution 1559 et 1701, avances diplomatiques).

L'Iran y gagne en profondeur stratégique, simplement, grâce à l'excellente connaissance du terrain de la Moukhabarat damascène et sa proximité aux Libanais qu'elle maintient sous sa coupe réglée depuis si longtemps... Mais, cette fois, avec le consentement de Sarkozy et Obama.

L'Iran n'est pas un "conquérant", il ne fait qu'utiliser la main d'œuvre disponible et exploiter à peu de frais les intérêts particuliers des acteurs locaux....

 Les retraits ont profité à des milices non-étatiques directement entraînées, armées, et coordonnées par les Pasdaran de la Révolution islamique. Depuis la mort d’Imad Moughniyeh, l’afflux de conseillers iraniens au Liban n’a cessé. Environ 1500 d’entre eux ont été repérés, accompagnés d’interprètes arabes, supervisant l’installation de divers bunkers et canons à la frontière.

 Israël s’est, jusqu’à présent, abstenu de prendre le problème à la racine et de mettre un terme aux trafics planifiés qui alimentent les conflits et les rendent irrémédiables. Les maisons-mères s'en sortent indemnes et prêtes à récidiver. Il leur suffit de rechaper leurs succursales.

Il s'agissait, alors, de limiter les conflagrations et d'éviter qu'elles ne s'étendent à l'ensemble de la région. Jusqu'à ce qu'il devienne impossible de les empêcher? Ou l'art de reculer pour mieux sauter...

 

 

 

©Aschkel&Gad 


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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 09:59

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EDITOV ROSE GAD

 

 

 

 

Sanctions : comme un poisson dans l’eau ! L’Iran et le Hezbollah se ressourcent grâce aux liquidités des banques américaines et européennes

 

Par Marc Brzustowski

 

Pour : lessakele et aschkel.info

 

 

       Ecouter

Editov-SanctionsECOUTEURS AUDIO

 

 

Alors que la Turquie et le Brésil feignent un accord acceptable avec l’Iran, Hilary Clinton annonce qu’un nouveau train de sanctions, le 4ème, est en marche au Conseil de Sécurité de l’ONU !


Comme à chaque fois, un ou des pays tiers viennent s’insérer dans le jeu infini des médiations. Elles consistent à gagner le bien le plus précieux : le temps suffisant pour que les Mollahs mettent une dernière touche à leur arsenal nucléaire.  


La semaine passée, la Syrie, secondée par la Turquie et le Brésil de Mr Lula ont donc sorti un nouveau lièvre du chapeau diplomatique. L’uranium devait être exporté d’Iran vers la Turquie, qui ne dispose pas d’infrastructures pour le convertir à des fins civiles. Mais ce n’est là qu’un détail technique ! Le double-jeu mollachique proclamait, dans le même temps, poursuivre son enrichissement au-delà des 20% qui lui suffisent à atteindre la bombe.


Au vu du peu d’inclination de la Chine et de la Russie à appliquer un nouveau train de sanctions, on pouvait redouter le pire. Finalement, le stratagème de Téhéran aura eu l’effet inverse de celui escompté. Prise de vitesse, l’Administration américaine, a dû s’empresser de relancer une campagne laborieuse pour mettre ses menaces à exécution. Sans quoi, les fameuses sanctions, qui n’ont jusqu’à présent, guère eu de résultat probant, risquaient tout simplement de tomber à l’eau.


La manœuvre iranienne, avec l’aide de ses alliés, était tellement transparente qu’aucun grand pays n’a pu se montrer assez stupide pour sauter à pieds joints sur une proposition aussi bancale. Sauf, le Président français Sarkozy, qui se formalisait brièvement du fait qu’un tel jeu de dupes était « un pas dans la bonne direction » !


Ces tentatives visant à repousser ou saboter la menace américaine ont pour objectif de diviser tout bloc international, en prétendant parvenir in extremis, à une alternative, aussi peu crédible soit-elle. Certes, il importe, pour Israël, notamment, et pour les Américains, surtout, que les sanctions promises soient réellement efficaces. Mais, le principal est qu’elles isolent Téhéran et permettent d’obtenir, au moins, un accord de façade, laissant l'initiative aux principaux pays impliqués ou menacés.


Dans cet esprit, le ralliement à reculons des Russes et des Chinois à ces mesures de rétorsion ne résulte pas d’un consentement aux propositions américaines. Il était inconcevable pour les grandes puissances que ces pays-tiers leur dictent les règles du jeu. Le rapprochement de la Turquie avec l’Iran ne pouvait qu'apparaître suspecte. Pour les Etats-Unis, il en allait du leadership dans la gestion de la crise. A Obama de sauver cette coalition de principe qu’il maintient, à travers bien des difficultés, dans un certain ordre de bataille.


Reste alors la question de l’efficacité réelle de sanctions : la Chine et la Russie les souhaitent aussi peu contraignantes que possible. On aurait beau jeu de jeter la pierre aux puissances de l’Est, intéressées par les réserves énergétiques de l’Iran et prêtes à fermer les yeux sur son accès à l'arme nucléaire.


Il suffit d’observer le suivi des mesures précédentes par les agences financières occidentales pour être saisi par le doute : un conseiller de la traque du blanchiment d’argent, ancien responsable du Département du Trésor Américain, Avi Jorisch, fait des révélations pour le moins troublantes : par un système de filiales tentaculaires, les banques iraniennes parviennent à soutirer aux principaux centres financiers mondiaux, une véritable assistance à l’ensemble des programmes de Téhéran : 


-      18 banques américaines sont ainsi répertoriées pour maintenir des relations indirectes avec celles des Ayatollahs.


-     Au total, 59 banques mondiales sont impliquées dans les systèmes à double-fond iraniens, permettant de contourner les sanctions.


-  Grâce à des réseaux de sociétés-écran, au moins 4 banques iraniennes continuent de fournir au régime les liquidités dont il a besoin pour parvenir à ses fins.

-   Trois d’entre elles sont les pourvoyeurs d’argent frais pour le programme nucléaire, les progrès balistiques et les réseaux terroristes alimentés par les Pasdaran.


Jorsich est certain que, sans ces liquidités en euros, dollars, livres sterling ou yens, l’Iran ne pourrait ni entretenir ses filières terroristes à travers le monde, ni obtenir l’arme nucléaire.


- La Banque Sepah est un acteur essentiel du financement de la balistique iranienne.


-  La banque Sederat alimente le Hamas, le Jihad islamique, le FPLP et le Hezbollah. Durant les 5 ans de préparation de la Seconde Guerre du Liban, elle a apporté plus de 50 millions de $ au Hezbollah.


-      La Banque Melli est la plus importante en Iran : elle fournit le programme balistique et nucléaire. Elle a également offert plus de 100 millions de $ aux groupes terroristes, dont ceux en conflit direct avec Israël.

 


La Banque Sepah dispose de dizaines de filiales  à Francfort, Athènes, Paris, Rome, et Londres, auxquelles s’ajoutent ses branches en Asie et au Moyen-Orient (Qatar, Emirats, etc.). L’existence même de ces filières est une parfaite violation des sanctions votées par l’ONU.


 

 Le plus inquiétant est sans doute que ce sont les alliés des Etats-Unis, dont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, qui sont impliqués dans ce maintien de l’accès iranien à l’ensemble des marchés.


 

Le sous-secrétaire au Trésor Stuart Levey a parcouru le monde pour convaincre les banquiers en leur décrivant précisément ces trafics. Ainsi auprès de la direction de la Deutsche Bank. Cela ne l'a nullement empêché de poursuivre ce type d’activités. Elle n’est pas la seule : Jorisch cite parmi les principales : JP Morgan, la Bank of America, CityBank, la Société Générale, la Bank Tokyo Mitsubishi et VTB.


 

Selon l’expert, il y aurait une décision simple que les Etats-Unis pourraient imposer à ces institutions bancaires :


- soit mettre un terme à leurs trafics avec l’Iran

- soit cesser de faire des affaires avec les Etats-Unis.

 

Ce serait, la seule condition, qui puisse apporter un certain crédit aux votes du Conseil de Sécurité de l’ONU, conduit par l’Amérique. A cette heure, elles n'ont qu'une valeur symbolique ou incitative…

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