Ni Breivik, ni Hamas ! Plaidoyer pour Barry Rubin,
gravement diffamé par la presse et le gouvernement norvégiens.
par Marc Brzustowski
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
Barry Rubin.
Lu par Aschkel
Comme lors de l’affaire Strauss-Kahn, nous avons préféré garder nos distances, plutôt que d’entonner les sempiternels hurlements avec les loups. Mais, à mesure que l’enquête se décante sur le profil pathologique du tueur en série, de vives polémiques se font jour. La presse de ce pays scandinave, mais aussi un Ministre des Affaires étrangères et son principal bras –droit, prennent directement à parti Barry Rubin, un des principaux analystes et chroniqueurs de l’IDC Herzliyah : ce think-tank, comme chacun le sait, livre ses recommandations à la plupart des institutions crédibles de l’anti-terrorisme sur cette planète. La Norvège "qui pense" commet donc une grave faute, due, sans doute à l’illusion d’optique, dans le recrutement des victimes de ses diatribes.
Ces rédacteurs saisissent l’occasion d’un article, dans les colonnes duJerusalem Post : « le Syndrôme d’Oslo » (ICI) pour lancer une double-campagne destinée 1) à encourager le Hamas et 2) à fustiger ses détracteurs :
- l’une vise à dire que l’assassinat d’enfants israéliens est justifiable, au motif de « l’Occupation » (même si la Bande de Gaza a entièrement été vidée de ses Juifs, en août 2005 et que la quasi-totalité des territoires « disputés » est sous la tutelle de l’Autorité Palestinienne ») ; alors que tout attentat contre la Norvège et ses enfants reste injustifiable. Ce qui est d’autant plus vrai qu’on ne manifeste aucune justification d’aucun terrorisme et que cette notion ne saurait faire l’objet de sélectivité, selon les cibles qu’on se choisit pour la rendre « acceptable» !
- La seconde est plus perverse : elle désigne des cibles, telles que Barry Rubin ou Bat Ye Or, en caricaturant leurs positions, pour affirmer : ces anti-terroristes notoires feraient, en fait, le lit du terrorisme à motivation « islamophobe », lorsqu’ils disent que le gouvernement norvégien et sa presse doivent mettre un terme à leur apologie sélective du terrorisme par leur ligne unilatéralement favorable au Hamas. Cette attitude incitatrice d’Etat fait germer -la preuve en est, par le 22 juillet-dans des esprits radicaux, sur le plan idéologique (Breivik s’affiche comme un nazi) ou/et mentalement dérangés, la perception que le terrorisme est toujours vainqueur sur le plan politique, puisqu’il est encouragé par leur gouvernement, quand il s’agit de certains groupes islamistes. Alors, pourquoi cette arme fatale ne serait-elle, du point de vue de ces mêmes esprits malades, pas aussi « légitime », lorsqu’elle se retourne contre le corps social de Norvège, qu’ils pensent punir par un acte individuel dément ?
Le ministre des affaires étrangères J.G.Store rattrapé par ses mensonges, a force de jouer double jeu .
Entretemps, l’un des principaux instigateurs de ces campagnes diffamatoires, le Ministre des Affaires étrangères, Jonas Gahr Støre (
Norvège - Un agent-double de premier plan pour le 'Hamas
) s’est retrouvé sous les feux des projecteurs et pris à son double-jeu par la 2è chaîne de TV norvégienne et Aftenposten : il a dû finir par admettre qu’il est en contact direct avec le groupe terroriste et son chef Ismaïl Haniyeh, information qu’il cherchait à dissimuler.
Le premier article de Barry Rubin commence par cet exergue : les gens qui acceptent de justifier le terrorisme et ont pour politique de récompenser ces mouvements, créent les conditions favorables à ce que ce phénomène, un jour, les submerge.
C’est une loi d’airain dont on connaît déjà l’adage, chez Albert Camus : « Quelle que soit la cause que l’on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente où le tueur sait d’avance qu’il atteindra la femme et l’enfant. ». Actuelle III, à propos des massacres de Sétif et Guelma.
Rubin poursuit en rappelant ce qu’affirme Shimon Peres : les pays scandinaves, à commencer par la Norvège à Oslo, sont ceux-là mêmes qui ont exigé d’Arafat qu’il renonce au terrorisme et reconnaisse Israël. Pourquoi cherchent-ils à occulter cela ? Quelle différence peut-il bien y avoir entre Araft à l’époque, et le Hamas d’aujourd’hui ? Et pourquoi, donc, la Norvège, conformément aux conventions de Genève, ne reconnaît-elle pas comme terroristes des mouvements qui lancent des roquettes sur des populations civiles ?
Ces points, jusque-là indiscutables, ont volé en éclat, sous un tas d’arguties trompeuses, dès que l’exposé de Barry Rubin a été remarqué par la presse norvégienne et son gouvernement. Puisque ces leaders d’opinion prétendent que le Hamas n’est pas un groupe terroriste, alors, selon eux, celui qui formule ces interrogations, quant à lui, doit être désigné comme « terroriste » !
L’auteur note qu’à ce jour, aucune des parties de ce spectre n’est disposé à un débat intègre sur ces questions difficiles. Au contraire, son article est utilisé de façon à provoquer des réactions aussi frénétiques que survoltées, dans le contexte où il survient. Ainsi le journal Dagbaldet a prétendu que B.Rubin approuverait l’attentat terroriste interne à la Norvège. Aucun des éditorialistes qui ont fait feu de tout bois contre lui n’a cherché à le contacter pour écouter son point de vue. La Norvège se cherche des bouc-émissaires.
Aussi est-il bon de reformuler la question : en apportant son soutien au Hamas, le Gouvernement norvégien n’envoie t-il pas le plus mauvais message qui soit à sa jeunesse ? Et, surtout : pourquoi la Norvège refuse t-elle de se poser cette question cruciale ? Y aurait-il un « bon » et un « mauvais » terrorisme ? L’un condamnable et l’autre « justifiable » ?
Ne peut-on discuter des motivations du tueur fou norvégien que selon les critères établis par la gauche norvégienne ? Ne doit-on l’évoquer qu’en condamnant son idéologie spécifique (fondamentalisme maçonnique), mais surtout pas dans un sens plus large de l’émergence du terrorisme en général et de tout ce qui le favorise ?
Qu’est-ce qui a permis au terroriste norvégien de croire que commettre un attentat de masse allait contribuer à populariser sa cause, et non la discréditer définitivement ?
Tout simplement, suggère Barry Rubin, parce que, comme tout terroriste prêt au passage à l’acte, à travers le monde, il perçoit que les autres groupes terroristes obtiennent des succès politiques (comme la rencontre du Hamas avec le Gouvernement norvégien), qu’ils gagnent un large soutien populaire et toujours plus de sympathie pour leur cause, en dépit des méthodes qu’ils emploient pour la faire prévaloir.
D’autre part, personne n’a présenté d’excuses pour avoir diffamé Israël dans les termes les plus crûs, après ces attentats terroristes. Aucun journal n’a fait amende honorable, pour les graves accusations qu’il portait contre les Etats-Unis, après le 11 septembre.
Si l’adjoint au Ministre et le Ministre des Affaires étrangères, lui-même, Jonas Gahr Støre, désignent en Rubin un « coupable d'incitation idéal », à aucun moment, ils n’ont critiqué ni Hamas, ni Hezbollah. Ce Ministre a déclaré : « Nous condamnons les organisations impliquées dans le terrorisme, mais la Norvège considère que la situation (régionale) est telle que cela ne sert pas nos objectifs de les désigner sur des listes [telle que celle de l’UE ou des Etats-Unis] ».
Il est vrai que s’ils les désignaient comme tels, les Ministres de ce cabinet ne pourraient pas prendre le thé avec de tels « intouchables ». Mais, en s’abstenant de le faire, le gouvernement norvégien leur délivre un autre message : « Vous pouvez bien commettre des centaines d’actes terroristes, cela ne vous pénalisera en rien sur le plan politique. Par contre, si Israël ou toute autre entité, choisit de répliquer, et contre-attaque au Liban ou dans la Bande de Gaza, nous le condamnerons de la manière la plus vindicative et impitoyable qui soit ! »
Assurément, c’est bien une politique qui encourage le terrorisme et le gratifie de tous les signes extérieurs du triomphe.
Alan Dershowitz fait remarquer qu’en Norvège, l’antisémitisme ne prend même plus la précaution de se dissimuler derrière le masque de « l’antisionisme ». Les institutions publiques et la presse norvégienne observent cette attitude avec une délectation sans partage. Quelques exemples récents :
- L’ancien Premier Ministre Kare Willoch fustige Obama, au moment de sa nomination de Rahm Emmanuel comme Secrétaire, non parce que ses idées sont bonnes ou mauvaises, même parce qu’il est Juif. [Ironie du sort, c’est ce même homme, R.Emmanuel, qui a joué un si grand rôle dans la fameuse « poignée de main » sur la pelouse de Washington, entre I. Rabin et Y. Arafat, concluant les "accords d'Oslo" !).
- Le chroniqueur Josten Gaarder se réjouit de l’enlèvement de 3 soldats par le Hezbollah, en juillet 2006, et intitule un éditorial : « D.ieu choisit son Peuple » ; article où il décrit le Judaïsme comme « une religion nationale archaïque qui voue un amour sans borne au culte de la guerre ».
- Lors de fêtes de fin d’année chrétienne, un comédien norvégien se lâche devant la télévision de son pays : « J’aimerais souhaiter un joyeux Noël aux Juifs de Norvège… Ah, mais, où ai-je la tête !? Mais, non, vous ne célébrez pas Noël ! Puisque c’est vous qui avez crucifié Jésus ! ». Second degré de caniveau ?
- Un Ministre des Finances s’exprime sans vergogne et sans retenue, lors d’un rassemblement anti-israélien, tiens ! justement organisé par ses amis Islamistes. Quoi de plus naturel ?
- Une femme, ancienne responsable de haut-niveau au Ministère des Affaires étrangères de Norvège, fait ainsi remarquer, en 2008 : « L’ONU devrait larguer des bombes à guidage laser de précision sur des cibles israéliennes ! ».
Le propos de Barry Rubin n’est, évidemment pas, de dire que ces attentats ont eu lieu à cause de cette atmosphère et de ces politiques hostiles par principe. Mais, à force de démultiplier les démonstrations que n’importe quel groupe terroriste obtiendra toujours plus de sympathie qu’une démocratie comme Israël, à force de récompenser le Hamas et le Hezbollah pour leurs exactions, on suggère, tout simplement, que le terrorisme est « soutenable », tant qu’il ne touche que le peuple jugé «corvéable à merci » pour le subir. A force de jouer l’équilibriste au-dessus de l’abîme ainsi creusé, on finit toujours par augmenter l’audience du message terroriste en général, contre Israël et partout dans le monde, y compris, un jour ou l’autre… en Norvège.
Samira Munir (http://www.altmuslim.com/a/a/a/2372)
Ce pays a préféré laisser courir certaines tragédies, en offrant l’impunité à des criminels, tout en poursuivant ces politiques démocides. Ainsi de Samira Munir, en novembre 2004 : cette femme politique norvégienne, d’origine pakistanaise luttait pour le droit des femmes et contre l’exercice de la Chari’a à leur encontre. On l’a retrouvée assassinée, selon tous les indices : elle recevait quotidiennement des menaces de mort anonymes et s’est faite tuée, alors qu’elle déambulait dans les rues. Mais l’affaire a rapidement été maquillée en suicide. Jusqu’à ce jour, les criminels qui ont commis cet acte pour des motifs terroristes, n’ont jamais été ni recherchés ni inquiétés.
Dans l'esprit de tout cerveau dérangé, mais « logique », si on peut commettre de tels crimes, en toute impunité, sans encourir le moindre dommage politique ou la moindre peine de police, pourquoi s’en priver ?
Certaines personnalités ont des aspirations extrémistes ou sont mentalement sujets à la mégalomanie paranoïaque, comme le démontre le profil du « loup solitaire » Breivik. Face à de tels faits de société, ils perçoivent seulement que le terrorisme empoche des avantages politiques et une empathie jamais démentie. Ils sont donc d’autant plus enclins à commettre des attentats terroristes qui leur apporteront une éphémère gloire médiatique. Il en va de même des groupes encouragés, à l’étranger ou sur son propre sol…
Le point de vue de Rubin, c’est qu’aucun peuple ne mérite d’attentat terroriste. La Norvège est surtout victime de l’état déliquescent dans lequel la met sa tolérance au crime de masse ou pour motif religieux. Elle devrait être plus conséquente et n’offrir aucune forme de gratification ou de « victoire » au terrorisme sous aucune forme. Pas plus elle qu’aucun autre état démocratique ne peut se payer le luxe d’ignorer certaines expressions de ce phénomène, sans risquer, à un moment donné, de semer les germes d’autres retours de flamme de ses manifestations.
Ce sera bientôt l’anniversaire du 11 septembre 2001. Certains, en Norvège et ailleurs, ont affirmé que ce n’était que la « conséquence » des politiques américaines. Que les Etats-Unis n’avaient qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Le même raisonnement biaisé a valu à l’encontre d’Israël, à chaque attentat. Cette ignominie du 22 juillet 2011 rappelle et prouve la nécessité d’être sans concession envers tout acte de terrorisme, sans faiblesse et sans exception. Si Al Qaeda, ou d’autres, touche les royalties de ses exactions, dans la presse ou l’arène politique, il n’en commettra que plus encore.
S’il y a eu des actions de rétorsion contre Al Qaeda, d’autres ont conclu que le terrorisme rapportait des dividendes, de la notoriété et de l’empathie.
La Norvège rêve d’un monde divisé en deux sortes d’acteurs :
Ceux qui sont immunes, non seulement à toute critique, mais exempts de tout débat sérieux sur les conséquences de leurs actes.
Et ceux, comme les Etats-Unis ou Israël, qu’on peut couvrir de tous les quolibets incitatifs et qui n’ont qu’à « se tenir à leur place » : celle de peuples de seconde zone, ne disposant que d’un droit de seconde classe pour exprimer leur point de vue ou défendre leur liberté.
De façon symétrique, ceux qui acceptent le « deux poids-deux mesures », de subir des mensonges diffamatoires contre eux-mêmes, par les médias d’autres pays que le leur, sans jamais qu’on leur présente d'excuses, ceux qui acceptent que ces pays s’agrègent avec des groupes qui veulent les exterminer, ne font qu’accroître les risques de se voir exposer à de telles attitudes dégradantes.
Autrement dit : respecte-toi, respecte autrui et on te respectera. Ou « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse » (Hillel, 1er siècle de l’ère dit ordinaire).