Je vous propose une traduction de la réponse de Wafa Sultan au discours d’Obama du Caire:
Qui devons-nous croire ? par Wafa Sultan
Après le discours du Président Obama au Caire, beaucoup de mes lecteurs arabes du Moyen-Orient ont réagi avec stupeur. L’un d’entre eux a déclaré, “Qui devons-nous croire, vous ou Obama?” - En particulier quand Obama a dit que “l’Amérique et l’Islamse chevauchent et partagent des principes communs de justice, de progrès de tolérance et dignité pour tous les êtres humains.”.
Certes, à la lecture des réactions à ce discours dans la presse arabe, il est clair que de nombreux musulmans aujourd’hui aiment Obama.
Après tout, il leur a présenté un récit qui confirme leurs théories de conspiration et leur statut de victimes de l’Occident. Par conséquent, les médias arabes expriment leur assurance que le discours va marquer le début d’une “nouvelle position à l’égard de l’islam et des musulmans, après des siècles d’agression et d’hostilité.» (Al Ahram -Egypte-MEMRI)
Plus que tout, cela me rappelle une histoire de Nizar Qubbani, le célèbre poète syrien. Son jeune fils qui était médecin souffrait d’un grave problème cardiaque. Lorsque Nizar questionna son fils sur son coeur, le fils dessina un cœur rouge. Etant poète, le père interpréta le dessin comme un signe de dynamisme et de bonne santé du coeur et eut grand confort à croire à ce signe de guérison. Après le décès de son fils, Nizar écrivit un poème décrivant son coeur de père brisé. Il estimait insupportable sa tristesse car il réalisait qu’il avait mal interprété le dessin de son fils. De toute évidence, le coeur rouge esquissé par le fils avait pour but de ne laisser aucun espoir sur son coeur.
Le poète et le médecin avaient des compréhensions totalement différentes, de même il y a dichotomie entre la perception du Président Obama et la mienne, sur le monde musulman.
La vérité est cependant, qu’il n’existe qu’une seule réalité.
M. Obama est un homme politique très astucieux. Toutefois, son discours a révélé que son avis est indûment influencé par ses désirs naïfs. Sa perception de l’islam et la réalité de l’islam ont besoin d’être synchronisées. Je suis médecin et une personne réaliste, qui a vécu et ressenti les effets de ma culture arabe et de la religion islamique depuis l’enfance.
Le président a bercé les musulmans: a fait l’éloge de leurs réalisations, a compati à leurs doléances, et a présenté ses excuses pour les injustices qui leur ont été faites par des siècles de colonialisme - sans mentionner une seule fois l’histoire violente du colonialisme arabe endémique. Il a évité toute mention des principes du Djihad, ou de l’idéologie politique islamique de suprématie sur les non musulmans - des principes ancrés dans la charia. Ils sont enseignés et appliqués ouvertement par Al-Azhar, l’université qui l’a accueilli, et qui est le principal centre d’études de la charia.
Obama a mis l’accent sur les supposés mauvais traitements américains que les terroristes ont subit et a présenté ses excuses pour les actes de torture à Guantanamo, en oubliant de dire comment les régimes islamiques sont brutaux envers leur propre peuple. Le président a également renié les contributions importantes des États-Unis aux musulmans, à la fois par le sacrifice de la vie de ses soldats et par l’aide humanitaire partout dans le monde et à travers l’histoire - en dépit des attaques musulmanes contre l’Amérique et les Américains. En bref, certaines parties de son discours résonnent comme celui d’un nouveau messie pan-arabe venu annoncer au monde arabe le retour de sa légitime domination du monde.
Le plus inquiétant a été l’appel lancé par le président pour défendre les musulmanscontre les stéréotypes négatifs. Un dangereux précédent est établi lorsque la liberté de parole est réduite au silence et que les critiques des idéologies sont interdites. Ceci, encore une fois, est l’essence même des régimes totalitaires cauchemardesques. Toute la beauté de la Constitution américaine réside dans l’équilibre et la sagesse qu’elle comprend, en distinguant entre ce qui doit être protégé et défendu et ce qui doit être combattu et décrié. Encourager des lois pour faire en sorte que la critique de l’islam devienne une infraction punissable par la loi est inquiétant.
Depuis mon arrivée aux États-Unis, j’ai bénéficié de la liberté d’éduquer mes frères et soeurs arabes du Moyen-Orient, qui aspirent à la vraie liberté - et j’ai obtenu des succès. M. Obama appelle à remettre ces succès en question au lieu de défendre la liberté.
Alors que le Président se lance dans sa nouvelle tâche qui consiste à défendre lesmusulmans contre les stéréotypes négatifs, “cela veut-il dire en quelque sorte qu’il va entraver et saper mon message? Ou, peut-être cela signifie qu’il va se joindre aux efforts des 57 pays musulmans de l’Organisation de la Conférence islamique, qui travaillent sans relâche pour promouvoir une résolution des Nations Unies qui supprimera les voix dissidentes contre l’islam? Je suis convaincue que nous en viendront tous à le regretter.
Obama couvre la grave situation dans le monde islamique par la flatterie, à défaut d’encourager à la responsabilisation de la rhétorique, des pratiques et des comportements qui alimentent les stéréotypes. Je n’ai pas entendu le moindre appel pour que le monde islamique s’ouvre à la diversité, pour qu’il accepte les femmes comme des citoyens égaux avec les mêmes droits et protections que les hommes. Je ne l’ai pas entendu exhorter le monde musulman à accepter d’autres religions et qu’elles puissent être pratiquées ouvertement dans le monde islamique - où la pratique du christianisme, du judaïsme et des autres religions peut coûter sa vie à tout individu.
Je n’ai pas entendu d’appel à renoncer une fois pour toutes au racisme de la dhimmitude - loi basée sur la charia qui dicte que les chrétiens et les juifs sont [des citoyens] de qualité inférieure et doivent être supprimés. Est-ce que ce sont ”… les principes de justice, de tolérance et de dignité des êtres humains»?
En revanche, je vois mon peuple, le cœur sanguinolant et je sais son besoin pressant de se corriger et de s’examiner honnêtement pour des raisons de réparations urgentes. Obama agite la carotte, mais passe sous silence les questionnements impératifs qui bouillonnent sous la surface.
La réalité d’Obama fait de mon travail et de celui d’autres qui prennent la parole contre l’intolérance de la doctrine islamique encore plus difficile. Il sape notre mission par l’apaisement des politiques abusives et xénophobes qui permettent à des personnes dans le monde islamique d’asservir les autres, de contraindre les autres à leurs croyances, et de poursuivre ces objectifs avec sa bénédiction.
Le président a manqué de se joindre aux personnes éprises de liberté, aux arabes libérés comme moi. Il n’a pas réussi à entraîner le monde musulman dans la modernisation et l’indispensable réforme.
Au lieu de crier ”La maison est en feu.” Obama sourit et nous dit comment la maison est belle alors qu’elle brûle hors de tout contrôle et menace de nous détruire.
Pour revenir à la question que j’ai reçu par e-mail; “Qui devons-nous croire, vous ou Obama?” J’ai répondu à mon lecteur marocain qu’Obama est un homme politique qui souhaite utiliser les mots doux et blanchir la réalité pour se rallier les musulmans.
Moi, en revanche je suis une femme arabe pragmatique qui s’est échappée de la prison de l’islam pour le monde libre, et qui consacre maintenant sa vie à l’expression de points de vue libres et pour pousser à une réelle réforme dans l’Islam. Il faut savoir choisir. L’intolérance ne tolère jamais la liberté.
Texte trouvé sur Hudson NY Traduction Bivouac-id.