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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 17:20


Article précédent : 
http://www.aschkel.info/article-dossier-pourquoi-les-juifs-ne-croient-pas-en-jesus-41767976.html

 Jésus dans le Talmud

Félix Perez, auteur de « Origines juives des fêtes chrétiennes »,
et point de vue inédit du 
Rav Steinsaltz au Yerouchalmi. 

http://yerouchalmi.web.officelive.com/yer61.aspx

          Les références talmudiques à Jésus ont été censurées (ou auto censurées) au Moyen Age et assez peu réintroduites depuis. Jésus y apparaît comme un juif pharisien très proche de la Loi juive, le contexte des Evangiles y est tantôt confirmé tantôt contredit,… 
          Enfin, voici une occasion unique pour nos adhérents de faire un point exclusif sur la vision de Jésus dans le Talmud, avec une analyse inédite et récente livrée par Rav Steinsaltz au Yerouchalmi et des notes de notre ami Avraham Malthete sur les éditions concernées du Talmud. 

Dates de vie de Jésus ? 

          Le consensus chrétien situe sa naissance vers -5/-7 et sa mort vers 30/33, à l’âge de 35/40 ans. Décès situé par les Evangiles a) sous Hérode (qui meurt en– 4) ; b) pendant que Paul a étudié à l’âge de 20 ans avec Rabbi Gamliel l’ancien (petit fils de Hillel) mort en 50. Les écrits juifs situent la vie de deux personnages ‘Jésus’ : 
      - l’un vers -200 (version reprise par Nahmanide) mais qui est mort à Lod et non à Jérusalem 
      - l’autre vers -100 (texte du Talmud qui en fait l’élève de Ben Perakhia) 
          Certains pensent que les chrétiens auraient tenu à rapprocher la mort de Jésus de la destruction du Temple afin de renforcer son « messianisme prophétique » ; d’autres pensent que ces sources ne se réfèrent pas au Jésus chrétien. 

La généalogie de Jésus 

          Pour les Evangiles, Joseph n’est pas le père de Jésus. Le Talmud fait de Jésus le fils adultérin :
      - de Myriam (hébreu de Marie) Magdalena (hébreu : la ‘noueuse de tresse’ ou la ‘coiffeuse’), 
      - ou de Myriam Stadta (hébreu : l’infidèle), femme de Papos, mari si jaloux, qu’elle l’a trompé 
      - et de Pantera, légionnaire romain dont le nom pourrait être un clin d’œil du Talmud relatif à la 'virginité' de Marie : 
‘Pantera’ serait ainsi l’anagramme du grec‘Partena’, Partenos ou ‘vierge’
          Jésus serait aussi le jeune homme iconoclaste dont le Midrach cite l’attachement à deux d. ieux, et auquel Rabbi Akiba ferait référence en allusion à ses attitudes et à son statut social dégradé de ‘mamzer’ (fruit d’une infidélité). 

La vie de Jésus 
 

          Comme pour les Evangiles, le Talmud mentionne que : a) Jésus est proche des pharisiens, disciple de Ben Perakhia ; b) avec ce dernier, il fuit en Egypte.   
          Cependant son comportement « léger », attaché notamment au  physique de l’aubergiste qui les accueille, entraîne la rupture de Jésus avec le Rav, malgré ses tentatives d’accomodement. La dureté de Ben Perakhia sera durement réprouvée par le Talmud qui en fait une source possible des malheurs du peuple juif : que n’aurait-il gardé Jésus à ses côtés, évitant la naissance de l’Eglise... 

Le judaïsme de Jésus  
   

          Les Evangiles décrivent un Jésus qui « n’est pas venu changer un iota à la Loi juive ». Ses discussions sur le frottement des épis de blé le Chabat, pour nourrir des disciples affamés concernent des cas limite de la Loi et non des transgressions évidentes. 
          Le Rachbats (Ben Semah Duran, 14ème siècle à Alger) souligne que Jésus est même plus strict que la Loi sur : le divorce qu’il interdit, le regard sur la femme mariée qu’il traite comme l’adultère, ou l’insulte qu’il punit de mort. Il en voit confirmation dans l’observance toranique des premiers judéo-chrétiens et dans leurs discussions limitées aux exigences à imposer aux convertis non juifs. Plutôt que pour les écarts de Jésus avec la Loi, le Rav attribue sa condamnation à ses prétentions messianiques et à sa « proximité » à D. ieu. 

La crucifixion

     - a) 
Le Talmud mentionne bien la pendaison du corps mort sur un bois, à la manière des romains de l’époque. Selon Sanhédrin 67a, Jésus a été crucifié la veille de la fête de Pessah. Cette version n’est conforme qu’avec l’Evangile de Jean, alors que les 3 autres évangélistes mentionnent une crucifixion le vendredi, matin de Pessa’h. 

     - b) 
Depuis l’existence d’un calendrier calculé, Pessah ne peut tomber un vendredi. Le Talmud précise qu’à l’époque des Temples, l’observation l’emportait sur les calculs, permettant ainsi que Pessah à l’époque du temple et de Jésus puisse tomber vendredi (comme chez les 3 évangélistes). 

     - c) 
Saadia Gaon au 10ème siècle, prétend toutefois que le calendrier calculé existe depuis Adam et s’est toujours imposé, avec l’observation comme façade. L’évangéliste Jean aurait raison: Pessa’h ne pourrait pas tomber vendredi. 

     - d) 
Conclusions sur la crucifixion :
 
          Le Rav Steinsaltz,
 interviewé cet été par Yerouchalmi, indique avec assurance que
          « Saadia Gaon n’a défendu cette thèse du calcul, s’imposant à l’observation, que comme un effet de manche dans une controverse, vitale à son époque, avec les Karaïtes, en passe de s’imposer face aux pharisiens.Dans ce cas, Pessa’h pouvait tomber un vendredi. 
          Cette version doit cependant être absolument écartée, mais pour deux autres raisons : 
   - le Talmud mentionne une exécution une veille de Pessah ; 
   - on ne peut imaginer une exécution romaine de juifs un jour de fête juive (imaginez à Jérusalem des musulmans tués à Ramadan !) ».


-----------------------------



Nota de notre ami, l'expert Avraham Malthete

   

   - La 1è mention de la pendaison de Jésus : Sanhédrin 43a, après la Mishna והכרוז יוצא לפניו וגו'. Les 2 Baraïtot qui lui font quasi suite sont censurées mais sont dans les חסרונות. 
   - Le seul manuscrit complet du Talmud est certainement d'origine française et à la Staatsbibliothek de Munich, cote BSB Cod.hebr. 95, daté, d'après le colophon de 1342*. 
*
Site JNUL  http://jnul.huji.ac.il/dl/talmud/ (im. 686 &687 =folios 342 recto/verso). Lien direct à la page :   http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/bsb00003409/images/index.html  
   - La 1è Baraïta (ci dessus ht/bas p) est grattée ; la suivante, sur les תלמידי ישו, est lisible. On peut consulter les autres manuscrits pour comparer les גרסאות. Cf. note de l'édition Steinsalz sur les תלמידי ישו, qui a mis la frange extrêmiste orthodoxe en colère (op cit p189)


- Ce même passage (ci-contre), avec gloses en latin, fruit de clercs catholiques, vient du manuscrit à Florence, cote Biblioteca Nale Cale II.1.8-9
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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 17:07
Pourquoi les Juifs ne croient pas en JésusPendant 2 000 ans, les Juifs ont rejeté la thèse chrétienne qui fait de Jésus un messie. Pourquoi ?


Texte du Rabbin Shraga Simmons
Traduction : Jacques Kohn
Adapté par Aschkel


Il est important à comprendre pourquoi les Juifs ne croient pas en Jésus. Il ne s'agit pas là de dénigrer d'autres religions, mais de clarifier la position juive. Plus nombreuses sont les données dont on dispose, mieux on peut faire son choix quant à son itinéraire spirituel.
Les Juifs n'acceptent pas Jésus en tant que Messie parce que :

1) Jésus n'a pas accompli les prophéties messianiques.

2) Jésus n'a pas incarné les qualifications personnelles du Messie.

3) Les versets bibliques que l'on applique à Jésus sont traduits de manière erronée.

4) La foi juive est basée uniquement sur une révélation nationale.

A la fin de cet article, nous examinerons les sujets supplémentaires suivants :

5) Le christianisme contredit la théologie juive.

6) Juifs et Gentils.

7) La venue du Messie.

 

1) JESUS N'A PAS ACCOMPLI LES PROPHETIES MESSIANIQUES

 

Qu'est-ce que le Messie est censé devoir accomplir ? La Bible dit qu'il :

A. Construira le troisième Temple (Ezéchiel 37, 26-28).

B. Rassemblera tous les Juifs revenus sur la Terre d'Israël (Isaïe 43, 5-6).

C. Fera entrer le monde dans une ère de paix universelle, et mettra fin à toute haine, oppression, souffrance et maladie, ainsi qu'il est écrit : " Une nation ne s'élèvera pas en brandissant l'épée contre une nation, ni un homme n'apprendra plus l'art de la guerre " (Isaïe 2, 4).

D. Propagera la connaissance universelle du D.ieu d'Israël, qui unira l'humanité comme ne formant qu'un peuple. Comme il est écrit : " D.ieu sera Roi sur tout le monde, en ce jour, D.ieu sera Un et Son Nom sera Un " (Zacharie 14, 9).

Il est de fait historique que Jésus n'a accompli aucune de ces prophéties messianiques.
Les Chrétiens répliquent que Jésus accomplira celles-ci lors de sa deuxième venue, mais les sources juives assurent que c'est d'emblée que le Messie accomplira ses prophéties, sans avoir besoin de venir une deuxième fois.

 

2) JESUS N'A PAS INCARNE LES QUALIFICATIONS PERSONNELLES DU MESSIE

 

A. Le Messie comme prophète

Jésus n'était pas un prophète. La prophétie ne peut exister en Israël que lorsque le pays est habité par la plus grande partie du peuple juif. A l'époque d'Ezra - vers l'an 300 avant l'ère commune - quand la majorité des Juifs refusa de quitter Babylone pour retourner en Israël, la prophétie prit fin avec la mort des derniers prophètes - Aggée, Zacharie et Malachie.
Jésus est apparu sur la scène de l'histoire environ 350 ans après la fin de la prophétie.

B. Descendant de David

Le Messie doit être un descendant du côté paternel du roi David (Voir Genèse 49, 10 et Isaïe 11, 1). Or, selon la thèse des Chrétiens, Jésus est né d'une femme vierge, et donc n'avait pas de père. Il est par conséquent impossible qu'il ait pu satisfaire aux exigences d'une filiation paternelle remontant au roi David !

C. L'observance de la Torah

Le Messie conduira le peuple juif à une pleine observance de la Torah. La Torah énonce que toutes les mitsvoth (commandements) resteront toujours en vigueur, et que quiconque voudra changer la Torah sera aussitôt identifié comme un faux prophète (Deutéronome 13, 1-4).
Tout au long du Nouveau Testament, Jésus prend le contre-pied de la Torah et affirme que ses commandements ne sont plus applicables (voir Jean 1, 45 et 9, 16 ; Actes 3, 22 et 7, 37).

 

3) LES VERSETS BIBLIQUES QUE L'ON ATTRIBUE A JESUS SONT TRADUITS DE MANIERE ERRONEE

 

On ne peut comprendre un verset biblique qu'en l'examinant dans le texte original hébreu, ce qui révèle beaucoup de décalages dans la traduction chrétienne.

A. La naissance virginale

L'idée chrétienne d'une naissance virginale a pris naissance dans Isaïe 7, 14 où il est question d'une 'alma qui a enfanté. Le mot hébreu 'alma a toujours signifié : " jeune femme ", mais les théologiens chrétiens, plusieurs siècles après, l'ont traduit par " vierge ".

Cette version a permis de concilier la naissance de Jésus avec l'idée païenne qui prévalait au premier siècle selon laquelle des mortelles pouvaient être fécondées par des dieux.

B. La crucifixion

Il est écrit dans les Psaumes (22, 17) : " Car des chiens m'enveloppent, la bande des méchants fait cercle autour de moi ; "comme le lion" (ils meurtrissent) mes mains et mes pieds. "

Le terme hébreu KeAri (" comme le lion ") est grammaticalement similaire au mot " déchirure ". C'est ainsi que le christianisme lit le verset comme contenant une allusion à la crucifixion : " Ils ont transpercé mes mains et mes pieds. "

C. Le serviteur souffrant

Le christianisme considère que le chapitre 53 d'Isaïe sur le " serviteur souffrant " se réfère à Jésus.
En réalité, ce chapitre 53 constitue la suite directe du chapitre 52, qui décrit l'exil et la rédemption du peuple juif. Les prophéties sont écrites au singulier parce que les Juifs (" Israël ") sont considérés comme une seule unité. La Torah fourmille d'exemples où la nation juive est désignée sous un pronom singulier.

Par une triste ironie de l'histoire, les prophéties de persécution du livre d'Isaïe se sont accomplies notamment au XIème siècle, où les Juifs ont été torturés et massacrés par les Croisés qui agissaient au nom de Jésus.
D'où sont venues ces traductions erronées ? Saint Grégoire, évêque de Nazianze au IVème siècle, a écrit : " 
Un peu de jargon est tout ce qui est nécessaire pour en imposer aux gens. Moins ils comprennent, plus ils admirent. "

 

4) LA FOI JUIVE EST BASEE UNIQUEMENT SUR UNE REVELATION NATIONALE

 

Sur les 15 000 religions recensées dans l'histoire humaine, seul le judaïsme base sa croyance sur une révélation nationale, c'est-à-dire une révélation où D.ieu s'adresse à la nation entière. Si D.ieu devait faire naître une nouvelle religion, il va de soi qu'Il l'annoncerait à tout le monde, et pas à une seule personne.

Le judaïsme est la seule parmi les grandes religions de monde à ne pas s'appuyer sur des " revendications de miracles " comme base de la foi. En fait, la Bible précise que D.ieu accorde parfois à des charlatans le pouvoir de réaliser des " miracles ", et ce afin de mettre à l'épreuve la loyauté des Juifs envers la Torah (Deutéronome 13, 4).

Maïmonide énonce (" Fondements de la Torah " 8, 1) :
Les Juifs n'ont pas cru en Moïse, notre maître, à cause des miracles qu'il a exécutés. Toutes les fois que la croyance de quelqu'un s'appuie sur la contemplation de miracles, elle ne fait que traîner derrière elle des doutes, parce qu'il est possible que les miracles soient accomplis à l'aide de la magie ou de la sorcellerie. Tous les miracles que Moïse a provoqués dans le désert ont été mis en œuvre parce qu'ils étaient nécessaires, et non en tant que preuves de sa prophétie.
Quelle a été alors la base de la foi 
[juive] ? La Révélation au mont Sinaï, que nous avons vue de nos propres yeux et entendue de nos propres oreilles, et non comme rapportée par les témoignages de tiers… ainsi qu'il est écrit : "D.ieu t'a parlé face à face…" La Torah dit aussi : "Ce n'est pas avec nos pères que D.ieu a conclu cette alliance-là, mais avec nous, ceux de nous qui sommes ici aujourd'hui tous vivants." (Deutéronome 5, 3) 

Le judaïsme n'est pas affaire de miracles. Il est l'expérience personnelle en tant que témoin oculaire de chaque homme, femme et enfant qui s'est trouvé au mont Sinaï il y a 3 300 ans.


 

5) LE CHRISTIANISME CONTREDIT LA THEOLOGIE JUIVE

 

Les points théologiques suivants s'appliquent surtout à l'église catholique romaine, la plus importante des dénominations chrétiennes.

A. D.ieu en trois parties ?

L'idée catholique de la Trinité transforme Dieu en trois parties distinctes : Le Père, le Fils et le Saint-Esprit (Matthieu 28, 19).

Cette conception s'oppose à celle contenue dans le Chema', base de la foi juive : " Ecoute, Israël, l'Eternel est notre D.ieu, l'Eternel est UN ! " (Deutéronome 6, 4). Les Juifs récitent chaque jour le Chema', ils l'écrivent sur les poteaux des portes (Mezouza), et ils se l'attachent au bras et à la tête (Tefilines). Cette affirmation de l'unicité de D.ieu est ce que l'enfant apprend à dire en premier, et elle constitue les derniers mots que le Juif prononce avant de mourir.

Selon la loi juive, l'adoration d'une divinité en trois parties est considérée comme une forme d'idolâtrie - l'un des trois péchés capitaux dont un Juif doit se garder même au péril de sa vie. Cela explique pourquoi, pendant l'Inquisition et à travers l'histoire, les Juifs ont sacrifié leurs vies plutôt que se convertir.

B. Un homme comme D.ieu ?

Les Catholiques romains croient que D.ieu est venu sur terre sous une forme humaine, puisque Jésus a dit : " Moi et le Père sommes un " (Jean 10, 30).

Maïmonide consacre la plus grande partie du " Guide des égarés " à l'idée fondamentale que D.ieu est incorporel, ce qui signifie qu'Il ne revêt aucune forme physique. D.ieu est éternel, hors du temps. Il est infini, hors de l'espace. Il ne peut pas être né, et il ne peut pas mourir. Affirmer que D.ieu prend une forme physique revient à Le déprécier, car cela diminue à la fois Son unité et Sa divinité. Comme le dit la Torah : " D.ieu n'est pas un mortel " (Nombres 23, 19).

Le judaïsme affirme que le Messie naîtra de parents humains, et qu'il possédera des attributs physiques normaux comme les autres gens. Il ne sera pas un demi-dieu, et ne sera pas investi de qualités surnaturelles. En fait, chaque génération contient en son sein un individu qui aurait la capacité de devenir le Messie (voir Maïmonide - " Lois sur les Rois", 11, 3).

C. Un intermédiaire pour la prière ?

La foi catholique affirme que la prière doit être canalisée par un intermédiaire, c'est-à-dire par une confession auprès d'un prêtre. Jésus lui-même a été un intermédiaire, puisqu'il a dit : " Aucun homme ne vient au Père que par moi. "

Dans le judaïsme, la prière est une affaire totalement privée, entre chaque individu et D.ieu. Comme l'affirme la Bible : " D.ieu est près de tous ceux qui font appel à Lui " (Psaumes 145, 18). De plus, les Dix Commandements énoncent : " Tu n'auras pas d'autres dieux "devant Moi" ", ce qui signifie qu'il est interdit d'établir un médiateur entre D.ieu et l'homme (voir Maïmonide - " Lois sur l'idolâtrie ", chapitre 1).

D. L'engagement dans le monde physique

La doctrine catholique traite souvent le monde physique comme un mal qu'il faut éviter. Marie, la plus sacrée des femmes, est décrite comme une vierge. Les prêtres et les nonnes sont astreints à un devoir de chasteté. Et les monastères sont situés dans des lieux isolés, éloignés du monde.

Le judaïsme, au contraire, croit que D.ieu a créé le monde physique non pas comme une source de frustrations, mais pour notre plaisir. La spiritualité juive consiste à se mesurer au monde physique d'une manière qui nous élève et qui nous enrichisse. L'activité sexuelle, lorsqu'on la pratique dans le contexte approprié, est un des actes les plus saints qui soient.

Le Talmud enseigne que si l'on a l'occasion de déguster un nouveau fruit et qu'on refuse de le faire, on devra en rendre compte dans le monde à venir. Les écoles rabbiniques enseignent comment vivre au sein de l'agitation des activités commerciales. Les Juifs ne font pas retraite devant la vie, ils la subliment.

6) Juifs et Gentils

Le judaïsme n'exige de conversion de personne. La Torah de Moïse est une vérité pour toute l'humanité, juive ou non. Le roi Salomon a demandé à D.ieu d'exaucer les prières des non-Juifs qui venaient au Temple (I Rois 8, 41-43). Le prophète Isaïe appelle le Temple une " maison pour toutes les nations ".

Le service du Temple pendant Soukoth consistait en 70 offrandes de taureaux, correspondant aux 70 nations du monde. Le Talmud enseigne que si les Romains s'étaient rendu compte des avantages que le Temple aurait pu leur procurer, jamais ils ne l'auraient détruit.
Les Juifs n'ont jamais cherché activement à convertir quiconque au judaïsme. La Torah prescrit en effet la voie appropriée que doivent suivre les non-Juifs, connue sous le nom de " Sept lois de Noé ". Maïmonide explique que tout être humain qui observe fidèlement ces lois morales fondamentales gagne une place de choix dans le ciel.

Pour une étude approfondie des Sept lois de Noé, voir notre article "Les lois noa'hides".

7) La venue du Messie

Maïmonide considère que la popularité du christianisme (et de l'islam) fait partie de plan de D.ieu pour propager les idéaux de la Torah à travers le monde. Ces deux religions tendent à rapprocher la société d'une plus grande fidélité à la morale et d'une meilleure connaissance de D.ieu. Tout cela constitue des signes précurseurs de l'ère messianique.

De fait, le monde est en quête désespérée d'une rédemption messianique. Les guerres et la pollution menacent notre planète ; l'égoïsme et la confusion délabrent la vie de famille. C'est dans la mesure même où nous sommes conscients des problèmes que connaissent nos sociétés que nous aspirons à la rédemption. Comme le dit le Talmud, une des premières questions que l'on pose à un Juif le jour du jugement est : " As-tu souhaité la venue du Messie ? "

Comment pouvons-nous accélérer la venue du Messie ? Le meilleur moyen est d'aimer généreusement toute l'humanité, d'observer les mitsvoth de la Torah du mieux que nous pouvons, et d'encourager les autres à en faire autant.
Malgré l'obscurité dans laquelle il est plongé, le monde semble se diriger vers les temps messianiques. Un signe apparent en est le retour du peuple juif sur la Terre d'Israël et l'épanouissement de celle-ci grâce à ses efforts. En outre, un mouvement majeur fait revenir nombre de jeunes Juifs vers les traditions de la Torah.

Le Messie peut venir à tout moment, et son avènement ne dépend que de nous. D.ieu sera prêt quand nous le serons. Comme l'a dit le Roi David : " La rédemption arrivera aujourd'hui - si vous écoutez Sa voix. "


Pour une étude plus approfondie, lire : " Le vrai Messie ", par le rabbin Aryeh Kaplan (traduction française de Jacques KOHN - Editions EMOUNA).

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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 14:52
Peut-on étudier la Tora le soir de Noël ? 

http://cheelot.universtorah.com/cheelot-889-peut-on-etudier-la-tora-le-soir-de-noel--.htm

Question

Posté par Greg 

Bonjour,

Pourriez vous m’expliquer si l'on étudie ou pas, le soir de Noël et quel sont les Minhaguim (Traditions) car cette année j'ai vu beaucoup de confusion autour de moi a ce sujet. 
Il me semblait pour ma part inconcevable de ne pas étudier ce soir là et je crois que les Yéchivote étudient mais apparemment les Hassidim n'étudient pas ce soir là pour ne pas renforcer des forces impures. 
 



Réponse 

donnée par Rav Aharon Bieler


Il existe effectivement différents Minhaguim (Traditions) concernant l’opportunité d’étudier ou non le soir de Noël.

Certain ‘Hassidim ont en effet le Minhag (l’habitude) de ne pas étudier ce soir là. 
Le ‘Hidouché Harim de Gour racontait l’histoire suivante : un curé avait demandé a Rav Yéhonatane Eybéchits : si vous n’étudiez pas la Tora ce soir là, sur quoi le monde tient-il (puisque le monde ne peut perdurer que par le mérite de l’étude de la Tora) (1)? 
Rav Yéhonatane lui aurait répondu que puisque « Minhag Israël, Tora » (accomplir un Minhag c’est accomplir la Tora), le monde repose sur l’accomplissement du Minhag qui consiste justement à ne pas étudier ce jour là (2).

Différentes raisons sont donné pour expliquer cet usage (3) :

a) A certaines époques, il était dangereux pour les Juifs de sortir de leurs maisons le soir de Noël (dans certains endroits, il était même interdit aux Juifs de sortir de chez eux ce soir là). C’est pourquoi nos Sages ont institué de ne pas sortir au Bèt Hamidrach (maison d'étude) afin de ne pas se mettre en danger (4). Certains expliquent qu’il était risqué de laisser de la lumière allumée ce soir là, l’habitude a donc été prise de rester dans l’obscurité et donc de s’abstenir d’étudier.

b) L’abstinence de l’étude est un signe de « Avéloute » (deuil) en rapport avec la naissance de Yéchou. Il y aurait donc lieu de s’abstenir d’étudier la Tora, de la même manière que l’on n’étudie pas le jour de Ticha Béav et qu’une personne en deuil n’a pas le droit d’étudier la Tora, pour ne pas en retirer du plaisir, comme il est écrit dans Téhillim (5) : « Les préceptes de l’Eternel sont droit, ils réjouissent le cœur » (6).

c) Le ‘Hatam Sofèr explique que ce soir là, les non juif se lèvent à minuit pour la messe. C’est pourquoi nos Sages ont limité l’étude de la Tora avant ‘Hatsote (milieu de la nuit) afin que les érudits se couchent tôt : ils seront ainsi, eux aussi éveillés (et donc entrain d’étudier) à minuit. 

d) L’étude de la Tora ce soir là renforcerait les forces d’impureté.

Il faut préciser que l’habitude de ne pas étudier le soir de noël ne s’applique que jusqu'à ‘Hatsote (milieu de la nuit).

On rapporte que pour éviter de faire du Bitoul Tora (gâcher le temps qui aurait pu servir à l’étude de la Tora), certains Rabbanim avaient l’habitude de s’adonner ce soir là à des préparatifs pour tous les Chabbatote de l’année.
D’autres y organisaient les réunions concernant les problèmes de leur communauté.

Bien que le Minhag de ne pas étudier le soir de noël, ne soit pas mentionné dans les Richonim (Décisionnaires de l’époque médiévale), il est possible que la raison en soit la censure de l’époque, ou bien la crainte de représailles.

Rav Ovadia Yossèf (7) rapporte que l’habitude des Séfaradim, est d’étudier même le soir de noël. C’est aussi le Minhag de la plupart des communautés Achkénaz (8).
L’habitude dans les Yéchivote en Israël, est d’étudier le soir de Noël.

Il est toutefois évident qu’il ne faudra pas participer aux réjouissances organisées ce soir là et participer à un réveillon par exemple. 

Certains ont aussi l’usage de s’abstenir de relation conjugale cette nuit là. Malgré tout là majorité des Décisionnaires ne mentionnent pas cette restriction (9). 

Kol Touv 
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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 10:09
Une lueur pour Tsahal

Par LAURE DELSOL
17.12.09

 

 

 

 

http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1260930880754&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull

 

 

Loin des polémiques sur les implantations ou des prévisions alarmistes sur la sécurité, les soldats de Tsahal se réchauffent aux lueurs de Hanoucca. Tout au long de la fête des lumières, les volontaires de l'association 100 % Lahayal visitent des bases pour leur tenir compagnie. Plus que de simples livreurs de soufganiyot (beignets) et autres pâtisseries d'usage, les bénévoles et invités viennent assurer les vaillants combattants de leur soutien et de leurs encouragements. "Je suis étonné et émerveillé par la gentillesse des soldats", commente un visiteur à la fin de la journée.

 

 

Un jeune soldat allumant les bougies de Hanoucca.
Photo: Laure Delsol , JPost

La bouche pleine et le sourire aux lèvres, les jeunes recrues invitent les visiteurs à explorer leurs quartiers. Ils confient leur quotidien aux oreilles attentives des volontaires qui les servent avec enthousiasme, voire en chanson. Tout spécialement venus de leur yeshiva, des bénévoles de l'association 100 % Lahayal ont visité, parfois pour la première fois, une base militaire. Au programme : chants de Hanoucca et allumage des bougies en prière. Le rabbin du Beth Habad de Jérusalem, Avraham Haviv, rappelait mardi soir que les ness (miracles) de Hanoucca se renouvèlent à chaque génération. Allumer les hanoukiot protège Israël et son peuple. Rien n'est donc plus important qu'illuminer les bases de Tsahal, et éclairer les soldats. Chaque soir, depuis le 25 kislev (12 décembre), le scénario se répète pour le président de l'association, toujours à l'écoute des fils d'Israël.


Ces jeunes ont à peine 20 ans. "Mais je leur tire mon chapeau", s'exclame un visiteur, "ils nous sourient alors qu'ils travaillent si dur tous les jours pour protéger notre pays... Ils font tellement d'efforts !" Une autre personne d'ajouter : "Ce que l'on fait pour eux ne suffit pas".


100 % Lahayal fait pourtant ce qu'elle peut : grâce aux dons privés, l'association a pu offrir cette année des sacs, équipements de premiers secours, bons d'achat et paires de phylactères. Durant la guerre du Liban, des vivres étaient envoyés chaque jour aux unités sur le front. Cet hiver, 100% Lahayal a également organisé avec Tsahal une journée pour les parents de soldats tombés au front, lors de l'opération Plomb durci à Gaza. "Nous voudrions pouvoir faire plus, mais nous manquons de moyens", commente le fondateur de l'organisme, Daniel Pinto. "Les gens n'ont pas conscience que nos soldats ont besoin d'être soutenus au quotidien."

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 12:32
Les sept vaches grasses
Sachez exploiter votre rêve


Vache grasse n°1 : l'économie.

Vache grasse n°2 : la liberté et la démocratie.

Vache grasse n°3 : la technologie moderne (l'automobile, l'ouvre-boîte électrique, l'Internet).

Vache grasse n°4 : la médecine moderne (la neurochirurgie, le Prozac, les lentilles de contact colorées).

Vache grasse n°5 : la communauté juive (Albert Einstein, Gad Elmaleh, Pierre Mendès-France).

Vache grasse n°6 : l'état politique de la nation (les Juifs vivant sur leur terre sous un gouvernement juif, etc, etc).

Vache grasse n°7 : l'état spirituel de la nation (une abondance de yéchivas, de synagogues, de centres communautaires, de cours de Paracha, de Talmud, de Kabbala, de rabbins, de rabbis et de gourous comme jamais auparavant).

Et voici que sept autres vaches montaient du Fleuve après elles, celles-là chétives et maigres, et s’arrêtèrent près des premières au bord du fleuve. (Genèse 41, 3)

Vache maigre n°1 : l'économie.

Vache maigre n°2 : la liberté et la démocratie.

Vache maigre n°3 : la technologie moderne.

Vache maigre n°4 : les coupes dans le budget de la santé.

Vache maigre n°5 : la communauté juive.

Vache maigre n°6 : l'état politique de la nation.

Vache grasse n°7 : l'état spirituel de la nation.


L’un des détails importants, mais peu analysé, du célèbre rêve de Pharaon est le fait qu'au départ les sept vaches grasses et les sept vache maigres se tenaient côte à côte sur la rive du fleuve. En d’autres termes, les quatorze vaches existaient simultanément dans ce rêve, contrairement à ce qui s'est déroulé dans la réalité où les sept années de famine ont succédé aux sept années de plénitude.

C’est la raison pour laquelle les sages de Pharaon, qui avancèrent toutes sortes d’interprétations exotiques à son rêve (par exemple « sept filles te naîtront et sept filles mourront »), n’admettaient pas cette solution qui était pourtant l'évidence même. Quand les vaches sont-elles grasses ? Quand les récoltes sont abondantes ! Et quand sont-elles décharnées ? En temps de famine. Et il en va de même pour les épis de blé gras et maigres. Quoi de plus évident ?

Mais Pharaon avait vu les vaches grasses et les vaches maigres paître ensemble. Il est impossible d’avoir des années d’abondance et des années de famine en même temps, disaient les sages. Les rêves doivent avoir un autre sens, moins évident, de plus métaphorique.

Le génie de Joseph fut de comprendre que les rêves de Pharaon n'annonçaient pas seulement les événements à venir, mais enseignaient également comment y faire face : ils disaient à Pharaon de faire en sorteque les sept années d’abondance coexistent avec les sept années de famine. Quand Joseph instruisit Pharaon sur la manière de se préparer à la famine annoncée, il n’offrait pas un conseil non sollicité : ce conseil était partie intégrante de l’interprétation du rêve. Si tu gardes le surplus de la récolte des années de richesse, disait Joseph, alors les sept vaches grasses seront toujours présentes lorsque les sept vaches maigres sortiront de la rivière et ces dernières auront de quoi manger.


Les Maîtres de la ‘ Hassidout remarquent que le premier galout (« exil ») du peuple juif se produisit dans une brume de rêves. Les rêves de Joseph, les rêves du boulanger et de l’échanson et les rêves du Pharaon conduisirent Joseph, puis toute sa famille, en Égypte où ils allaient subir l’exil, l’esclavage et les persécutions jusqu’à leur libération par Moïse, plus de deux siècles plus tard. Il est à noter que l’exil précédent de Jacob à ‘Haran avait également commencé et terminé par des rêves.

Ceci car le galout est en soi un rêve : un état d’existence parcouru de métaphores obscures, de terrifiantes exagérations et d’impossibilités rationnelles. Un état dans lequel les vaches grasses et les vaches maigres vivent simultanément, dans lequel une vache peut même être à la fois grasse et maigre.

Le galout est un lieu où une économie florissante est à la fois une bénédiction et une malédiction, où le courant de liberté qui bouillonne révèle en l’homme le meilleur comme le pire, où le Web conquérant véhicule la sagesse et l’abomination, où nous sommes saturés de spiritualité et en même temps spirituellement démunis.

Mais il existe une solution à ce désordre cosmique. Écoutons parler Joseph (Pharaon lui-même sait reconnaître un bon conseil quand il en entend un). Ne fuyez pas le rêve, dit Joseph. Ne lui cherchez pas d’autres explications.Utilisez-le. Si le galout vous présente le paradoxe des vaches grasses et des vaches maigres, paissant côte à côte sur le bord du fleuve, utilisez les vaches grasses pour nourrir les vaches maigres. Faites du rêve lui-même la solution.

Source : http://www.fr.chabad.org/ 

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 12:32
Oeuvrer pour des miracles
Le mécanisme d'une vie au-dessus


Des miracles se produisent-ils aujourd’hui ? Cette question est particulièrement d'actualité dans les temps dangereux et éprouvants dans lesquels nous vivons. Le Tanakh (la Bible) relate de nombreux épisodes miraculeux. Mais des miracles se produisent-ils aujourd’hui ?

Selon nos Sages, bien sûr que oui ! De nombreuses personnes en ont d'ailleurs fait l'expérience. Mais, ceci étant dit, nous devons aussi prendre en considération l’idée du Judaïsme selon laquelle il existe différentes sortes de miracles.

A un premier niveau, la nature elle-même présente un aspect miraculeux. Un spectaculaire coucher de soleil, l’éclosion d’une fleur ou la naissance d’un enfant peuvent être contemplés comme des événements magnifiques et merveilleux qui révèlent D.ieu comme l’Auteur et le Guide de la Création. Et cependant, comme nous le savons, le soleil se couchera encore merveilleusement demain. Cela fait partie du cycle de la vie divinement prescrit tout comme l’éclosion de la fleur et la naissance de l’enfant.

Un autre niveau se révèle lorsque les événements naturels surviennent de la bonne façon et au bon moment, exprimant un schéma plus intérieur et spirituel au sein de la Création. La victoire juive contre les armées syro-grecques célébrée à ‘Hanouccah appartient à ce type de miracles. Les armées grecques étaient immenses, bien entraînées et surpuissantes. Le miracle fut qu’un petit groupe de Juifs dévoués, les Maccabées, purent en venir à bout.

Aujourd’hui aussi, le fait qu’Israël ait survécu depuis 1948, présente une qualité miraculeuse. Oui, nous possédons des soldats dévoués et nous savons produire et nous servir d’armes sophistiquées. Et pourtant nous n’avons que peu, voire pas, d’amis et faisons face à un ennemi gigantesque et immensément riche.

Le troisième niveau de miracle est celui des événements qui transcendent totalement l’ordre naturel. Le miracle de l’huile à ‘Hanouccah appartient à ce type. une quantité d’huile d’olive suffisante pour un seul jour, brûla huit jours, assez longtemps pour qu’une nouvelle huile soit confectionnée. Cela eut pour effet un degré supérieur de révélation divine. C’était en quelque sorte une récompense spirituelle pour le dévouement d’un petit groupe de Juifs déterminés à ce que le Judaïsme survive, envers et contre tout.

La Paracha de cette semaine présente une combinaison intéressante des deux dernières catégories de miracles. Il était naturel qu’il y ait des années de plénitude et d’autres de famine. Cependant, le fait que Pharaon fit des rêves dérangeants qui le signalaient et que Joseph put en saisir le sens, introduit un élément surnaturel dans cette histoire.

Bien plus, la présence de Joseph en Égypte était le résultat de ses propres rêves, comme nous l’avons vu dans la Paracha de la semaine dernière. Ces rêves avaient éveillé la jalousie de ses frères au point qu’ils l’avaient capturé et vendu comme esclave. En fin de compte, les rêves de Joseph s’avérèrent également révélateurs de l’avenir. Le Rabbi de Loubavitch souligne une distinction intéressante entre les rêves de Joseph et ceux de Pharaon.1 Ce dernier était passif, spectateur, observant les sept vaches maigres dévorer les sept vaches grasses ou les sept épis de blé étiolés avaler les sept épis sains et gras. Ceci contraste avec le premier rêve de Joseph, dans lequel lui et ses frères travaillaient dans les champs. Ils faisaient un effort. Et dans le second rêve de Joseph, il s’agissait d’une dimension plus élevée de l'existence : le soleil, la lune et les étoiles.

Que peut-on apprendre de cet épisode ? Que pour qu’un Juif puisse accomplir sa mission personnelle dans le monde, un effort de sa part est nécessaire : un effort juif. La réponse de D.ieu à cet effort est la révélation de domaines spirituels toujours plus élevés, ce qui inclut les merveilles et les miracles dont notre vie personnelle et l’histoire de notre peuple regorgent tellement.

Source : http://www.fr.chabad.org/ 

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 08:45
La sagesse de Joseph



 

Récolte du blé en Egypte.
Peinture murale de la tombe de Senedjem.

(source: 
www.carey.ac.nz)






Pharaon, le roi d’Égypte, fit deux rêves, lit-on dans la Paracha de cette semaine. Dans le premier, le souverain se voyait debout devant le Nil.

 

Et voici que sortaient du fleuve sept vaches, belles et grasses et elles paissaient dans l’herbe. Et voici que sept autres vaches sortaient après elles de la rivière, laides et décharnées et vinrent se mettre à côté des autres vaches sur la rive du fleuve. Et les vaches laides et décharnées mangèrent les sept vaches belles et grasses. (Genèse 41, 1-4)

Dans le second rêve, le Pharaon voit sept épis de blé fins et rabougris avaler sept épis gras et saturés de grains.

Aucun des sages de l'Égypte ne peut donner à Pharaon une interprétation satisfaisante de ses rêves. C'est alors que “le jeune esclave hébreu”, Joseph, est extrait de sa prison et conduit au palais royal. Il interprète les rêves comme signifiant que sept années d’abondance, représentées par les vaches grasses et les épis fournis, seront suivies de sept années de famine, représentées par les vaches maigres et les épis chétifs. Les sept années de famine seront si terribles qu'elle “avaleront” les années d'abondance, n'en laissant aucun souvenir.

 

Joseph interprète le rêve de pharaon.
Peinture contemporaine d'Anne de Vries, Pays-Bas.
(source: perso.wanadoo.fr/maurice.lamouroux)
 

Joseph donne alors des conseils à Pharaon pour gérer la situation : “Maintenant, Pharaon doit trouver un homme visionnaire et sage et le charger du destin de l’Égypte. Un rationnement devra être imposé à l'Égypte pendant les années d’abondance, explique Joseph, pendant lesquelles on engrangera le blé pour les années de famine à venir.”

Pharaon est médusé par la clairvoyance de Joseph. “Peut-il exister un autre homme habité par l'esprit divin comme cet celui-là?” demande-t-il à ses conseillers. “Personne ne possède ta lucidité, dit-il à Joseph. Tu dirigeras ma maison et tout mon peuple sera conduit selon tes ordres. Seul mon trône te sera interdit.”

C’est ainsi que Joseph est nommé vice-roi d’Égypte. Le reste de l'histoire est connu.1

Trois questions

Les commentateurs bibliques2 se débattent avec trois questions majeures concernant cette histoire remarquable.

A) Il est difficile de comprendre comment, à la suite de son interprétation des rêves, Joseph entrepris de donner à Pharaon des conseils sur la gestion de la famine à venir. Comment cet esclave à peine libéré n'a-t-il pas craint de prodiguer des conseils non sollicités au roi d'Égypte, le monarque qui régnait sur une superpuissance ? Pharaon avait fait sortir Joseph du cachot pour interpréter ses rêves et non pour devenir conseiller du roi !

B) Il est évident, d’après le récit, que Pharaon fut sidéré par la façon dont Joseph résolut son problème. Pourtant, nul besoin d’être un spécialiste hors pair pour conseiller, dans le cas de sept années d’abondance suivies de sept années de famine, de mettre de la nourriture de côté en prévision de la période maigre. Quel était donc le génie contenu dans le conseil de Joseph ?

C) Pharaon fut également  stupéfait par l’interprétation que donna Joseph des rêves eux-mêmes, qu’aucun de ses propres conseillers n’avait pu imaginer. Mais l’interprétation de Joseph semble simple et évidente : Quand les vaches sont-elles grasses ? Quand il y a beaucoup à manger. Et quand sont elles décharnées ? Quand elles n’y a rien à manger. Quand l'épi est il plein ? Quand la récolte est abondante. Et quand l'épi est-il maigre ? En temps de disette. Dès lors, pourquoi Pharaon fut-il à ce point stupéfait par l’interprétation que Joseph donna de ses rêves ? Et pourquoi personne d’autre n’avait-il pu donner la même ?

Unir les vaches

Au cours d'un discours de Chabbat en 1973, le Rabbi de Loubavitch donna l'explication suivante3 :

Les experts en rêves égyptiens avaient en réalité imaginé l'interprétation de Joseph, soit que sept années de famine succèderaient à sept années d'abondance. Mais ils l'avaient rejetée parce qu’elle ne tenait pas compte d’un détail important dans le rêve.

Dans le premier rêve de Pharaon, il avait vu comment les sept vaches laides et décharnées qui suivaient les sept vaches grasses “se tenaient près des autres vaches [grasses] sur la rive du fleuve”. En d’autres termes, c’était un moment au cours duquel les deux groupes de vaches existaient ensemble et c’est seulement par la suite que les vaches maigres commencèrent à dévorer les grasses. C’est ce détail du rêve qui poussa les interprètes du Pharaon à repousser l’interprétation que Joseph allait par la suite proposer, et les obligea à offrir une série de décodages farfelus. Car comment était-il possible que l’abondance et la famine coexistent?

Et c’est ici que s’exerça le génie de Joseph. Quand il commença à dire à Pharaon de se préparer aux années de famine, il ne lui offrit pas un conseil, qui aurait été malvenu, sur la façon de gérer son pays. Mais ce conseil faisait partie de l’interprétation des rêves elle-même.

Joseph avait compris que la présence de toutes les vaches, les grasses et les maigres, contenait la solution pour la famine menaçante. Durant les années d’abondance, l’Égypte devait “vivre” avec les années de famine, comme si elles étaient actuelles. Pendant la période de jouissance des années fastes, l’Égypte devait déjà imaginer la réalité de la future famine et chaque jour engranger de la nourriture. Les sept vaches maigres devaient être également présentes et vivantes dans l’esprit des gens et dans leur comportement pendant la période de richesse. Et en conséquence, si ce système était implanté en Égypte, la nation continuerait à jouir de l’abondance, même pendant les années de famine. C’est ainsi que toutes les vaches allaient coexister.

C’est cette version qui intéressa tant Pharaon dans l’interprétation de Joseph. Pour commencer, Pharaon fut frappé par l’ingéniosité de Joseph qui prenait en compte le détail qui avait échappé à tous. Mais ce qui l’impressionna encore davantage fut la démonstration que ses rêves, non seulement contenaient la prémonition des futurs événements mais offraient également les instructions pour y faire face, non seulement les problèmes mais également les solutions.

Avez vous besoin de D.ieu ? Avez-vous un ami véritable ?

La sagesse de Joseph apparaît clairement quand nous réfléchissons au message spirituel qui se cache derrière l’histoire. Car nous le savons, les histoires de la Torah contiennent toujours des enseignements spirituels.

Nous vivons tous des cycles d’abondance et des cycles de famine dans notre vie. Parfois, les choses vont très bien: nous avons l’aisance matérielle, le succès et le confort. Trop souvent, dans ces moments, nous oublions d’investir du temps et de l’énergie pour cultiver une véritable intimité émotionnelle avec notre époux ou notre épouse, pour développer une véritable relation avec nos amis, pour créer des liens sincères avec D.ieu. Nous sentons que nous nous suffisons à nous-mêmes et que nous n’avons besoin de personne dans notre vie.

Et pourtant, une période de famine arrive, une crise sérieuse éclate (à D.ieu ne plaise) et nous sentons soudain le besoin de nous dépasser et de renouer avec ceux que nous aimons, avec D.ieu. Mais nous ne savons pas comment faire. Parce que lorsque nous ne nourrissons pas nos relations et notre spiritualité pendant les années d’abondance, et que la roue tourne, nous manquons cruellement des outils dont nous avons désespérément besoin pour survivre à la crise.

C’est là l’essence de la sagesse de Joseph: ne jamais séparer les années d’abondance des années de famine. Quand nous vivons dans l’aisance, nous ne devons pas nous laisser devenir aveugles et insensibles devant ce qui est réellement important dans la vie. Les priorités que nous cultivons “pendant les bons moments” doivent être de l’espèce qui nous soutiendra également dans d’autres circonstances.

Source : http://www.fr.chabad.org/
Photos :http://resume.bible.free.fr/ancientestament.html 

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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 08:25
Des rêves et des rêves
Mais pourquoi tant de rêves ?

Les rêves de Pharaon




 

Le rêve du pharaon. Peinture contemporaine d'Aurore, France.
(source: perso.wanadoo.fr/maurice.lamouroux)
http://resume.bible.free.fr/ancientestament.html 




Le début de notre Sidra est marqué par un long récit des rêves du Pharaon, à propos de vaches et d’épis de blé, et de l’interprétation qu’en donne Yossef : ce sont les symboles d’années de plénitude et d’années de famine.

Pourquoi donc la Torah s’attarde-t-elle si longuement et de façon si détaillée sur ces rêves ? Le point central de l’épisode est simple : Yossef prévoit sept années de plénitude suivies de sept années de famine et, son interprétation éblouissant le Pharaon, il est nommé vice-roi d’Egypte. En quoi est-ce si important de savoir si cette nomination vient des rêves et de leur interprétation ou par une autre chaîne d’événements ?

Et quand bien même il serait important de savoir que Yossef obtient cette position grâce à son interprétation des rêves, pourquoi la Torah ne nous informe-t-elle pas simplement des faits et nous en fournit-elle de nombreux détails ?

L’influence de Yossef

La réponse à ces questions est que les rêves du Pharaon doivent être compris dans leur contexte. Il rêva à cause de Yossef. Dans la Sidra précédente, nous avons appris que Yossef reçut une communication divine par des rêves. Et Yossef était l’héritier spirituel de Yaakov, celui qui allait apporter au monde tout ce que Yaakov représentait. En résumé, il incarnait une « âme collective », le moyen par lequel les émanations divines doivent être transmises au monde. Il était « le juste qui est le fondement du monde ». Si la révélation divine lui était parvenue par le biais des rêves, c’était donc qu’il en allait ainsi de l’ordre du monde. Ainsi, quand une communication fut nécessaire pour le monde, et pour le Pharaon, son maître, elle devait lui venir par le rêve.

Le Juif et le monde

Ces faits nous donnent une leçon fondamentale dans notre service de D.ieu. Quand un Juif doit surmonter des défis difficiles, que ce soient des attitudes ou des désirs antagonistes, il doit prendre conscience que leur origine ultime n’est pas à trouver dans le monde mais en lui-même. Il n’est pas vrai qu’il lui faut suivre le monde, pas plus que pour vivre une vie juive fidèle, il faut faire des concessions au monde. C’est tout le contraire. Le Juif créée lui-même l’état du monde qu’il habite. Si son Judaïsme est tempéré par une réticence intérieure, cela se reflète autour de lui. Mais c’est la nature de ce monde de cacher sa source spirituelle. Ce fait est lui-même caché et les attitudes hostiles au Judaïsme sont ressenties comme émanant de l’extérieur, de l’univers en général, l’éloignant de sa foi. Mais la vérité est autre : le Juif est lui-même l’auteur de ces attitudes. S’il change ses propres désirs, si sa réticence devient affirmation, il change également l’attitude de son environnement.

Cela n’est pas tout, même si nous ne trouvons pas l’origine d’un tel conflit dans le Juif lui-même, parce qu’il est libéré de tout antagonisme en lui-même, il est malgré tout responsable. Car c’est en lui que réside le but de la création.

Les différences entre les rêves de Yossef et les rêves du Pharaon.

Bien que les rêves du pharaon dépendent du fait que Yossef rêva, ils étaient radicalement différents par leur nature. Les rêves de Yossef appartenaient au domaine de la sainteté et non ceux du Pharaon. Plusieurs différences les opposent donc dans leur structure et dans leur nature.

Tout d’abord, les rêves de Yossef commencèrent par une image du service, du pain gagné par le labeur : « Nous amassions des gerbes ». Cette idée est totalement absente des rêves du pharaon dans lesquels la nourriture n’est vue comme le produit d’aucun effort. Les bénédictions qui viennent de D.ieu au Juif sont parfaites car elles viennent en réponse à des efforts. Car ce qui est reçu sans qu’on ait œuvré manque de quelque chose, manque du fait que l’homme a été un partenaire de D.ieu dans sa création. Mais ce qui découle de l’extérieur du domaine de la sainteté, la nourriture dont rêva le Pharaon, n’est pas totalement bon et peut donc venir sans production d’efforts.

D’autre part, les rêves de Yossef représentent une progression dans la perfection. Ils commencent par « des épis de blé », des épis individuels, chacun séparé de l’autre. Ils deviennent des « gerbes » où des éléments disparates ont été réunis. Et puis, dans le second rêve, nous passons au soleil, à la lune, et aux étoiles, les éléments célestes.

Mais dans les rêves du Pharaon, l’ordre est inversé : des vaches nous descendons aux épis, du règne animal, nous passons au règne végétal. Dans chacun des rêves du maître de l’Egypte, nous retrouvons la même notion de descente ou de déclin. D’abord apparaissent les vaches grasses, le blé riche, puis les vaches décharnées, les épis étiolés au point que le bien est totalement consumé par le mal.

Le sacré et son contraire

Ces différences entre les rêves des deux protagonistes traduisent ce qui oppose la sainteté et son contraire. La sainteté est éternelle et immuable. Dans son royaume, s’il y a des changements, ce sont toujours des élévations, ce qui, en fait, ne représente pas du tout un changement mais plutôt une réalisation parfaite. Et même lorsque le peuple Juif souffre de vicissitudes, qu’il est parfois en progrès, parfois en déclin, ce ne sont pas de réels changements. Car le Juif porte avec lui une mission et une foi uniques : accomplir la Torah et les Mitsvot et s’élever dans la sainteté. Et puisque « là où est sa volonté, c’est là que se trouve l’homme », puisque la descente du peuple juif a toujours pour but ultime une ascension plus grande dans une « paix éternelle », les fluctuations de l’histoire juive ne sont pas, en dernier ressort des changements mais la « paix ». Une seule intention, un seul désir les traversent tous.

A l’opposé, le royaume du « non sacré » est sujet au changement, en fait, au déclin perpétuel. Car ce qui n’est pas saint n’existe pas par lui-même. C’est tout au plus des moyens pour une fin, pour tester l’homme et faire surgir en lui ses élans de sainteté. Mieux l’homme relève le défi et mieux il se renforce et s’élève dans son service, et le moins a-t-il besoin de tests. L’existence de ce qui n’est pas saint s’en affaiblit alors d’autant.

L’effort et la récompense

Une leçon se dégage de tout ce qui précède. Quand un homme croit qu’il peut recevoir des bénédictions sans effort, simplement grâce à certaines causes naturelles, il peut être sûr que cet espoir naît de son « âme animale », le côté de sa nature qui n’est pas spirituel. Car à ce niveau, il peut, en effet obtenir des bénéfices sans effort. Mais il doit également être conscient que ce qui appartient à ce royaume est sans cesse en proie au déclin : en fin de compte, rien ne restera. Mais si, à l’opposé, il travaille dans le service de D.ieu, il peut être assuré de la promesse : « tu as cherché et tu as trouvé ». Il « trouvera » venant du Ciel plus que ce pourquoi il a œuvré. Et sans cesse il « montera dans le domaine de la sainteté ».

 http://www.fr.chabad.org/

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 11:56
Un moment de solitude
qui s'avère être... un moment de vérité


La Paracha de cette semaine relate l’histoire dramatique de Joseph, un jeune homme extrêmement beau, qui accapara l’esprit de la femme de son maître. Elle tenta désespérément de l’entraîner dans une relation intime, mais il ne cessa de refuser.

Et puis vint le jour fatal « quand il entra dans la maison pour faire son travail et aucun membre du personnel n’était à l’intérieur. Elle l’attrapa par son manteau et le supplia : « viens avec moi ». Il la fuit, laissant son manteau entre ses mains et se précipita à l’extérieur. »

Humiliée et furieuse, elle utilisa le manteau comme preuve qu’il avait tenté d’abuser d’elle. Son mari, Potiphar, fit emprisonner Joseph pendant les douze années suivantes jusqu’au jour où, par une succession étonnante d’événements, Joseph devint vice-roi d’Égypte.

La question qui se pose est la suivante : pourquoi cet épisode est-il relaté avec force détails dans la Torah ? L’objectif de ces chapitres est de raconter la manière dont la première famille juive arriva en Égypte. C’est pourquoi, nous lisons la vente de Joseph comme esclave en Égypte, sa condamnation à la prison et sa rencontre, en ces lieux, avec les ministres du roi. Cela aboutit finalement à sa libération et à sa nomination comme vice-roi du pays, dans une période critique de famine. C’est ce qui, en dernier ressort poussa son père et toute sa famille à émigrer en Égypte.

Pourquoi donc la Torah trouve-t-elle nécessaire de relater l’histoire de la lutte entre Joseph et la femme de son maître ? Qu’y a-t-il d’important pour nous à connaître les détails de l’épisode qui causa son emprisonnement ?

Le visage de Jacob

Le Midrach explique la phrase selon laquelle Joseph « entra dans la maison pour faire son travail et aucun membre du personnel n’était à l’intérieur ». Quel travail Joseph venait-il accomplir ?

Le Midrach indique que le « travail » de Joseph consistait, en fait, à céder aux avances de cette femme. Après toutes ses suppliques incessantes, Joseph était sur le point de succomber. Mais au moment où cette union allait se matérialiser, le visage de son père, Jacob, lui apparut soudainement. Cela l’incita à rejeter la tentation et à fuir.

A nouveau une interrogation nous assaille : qu’y avait-il dans le visage de Jacob qui puisse inspirer Joseph au point de repousser une telle tentation ?

L’esclave solitaire

Réfléchissons de plus près à la condition psychologique et physique de Joseph, en ce jour fatidique.

Joseph était un esclave de dix-huit ans, dans un pays étranger. Il ne possédait pas même son propre corps, puisque son maître exerçait un contrôle absolu sur sa vie. Il n’avait pas le moindre ami, pas un seul membre de sa famille près de lui. Sa mère, Rachel, était décédée alors qu’il n’avait que neuf ans et son père le croyait mort. Ses frères le haïssaient, c’étaient eux qui l’avaient vendu comme esclave et lui avaient dérobé sa jeunesse. On peut aisément imaginer le sentiment profond de solitude qui régnait dans le cœur de ce jeune homme.

C’est dans ce contexte qu’il nous faut comprendre le dilemme de Joseph. Une personne vivant dans une telle solitude peut non seulement succomber à des tentations d’une puissance extrême mais également ressentir qu’une action unique de sa part ne changera rien au cours ultime des choses.

Après tout, quel était le danger ? Il était probable que personne ne découvrirait jamais ce qui s’était passé. Joseph ne devait pas rentrer le soir chez lui pour affronter une épouse dévouée ou un père spirituel. Il ne devait pas non plus rejoindre une famille ou une communauté garantes de valeurs morales. Il se retrouverait seul, après les faits, tout comme il l’était avant. Alors quelle importance pouvait bien revêtir cet acte isolé ?

De plus, il nous faut prendre en considération la puissance que possédait cette noble égyptienne qui tentait de séduire Joseph. Elle était en posture de transformer sa vie en paradis ou en enfer. En fait, c’est ce qu’elle fit par la suite, le faisant incarcérer pendant douze ans sur des accusations fallacieuses.

Quel fut donc le secret de la rectitude morale de Joseph ? Qu’est-ce qui donna à un esclave solitaire et fragile la force de rejeter une tentation si grande ? « Le visage de son père Jacob » ! C’est ce qui donna à Joseph le courage extraordinaire de faire taire ses impulsions et de rejeter cette femme noble.

Mais pourquoi ? Jacob vivait à des milliers de kilomètres, ne sachant pas que son fils était en vie. Quelle magie résidait-elle dans sa physionomie ?

Le moment unique d’Adam

Le Talmud présente une tradition orale selon laquelle « la beauté de Jacob reflétait la beauté d’Adam » le premier être humain formé par le Tout Puissant Lui-même. C’est pourquoi, quand Joseph vit le visage de Jacob, il contempla également le visage d’Adam.

D.ieu, nous le savons, ordonna à Adam de ne pas goûter au fruit de « l’arbre de la connaissance ». Sa désobéissance altéra à tout jamais le cours de l’histoire de l’homme et du monde. Bien que son acte fût apparemment insignifiant : manger un fruit unique d’un arbre unique, cet acte, minuscule fût-il, continue à résonner dans la conscience de l’humanité jusqu’à ce jour.

Pourquoi ? Parce que chaque être humain fait partie du nœud par lequel le ciel et la terre sont liés. Le rêve de D.ieu n’est pas d’être seul mais d’avoir l’humanité comme partenaire dans la tâche continuelle de guérir le monde. Avec chaque action que nous accomplissons, soit nous avançons, soit nous obstruons l’avancée vers la Rédemption. Soit nous réduisons, soit nous renforçons la force du mal. Quelque chose d’éternel et de Divin est à la clé de chaque décision, de chaque mot, de chaque acte émanant de chaque homme, femme ou enfant.

Quand Joseph vit le visage d’Adam, il fut envahi d’une dignité inébranlable, comme une bougie de D.ieu allumée sur son chemin cosmique. Voir le visage d’Adam rappela à Joseph la façon dont chaque acte isolé, accompli dans un moment unique, par un individu solitaire, peut changer l’histoire pour toujours.

C’est là le sens de la narration que fait la Torah de cet épisode. Durant nos moments solitaires de désespoir, quand nous aussi pouvons sentir que personne ne se soucie de nous et que nous sommes seuls dans un univers gigantesque et indifférent, nous ne devons jamais tomber dans ce piège : l’issue facile d’une gratification immorale. Nous devons nous souvenir que quelque chose de très vrai et d’absolu est en jeu, à chaque moment de notre existence et dans chaque acte que nous accomplissons.

Si seulement nous ouvrons les yeux, nous pourrons voir le visage de notre père qui nous chuchote à travers les vents silencieux de l’histoire que nous ne sommes pas une créature isolée dans un monde titanesque, créature dont le comportement n’a aucune conséquence. A chaque instant, D.ieu a besoin de chacun de nous et de nous tous pour apporter la Rédemption dans Son monde.

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 11:41
Les jumeaux de Tamar
L'alliance de la perfection et de l'imperfection


Parmi les nombreuses naissances relatées dans le livre de la Genèse, deux sont celles de jumeaux : les fils d’Isaac et de Rébecca, Jacob et Essav, et ceux de Tamar et de Judah (Yéhoudah), Perets et Zera’h. Ces naissances présentent plusieurs points de similitude, mais également certaines différences significatives, à la fois dans les circonstances des deux grossesses et dans les caractères des deux paires de jumeaux qui allaient naître.

Isaac et Rébecca furent mariés pendant vingt ans, sans enfant ; ils priaient pour des enfants, chacun évoquant la rectitude de l’autre dans leurs suppliques à D.ieu. Leur union produisit deux fils très différents : Jacob devint en grandissant un doux érudit, Essav, un matérialiste grossier et manipulateur.

Les jumeaux de Tamar furent conçus dans des circonstances moins exaltantes. Tamar fut d’abord mariée au fils aîné de Judah, Er. A la mort prématurée de Er, elle épousa, par le lévirat, son plus jeune frère, Onan ; mais Onan mourut également sans enfant. Quand Tamar prit conscience que Judah n’avait aucune intention de la marier à son troisième fils Chélah, elle se déguisa et séduisit Judah lui-même. Quand sa grossesse fut apparente, elle fut presque mise à mort sur les ordres de Judah pour prostitution. Ce n’est que lorsqu’elle produisit certains effets personnels appartenant à Judah qu’il comprit qui elle était et qu’il endossa la paternité des jumeaux qu’elle attendait. Et pourtant, contrairement à la progéniture contrastée qui résulta du mariage d’Isaac et de Rébecca, les jumeaux nés de cette union – dont la moralité n’était pas évidente – furent tous deux des justes parfaits. En fait, tous les rois d’Israël, depuis David jusqu'au Machia’h, sont issus de la descendance de Tamar.

Nos Sages, notant la terminologie différente employée par la Torah pour ces grossesses, expliquent que celle de Rébecca fut de neuf mois – « remplie » – alors que Tamar donna naissance après une grossesse « inachevée » de seulement sept mois. Nos Sages remarquent également que le mot hébreu pour « jumeaux », Téomim, s’épelle différemment dans les deux récits. En langue sainte, de nombreux mots peuvent s’écrire soit dans une orthographe « pleine », soit dans une orthographe « déficiente » (c'est-à-dire à laquelle il manque une ou plusieurs lettres). Dans le récit de la naissance de Perets et Zéra’h, le mot Téomim apparaît dans son orthographe pleine ; mais dans le récit de la naissance de Jacob et Essav, il apparaît dans sa forme déficiente, sans les lettres Aleph et Youd. Cela, expliquent les commentateurs, fait allusion au fait que les jumeaux de Tamar « étaient tous deux justes  alors que dans le cas [de Rébecca] l’un était juste et l’autre impie ».

En d’autres termes, la grossesse « remplie » de Rébecca produisit une paire « déficiente » de jumeaux alors que la grossesse « déficiente » de Tamar produisit une progéniture « entière » et parfaite.

Les graines du mal ?

Mais la grossesse de Rébecca fut-elle réellement parfaite ? Le Midrach semble impliquer que la moitié impie de sa progéniture affirmait déjà sa nature vile dans son giron. La Torah raconte que « les enfants se battaient en elle ». Le Midrach explique : « Chaque fois qu’elle passait devant une maison de prières ou une maison d’études, Jacob se battait pour sortir... et quand elle passait devant une maison d’idolâtrie, Essav se battait pour sortir ».

Néanmoins, d’autres récits midrachiques décrivent Jacob et Essav partageant une enfance juste, dans l’environnement saint de la maison de leurs parents et sous la tutelle de leur saint grand-père, Avraham. Ce n’est que « plus tard qu’Essav se détruisit par ses actes ». Cela soutient notre vue initiale d’une conception, d’une grossesse et d’une naissance parfaites, suivies d’une progéniture « déficiente » dont la responsabilité revient exclusivement au fait qu’Essav, par son libre choix, s’engagea sur le chemin du mal.

Les deux mets délicats

Un principe fondamental de la foi juive, écrit Maïmonide, est que « le libre arbitre a été donné à chaque homme ». Pourtant, nous observons que certaines personnes sont plus susceptibles de faire le mal que d’autres. Le Talmud décrit la victime prototype du mal, Job, protestant devant D.ieu : « Maître de l’univers ! Tu as créé des justes et Tu as créé des méchants ! ».

Dans le Tanya, Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi explique le sens de cette phrase. « Les justes » (les Tsaddikim) sont des individus qui, par nature, haïssent le mal et ne désirent que le bien. Par ailleurs, « les méchants » (lesRechaïm) sont des individus qui sont destinés « non à être réellement mauvais, à D.ieu ne plaise, mais à être influencés par le mal, seulement dans leur esprit et dans leurs pensées, de sorte qu’ils doivent constamment se battre pour en éloigner leurs pensées et le supprimer, car ils ne pourraient l’annihiler complètement, ce que ne peuvent faire que les justes ». Car D.ieu désire dans ce monde ces deux types d’êtres humains.

C’est là le sens profond des « deux nations » qui, avait-on dit à Rébecca, résidaient dans son giron. L’attirance vers le mal exprimée par l’un de ses jumeaux n’était pas une déficience, c’était un potentiel. Ce n’est que plus tard, lorsque Essav choisit de se soumettre à son penchant vers le mal plutôt que de le combattre, que la dualité des forces qu’elle avait mises au monde devint une paire de jumeaux « déficiente ». Comme ils existaient à l’intérieur de Rébecca, néanmoins, Jacob et Essav constituaient une grossesse « entière », contenant les deux potentiels fondamentaux que D.ieu a implantés dans Sa création : le délice du bien parfait et le plaisir différent, le sens d’accomplissement qui ne peuvent venir que d’un combat contre l’adversité.

La grossesse et l’accouchement de Tamar décrivent le processus inverse : la façon dont des circonstances et des actions négatives peuvent être sublimées de sorte que la perfection originelle, dont émerge chaque potentiel dans l’existence, est restituée. En fait, quand le potentiel du mal de la souffrance de l’horreur et de la mort se concrétise, l’opportunité d’une perfection encore plus profonde peut exister, quand ils sont vaincus et transformés en bien.

La montée sur le Mont Sion

C’est là le paradoxe de notre existence : la perfection engendre l’imperfection (comme dans la grossesse de Rébecca), car rien ne peut être déclaré réellement parfait à moins qu’il ne possède le potentiel du combat, ce qui signifie qu’il doit être vulnérable à l’imperfection. Et l’imperfection donne naissance à la perfection (comme dans la grossesse de Tamar) quand cette vulnérabilité est exploitée pour récolter les récompenses de la lutte et pour atteindre la gémellité parfaite d’un bien sans tache et d’un mal vaincu.

L’Histoire toute entière est la progression noble et douloureuse vers la résolution de ce paradoxe lorsque, à l’ère de Machia’h, « les sauveurs (descendants de Tamar) monteront sur le Mont Sion pour juger la montagne d’Essav (de Rébecca ) » unissant les vulnérabilités nées de la perfection de la création de D.ieu avec la perfection née des vulnérabilités de la condition humaine.

http://www.fr.chabad.org/
 

 

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