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23 juillet 2010 5 23 /07 /juillet /2010 17:40

 

 

Trois amours

« Et tu aimeras l’Éternel ton D.ieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. »

Deutéronome 6,5

Ces mots ne sont pas une simple répétition poétique pour exprimer l’amour que nous devons ressentir pour D.ieu mais constituent des instructions précises qui définissent les paramètres de l’amour que D.ieu désire.

Selon nos Sages, les mots « de tout ton cœur » nous enseignent que notre désir premier doit aller vers D.ieu et que tous les autres désirs doivent être subordonnés à celui-ci.

Les mots « de toute ton âme » nous enjoignent d’aimer D.ieu plus que nous aimons la vie elle-même. Nous devons L’aimer avec chaque fibre de notre être, quels que soient les sacrifices que cet amour puisse exiger. En d’autres termes, nous devons nous tenir prêts à donner notre vie pour D.ieu.

Les paroles « de tout ton pouvoir » nous ordonnent d’aimer D.ieu avec toutes nos ressources. Chacune de nos possessions doit être consacrée à Son service. Nous devons être prêts à consacrer chaque centime à Sa cause. Une interprétation alternative de cette dernière forme d’amour implique que nous devons aimer D.ieu dans toutes les circonstances que la Providence nous fait rencontrer. Nous devons L’aimer dans la liesse et dans la détresse, dans le bonheur et dans le malheur. En bref, nous devons vivre pour D.ieu.1 

Vivre et mourir

La séquence des deux premières clauses est clairement structurée de façon progressive. Il est plus facile de désirer D.ieu avec notre cœur que de l’aimer avec notre vie. Cependant, la position de la troisième clause paraît étonnante. Ayant reçu pour instruction d’être prêts à mourir pour D.ieu, est-il nécessaire que l’on nous commande de vivre pour Lui ?2

Mourir pour D.ieu est un acte héroïque. Il s’agit du sacrifice ultime et du summum du dévouement, mais ce n’est pas un sacrifice constant. Il ne dure qu’un moment. Vivre sa vie en accord avec le désir de D.ieu, même quand une telle dévotion engendre des sacrifices intenses et constants, constitue l’expression perpétuelle d’un amour durable.

Une analyse plus poussée de ces trois clauses nous donnera une meilleure compréhension de ces trois formes d’amour et de pourquoi vivre pour D.ieu exige un amour plus profond que mourir pour D.ieu.

Le mari et la femme

L’amour entre un Juif et D.ieu est souvent comparé à celui qu’éprouvent entre eux les époux. Analyser l’amour conjugal peut nous aider à opérer la distinction entre ces trois formes d’amour : être amoureux, mourir par amour et vivre par amour. 

Considérons de jeunes époux, mariés depuis plusieurs mois de mariage, unis par un amour sincère. Le désir premier de chacun d’eux est d’être réuni à son conjoint, et tous leurs autres désirs sont subordonnés à celui-ci. Ils s’aiment alors réellement, mais cela signifie-t-il qu’ils sont prêts à mourir l’un pour l’autre ? Pas nécessairement.

Sauter devant un train pour sauver l’être aimé requiert une dévotion supérieure au fait d’être amoureux. Être amoureux signifie aimer vivre avec l’être aimé. Mais mourir pour l’être aimé signifie que la vie sans lui ne mérite pas d’être vécue. «  Je t’aime  » n’implique pas une telle dévotion. Cela veut seulement dire que j’aime vivre avec toi, mais si je devais tragiquement te perdre, je devrais tristement apprendre à vivre sans toi.

Un mari et une femme qui sont prêts à mourir l’un pour l’autre ont atteint un niveau bien plus profond de leur relation, mais pas le plus profond. Ils sont prêts à se sacrifier l’un pour l’autre, mais sont-ils prêts à vivre l’un pour l’autre ? Imaginez un mari qui découvre après le mariage que sa femme est atteinte d’une maladie grave. Elle est désormais clouée au lit et a besoin de soins constants.

Leurs espoirs et leurs rêves sont brisés. Ils n’auront jamais d’enfants. Ils ne voyageront jamais ensemble. Ils ne jouiront jamais de la vie dont ils avaient rêvé. Il doit maintenant changer radicalement son mode de vie et devenir un infirmier à plein temps. Un mari qui reste auprès de sa femme en un moment si critique a atteint le plus profond degré d’amour.

Vivre dans ce sacrifice quotidien, de tous les instants, pendant des années ou même des décennies est bien plus difficile que de faire le sacrifice de sa vie, décidé en une fraction de seconde. Celui-ci est «  le sacrifice ultime  ». Le précédent est un sacrifice durable.3

À un niveau plus profond

Vivre pour un être aimé est purement altruiste, mais mourir pour l’autre ne l’est pas. Un mari meurt pour sa femme parce qu’il ne peut pas envisager de vivre sans elle. Il est vrai qu’il est avant tout préoccupé par sa sécurité, mais il est aussi subtilement influencé par la pensée désespérée que sa vie sans elle ne vaut pas d’être vécue. Il est, d’une certaine manière, partie prenante.

Vivre pour l’autre est purement altruiste. Le mari y gagnerait si, dans son égoïsme, il abandonnait sa femme à son sort et allait poursuivre sa vie de son côté. La seule raison pour laquelle il reste auprès d’elle est qu’il l’aime. Ce dévouement est purement désintéressé. Il ne sert que la personne qu’il aime et non lui-même.

Tangible et facile

Retournons à présent vers notre amour pour D.ieu. Les trois degrés d’amour énumérés par la Torah sont en réalité en ordre ascendant. Tout d’abord, nous devons apprendre à aimer D.ieu de tout notre cœur, assurant que notre désir premier va pour D.ieu. Nous en venons ensuite progressivement à aimer D.ieu avec notre âme, prêts si nécessaire à mourir pour Lui. La troisième forme d’amour, la plus profonde, est celle qui nous pousse à vivre pour Lui.

Vivre pour D.ieu est peut-être la plus grande forme d’amour, mais son expression est tangible et facilement accessible. Chaque fois que nous sacrifions un moment pour accomplir une Mitsva, chaque fois que nous subordonnons nos biens au service de D.ieu, chaque fois que nous renonçons à un plaisir matériel pour une heure d’étude de la Torah, nous manifestons une dévotion absolue qui découle du plus grand amour dont l’homme soit capable.

L’amour est naturel pour l’âme, mais il est, par nature, voilé. Il ne faut pas attendre qu’il soit révélé pour l’exprimer par la pratique des Mitsvot. Bien au contraire, l’accomplissement des commandements divins permet de mettre à jour ce lien inné et de faire émerger cet amour caché.

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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 18:06

 

 

 

Posséder la terre d'Israël
Si vous le voulez

« Voyez, J’ai mis la terre devant vous. Venez et possédez la terre que D.ieu a juré à vos Pères, Avraham, Its’hak et Yaakov, de leur donner et à leurs descendants après eux »

Deutéronome 1, 8

Rachi offre le commentaire suivant : « “Venez et possédez la terre” : Personne ne vous le contestera, et vous n’avez pas besoin de faire la guerre. S’ils n’avaient pas envoyé d’explorateurs, ils n’auraient pas eu besoin d’armes. »

Le Tout Puissant Lui-même avait promis au peuple juif qu’Il leur donnerait la Terre d’Israël. Bien évidemment, dans ce cas, personne ne pouvait émettre de contestation. C’est pourquoi le Peuple juif aurait pu prendre possession de la terre sans batailles et même sans armes pour décourager un ennemi potentiel.

Malheureusement, le peuple manqua de foi. Ils ne se reposèrent pas sur le fait que D.ieu allait les conduire vers la terre de manière miraculeuse. Ils perdirent cette opportunité lorsqu’ils demandèrent : « Envoyons des hommes comme explorateurs, pour visiter pour nous la terre et revenir avec un rapport. » Leur attitude et leur conduite rendirent nécessaire qu’ils suivent tous les processus naturels pour conquérir la terre : ils rencontrèrent de l’opposition de la part de ses habitants qui les forcèrent à mener des guerres pour affirmer leur droit divin sur le pays.

Ces faits comportent une leçon que nous pouvons appliquer de nos jours et dans notre situation présente :

La Rédemption future par Machia’h est présentée comme analogue à la sortie d’Égypte : « Comme aux jours de votre sortie de la terre d’Égypte, Je vous montrerai des prodiges. »1 En fait, les prodiges et les miracles de la Rédemption messianique surpasseront ceux de l’Exode. Si déjà alors l’entrée en terre d’Israël et sa conquête par ceux qui avaient été libérés de l’exil égyptien étaient censées se faire de façon miraculeuse (« il n’y a personne pour contester le sujet et vous n’avez pas besoin de faire la guerre »), combien plus grands encore seront les miracles de la Rédemption messianique !

De nos jours, également, tout comme alors, la chose dépend des Juifs eux-mêmes. Nous devons montrer une foi absolue en D.ieu et en Sa promesse que toute la terre d’Israël appartient au peuple d’Israël ! Nous devons proclamer, clairement et sans équivoque, que la Terre d’Israël est l’héritage éternel d’Israël. « Si les nations du monde disent à Israël “Vous êtes des voleurs parce que vous avez pris par la force les terres des sept nations (de Canaan)”, ils leur répondront : “La terre entière appartient au Tout Puissant. Il l’a créée et Il la donne à qui Il désire. La Terre d’Israël a été donnée (aux nations) par Sa volonté et par Sa volonté Il la leur a reprise et nous l’a donnée !” »2

Quand nous exprimerons cette foi vraie et absolue en D.ieu, nous mériterons immédiatement que soit accomplie la promesse que personne ne contestera le sujet et il n’y aura plus de guerres ni besoin d’armes : « Les arcs, les épées et tout attirail guerrier, Je les briserai dans le pays, et Je ferai en sorte que chacun y dormira en paix. »3

'HABAD

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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 18:04

 

 

Le Chabbat de la Vision
Le sens de « Chabbat 'Hazone »

Et moi, Daniel, seul j’ai eu la vision mais le peuple avec moi ne l’a pas vue ; et pourtant une grande terreur s’est emparée d’eux et ils ont fui pour se cacher

(Daniel 10, 7)

Mais, s’ils n’ont pas eu la vision, pourquoi étaient-ils terrifiés ? Parce que bien qu’eux-mêmes ne vissent pas, leur âme voyait

(Talmud Meguila 3a)

Le neuvième jour du mois d’Av (Tichea beAv) nous jeûnons et pleurons pour la destruction du Temple de Jérusalem. A cette date furent détruits à la fois le premier Temple (833-423 avant l’ère commune) et le second Temple (69 après). Le Chabbat qui précède ce jour de jeûne est appelé le « Chabbat de la Vision » car nous y lisons un chapitre des Prophètes (Isaïe 1, 1-27) qui commence par ces mots : « la vision d’Isaïe... »

Mais le nom de ce Chabbat évoque également un sens plus profond qu’exprima le Maître ‘hassidique, Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev, par la métaphore suivante :

Un jour, un père prépara un magnifique costume pour son fils. Mais l’enfant ne prit pas soin du cadeau de son père et bientôt le costume fut en lambeaux. Le père donna à son fils un second costume, mais très vite celui-ci fut également abîmé par l’enfant.

Le père fit alors faire un troisième habit. Mais cette fois-ci, il ne le donna pas à son enfant. De temps en temps, à des occasions particulières, il le lui montrait en lui expliquant que quand il apprendrait à l’apprécier et à en prendre soin, il le lui donnerait. Cela conduisait l’enfant à améliorer son comportement jusqu’à ce que, progressivement, cette bonne attitude devienne sa seconde nature et qu’il mérite le cadeau de son père.

Lors du « Chabbat de la Vision », explique Rabbi Lévi Its’hak, à chacun d’entre nous est permis d’avoir la vision du troisième Temple qui, lui, sera éternel, de sorte que, pour paraphraser le Talmud, « bien que nous ne le voyions pas, nos âmes le voient ». Cette vision éveille en nous une réponse profonde, même si nous ne sommes pas conscients de la cause de cette inspiration soudaine.

La Résidence Divine

Le Temple de Jérusalem était le siège de la présence manifeste de D.ieu dans le monde physique.

Un principe fondamental de notre foi tient au fait que « la terre entière est remplie de Sa présence » (Isaïe 6 : 3) et « il n’existe pas un endroit vide de Lui » (Tikouneï Zohar 57). Mais la présence et l’implication de D.ieu dans Sa création sont masquées par ce qui paraît être les œuvres indépendantes et arbitraires de la nature et de l’histoire. Le Temple constituait une ouverture dans le voile, une fenêtre à travers laquelle D.ieu faisait irradier Sa lumière dans le monde. Là, l’implication de D.ieu dans notre monde était ouvertement déployée par un édifice dans lequel les miracles faisaient naturellement partie intégrante du fonctionnement quotidien et dont l’espace lui-même reflétait l’infinité et l’omniprésence du Créateur. Là, D.ieu se montrait à l’homme et l’homme se présentait devant D.ieu.

A deux reprises nous fut attribué le don d’une Présence Divine en notre sein. A deux reprises, nous ne sûmes pas apprécier ce don et nous bannîmes la Présence Divine de notre vie.

Ainsi D.ieu construisit pour nous un troisième Temple. Mais contrairement aux deux précédents, qui avaient été réalisés par une construction des hommes et étaient donc sujets à l’éradication à cause de leurs fautes, le troisième Temple est aussi éternel et indestructible que son architecte omnipotent. Mais D.ieu garde ce « troisième costume » loin de nous, le confinant dans une sphère supérieure et céleste, au-delà du regard et de l’expérience de l’homme de ce monde.

Chaque année, lors du « Chabbat de la Vision », D.ieu nous montre le troisième Temple. Notre âme saisit la vision du troisième Temple dans les cieux, dans un statut spirituel et abstrait, tout comme le troisième vêtement que le père a fait confectionner pour son enfant mais qu’il ne lui fait que contempler de loin. Mais c’est aussi une vision qui renferme une promesse, la vision du troisième Temple prêt à descendre sur terre, une vision qui nous encourage à corriger notre comportement et hâter le jour où cette vision spirituelle deviendra une réalité concrète.

Le sens essentiel de la métaphore est évident mais de nombreuses perspectives subtiles se cachent dans ses détails. Pourquoi, par exemple, les trois Temples sont-ils représentés par trois costumes ? L’exemple de l’édification d’une maison n’aurait-il pas été plus adéquat ?

Une maison tout comme un costume « abritent » et enveloppent la personne. Mais l’habit le fait d’une manière beaucoup plus personnelle et individuelle. Une maison reflète, par ses dimensions et son style, la nature de son occupant mais ils le font d’une manière plus générale et moins spécifique et intime qu’un vêtement. D’un autre côté, la nature individuelle d’un habit limite sa fonction à un usage personnel. Une maison peut abriter de nombreuses personnes, un vêtement n’est porté que par un seul homme.

D.ieu choisit de révéler Sa présence dans une « résidence », une structure commune qui va au-delà de l’individuel pour convenir à un peuple tout entier, à l’entière communauté des hommes. Et pourtant le Temple de Jérusalem possédait également certains aspects caractéristiques des vêtements.

En effet, le Temple était une structure fortement compartimentée. Il y avait une cour des femmes et une cour réservée aux hommes, un espace réservé exclusivement aux Cohanim (les prêtres), un « Sanctuaire » (Hékhal) imprégné d’une plus grande sainteté que les « cours » et le Saint des Saints , chambre dans laquelle seul le Grand Prêtre pouvait pénétrer et exclusivement à Yom Kippour, le jour le plus saint de l’année etc.

En d’autres termes, bien que le Temple exprime une vérité unique, la Présence omniprésente de D.ieu dans notre monde, il le faisait pour chaque individu de façon personnalisée. Bien que ce fut une « maison » dans le sens où il servait à de nombreux individus, en fait au monde entier, comme lieu de rencontre avec l’infini, chaque homme y trouvait un « costume » sur mesure pour ses besoins spirituels spécifiques, selon sa relation personnelle et intime avec D.ieu.

Chaque année, le Chabbat qui précède Tichea beAv, nous est montrée une vision de notre monde comme d’une résidence divine, un lieu où toutes les créatures de D.ieu jouiront de Sa présence. Mais c’est aussi la vision du « costume » divin, de la relation personnelle avec D.ieu qui convient spécifiquement à notre caractère individuel et à nos aspirations particulières, une relation dont chacun d’entre nous bénéficiera quand le Troisième Temple descendra sur terre.

 

"HABAD

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 17:43

 

 

Le paradoxe de la souffrance
Le mal peut-il être source de bien ?

Voici la terre qui vous reviendra en héritage, la terre de Canaan selon ses frontières. Votre frontière sud commencera au désert de Tsin le long d’Edom… la frontière ouest sera la mer Méditerranée... cela sera votre frontière nord : depuis la mer Méditerranée vous tournerez au mont Hor... vous tracerez pour vous comme frontière de l’est depuis ‘Hatsar-enan jusqu’à Chefam... cela sera la Terre pour vous, selon ses frontières tout autour.

Nombres 34, 2-12 

Judah est allée en exil, accablée par la misère et une dure servitude ; elle demeure parmi les nations, sans trouver de repos. Tous ses persécuteurs l'ont atteinte dans une étroite détresse [bein hamétsarim].

Lamentations [Eikha] 1, 3

À un moment ou à un autre, nous sommes tous amenés à affronter un événement qui nous paraît si terrible que nous en sommes menacés et psychologiquement. La perte d’un être aimé, à D.ieu ne plaise. Un emploi que l’on croyait stable est perdu. La santé se détériore soudain. Même le plus optimiste admettra que la vie peut être une montagne russe, un moment nous élevant aux plus hauts sommets, le suivant nous plongeant dans l’abime. Comment considérer les difficultés de nos vies, lorsque tout paraît obscur et que nous n’arrivons pas à voir au-delà des limites de notre propre douleur ?

À l’opposé de notre perception de ces moments d’épreuve, la Torah nous dit que « rien de mal ne descend d’En Haut ».1 Cette déclaration de nos Sages implique que tout ce qui arrive est intrinsèquement bon, car cela vient de D.ieu qui est l’essence du Bien. Mais comment concilier la vérité de la Torah avec la réalité que nous percevons ? L’argument selon lequel nous sommes finis et ne pouvons de ce fait apprécier une réalité qui nous dépasse pourrait satisfaire certains, mais un sceptique exigera une preuve empirique de la curieuse notion selon laquelle la douleur est égale à la joie. De plus, même en supposant que du bien peut être découvert au sein de la difficulté, si D.ieu désire réellement nous donner du bien, pourquoi doit-Il envoyer ses « bénédictions » dans de si étranges véhicules ? Pourquoi ne nous envoie-t-Il pas simplement des bénédictions claires et évidentes, sans que l’on ait besoin d’éprouver de douleur ou de détresse ? 

Les moments de souffrance

La Paracha de cette semaine, Massei, se lit toujours durant la période connue sous le nom de « bein hamétsarim »,2 les trois semaines qui séparent le jeûne du 17 Tamouz de celui du 9 Av. Ces deux dates sont connues comme les plus tristes du calendrier juif. En effet, les événements survenus en ces jours ont tragiquement altéré le cours de l’histoire, leur conséquence la plus notoire étant notre actuel galout (exil).3 Le 17 Tamouz est le jour où le service du Premier Temple fut interrompu et où les murs du Second Temple subirent les premières brèches.4 Le 9 Av est le jour lors duquel les deux Temples furent détruits.5 Les Trois semaines sont donc une période de deuil : Il nous y est interdit de célébrer des mariages, d’écouter de la musique, d’acheter des habits neufs, et de faire toute chose qui déclenche une grande joie.

Dans la Torah, il n’y a pas de coïncidences. C’est pourquoi le fait queMassei soit toujours lue durant les « Trois Semaines » indique que la paracha et la période ont un message commun.6 Toutefois, i l semblerait à première vue que ce soit tout le contraire : la paracha Massei contient les dernières instructions de D.ieu au Peuple Juif avant son entrée en Erets Israël, y compris la description des frontières exactes du pays alors que, à l’inverse, les événements des Trois Semaines causèrent l’exil du peuple de cette même terre !

Pour pouvoir résoudre cette apparente contradiction, nous devons au préalable examiner la dimension profonde de ces éléments : la Terre d’Israël et l’exil.

Ce n’est pas par hasard si, de toutes les terres du monde, seule la Terre d’Israël a reçu le titre de « Terre Sainte ». Selon les mots de la Torah, c’est « La terre sur laquelle veille l’Éternel ton D.ieu, qui est constamment sous le regard de D.ieu du début de l’année à la fin de l’année. »7 Lorsque nous sommes dans un état de liberté spirituelle, comme c’était le cas durant les 830 ans pendant lesquels se tinrent le premier puis le second Temples, c’est la terre où les bénédictions de D.ieu peuvent être perçues comme telles, sans être voilées par la nature, et où notre subsistance est reconnue comme émanant directement de D.ieu. C’est en effet le seul pays dans lequel la révélation divine avait lieu de façon régulière, à travers les dix miracles qui survenaient quotidiennement dans le Temple.8  C’est pourquoi, en termes spirituels, Erets Israël représente la Divinité telle qu’elle est clairement manifeste dans la création.

Dans les autres pays, cependant, D.ieu a choisi de cacher Sa présence sous le vêtement de la nature. En conséquence, nous associons notre subsistance avec le travail de nos propres mains et non avec les bénédictions divines. C’est là l’essence même de l’état d’exil. « Nous ne voyons plus Tes merveilles »9 se lamente le Juif exilé. En réalité, rien n’a changé, le monde est toujours contrôlé par le divin Créateur de l’humanité, c’est seulement notre perception qui a été modifiée.

Bien qu’Erets Israël et l’exil soient des états diamétralement opposés, c’est précisément la Terre d’Israël – ou plus précisément ses frontières – qui donnent à l’exil la possibilité d’exister. Tout comme au sens matériel, les frontières mentionnées dans la paracha délimitent le territoire d’Erets Israël et permettent donc l’existence « d’autres terres »,10 il en va de même dans le domaine spirituel : le fait que la Divinité ne soit révélée que dans un « espace » limité signifie que tous les autres espaces restent « vides » de cette révélation.11 Ainsi, les frontières d’Erets Israël, c’est-à-dire les limites données à la révélation divine, créent « l’espace » dans lequel le galout – un temps dans lequel la révélation divine est voilée – peut exister. En d’autres termes, le fait que la Divinité soit masquée vient du fait que Samanifestation est limitée. Ainsi, la possibilité de l’exil, le temps où la Divinité est obscurcie (le thème des Trois Semaines) est le résultat direct des limites placées sur la « Terre d’Israël » (le thème de Massei).

Cette explication éclaire le lien entre la Paracha Massei et « bein hamétsarim » d’une lumière quelque peu négative : le fait que les limites d’Erets Israël permettent des tragédies comme celles qui se produisirent le 17 Tamouz et le 9 Av. Néanmoins, une analyse un peu plus profonde nous ouvre une perspective complètement différente. 

Des moments d’épanouissement

Bien qu’en surface le galout apparaisse seulement comme une punition terrible pour nos fautes, à un niveau plus profond, c’est tout le contraire : l’épreuve de l’exil est ce qui révèle les forces les plus puissantes de notre âme.

Pendant environ 2000 ans, nous avons souffert aux mains d’étrangers. Nous avons été torturés, asservis et bannis. Et pourtant, malgré tous les régimes qui nous ont opprimés à différentes époques et en différents lieux, une donnée est restée constante : notre foi immuable en D.ieu, en Sa Torah et en la Rédemption ultime. Rien de ce que le peuple Juif qui vécut durant « l’âge d’or » de Jérusalem aurait pu faire, ne pouvait exprimer un tel engagement de l’âme. C’est nous, qui vivons dans l’obscurité de l’exil, qui avons reçu le défi d’exploiter les ressources les plus puissantes et les plus profondes de notre âme, notre être essentiel où « Israël et D.ieu sont complètement unis ». Comme l’écrit le Psalmiste : « Du tréfonds de la détresse, j’ai appelé D.ieu ; avec abondance D.ieu m’a répondu. »12 Par la détresse, nous parvenons à atteindre notre essence infinie, l’étincelle de D.ieu qui est notre âme. C’est là le véritable but de l’exil : nous permettre d’accéder à nos aptitudes infinies et de les exprimer.13

Il en va de même pour les frontières de la Terre d’Israël. Bien qu’elles représentent les limites de la manifestation de D.ieu dans le monde, c’est précisément ce voilement qui réveille le véritable potentiel de l’âme.

C’est là la leçon que nous pouvons tirer de la Paracha Massei et de la période de « bein hamétsarim ». Nous ne devons pas envisager les difficultés comme une expérience totalement négative, mais comme le plus grand facteur de développement, car elles nous obligent à puiser au plus profond de nous le trésor de ressources qui s’y trouve enfoui.

Et bien ces situations échappent souvent à notre contrôle, l’attitude avec laquelle nous les abordons est, elle, entre nos mains. Nous avons l’aptitude d’accepter ces défis comme ce qu’ils sont : des occasions de grandir et de nous développer. Et bien qu’il soit possible que nous ne comprenions jamais pourquoi certaines choses arrivent, celles-ci peuvent – et donc doivent – faire de nous des personnes meilleures.

Basé sur un discours du Rabbi, Motsaé Chabbat Parachat Matot Massei 5739 (1979)

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 17:41

 

 

 

 

Les étapes de la vie
Libérez-vous !

Il fallut 42 étapes pour que les Juifs passent d’Égypte en Israël, sur une période qui dura 40 ans. Chaque étape du voyage était exclusivement déterminée par décret divin : la nuée qui planait sur le campement juif commençait à se déplacer. Le camp tout entier empaquetait alors ses affaires et se mettait en route, suivant le pilier de nuée le jour et la colonne de feu la nuit. Quand la nuée s’arrêtait, ils s’arrêtaient et quand elle se mettait en marche, ils la suivaient. C’est ce qui se passa pendant les 42 étapes et départs qui les conduisirent vers Israël.

La Torah déclare : « Voici les étapes (massei) des Enfants d’Israël qui quittèrent la terre d’Égypte... » (Nombres 33, 1). On peut se poser la question de savoir pourquoi le verset déclare « Voici les étapes » à la forme plurielle : ils ne sortirent pas d’Égypte à chacune des 42 étapes. Il est sûr qu’après la première halte du voyage, une fois qu’ils furent arrivés à Ramsès, ils n’allaient plus quitter l’Égypte mais Ramsès, et ainsi de suite. Après ce premier arrêt, les 41 suivants ne se faisaient-ils pas dans la direction d’Israël plutôt que par rapport à la sortie d’Égypte ? La réponse simple que l’on peut avancer est que tant qu’une personne n’arrive pas à son but ultime, Israël (au sens spirituel tout comme au sens matériel), elle est toujours dans le processus de quitter l’Égypte.

Toutefois, le verset possède une signification encore plus profonde : il se réfère aux voyages de la vie de chaque individu. Plus encore, la vie de toute personne peut être analysée à travers le prisme de ces 42 voyages des Juifs depuis l’Égypte vers Israël. En d’autres termes, il est possible d’identifier le voyage à travers la vie de chaque individu des 42 étapes du voyage décrit dans la Torah.

Le mot « Égypte », en hébreu Mitsrayim, est également dérivé du mot qui signifie « limites » ou « contraintes ». En hébreu, métsar veut dire « détresse ». Cela vient du mot tsar, « étroit ».

Chacun et chacune est confronté dans sa vie à des situations que la Torah qualifie de limitées et d’étroites. Ce sont des circonstances où la personne sent que quelque chose l’empêche de se comporter de manière adéquate. Pour sortir de cet espace restreint, il lui faut déployer une certaine énergie. Et quand elle réussit à échapper à ce confinement, c’est comme si elle avait quitté ce lieu pour un espace grand ouvert. Quand vous vous libérez d’un problème, vous poussez un soupir de soulagement : « Je suis sorti de cette passe difficile ! »

Le verset signifie donc que la vie du Juif, qui commence à sa naissance, consiste en une succession de passes difficiles suivies de soulagement et de développement. Cela veut dire qu’à chaque moment de notre vie, à chaque étape de notre vie, nous rencontrons certains obstacles et certaines épreuves à surmonter. Ce sont les passes difficiles. Bien sûr, ces situations n’ont pas pour but de nous étouffer ou de nous pousser à l’abandon. Au contraire, en surmontant ces difficultés, nous nous renforçons et agrandissons notre conscience de D.ieu.

Cela peut être comparé à une armée. Quand vous commencez l’entraînement de base, on vous fait courir dix kilomètres, porter des fardeaux, passer par des situations difficiles. Pourquoi ? Parce que ce n’est qu’une fois que vous avez surmonté ces difficultés que vous devenez un bon soldat. Si vous ne l’aviez pas fait, il ne vous serait jamais venu à l’idée que vous étiez capable de le faire. Quand vous surmontez des difficultés, vous construisez votre force. Tout comme cela est vrai de situations physiques, cela l’est également dans le domaine spirituel.

Dans ce contexte, « l’Égypte » ne désigne pas un territoire, un pays nommé Égypte ; cela se réfère aux étapes d’étroitesse et de développement par lesquelles nous passons tous dans notre voyage vers la perfection spirituelle, représentée par la Terre d’Israël.

Telle est la vie. Ce qui peut être difficile à l’âge de cinq ans est une plaisanterie à dix ans, et ce qui est difficile à dix ans est une plaisanterie à vingt ans. La personne qui vient de se marier se débat dans sa première année de mariage pour s’habituer à sa nouvelle vie. C’est difficile. Mais quand des gens sont mariés depuis 25 ans et marient leurs propres enfants, ils affrontent des problèmes et des difficultés d’un tout autre ordre. Et puis viennent les soucis liés à l’âge plus avancé et au fait d’être grands-parents. Chaque étape de la vie a ses propres caractéristiques. D.ieu nous place constamment dans de nouvelles situations, et nous devons les affronter et grandir à travers elles. Et puis nous passons à une autre étape et à une autre encore et ainsi de suite. C’est une succession de situations d’étroitesse.

Quand cela finit-il ? À la fin de la vie. En d’autres termes, le commencement est l’Égypte, la naissance, et l’arrivée en Israël à l’issue de la quarante-deuxième étape a lieu quand la personne achève son voyage dans ce monde et parvient à la terre du Monde Futur. Jusqu’alors, la vie de l’homme est une série d’étapes, chacune étant étroite par rapport à celle qui la suit, et les épreuves changent et se compliquent à mesure que vous les traversez. Ceci à un niveau individuel.

Tout ceci se passe également chaque jour. Il y a en cela, bien sûr, différents niveaux. La nation connaît ses propres étapes, et l’individu les siennes. Chaque jour, l’être humain traverse ces étapes depuis le moment où il se lève jusqu’à ce qu’il se couche le soir.

Le fait d’être perpétuellement en voyage peut susciter deux réactions : la première rend la personne très arrogante au point qu’elle puisse dire « Regardez le chemin que j’ai parcouru. Je me rappelle à quel niveau j’étais il y a des années, et maintenant que je me suis battu et que j’ai travaillé dur, je me suis hissé à un niveau bien supérieur. » À cette personne, la Torah répond, « Ne sois pas si arrogante. Il est possible que tu aies traversé vingt-deux étapes. C’est magnifique, mais il t’en reste encore vingt. Tant que tu seras en vie, tu ne pourras pas te satisfaire du nombre d’étapes qui tu as traversées. »

Et puis, il y a la personne qui déprime. Elle dit, « Mon D.ieu, c’est terrible. Je suis encore à un niveau si bas. Comment pourrais-je jamais arriver au niveau de cette autre personne ? Regarde-la. Elle a tellement mieux réussi que moi. A quoi bon même essayer ? » Pour cette personne, il y a aussi un mot d’encouragement. Selon qui vous êtes et la façon dont vous abordez la vie, la Torah a un message pour vous. Ce qu’elle répond à cette personne, c’est : « Ne désespère pas, parce que D.ieu n’a jamais attendu que quelqu’un passe de l’Égypte à Israël d’un seul coup. Dès le début, la Torah nous prévient que notre voyage se fera en 42 courtes étapes. Personne ne devrait jamais désespérer, parce que tant que l’on s’efforce d’avancer, tant que l’on n’abandonne pas et que l’on ne s’arrête pas de courir, on reste dans la course. D.ieu est Celui qui peut lire le cœur de chacun. Il est Celui qui donne les points. Vous ne pouvez jamais vous comparer à qui que ce soit d’autre parce que vous ne savez pas d’où l’autre est parti et quels sont ses handicaps. La chose importante est de savoir qu’il faut continuer à avancer. Avancer d’une étape à l’autre et laisser D.ieu faire les évaluations. »

À celui qui dit avec désespoir : « Regardez tout le chemin qu’il me reste à parcourir », la Torah répond : « Ne renonce pas. Regarde toute la distance que tu as déjà parcourue. Encore un peu, encore un petit effort et tu atteindras la prochaine étape. N’entreprends pas tout le voyage en une seule fois. Avance pas à pas, étape par étape. Fixe-toi comme but la prochaine halte. »

Viendra un temps où nous parviendrons tous en Erets Israël. Chacun de nous vivra sa rédemption personnelle et le peuple juif dans son ensemble atteindra aussi la rédemption. Puisse cela avoir rapidement, de nos jours !

 

'Habad

 
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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 17:40

 

 

 

Le Moïse intérieur
- Livrer bataille contre Midian

Parmi les nombreuses batailles décrites dans la Torah, on trouve la guerre que les Israélites livrèrent contre le peuple de Midian. Au chapitre 31 du livre des Nombres, nous lisons comment D.ieu dit à Moïse qu’il devait attaquer les Midianites. La Torah relate ensuite de quelle façon Moïse rassembla des hommes pour former une armée et donne de nombreux détails sur la bataille elle-même et ses conséquences.

Il y a deux manières de considérer tout cela.

La première est le fait historique. Pour survivre, le peuple juif dut combattre un certain nombre de puissances. Les Midianites cherchaient la destruction des Juifs, il fallait donc entreprendre une action à leur encontre. La Torah nous relate cela parce que, de différentes manières et à différentes époques, nous sommes confrontés à de telles situations et devons savoir réagir de la même façon. Parfois ce sont des guerres militaires, parfois culturelles.

La seconde approche est de comprendre la signification de cet événement sur le plan intérieur. Les nations hostiles que le peuple juif rencontre dans les récits de la Bible représentent des forces négatives qui s’expriment à l’intérieur de soi. Dès lors, les batailles récurrentes du peuple juif représentent le combat permanent de la personne contre ses propres traits négatifs.

Midian, nous disent les Sages, est lié au terme madon, qui signifie « querelle ». Ce trait s’exprime dans l’antipathie et l’hostilité que l’on projette envers autrui. C’est lorsque l’on ressent que l’autre empiète sur son territoire. Son existence même devient irritante. C’est l’expression de la « haine gratuite » et infondée, dont le Talmud dit qu’elle fut la cause de la destruction du Temple. Rabbi Chalom Dovber, le cinquième Rabbi de Loubavitch (1860-1920) décrit la bataille contre Midian comme la lutte intérieure que chacun doit mener contre son propre égoïsme et rejet des autres.1

Un point essentiel de cette bataille est le fait que D.ieu dit à Moïse qu’il doit être personnellement impliqué dans celle-ci. Chacun d’entre nous possède la qualité de « Moïse » à l’intérieur de soi. Ce Moïse intérieur représente la faculté d’abnégation : l’exact opposé de l’égoïsme et de l’égocentrisme qui nous pousse à rejeter les autres.

Chacun d’entre nous recèle au fond de soi le potentiel de se dépasser. Celui-ci se révèle à travers des actes héroïques ou d’intense dévouement. Un groupe de personnes qui passent la nuit à organiser un événement caritatif. Un individu qui se dévoue corps et âme pour aider une personne âgée – il y a d’innombrables manières à travers lesquelles la pureté de notre « Moïse » intérieur peut s’exprimer dans nos vies.

Le Moïse intérieur nous aide à casser la force du Midian intérieur. Au lieu de ne pas supporter et de mépriser les autres, nous les acceptons, et en arrivons même à les aimer comme le commande la Torah « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».2 La bataille contre Midian décrite dans la Torah est donc une lutte décisive qui se poursuit de nos jours.

 

'Habad

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 17:36

 

 

 

La véritable force
Fermeté ou fermeture ?

Problématique d'approche

Les traits de caractère de force et de fermeté évoquent une réponse mitigée. D’une part, tout le monde admire une personne droite et respecte l’individu qui a le courage de persévérer dans ses convictions malgré les épreuves. Et pourtant, une personne forte peut également être considérée comme rigide et insensible, s’agrippant avec entêtement à ses propres vues sans prendre les autres en considération. Donnant des conseils contre cette tendance, nos Sages commentent : « L’homme devrait toujours être souple comme le roseau et non rigide comme le cèdre ».

Bien que l’image de la force personnelle que projette parfois la société fasse l’amalgame entre ces deux types de fermetés, celui qui possède du discernement ne doit pas tomber dans la confusion. La dureté de l’insensibilité reflète une inaptitude à répondre aux exigences de la vie. Une force intérieure positive, par contre, permet une réponse active à ces demandes mais une réponse déterminée non par les pressions de l’environnement mais par la profondeur des convictions.

La flexibilité face à une fermeté absolue

Ces concepts se retrouvent dans le nom de la Paracha de cette semaine ;Matot. Le mot au singulier : Maté signifie littéralement « branche ». Ce terme est également utilisé pour évoquer les tribus du Peuple Juif, parce que le chef de chaque tribu se distinguait par sa verge de commandement. Pour des raisons similaires, le mot Chévèt, signifiant littéralement « bâton » est également utilisé pour désigner une tribu.

Quelle différence oppose ces deux termes ? Une branche est souple, flexible alors qu’un bâton est ferme et ne plie pas. Car une branche est fraîchement cueillie ou toujours rattachée à l’arbre sur lequel elle a grandi. C’est ce qui explique sa souplesse. Par contre, un bâton a été détaché de l’arbre depuis longtemps et au fil du temps, il est devenu sec, dur et ferme.

Ces deux termes servent comme analogies pour exprimer différents niveaux dans le potentiel de notre âme. Le terme de Maté, « branche » se réfère à l’âme comme elle existe dans les royaumes spirituels où sa connexion avec la Divinité est manifeste. Elle partage un lien actif avec la nourriture vitale et spirituelle qu’elle reçoit. Chévèt, « bâton », se réfère par contre à l’âme comme elle existe dans notre monde matériel, habillée dans un corps physique. Au niveau de la conscience, elle a été coupée de sa source spirituelle et son lien avec la Divinité n’est plus ressenti.

Dans cette perspective, il est possible pour les deux de représenter des types de force et de dureté soit positifs soit négatifs. Il peut exister une tendance à l’insensibilité spirituelle, un manque de réponse à la Divinité investie dans la création. Par ailleurs, c’est également dans notre monde matériel que la force de la résolution de l’homme peut se révéler. Car pour observer la Torah et ses Mitsvot malgré les difficultés de notre environnement, il faut une persévérance résolue qui jaillit d’une conscience intérieure de la vérité de notre mission.

Bien plus encore, quand une personne prend un tel engagement, il lui est accordé plus de force que celle qu’elle possède réellement ; l’essence de la force de son âme se révèle à travers ses efforts. Cela reflète une source spirituelle plus profonde que le niveau de l’âme révélée dans les mondes spirituels. Car dans les royaumes spirituels, les forces de perception de l’âme sont de première importance. L’essence, le cœur même de l’âme, néanmoins, transcende toute perception car c’est une « partie réelle de D.ieu » un potentiel spirituel qui ne peut être contenu même dans une existence spirituelle parfaite. C’est ce potentiel essentiel qui fournit les ressources de forces puissantes à l’âme revêtue dans le corps, lui permettant de persévérer dans son service Divin.

Cela renvoie à la qualité unique de notre monde, « le jardin » dans lequel poussent les arbres dont sont coupées ces branches. Bien que les circonstances matérielles aient pour effet que l’âme se sente séparée de sa source, ce défi suscite l’expression de nos potentiels spirituels les plus profonds. Cela nous donne en retour la force d’un roi, l’aptitude à maîtriser notre environnement et à le modeler selon les désirs de la Torah.

L’expression de la force

Le concept de la force renvoie également au contenu de la Paracha qui commence avec les lois concernant les vœux. Ici, nous voyons la force que possède chaque Juif. Chaque membre de notre communauté, même un jeune qui n’a pas encore atteint l’âge de la majorité religieuse, a la possibilité d’imprégner les entités de notre monde matériel avec de la sainteté, celle des sacrifices qui étaient offerts dans le Beth hamikdach.

Et ces lois ne s’appliquaient pas seulement à l’époque du Beth Hamikdach mais elles sont toujours d’actualité dans notre exil présent.

La lecture de cette semaine se poursuit décrivant la guerre contre Midian, qui, comme l’explique la ‘Hassidout, sert d’analogie pour les efforts que nous entreprenons pour annuler les forces des querelles et des discordes. En disséminant un amour illimité, nous avons la force d’effacer ces situations, tout comme la guerre de Midian causa l’annulation totale de cette nation.

Un message double

La Paracha Matot est souvent lue avec la Paracha Massé. Il s’agit de la description des voyages du Peuple Juif à travers le désert, métaphore du voyage des âmes depuis le royaume spirituel jusqu’à notre monde matériel.

Et cette Paracha met particulièrement l’accent sur les deux dimensions que reflète la dureté de Massé. La dimension négative du manque d’une relation à son essence divine est impliquée par le nom « voyages » car la descente de l’âme dans ce monde matériel est véritablement radicale.

La dimension positive de la puissante manifestation de l’essence de l’âme est également révélée par son nom Massé. Car c’est par cette descente dans le monde matériel que l’âme acquiert le potentiel d’une future ascension, inégalée. En effet, le lien entre l’essence de l’âme et l’essence de D.ieu obtenu dans ce monde hisse l’âme à un niveau bien plus élevé que celui où elle résidait précédemment.

Bien plus encore, quand la Paracha Matot est lue avec la Paracha Massé, le Chabbat est alors appelé « Chabbat du renforcement », à cause de la coutume qui consiste à dire « ‘Hazak, ‘Hazak, Venit’hazèk » (sois fort, sois fort, et que tu sois renforcé), à la conclusion de la lecture de la Torah. Cela joint la force de la Paracha Matot avec celle qu’a obtenue le Peuple juif par l’achèvement de l’un des livres du ‘Houmach.

La force en exil, la force ultime par la Rédemption

La Paracha Matot est toujours lue durant la période de Bein Hamétsarim, les trois semaines entre le jeûne du 17 Tamouz et celui du 9 Av, associées à la destruction de Jérusalem et du Beth Hamikdach. Cela rappelle les caractéristiques négatives de la rigidité du bâton, la rupture sévère d’avec la source de vitalité.

Cependant, cette période est également liée à l’espoir de notre Peuple pour la Rédemption. En fait, le 9 Av, l’anniversaire de la destruction du Beth Hamikdach est décrit comme « le jour anniversaire de Machia’h », un jour qui crée un nouvel élan dans la venue de la Rédemption. C’est là que réside le lien avec les qualités positives de fermeté que possède le bâton, tout d’abord parce qu’à l’Ère de la Rédemption, notre peuple récoltera les fruits de sa ferme résolution à avoir accompli la volonté de D.ieu envers et contre tous les défis de l’exil et enfin parce que c’est dans l’Ère de la Rédemption que l’essence de D.ieu, l’ultime source de force, se manifestera dans notre monde, Sa résidence.

 

'HABAD

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 18:07
L’extrémiste
Nous le détestons, mais... il nous fascine

C’est celui que nous aimons détester. Et que nous détestons aimer.

L’extrémiste est celui à propos duquel nous disons des choses comme « J’aurais souhaité avoir le courage de faire une chose pareille » (si la position qui est portée à l’extrême est la nôtre) ou « cela montre jusqu’où ce genre de choses peuvent mener » (si ce n’est pas notre tasse de thé). Nous disons aussi des choses du style « Je suis tout à fait contre ce genre de choses, mais… », ou bien « Il faut bien que quelqu’un le fasse, mais… »

Nous nous disons « Quand on croit à quelque chose, il faut aller jusqu’au bout… » Mais, nous disons aussi « Il faut qu’il y ait des limites, une mesure, à chaque chose. Autrement, on fait plus de mal que de bien. »

L’extrémiste nous met mal à l’aise parce qu’il fait de nous de parfaits hypocrites : si nous agissions tous selon nos idéaux, alors nous serions tous des extrémistes... Mais l’extrémiste nous tranquillise aussi : « Au moins, il y a quelqu’un qui le fait », nous disons-nous. Il nous remet en question sur nos convictions les plus profondes : « Je pense qu’il fait ce qu’il faut faire. Mais alors pourquoi est-ce que je trouve ses actions détestables ? » et « Je désapprouve totalement ce qu’il fait, alors pourquoi est-ce que je l’admire tellement ? »

L’extrémiste nous fait peur, car il dit : « Il y a moi et il y a mon D.ieu. Et rien d’autre. » « Rien d’autre ?! » crions-nous. « D.ieu n’a-t-Il pas créé un monde entier, aussi ? »

Cependant, nous avons un besoin aigu de l’extrémiste. Nous avons besoin de vérité dans nos vies. Pour que quelque chose soit vrai, ne faut-il pas que quelqu’un, quelque part, l’ait porté à son ultime aboutissement ?

Le maître ‘hassidique Rabbi Mendel de Kotzk posa un jour la question suivante : la fin du livre des Nombres consiste en cinq sections (parachiot) : ’Houkat, Balak, Pin’has, Matot et Massei’Houkat etBalak sont parfois lues ensemble le même Chabbat. Ainsi en est-il deMatot et Massei. Mais la paracha de Pin’has, qui se trouve au milieu de ce groupe de cinq, est toujours lue seule. Pourquoi ?

Et le Rabbi de Kotzk de répondre : Pin’has était un extrémiste. Un extrémiste est toujours à part.

 

'HABAD

 
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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 18:05
Le combat des femmes
Les filles de Tsélaf’had

On ne sait pas grand-chose de la vie de Ma’hlah, Noah, ‘Haglah, Milkah et Tirtsah. Mais à un moment crucial de l’histoire du peuple d’Israël, ces cinq sœurs, filles de Tsélaf’had, fils de ‘Hefer, influencèrent profondément l’approche juive du monde.

Tsélaf’had appartenait à la génération, née dans l’esclavage égyptien, libérée par l’exode et à laquelle avait été promise en héritage la terre de Canaan. Bien que cette génération ne méritât pas elle-même de prendre possession de la terre, quand ses enfants traversèrent la rivière du Jourdain pour la conquérir, c’est en qualité d’héritiers de leurs pères qu’ils le firent. Chaque famille reçut sa part de terre, partagée proportionnellement entre les six cent mille membres de la génération du désert.

Tsélaf’had avait cinq filles mais pas de fils. Les lois de l’héritage, comme elles étaient initialement données dans la Torah qui ne reconnaissait que les héritiers mâles, ne permettaient pas d’attribuer sa part à ses descendantes. Ma’hlah, Noah, ‘Haglah, Milkah et Tirtsah refusèrent d’accepter ce fait et adressèrent à Moïse une pétition : « Pourquoi le nom de notre père serait-il éliminé de sa famille, sous prétexte qu’il n’a pas de fils ? Attribue-nous un état parmi (les héritiers des) frères de notre père ».

Moïse présenta leur requête à D.ieu qui répondit : « Les filles de Tsélaf’had parlent justement. Donne-leur… la part de leur père ». Et D.ieu instruisit Moïse d’inclure la clause suivante dans les lois de l’héritage : « si un homme meurt et n’a pas de fils, tu transmettras sa part à sa fille ».

Deux générations

L’exode et la conquête de la terre sont les deux événements qui encadrent les quarante années durant lesquelles nous fûmes forgés comme le peuple représentant les deux approches fondamentales de la vie.

« Sortir d’Egypte » représente la libération de l’âme de tout ce qui limite et inhibe sa véritable essence et son désir réel.

« Conquérir et s’installer en terre de Canaan » signifie conquérir le monde matériel et le développer pour en faire une « Résidence pour D.ieu », un environnement réceptif à la bonté et la perfection de son Créateur et qui exprime ces qualités.

La génération du désert réussit dans la première de ces entreprises mais échoua dans la seconde. Ils s’extirpèrent de la culture païenne et de la mentalité d’esclaves dans lesquelles ils étaient immergés, raffinant leur âme au point de mériter recevoir la Vérité des Vérités, directement de D.ieu, au Sinaï. Mais ils repoussèrent la tâche de « conquérir et s’installer dans le pays », refusant d’abandonner leur héritage spirituel dans le désert pour agripper la matérialité du monde, de se consacrer au travail nécessaire pour transformer « la terre de Canaan » en « Terre sainte ». Il fut donc décrété qu’ils finiraient leur vie dans le désert, laissant à leurs enfants la tâche de s’installer sur la terre à leur place.

Au niveau individuel, chacun d’entre nous est confronté à ces deux tâches, au cours de notre vie : l’entreprise de libérer et de concrétiser le potentiel spirituel de notre âme et le défi de faire de notre environnement et de notre vie matérielle un lieu saint et divin. Nous devons tous lutter pour faire la transition entre une enfance et une jeunesse consacrées au développement et au perfectionnement de notre personne et une vie adulte où nous allons nous impliquer, de façon productive, dans le monde extérieur.

Une conquête différente

Mais les gens sont tous différents les uns des autres. Selon les mots du Talmud : « Tout comme leurs visages sont différents, leurs caractères sont différents ». Il existe des caractères audacieux et des caractères soumis, des natures agressives et des dispositions passives. Certains sont prêts à relever tous les défis, d’autres évitent toutes les confrontations orageuses et sont dépourvus d’instinct combatif.

C’est là que réside le sens profond des lois de l’héritage comme elles furent ordonnées par D.ieu, en réponse à la pétition des filles de Tsélaf’had.

« Si un homme... n’a pas de fils » : si une personne reconnaît dans son moi intérieur un manque d’agressivité ou de combativité « viriles », elle pourrait en déduire qu’elle n’a pas de rôle à jouer dans « la conquête de la terre ». Une telle personne peut être encline à consacrer toute son énergie à se raffiner elle-même et à laisser la tâche de sanctifier un monde impur à ceux qui ont « des fils ».

La Torah stipule alors : la conquête et l’installation sur la terre ne sont pas des tâches exclusivement masculines. Chacune des âmes d’Israël possède une « part de la terre », un coin du monde matériel qu’elle a la force et la mission de posséder, de civiliser et de sanctifier. Il est de fait que c’est une tâche qui demande souvent de l’agressivité et la confrontation ; mais il existe aussi une approche « féminine » pour transformer la matérialité de notre vie et en faire une « Terre Sainte ».

« Si un homme… n’a pas de fils, tu transmettras sa part à sa fille ». Le fait même que, par nature, une personne soit dénuée de l’agressivité du « combattant masculin » indique qu’elle a été dotée de l’aptitude à transformer son entourage par le biais de « sa fille », utilisant l’aspect doux, compatissant et pacifique de son âme.

C’est là la loi révélée par les filles de Tsélaf’had : toutes les conquêtes ne trouvent pas le succès en dominant son adversaire. Parfois, la réceptivité et l’empathie sont bien plus efficaces pour surmonter l’hostilité de « l’ennemi » et transformer sa nature elle-même. L’absence d’ « héritier masculin » dans l’âme peut en réalité indiquer la présence d’un moi « féminin » tout aussi capable de réclamer la part de son âme dans le monde et de la transformer en Résidence pour D.ieu.

 

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 18:03
Rêver de merveilles
La nature de l'engagement

La Paracha de cette semaine relate l’épisode tragique de l’acte vengeur de Pin’has. C’est avec zèle qu’il rétablit le calme dans le camp d’Israël en éliminant Zimri et la Midianite. Nos sages affirment que, pour l’aider à accomplir cet acte héroïque, D.ieu produisit de nombreux miracles : six ou douze selon les avis.

C’est dans cet esprit qu’il est enseigné dans le Talmud :

« Celui qui voit le personnage de Pin’has dans son rêve doit s’attendre à la réalisation d’une merveille. »

Il est intéressant de remarquer que nos sages utilisent le terme de « merveille » et non celui – plus courant – de « miracle ». Pourtant, ces deux mots ne paraissent pas être des synonymes :

Un miracle implique que les lois de la nature soient brisées et dépassées. La structure habituelle du monde est alors changée pour que le miracle se produise. Cependant, le fait qu’il faille – pour procéder du miracle – briser quelque peu la nature signifie que celle-ci a son importance et qu’elle existe et persiste du fait de sa stabilité.

Une merveille traduit, quant à elle, une démarche où l’on se place totalement au-dessus des limites naturelles. À ce stade, la nature n’est pas brisée ; elle est simplement ignorée.

En effet, c’est bien ce qui se produisit pour Pin’has : les miracles qui s’enchaînèrent ne constituent pas seulement une succession d’événements surnaturels qui – pour chacun d’eux – devaient surmonter les contraintes physiques ; ce que Pin’has a vécu doit plutôt être considéré comme un seul et unique moment où la nature n’avait pas sa place.

Or, si D.ieu procède de cette manière avec Pin’has c’est précisément parce que cet homme avait ce type de démarche dans le service de D.ieu. Le « miracle » et la « merveille » existent en effet dans la dimension du service de D.ieu. Les deux représentent un engagement de sacrifice personnel et d’abnégation. Néanmoins, ils constituent deux niveaux distincts de cette démarche :

  • Celui qui vit encore dans l’esprit inférieur – celui du miracle – gère son engagement de manière tout à fait naturelle. Ce n’est qu’au moment où, exceptionnellement, il rencontrera des difficultés qu’il fera appel à la dimension du miracle et fera abstraction du monde physique.
     
  • Dans la démarche suprême – la merveille – la personne est totalement au-delà des contraintes et des limites de ce monde. Son engagement transcende complètement, et en permanence, l’existence.    

Pin’has incarnait ce degré supérieur. Toute son existence n’était que l’expression d’un engagement absolu et c’est ce qui le mena à mettre sa vie en danger pour le bien de la communauté même si ce sacrifice n’était pas requis par la loi. Il ne douta pas et il agit avec zèle.

Ceci constitue une leçon éternelle pour chacun de nous : Chaque Juif doit s’efforcer d’atteindre ce degré d’engagement. Nous devons persévérer dans l’application des Mitsvot et la propagation de la Torah dans un esprit d’engagement désintéressé, et ignorer tous les obstacles pour nous consacrer à D.ieu de tout notre cœur. Alors, D.ieu – à Son tour – nous aidera à mettre en œuvre nos projets dans un contexte merveilleux jusqu’à réaliser notre vœu le plus cher : la Guéoulah, la délivrance messianique.

Adapté de Likoutei Si’hot vol. 33

 

'HABAD

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