Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 17:25
Les ânes et le discernement
 - Qui a la meilleure perception ?

Dans l’un des plus fascinants récits de la Torah, le prophète Bilaam tente d’obtenir de D.ieu qu’Il accède à son désir de maudire le peuple juif, ce qui lui causerait quelque mal qui l’affaiblirait ou le détruirait. Balak, le roi de Moab, lui avait offert de grandes récompenses s’il affaiblissait le peuple d’Israël, de sorte qu’il puisse être évincé de la région.

Bilaam s’engage dans une série de dialogues avec D.ieu, dans lesquels D.ieu lui fait clairement savoir qu’Il ne veut pas qu’Israël soit maudit. Bilaam, cependant, reste persuadé qu’il peut réussir à « vendre » son idée à D.ieu.

C’est alors que l’ânesse de Bilaam, de simple moyen de transport qu’elle était, se transforme en éloquente porte-parole du droit des animaux. À trois reprises, elle voit un ange qui bloque le chemin. À chaque fois, elle se met de côté, ce qui provoque l’ire de Bilaam qui, lui, n’avait pas vu cet ange. Et à chaque fois, Bilaam frappe la pauvre bête. Finalement, selon les mots de la Torah :

L’ânesse de Bilaam se transforme en éloquente porte-parole du droit des animauxD.ieu ouvrit la bouche de l’ânesse et elle dit à Bilaam : « Que t’ai-je fait pour que tu me frappes par trois fois ? »

Bilaam répondit à l’ânesse : « Car tu m’as humilié ; si j’avais une épée dans la main, je te tuerais immédiatement. »

L’ânesse dit à Bilaam : « Ne suis-je pas ton ânesse, que tu as montée depuis tes débuts jusqu’à ce jour ? Avais-je accoutumé d'agir ainsi avec toi ? »

Il dit : « Non. »

D.ieu ouvrit les yeux de Bilaam et il vit l’ange de D.ieu se tenant sur la route, avec une épée tirée dans sa main. Il s’inclina et se prosterna sur sa face.

L’ange de D.ieu lui dit : « Pourquoi as-tu battu ton ânesse ces trois fois ? Voici, je suis venu pour t’empêcher de continuer... »

Le commentateur biblique Rachi, souligne que le fait que l’ânesse puisse voir l’ange n’a rien de remarquable : « L’ânesse vit, mais [Bilaam] ne vit pas, car D.ieu a permis à l’animal de percevoir plus qu’un homme. [L’homme] étant doté d’intelligence, il perdrait la raison s’il voyait l’ange menaçant. »


L’idée exposée par Rachi exprime la leçon essentielle de tout l’épisode de Bilaam.

Il y a une question qui revient souvent : pourquoi D.ieu a-t-Il discuté avec Bilaam, lui disant d’abord qu’Il désapprouvait son voyage, pour ensuite le laisser partir et tenter de maudire Israël et finalement déjouer son complot ? Pourquoi ne l’empêcha-t-Il pas d’agir d’emblée ?

Le Talmud (Makkot 10b) répond à cette question :

Une personne peut suivre le chemin qu’elle désire, comme il est écrit : « D.ieu dit à Bilaam : Tu n’iras pas avec eux », et ensuite : « Si des hommes viennent t’appeler, lève-toi et va avec eux. »

L’essence de l’humanité est le libre arbitre. Le libre arbitre est « l’image de D.ieu » d’après laquelle Adam et Ève furent créés.

Nous pouvons – et cela nous arrive, hélas, souvent – utiliser la toile magnifique de notre vie pour emballer de vieilles têtes de poissonLa Source de Toute Chose a défini des principes absolus de morale et de raison. Mener une vie qui exprime ces principes est la définition du bien. À chaque carrefour de notre existence, cependant, nous sommes entièrement libres de rejeter un tel mode de vie. C’est cette liberté qui confère sens et substance à notre choix lorsque nous « choisissons la vie ».

En de rares occasions, il nous est donné un aperçu de la vérité (comme au Sinaï), à seule fin que nous sachions ce que nous recherchons. Mais le libre arbitre ne peut réellement exister que dans un environnement d’ignorance naturelle qui ne peut être surmontée que par le discernement et l’intelligence. Nous devons vivre dans un monde dans lequel ni l’existence du Créateur, ni celle de la création ne sont des réalités évidentes. Il nous est alors donné d’employer nos capacités d’analyse raisonnée et de discernement pour reconnaître que cette magnifique fresque a bien un Auteur, et que notre présence dans cette fresque signifie que notre existence est d’une nécessité fondamentale à la plénitude du projet de la création.

Bien sûr, il nous est possible de nier la beauté et l’intérêt de cette peinture et demeurer dans l’état d’ignorance dans lequel nous sommes nés. Nous pouvons – et cela nous arrive, hélas, souvent – utiliser la toile magnifique de notre vie pour emballer de vieilles têtes de poisson avant de les jeter aux ordures. Nous pouvons utiliser nos extraordinaires capacités de discernement et d’analyse pour obtenir le superficiel et l’éphémère, tout en nous rendant malheureux les uns les autres de mille et une manières ingénieuses.

Bilaam peut écouter D.ieu ou ne pas l’écouter. Il peut être reconnaissant envers son ânesse ou la rétribuer pour ses bienfaits avec du mal, en la frappant.

Dans le célèbre roman de Mark Twain, « Le prince et le pauvre », on se rappelle que le pauvre utilisait le Sceau Royal que tous cherchaient désespérément comme casse-noix, oublieux de sa véritable valeur en tant que symbole national d’autorité et de loi.

Si nous pouvions voir le processus de la création et la présence de D.ieu dans tout ce qui nous entoure, si nous pouvions voir le flux d’énergie de la Source Infinie dans toute chose, l’amenant à chaque instant à l’existence, nous n’aurions pas le libre arbitre de choisir le bien. Celui-ci serait évident.


« Malakh », le mot hébraïque pour « ange », signifie tout simplement « messager ». Un ange est un véhicule qui apporte une force vitale à une entité et une situation particulières. Tel un « paquet » d’informations sur internet, qui convoie les données du serveur à une certaine adresse IP. Dans un sens métaphorique, l’ange qui barrait le chemin de Bilaam était D.ieu donnant à Bilaam l’information nécessaire pour qu’il puisse avoir l’intuition que ce voyage était une mauvaise idée. L’ânesse voit la réalité et l’accepte comme quelque chose de banal. Mais si nous la percevions, elle court-circuiterait notre intellect et notre libre arbitre et nous forcerait à accepter la réalité de la présence Divine.

Voilà une bonne démarche... pour un âneVoilà pourquoi un animal qui n’a ni libre arbitre ni intelligence abstraite peut tout voir. L’ânesse de Bilaam ne fut pas écrasée par la vision des forces spirituelles qui dirigent toute chose, parce que cela n’entraîna pour elle aucune répercussion sur le plan cognitif. Elle n’a pas besoin – et n’est donc pas dotée – des outils intellectuels grâce auxquels nous avons une certaine appréhension du sens de la réalité.

L’intelligence et le discernement nous sont donnés pour pouvoir percer de nous-mêmes le voile d’ignorance jeté sur l’humanité, si tel est notre choix. Il faut donc que ce voile demeure en place jusqu’à ce que nous l’ôtions au moyen des outils qui nous ont été donnés.

On entend souvent dire : « Si D.ieu m’apparaissait et me disait de le faire, je mènerai une vie en accord avec la Torah. » Voilà une bonne démarche... pour un âne. De plus, comme le montrèrent les événements qui suivirent, le fait que Bilaam ait vu les choses d’après la perspective de l’ânesse ne l’aida en rien : il continua de suivre « le chemin qu’il désirait ».

D.ieu nous a donné quelque chose de bien supérieur à la « vision de l’âne » : le défi de la liberté et le don du discernement.

 

 

'HABAD

Partager cet article
Repost0
25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 17:22
Évoquer ce qui doit être oublié
Le pouvoir de la Torah

Un Sage et sa conduite

Le Talmud relate1 :

Quand Oula arriva [à Babylone, venant d’Erets Israël]… Rava lui demanda : « Où as-tu passé la nuit ? »

[Oula ] lui répondit : « A Kalnebo. »

[Rava] répondit: « N’est-il pas écrit2 : “et tu ne mentionneras pas le nom d’autres divinités” ? »

[Oula] répliqua : « Rabbi Yo’hanan enseigne ce qui suit : “[le nom de] toute fausse divinité rappelé dans la Torah peut être mentionné.” » 

Apparemment, une question se dégage : bien qu’il soit permis de mentionner le nom d’un faux dieu mentionné dans la Torah, il semble néanmoins que ce n’est pas souhaitable. De plus, nos Sages soulignent3l’importance du raffinement dans le langage, notant comment, dans plusieurs passages, la Torah ajoute des mots supplémentaires4 plutôt que d’utiliser le terme taméh (« impur »). Oula aurait certainement pu trouver un autre moyen pour répondre à la question de Rava, sans citer le nom de ce faux dieu. 

La force de la Torah

Cette difficulté peut être résolue en considérant l’explication de l’enseignement de Rabbi Yo’hanan proposée par les Yéreïm5 : « Puisque la Torah mentionne [le nom d’une fausse divinité], celle-ci est annihilée. Pour la même raison que la Torah la mentionne, nous avons le droit de le faire. »

La déclaration des Yéreïm ne peut se comprendre au sens simple et littéral. Car il existe de faux dieux auxquels se réfère la Torah, par exemple Baal Péor, mentionné à la conclusion de la Paracha de cette semaine,6 dont le culte s’est perpétué longtemps après sa mention dans la Torah.7 Il faut donc comprendre que le fait que la Torah cite un faux dieu enlève l’importance de ce dieu aux yeux de la personne étudiant cette partie de la Torah. Les mots de la Torah lui véhiculeront l’impression de la futilité du service des idoles en démontrant que ces divinités ne sont d’aucun bénéfice pour ceux qui les révèrent et que, lorsque les Juifs ont erré et les ont servies, ils en furent sévèrement punis.

Pour aller plus loin, chaque Juif désire observer la Torah et toutes ses Mitsvot,8 et s’éloigner des fausses divinités. Le fait d’étudier la Torah réveille ce désir profond, inspirant le Juif à se dévouer à la Torah et à nier toutes autres formes de culte.

Et « pour la même raison que la Torah mentionne [un faux dieu] nous avons le droit de le faire ». Quand un Juif étudie la Torah et s’y identifie, il exploite le potentiel divin qu’elle contient. Cela lui donne la force de mentionner un faux dieu pour annihiler son influence.

Une transition spirituelle

Nous pouvons désormais comprendre l’attitude d’Oula. Nos Sages statuent9 : « Un Juif vivant en diaspora sert des faux dieux dans la pureté. » Car, en Erets Israël, la Providence Divine est révélée de façon plus ouverte, alors qu’en diaspora, elle est cachée à l’intérieur de l’ordre naturel. Tout comme le service des idoles implique qu’il faille courber la tête devant elles, celui qui vit en diaspora doit soumettre sa pensée aux forces qui gouvernent l’ordre de la nature.10

En quittant la sainteté d’Erets Israël et pénétrant en Babylonie, Oula perçut la transition spirituelle et ressentit le besoin d’intensifier la négation des fausses divinités. Rassemblant la force de la Torah qu’il avait acquise de par son étude en Erets Israël, il mentionna le nom de cette idole avec l’intention d’annuler son influence. 

Annuler et transformer

Cette discussion éclaire une question soulevée par la lecture de la Paracha de cette semaine : Balak. Balak était un homme mauvais, un roi immoral11qui haïssait le peuple juif et souhaitait sa destruction. Pourquoi, dès lors, son nom a-t-il été immortalisé en devenant le nom d’une Paracha ? Nos Sages déclarent12 qu’une personne ne doit pas être nommée d’après un homme mauvais. Certes règle est certainement également valable pour le nom de la Paracha !

Mais la discussion évoquée plus haut éclaircit cette intention. Appeler une Paracha « Balak » est un moyen d’annihiler les forces qui lui sont associées. Comme le relate la Paracha, le projet de Balak fut complètement déjoué. Ainsi, le nom Parachat Balak est-il désormais une éternelle source d’influence positive, désarmant toute force cherchant à nuire au Peuple Juif.

Le récit de notre Paracha raconte que non seulement le plan de Balak échoua, mais que Bilaam, engagé par Balak pour maudire le Peuple Juif, prononça de très puissantes bénédictions qui deviendront manifestes avec l’avènement de Machia’h. Aussi le nom de Balak n’évoque-t-il pas seulement à la négation du mal, mais aussi sa transformation en une influence positive. 

Les fruits d’un engagement inconditionnel

Certaines années, la Parachat Balak est lue conjointement avec la Parachat ‘Houkat. Car c’est l’engagement absolu impliqué dans le nom ‘Houkat, (un ‘Hok étant un statut auquel nous obéissons inconditionnellement) qui rend possible la transformation du mal en bien. Quand une personne révèle l’étincelle de divinité de son âme et l’exprime par une dévotion illimitée à la Torah, elle influence son environnement, annihilant les influences indésirables et les transformant en bien.13

Et, à mesure que ce schéma s’étend à travers le monde, nous nous approchons de l’accomplissement des prophéties mentionnées dans la lecture de la Torah de cette semaine14 : « Une étoile sortira de Yaakov et un bâton se lèvera en Israël, écrasant tous les princes de Moav et dominant tous les descendants de Cheth. »

Adapté de
Likoutei Si'hot vol. 18, p. 300ff.
'HABAD vol. 23, p. 166ff.

 
Partager cet article
Repost0
25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 17:19
Le retour de la prophétie
-Une réalité

« KaEth Yéamer – À ce moment, il sera dit à Jacob et Israël ce que D.ieu réalise. » 

 Nombres 23, 23

Bilaam, le prophète des nations, prophétise dans notre Paracha au sujet de l’époque la plus extraordinaire de l’histoire des hommes : la venue de Machia’h et les étapes qui la précéderont.

Le Talmud affirme (Yoma 9b) que la prophétie disparut après la mort des derniers prophètes : ‘Hagaï, Zakhariah et Malakhi.

Cependant, Maïmonide écrit dans « l’Épître au Yémen » que le pouvoir prophétique sera rétabli en préambule aux Temps Messianiques :

« Ceci est le sens des mots prononcés par Bilaam : “KaEth Yéamer LéYaakov.” Le terme “KaEth” doit être traduit “Comme à ce moment”; Bilaam prédit que la prophétie reviendrait après qu’une période égale à la date où ces paroles furent prononcées s’écoulerait. Bilaam prophétisa en l’an 2488 ; La prophétie reviendra – “Il sera dit à Yaakov et à Israël ce que D.ieu réalise” – à partir de l’année 4976 (1216). »

Or, nous constatons, en effet, que depuis cette date la prophétie devint monnaie courante dans les académies talmudiques. Nombreux furent les maîtres de cette période qui eurent la réputation d’être habités d’esprit prophétique. Les plus connus furent : Rabbi Chmouel (père de Rabbi Yéhouda Ha‘Hassid), le Rokéa’h, Na’hmanide, le Raavad et Rabbi Yéhouda Ha‘Hassid. Depuis, le phénomène n’a cessé de croître pour prendre sa dimension la plus affirmée à la naissance du ‘Hassidisme en les personnes du Baal Chem Tov et de ses successeurs. 

'HABAD Adapté de Likoutei Si’hot vol. 2

Partager cet article
Repost0
25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 17:18

 

Nos tentes divines
- Une bénédiction éternelle

Nous avons tous entendu l’histoire de la façon dont le roi Balak, le roi de Moab, convoqua le prophète Bilaam et lui demanda de maudire le Peuple Juif et de la façon dont D.ieu transforma les malédictions dans la bouche mauvaise du prophète en bénédictions. Nous lisons les versets s’écoulant de la bouche de Bilaam qui incluent les propos les plus exquis jamais prononcés à propos du Peuple Juif. Très belle histoire ! Mais seul le Talmud s’interroge : « Que voulait dire Bilaam ? Quelles étaient ces malédictions qui furent transformées en bénédictions ? »

Selon la logique talmudique, si les malédictions furent transformées en bénédictions, c’est qu’elles devaient contenir le contraire même de ce qui fut dit. Si nous désirons savoir ce qu’il voulut dire, il nous faut porter toute notre attention sur les paroles qu’il prononça réellement.

Quelles bénédictions donna Bilaam ? Que de puissants rois se lèvent en Israël, établissant une dynastie qui s’étendrait sur de nombreuses générations et ne s’interromprait jamais ; qu’Israël soit souverain à tout jamais sur sa terre, la plus grande et la plus puissante dans la famille des nations, la Présence Divine résidant en son sein, conduisant l’humanité dans sa quête de connaître et de servir son Créateur. Et donc, que désirait alors dire Bilaam ? L’exact contraire, bien sûr : que les rois d’Israël tombent, que sa dynastie royale soit brisée, que cesse sa souveraineté, que la présence Divine l’abandonne, que sa puissance soit écrasée et que son  leadership lui soit enlevé.

Mais le Talmud ne s’arrête pas là. Il insiste. Et que se passa-t-il donc en fin de compte ? Les jours de David et de Chlomo virent l’accomplissement des bénédictions de Bilaam. Mais ensuite, tout commença à se désagréger. Le Peuple abandonna son D.ieu, la nation fut déchirée par des schismes, la dynastie de David fut détrônée, le Temple détruit, la fière nation chassée de sa terre et soumise et persécutée pendant des siècles.

Ainsi donc, en dernier ressort, les malédictions de Bilaam prévalurent ! D.ieu les transforma en bénédictions mais nous leur rendîmes leur forme originelle. La merveilleuse histoire se termina par une conclusion désastreuse.

Mais il est une bénédiction que nous avons retenue : « Comme elles sont belles tes tentes, ô Yaakov !  » proclama Bilaam des Hauteurs de Péor. Cela, ce sont, dit le Talmud, les maisons de prière et les maisons d’étude implantées au cœur de chaque communauté juive.

Ces tentes et ces résidences ne se sont jamais fermées. Après douze siècles en situation d’ « enfants bannis de la table de leur père », nous nous lions toujours à D.ieu, trois fois par jour, dans nos maisons de prière. Trente-trois siècles après le Sinaï, la Torah est toujours étudiée, approfondie et débattue dans nos maisons d’étude. A cette bénédiction, nous nous sommes accrochés. Et c’est cette bénédiction qui restaurera pour nous toutes les autres !

 

'HABAD

Partager cet article
Repost0
18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 16:07
La mère du veau
Purifier la mort elle-même

« Et D.ieu parla à Moïse et Aharon en ces termes : Ceci est un décret ('Hok) de la Torah…

Si une personne vient à mourir dans une tente, tous ceux qui entrent dans la tente et tout ce qui est dans la tente deviennent impurs pendant sept jours… Et quant aux personnes contaminées, elles prendront les cendres (de la vache rousse)… »

(Nombres 19, 1-2 ; 14-17)

La loi de la « vache rousse », qui nous instruit de la purification d’une personne atteinte d’impureté spirituelle causée par le contact avec un défunt, est souvent citée comme le modèle de décret divin au-delà de toute rationalité. Le roi Salomon, le « plus sage parmi les hommes » dit de cette Mitsva : « Tous les commandements de la Torah, je les ai compris. Mais le chapitre de la “vache rousse”, bien que je l’aie examiné, questionné et que je m’y sois plongé, bien que j’aie pensé le comprendre, ce décret m’est resté incompréhensible. »

C’est un fait que de nombreux aspects de la loi de la vache rousse défient toute raison. Tout d’abord, le phénomène même d’« impureté spirituelle » est un concept mystique irrationnel. Le processus de purification, obtenu en aspergeant la personne contaminée des cendres de la vache rousse ne suit aucune logique qui nous serait accessible etc. Mais dans la Torah, d’autres lois échappent tout autant à la logique humaine. En fait, il existe une catégorie entière de Mitsvot appelées 'Houkim (« décrets ») dont les critères défient toute compréhension pour l’esprit mortel. Qu’y a-t-il donc de particulier à propos de la loi de la vache rousse qui en fasse l’archétype des décrets, la Mitsva dont D.ieu dit : « Ceci est le 'Hok de la Torah » ?

Moïse pâlit

Le Midrache relate que Moïse fut l’unique être humain auquel fut accordée la compréhension de cette loi. « A toi, dit D.ieu à Moïse, Je vais révéler le sens de la “vache” ; pour tout autre individu cela restera un 'Hok. » Et pourtant, Moïse lui aussi ressentit une grande difficulté à accepter cette loi, comme nous le lisons dans le récit midrachique.

Dans tout ce que D.ieu enseignait à Moïse, Il lui indiquait à la fois la façon dont se produisait la contamination et le mode de purification. Quand D.ieu en arriva aux lois concernant celui qui avait été en présence d’un cadavre, Moïse lui dit : « Maître de l’univers ! Si l’un de nous est ainsi contaminé, comment peut-il se purifier ? » D.ieu ne lui répondit pas. A ce moment-là, Moïse pâlit.

Quand D.ieu arriva à la section de la “vache rousse”, Il dit à Moïse : « Voici le mode de purification. » Moïse s'exclama : « Maître de l’univers ! Ceci est une purification ? » D.ieu répondit : « Moïse, c’est un 'Hok, une loi que J’ai décrétée et aucune créature ne peut comprendre pleinement Mes décrets. »

Le mystère de la mort

Le départ d’une âme d’un corps nous est incompréhensible. Il ne s’agit pas de rationalité. Nous comprenons la fragilité de la vie, la nature éphémère de tout ce qui est physique. Mais dans le cœur de notre cœur, nous refusons de l’accepter. Quelles que soient les explications de notre esprit, nous rejetons le concept de la mort. Il est encore plus difficile d’accepter qu’il puisse exister un processus qui s’y applique, et plus difficile encore, de guérir le terrible vide que laisse celui qui est parti…

C’est la raison pour laquelle Moïse pâlit en entendant les lois rituelles de la mort. Ce n’était pas le fait qu'il ne comprenait pas comment la tache spirituelle de la mort peut être purifiée. En fait, Moïse fut le seul être humain auquel fut révélé le sens de la ‘vache’. Son esprit était satisfait mais cela n’apportait rien au tumulte de son cœur. Il ne pouvait comprendre comment la souffrance de la mort peut être adoucie.

Et D.ieu répondit : « Moïse, c’est un 'Hok, une loi que J’ai décrétée. » Certaines choses dépassent tellement Mes créatures qu’elles ne peuvent être surmontées que par la soumission à un commandement absolu émanant d’une autorité absolue. C’est la raison pour laquelle J’ai donné des lois pour vous guider concernant ce qu’il y a à faire lorsque vos vies sont touchées par la mort. Ce sont des lois irrationnelles, mais seules de telles lois peuvent permettre que vous vous repreniez plus facilement. Ce n’est que par la force d’un décret divin complètement incompréhensible que vous pouvez vous remettre de la mort.

Les lois du deuil

Aujourd’hui, nous ne possédons pas de cendres de la vache rousse. Mais nous avons des lois et des rituels. La loi de la Torah nous enjoint de pleurer l’être aimé qui est parti et puis de réguler notre deuil. Le concept même de « lois de deuil » est incompréhensible. Une personne peut-elle recevoir l’ordre de s’endeuiller ? Et peut-on, de même, lui ordonner de réduire ou de cesser son deuil ?

Et pourtant, c’est précisément ce que fait la Torah. Il existe des lois spécifiques concernant les heures entre le moment du décès et l’enterrement, des lois spécifiques pour les trois jours suivant l’enterrement, pour les sept premiers jours, pour les premiers trente jours et pour la première année suivant le décès. A chacun de ces points de jonction, il nous est demandé de passer à une autre étape du deuil, une étape dans laquelle l’intensité de notre angoisse et le sens de notre perte doivent être allégés et sublimés.

Nous résistons à ces étapes de toutes les fibres de notre être. L’esprit comprend la différence entre ces périodes mais le cœur ne l’accepte pas. La Torah nous dit que Moïse lui-même ne put forcer son cœur à accepter ce que son esprit lui avait donné à comprendre. Même après que D.ieu lui eut expliqué comment la « vache rousse » sublime la rencontre avec la mort, cela resta un 'Hok, distant du plus grand des esprits et absolument incompréhensible à chaque cœur. Cependant D.ieu nous demande d’effectuer ces transitions et nous donne la force d’accomplir Ses commandements. C est la force d’un décret divin qui nous permet de continuer, à la fois dans notre propre vie et pour les autres. Et la force du décret divin est telle que finalement nous pouvons nous dominer et sublimer la négativité de la mort.

Que nous ayons très prochainement le mérite que de telles sublimations ne soient plus nécessaires, que le Tout Puissant « retire l’esprit d’impureté de la terre » de sorte que « la mort cesse à tout jamais et que D.ieu efface les larmes de chaque visage » et que « ceux qui résident dans la poussière se lèvent et se réjouissent. »

 

'HABAD

Partager cet article
Repost0
18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 16:04
Les eaux de la discorde
Le prix du leadership

L’un des passages les plus étonnants de la Torah est celui de l’épisode des « Eaux de la Discorde », à la suite duquel D.ieu décréta que Moïse mourrait dans le désert et n’entrerait donc pas en Terre d’Israël.

Des centaines de générations de Sages de la Torah, à commencer par Moïse lui-même, les Sages du Midrach, les Commentateurs bibliques et les Maîtres de la ‘Hassidout, s’interrogent sur ce chapitre énigmatique.

Mais voyons d’abord les faits.

Après avoir voyagé quarante ans dans le désert, le Peuple d’Israël arrive à Kadech dans le désert de Tsin, à la frontière de la Terre Sainte. Il n’y a pas d’eau, le peuple a soif et comme ils en ont l’habitude en de telles circonstances, ils se plaignent auprès de Moïse. « Si seulement nous étions morts, s’écrient-ils avec colère, quand nos frères sont morts devant D.ieu ! Pourquoi as-tu conduit la congrégation d’Israël dans ce désert, pour mourir ici, nous et nos troupeaux ? Pourquoi nous as-tu sortis d’Égypte pour nous emmener dans cet endroit terrifiant ... ? »

Moïse s’adresse alors à D.ieu qui lui ordonne : « prends le bâton et rassemble le peuple, toi et Aharon ton frère. Et tu parleras au rocher devant leurs  yeux et il donnera de l’eau. »

Quand ils sont tous rassemblés devant « le rocher », Moïse s’adresse au peuple : « Écoutez, rebelles ! Ferons-nous jaillir de l’eau pour vous de ce rocher ? » Moïse lève sa main et frappe à deux reprises le rocher avec son bâton. L’eau jaillit et le peuple et le bétail se désaltèrent.

C’est alors que D.ieu dit à Moïse et Aharon : « Parce que vous n’avez pas cru en Moi, pour Me sanctifier aux yeux des Enfants d’Israël, vous ne conduirez donc pas cette congrégation dans la terre que Je leur ai donnée. »

Qu’avait fait Moïse de mal? Quel péché méritait une punition aussi terrible ?

Les commentateurs recherchent une réponse dans le texte.

Rachi (Rabbi Chlomo Yits’haki, 1040-1105) souligne que D.ieu avait ordonné à Moïse de parler au rocher et que Moïse le frappa. Aussi échoua-t-il à « sanctifier [D.ieu] devant les yeux des Enfants d’Israël » (extraire l’eau en ne faisant que parler aurait été un plus grand miracle).

Rambam (Maimonide : Rabbi Moïse ben Maimon, 1135-1204) offre une explication différente : la faute de Moïse consistait en ce qu’il se mit en colère et parla durement au peuple (son discours : « Écoutez, rebelles… »).

(Le Maître ‘hassidique Rabbi Lévi Yits’hak de Berditchev (1810-1740) propose ici une perspective intéressante : les explications de Rachi et de Rambam, avance-t-il, consistent en deux côtés d’une même pièce. Untsadik (Juste parfait) n’est pas seulement le chef de son peuple mais aussi le maître de son environnement. Ces deux rôles sont étroitement entrelacés, le second découlant du premier. Si la relation d’un guide avec son peuple est aimante et harmonieuse, alors le monde physique donne également ses ressources pour qu’ils atteignent leur but. Mais s’il fait agir son influence avec de durs mots de reproche, alors il lui faudra se battre avec la nature à chaque détour et imposer par la force sa volonté au monde matériel.)

Ramban (Na’hamanide : Rabbi Moïse ben Na’hman, 1194-1270) trouve des difficultés dans les deux explications. Si Moïse n’était pas censé frapper le rocher, argue-t-il, pourquoi D.ieu lui demanda-t-Il de prendre son bâton ? La Torah répète ce geste, mettant encore l’accent sur le fait que « Moïse prit son bâton de la présence de D.ieu comme Il le lui avait enjoint ». A la lumière des instructions de D.ieu à Moïse, lors d’une occasion précédente, d’extraire de l’eau d’un rocher en le frappant (voir Chemot17, 6), n’était-il pas concevable que Moïse suppose que dans ce cas également son bâton devait avoir une fonction similaire ? Quant à l’explication de Rambam, il y a d’autres exemples où la Torah nous dit (plus explicitement encore que dans ce cas) que Moïse se mit en colère et apparemment pour des raisons moindres. Si aucune punition n’avait alors été décrétée dans ces cas, pourquoi ici en va-t-il autrement ?

Ramban offre son explication : Moïse commit une erreur en disant au peuple : « Ferons-nous faire jaillir de l’eau pour vous de ce rocher ? », des paroles qui peuvent paraître impliquer qu’extraire de l’eau d’un rocher est quelque chose que Moïse faisait plutôt que D.ieu. Au moment où un chef endosse une identité par lui-même et qu’il s’attribue personnellement ses réalisations, au moment où il vient représenter autre chose que la seule identité collective du peuple et sa relation avec D.ieu, il échoue dans son rôle. (Ramban conforte son explication dans les premiers mots de D.ieu à Moïse : « parce que vous n’avez pas cru en Moi… », impliquant par là que c’était un manque de foi plutôt qu’une désobéissance ou un accès de colère.)

Mais il existe un dénominateur commun entre ces interprétations et de nombreuses autres offertes par les commentateurs : le fait que, quel que soit le problème, cela n’était pas véritablement la question. A la base, D.ieu reproche à Moïse un détail technique. Et dans son argumentation avec D.ieu, Moïse le sent bien : « Tu m’as attrapé! ».

Le texte conforte sa plainte. Quarante ans plus tôt, s’était produit l’épisode des explorateurs, lors duquel la génération, qui était sortie d’Egypte et avait reçu la Torah, s’était révélée non désireuse et incapable de progresser à l’étape suivante du plan divin : entrer en Terre Sainte et en prendre possession. A cette époque, la Torah relate que D.ieu avait décrété que la génération entière (tous les hommes au-delà de vingt ans) mourrait dans le désert. Seuls deux hommes allaient échapper au décret : « en dehors de Kalev, fils de Yefounéh et Yehochoua fils de Noun » (les deux explorateurs qui avaient résisté au complot de leurs dix collègues- Bamidbar 14, 30).

Moïse, qui aspirait à entrer en Terre Sainte de toutes les fibres de son être, n’était pas coupable du péché des explorateurs aussi fallait-il trouver une autre raison pour l’en empêcher. Puisque « avec les Justes, D.ieu est aussi précis que l’épaisseur d’un cheveu », il n’était pas impossible de trouver un prétexte. Mais D.ieu avait déjà déterminé quarante ans plus tôt que la génération entière, y compris Moïse et Aharon, n’entrerait pas dans la Terre. « C’est un complot que Tu as fomenté contre moi », cite le Midrach, attribuant ces propos à Moïse s’adressant à D.ieu.

Mais pourquoi ? Si Moïse était innocent du péché de sa génération, pourquoi devait-il être décrété qu’il devrait partager leur sort ?

Un Midrach poignant offre la parabole suivante :

A un berger fut confié le troupeau du roi, pour qu’il le nourrisse et en prenne soin. Mais le troupeau se perdit. Quand le berger chercha à entrer au palais royal, le roi lui en refusa l’accès.  « Quand le troupeau qui t’a été confié sera retrouvé, toi aussi tu pourras être admis. »

Le plan originel voulait que les 600 000 hommes que Moïse avait sortis d’Égypte entrent dans la Terre. Mais cette génération resta dans le désert. « Tu en es le chef, dit D.ieu à Moïse. Leur sort est ton sort. »

Ce message est implicite dans les paroles de D.ieu qui suivent immédiatement le fait que Moïse a frappé le rocher : « ...c’est pourquoi vous ne conduirez pas cette congrégation dans la terre que Je leur ai donnée. » Le Midrache tire de ces mots : « cette congrégation », vous ne la conduirez pas ; mais celle-ci vous la conduirez. « Cette congrégation », la génération qu’affronta Moïse au rocher, n’était pas la génération de Moïse. Sa génération était enterrée dans le désert.

« Mais quand ils entreront dans la Terre, dit D.ieu à Moïse, et ils le feront, quand la Rédemption finale sauvera toutes les générations de l’histoire, alors tu les conduiras. »

 

'HABAD

 
Partager cet article
Repost0
18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 16:02

 

 

 

Illuminations
comment sortir du trou noir?

La vie et la lumière sont souvent associées l’une à l’autre. Nous recherchons la vie et nous recherchons la lumière. Et pourtant, il nous arrive de tomber sur une zone obscure. L’obscurité peut se trouver à l’extérieur, ou bien aussi à l’intérieur. Qu’arrive-t-il alors ? Nous tentons d’illuminer cette obscurité, de la changer en lumière. Et cette lumière qui jaillit alors est plus belle, plus forte que jamais.

Un incident de la Paracha de ‘Houkat (Nombres 19, 1 - 22, 1) exprime cette idée, si on l’examine à travers le prisme des enseignements de nos Sages. En soi, cet incident est mystérieux et surnaturel, mais il ne prend guère longtemps à raconter.

Le peuple juif, voyageant dans le désert en direction de la Terre Promise et approchant de sa destination, commença à se plaindre, parlant contre D.ieu et contre Moïse. Le résultat fut qu’ils furent attaqués par des serpents venimeux qui en tuèrent un bon nombre. Le peuple se présenté devant Moïse et demanda pardon : « Nous avons eu tort de parler contre D.ieu et contre toi. » Afin de les guérir, D.ieu dit à Moïse de façonner un serpent de cuivre et de le placer sur une hampe. Tous ceux qui avaient été piqués par un serpent devaient regarder ce serpent de cuivre et seraient guéris.1

La Torah, par ses lois et ses récits, nous édifie sur les possibilités de notre vie intérieure. Se plaindre contre D.ieu et contre Moïse signifie pénétrer dans un domaine obscur et négatif. Ceci peut arriver de diverses manières aujourd’hui, comme lorsque l’on succombe à la mauvaise sorte de tentation. Ceci peut même nous conduire à nous retrouver piégés dans une très mauvaise posture, dans laquelle nous nous sentons « coincés », incapables de nous libérer. Cela signifie que nous sommes prisonniers dans notre propre obscurité intérieure, l’antithèse même de la vie et de la lumière.

Ce type d’obscurité émane du Serpent, la force du mal et de l’obscurité spirituelle décrite dans le livre de la Genèse, qui est également source de la mort. Sommes-nous sans défense face à cette force destructrice ?

Non. Le repentir a le pouvoir d’atteindre l’infini de D.ieu, au-delà de l’obscurité, et de changer les ténèbres en lumière et la mort en vie. Les Juifs dans le désert regrettèrent leurs propos et il leur fut donné la possibilité d’atteindre D.ieu avec toute la puissance du repentir. Nos Sages expliquent que le serpent de cuivre sur sa hampe avait pour but d’inciter le peuple juif à lever les yeux et le cœur au ciel et s’élever vers D.ieu, en ayant conscience que D.ieu est infiniment plus élevé que le serpent, la force du mal et de la mort.2 De D.ieu proviennent une bonté et une vie infinies.

En se tournant vers D.ieu de la sorte, ils purent insuffler lumière et vie en eux-mêmes, ce qui leur apporta la guérison, à eux et au monde entier.

Le récit de ce mystérieux incident dans la Torah nous enseigne que nous pouvons aussi agir de même. Il peut y avoir des zones d’ombres dans nos vies et dans le monde autour de nous. Par un lien renoué avec D.ieu, par chacun d’entre nous individuellement et par le peuple juif dans son ensemble, elles peuvent être transformées. Nous pouvons faire naître un monde de bonté, de lumière et de vie.3

Transmettre ce message à notre génération est l’œuvre de la vie du Rabbi de Loubavitch, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson. Le Rabbi croyait que les enseignements lumineux de la Torah ont le pouvoir de transformer nos vies et, en finalité, les vies de tous les êtres humains. Sachons perpétuer sa vision.

 

'HABAD

 
Partager cet article
Repost0
18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 15:56
Le sens des Mitsvot
La biochimie de la Torah

Nos Sages nous enseignent qu’il y a un lien entre les 613 commandements (les mitsvot) et le corps humain. Ils soulignent que les 248 commandements actifs et positifs – les choses que nousdevrions faire – correspondent aux 248 membres ou parties du corps. Il y a 365 commandements négatifs, restrictifs – choses que nous ne devons pas faire – qui correspondent au nombre de tendons. L’objet des commandements est d’exprimer la sainteté au moyen de notre corps physique dans la vie quotidienne : vivre en tant qu’êtres humains, en exprimant la Divinité.

Pour réfléchir au sens des commandements, considérons la nature biologique du corps. Celui-ci forme une entité dont chaque partie joue un rôle vital dans le fonctionnement de l’être humain. Année après année, la recherche médicale a révélé des connaissances sur les fonctions des différentes composantes du corps, jusqu’à l’échelle des enzymes, des hormones, de l’ADN et du code génétique.

Pourtant, certains processus restent encore très peu connus. On a arrêté d’enlever systématiquement les amygdales et les végétations suite à la découverte de fonctions jouées par ses organes et jusque-là inconnues.

Il est clair que le corps est un système merveilleux. Et si quelque chose ne peut encore être élucidé à son sujet, nous savons que nous pouvons nous attendre à ce qu’un jour, nous en apprenions plus et en comprenions plus. Chaque détail est significatif.

On peut en dire de même à propos des commandements de la Torah. Bon nombre d’entre eux peuvent être compris, jusqu’à un certain point. Mais d’autres restent obscurs. Ce sont ceux qu’on appelle les ‘houkim, les statuts inexpliqués. Ils sont nombreux dans la vie juive.

Le commencement de la Paracha de ‘Houkat (Nombres 19, 1 - 22, 1) nous en fournit un exemple important, bien que nous n’ayons plus, de nos jours, la possibilité de mettre cette loi en pratique. Il s’agit du processus de purification au moyen de la « vache rousse ». Une personne qui a été en contact avec un mort contracte une certaine forme d’impureté, résultant dans le fait qu’il ou elle ne pouvait pénétrer dans le Temple. Les cendres de la vache rousse étaient mêlées à de l’eau et quelques gouttes de ce mélange étaient aspergées sur la personne impure. Elle était dès lors pure et apte à entrer dans le Temple. La Torah utilise le mot « statut », ‘houkat, pour désigner ce commandement.

Nous ne comprenons pas le sens de l’impureté, ni pourquoi la procédure de la vache rousse rend la personne pure. Cette loi est le symbole de toutes les lois que nous ne pouvons réduire à de simples termes rationnels.

Un exemple d’une telle loi dans notre vie quotidienne est la Cacherout.1Bien que nous ne comprenions pas le fondement des lois de l’alimentation cachère, nous les acceptons et les observons. Ces lois sont des «  organes » du corps de la Torah qui ont une fonction vitale, même si la manière exacte dont ils fonctionnent nous échappe aujourd’hui.

Notre service de D.ieu ne peut pas se limiter au champ de notre compréhension. Dans la vie, on consomme de la nourriture bien avant de comprendre comment fonctionne le système digestif. Nous utilisons un ordinateur sans avoir la moindre idée de comme ça marche « à l’intérieur ». Nous nous rendons chez le médecin et prenons les médicaments qu’il nous prescrit, y compris l’homéopathie, sans pour autant comprendre le mécanisme de leurs effets curatifs.

Quand nous accomplissons un commandement sans en comprendre la pleine signification, nous démontrons que nous agissons ainsi parce que nous savons qu’il a été commandé par D.ieu dans la Torah et que nous croyons et avons confiance que c’est bon pour nous en tant qu’individus et, au bout du compte, pour le monde entier. Cela nous lie à D.ieu, et c’est là le véritable objet des Mitsvot. En même temps, D.ieu nous demande d’utiliser notre intellect autant que possible pour en comprendre toujours un peu plus.2

Ceci s’applique également aux lois que nous pensons comprendre. Dans chaque enseignement juif, il y a de nombreux niveaux, de même qu’il y a d’innombrables choses qui restent à découvrir sur le fonctionnement particulier de chaque organe du corps et la façon dont il œuvre au sein du tout. Chaque Mitsva nous relie à D.ieu, et nous donne l’opportunité d’aller sans cesse plus avant dans l’exploration de sa signification. 

'HABAD

Partager cet article
Repost0
13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 03:59

 

 

BULLETIN D'INFORMATION

EDITE PAR LA COMMISSION D'ISRAËL

ENCOURAGEMENTS A ISRAËL,

CENTRE ETERNEL DE L'ATTENTION DU MONDE



L'ANTISIONISME SOUTENU PAR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

Très chers amis, Israéliens et Juifs,

Oui, il s’agit bien d’un antisionisme qui se généralise. Ceux qui aujourd’hui refusent de reconnaître l’État d’Israël, qui prônent sa destruction, reçoivent l’appui et le soutien de la communauté internationale. Tous les antisionistes de tout bord sont sur le pont, unanimement ils montent au créneau, relayé par les médias qui réservent des places de choix aux meilleures heures d’écoute, dans leurs journaux télévisés, dans les débats, sans oublier la presse écrite, les forums et les blogs. Oui, la machine est lancée, le juif est coupable, coupable de se défendre, coupable de parler, coupable de se taire, oui, on est prêt à l’exclure… à le condamner. Plongé dans un océan de haine comment le juif peut il faire face à une telle situation ?

Remarquons quel calme, quelle dignité, quelle retenue ont manifesté les autorités israéliennes devant l’agression de la « flottille pseudo-humanitaire ». Ah ! si seulement ces pseudo-humanitaires pouvaient mobiliser la communauté internationale, ce qu’ils ont réussi en partie, et rallier tout les antisionistes à leur cause. Prêt à mettre à feu et à sang le monde entier pour une cause perdue d’avance, oui perdu car ils oublient ceci :

Rappelez-vous la

CONFÉRENCE POUR UN ÉTAT PALESTINIEN

Soixante-dix nations se sont réunies à Paris, en France, le 17/12/07. L'objectif était de rassembler des centaines de millions de dollars (5,6 milliards), ou plus, en faveur d'un état palestinien très peuplé, touchant et menaçant l'État d'Israël. Parmi les représentants internationaux prenant part à la conférence, se trouvaient le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice, le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov, et la ministre des Affaires étrangères israélien Tzipi Livni. Tony Blair, qui venait de mettre fin à ses fonctions de Premier ministre anglais, co-présidait cet événement.

Les organisations participantes comprenaient la Commission Européenne, la Ligue Arabe, le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale ainsi que des fonds financiers européens et arabes. L'ensemble des 27 membres de l'Union européenne était représenté, de même que des pays du Moyen-Orient.

"Concertez des plans : ils échoueront

annoncez des résolutions : elles ne tiendront pas"

Ceci nous rappelle les paroles du Prophète Ésaïe concernant le rassemblement des nations :

És. 8 : 9, 10 — « Agitez-vous peuples, vous serez brisés ; entendez cela, ô contrées reculées de la terre, armez-vous, préparez-vous au combat, vous serez brisées ! 10  Concertez des plans : ils échoueront ; annoncez des résolutions : elles ne tiendront pas. Car l'Éternel est avec nous ».

Si l'état palestinien devient une réalité et si on lui accorde un statut permanent au sein du territoire d'Israël, il peut faire venir comme cela est prophétisé Jér. 30 : 7 — « le temps de Détresse pour Jacob » auquel nous nous attendons.

ISRAËL PERD SES « AMIS »

Non seulement la Bible est remplie des assurances concernant le retour de la faveur et de la prospérité d'Israël, mais la preuve en est devant nos propres yeux.L’accroissement de la fortune et de la prospérité d’Israël rassemblé a suscité la convoitise des nations européennes, asiatiques et africaines, et cela s’accentuera fortement dans leurs restes anarchistes. Ceux-ci amèneront Israël à l’étape finale, de la Détresse pour Jacob.

Israël est progressivement dans la situation qui existera pendant la Détresse prophétisée. Alors les restes des nations d’Europe, d’Asie et d’Afrique monteront pour piller Israël Zach. 14 : 3 — « Alors l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille ».

Le premier nom de l’Iran est la Perse. En Ezéch. 38 : 5 — «  La Perse, l'Ethiopie et Peut [Puth] seront avec eux, tous munis de boucliers et de casques », ce pays est cité comme l’un de ceux qui cherchent à piller Israël. L’attitude anti-Israël prise par l’Iran montre quelle tournure prennent les événements pour l’avenir. Notez que L’Éthiopie citée également, a, depuis la chute du Roi Hailé Sélassié en 1974, pris une attitude anti-Israélienne ; et la Libye, le troisième pays cité au verset 5, est, sous le Président Kadhafi le plus net et le plus anti-Israël, de tous les états arabes.

Les terroristes y subissent un entraînement spécial et sont envoyés dans d’autres pays pour y accomplir leur besogne infâme. La haine profonde de M. Kadhafi et de ses concitoyens libyens à l’égard d’Israël est en harmonie avec le fait qu’ils soient l’un des principaux adversaires d’Israël.

Ceux qui dirigent des raids de pillage, des actes de terrorisme et d'attaques à la roquette contre les établissements en Israël avec une destruction considérable de vies et de propriétés, sont vraiment comme des ronces piquantes et des épines douloureuses pour Israël parmi les nations qui l'entourent et le méprisent Ez. 28 : 24 — «  Et il n'y aura plus pour la maison d'Israël de ronce cuisante ni d'épine douloureuse parmi tous ses voisins d'alentour qui le traitent avec mépris, et on saura que je suis le Seigneur Dieu ». Il semble que le nombre de ceux qui méprisent Israël, ainsi que leur mépris ont grandement augmenté, préparant l'ultime phase finale de la détresse pour Jacob Ez. 38 et 39.

Les remarquables victoires d’Israël devraient, à juste titre, être attribuées à l’aide qui leur est donnée par le Dieu Très-Haut, et pas uniquement à leurs propres armes et efforts Es. 41 : 11-13 — « ils connaîtront la honte et la confusion, tous ceux qui sont enflammés contre toi ; ils seront réduits à néant, ils périront, tous ceux qui te cherchent querelle. 12 Tu les chercheras et tu ne les trouveras plus les gens qui se déclarent tes adversaires ; ils seront comme le néant et le vide, les gens qui te font la guerre. 13 Car moi, l'Éternel, ton Dieu, je soutiens ta droite et je te dis : Ne crains pas, je viens à ton secours ».

v. 14 — « Ne crains rien, vermisseau de Jacob, faible reste d'Israël ! C'est moi qui te prête secours, dit le Seigneur, le Saint d'Israël est ton libérateur ».

Ainsi, en dépit du fait qu’ils ne sont que des créatures de la poussière et surpassés en nombre par les ennemis qui les entourent, ils ne doivent pas craindre, car le Saint d’Israël, le Dieu de leur Alliance, les aidera.

Maintenant Il fait d’Israël, un instrument à battre tranchant avec des dents très efficace en réalité ; et comme la « pierre pesante pour tous les peuples » et «comme un foyer de feu au milieu du bois, et une torche de feu dans une gerbe, ils dévoreront » Zach. 12 : 3, 6, vaincront totalement leurs ennemis, grands et petits et quand Dieu les aura délivrés miraculeusement dans la phase finale de la Détresse pour Jacob Zach. 12 : 8 – 10 ; 14 : 3, ils se réjouiront et se glorifieront dans le Saint d’Israël v15, 16. « Et toi, mon serviteur Jacob, ne crains point...  car je suis avec toi, dit l’Éternel, pour te sauver car je détruirai entièrement toutes les nations où je t’ai dispersé mais quant à toi, je ne te détruirai pas entièrement, mais je te corrigerai avec mesure, et je ne te tiendrai point pour innocent » Jér. 30 : 10, 11.

Gilbert Hermetz

Rédaction : Jacques Obojtek

Partager cet article
Repost0
11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 17:12

 

Miracles naturels ou nature miraculeuse ?
Kora'h et le 3 Tamouz

Pourquoi le miracle n’est-il pas complet ?

 

La libération de mon beau-père, le Rabbi, de son emprisonnement dans les prisons soviétiques en 5687 (1927) se fit par étapes : tout d’abord, le jour du trois Tamouz, sa condamnation à « l’inverse de la vie », que D.ieu nous en préserve, fut commuée en une peine de trois ans d’exil dans la ville de Kastrama. Puis, le 12 Tamouz, on lui annonça sa libération totale qui se fit concrètement le lendemain, c’est-à-dire le 13 Tamouz.

Cependant, même après cela, la victoire sur ce pays ne fut pas complète. En effet, les persécutions antijuives se poursuivirent, à tel point que le Rabbi dut quitter le pays et ce n’est que dans les années récentes, plus de soixante ans après, que l’on voit la conséquence de cette libération : la délivrance de tous les Juifs de ce pays.

Sachant qu’elle releva d’un pur miracle, on peut de prime abord se demander pourquoi il a fallu que cette libération se fasse en différentes étapes ? En effet, tout ce qui arrive résulte de la hachga’ha pratit, la Providence particulière à travers laquelle D.ieu gouverne chaque élément de la Création. En outre, il s’agit d’un évènement dans la vie d’un Nassi, un chef du peuple juif, ce qui signifie que cette libération concerne l’ensemble des Juifs du monde. Il y a donc nécessairement un fondement et une raison à chaque aspect de son déroulement.

En ce jour du trois Tamouz eut lieu, il y a de très nombreuses générations, un autre miracle : lors de la bataille que Josué livra contre les Émoréens, le soleil allait se coucher alors que la victoire n’était pas encore acquise. Voyant que la nuit donnerait à l’ennemi la possibilité de fuir, Josué implora « Soleil, arrête-toi sur Guiveon !... », « Et le soleil s’arrêta… »1, ce qui permit aux Enfants d’Israël de gagner la bataille. Or, sachant que tous les évènements qui se sont produits à une certaine date se renouvellent chaque année à cette même date, il est évident qu’il y a un lien entre ce miracle et celui de la libération du Rabbi.

De plus, la question précédemment évoquée peut aussi être posée en ce qui concerne le miracle de Josué : dans la mesure où l’objectif de ce miracle était d’aider les Enfants d’Israël à gagner la guerre contre leurs ennemis, pourquoi ne fut-il pas un miracle « complet », qui aurait permis que la guerre soit gagnée immédiatement pas exemple, ou bien que les Enfants d’Israël puissent combattre la nuit ?

Deux sortes de miracles

Un miracle se définit par une intervention divine qui, à un degré ou à un autre, défie les lois de la nature. À l’intérieur de cette définition, cependant, il existe deux catégories générales de miracles : pour certains d’entre eux, la nature des choses reste telle quelle, et alors le miracle s’opère complètement en dehors du cadre naturel. Dans d’autres cas, la nature elle-même est miraculeusement transformée.

C’est, par exemple, ce qui distingue le miracle de la plaie du sang de celui où la main de Moïse fut frappée de « Metsora » (la « lèpre » biblique). Lors de la plaie du sang, le miracle ne consista pas à ce que l’eau se transmute en sang, mais que l’eau, tout en restant de l’eau, soit provisoirement perçue à tous égards comme du sang. L’eau ne changea pas de nature pour devenir du sang, elle ne fit qu’en prendre la « forme ». De sorte que, lorsque le moment vint que la plaie cessa, il ne fut pas nécessaire d’opérer un nouveau miracle pour que le sang redevienne de l’eau, mais seulement de cesser le miracle qui, se superposant à la nature de l’eau, la maintenait sous forme de sang. D’un autre côté, dans le cas du miracle qui frappa la main de Moïse, celle-ci devint réellement « lépreuse » et il fallut un second miracle pour la ramener à son état antérieur.

Il convient, dès lors, de se demander si le miracle de Josué, lors duquel le soleil s’immobilisa, eut lieu au sein de la nature, ou bien transcenda la nature :

Le mouvement du soleil, comme l’enseigne notre tradition, est déterminé par celui de son galgal, la sphère invisible dans l’épaisseur de laquelle il est fixé. Cette sphère fait elle-même partie d’un vaste et complexe système de sphères concentriques qui ont toutes leur mouvement propre (qui sont la conséquence du mouvement du galgal périphérique de l’univers).2 Ainsi, lorsque le soleil se figea dans l’épisode de Josué, cela a pu se faire de deux façons : soit le miracle a arrêté l’ensemble du système sidéral, dont dépend la marche du soleil, introduisant un changement dans la nature même de ce système ; soit l’ensemble du système a continué à fonctionner et à se mouvoir selon sa nature habituelle, et seul le soleil s’est figé, seul son galgals’est arrêté, de façon surnaturelle.

Le dépassement de la nature, au sein des limites de la nature

Dans la paracha de Kora’h, que nous lisons cette semaine, il est fait mention d’un autre miracle dont le déroulement est parfaitement décrit : suite à la contestation de la prêtrise par Kora’h et les siens, D.ieu demanda à Moché de recevoir un bâton de chacune des tribus, « Et le bâton de l’homme que J’aurai élu, fleurira ».3 Ainsi procéda-t-on, puis le lendemain « …voici qu’avait fleuri le bâton d’Aharon pour la tribu de Lévi : des fleurs y avaient éclos, des bourgeons (de fruits) en étaient sortis et des amandes y avaient mûri. »4

Il y a ici quelque chose de singulier : il y eut, d’une part, un grand miracle, car un bâton ne peut en soi donner des fruits, mais, d’autre part, les étapes naturelles de formation du fruit n’ont pas été sautées pour autant. Il y eut d’abord la floraison, puis la maturation du fruit jusqu’à arriver au fruit mûr. On peut se demander pour quelle raison il fut nécessaire que la pousse miraculeuse de ces fruits suive un processus naturel. En effet, pour indiquer aux Enfants d’Israël que D.ieu avait choisi Aharon comme Cohen, il aurait suffi que le bâton montre simplement des fruits.

La réponse à cela est que ce miracle a associé un évènement totalement surnaturel au processus naturel. La floraison suivit un déroulement naturel (certes sans s’en tenir aux délais habituels), pour indiquer que la prêtrise était devenue l’attribut naturel de Aharon et de sa descendance à jamais.

D.ieu dirige le monde parfois à travers les lois naturelles, et parfois d’une façon miraculeuse qui transcende ces lois, mais, dans les deux cas, pour répondre à un seul et unique objectif, comme l’on exprimé les Sages : « Tout ce que le Saint béni soit-Il a créé dans Son monde, Il ne l’a créé que pour Sa gloire. »5 Le fait que D.ieu ait fait savoir aux créatures qu’Il les a créées, qu’Il s’est investi six jours durant dans leur création (qu’Il renouvelle à chaque instant ex nihilo, comme l’a enseigné le Baal Chem Tov),6 prouve qu’Il souhaite que celles-ci aient une relation avec la force créatrice dont elles sont issues, au point d’être capables elles-mêmes d’agir pour ajouter à la gloire de D.ieu.

De quelle façon une créature peut-elle ajouter à la gloire de D.ieu ? Quand un Juif utilise une chose de ce monde pour la gloire de D.ieu, celle-ci révèle alors la parole divine qu’elle contient. Lorsque cette utilisation se répète, la chose révèle la nouvelle parole divine qu’elle contient à ce moment et qui la porte de nouveau à l’existence. Par exemple, lorsqu’un Juif boit de l’eau, cela l’amène à prononcer la bénédiction « ... chéakol nihya bidvaro– Béni sois-Tu Éternel notre D.ieu… par la parole de qui tout chose est créée », révélant ce que l’eau elle-même exprime (car sans elle, il n’aurait pas prononcé cette bénédiction) : que toute chose est créée par D.ieu, et ainsi la parole divine se révèle dans toutes les créatures.

Telle est la volonté de D.ieu même lorsque Celui-ci dirige le monde à travers des miracles : Il souhaite que l’homme, Sa créature, révèle Sa gloire. C’est pour cela que, même lorsque survient un élément miraculeux et surnaturel, celui-ci doit néanmoins être lié de quelque façon au processus naturel de façon à ce que le monde créé soit un support pour la révélation de la gloire divine. C’est la raison pour laquelle le miracle de la floraison du bâton d’Aharon présenta un aspect naturel, en suivant les étapes successives de la formation des amandes.

Ce miracle est lié avec la Kéhouna, la prêtrise des Cohanim :

Il est, en effet, connu que la Birkat Cohanim, la bénédiction sacerdotale, révèle un influx transcendant l’enchaînement habituel des mondes (lemaalah miSeder Hichtalchelout). On retrouve ici deux aspects : une rapidité qui dépasse les lois naturelles d’un côté, mais tout en respectant l’ordre naturel de l’autre. En effet, cette bénédiction permet que les bienfaits se réalisent bien avant leur échéance « naturelle », mais, d’un autre côté, cet influx, si rapide soit-il, suit le chemin naturel, passant « par tous les mondes ».

C’est la raison pour laquelle le signe du choix d’Aharon comme Cohen fut précisément la pousse d’amandes, qui sont les fruits qui poussent naturellement le plus rapidement, et qui poussèrent cette fois en une nuit, mais avec toutes les étapes de leur développement !

La différence entre « Kora’h » et « ‘Houkat »

Ce sujet est également lié à la paracha de Kora’h :

Les noms des deux parachiot, « קרח – Kora’h » et « חקת – ‘Houkat » sont composées tous deux des lettres du mot « חק – ‘hok », sauf que dans Kora’h il y a l’ajout d’un 'ר – rech, et dans ‘Houkat, l’ajout d’un 'ת – Tav.

Le mot « ‘hok », « un décret divin », désigne ce qui dépasse l’entendement humain. Si Kora’h contient ce terme, c’est pour nous enseigner qu’il avait perçu la grandeur de la révélation messianique qui transcendera l’entendement humain. Son erreur fut cependant ce qui est exprimé par la lettre « rech ».

En effet, le rech exprime la pauvreté (rach signifie « indigent » en hébreu), car dans l’optique de Kora’h, cette grande révélation et la pensée et le discours qui en résultaient ne descendaient pas jusqu’à l’action concrète. Il n’y avait là que deux lignes directionnelles, comme dans la forme du « 'ר –rech », la ligne de droite et la ligne supérieure qui symbolisent la pensée et la parole, mais il manquait la ligne de gauche qui représente l’action.

En revanche, « ‘Houkat » évoque la perfection, car le sujet transcendant de « ‘hok » descend s’accomplir dans l’action, ce qui est symbolisé dans la lettre « 'ת – tav » qui contient les trois lignes, reliées entre elles, et terminées par un petit point qui représente le sujet du « bitoul », de l’effacement de soi devant D.ieu. C’est ainsi que peut s’effectuer le sujet de « ‘Houkat », la « loi de la Torah » qui est gravée (gravure se disant « ‘hakika ») de façon éternelle.

Nous voyons ainsi comment le sujet transcendant de « ‘hok » pénètre tous les autres degrés de l’existence (contrairement à « Kora’h »), ce qui est exprimé par la lettre « tav », la dernière des vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque, qui contient de ce fait toutes les étapes qui existent. Et cela se fait alors que la pensée, la parole et l’action (représentées par les trois lignes) sont reliées entre elles sans aucune interruption, à l’image de l’association du miracle avec la nature (c’est-à-dire l’union de ce qui est au-delà des mondes avec les mondes eux-mêmes).

*    *    *

D’après ce qui précède, on comprend pourquoi le miracle qui vit le soleil se figer dans la bataille de Josué fut lié aux lois de la nature. En effet, la finalité du miracle, comme nous l’avons dit, n’est pas de s’extraire de la nature, mais, au contraire, d’agir en son sein. Ainsi, le miracle ne vint pas repousser toutes les limites naturelles, mais seulement permettre aux Enfants d’Israël de se battre de façon naturelle.

Et donc, d’après cela, il est logique d’avancer que le miracle se fit à l’intérieur du cadre naturel, c’est-à-dire qu’il agit sur le mouvement de l’ensemble des astres, qui connurent, dès lors, un cours nouveau. On voit ici, de nouveau, l’association de ce qui dépasse la nature avec la nature elle-même : ce changement intervint, il est vrai, de façon miraculeuse, mais il devint ensuite un paramètre de la nature.

Telle est également l’explication du miracle du 3 et des 12 et 13 Tamouz. Il y eut effectivement, là aussi, l’association du miracle et de la nature : le véritable miracle par lequel les autorités soviétiques acceptèrent de libérer le Rabbi, se déroula à l’intérieur des voies naturelles, en fonction de leurs modalités de fonctionnement administratif habituelles. Et cette délivrance eut lieu par étapes, car il fallut que le régime, qui était alors dans toute sa force, arrive « naturellement » à la conclusion qu’il était obligé d’abord de commuer la peine capitale en peine d’exil, puis de libérer le Rabbi définitivement. Ceci constitua l’amorce du changement qui conduisit ce même régime, des années plus tard, à libérer tous les Juifs de ce pays.

Les lettres guimel, dalet et rech

Il existe un lien entre tout ce qui précède et le mois de Tamouz :

Sachant que Nissan est selon la Torah « le premier des mois », le mois de Sivan est le troisième, et celui de Tamouz, le quatrième. Les lettres hébraïques qui correspondent aux nombres trois et quatre sont « ג' –guimel » et « ד' – dalet » qui, ensemble, évoquent l’expression « Gmoul daline », « prodiguer aux pauvres ». Se rapportant à ces deux mois, celle-ci évoque l’apport (« gmoul ») du troisième mois à l’intérieur du quatrième mois, qui était « pauvre » (« daline »), ayant débuté avec la continuation de l’emprisonnement du Rabbi, et qui le transforme en mois de la libération.

Cela est également perceptible dans la forme de la lettre :

Il y a en hébreu deux lettres qui expriment la pauvreté : « dalet », qui donne « dal », et « rech » qui donne « rach », deux termes qui signifient « pauvre ». Cependant, il y a une différence fondamentale aussi bien entre les formes de ces deux lettres, qu’entre les notions de pauvreté qu’elles expriment : le « rech » évoque la pauvreté la plus négative qui soit, celle qui est dénuée de lien avec la sainteté. En revanche, la « pauvreté » du « dalet » exprime l’extrême humilité qu’il convient d’avoir vis-à-vis de D.ieu. C’est ce à quoi le point qui se trouve derrière le « dalet » – et qui le différencie du « rech » – fait allusion : l’effacement de soi devant D.ieu, comme nous l’avons vu pour le « tav ». C’est pour cela que « dalet » exprime également la notion d’élévation (« dilitani », dans le Psaume 30), car c’est précisément à travers l’annulation de soi devant D.ieu que l’on peut atteindre des degrés élevés. C’est ce qui est exprimé dans le verset « Prière d’un pauvre qui se sent défaillir et déverse sa plainte devant l’Éternel »57 : c’est précisément la prière du « pauvre » qui parvient au degré appelé « devant l’Éternel ».

Et les deux lignes qui constituent la lettre, la ligne supérieure et celle de droite (ד), symbolisent l’ensemble de l’enchaînement des mondes : le haut et le bas, la largeur et la longueur. Et c’est précisément dans la lettre « dalet », pénétrée d’humilité vis-à-vis de D.ieu, que l’union de cette dualité de principes est parfaite.

Tel fut donc le sens du miracle des 3, 12 et 13 Tamouz : le miracle qui transcende la nature, représenté par le point du « dalet » qui dépasse l’enchaînement des mondes, a pénétré dans les dimensions de la nature, jusqu’à parvenir jusqu’au « rach », la « pauvreté » du mauvais côté, et à la transformer en bien.

*    *    *

Il y a encore d’autres domaines où cela doit s’exprimer. En effet, le miracle de la floraison du bâton d’Aharon concerne chacun d’entre nous, car chaque Juif est lié avec le niveau du Grand Prêtre, le Cohen Gadol, comme l’écrit le Rambam.8

Ainsi, le service divin de chacun doit-il être marqué par la soumission totale à la volonté divine, qui dépasse toutes les limites et fait fi de toutes les objections, mais cela doit ensuite filtrer dans toutes les composantes de sa personnalité.

Dans la vie quotidienne, cela s’exprime dans la foi que D.ieu lui prodiguera sa parnassa, sa subsistance, de façon surnaturelle, tout en s’efforçant de l’acquérir de son côté. Il est en effet écrit « l’Éternel ton D.ieu te bénira dans tout ce que tu réaliseras »9 : l’habillement du surnaturel dans les voies naturelles.

Il y a là également un enseignement particulier concernant l’œuvre de répandre les sources de la ‘Hassidout qui s’est incomparablement développé après et grâce à la libération du 3 Tamouz et des 12 et 13 Tamouz :

Le verset qui résume cette diffusion, « Tes sources se répandront à l’extérieur »10, fait allusion aux trois sujets contenus dans la lettre « dalet » : « se répandront » représente l’humilité qui pénètre le Juif dans tout son être et dont l’unique vocation est dès lors de répandre la parole de D.ieu. « Tes sources » représente la ligne horizontale, la largeur, et « à l’extérieur » représente la ligne verticale, la longueur.

On retrouve cela dans l’histoire connue d’un ‘hassid en Russie qui emprunta une ruelle, sans se préoccuper des limitations comme doit être le comportement d’un véritable ‘hassid alors qu’il s’exposait, à cette époque, à un grand danger. Un policier l’arrêta et lui demanda « qui va là ? », ce à quoi le ‘hassid répliqua « c’est le bitoul qui va ! ». Il répondit cela en russe, la langue locale. On voit donc ici comment l’annulation de soi à la sainteté pénètre le monde dans ses différentes dimensions, dans le cas présent la langue du pays.

Le monde aide à l’œuvre des Juifs

En même temps, un Juif pourrait encore se poser cette question : « Quand bien même j’accomplirais parfaitement mon service de D.ieu jusqu'à atteindre le niveau où toute mon existence n’est que “répandre” le divin, à quoi cela servirait-il puisque nous sommes “le moins nombreux parmi les peuples” et que le monde alentour est empli de soixante-dix nations qui sont incomparablement plus nombreuses que la seule “brebis”. »

Ce qui revient à dire, en d’autres termes : « Que diront le monde et les nations d’un Juif qui “diffuse les sources à l’extérieur”, en particulier quand il œuvre pour rapprocher la délivrance messianique ? Ils ne comprennent même pas ce que cela signifie ! Et, bien qu’il s’agisse d’un service de D.ieu très élevé, ne doit-on pas pourtant prendre le monde en considération ? »

En voici la réponse : le monde est déjà prêt ! Lorsque le Juif mènera correctement à bien sa mission, en transcendant toute limitation et en s’investissant dans une démarche qui se déploie dans l’ordre naturel du monde, il verra comment le monde, la nature du monde et les peuples du monde l’aideront dans sa tâche.

Et cela est particulièrement visible dans les années récentes, dans lesquelles nous voyons des miracles dans le monde, qui s’habillent dans les voies naturelles. Comme ce fut le cas lors de la sortie d’Égypte, lorsqu’on en vint au moment où les Enfants d’Israël « dépouillèrent l’Égypte » de ses richesses, cela commença de façon miraculeuse, puis s’habilla dans les voies de la nature lorsque les Égyptiens forcèrent les Israélites à prendre plus que ce qu’ils leur avaient demandé.

Chacun doit donc prendre à cœur de rajouter dans la diffusion du Judaïsme en général et des sources de la ‘Hassidout avec enthousiasme et la conscience claire que le monde lui-même aidera les Juifs dans leur tâche.

Et qu’immédiatement cela amène la véritable et complète délivrance, accompagnée du sacrifice de la dixième vache rousse11 que pratiquera le Roi Machia’h en se révélant promptement.

Alors, nous nous rendrons tous, jeunes gens et vieillards, avec nos fils et nos filles, en terre sainte, dans Jérusalem la ville sainte et dans le troisième Temple, et le plus important : que ce soit immédiatement !

Adapté du discours du Rabbi
du 2ème jour de Roch ‘Hodech Tamouz,
et de Chabbat Kora’h, 3 Tamouz 5751

 

'HABAD
Partager cet article
Repost0

Traducteur/translator

 

 

France  ISREAL  English

Recherche

logo-lien-aschkel-copie-1.jpg

 

France  ISREAL  English
Traduire la page:
By
retour à l'acueil

------------------------------------- 

 

Communication and Information

 

Vous souhaitez 

- proposer un article ?
 - communiquer une info ?

Contactez la rédaction

bOITE-a-mail.jpg

-------------------------------

 

Nous remercions par avance tous ceux

qui soutiendront le site Aschkel.info

par un don

icone paypal

Paiement sécurisé


Consultez les dossiers

Archives

Mon livre d'or

 

 Livre_dor

 


 

Visites depuis la création du site


visitors counter

Catégories