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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 17:10
Zélé comme un amandier
Symbole de la prêtrise

« Or, le lendemain, Moïse entra… et voici qu’avait fleuri le bâton de Aaron… Il avait germé des boutons, éclos des fleurs, mûri des amandes. »

Nombres 17, 23

Après la révolte de Kora’h, D.ieu demanda aux chefs de tribus de placer leur bâton dans la cour du Michkan. Un miracle se produisit : le bâton de Aaron bourgeonna, fleurit et donna des amandes. Ceci constitua la preuve que la tribu de Lévi était bien celle que D.ieu avait choisie pour le servir dans le Sanctuaire et qu’Aaron méritait d’être le Grand Prêtre.

Il est certain que les détails de ce signe ont aussi une signification. Quel lien y a-t-il entre la prêtrise et le fruit d’amandier ?

L’amande a cela de particulier d’être le fruit le plus précoce. L’amande a le plus court intervalle entre l’apparition du bourgeon et la maturation de toutes les variétés de fruits. Rabbi Chnéour Zalman indique que l’amande symbolise les Cohanim – les prêtres – qui avaient pour mission de bénir le peuple Juif. A l’instar de l’amande qui a une maturité hâtive, les bénédictions des Cohanim se réalisent immédiatement et sans aucun report.

Le Talmud affirme, d’ailleurs, que « les Cohanim sont rapides et zélés. » Les Cohanim ne se bornaient pas à remplir leur rôle de prêtres, ils le faisaient avec zèle et empressement.

Or, chaque Juif est comparé à un Cohen. Ainsi, au moment du Don de la Torah, il est dit : « Vous serez pour Moi une Nation de Prêtres. » Notre Paracha contient, donc, une leçon éternelle pour chacun d’entre nous.

D.ieu confia à chaque juif une mission : observer la Torah et appliquer les Mitsvot dans ce monde physique, et surtout transmettre le savoir et la tradition aux futures générations. L’éducation Juive est la pierre angulaire de l’édifice du Judaïsme. Cette mission doit être – comme pour la production des amandes – réalisée avec empressement et diligence. Nous ne devons jamais remettre à plus tard une Mitsva qui peut être faite maintenant. Nous devons nous presser pour remplir cette extraordinaire mission d’accomplir la volonté divine.

En outre, quand nous agissons avec empressement, D.ieu s’engage pour que les fruits de nos efforts soient rapidement récompensés. Comme pour l’amandier, nous ne tarderons pas à voir les fruits de nos entreprises.

Adapté de Likoutei Si’hot vol. 4

 

'HABAD

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 17:07
Le chemin du ciel
Kora'h contre Kora'h

Le Talmud ne se soucie pas de l’égalité du temps de parole. D’après cette antique somme de la sagesse juive, si un type bien et un affreux sont candidats à une élection, il convient de faire un maximum de publicité pour le bon et totalement ignorer le méchant. Ne citez même pas son nom.

Le Talmud a une source pour ce parti-pris : le Livre – encore plus ancien – des Proverbes, rédigé par le Roi Salomon, qui dit : « L’évocation du juste est pour la bénédiction, et le nom des méchants pourrira. »1 Citant ce verset, le Talmud statue qu’« il est interdit de nommer son enfant d’après une personne méchante. »

Cela suscite une question : pourquoi donc la Paracha de cette semaine (Nombres 16 à 8) s’appelle-t-elle « Kora’h », du nom de celui qui conduisit une mutinerie contre Moïse et Aharon ? Si la Torah ne veut pas que nous appelions nos enfants Pharaon, Joseph Vissarionovich ou Capitaine Crochet, pourquoi nomme-t-elle l’une de ses propres sections du nom d’un pécheur impénitent, une personne dont les actes mirent l’existence même du peuple d’Israël au point où D.ieu le fit avaler par la terre de sorte qu’il « descende vivant dans l’abîme » ?


« Le chemin de l’enfer, » dit le dicton, « est pavée de bonnes intentions ». Kora’h, le seul homme dont il est dit qu’il rejoignit vivant ce lieu inconfortable, s’y retrouva aussi par l’effet de motivations tout à fait positives. Comme nous le rapporte la Torah, Kora’h était animé d’une noble et sainte aspiration : le désir de devenir Kohen Gadol (« Grand Prêtre »), qui le plus haut degré de service de D.ieu qu’une personne puisse atteindre.

Comment savons-nous qu’il s’agissait d’un désir positif ? D’abord parce que nos Sages nous disent que dans le monde futur parfait de Machia’h, chacun d’entre nous atteindra le même niveau d’intimité avec D.ieu que celui auquel aspirait Kora’h. Deuxièmement, parce que nous connaissons une autre personne à qui il fut interdit par décret divin, tout comme Kora’h, d’officier comme Kohen Gadol et qui pourtant était animé d’un désir insatiable de le faire. Qui était cette autre personne ? Moïse lui-même.

Voici Moïse s’adressant à Kora’h : « Nous n’avons qu’un seul D.ieu, une seule Torah, une seule loi, un seul Kohen Gadol et un seul Sanctuaire. Et pourtant, tu désires la Haute Prêtrise. Moi aussi je la désire ! »2

« Moi aussi je la désire ! » dit-il. Moïse plaisante-t-il ? Joue-t-il l’avocat du diable ? Ou bien avons-nous là un aperçu de ce qui se passe dans son âme, une âme animée d’un désir brûlant de quelque chose de tellement exalté et divin que c’en est hors d’atteinte même d’un Moïse, une âme dont l’aspiration la plus profonde se voit frustrée par un commandement divin qui lui barre le chemin et lui intime : « Arrête. Non. Pas encore. »

Kora’h et Moïse désiraient tous deux l’interdit. Chez Kora’h, ce désir apporta la destruction sur lui-même et ses partisans. Chez Moïse, le même désir alimenta une vie de grandeur.

Le chemin de l’enfer est pavé de désirs saints. Tout comme la route du ciel. La différence est subtile, mais cruciale : c’est la différence entre agir selon un désir saint au mépris du commandement de D.ieu et nourrir ce désir, lutter contre lui, vivre une vie passionnément vouée à sa poursuite tout en s’abstenant de toute action interdite par l’objet du désir.

C’est la raison pour laquelle, explique le Rabbi, cette section de la Torah s’appelle Kora’h. La Torah nous dit ici qu’il existe deux Kora’h : Kora’h l’être humain et Kora’h la section de la Torah. Ou si vous voulez, le corps de Kora’h et l’esprit de Kora’h.

Kora’h, l’être humain qui traverse la ligne séparant le bien du mal, la ligne définie par les commandements de D.ieu, doit être rejeté. Mais Kora’h, la section de la Torah – l’aspiration sainte qui assaille les barricades que D.ieu a construites pour contenir l’élan de notre âme vers le ciel, notre âme qui y aspire, qui y tend, mais n’ose pas violer la volonté divine –, ce Kora’h là doit être rallié.

 

'HABAD

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11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 17:03
Israël ! Israël ! Israël ! Israël !
La « Flotille de la Paix »

Israël ! Israël ! Israël ! Israël !

« Israël tue... Israël attaque... Israël aborde... Maintenant Israël doit... Israël aurait dû... Israël devra... Nous exigeons d’Israël... Israël ne pourra plus... Nous ne permettrons pas à Israël... Sanctions contre Israël... L’ONU condamne Israël... Le monde réagit contre Israël... »

Des quatre coins du monde, ce ne sont que critiques, accusations, reproches et menaces.

Comme lorsque Josué ouvrit le Jourdain, fit tomber les murs de Jéricho et fit s’arrêter le cours du Soleil dans la vallée d’Ayalon, les yeux de toutes les nations sont rivés sur notre terre. Saisis d’une transe incontrôlable, ils murmurent continuellement leur mantra : « Israël ! Israël ! Israël !... »

Aux yeux des civilisations modernes, les Juifs semblent mériter beaucoup plus d’attention que toute autre nation sur terre, et la patrie des Juifs surpasse en intérêt tout autre territoire.

De fait, des milliers de personnes sont quotidiennement mutilées, brulées et tuées au Darfour, pendant que les nations sont obnubilées par Israël. Les guerres de la drogue au Mexique, les opérations pakistanaises contre les Talibans, la lutte de l’Inde contre les maoïstes, les purges religieuses en Égypte, etc etc etc, sont considérées comme totalement insignifiantes comparées au moindre battement de papillon en Israël. Un navire et tout son équipage sont envoyés par le fond par la Corée du Nord, cela fait à peine les manchettes, alors qu’un acte de défense israélien contre des jihadistes venus en découdre (et ravitailler des terroristes) suscite des cris d’orfraie dignes d’un Hiroshima de la part des nations bien pensantes.

Les Sages du Midrache présentent une conversation hypothétique entre le Machia’h et le peuple juif à l’orée de la Délivrance :

Lorsque l’Oint de D.ieu annonce aux Juifs « Préparez-vous ! Le temps de votre rédemption arrive », ceux-ci répondent dans la plus pure tradition juive par une série de questions : « Allons-nous vraiment être délivrés de l’exil ? Qu’en est-il de la prophétie annonçant qu’au cours de ce long exil dans lequel les Romains nous ont plongés, nous serions opprimés par toutes les nations de la terre ? Ce n’est que lorsque cela aura été accompli que nous pourrons espérer la Délivrance ! Certes, Roi Machia’h, la plupart des nations nous ont déjà abreuvés de leur tyrannie, mais il y a certainement des peuples dont nous n’avons pas encore porté le joug... »

Ce à quoi le Machia’h répond : « D.ieu désire désormais vous délivrer. Alors s’il se trouve un seul Juif dans une région et qu’il y est opprimé, D.ieu dans Sa miséricorde considère que vous y avez tous été opprimés ! Si un seul membre d’une nation s’attaque au peuple juif, D.ieu dans Sa miséricorde vous considère quittes d’avoir été opprimés par cette nation. Vous pouvez être sûr que cette prophétie a été plus qu’accomplie ! »

Murmurez donc, nations, murmurez ! Qu’aucune d’entre vous ne puisse donc prétendre ne pas avoir participé à ce libellé de sang ressurgi des temps médiévaux, à l’Israel bashing dont résonne à l’unisson le village planétaire !

Car bientôt, le mantra se transformera. À la faveur de la révélation divine de l’ère messianique, la raison reviendra aux nations. Elles se rendront compte de leur immonde parti-pris plurimillénaire contre Israël et se répandront en déclarations d’admiration et de foi restaurée.

Nous les encouragerons et, cette fois-là, elles nous écouteront. Dans les mots d’une autre antique prophétie, nous leur dirons :

Louez l’Éternel, vous tous, ô peuples ! Glorifiez-Le, vous toutes, ô nations ! Car immense est Sa bonté en notre faveur [et Il nous a permis de survivre à vos persécutions], la vérité de [la promesse de] l’Éternel [de nous maintenir dans l’adversité et de finalement nous rédimer] demeure à jamais [et voici à présent qu’Il nous délivre]. Alléluia !

(Psaumes 117)

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 17:14

 

 

Trois défis

Revenons aux objections émises par dix des explorateurs, Josué et Calev ayant, quant à eux, compris le but de leur mission. Ils émirent trois objections essentielles.

La première était d’ordre général : la force incommensurable des Cananéens. Bien que D.ieu leur eût montré des miracles, par le passé, l’aide divine serait-elle assez puissante pour surmonter ces nations ? En second lieu, Israël méritait-il des miracles ? Les explorateurs soulignèrent l’effet de la présence des Amalécites qui avaient précédemment attaqué Israël quand les Juifs avaient fait montre d’un manque de foi. Enfin, bien qu’il fût possible que D.ieu montre des miracles lors de la conquête de la terre elle-même, le ferait-Il dans les étapes préliminaires, à l’approche de la Terre Sainte, où attendaient les Hittites et les Jébuséens ?

En entendant les observations des dix explorateurs, les Juifs commencèrent à se révolter. Calev leur rappela alors que D.ieu avait 1) partagé la Mer Rouge, 2) fait descendre des cailles pour les nourrir et 3) donné la Manne.

Par ces simples paroles, il offrait une réponse aux trois arguments décourageants.

La Mer Rouge : Devant la Mer Rouge, la position des Hébreux était apparue désespérée devant les forces égyptiennes supérieures. Mais, leur rappela Calev, « Moïse ouvrit pour nous la mer » et aucune bataille ne s’en était suivie. D.ieu Lui-même avait combattu pour eux. Il en ferait de même face aux puissants habitants de Canaan.

Les cailles : En ce qui concernait « l’excuse d’Amalek », Calev leur rappela que même lorsque, mus par un caprice, ils avaient réclamé à Moïse de la viande et qu’alors ils ne faisaient que « chercher des ennuis », D.ieu les avait malgré tout gratifiés miraculeusement de cailles. Maintenant encore, bien qu’ils ne le méritent pas, D.ieu leur montrerait des miracles.

La Manne : Le voyage du Peuple Juif dans le désert n’était qu’une préparation sans relation directe avec leur entrée en Terre Sainte. Et pourtant le Tout Puissant accomplissait pour eux le miracle quotidien de la Manne, réfutant par là-même l’objection des explorateurs selon laquelle D.ieu pourrait ne pas montrer de miracles à l’approche de Canaan.


Nous l’avons dit, chacun d’entre nous est un émissaire de D.ieu pour faire de notre environnement la « Terre Sainte ». Nous aussi faisons face aux rapports décourageants de notre propre inclination au mal. Chez certains, elle suscite la peur que l’environnement soit particulièrement matérialiste, plus que partout ailleurs. C’est pourquoi il est un ennemi puissant qui empêche la dissémination de la Torah, (« les habitants de la Terre sont puissants »).

Chez d’autres, cette inclination évoque le sentiment de ne pas être digne de poursuivre une mission sacrée (la mention d’Amalek).

Enfin une troisième inclination fait apparaître qu’il y a des obstacles même à l’approche de l’objet de notre mission dans la vie.

Notre réponse au penchant vers le mal est clairement énoncée dans la réponse de Calev. Bien que notre environnement soit puissamment matérialiste, bien que nous ne soyons pas parfaits et que nous pêchions, bien qu’il y ait des obstacles et des distractions étrangères, D.ieu nous donne, individuellement et collectivement, la force de briser toutes les barrières, de surmonter tous les obstacles et d’accomplir notre mission dans la vie.1

'Habad

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 17:12

 

 

Le mérite des femmes juives



Salomé Alexandra
1er siècle avant l'ère commnune

La reine Salomé Alexandra fut l'une des femmes les plus remarquables de notre histoire.

Elle était la sœur du fameux chef du Sanhédrine, Rabbi Siméon ben Chata’h, et la femme du premier Maccabée qui prit le titre de « roi » depuis la destruction du Saint Temple. Ce dernier était l'arrière petit-fils de Matithiahou et se nommait Judas Aristobule Ier.

Quand il mourut, son frère aîné Alexandre Jannée, qu'il avait jeté lui-même en prison, s'y trouvait encore. Salomé le libéra. Elle était désormais veuve et sans enfants ; soucieuse d'obéir aux prescriptions de la loi Judaïque, elle l'épousa.

Aussi longtemps qu'Alexandre Jannée fut absorbé par ses campagnes militaires, il laissa à sa reine le soin des affaires intérieures du pays. Ce fut une souveraine pleine de sagesse et de piété qui conforma ses actes aux commandements de la Torah. Elle renvoya du Sanhédrine les Saducéens (secte qui ne croyait pas à la tradition orale) et appela à leur place les plus grands érudits de ce temps avec, à leur tête, Rabbi Siméon ben Chata’h. Avec l'aide d'un autre sage, Rabbi Josué ben Gamla, elle mit au point et réalisa un plan grâce auquel chaque ville de la terre d'Israël fut dotée de bonnes écoles et de pieux maîtres qui enseignèrent la Torah aux jeunes enfants.

Le peuple vivait libre et heureux.

Cette ère de félicité dura tant que les guerres occupèrent Alexandre Jannée. Il devait bientôt les terminer par des victoires auxquelles contribua la reine d'Égypte, Cléopâtre, qui avait placé à la tête de ses troupes deux généraux juifs. Les victoires obtenues et la paix conclue, le roi se montra alors sous son vrai jour. Opposé aux conceptions de piété et de droiture de la reine, désapprouvant l'influence de Rabbi Siméon ben Chata’h, son frère, et des autres sages, il manifesta ouvertement ses sentiments. La noblesse, formée des Saducéens ennemis de la vraie tradition juive, eut désormais ses faveurs.

Il alla même jusqu'à prendre le contre-pied d'un usage sacré de la Torah lié au saint office de Souccot dans le Beth-Hamikdache, faisant ainsi outrage à la masse du peuple Juif rassemblé à Jérusalem pour la célébration de la fête. Irrités, les fidèles l'avaient assailli à coups d'Etroguim.

Alexandre Jannée était non seulement le roi, il était aussi le Grand-Prêtre. L'insulte était grave ; il ordonna à ses troupes étrangères d'étouffer la « rébellion ».

Sous ce prétexte beaucoup de sang fut versé. Après quoi le roi entreprit une lutte sans merci contre les Pharisiens, les Pérouchim, comme on appelait alors les croyants orthodoxes. Sans égards pour sa propre femme, la pieuse Salomé Alexandra, il persécuta les sages du Sanhédrine, et Rabbi Siméon ben Chata’h ne dut son salut qu'à la fuite. Pris de court les Pharisiens se réfugièrent dans une forteresse. Jannée s'en empara et poussa la cruauté jusqu'à faire tuer huit cents parmi les plus grands érudits, les sages et les saints qu'honorait le peuple juif.

Heureusement le règne cruel de ce roi dont la perversité ne connaissait pas de frein, ne dura pas longtemps. Il mourut à l'âge de cinquante ans. Mais avant sa mort il se repentit de ses péchés et, exprimant ses dernières volontés, recommanda qu'on choisît, pour lui succéder sur le trône, sa femme, la pieuse Salomé Alexandra, plutôt qu'un de ses fils.

Avec cette dernière revinrent la justice et la prospérité. Au cours de cette seconde partie de son règne, neuf ans durant, ses sujets, à l'ombre de leurs vignes et de leurs figuiers, goûtèrent une vie paisible et consacrée au service de D.ieu.

C'était le résultat d'une politique prudente et pleine de sagesse. Au début il fallut compter avec le puissant parti des Saducéens. Peu à peu, avec une adresse consommée, Salomé Alexandra les écarta un à un des postes importants et leur substitua ceux parmi les sages et les érudits qui avaient survécu aux cruelles persécutions sous Alexandre Jannée.

Rabbi Siméon ben Chata’h, son frère, reprit sa place à leur tête. Le Sanhédrine devint, encore une fois, la plus haute cour consacrée à l'application des lois de la Torah. L'éducation fut à nouveau confiée à de pieux maîtres qui inculquèrent à leurs élèves tant la connaissance de la Torah que l'esprit de piété et la foi.

Les guerres et les persécutions d'Alexandre Jannée avaient considérablement accru le nombre des veuves et des orphelins ; on en comptait alors des milliers. Rabbi Siméon ben Chata’h et son ami l'éminent érudit Rabbi Judah ben Tabbaï qui partageait avec lui la direction du Sanhédrine, veillèrent à ce que ces malheureux ne manquent de rien.

La justice régna sans conteste en conformité des lois humaines de la Torah. Les magistrats peu scrupuleux furent destitués. Les témoignages étaient contrôlés avec soin et leurs auteurs soumis à des interrogatoires et des enquêtes serrées.

Qu'un pays, vivant dans l'observance des hauts principes de la Torah, sous la direction de pieux et sages érudits, s'épanouît et prospérât ainsi, comme jamais auparavant, il n'y a là rien qui doive étonner.

Salomé Alexandra était révérée comme peu de chefs le furent avant et après elle dans toute l'Histoire juive. Jérusalem redevint le grand centre spirituel qu'elle avait été dans le passé. Pour faire face aux dépenses nécessitées par les sacrifices dans le Beth-Hamikdache et par les travaux de réparation dans le Saint Temple; pour assurer la sécurité et la défense du territoire contre toute attaque ennemie, qu'elle vînt de l'intérieur ou de l'extérieur, l'impôt d'un demi-sicle (un demi-chekel) par tête était perçu. Non seulement les Juifs du royaume régulièrement s'en acquittèrent, mais même ceux qui vivaient en terre étrangère, loin de Jérusalem, le payèrent spontanément. Ainsi les recettes furent si abondantes que l'excédent alla gonfler le trésor du Temple pour la défense des bonnes causes.

Nos sages nous relatent que durant ces neuf heureuses années du règne de Salomé Alexandra, la pluie tomba seulement tous les soirs de vendredi. Il en résulta que les ouvriers agricoles et les paysans juifs ne perdirent jamais le travail ni le salaire d'un seul jour, et qu'aucun voyageur sur les routes ne souffrit du mauvais temps.

De plus, D.ieu bénit cette terre du Royaume de Judah. C'est ainsi que « les grains de froment poussèrent aussi gros que les haricots ; l'avoine aussi grosse que les olives ; et les lentilles aussi grandes que des pièces d'or ». Les chefs du Sanhédrine enfermèrent dans des vases qu'ils firent placer dans le Saint Temple quelques spécimens des produits extraordinaires de leurs champs, de leurs vergers et de leurs vignobles : cela devait servir d'enseignement aux générations futures, afin qu'elles pussent se rendre compte que la bénédiction de D.ieu vient toujours récompenser une vie de piété.

De même, sur le plan de la politique extérieure Salomé Alexandra réussit à assurer la paix, le respect et la force nécessaires à l'accomplissement de son programme de réformes intérieures. A travers tout le territoire, des forteresses s'élevèrent, des armées entraînées furent prêtes à intervenir au moindre signe. Les places fortes les plus importantes furent confiées par la reine à des hommes d'une loyauté à toute épreuve et qui ne pouvaient la trahir en cas de conflit armé avec les rois voisins. Toutes ces précautions firent que ces derniers s'abstinrent de toute attaque contre le royaume juif. Salomé Alexandra alla même jusqu'à prendre les devants et lança ses troupes bien équipées au delà des frontières, quand la situation politique rendit nécessaire son intervention en faveur de Damas, pays ami.

Ce n'est que peu de temps avant sa mort que Salomé Alexandra, pieuse et sage reine, eut la douleur de voir son propre fils, le jeune et ambitieux Aristobule, prendre en amitié les Saducéens qu'au comble de sa puissance elle n'avait cessé de rabaisser.

Elle mourut avant que s'engageât la lutte où devaient s'affronter ses deux enfants, Aristobule et Hyrcan. Ce fut le premier qui l'emporta ; il monta sur le trône d'Israël et Hyrcan, plus pieux, devint le grand-prêtre.

Mais l'ère de paix et de prospérité était finie. La guerre civile déchira bientôt le royaume, ce qui ne tarda pas à attirer les Romains. Il en résulta la destruction du pays d'Israël et avec elle celle du Saint Temple.

Néanmoins le peuple Juif garda au cœur le souvenir des temps heureux où il vécut libre ; le beau souvenir des neuf longues années pendant lesquelles Salomé Alexandra fut reine de Judée quand la Torah était la seule loi selon laquelle fut si sagement gouverné le pays.

'Habad

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 17:07

 

 

Mission possible

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Une histoire: Le rabbin Hirsh Altein souffrait d’effroyables douleurs du dos et après avoir tenté, en vain, de nombreux remèdes, tous les spécialistes qu’il consulta lui conseillèrent une opération chirurgicale comme seul moyen de guérir. Quand le Rabbi fut consulté pour ce problème, il suggéra que l’opération n’était pas nécessaire ; il devait y avoir une pommade sur le marché qui résoudrait le problème ! Mais les médecins persévéraient dans leur diagnostic, il n’y avait pour seule alternative que l’opération chirurgicale.

En dernier recours, le rabbin Altein consulta le docteur Avraham Seligson (médecin personnel du Rabbi et fervent ‘hassid). Le docteur Seligson  qui n’était pas un spécialiste du dos, examina le rabbin Altein et lui prescrivit un onguent.  Jusqu’à sa disparition, quelques vingt années plus tard, le rabbin Altein ne connut plus de récidive de ses douleurs lombaires.

Quand on demanda au docteur Seligson comment il avait su quel remède prescrire, alors que tous les spécialistes affirmaient que la seule option était l’opération, il répondit : « Les résultats de l’examen indiquaient qu’une opération chirurgicale était réellement nécessaire, mais le Rabbi avait estimé que ce n’était pas le cas. J’ai pris conscience que le Rabbi voulait tout simplement « un réceptacle » à travers lequel se manifesterait un miracle. J’ai donc prescrit la pommade la moins chère et la plus simple, disponible sur le marché !  » 

La mission de reconnaissance des explorateurs, qu’on lit dans la Paracha de cette semaine, avait pour but de réunir des informations tactiques sur l’ennemi. Ils furent enjoints d’explorer le pays ainsi que ses fortifications naturelles et celles érigées par les hommes. Ils devaient faire un rapport sur les forces et les faiblesses de l’ennemi et sur les ressources naturelles sur lesquelles ils pourraient compter au cours des batailles. Ces informations seraient utilisées par les conseillers militaires pour formuler une stratégie adéquate au combat imminent pour conquérir la Terre Sainte.

Les explorateurs, tous réputés pour être des hommes à l’intégrité incontestable, remplirent fidèlement leur tâche, mais ce qu’ils virent les fit frémir : les Cananéens étaient une nation puissante, un peuple gigantesque possédant une force terrifiante. Pas moins de trente et un rois possédaient des palais royaux, véritables forteresses armées. Il n’y avait aucun moyen, conclurent les explorateurs, pour que les Hébreux parviennent à une victoire naturelle contre le formidable ennemi cananéen. « Nous sommes incapables de vaincre ce peuple car il est plus fort que nous », déclarèrent-ils ! Et pourtant, cette honnête conclusion eut des résultats désastreux. D.ieu fut extrêmement mécontent de ce rapport et de la réaction qu’il engendra. Cela fut la cause de la disparition prématurée de toute la génération qui avait fui l’Égypte.

En quoi les explorateurs commirent-ils une erreur ? Comment demander à quelqu’un de revenir avec un rapport et le punir parce que ce rapport ne vous convient pas ? Cela ne ressemble-t-il pas à tenir le rapporteur pour responsable d’une expertise qui ne vous plait pas ?

Le Rabbi explique que les explorateurs se trompèrent en estimant qu’ils devaient parvenir à formuler une conclusion. On leur avait ordonné d’aller à Canaan et de rapporté de simples faits : la nature de la terre et de sa population, etc. On ne leur avait pas demandé de rendre une décision concernant la possibilité de conquérir le pays. D.ieu avait promis aux Juifs une victoire militaire contre les Cananéens, ce n’était donc pas une question à débattre. Le problème n’était pas de savoir s’ils pouvaient le faire, maiscomment le faire.

Il en va de même dans notre vie personnelle. Nous sommes tous « envoyés en mission » dans ce monde, pour illuminer notre environnement de la lumière de la Torah et des Mitsvot. Souvent l’opposition paraît insurmontable. Quand ces pensées pénètrent notre esprit, nous devons nous rappeler que si D.ieu nous a investis d’une mission, il est sûr que nous pouvons l’accomplir. Notre seul travail consiste à réfléchir à comment la réussir. 

 
Mission(s) accomplie(s)
Les explorateurs pouvaient-il réellement tout gâcher?

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Chaque Chabbat, il est coutume de ne lire à la synagogue qu’une seuleparacha (section hebdomadaire). De même, chaque jour de la semaine, on a l’habitude d’étudier la portion de cette paracha spécifiquement liée à ce jour. Cependant, on sait que chaque portion de la paracha est reliée à l’ensemble de celle-ci, de même que la paracha est reliée à la Torah dans son ensemble. C’est la raison pour laquelle la Torah est dite « Torah a’hat », une « Torah une ».

Ceci est particulièrement apparent dans la paracha de cette semaine, Chela’h : celle-ci est pratiquement dédiée à un sujet unique, la mission des explorateurs. En effet, les différentes étapes de cet épisode (les préparatifs de cette mission, l’exploration en elle-même, le châtiment infligé aux explorateurs et au peuple juif tout entier et la promesse divine aux Enfants d’Israël que, malgré tout, ils mériteraient un jour de rentrer en Terre Sainte) couvrent pratiquement l’ensemble de la paracha, de sorte que, pour comprendre cet évènement, il n’est pas possible de se contenter de la lecture d’une seule partie de celle-ci. Cela exprime donc à quel point cetteparacha est « une ».

Dans l’esprit de ce qui précède, le commandement des Tsitsit mentionné à la fin de la paracha porte l’expression du lien qui unit tout commandement à la globalité de la Torah. En effet, bien qu’il s’agisse d’un commandement particulier, il est dit à son sujet « vous les regarderez et vous vous rappellerez tous les commandements de l’Éternel »,1 ce qui enseigne qu’il « équivaut à tous les commandements ».2

Il reste cependant à expliquer quel est le lien entre la notion de l’unité de la Torah qui se dégage de cette paracha et son contenu, l’épisode des explorateurs, ainsi que le lien de tout ceci avec la période actuelle, la fin du mois de Sivan.

Une même mission – des objectifs différents

La paracha traite des explorateurs envoyés par Moïse et la haftara, dont le thème hebdomadaire est traditionnellement « à l’image » de celui de laparacha, traite des explorateurs envoyés par Josué.3 Il existe néanmoins plusieurs différences entre ces deux missions qu’il convient de relever :

1. Moïse envoya les explorateurs de sa propre initiative, comme cela apparaît dans l’injonction divine « Envoie toi-même »,4 « Envoie sur ton initiative ; Moi, Je ne te le commande pas ».5 En revanche, Josué dépêcha des explorateurs sur l’ordre de D.ieu.

2. Concernant la mission confiée par Moïse, il est dit, « Envoie toi-même des hommes parcourir le pays de Canaan », alors que, concernant Josué, il est dit explicitement « des hommes espions » (« meraglim »).

3. Moïse envoya douze explorateurs et Josué n’en envoya que deux.

4. Moïse envoya des princes (« Nassi ») d’Israël et la Torah mentionne leur identité. La qualité et l’identité des explorateurs de Josué, en revanche, ne sont pas précisées.

5. Les explorateurs de Moïse partirent et revinrent au vu et au su de tous les Enfants d’Israël. Pendant leur mission, ils ne se séparèrent et ne se cachèrent pas, mais marchèrent tous ensemble, au point qu’un miracle fut nécessaire pour que les habitants du pays ne prêtent pas attention à eux. À l’opposé, les explorateurs de Josué partirent en secret et Josué lui-même leur ordonna d’être des « espions secrets », aussi bien à l’égard des Enfants d’Israël que des habitants de Canaan. C’est pourquoi lors de leur mission ils se cachèrent dans la première maison qu’ils rencontrèrent.

6. Les explorateurs de Moïse parcoururent la terre d’Israël dans son intégralité pendant quarante jours, alors que ceux de Josué, bien qu’ayant reçu l’ordre de reconnaître tout le pays, durent se cacher en dehors de la ville le soir même où ils pénétrèrent dans la maison de Ra’hav et retournèrent immédiatement auprès de Josué.

L’explication de toutes ces différences tient au fait que les missions confiées respectivement par Moïse et Josué aux explorateurs avaient des objectifs différents :

On distingue en effet l’exploration d’un territoire aux fins de savoir de quelle manière le conquérir et celle qui a pour but d’en connaître les qualités pour que le peuple soit motivé à s’y installer.

Moïse dépêcha des explorateurs non pas pour apprendre comment conquérir le pays, mais pour en décrire les qualités. Cette information ayant déjà été obtenue dans la mission ordonnée par Moïse, Josué, envoya des espions pour savoir quelle serait la façon la plus efficace d’attaquer le pays, car, à son époque, cela correspondait à un besoin.

Tout va d’après l’objectif

Lorsqu’ils réclamèrent à Moïse une mission d’exploration, les Enfants d’Israël souhaitaient que celle-ci soit du type de celle de Josué, comme ils dirent alors « Nous devrions envoyer des hommes devant nous pour qu’ils explorent (espionnent) pour nous ce pays ».6 Moïse, cependant, n’envoya pas les explorateurs dans ce but, car il n’y avait alors aucun besoin à cela. En effet, D.ieu devait livrer pour eux une guerre miraculeuse, comme Moïse lui-même leur a dit, « L’Éternel votre D.ieu qui marche devant vous, Lui combattra pour vous, tout comme Il l’a fait avec vous en Égypte ».7 La raison pour laquelle Moïse consentit à cette mission fut uniquement pour connaître les caractéristiques du pays et ses qualités (« Vous observerez, de ce pays, sa nature »,8 ce sur quoi commente Rachi : « Il y a des pays qui produisent des hommes forts, d’autres qui produisent des hommes faibles ; il y en a dont la population augmente, d’autres dont la population diminue. »). C’est dans cet esprit que Moïse demanda aux explorateurs de rapporter des fruits du pays, gigantesques et succulents, afin que tous constatent la qualité de ce pays.

Le but recherché par Moïse fut d’ailleurs pleinement atteint, lorsque les explorateurs revinrent et déclarèrent « Nous sommes entrés dans le pays où tu nous avais envoyés ; oui, vraiment, il ruisselle de lait et de miel, et voici son fruit. »9 La faute des explorateurs fut d’ajouter à leur compte-rendu l’expression de leur opinion selon laquelle il serait impossible de conquérir le pays (« Nous ne pourrons pas monter »10).

L’époque de Josué était moins marquée par les miracles que celle de Moïse et il était alors nécessaire d’entreprendre certaines actions en suivant les voies naturelles dans l’accomplissement de la volonté divine. C’est pour cela que Josué envoya des espions pour apprendre comment conquérir le pays le plus facilement, et non pour en connaître la nature, ceci ayant déjà été fait du temps de Moïse.

Ce qui précède nous permet de comprendre toutes les différences entre les explorateurs de Moïse et ceux de Josué :

Au temps de Moïse, D.ieu ne lui avait pas commandé d’envoyer des explorateurs, car, la guerre de conquête devant s’opérer miraculeusement, il n’y avait nul besoin de rassembler des renseignements à des fins militaires. Cependant, devant la demande des Enfants d’Israël de dépêcher une telle mission, Moïse y consentit dans l’espoir que le fait de ne pas s’y opposer les rassurerait au point qu’ils renonceraient à cette exigence. Voyant qu’ils n’y renonçaient pas, Moïse demanda à D.ieu la permission d’envoyer des explorateurs aux seules fins de constater la qualité du pays. En vérité, cela n’était pas non plus nécessaire en soi, car D.ieu leur avait déjà annoncé que c’était un bon pays. Mais Moïse, en « berger fidèle » qu’il était, vit qu’ils avaient néanmoins besoin que quelqu’un voit de ses yeux le pays et les réjouisse par la description de ses qualités.

C’est pour cela que Moïse envoya des « hommes » pour « parcourir » (et non « espionner »)  le pays, qui étaient précisément les douze chefs de tribus, à même de savoir ce qui, en fonction de leurs sensibilités propres, intéressait leurs tribus respectives. L’idée était que lorsque les membres de chaque tribu entendraient de la bouche de leur propre Nassi qu’il s’agissait d’un bon pays, ils seraient transportés de joie à l’idée d’en prendre possession.

C’est ainsi que les explorateurs parcoururent le pays dans son entier. En effet, la répartition de la terre selon les tribus d’après le tirage au sort n’ayant pas encore eu lieu, il était nécessaire que chacun des explorateurs parcoure tout le pays pour être certain d’avoir vu le territoire qui échoirait à sa tribu. C’est également la raison pour laquelle leur mission fut révélée à tous, car le but était que tous les Enfants d’Israël sachent que la terre était bonne. En outre, ils ne durent pas se cacher aux yeux des Canaanites pour apprendre les secrets du pays que tel n’était pas leur but et ils ne craignaient pas d’attirer l’attention sur eux, car, de même que la conquête devait être miraculeuse, leur mission le fut également.

En revanche, les espions de Josué ayant pour but d’apprendre comment conquérir le pays, il fut préférable que deux hommes du peuple partent dans la discrétion, car il n’était pas nécessaire que quiconque soit dans le secret, mis à part les chefs militaires. Et lorsqu’ils entendirent de la bouche de Ra’hav, « vous nous avez terrifiés et tous les habitants du pays ont perdu courage à votre approche »11, cela leur suffit et ils purent immédiatement retourner auprès de Josué pour lui annoncer cela, ayant rempli leur mission.

La conquête du pays dans le service divin : raffinement de soi et de sa part dans le monde

Ce qui précède permet de répondre à une autre question : est-il possible que la mission des explorateurs dont le niveau spirituel était si élevé (comme en témoigne la Torah qui les qualifie de « personnages considérables, chefs des enfants d’Israël »12) ait uniquement occasionné de grands malheurs ?

En réalité, des conséquences bénéfiques découlèrent également de cette mission, car grâce aux explorateurs tous les enfants d’Israël ont vu et suque la terre d’Israël était « ruisselante de lait et de miel », ce qui les conduisit plus tard à entrer dans le pays avec joie et enthousiasme.

En réalité, ce sont les explorateurs qui entamèrent la conquête de la terre. Ce sont eux qui commencèrent à conquérir et à raffiner les dimensions matérielles de ce monde. Grâce à eux, les Enfants d’Israël ne se sont plus contentés de croire, mais virent et ressentirent que la terre était bonne. Ceci constitua à terme pour eux une motivation à y entrer, pas seulement par l’effet de la croyance, mais du point de vue de la matérialité des choses.

La raison profonde

Dans la conquête de la terre de Canaan et sa transformation en une terre sainte et spirituellement élevée, il y eut deux étapes générales complémentaires l’une de l’autre : l’envoi par Moïse de douze explorateurs puis de deux par Josué.

La raison profonde pour laquelle il fallut douze explorateurs est que la terre d’Israël est divisée en douze territoires correspondant aux douze tribus. Or, comme chaque tribu avait une approche spécifique du service de D.ieu, il était nécessaire que le Nassi de chaque tribu vienne sanctifier et raffiner le territoire qui lui revenait, car lui seul pouvait effectuer ce travail spirituel.

Et la raison profonde du fait que tous les explorateurs parcoururent l’ensemble du pays (et pas seulement la partie qui leur échoyait en propre) est que l’ensemble des Enfants d’Israël ne sont en réalité qu’« une seule entité »13, et que leurs vies sont interdépendantes et garantes les unes des autres14, chacun étant capable (et donc responsable) d’aimer l’autre « comme lui-même ».15

Ainsi, alors qu’ils voyageaient ensemble, la dimension de leur unité se révéla et pénétra le territoire particulier de chacun d’entre eux, le sanctifiant et le raffinant. Ce fut la première étape.

Quand les explorateurs furent-ils envoyés ?

Ceci explique également pourquoi Moïse envoya les explorateurs le 29 Sivan et pourquoi chaque année l’histoire des explorateurs est lue à la fin du mois de Sivan, le mois du don de la Torah :

La capacité de raffiner et de sanctifier le monde découle de la sagesse de la Torah. C’est la Torah qui détermine ce qui est interdit et ce qui est autorisé, en somme la façon dont le raffinement du monde doit s’opérer. Ainsi l’envoi des explorateurs intervient-il à la fin du mois du don de la Torah, lorsque l’on « sort » du temps lié à la Torah pour aller raffiner le monde.

Et puisque l’on distingue dans la Torah deux degrés – celui de la diversitételle qu’elle apparaît dans la Torah (qui impose que chacune des six cent mille lettres de la Torah soit séparée des autres) et celui de l’unité (en vertu duquel la Torah est qualifiée de « une »), de même existe-t-il deux approches dans l’œuvre de raffinement du monde : celui qui s’opère en se basant sur la diversité et celui qui se base sur l’unité.

Le Judaïsme contient en effet ces deux approches. La Torah, en tant que sagesse divine, représente le degré d’unité, car « D.ieu et sa sagesse ne font qu’un ».16 Les Mitsvot qui s’adressent à l’homme vivant dans ce monde représentent le degré de diversité. Les 613 commandements correspondants aux 613 parties du corps humain et de l’âme humaine.

On retrouve également cette distinction à l’intérieur même de la Torah : la Torah dite « révélée » (le Talmud au sens large), qui enseigne les Mitsvot dans leurs détails, est liée au monde de la diversité, alors que la partie profonde de la Torah (« pnimyout haTorah ») qui traite de l’existence même du D.ieu Unique qui transcende la création, représente le degré de l’unité.

Ce schéma existe également chez chaque Juif de façon particulière : l’unité qui est en lui provient de son âme, alors que ce qui le distingue d’un autre Juif provient de la descente de son âme à l’intérieur du corps et de l’expression des facultés de son âme ici-bas dans l’œuvre de raffinement du monde.

Dans ce contexte, il incombe d’aborder cette tâche pas seulement par le biais de ses facultés particulières et distinctes dont le rôle est précisément d’investir le monde pour le raffiner, mais également d’exprimer dans ce monde le degré d’unité absolue qui existe dans la Torah et au sein du peuple juif. C’est de cette façon que le monde parviendra à son ultime raffinement, à travers la révélation du D.ieu Unique qui transcende la création, jusqu’à révéler l’Essence même de D.ieu qui ne fait qu’Un avec le monde, car il n’existe rien en dehors de Lui.

Terminer la « conquête »

C’est précisément dans ce but que les douze explorateurs de Moïse et les deux de Josué furent envoyés :

Les explorateurs de Moïse initièrent la conquête de la terre d’Israël, mais leur mission porta la marque de la diversité, de la séparation : ils furent envoyés à l’initiative de Moïse et non par ordre divin. Ceci indique que le raffinement qu’ils opérèrent émana des facultés de l’âme qui s’expriment à travers son incarnation dans le corps, celles de la « diversité » (bien que le degré d’unité s’exprima également en eux par le fait qu’ils voyagèrent ensemble et dans tout le pays).

Les espions de Josué, en revanche, veillèrent à ce que la conquête se fasse par l’expression du degré d’unité qui dépasse toute division. C’est la raison pour laquelle leur mission émana de D.ieu Lui-même et que seuls deux hommes furent envoyés à Jéricho qui est le « verrou » de la terre d’Israël et inclut de ce fait l’ensemble du pays.

Et puisque cette mission se déroula en totale soumission à la volonté du D.ieu qui transcende le monde, il fut suffisant d’envoyer deux hommes(symbolisant que seules deux choses doivent être connues : ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire), des hommes du peuple et non des chefs (car la soumission à D.ieu existe chez chaque membre du peuple juif) et en secret (car la soumission est une démarche discrète, comme le dit le verset « …de marcher discrètement avec ton D.ieu »17). Ce fut là la seconde étape.

Au-delà des limites du monde !

C’est la raison pour laquelle les deux espions envoyés par Josué furent Calev et Pin’has.18

La raison de l’envoi de Calev est simple : il était le seul explorateur de la mission de Moïse encore en vie (mis à part Josué lui-même). En revanche, une question se pose quant au choix de Pin’has : celui-ci appartenait en effet à la tribu de Lévi qui n’était pas amenée à recevoir un territoire dans la terre d’Israël, ni à prendre part aux guerres afférentes.

Le fait est qu’actuellement la tribu de Lévi ne reçoit pas de part dans la terre, car elle a été séparée du reste du peuple juif pour être consacrée au service de D.ieu et enseigner Ses voies aux autres tribus. Pour cette raison, les Lévites ne vivaient pas du travail de la terre et du commerce de ses produits, mais des cadeaux que D.ieu leur avait réservés sous forme de dîmes et autres prélèvements.

Cependant, lors de l’ère messianique qui verra la plénitude du raffinement du monde, lorsque « l’occupation exclusive du monde entier sera uniquement de s’adonner à la connaissance de D.ieu »19, la tribu de Lévi n’aura plus besoin de se séparer du monde et recevra également une part dans la terre.

En d’autres termes, aujourd’hui la sainteté de la terre d’Israël découle du degré du divin qui est lié au monde, celui de la diversité. Ainsi, lors de la répartition de la terre, certains reçurent un champ de blé, d’autres, un verger d’arbres fruitiers, car cette répartition fut faite sous le signe de la diversité. Lors de la délivrance messianique, en revanche, la sainteté de la terre découlera du degré d’unité absolue, de l’Essence divine, et la répartition se fera de sorte que chacun reçoive le champ de blé ainsi que le verger, tout ensemble. Et une telle part de la terre marquée par un tel degré de sainteté échoira à tous les Enfants d’Israël, tous ensemble, y compris la tribu de Lévi.

C’est la raison pour laquelle Josué envoya précisément Pin’has le Lévite (en plus de Calev qui avait aussi été envoyé par Moïse), afin de préparer la terre pas seulement à la sainteté limitée au monde, mais aussi à la sainteté qui le transcende, le degré d’unité qui se révélera à l’ère messianique, lorsque les Lévites auront également une part dans la terre.

[Il y aura d’ailleurs dans le processus de la délivrance également deux étapes : 1. celle où « la terre sera pleine de la connaissance de D.ieu… »20, la terre sera sanctifiée par le degré du divin qui est lié à la terre, et 2. « …comme les eaux recouvrent les fonds marins »21, lorsque la terre sera submergée par « les eaux » de la connaissance, l’essence de la Torah, la Sagesse Divine qui transcende la terre, qui ne fait qu’Un avec D.ieu.]

La Mitsva des Tsitsit

Le raffinement du monde par le biais du degré de divinité qui transcende le monde, celui de l’unité absolue, qui est exprimé dans l’histoire des explorateurs est également présent dans un commandement qui est mentionné à la fin de notre paracha, celui des Tsitsit qui est considéré équivalent à l’ensemble des Mitsvot.

Cela même est surprenant, car dans la mesure où l’objet des commandements est de raffiner le monde qui se décline dans une abondante diversité (ce qui explique le grand nombre de commandements), comment se peut-il qu’un commandement particulier inclue en lui l’ensemble des commandements ?

La réponse est que cela tient au fait que la source des commandements est au-delà du monde est que leur véritable objectif est de révéler la volonté unique du D.ieu Unique. Ce n’est qu’en apparence que les commandements se distinguent les uns des autres.

C’est la raison de l’existence de la Mitsva des Tsitsit qui unifie toutes les Mitsvot (le mot « Tsitsit » ayant pour valeur numérique 600, auxquels s’ajoute les huit fils et les cinq nœuds qu’ils portent, faisant en tout 613 qui correspondent aux 613 commandements). Cette Mitsva fait en sorte que l’accomplissement de tous les commandements participe aussi du degré d’unité qui transcende le monde.

Que faire ?

La leçon qui découle de l’épisode des explorateurs est qu’il nous faut mettre en évidence l’unité au sein de la Torah et au sein du peuple juif :

Même dans les sujets dans lesquels existent des divergences d’opinions, sachant que « les mentalités sont différentes »22, en particulier dans le cadre de missions dont la réalisation a été laissée à l’appréciation de chacun, il est nécessaire de mettre l’accent sur l’unité et l’amour du prochain (« ahavat Israël » et « a’hdout Israël »), en méditant sur les besoins d’autrui afin de l’aider tant spirituellement que matériellement, comme nous le disons avant de commencer la prière du matin, « Je m’engage à accomplir le commandement “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” ».

Considérons par exemple la répartition du peuple juif entre le groupe de ceux qui s’adonnent à l’étude de la Torah et celui de ceux qui distribuent des dons charitables (« Tsédaka ») : mis à part le fait que ceux qui étudient doivent également donner la Tsédaka et que ceux qui donnent doivent également étudier la Torah, celui qui donne doit donner la Tsédaka pour d’autres Juifs et d’autres Juives, jusqu’à donner pour tous les Juifs ! Et ceux qui étudient doivent le faire avec de nouveaux élèves, jusqu’à étudier avec tous les élèves !

Le sujet de l’unité est particulièrement exprimé dans l’étude quotidienne du Rambam (Maïmonide) telle qu’elle a été instaurée, car dans celle-ci tous les Juifs s’unissent dans l’étude de toute la Torah. De même, à travers la diffusion des sources de la ‘Hassidout à tous les Enfants d’Israël, ceux-ci s’unissent dans l’étude des sujets divins, la profondeur de la Torah, et mériteront immédiatement de ce fait la délivrance messianique, lorsque « les Juifs seront tous de grands Sages, connaissant les choses cachées et comprenant l’intention de leur Créateur, ainsi qu’il est dit ‘la terre sera pleine de la connaissance de D.ieu comme les eaux recouvrent les fonds marins.” »23

Et l’essentiel est que nous méritions immédiatement l’accomplissement de la promesse formulée dans notre paracha, « Il leur annonça qu’ils entreraient dans le pays »24, ainsi qu’à la fin de la haftara, « l'Éternel a livré tout ce pays entre nos mains, et déjà tous ses habitants tremblent devant nous. »25

Ceci en particulier par le fait que même en ces derniers instants de l’exil on tient avec fermeté aux parties de la terre d’Israël que D.ieu a déjà remises entre les mains des Enfants d’Israël en ne rétrocédant pas le moindre pouce de la terre d’Israël aux nations du monde,

Et tous les Enfants d’Israël parviendront dans la terre d’Israël dans sa pleine intégrité, la terre de dix peuples (incluant aussi le Kéni, le Kenizi et leKadmoni) qui sera répartie entre treize tribus. Et en Israël même ils viendront à Jérusalem, la ville sainte, qui n’a pas été répartie entre les tribus, au troisième Temple.

Et là-bas ils offriront, en premier lieu, une offrande de reconnaissance à D.ieu pour les avoir libérés de la prison de l’exil, et on fera les libations de vin au son de tous les instruments de musique, au chant du « nouveau cantique », celui de la délivrance finale, qui ne sera plus jamais suivie d’exil.

Et on étudiera la « nouvelle Torah qui sortira de moi »26 de sorte que « ils n'auront plus besoin ni les uns ni les autres de s'instruire mutuellement… Car tous, ils me connaîtront ».27

Et l’essentiel et que tout ceci se fasse concrètement et immédiatement.

Adapté du discours du Rabbi du Chabbat Chela’h 5751

'Habad

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 15:58
Une communauté
L'origine du Minyane

« Jusqu’à quand tolérerai-Je cette eida – communauté... »

Nombres 14, 27

La paracha de Chela’h retrace l’épisode de l’envoi de douze explorateurs en terre de Canaan. Leur mission consistait à espionner le pays et d’y ramener des informations pour la future conquête. Dix hommes de ce groupe revinrent avec des nouvelles très pessimistes qui causèrent le désespoir de tout Israël. C’est de ce passage que nos sages déduisent que le terme eida, « communauté », implique un groupe de dix personnes. Aussi, ils en viennent à conclure que, pour un événement déterminé tel que la constitution d’un Minyane qui nécessite qu’une « communauté » soit présente, la Torah réclame un quorum de dix hommes au minimum.

Il est néanmoins étonnant que la Torah ait institué un principe si important à partir d’un épisode négatif de l’histoire du peuple juif : l’erreur des explorateurs ! C’est pourquoi nous proposerons une autre lecture – plus profonde – de l’histoire des espions. En effet, la Torah est constituée de deux éléments, comparables au corps et à l’âme : la partie exotérique et la partie ésotérique. Les deux parties sont complémentaires et, ensemble, elles incarnent la Sagesse Divine.

Bien qu’une simple lecture de cet événement laisse entendre que les explorateurs ont gravement fauté, au point où ils furent punis et que tout le peuple fut retenu quarante ans dans le désert du Sinaï, il existe toutefois une allusion dans la mystique juive qui voit en ces hommes des personnages de très grande qualité.

La pensée ‘hassidique explique que le refus des explorateurs de monter en Israël était le fruit de leur état spirituel : ils craignaient de rentrer dans une terre où ils seraient obligés de s’investir dans les domaines et les contraintes du monde matériel.

Après avoir reçu la Torah, les explorateurs envisageaient de rester cloîtrés dans le désert où ils jouissaient quotidiennement de miracles : la Manne, le puits de Miriam et les Nuées saintes. Les conditions idéales pour étudier et s’attacher au Divin étaient, ici, regroupées.

Ils se sont trompés, parce que le fait de vivre en Terre d'Israël, d’y appliquer les commandements relatifs à la Terre Sainte, ainsi que d’accomplir toutes les Mitsvot dans ce monde est – pour D.ieu – encore plus élevé que la réclusion dans la sainteté.

C’est précisément du fait de leur statut élevé que leur prise de position fut considérée comme un grave péché : ils ne devaient pas être de mauvais exemples pour tout un peuple. En revanche, le fait que leur motivation fut positive sert à nos sages pour déduire les conditions de la constitution d’unMinyane.

En outre, un autre détail permet de conclure que ces hommes n’étaient pas si mauvais que ça. Car, en effet, comment comprendre que ces hommes qui souhaitaient rester dans le désert causèrent que le peuple soit puni précisément par la réalisation de leur souhait : rester quarante ans dans le désert du Sinaï !

En réalité, D.ieu permit au peuple durant cette période de continuer de jouir de cette situation spirituelle qu’il avait peine à quitter. Ainsi, les progrès produits leur permirent d’atteindre la maturité requise pour entrer enfin en Terre d’Israël.

Adapté de Likoutei Si’hot vol. 33

-HABAD

 

 

 

 

 

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 16:11

 

 

Un chemin de lumière
Le but de l’éducation

Le but de l’éducation

Dans un unique verset,1 « Éduque l’enfant selon sa voie ; même quand il grandira, il ne s’en départira pas », le roi Salomon révèle plusieurs concepts fondamentaux concernant l’approche de l’éducation dans la Torah.

Le but de l’éducation n’est pas de simplement transmettre des informations, mais de modeler le caractère de l’élève, de lui faire prendre un chemin qu’il pourra suivre sa vie entière.

Chaque enfant va s’engager dans une « voie » – car la vie ne nous permet pas de rester statiques –, de sorte qu’un itinéraire sera dessiné. Mais un enfant doit être préparé à ces transitions ; il ne faut pas qu’elles le prennent par surprise. C’est là le but de l’éducation : lui donner une base de valeurs et de principes qui lui enseigneront comment envisager l’avenir, comment affronter et surmonter les défis de la vie.

En outre, ces principes éducatifs doivent être plus que des vérités intellectuelles ; ils doivent faire partie intégrante de la construction de l’enfant. C’est là le cœur de l’expérience éducative que d’intérioriser des idées et les intégrer comme partie de soi, au lieu de simplement les comprendre dans leur abstraction.

Quand un enfant est éduqué d’une telle manière, il est préparé à avancer sur sa route. Non seulement possède-t-il alors la concentration, l’orientation et la force intérieure nécessaires pour faire face aux défis, mais il aura également l’initiative de les rechercher. Car la connaissance confère puissance et énergie. Quand un enfant a appris des principes et des valeurs qui sonnent juste, il sentira une énergie naître en lui qui recherchera naturellement son expression dans des expériences de vie positives. 

Encourager l’individualité

Capitale dans ce processus est la prise de conscience que chaque enfant possède « sa voie », une nature qui lui est propre. Comme le disait le Rabbi précédent2 : « Chaque Juif possède une mission spirituelle dans sa vie. » Bien que nous partagions tous le but commun de transformer le monde en une résidence pour D.ieu,3 chacun d’entre nous possède des aptitudes et des tendances distinctes. Leur expression permet au but divin de se manifester selon des chemins différents, lui conférant ainsi une portée d’autant plus étendue.

C’est la raison pour laquelle un maître ne doit pas essayer de pousser tous ses élèves dans la même direction. Il doit plutôt apprécier les qualités de chacun et cultiver leur expression.4 Même lorsqu’on enseigne les vérités universelles de la Torah, le but d’un maître ne doit pas être le conformisme. Au contraire, il doit s’efforcer de permettre à chaque élève d’intégrer ces vérités d’une manière qui corresponde à sa nature propre.

Des lampes étincelantes

La paracha de Behaalotekha évoque ces idées. Celle-ci commence par le commandement donné à Aharon d’allumer la Menorah dans le Sanctuaire. La Menorah symbolise le Peuple Juif,5 car le but de l’existence de chaque Juif est de répandre la lumière divine dans le monde, comme il est écrit : « L’âme de l’homme est la lampe de D.ieu. »6 Avec « La lumière de la Torah et la bougie des Mitsvot »,7 notre peuple illumine le monde. 

La Menorah s’élève en sept branches qui représentent sept approches dans le service divin. Et pourtant elle était faite d’un bloc d’or unique,8 ce qui indique que la pluralité des qualités au sein du peuple juif ne diminue en rien son unité fondamentale. La diversité ne mène pas nécessairement à la division, et le développement d’une véritable unité vient de la synthèse d’élans divers, chaque personne exprimant ses propres talents et sa propre personnalité. 

Des efforts indépendants

Relatant l’ordre de D.ieu à Aharon d’allumer la Menorah, la Torah utilise l’expression9 : Behaalotékha ète hanérote, ce qui signifie littéralement « Quand tu feras monter les flammes. » Rachi explique que cela signifie que le prêtre doit appliquer la flamme à la mèche « jusqu’à ce que la flamme s’élève d’elle-même » et brille sans l’assistance de l’allumette.

Chacune de ces expressions de Rachi exprime allégoriquement un concept fondamental.

« La flamme » : chaque personne est potentiellement « une lampe ». Mais la flamme réalise ce potentiel en produisant une lumière rayonnante.

« S’élève » : Il ne faudrait pas nous satisfaire de notre niveau présent, quelque raffiné qu’il puisse être. Il faut chercher sans cesse à progresser, à atteindre un niveau plus élevé et plus complet dans le service divin.

« D’elle-même » : Il nous faut intérioriser l’influence de nos maîtres jusqu’à faire nôtre leur lumière. La connaissance acquise doit permettre de « briller » de manière autonome.

Bien plus, il faut « s’élever de soi-même », c'est-à-dire que le désir d’avancer doit intégrer sa propre nature. Même sans y être encouragé par autrui, on doit toujours chercher à progresser.

De la même façon, quand on enseigne à d’autres, il faut avoir pour but que les élèves deviennent également « une flamme qui s’élève par elle-même », des lampes indépendantes qui répandent la « lumière de la Torah » dans leur environnement. 

Aller de l’avant

Beaalotekha n’est pas seulement le commencement de la Paracha, c’est aussi son nom, de sorte que les leçons que ce titre communique s’appliquent à la Paracha dans son intégralité et notamment à sa majeure partie qui décrit les préparatifs et les étapes initiales du voyage du Peuple Juif dans le désert. Le Baal Chem Tov explique10 que ces étapes reflètent celles qu’entreprend chaque individu dans la vie.

Le peuple juif n’est pas demeuré au Mont Sinaï où il avait reçu la Torah et construit le Sanctuaire. Il prit avec lui la Torah et le Sanctuaire et se mit en voyage à travers le désert du monde. De la même manière, allumer la lumière dans l’âme d’une personne, qui est le but de son éducation, doit lui permettre de prendre avec elle sa « lumière de la Torah » dans ses cheminements à travers le monde. En répandant cette lumière au cours de son périple dans la vie, chaque individu contribue à accomplir le but de toute existence : établir une demeure pour D.ieu dans le monde matériel.

Dans cette veine, les voyages du Peuple Juif dans le désert peuvent aussi s’interpréter11 comme une allusion aux voyages de notre peuple à travers les âges vers la réalisation de cette mission, la révélation de la lumière deMachia’h. C’est ainsi que nous serons réunis dans la construction du Beth Hamikdach où nous verrons à nouveau les prêtres allumer la Menorah.

Adapté de
Sefer HaSi’hot 5749, p. 522ff;
Sefer HaSi’hot 5751, p. 598ff;
Si’hot Chabbat parachat Matot-Massei, 5743

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 16:04
Quand les murs du Ghetto tombèrent
Comment éduquer à l’âge du www et de la 3D ?

 

 

Il était une fois, on disait à un enfant ce qu’il devait faire, et c’est exactement ce qu’il faisait. La transmission du Judaïsme et de sa pratique de génération en génération étant quelque chose de simple : les parents disaient à leur enfant « Voici ce que nous faisons et voici ce que nous ne faisons pas » et l’enfant s’y soumettait de bonne grâce.

Nos ancêtres vivaient dans un ghetto matériel – il n’y avait pas où aller –, ainsi que dans un ghetto psychologique : il n’y avait pas réellement d’autres choix possibles.

L’éducation était simple.

Et puis vint l’émancipation des Juifs. Les murs des ghettos tombèrent. Et l’éducation juive changea pour toujours. L’enfant n’était désormais plus ignorant du monde. Ses options étaient dorénavant infinies et se conformer aux anciennes coutumes de ses ancêtres n’était qu’une seule d’entre elles. L’éducation basée sur « Fais cela parce que je te le dis » ne pouvait perdurer.

Comment faut-il éduquer à l’âge du www et de la 3D ?Si tel était le challenge de nos pères à l’époque des voitures à cheval et du train à vapeur, combien plus est-ce le cas au 21èmesiècle, lorsque le monde extérieur est au seuil de notre porte, ou, plus exactement, dans notre chambre à coucher.

Un rabbi ‘hassidique dit un jour « Ce que mes ‘hassidim en Amérique voient lors d’un aller en train, est plus que ce que mes ‘hassidim au shtetlvoyaient en une vie entière... »

Comment faut-il éduquer à l’âge du www et de la 3D ?

Voyons ce que la Torah a à dire.

D.ieu dit à Moïse : Parle à Aharon et dis-lui : « Lorsque tu feras monter (“behaalotekha”) les lampes [du candélabre dans le Sanctuaire]... » — Nombres 8, 1-2.

Behaalotekha, communément traduit par « Lorsque tu allumeras », signifie littéralement « Lorsque tu feras monter ». Quel est le rapport entre « faire monter » et allumer une ménorah ? Le commentateur biblique Rachi explique que le prêtre doit allumer les lampes de sorte qu’elles brûlent – s’élèvent – d’elles-mêmes.

Spirituellement parlant, la ménorah représente l’âme. Allumer une ménorah signifie allumer une âme.

La Torah nous enseigne que lorsque nous allumons les âmes de nos enfants ou de nos protégés, nous devons les éduquer de manière à ce qu’ils puissent se tenir debout sur leurs pieds. Ne leur donnez pas du poisson ; apprenez-leur à pêcher. Ne leur enseignez pas la dépendance, enseignez-leur l’indépendance. Rendez-les savants et fiers de leur foi, plutôt qu’ignorants et soumis.

Nous devons construire de solides systèmes immunitaires qui résistent aux déchets qui lui sont projetés.

Le système immunitaire n’est pas héréditaire, il ne se constitue pas de lui-même. C’est à nous qu’il revient de « faire monter les lampes ».

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 16:06

 

 

 

Un levier pour élever le monde
A quoi la Torah se doit-elle d'être utile ?

Pourquoi Rav Yossef célébrait-il la fête avec tant de conviction ?

Dans sa description de la nouvelle dimension du service divin apportée par le Don de la Torah, le Talmud1rapporte que Rav Yossef le célébrait par une fête très particulière. Pourquoi ?

« Car sans ce jour qui occasionna [un changement radical]… combien de Yossef seraient-ils là-bas, au marché ? »

Rachi explique :

« Sans ce jour où j’étudiai la Torah et en sortis purifié[…] voici, il existe de nombreuses personnes dans la rue et qui s’appellent Yossef. Quelle différence y aurait-t-il eu entre moi et elles ? »

Rav Yossef parlait entre termes imagés. Le marché sert d’analogie pour notre monde matériel, soulignant trois aspects de notre existence :

a) Tout d’abord, au marché, il existe de nombreux domaines séparés ; chaque commerçant possède son propre étal ou sa propre boutique.

b) De plus, c’est un lieu d’intense activité, chacun essayant à tout prix de faire des profits.

b) Enfin, ces profits s’opèrent par l’intermédiaire de transactions commerciales.

Dans la parabole de Rav Yossef, on peut retrouver des équivalences : notre monde se caractérise également par la pluralité. Chaque élément de l’existence est une entité séparée, sans lien apparent avec les autres.2Toutefois, c’est dans ce monde, par opposition au Monde Futur, que l’âme peut réellement avancer et faire du profit. C’est pourquoi, nos activités matérielles sont emplies d’énergie.

Les « échanges commerciaux qui génèrent du profit » impliquent qu’il faille apporter des entités d’un domaine à l’autre, faisant en sorte que des objets matériels qui apparaissent tout à fait indépendants les uns des autres, s’unissent en entrant en la possession de D.ieu, pour ainsi dire, en révélant leur intériorité spirituelle.

Un changement durable

Rav Yossef parle des « Yossef au marché ». Le mot Yossef est associé avec l’idée d'accroissement.3 Rav Yossef signifiait par là que même avant le Don de la Torah, il y avait « de nombreux Yossef au marché » c'est-à-dire qu’il existait des guides spirituels capables de produire le profit qui résulte du contact entre le matériel et le spirituel. Mais le Don de la Torah fit une différence.

Tout d’abord, il établit l’unité. Avant le Don de la Torah, il y avait de « nombreux Yossef », c'est-à-dire que les efforts des dirigeants spirituels, bien que significatifs, restaient divers ; chacun avait ses propres élans. Le Don de la Torah apporta une lumière supérieure, une lumière qui permit la synthèse entre les différentes approches. Elle permit un niveau d’unicité à multiples faces et les dépassant toutes.

En outre, et comme cela apparaît dans les mots cités plus tôt par Rachi, le Don de la Torah créa le potentiel pour les entités matérielles de « s’élever ». Avant le Don de la Torah, les révélations de la Divinité rendues possibles par l’intermédiaire des Patriarches n’affectaient pas la substance matérielle du monde.

Par exemple, quand Yaakov disposait des bâtons de peuplier, d’amandier et de marronnier devant le troupeau de Lavan,4 ses actions avaient le même effet spirituel que celui obtenu par notre observance de la Mitsva des Tefiline.5 Cependant, son service spirituel achevé, les bâtons restaient d’ordinaires morceaux de bois aucunement affectés dans leur essence.6 Par contre, quand un Juif met les Tefiline, elles en deviennent sacrées. La Mitsva agit spirituellement sur la substance matérielle et l’élève au-dessus du niveau profane.

Pas simplement une histoire

Bien que le changement radical décrit par Rav Yossef soit associé au Don de la Torah au Sinaï, son intention n’était pas simplement de relater un événement historique. Car le passé de notre peuple n’est pas coupé de son présent. Dans cette veine, à propos du verset : « ces jours sont rappelés et mis en pratique »,7 le Ari Zal explique8 que lorsqu’un jour de fête est rappelé comme il le faut, il est « revécu », c'est-à-dire que les influences spirituelles qui le distinguaient sont à nouveau ressenties. Ainsi, chaque année, la célébration du Don de la Torah à Chavouot plonge la personne dans un rapprochement avec D.ieu toujours plus profond et dans un degré d’unicité plus fort encore.

Cela se reflète dans le nom de la lecture de la Torah, le Chabbat de Chavouot cette année, Nasso. Nasso signifie « lever ». Pus particulièrement, le verset9 avec lequel la Paracha commence est : « levez les têtes… » La tête, siège de l’intellect est la partie la plus développée de notre corps physique. Et pourtant, le Don de la Torah nous rend capable de « lever » nos têtes à une hauteur plus élevée encore.

Car lorsqu’un homme étudie la Torah, il ne s’agit pas simplement pour lui de contempler D.ieu avec des yeux d’homme. Mais il assimile la sagesse de D.ieu à travers son processus intellectuel. Et la connaissance du Divin que gagne cet homme reste avec lui, changeant et élevant son mode de pensée.10

Etendre le lien

Néanmoins, une question peut se soulever : le commandement, qui commence la Paracha, de « lever les têtes » (qui dans ce contexte signifie faire un recensement) fut donné en dehors de celui de recenser les Lévites. L’objet du commandement de D.ieu concerne ici « les descendants de Guerchon », les Lévites chargés de porter les rideaux qui couvraient le Sanctuaire. Ce sont les descendants de Kehat qui étaient responsables de l’Arche contenant les Tables de la Loi et la Menorah, toutes deux associées à la Torah. Or le commandement de les compter, eux, figure dans la précédente Paracha, Bamidbar.11 Si l’intention de Nasso est de souligner l’effet sublime de l’étude de la Torah, pourquoi est-elle associée avec les descendants de Guerchon ?

La réponse est que l’étude de la Torah ne peut rester une activité spirituelle isolée. Elle devrait élever le service de la prière (associé aux descendants de Guerchon) et en fait, chaque aspect de notre conduite. Plus encore, quand un individu a ainsi élevé son service spirituel, il a la capacité d’élever le monde autour de lui, le rapprochant encore de D.ieu.

C’est ce que traduit la conclusion de la Paracha, qui décrit les dernières étapes de l’inauguration du Sanctuaire. Car le but du Sanctuaire était bien de propager la sainteté à travers le monde, rapprochant de D.ieu ses dimensions matérielles par l’offrande des sacrifices.

Appliquer ces leçons, nous dédier à l’étude de la Torah et utiliser cette étude pour élever notre conduite et notre environnement hâtera la venue de l’ère où l’humanité et le monde en général atteindront leur apogée : « Le monde sera rempli de la connaissance de D.ieu comme les eaux couvrent le lit de l’océan. »12

Adapté de Sefer HaSi'hot 5750, p. 493 ff.

 
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