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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 16:03

 

 

Nazirs et monastères
Le plaisir sans le matérialisme

L’homme le plus puissant de la Bible fut, bien entendu, Samson. Il vainquit les bêtes les plus féroces et démolit un stade de ses mains nues. Mais à la fin, Samson fut vaincu par une coupe de cheveux : Dalila les lui coupa et il perdit sa force. Pourquoi un acte aussi anodin a-t-il pu saper sa force ? Parce que Samson était un Nazir. Comme nous le lisons dans la Paracha de cette semaine, le vœu sacré du Nazir lui interdit de se couper les cheveux, de toucher un mort et de boire du vin.

À l’expiration de la durée de son vœu, le Nazir devait apporter certaines offrandes expiatoires au Temple. Le Talmud demande : pourquoi le Nazir, qui avait essentiellement pris sur lui des interdictions volontaires au-delà de la lettre de la loi, devait-il chercher le pardon ? Quel péché avait-il commis ? L’une des opinions avancées dans le Talmud suggère que le fait même de s’être refusé le plaisir de boire du vin est considéré comme une faute.

Mais pourquoi, dans ce cas, est-il si grave de s’interdire quelque chose ? Juste parce que D.ieu nous permet de jouir du fruit de la vigne, il est mal de le décliner ? Devrai-je rendre des comptes pour tout produit certifié cachère que j’ai choisi de ne pas consommer ? Juste parce qu’une glace populaire vient d’être autorisée par le rabbinat, suis-je un mécréant si je m’en tiens au sorbet ? Et si je n’ai pas encore dîné dans le restaurant chic et cachère en vogue, dois-je rechercher l’expiation ?

Il semble toutefois qu’il s’agisse plus d’une question d’attitude que de bien ou de mal. Quelle est la bonne façon de vivre ? Quelle devrait être notre approche vis-à-vis de la Création et du monde matériel ? Faut-il divorcer de la société pour être saints ? Devrions-nous rejeter tout ce qui n’est pas entièrement spirituel parce que nous craignons que cela n’interfère avec notre piété ?

Il existe des idéologies qui prêchent le célibat et révèrent ceux qui se séquestrent eux-mêmes pour échapper aux trépidations de la vie quotidienne. Ils tiennent que le corps est foncièrement impur et considèrent le mariage comme une concession à la faiblesse humaine. Et puis il y a ceux qui gravissent des montagnes pour s’échapper vers les royaumes spirituels. Les cieux sont bien plus empreints de bonheur et de beauté que les coins de rues sales et les avenues négligées de la vie urbaine.

Le Judaïsme voit les choses autrement. Nous ne suivons ni les théologies du rejet ni celles de la fuite. Nous acceptons et affrontons le monde de D.ieu. Bien sûr, il y a des lignes de conduite bien claires, ainsi que des règles et des prescriptions. Mais, dans le cadre de la Torah, nous devons travailler avec l’univers du Tout Puissant. « Au commencement, D.ieu créa le ciel et la terre. » Le « terrestre », le matériel, fait également partie de Son vaste et éternel plan. Ce plan consiste en ce que des êtres terrestres, des hommes et des femmes, investissent leur temps, leurs énergies, leurs richesses et leurs sagesses pour imprégner le monde matériel de Divinité.

C’est ce que nous faisons avec chaque Mitsva. Nous prenons le matériel et le transformons en spirituel, non pas en le brisant ou en le fuyant, mais en l’affrontant et en le façonnant en quelque chose de sacré et porteur de sens.

« Les Juifs n’ont pas de monastères, » entend-on souvent. Une Yéchiva n’est pas censée être un monastère, mais une école où l’on enseigne aux étudiants à créer de la valeur spirituelle au sein du monde matériel. Ainsi le Nazir, qui, à cause de sa propre faiblesse morale, avait jugé nécessaire de s’éloigner de ce que le Créateur nous a permis, commettait en quelque sorte une faute. Et son attitude appelait effectivement une expiation.

Le Judaïsme nous engage à vivre une vie plus élevée et surnaturelle, mais à l’intérieur de ce monde. Plutôt que de permettre à la vanité d’une société de nous entraîner dans sa descente,  le défi nous est lancé de déployer tous les efforts afin de la changer pour le bien.

Bien sûr, buvez le vin, mais sans oublier de faire le Kiddouch et de dire « Le’haim ! »

 

'HABAD

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 15:59

 

 

 

La bénédiction des Cohanim
Le sens du rituel

Le rituel

S’il vous est arrivé de vous trouver à la synagogue durant la Bénédiction des Cohanim, vous savez qu’il s’agit d’une expérience qui fait naître un sentiment de ferveur peu commun. Le Cohen ôte ses souliers et s’approche de l’estrade, le visage enfoui dans son châle de prière. Il tend ses mains vers l’assemblée. Ses doigts sont séparés et ses paumes tendues vers l’extérieur. Il attend le moment saint. Les membres de la congrégation détournent la tête ou la cachent dans leur propre châle de prière pour éviter de regarder en face le Cohen, car l’on sait qu’en cet instant, repose sur lui la Présence Divine.

Incité par le ‘Hazan, le Cohen entonne sobrement les mots sacrés de la bénédiction (Nombres 6, 24-26) « Que D.ieu te bénisse et te garde. Que D.ieu fasse briller Sa face sur toi et qu’Il soit indulgent à ton égard. Que D.ieu lève Sa face sur toi et qu’Il te donne la paix ».

La bénédiction s’achève alors et un sentiment de bonheur s’empare de ceux qui sont présents. Dans certaines communautés, on éclate en un chant joyeux. D’une certaine manière, nous ressentons qu’une bénédiction particulière de D.ieu, Celui qui donne toutes les bénédictions, vient d’être octroyée. Nous ressentons une sorte d’exaltation, nous nous sentons élevés comme si D.ieu venait de nous atteindre depuis Son trône céleste pour nous rapprocher de Lui.

Qu’y a-t-il dans cette bénédiction de si particulier pour qu’elle puisse éveiller de tels sentiments ? En quoi diffère-t-elle de toutes celles que nous prononçons nous-mêmes ?

Deux formes de prières

Il est de fait que dans la prière nous adressons à D.ieu des requêtes. Nous observons notre vie et nos besoins et nous nous tournons vers Lui pour nos demandes. D.ieu écoute attentivement. Il écoute nos paroles, mais Il lit nos cœurs. « Tu as des besoins auxquels tu veux que Je pourvoie, s’étonne D.ieu, mais Moi J’ai des désirs que Je veux que tu accomplisses. Voyons comment tu satisfais Mes désirs. Et Je verrai alors comment Je contenterai les tiens ».

Le Cohen possède une approche différente. Il déverse son cœur dans la prière et dit : « D.ieu Bien-aimé, je sais combien Tu aimes Tes enfants et combien il Te plaît de pourvoir à leurs besoins. Je suis heureux d’être dans la position de T’offrir une telle occasion. Voilà ce dont Tes enfants manquent et voilà comment T’engager dans Ton plaisir favori qui est de les aider ».

Le Cohen, descendant d’Aharon, a hérité de ses qualités spirituelles. Aharon était réputé pour son caractère aimant. En fait, le nom hébreu « Aharon » est l’abréviation de deux mots : Ahavah Rabbah (« un grand amour). Aharon aimait D.ieu et aimait son peuple. Quand il priait pour Israël, il faisait refléter les deux objets de son amour. D’une part, il pensait au peuple et à ses besoins et de l’autre, il pensait à l’amour de D.ieu pour le peuple et à Son plaisir de les exaucer.

Aharon priait de tout son être, en toute sincérité, dans une dévotion et un amour absolus. Sa ferveur aimante éveillait, à son tour, l’amour de D.ieu. D.ieu l’écoutait avec attention et disait : « Tu désires Me contenter et Je désire Te contenter ».

Le Cohen, qui hérite cette qualité d’Aharon, est investi de l’aptitude d’en user de la même façon.

Les paumes tendues

Cela explique pourquoi le Cohen étend ses paumes vers l’extérieur, vers la communauté plutôt que d’adopter la posture habituelle de la prière, les mains tendues vers le haut, vers D.ieu. Avec sa paume, le Cohen forme un réceptacle dans lequel D.ieu déverse Sa bénédiction. Une paume tendue vers le haut forme un réceptacle pour nous-mêmes, dans lequel par la suite nous étancherons notre soif. Une paume tendue vers l’extérieur forme un canal par lequel D.ieu déverse Ses bénédictions aux autres.

Le Cohen, en cet instant, ne supplie pas mais il est un conduit. Il ne prie pas pour nous satisfaire mais pour satisfaire D.ieu. Il ne demande pas pour que nous puissions obtenir mais pour que D.ieu puisse donner. Et c’est cette manière de demander que D.ieu aime le plus. Elle suscite une réponse d’En Haut accélérée et qui passe par-dessus tous et par-dessus tous les obstacles.

Par amour

C’est la raison pour laquelle le Cohen introduit sa bénédiction par les mots : « pour bénir Son peuple d’Israël avec amour ». Il évoque l’amour qui unit D.ieu et le Peuple Juif. Mais il parle également de l’amour entre les Juifs eux-mêmes, car lorsque les enfants de D.ieu sont unis, le réceptacle est entier et accomplit parfaitement sa fonction.

Nos Sages ont écrit que le meilleur « réceptacle » pour recevoir la bénédiction est l’unité. Sans elle, il se fêle, par elle, il est solide. Le mot hébreu pour « réceptacle » - Kéli, est l’acrostiche des trois parties qui forment le peuple Juif : Kohen (Cohen), Lévi, Israël. Quand les Juifs s’aiment mutuellement, les trois composantes du Kéli sont unies et il est des plus résistants, ce qui permet au Cohen de transmettre avec succès la bénédiction à la communauté.

 

'HABAD

 
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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 19:40

 

Qui connaît les 10 ?
Au sujet de la plus grande contribution du Judaïsme à l’humanité.

Par Raymond Apple - Jerusalem Post | Adaptation française de Sentinelle 5770 ©

jeudi 20 mai 2010

 

 

 

En dépit d’un lourd et persistant contentieux théologique entre Juifs et Chrétiens, il tombe sous l’évidence que, l’urgence du moment, devrait amener les responsables et les militants chrétiens du rapprochement entre les deux traditions, à un plus grand discernement dans les priorités d’action. En effet, la diabolisation croissante de l’Etat d’Israël sous les coups de butoir d’un antisionisme qui dissimule très mal les rictus grimaçants d’un antisémitisme renaissant, devrait amener les tenants du rapprochement judéo chrétien à ne pas perdre de vue, cette fois ci, les primautés qui imposent, pour l’heure, de privilégier l’action à toute autre forme d’intervention, de discours notamment.

Parmi les rares oeuvres d’art retrouvées dans la plupart des synagogues, il y a les Tables des Dix Commandements. Ils occupent une place d’honneur et sont considérés être les enseignements les plus élevés de la Bible. De fait, de l’ensemble du don de la Torah que les Juifs célèbrent à Chavouot, les Commandements sont la partie qui a été disséminée le plus largement au-delà du Judaïsme. Pourtant, ils n’ont pas eu un trajet facile.

La Chrétienté en particulier a généré tant de problèmes au Judaïsme avec le Décalogue que, bien que le Midrash célèbre ses louanges poétiques pour la Révélation, nos sages ont délibérément retiré les Dix Commandements de la liturgie quotidienne. Qu’ils aient fait partie du service quotidien dans le Temple, c’est noté dans la Mishna (Tamid 5:1), reflété dans le Papyrus Nash dans lequel ils sont à côté avec le Shema Ysrael, et confirmé par des fragments de tefilin retrouvés dans les grottes de Qumran.

Le Judaïsme a abandonné la lecture quotidienne des proclamations des ‘sectaires’ (Chrétiens) (Berachot 12a). Les partisans de Paul croyaient que seuls les Dix Commandements et non le reste de la loi mosaïque était divins, éternels et obligatoires. Dans ce contexte, pour les Juifs, donner la priorité au Décalogue aurait pu signifier un accord avec les sectaires, aussi la lecture quotidienne a été abandonnée de façon à montrer que toutes les autres 613 mitzvot étaient des commandements divins.

Depuis lors, le Décalogue n’a pas constitué une partie du service officiel, bien que certaines personnes l’ajoutent à leurs prières personnelles et que les commentateurs aient confirmé que les enseignements des Dix Commandements étaient suggérés dans le Shema.

Joseph H. Hertz, qui fut Grand rabbin de Grande Bretagne et du Commonwealth de 1913 à sa mort en 1946, écrivait : « Les Maîtres du Talmud étaient très prudents pour souligner que les Dix Commandements ne contenaient pas la totalité des devoirs de l’homme. Le Décalogue a posé les fondations de la Religion et de la Moralité, mais n’était pas en lui-même la structure totale du devoir de l’homme ». Maïmonide s’opposait à soutenir les Dix Commandements quand ils venaient dans la lecture de la Torah des parashiot de Yithro et Va’et’hanan, ainsi que pendant Chavouot, à moins qu’on ne se tienne toujours debout pendant la lecture de la Torah, « car cela pourrait conduire à l’idée fausse qu’une partie de la Torah est plus importante qu’une autre ».

Le Décalogue est fréquemment cité dans le Nouveau testament, mais les attitudes chrétiennes à l’égard des Commandements varient. Du fait que certaines lois étaient sources d’embarras, les commandements sur l’idolâtrie et le Shabbat ont reçu une réinterprétation. La phrase « Tu ne… pas » fut désapprouvée comme trop négative et défavorable comparée aux formulations chrétiennes de l’éthique.

Selon l’Encyclopaedia Britannica, le Décalogue « était sans importance particulière jusqu’en 1246, quand il fut pour la première fois incorporé dans un manuel d’instruction pour ceux venant en confession. La division traditionnelle des commandements en deux « tables de devoirs envers D.ieu et envers l’homme a rendu possible un regard sur la seconde table comme une déclaration succincte des ‘loi de nature’ dans le cadre de la théologie chrétienne médiévale ».

Le Protestantisme, a inclus les Dix Commandements dans des manuels d’instruction. Martin Luther posa le sceau de l’approbation protestante quand il écrivit : « En dehors des Dix Commandements, il n’existe pas de bien ni d’œuvre pensables plaisant à D.ieu ».

Chaque version est d’accord : le Décalogue comprend Dix Commandements, ni plus ni moins. La Bible utilise dix comme unité de base, probablement parce que c’est conforme aux dix doigts des mains et aux dix orteils, puis qu’il est devenu le premier point d’arrêt commode en arithmétique. Dix est le groupe social de base, d’où a germé l’idée du minyan. Il y a nombre de décennies et de jubilés dans les lois de la Torah, qui comprend elle-même cinq livres, exactement la moitié de dix. Dans le Psaume 119, il y a dix synonymes pour le concept de mitzva.

Tous les dix Commandements ne sont pas des lois dans le sens usuel du mot. Le premier ne nous ordonne pas explicitement de faire quelque chose, et il ne peut être examiné dans une Cour de justice. Mais il identifie le législateur, D.ieu qui a racheté le Peuple de l’esclavage. Maïmonide le voit comme un commandement à l’esprit – « Sache qu’il existe une Cause Première amenant tout le reste dans l’existence » - pas un commandement à croire, puisque personne ne peut obliger une personne à croire s’il ne le veut pas. Un autre avis dit que c’était un commandement pour accepter la souveraineté de D.ieu : « Le Monarque dont les grandes actions en ton nom, dont tu as été le témoin et que tu expérimentées, voilà le Monarque à qui tu dois loyauté et dont les commandements t’imposent obéissance ».

Le problème disparaît, cependant, quand nous remarquons que la Torah appelle le Décalogue Aseret Hadibrot, les « Dix Mots », ou « Dix déclarations » - à savoir les dix principes. Le terme anglais [et français] Décalogue comporte la même idée puisqu’il provient du grec « dix mots ».

La Chrétienté, souhaitant maintenir l’idée des dix lois, a considéré « Je suis le Seigneur ton D.ieu » comme un simple préambule. Les églises grecques et protestantes divisent le Deuxième Commandement en deux, séparant la loi contre le polythéisme et la loi contre l’idolâtrie. Les catholiques romains et les luthériens divisent la loi contre la convoitise en deux.

La loi contre la convoitise est encore un problème en cela qu’aucun tribunal terrestre ne peut être dans votre esprit et vous punir d’être envieux. Si le Décalogue est considéré comme un ensemble de principes et pas de lois, cela devient un avertissement s’opposant aux faits. Une illustration en est donnée par Abraham Ibn Ezra. Il dit qu’un paysan peut envier la bonne fortune d’un autre paysan plus prospère. Mais il est peu enclin à envier la fille du Roi parce qu’il sait qu’il ne pourra pas la posséder sauf dans un monde de rêves. Un croyant sait que ce qui lui a été attribué a été décidé par D.ieu, et alors qu’il peut être ambitieux, il n’a pas le droit de vouloir l’impossible, comme le paysan de se marier à une princesse.

Si « Ne convoite pas » est considéré comme une loi, cela nous montre que c’est le tribunal céleste qui sera tenu pour responsable de nos infractions. Certains préceptes sont aussi passibles de poursuites sur terre, en particulier tuer et voler, mais cela ne porte pas atteinte au statut du décalogue comme un ensemble d’obligations morales envers D.ieu.

Les rabbins soulignent que bien que convoiter se situe dans le cœur et l’esprit de l’homme, cela peut mener à la transgression d’autres préceptes. Si vous convoitez fortement quelque chose qui appartient à votre voisin, vous pouvez vous trouver à dire des mensonges de façon à l’acquérir (transgression de « Tu ne commettras pas de faux témoignages »), à le voler (« Tu ne voleras pas »), ni même prendre la femme de ton voisin (« Tu ne commettras pas l’adultère »), et même à tuer ton voisin (« Tu ne tueras pas »).

Les cinq derniers commandements sont brefs, précis, presque en staccato. Alors que les cinq premiers appellent au respect de D.ieu, les cinq derniers commandent le respect de la vie humaine et les concepts de mariage, de propriété et de possessions, de réputation et d’intégrité. Tous sont négatifs : « Tu ne… pas ».

Les négations sont claires, sans ambiguïté et concises. Essayez de les modifier en quelque chose de positif et le résultat sera verbeux et imprécis : « Respecte la vie humaine » est très bien, mais « Tu ne tueras pas » est plus clair. Comme Rabbi Solomon Goldman l’a écrit : “ Le D.ieu tout puissant a dit avec une voix de tonnerre à travers les siècles : « Tu ne… pas » Jamais ! Jamais ! Jamais !

L’universitaire chrétien W.R. Matthews a écrit : “Ni les Juifs ni les Chrétiens ne tiennent les prohibitions pour suffisantes, ou que la bonté morale consiste à les observer. Ce qui est maintenu est qu’une telle série de commandements négatifs est une aide indispensable pour le développement moral et ne peut avec sûreté être rejeté même par des personnes de bonne maturité ».

Quand nous étions enfants, nous réalisions qu’il il y a une différence entre le bien et le mal quand nous entendions “Ne fais pas” : « Ne touche pas le feu brûlant… Ne traverse pas la route seul… » dit Matthews. « ‘Tu ne… pas’ n’est pas le dernier mot de la morale, mais c’est le premier mot ».

Il n’y a pas de groupe ou de société humaine qui n’ait pas formulé de lois de ce type. Chaque société développe une loi contre le meurtre. Ainsi le Sixième Commandement contribue-t-il à quelque chose vers quoi nous ne nous serions pas élevés nous-mêmes ? Fondamentalement, le lien entre « Je suis le Seigneur ton D.ieu » et « Tu ne tueras pas ».

Ne pas tuer est ainsi non seulement un conseil de prudence qui reconnaît qu’un tel acte invite aux représailles et à la vengeance et met chacun en danger, mais il a une motivation plus élevée, fondée sur le principe qu’il y a un D.ieu qui a fait l’homme à son image (un concept à comprendre non pas de façon littérale mais dans un sens éthique et intellectuel). L’homme fait partie de D.ieu, et tuer un être humain c’est diminuer D.ieu.

Quelle que soit la provocation, quand une personne est provoquée et fortement tentée, la pensée de D.ieu devrait la retenir de transgresser. Les sages disent que quand Joseph fut tenté par la femme de Putiphar, son père apparut à l’oeil de son esprit et il sut qu’il ne pouvait pas pêcher ; au surplus, quand la pensée de Dieu nous apparaît, nous savons que nous ne pouvons pas commettre un pêché.

Le commandement contre le meurtre a aussi de plus larges implications. Ce ne sont seulement des actes qui peuvent être meurtriers ; il y a aussi des attitudes meurtrières.

La Torah (Deut. 21) a établi un rituel à suivre si un cadavre était trouvé et que personne ne savait qui avait tué la personne. Les Anciens de la ville la plus proche devaient se laver les mains et dire : « Nos mains n’ont pas répandu ce sang, ni nos yeux ne l’ont vu ». Quelqu’un aurait-il pu suspecter les Pères de la cité ? Les Anciens impliquaient : « Cet homme n’est pas venu vers nous affamé et nous aurions manqué de le nourrir. Il n’est pas venu vers nous sans amis et nous aurions manqué de montrer du souci pour son bien-être ». Si des problèmes sociaux existent et que nous échouons à les régler de façon adéquate, nous sommes dans une certain mesure coupables de meurtre parce que nous en avons abandonné d’autres à leur destin et montré que leur vie ne valait pas la peine d’être sauvée.

Les tables des Dix Commandements, selon la tradition rabbinique, ont été préparées la veille de la création, précédant l’histoire et l’humanité et indépendantes du temps et du lieu. Elles ont été taillées dans le Trône de Saphir de Gloire et étaient donc majestueuses, splendides et d’origine divine. Le fait qu’il y en avait deux symbolisait l’harmonie entre le double devoir de l’homme, la première table représentant le devoir à l’égard de D.ieu et la seconde le devoir envers les autres hommes. Cette symétrie a été rendue possible en plaçant cinq commandements sur chaque table, mais exigeait que le cinquième (le respect pour les parents) soit interprété comme un devoir envers D.ieu.

Personne, cependant, n’est certain de la forme exacte des tables. Les grandes compilations rabbiniques, les Talmuds de Babylone et de Jerusalem, relatent des traditions contradictoires. La vision babylonienne était que les tables mesuraient environ 55 centimètres carrés, alors que le Talmud de Jerusalem les voyait rectangulaires, d’environ 55 centimètres sur 28.

Aucun ne les voyait avec des sommets en forme d’arches ou de dômes, bien que ce soit généralement la manière dont elles ont été figurées depuis de siècles. Elles sont entrées dans l’art chrétien en Italie, où elles avaient la forme de deux rectangles. Selon le Pr. d’Etudes Juives G.B. Sarfatti, elles acquirent un sommet en arche sous l’influence du diptyque, un registre plié en deux feuilles avec des sommets courbés utilisé par les Romains pour lister les noms des magistrats et plus tard par l’église catholique pour enregistrer les noms des personnes décédées à commémorer par des oblations. Ce dessin se répandit dans de nombreuses branches de l’art religieux dans l’architecture et fit son chemin vers les vitraux en arche des abbayes et des églises.

Comme nous pouvons le voir d’après la statue de la Cathédrale Lincoln et à partir d’autres sources contemporaines, même de vieilles Haggadot, l’insigne juif dans l’Angleterre médiévale prit la forme des tables du Décalogue.

Des communautés juives elles-mêmes ont commencé de représenter les Dix Commandements vers le 13ème siècle ; le Décalogue devint finalement une caractéristique très répandue des synagogues, presque toujours avec la forme arrondie introduite par les artistes chrétiens au Moyen-âge.

Ces temps-ci, certains artistes juifs préfèrent la forme carrée ou rectangulaire connue au temps du Talmud, mais c’est encore l’exception plutôt que la règle. Les Dix Commandements sont présents dans beaucoup de domaines de l’art rituel juif, depuis les rideaux de l’Arche jusqu’aux pinces des Talit. Ils figurent souvent sur les plastrons de la Torah et les Hanoukiot. Presque partout, ils dominent l’arche de la synagogue. Dans certains lieux, la mehitza (partition entre les sièges des hommes et des femmes) est décorée par une ligne joignant les tables de commandements.

Bien qu’il existe une opinion répandue que le symbole caractéristique juif soit la Magen David (Etoile de David), le Décalogue est plus ancien et a une plus grande authenticité. Sa signification théologique repose sur l’équilibre des dimensions intérieures et extérieures de l’être juif.

L’auteur est rabbin émérite de la Grande Synagogue à Sydney.

 

http://www.jpost.com/ArtsAndCulture/Entertainment/Article.aspx?id=175864

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 16:07
Bamidbar & Chavouot
Compter et recompter

La paracha s’ouvre sur le commandement de D.ieu de faire un recensement des Juifs. En fait, à trois reprises, un tel compte fut entrepris durant les treize premiers mois suivant la sortie d’Egypte. Quelle est la signification spirituelle d’une telle démarche répétitive et en quoi ces trois recensements se différenciaient-ils l’un de l’autre ? Enfin quel en est le lien avec Chavouot qui tombe à proximité de la lecture de cette paracha ?

La paracha de Bamidbar a une relation très particulière avec la fête de Chavouot. En général, chaque paracha a un lien avec la période au cours de laquelle la lecture en est faite et Bamidbar est généralement lue le Chabbat qui précède Chavouot. L’on se réfère également à Chavouot comme au mariage d’Israël à D.ieu. Et le Chabbat qui précède le mariage, le fiancé est appelé à la Torah en guise de préparation. Ainsi, si l’on peut s’exprimer ainsi, Bamidbar est une préparation pour cette union particulière entre D.ieu et Son peuple qui eut lieu lorsqu’il reçut la Torah.

Nous trouvons ce lien dès les premiers mots qui ouvrent la paracha où D.ieu commande : « Compte le nombre de toute l’assemblée des enfants d’Israël. ». Il nous faut donc comprendre la véritable nature de ce recensement.

Rachi commente ainsi ce commandement : « Parce qu’ils (les enfants d’Israël) lui sont chers, Il les compte tout le temps : quand ils sortirent d’Egypte, il les compta ; quand ils péchèrent à cause du Veau d’or, Il les compta ; quand Il fut sur le point de faire descendre Sa présence parmi eux (dans le Tabernacle) Il les compta. Car le premier Nissan, le Tabernacle fut érigé et le premier Iyar, Il les compta. »

A première vue, ce commentaire pose problème. Quand on possède des objets qui nous sont précieux, on les sort souvent pour les compter, comme pour se les réapproprier. Mais D.ieu connaît le nombre des Enfants d’Israël sans avoir à en faire le recensement. Pourquoi donc l’ordonne-t-Il ?

De plus, pourquoi y eut-il un délai d’un mois entre le troisième recensement et l’événement qui l’avait suscité (l’érection du Tabernacle) ?

Enfin, quelle différence y a-t-il entre ces trois recensements ? La Torah ne nous dit pas qui entreprit le premier. Le second le fut par Moïse. Mais le troisième fut ordonné à la fois à Moïse et Aharon. Pourquoi ce dernier ne fut-il impliqué qu’ici ?

Essayons de comprendre ce que signifie un recensement. Quand des éléments sont comptés, ils se trouvent dans un rapport d’égalité. Le plus grand des hommes et le plus petit comptent chacun pour un, ni plus, ni moins. Et puisque, comme nous le dit Rachi, le recensement constituait une preuve de l’amour de D.ieu, il devait être un geste dans lequel chaque Juif est égal, non par son intellect ou sa stature morale mais par son essence : son âme juive. Mais c’est quelque chose que nous ne pouvons voir de l’extérieur. Ainsi le but du recensement était-il de mettre à jour, de faire jaillir l’essence de chaque Juif.

Nous pouvons, dès lors, résoudre l’une des difficultés posées par le commentaire de Rachi : il écrit que D.ieu compte Son peuple tout le temps ; et pourtant, il souligne lui-même qu’ils ne furent comptés qu’à trois reprises : la première année, (dont une un mois après avoir quitté l’Egypte) et par la suite seulement une fois encore (trente-huit ans plus tard) durant leur errance dans le désert. Par la suite, cela n’eut lieu qu’à intervalles irréguliers et peu fréquents (selon le Midrach, neuf fois jusqu’à aujourd’hui, la dixième devant subvenir avec la venue de Machia’h). On pourrait interpréter les mots de Rachi comme voulant dire « dans des moments particuliers » et pourtant il utilise précisément : « tout le temps », implication à laquelle on ne peut échapper. Mais en fait, nous pouvons à présent comprendre : si le but de compter est de révéler l’essence de chaque âme juive, cette révélation a une profondeur qui la place au-dessus de l’érosion due au temps, en fait, elle est opérationnelle « tout le temps ».

Quand, à des moments de persécutions religieuses, le Juif est forcé à l’idolâtrie (et similairement dans le cas de chaque transgression, l’on peut dire qu’elle résulte de la persécution du penchant négatif), une ligne de pensée se trouve ouverte à lui. Il pourrait se dire : « puisque la Techouvah efface tous les péchés, que mon éloignement du Judaïsme n’est que temporaire et que la voie du retour me sera toujours ouverte, pourquoi me soucier de cette transgression unique ? »

Et pourtant, nous voyons, à toutes les époques et parmi toutes sortes d’hommes, que des Juifs ont voulu sacrifié leur vie plutôt que leur foi, même pendant un instant, sans s’arrêter pour réfléchir. Pourquoi ? Parce que le lien entre D.ieu et l’âme juive est au-delà du temps.

C’est là le sens de : « Il les compte tout le temps » ; l’amour qui s’exprime dans le fait de compter est plus profond que les vicissitudes du temps et des calculs. Il révèle qu’au plus profond de lui, le Juif est prêt à son propre sacrifice. Et c’est là la conséquence de l’héritage qui définit le Juif de « tout le temps ».

Nous pouvons désormais comprendre la différence entre les trois recensements mentionnés par Rachi. Le processus de la Révélation se fit par différentes étapes. D’abord, l’âme juive fut réveillée par l’amour de D.ieu. Ensuite, elle commença à marquer de son influence la vie extérieure des Juifs et finalement elle imprégna toutes leurs actions.

Le premier recensement eut lieu lors du départ des Juifs d’Egypte et éveilla leur sens de sacrifice de soi au point qu’ils suivirent D.ieu dans un désert inconnu et aride. Mais leurs émotions restaient insensibilisées.

Le second se produisit avant l’érection du Tabernacle. Il toucha plus profondément l’intellect et les émotions des Juifs parce qu’ils se préparaient à faire descendre la Che’hina (la Présence Divine), en leur sein. Mais l’élan venait toujours de l’extérieur : c’était le commandement de D.ieu qui les avait mis au travail et non une aspiration intérieure.

Mais avec le troisième recensement, le service du Tabernacle à proprement dit, eux-mêmes, par leurs propres actions, apportèrent D.ieu parmi eux. Toutes leurs actions furent alors le témoignage de l’union de l’âme juive avec D.ieu.

Il est maintenant clair qu’il fallait ce délai d’un mois entre l’achèvement du Tabernacle (en Nissan) et le troisième recensement (en Iyar). Car Nissan est le mois de Pessa’h, le moment où nous recevons la Révélation d’En Haut : ce ne fut pas le mérite des Juifs qui leur valut l’Exode d’Egypte mais seules la miséricorde et la bonté divine. Mais Iyar est le mois du Omer, le mois de sacrifices particuliers et par le sacrifice nous occasionnons la « révélation qui vient d’en bas », celle qui répond à nos mérites et pas seulement à la Grâce Divine.

Une explication parallèle nous permet de comprendre la raison de l’implication d’Aharon exclusivement dans ce recensement. Car Moïse était le porte-parole de la Révélation Divine, un lien du haut vers le bas. Mais Aharon, le Prêtre, était celui qui éleva le peuple d’Israël du bas vers le haut.

Et lors de ce troisième recensement, Israël atteignit enfin l’état où ses propres actions furent pénétrées de la conscience de l’âme.

Ainsi, le lien entre Bamidbar et Chavouot est clair. Quand la Torah fut donnée, Israël et les Juifs furent unis de telle sorte que D.ieu envoya Sa révélation d’En Haut et les enfants d’Israël eux-mêmes s’élevèrent.

Et nous lisons, en préparation à notre annuelle « re-création » de cet événement, la paracha qui évoque le troisième recensement où les deux modes de révélations sont liés. Ainsi, en prenant à cœur le sens du recensement comme geste de l’amour de D.ieu pour Israël, nous pouvons restituer cette union qui eut lieu à Sinaï lorsque D.ieu prit Son peuple comme épouse de telle sorte que, par la Torah, Israël se trouva unie à D.ieu.

 

 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 16:04

 

 

Valeur numérique
La puissance éternelle du recensement

 

 

Fais un recensement de toute l’assemblée des Enfants d’Israël...

Nombres 1, 2

Parce qu’ils [Israël] Lui sont chers, Il les compte en tout temps. Quand ils sont partis d’Egypte, Il les a comptés et quand ils ont failli lors du [péché du] Veau d’Or, Il les a comptés… et [ici] quand Il est venu faire reposer Sa présence divine sur eux, Il les a comptés.

Rachi sur Nombres 1, 1

Certains d’entre nous les trouvent dans leur famille. Certains les trouvent dans leur profession. D’autres les trouvent dans la religion. Bien que les résultats diffèrent, la quête est la même : trouver un sens et un but à notre vie. Un trait commun qui relie l’humanité est le besoin de sentir que notre existence sert à quelque chose, que nous ne sommes pas le simple résultat d’une naissance accidentelle, mais des composantes nécessaires dans l’accomplissement d’une mission aux proportions cosmiques. Ce sentiment est peut-être l’ingrédient le plus indispensable de la santé d’esprit, nourrissant le désir d’établir des buts et de les atteindre.

Dans le développement humain, ce sont les parents qui devraient en premier chef veiller à imprégner leurs enfants de la conscience de leur propre valeur et de leur importance. Malheureusement, nous vivons à une époque où de plus en plus d’enfants grandissent sans ces sentiments. À la place, ils se sentent inadaptés à la réalité et sont engloutis par la confusion que fait naître le sentiment d’être sans valeur. La Torah, dans sa sagesse éternelle, reconnaît ce besoin essentiel et le traite d’une façon qui à la fois rassure et renforce, parfois par le simple acte du dénombrement.

Les nombres

Tout au long de la Torah, D.ieu ordonne à Moïse de compter le Peuple Juif à quatre occasions différentes.1 Ces commandements revêtent une importance telle que, d’après les directives données au début de notre Paracha, le quatrième livre de la Torah [Bamidbar] est appelé « le livre des Nombres ».2 Mais quel est le but de ces comptes ? Il ne s’agit à l’évidence pas simplement de procéder à un simple recensement, car D.ieu, de par son omniscience, connaissait parfaitement leur nombre. Nous devons donc conclure qu’une intention différente et plus profonde se cachait derrière cet ordre divin.

La Torah, comme tout ce qui existe, est composée à la fois d’un « corps » et d’une « âme ».3 Le « corps » de la Torah inclut les récits et les parties qui traitent des aspects matériels de notre vie : la Halakha, les lois qui régissent notre vie quotidienne. L’« âme » de la Torah est quant à elle constituée des enseignements ésotériques et des philosophies dont ils sont porteurs.

Tout comme le corps et l’âme de l’homme sont fondus en une entité unifiée et homogène, ainsi en est-il du « corps » et de l’« âme » de la Torah : même au sein du « corps » de la Torah on trouve les enseignements les plus profonds, de ceux que l’on peut considérer comme relevant de son « âme ». Il est cependant nécessaire de « déshabiller » une loi ou une directive particulière de ses couches superficielles pour révéler ses principes fondamentaux et ses vérités intrinsèques, car ce n’est qu’à cette condition que ceux-ci peuvent émerger.

Or, concernant la dimension la profonde du dénombrement, il est une loi talmudique qui stipule qu’en certaines circonstances particulières, un aliment dont la consommation est interdite peut être considéré comme nul lorsqu’une très petite quantité en est accidentellement mélangée à des aliments permis.4 L’une des exceptions à cette loi est lorsqu’un aliment interdit est habituellement vendu à l’unité et non au poids. Dans ce cas, quelque infime que soit la proportion de l’élément interdit dans le mélange, il n’est jamais annulé et le mélange tout entier demeure interdit à la consommation.5

Le raisonnement sous-jacent à cette loi exprime l’idée que les choses qu’on a l’usage de compter possèdent une valeur et une importance intrinsèques telles qu’elles ne peuvent diminuer ou être annulées en étant mélangées à autre chose.

Ceci explique pourquoi D.ieu ordonna un recensement des Juifs alors qu’Il connaissait leur nombre. En ordonnant à Moïse de compter les membres de Son peuple, D.ieu déclarait la valeur de chaque Juif, exprimant que leur valeur est suffisante pour qu’ils soient comptés individuellement.

Quelle est donc cette valeur si particulière de chaque Juif ? Chacun d’entre nous a une mission à accomplir ; une mission qui lui est propre et qui ne peut être réalisée par personne d’autre, mais qui agit cependant sur la vision cosmique dans son ensemble. Ainsi chaque Juif possède-t-il une valeur infinie et irremplaçable.

D.ieu ne faisait donc pas que transmettre une directive à Moïse. Il signifiait à chacun d’entre nous d’utiliser ses talents spécifiques, réalisant ainsi son potentiel unique, pour accomplir sa mission individuelle. En relatant ce fait dans la Torah, D.ieu s’assurait que ce message serait accessible à tous et en tout temps.

Le sens perpétuel

Nous pouvons désormais comprendre la déclaration de Rachi concernant l’amour de D.ieu pour Son peuple : « Il les compte en tout temps. » Le Peuple Juif fut recensé à quatre reprises au cours des Cinq Livres de la Torah. Comment cela peut-il être qualifié de « en tout temps » ?6

Cependant, Rachi ne faisait pas référence au recensement en lui-même, mais plutôt à l’effet du dénombrement. Car le sentiment d’importance et de valeur personnelle qui fut révélé par le recensement demeura pour toujours au sein des Juifs et les accompagnait « en tout  temps ».

On peut avancer les mêmes propos pour nous, à notre époque. Bien que nous ne soyons pas activement dénombrés sur ordre divin, quand nous lisons ces épisodes dans la Torah, il nous est donné la force de réaliser à quel point nous sommes précieux pour D.ieu et combien il est vital que nous conduisions nos vies en accord avec Ses valeurs. D.ieu Lui-même atteste de notre valeur à chaque instant, il suffit juste d’écouter et de se comporter en conséquence.

Basé sur les discours du Rabbi du Chabbat parachat Bamidbar 5722 (1962) et5724 (1964)

 

 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 15:47

 

 

 

Le 603 550ème Juif
Levez la tête !

En hébreu, on dit Bamidbar (« Dans le désert ») et également Séfèr Hapekoudim (« Le livre des comptes »). En français, il s’agit de la section biblique connue comme les « Nombres ». Et en effet, le quatrième des cinq livres de la Torah comporte beaucoup de «  nombres  ».

Dans les chapitres qui ouvrent ce livre, nous apprenons qu’un an après l’Exode, on comptait 603 550 hommes adultes âgés entre 20 et 60 ans, parmi lesquels 22 273 étaient premiers-nés. Un compte différent recense 22 300 Lévites âgés d’un mois ou plus (7 500 Gerchonites, 8 600 Kehattites et 6 200 membres appartenant au clan de Merrari). Nous sont également indiqués les chiffres de chacune des douze tribus, depuis les 74 600 membres de la tribu de Yehouda aux 32 200 de celle de Ménaché. Puis la Torah nous livre le nombre de chacun des quatre « camps » dans lesquels étaient réparties les douze tribus : le camp de Yehouda, incluant également les tribus d’Issa’har et de Zevouloun, en tout 186 400 personnes, les trois tribus réunies dans le camp de Reouven, totalisant 151 450 individus, le camp d’Ephraïm compris de 108 100 personnes et les 157 600 hommes qui avaient planté leur tente dans le camp de Dan.

Vingt-six chapitres et trente-neuf ans plus tard, nous sommes toujours dans le livre des Nombres et dans un nouveau recensement. A nouveau, nous est fourni un chiffre total, celui de désormais 601 730 et le nombre des membres de chaque tribu. Nous remarquons que la tribu de Chimone a été dramatiquement décimée (ils étaient 59 300, ils ne sont plus que 22 200) alors que les rangs de Menaché ont gonflé (ils ont gagné 20 500 hommes). Mais plus que tout, nous observons que la passion de D.ieu pour compter Son peuple ne s’est pas refroidie.

Car, comme le dit D.ieu à Moïse, il ne s’agit pas simplement pour Lui de compter des gens, ici il s’agit de « lever leurs têtes. »

Quand un recensement est entrepris, il inclut des érudits et des rustres, des hommes actifs et des vagabonds, des philanthropes et des miséreux, des saints et des criminels. Et pourtant, chacun d’entre eux ne compte pas plus ni moins que pour « 1 » dans le nombre total. Le recensement ne fait que refléter la seule qualité que tous possèdent également, le fait que chacun est un être humain à part entière.

Ainsi, le compte des têtes serait-il l’expression du dénominateur commun d’une somme d’individus ? La réponse à cette question dépend de la façon dont on considère l’essence de l’humanité. Si, à la base, un homme est neutre, ou pire, si nous commençons tous au niveau zéro et sommes nous-mêmes les artisans de ce que nous devenons, alors, ce qui nous réunit est effectivement la seule de nos qualités communes. Cependant, D.ieu a une perspective différente.

Selon la vision de D.ieu, l’âme de l’homme est une étincelle de Son propre feu, une étincelle qui possède le potentiel de refléter l’infinie bonté et la perfection de sa source. La vie humaine est l’entreprise pour réaliser ce qui est latent dans cette étincelle. En fait, une personne peut mener une vie pleine, accomplie et juste et à peine effleurer la surface de l’infinitude de son âme. Un autre individu peut errer sa vie entière dans l’obscurité et l’iniquité et puis, dans un moment de clairvoyance, découvrir son étincelle divine et la transformer en un feu flamboyant.

Ainsi, lorsque D.ieu donne l’instruction de procéder à un recensement, il s’agit alors de l’expression de notre dénominateur commun le plus élevé. Au niveau de la Divinité, nos différences sont transcendées pour révéler le simple fait de notre existence, le fait qui exprime ce qu’il y a de meilleur en nous et d’où jaillit tout ce qui est bon en nous.

D.ieu ne nous compte pas pour connaître notre nombre (ce qu’Il connaît, de toute évidence), ni même pour entrer en contact avec la quintessence de notre âme (ce qu’Il fait toujours, de toute évidence). Il nous compte pour illuminer l’âme de notre âme, pour donner libre expression à son essence et pour la rendre plus accessible à nos vies liées avec la matérialité.

C’est là que réside le sens profond de l’expression « lever leurs têtes » dans l’instruction de D.ieu à Moïse de compter le Peuple d’Israël. Quand D.ieu nous recense, Il stimule les parties les plus basses et les plus élevées de notre être, l’étincelle de Divinité qui réside au fond de notre âme.

 

 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 15:45

 

 

Marée noire !
Ne pas se laisser submerger

Au large – et de plus en plus près – des côtes américaines, l’eau bleue est devenue noire. Certes, chacun le dira une fois de plus, la nature est fragile. D.ieu n’a-t-il pas donné pour fonction à l’homme « de la travailler et de la protéger » ? Il y a quelque chose de profondément bouleversant, au-delà de la réelle catastrophe, à voir ainsi se transformer un cadre de vie habituel. On s’était accoutumé à avoir, en ce lieu, le bonheur de la beauté ; voici qu’une épaisse noirceur le recouvre. On avait pu croire que l’homme était assez sage – ou assez maître de sa propre technologie – pour ne pas détruire ces cadeaux simples et merveilleux : une mer bleue, des arbres verts, des animaux vivants...

Malheureusement, le noir peut se répandre ailleurs que sur les écosystèmes fragiles. Il est aussi capable d’envahir les consciences, de susciter un monde où nul ne souhaite vivre. Quand la barbarie, sous toutes ses formes, entreprend de frapper au cœur des villes dans le seul souci de tuer et détruire, quand elle s’attaque à des hommes qui marchent insouciants dans les rues parce qu’ils portent Kippa, quand elle manifeste son rejet de tout ce qui fait la civilisation, c’est encore une « marée noire » qui monte. La vision pourrait en être aussi désespérante que celle de la nappe s’avançant pour éteindre toute chose vivante sur des côtes paradisiaques. Dans ce dernier cas, cependant, chacun sait que tout est mis en œuvre pour empêcher l’expansion de la noirceur et, à tout le moins, pour que cela ne se reproduise jamais. Tout se passe comme si une « marée noire » matérielle, parce que par nature plus concrète et circonscrite, était plus évidente à maîtriser qu’une marée de l’autre type. Que faire donc face à celle-ci ?

Le peuple juif a connu, au cours de sa longue histoire, bien des situations. Il a dû affronter l’hostilité, l’incompréhension voire ces sollicitudes suspectes à qui sait en comprendre les raisons. A chaque fois, comme un combattant aguerri par les menaces multiples, il a établi les barrages nécessaires. Devant la montée des périls, devant le recul apparent des « eaux bleues », il trouve les moyens à mettre en œuvre. Ce sont ceux de la civilisation des hommes, tant il est vrai que ce que les barbares supportent le moins, c’est l’échec de leur dessein. Le combat ici n’est plus conventionnel et ses armes sont la fidélité à soi, la conscience, la recherche de la connaissance. Cela s’appelle le Judaïsme vivant et il porte en lui le secret de la plus belle des victoires : celle de l’esprit et de l’âme.

 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 15:43

 

 

 

Pourquoi les Juifs aiment-ils Jérusalem ?
La capitale éternelle du peuple juif

L’amour que les Juifs vouent à Jérusalem, sa place comme la capitale éternelle du Judaïsme, découle de la Torah elle-même. La Ville Sainte est citée des centaines de fois à travers le Tanakh (les Cinq Livres de Moïse, les Prophètes et les Hagiographes, ce qui est appelé également la Torah Écrite). Le Talmud expose de manière très détaillée notre lien avec cette ville. (En revanche, elle n’est jamais mentionnée dans le Coran, quoi qu’on en dise dans le monde musulman.)

Concernant notre établissement en Israël en général et à Jérusalem en particulier, d’aucuns pourraient demander : « Pourquoi attribuer tellement d’importance à un lieu en particulier ? D.ieu n’est-il pas présent partout dans le monde ? »

Cette question peut être étendue au temps également. Nous pouvons demander : « Pourquoi certains jours sont-ils considérés comme des jours saints ? La Présence divine ne peut-elle être ressentie à tout moment ? »

Certes, la Présence divine peut être ressentie en tous lieux et à tout moment. Parce que D.ieu est illimité et est le Créateur du temps et de l’espace, de sorte qu’Il transcende ces deux dimensions. Néanmoins, la Torah (une création de D.ieu qui transcende également le temps et l’espace) décrète que certains endroits et certains moments sont spéciaux.

La Torah étant l’expression de la volonté immuable de D.ieu, la sainteté de Jérusalem ne peut fluctuer ou diminuer. Cela a toujours été et sera toujours l’endroit le plus saint du monde.

La sainteté de Jérusalem surpasse même celle du mont Sinaï. La raison en est que la sainteté du mont Sinaï fut le fruit de l’initiative de D.ieu de se révéler au peuple. Ce n’est pas le peuple qui fut à l’origine du don de la Torah. En revanche, la sainteté de Jérusalem se révéla à travers des efforts humains. Ce furent des mains humaines qui édifièrent les Saints Temples et consacrèrent le sol de Jérusalem, ce qui révéla la pérennité de sa sainteté.

Le roi David, conscient, en grand prophète qu’il était, de la sainteté du site, acheta le terrain destiné à l’édification du Temple aux habitants locaux. C’était, après tout, en ce lieu qu’Abraham avait offert son fils Isaac en sacrifice. C’était là que Jacob avait posé sa tête et avait eu son rêve prophétique des anges sur l’échelle. Le site du Temple est une véritable porte du Ciel ici-bas.

Le cœur de chaque Juif s’étreint en approchant le dernier vestige que nous avons du Saint Temple. Le Kotel HaMaaravi, le Mur Occidental – que les non-juifs appellent le Mur des Lamentations – est un mur de soutènement construit à l’époque des travaux de rénovation du Mont du Temple qu’il entoure, ordonnés par Hérode.

Oh, toutes les histoires que ces pierres pourraient raconter ! Toute la peine et la souffrance de l’histoire juive sont contenues dans ces pierres massives. Des millions de larmes ont été versées et des millions de prières ont été dites dans ce lieu saint. Les pierres les plus basses ont été polies par les mains qui s’y sont appuyées, qui les ont caressées, des innombrables Juifs venus s’y recueillir, pour toucher « la Face et le Cœur de D.ieu » pour ainsi dire.

 

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 15:20
D.ieu est-il religieux ?
L'infini ou le détail, faut-il choisir ?

Les avis sont partagés. De récents sondages montrent qu’une majorité d’Occidentaux déclarent croire en D.ieu (80-90% des Américains, 60-70% des Français par exemple), mais seule une minorité déclare pratiquer une religion (40-50% des Américains, un peu moins pour les Français).

Si D.ieu est omnipotent et infini, et que la religion est un ensemble de lois et de rites et une liste de choses qu’une personne doit faire ou ne pas faire, il semble que D.ieu puisse difficilement être défini comme « religieux ». De même, il ne semble pas que le fait d’être religieux puisse rapprocher une personne de D.ieu. Si D.ieu transcende toute limite et toute définition, pourquoi la manière d’établir une relation avec Lui devrait-elle d’imposer de nouvelles restrictions et définitions à notre vie déjà finie et limitée ?


Toutefois, ce paradoxe n’est pas restreint à la dimension religieuse et spirituelle de la vie humaine. À travers les âges, chaque fois que l’homme a entrepris d’échapper aux limites de la banalité du quotidien, il le fit en se soumettant à un code de comportement structuré, voire rigide.

Mon exemple préféré de cela est la discipline musicale. Il y a un nombre bien précis de notes dans la gamme et personne – pas même le plus grand musicien – ne peut créer de nouvelles notes, ou en soustraire. Quiconque souhaite jouer ou composer de la musique doit se conformer à ce système absolu et immuable.

Et pourtant, en s’inscrivant dans ce cadre, le musicien crée une œuvre capable de toucher le plus profond du cœur d’une personne, une profondeur qui ne peut être décrite, et encore moins définie. En utilisant cette formule très précise, d’une rigueur mathématique, le compositeur crée quelque chose qui transporte l’auditeur au-delà des contraintes et des entraves de la vie quotidienne, bien au-delà des limites de la physique et des mathématiques.

Imaginez, alors, une discipline musicale dont les lois soient dictées par l’inventeur et créateur de la vie. Par celui qui a une connaissance profonde de toutes les forces de la vie, et de toutes ses vulnérabilités, de tous ses potentiels et de toutes ses sensibilités.

La seule question qui reste est : mais pourquoi tant de lois ? Pourquoi cette discipline doit-elle décréter comment nous devons nous réveiller, comment nous devons aller dormir, et pratiquement tout ce qu’il y a entre les deux ?

Parce que la vie elle-même, dans toute son infinie complexité, est notre instrument de connexion avec D.ieu. Chaque « gamme » de son « étendue » doit être exploitée pour réaliser la connexion optimale.

Notre métaphore étant la musique, nous ne pouvons conclure sans citer la fameuse anecdote dans laquelle l’Archiduc Ferdinand d’Autriche est réputé avoir dit à Mozart, « Magnifique musique, mais beaucoup trop de notes. » Ce à quoi le compositeur répondit : « Oui, Votre Majesté, mais pas une plus que nécessaire. »

 

 

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 14:09

 

 

 

 

La Prophétesse Deborah
(2650-2676)

La Prophétesse DeborahLe quatrième des Juges qui gouverna le peuple juif après la mort de Josué ne fut pas un homme, mais une femme, une des plus célèbres de tous les temps, la prophétesse Déborah. Avant elle, il y eut Othniel, Ehoud et, pour peu de temps seulement, Shamgar.

Après la mort d'Ehoud, les Juifs abandonnèrent les voies de la Torah et adoptèrent plusieurs des idoles des peuples voisins. C'est pourquoi D.ieu les fit tomber sous la domination du roi de Canaan, Yabin, dont la résidence royale était la ville de Hatsor. Son général, le cruel Sissera, opprima les Juifs pendant vingt ans. Sissera possédait une armée de cavalerie bien entraînée. Il avait aussi des chars en fer ; c'étaient les « tanks » de cette époque. Les Juifs souffrirent terriblement des sévices du cruel Sissera, et dans leur grand désespoir, appelèrent D.ieu à leur secours.

Ce fut alors que D.ieu leur envoya Déborah, la prophétesse. Elle fut l'une des sept femmes prophétesses dont les prophéties sont rapportées dans la Bible.

Déborah vivait dans les Montagnes d'Éphraïm, entre Ramah et Beth-El. Au milieu du péché et de l'idolâtrie générale, Déborah resta fidèle à D.ieu et à sa Torah. Elle était éclairée ; elle craignait D.ieu, et le peuple accourait chez elle pour lui demander conseil et assistance. Déborah tenait conseil en plein air, sous un palmier. En ce lieu où tout le monde pouvait l'entendre, elle avertit le peuple juif et le pressa de quitter le mauvais chemin où il s'était engagé et de revenir à D.ieu. Toute la nation juive respectait cette grande prophétesse.

Le mari de Déborah se nommait Lapidoth, ce qui veut dire « torches ». Nos sages nous racontent que sur le conseil de sa femme, il fournit de grandes mèches et de l'huile pour les lampes du sanctuaire de Shiloh qui brûlèrent comme des torches. Pareil à ces torches fut le rayonnement de cette sainte femme qui répandait autour d'elle la lumière de la Torah. De même, nos sages expliquent qu'elle s'asseyait sous un palmier pour montrer au monde que le peuple juif était uni et tournait ses yeux à nouveau vers D.ieu, comme les feuilles du palmier s'élancent d'un même mouvement vers le ciel.

Ce fut une chance que Déborah eut une influence si extraordinaire. Car même les hommes les plus forts et les plus nobles de cette époque avaient abandonné tout espoir de soulever le peuple contre l'oppression des Cananéens et contre l'idolâtrie.

Lorsque Déborah sentit qu'elle avait convaincu le peuple de revenir à D.ieu, elle envoya chercher Barak, le fils d'Abinoam. Certains croient que ce dernier n'était autre que son mari, et que « Barak », signifiant éclairage, était un autre nom pour Lapidoth. Quoi qu'il en soit, Barak était alors l'homme le plus influent d'Israël. Déborah lui demanda donc de rassembler au pied du mont Thabor, dans les plaines d'Esdrealon, une armée de dix mille hommes choisis parmi les tribus de Naphtali et de Zabulon. À la tête de cette armée, il devait attaquer les oppresseurs cananéens.

Barak refusa d'entreprendre tout seul cette tâche, sachant très bien que seules l'aide de D.ieu et l'inspiration de la prophétesse Déborah pourraient venir à bout de l'écrasante supériorité des chars de fer et de la cavalerie de Sissera. Déborah consentit à l'accompagner, mais elle l'avertit qu'en dépit de la victoire qu'il remporterait, la gloire en reviendrait non pas à lui, mais à une femme.

Sissera, ayant appris que Barak approchait, lança son immense armée contre les Juifs. Comme il fallait s'y attendre, les troupes cananéennes, armées et bien entraînées, n'eurent au début aucune difficulté. Elles prirent vite le dessus. Mais, soudain, D.ieu jeta la confusion dans leurs rangs. Des pluies transformèrent le champ de bataille en boue, et les chars furent bloqués. Terrifiés par la tournure soudaine des événements, les puissants guerriers de Sissera s'enfuirent dans toutes les directions. Les troupes juives, transportées de joie, les poursuivirent jusqu'à la ville natale de Sissera, ‘Haroshet, et pas un seul des soldats cananéens ne put leur échapper.

Lorsque Sissera se rendit compte de sa défaite, il descendit rapidement de son char et s'enfuit à pied. Comme il cherchait une place où se cacher, il tomba par hasard sur la tente de Heber le Kenite, un descendant de Jethro, le beau-père de Moïse. Heber ayant eu de bons rapports avec Yabin, Roi de Hatsor, souverain des Cananéens, Sissera ne fut que trop heureux d'accepter l'invitation de Yaël, la femme de Heber, qui lui offrait de le cacher dans la maison jusqu'à ce que l'armée juive fût passée.

Yaël lui donna à manger et à boire. Puis Sissera, épuisé par la bataille, tomba vite dans un profond sommeil. Voyant cela, la brave Yaël décida de faire payer au tyran toutes les cruautés qu'il avait fait subir au peuple juif. S'approchant avec précaution du guerrier endormi, elle enfonça un long clou, un piquet de tente, dans sa tempe, mettant ainsi fin à la vie de cet oppresseur détesté. Entre-temps, Barak, lancé avec acharnement à la poursuite de Sissera, arrivait à la maison de 'Heber. Yaël en sortit pour l'accueillir et le salua par ces mots : « Viens et je te montrerai l'homme que tu cherches. » Puis, elle conduisit Barak dans la tente : là, le cruel général gisait mort à leurs pieds.

Ainsi, la prophétie de Déborah se réalisa : la plus haute gloire de la victoire revenait à une femme, et non à Barak ; et Déborah elle-même glorifia la courageuse Yaël dans l'immortel « Chant de Déborah ».

Le célèbre « Chant de Déborah » est, à beaucoup d'égards, similaire au « Chant de Moïse » que ce dernier et le peuple d'Israël chantèrent après le miracle de la Mer Rouge. La beauté extraordinaire et le charme de ce poème le classent immédiatement après la « Chirah » (le cantique) de Moïse, de notre littérature sacrée, le plus sublime des chants poétiques de gratitude envers D.ieu.

Déborah commence par chanter les louanges des hommes d'Israël qui ont consacré leur vie à la cause de la libération.

Lorsque la terreur se répand en Israël,
Lorsque le peuple donne spontanément sa vie,
Bénissez D.ieu.
Écoutez, ô Rois ; prêtez l'oreille, ô princes,
Vers D.ieu je veux chanter ;
Je veux chanter les louanges du D.ieu d'Israël.

Puis la prophétesse continue en glorifiant la puissance de D.ieu dans le passé ; elle décrit les souffrances d'Israël sous l'oppression des bandes cananéennes, lorsque tout voyage sur les grandes routes était abandonné, lorsque le peuple n'avait pas d'armes pour se défendre.

Les rois cessèrent de régner en Israël, ils cessèrent,
Jusqu'à ce que je m'élevai, moi Déborah,
Que je m'élevai, telle une mère en Israël...
Mon cœur va vers les gouverneurs d'Israël
Qui se sont offerts spontanément parmi le peuple
Bénissez D.ieu...

Puis elle lance son cri de guerre, et les tribus se rassemblent derrière son étendard :

Réveille-toi, réveille-toi, Déborah, réveille-toi,
Réveille-toi, fais entendre un chant !
Lève-toi, Barak, et rends ta captivité captive,
Toi, fils d'Abinoam !...

Elle blâme ces tribus d'Israël qui, préférant se laisser bercer par les flûtes des bergers, restèrent sourds à son appel. Par contraste, elle souligne le lumineux exemple de Zabulon et de Naphtali qui sacrifièrent leur vie sur le champ de bataille. Elle décrit ensuite le terrible combat et les miracles merveilleux qui donnèrent à Israël la victoire :

Depuis les cieux les étoiles luttèrent,
Les étoiles dans leur course
Luttèrent contre Sissera.
Le Kishon les prit dans ses eaux,
Ce vieux ruisseau, le ruisseau de Kishon
Ô mon âme, écrase-les avec force !...

Enfin, Déborah chante les louanges de la brave Yaël qui a tué de ses propres mains le pire ennemi d'Israël, et elle termine son chant en louant l'Éternel :

Bénie entre toutes les femmes soit Yaël,
L'épouse de 'Heber le Kénite,
Au-dessus de toutes les femmes dans la tente elle sera bénie...
À ses pieds il tomba, il s'écroula, il s'étendit :
À ses pieds il tomba, il s'écroula ;
Là où il tomba, il mourut...
Qu'ainsi périssent tous tes ennemis, ô D.ieu ;
Mais que ceux qui T'aiment
Soient pareils au soleil avançant dans toute sa gloire.

La mission de Déborah s'accomplit. Les oppresseurs furent vaincus et les Juifs, de nouveau libres, connurent des jours heureux. Déborah et Barak veillèrent à ce que les Juifs demeurassent fidèles à D.ieu dont ils s'étaient détournés sous la domination cananéenne. Et ils vécurent dans la paix pendant vingt heureuses années, sous la sage égide de Déborah et de Barak.

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