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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 15:24
Une lumière qui inspire
Quand la parole brille

Qu’arrive-t-il quand un sage parle ?

Le Rambam écrit : « tout comme un sage se reconnaît par sa sagesse et ses traits de caractère, car dans ces domaines, il se tient à l’écart du reste des gens, ainsi également doit-il se reconnaître par sa conduite. »

L’intention du Rambam est de nous transmettre que l’approche juive de la connaissance est bien plus que théorique. Il faut donc que les connaissances que possède un individu forgent son caractère et, ce qui est encore plus important, influencent son comportement. C’est en cela qu’il se distingue comme sage.

Parmi les types de conduite que le Rambam décrit comme appropriés pour un homme sage, se distingue le raffinement dans la parole. Il continue dans ces termes : « un érudit en Torah ne doit pas crier ou hurler quand il parle… Mais il doit parler gentiment à tout le monde... Il doit juger chacun à une lumière favorable, disant les louanges de ses collègues ne mentionnant jamais contre eux quelque chose qui leur ferait honte. »

La terminologie employée par le Rambam : « juger… à une lumière favorable » et « ne mentionnant jamais quelque chose qui leur ferait honte », implique qu’il se peut qu’un érudit voie des fautes dans le caractère de son collègue. Mais même le cas échéant, il « fera sa louange ». Quand il s’adresse à lui en privé, il peut patiemment et gentiment lui reprocher sa conduite. Mais quand il s’adresse aux autres et quand il pense à lui en son for intérieur, il doit le faire d’un point de vue positif et favorable.

Il ne s’agit pas seulement du reflet du propre raffinement de l’érudit. Mais en soulignant constamment les aspects positifs des qualités de l’autre, il encourage réellement leur expression. Car la pensée et la parole peuvent apporter des changements tangibles à notre monde. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Maguid de Mézéritch prononçait, de temps à autre, des concepts qu’il savait pertinemment inaccessibles à son auditoire. Son intention était d’« attirer l’idée dans notre monde » de sorte qu’elle pût, plus tard, être compréhensible par d’autres.

Prenons pour exemple un concept similaire dans le domaine des relations humaines. Nos Sages statuent que le Lachon Hara (paroles de médisance) tue trois personnes : celui qui le prononce, celui qui l’écoute et celui dont on parle. Nous pouvons aisément comprendre que de tels propos affectent celui qui en est la source et celui qui les écoute, tous deux prenant part à une faute que nos Sages considèrent équivalente aux effets combinés de l’idolâtrie, du meurtre et de l’adultère. Mais pourquoi la personne à propos de laquelle des ragots ont été rapportés serait-elle affectée ? Elle n’a pas pris part à la transgression !

Pour le comprendre, il peut être avancé que parler des défauts d’une personne ravive leur expression. Bien qu’il se puisse que cet individu ne soit pas conscient du fait qu’on parle de lui, le fait qu’on puisse discuter des défauts de son caractère réveille la révélation de ces traits. Si l’on n’avait pas parlé de ces fautes, il est probable qu’elles seraient restées cachées.

La sentence : « les attributs positifs sont plus puissants que les attributs de châtiment » et des concepts similaires s’appliquent au fait de parler positivement des traits de caractère d’une personne. La mention constante du bien que possède une personne, et à l’intérieur de tout être il existe des trésors cachés de bien, rend plus facile l’expression de ce bien dans la conduite individuelle.

Un commandement de parler

Les idées dont on vient de parler ont une relation avec notre Paracha appelée EmorEmor est un commandement nous enjoignant de parler. Dans le contexte de la lecture de la Torah de cette semaine, ce commandement possède une application immédiate : celle de communiquer les lois relatives à la prêtrise. Néanmoins, le fait que ce terme soit utilisé comme nom pour la Paracha indique qu’il renferme une signification plus large : l’homme doit parler.

(Le lien de la Paracha avec des paroles adéquates est également souligné par sa conclusion de l’épisode du blasphémateur qui fournit un exemple de l’approche inverse. De plus, la Paracha Emor coïncide toujours avec le compte du Omer et partage donc également en cette occurrence un lien avec des paroles correctes, car cette période est marquée par des coutumes de deuil pour la mort des élèves de Rabbi Akiva. Nos Sages expliquent que la source spirituelle de la plaie qui les tua était leur inaptitude à se respecter mutuellement et le Lachon Hara qu’ils prononçaient.)

Et pourtant, nous rencontrons ailleurs les conseils de nos Sages : « Parle peu… » et « Je… n’ai rien trouvé de mieux pour une personne que le silence » impliquant donc que la parole excessive est indésirable. Nous ne pouvons non plus affirmer que le terme Emor se réfère au fait de prononcer des paroles de Torah, car à ce propos existe un commandement explicite : « et tu en parleras », nous encourageant à abonder dans les mots de la Torah. Emor concerne plutôt le fait de parler des qualités de nos prochains, comme cela a été expliqué plus haut.

Apprendre avec la lumière

Nos Sages associent le commandement Emor avec l’obligation du‘Hinou’h, l’éducation des enfants, commentant :

[Il est écrit :] « Parle » et [il est écrit] « dis-leur ». [Pourquoi la répétition dans le même verset ?] Pour mettre en garde les parents concernant leurs enfants…

Lehazhir, le mot hébreu traduit par « mettre en garde » partage la même racine que le mot Zohar, qui signifie « rayonnement ». Cela nous enseigne une leçon fondamentale concernant l’éducation : elle doit se caractériser par une lumière rayonnante. En général, deux approches sont tentées pour persuader les enfants de rejeter un comportement indésirable : mettre l’accent sur sa bassesse ou montrer une alternative positive. Lehazhirsouligne l’importance de répandre la lumière, car « une petite lumière repousse beaucoup d’obscurité » et en répandant la lumière, on allume la lumière intérieure que possède chacun.

La lumière amène la lumière

Le concept qui précède possède aussi une signification plus profonde. Dans son sens complet, le ‘Hinou’h de nos enfants, et par extension de tous ceux que l’on influence, ne doit pas être considéré comme une obligation qui dépasse notre propre service divin, comme une autre tâche à accomplir, mais comme une émanation naturelle de ce service.

Quand le service divin de l’individu atteint un sommet parfait, et en s’attachant à Ahavat Israël et A’hdout Israël (l’amour et l’unité du Peuple Juif) il se joint aux autres, son contact avec eux permet et accélère leurs progrès personnels. La lumière qui émane de sa conduite illuminera et éduquera tous ceux avec lesquels il entrera en contact.

Et cet allumage de lumière par la lumière nous conduira à l’ère où « le Sage brillera comme la splendeur du firmament » et « Israël... quittera son exil avec miséricorde ».

Adapté de Likoutei Si'hot vol. 27, p. 159 et suiv.
et Sefer HaSi'hot 5750 p. 443 et suiv.

'HABAD

 
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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 15:15
Na'houm Ich-Gamzou et Rabbi Akiva
Voir le bien et savoir le bien

Na'houm Ich-Gamzou et Rabbi Akiva étaient deux hommes dont la foi en le Tout-Puissant n'avait pas de limites. Leur conviction était faite : tout ce qui pouvait leur arriver tendait nécessairement au bien. Comment le savaient-ils? C'est très simple. Ils savaient que rien n'arrive par hasard ni à l'insu de D.ieu. Or D.ieu est bon ; donc rien de mal ne peut arriver.

Bien sûr, les choses désagréables existent et chacun de nous en a son lot, mais cela ne peut se confondre avec le mal proprement dit. Par exemple, un médicament peut être désagréable à prendre. Mais qui, se basant là-dessus, dirait que ce médicament est un mal ?

La foi de ces deux hommes était la même, pourtant chacun l'exprimait différemment. Na'houm avait l'habitude de dire : « Gam zou letovah », ce qui en hébreu signifie : « Ceci aussi est pour le bien. » Et l'on croit que c'est parce qu'il répétait souvent cette phrase qu'il fut nommé « Gamzou ».

De son côté, Rabbi Akiva avait coutume de dire « Kol mah deavid Ra’hamana, letav avid », ce qui en araméen (la langue la plus couramment parlée en ce temps-là par le peuple Juif, l'hébreu ne l'étant que par les érudits) signifie : « Tout ce que D.ieu Miséricordieux fait, Il le fait pour le bien. »

Voici ce que le Talmud nous raconte sur ce qui arriva à ces deux sages éminents.

Rabbi Na'houm avait été délégué à Rome afin d'essayer de persuader l'empereur romain d'user de plus de bonté à l'égard des Juifs. Il emportait avec lui un précieux coffret rempli d'or et de diamants, un somptueux cadeau destiné à l'Empereur.

Au cours de son voyage, Rabbi Na'houm fit halte à une auberge où il passa la nuit. Le lendemain matin, il poursuivit son voyage sans s'être aperçu que l'aubergiste avait vidé le coffret de son précieux contenu et mis à sa place de la terre et du sable.

Quand Rabbi Na'houm fut enfin arrivé à Rome, il se présenta devant l'empereur et lui offrit le coffret. L'empereur l'ouvrit et constata qu'il ne contenait que de la terre et du sable. Croyant que les Juifs avaient voulu se moquer de lui, il entra dans une grande colère. Na'houm fut jeté en prison.

Nul doute qu'il allât à une mort certaine. Il ne se découragea pas pour autant et se contenta de dire, comme à son habitude : « Gam zou letovah », « ceci aussi est pour le bien ».

Lors du procès, l'un des conseillers de l'Empereur exprima ses doutes quant aux mauvaises intentions des juifs. Comment auraient-ils osé se moquer de l'Empereur ? Le conseiller se demandait plutôt s'il ne s'agissait pas, dans la présente circonstance, d'autre chose que de terre et de sable ordinaires. Cela lui paraissait plus plausible, et il ajouta qu'il avait entendu raconter que lorsque Abraham, le premier juif, livra bataille contre Khédarlaomer et les rois ses alliés, il avait lancé sur ses ennemis de la terre et du sable. Or cette terre et ce sable furent changés par D.ieu en flèches et en projectiles meurtriers. Ce qui permit à Abraham de remporter la victoire. Peut-être ce sable et cette terre étaient-ils de la même sorte !

L'Empereur menait justement depuis quelque temps contre ses ennemis une guerre qui traînait sans qu'il pût la conclure à son avantage. Il eut l'idée de se servir du contenu du coffret dans ce but, exactement à l'exemple d'Abraham. Il donna les ordres en conséquence, et, ô miracle !, sa victoire fut complète.

Na'houm fut alors immédiatement relâché. L'Empereur le couvrit de cadeaux et le renvoya parmi les siens avec la promesse qu'il serait donné entière satisfaction à la requête des Juifs.

Et voilà la merveilleuse histoire de Na'houm. Au tour de Rabbi Akiva maintenant.

Rabbi Akiva échappa lui aussi de justesse à la mort, mais d'une manière différente. Comme Rabbi Na'houm, il voyageait en direction d'une ville. Le soleil était couché et la nuit tombait doucement. Les routes étaient peu sûres, il fallut chercher un refuge dans les bois. Rabbi Akiva avait avec lui un coq et un âne. Le premier faisait fonction de réveil-matin : son chant au point du jour tirait Rabbi Akiva de son sommeil. Le second lui servait de monture. Bientôt toute clarté disparut et il fit nuit noire. Notre voyageur alluma la seule bougie qu'il possédât. Mais un coup de vent l'éteignit presque aussitôt. L'instant d'après le coq fut happé par une bête invisible ; l'âne connut bien vite un sort à peu près analogue. A chaque coup que la malchance lui portait, Rabbi Akiva disait : « Tout ce que fait D.ieu Miséricordieux est pour le bien ».

Quand, le lendemain matin, il arriva à destination, il apprit qu'une bande de dangereux voleurs avait traversé la forêt et attaqué la ville. Rabbi Akiva l'avait échappé belle, car s'il était tombé entre les mains des brigands, il n'eût pu s'attendre qu'au pire. Ainsi c'était un bien que la bougie se fût éteinte, et que le coq et l'âne eussent disparu, car le chant de l'un et le braiment de l'autre auraient trahi la présence de leur maître !

Au regard de ces deux histoires, une question pourrait se poser : Pourquoi Rabbi Akiva et Rabbi Na'houm employaient chacun une expression différente pour affirmer la même conviction ? Cela est d'autant plus surprenant que le premier étant le disciple du second, on s'attendrait que l'élève répétât tout simplement la phrase de son maître sans y rien changer. Une autre question peut aussi se poser : Pourquoi Rabbi Na'houm s'exprimait-il en hébreu, tandis que Rabbi Akiva le faisait en dialecte araméen ?

Avant de répondre à ces deux points, il est nécessaire d’examiner la question du « bien » et du « mal ».

D.ieu est bon, Il n'est pas la source du mal. Par conséquent tout ce qui arrive en ce monde devrait être bon, et est, en effet, originairement bon puisqu'il vient de D.ieu. Toutefois, dans le déroulement des événements, au cours de leur enchaînement, du bien même il pourrait résulter quelque chose de mal. Par exemple : un père aimant donne à son fils un jouet afin qu'il s'amuse. Ceci est sans nul doute un bien. Mais il arrive que l'enfant se fasse mal en maniant improprement ce jouet. Ceci est un mal, mais qui n'est pas de la faute du père, car celui-ci désirait que son fils eût le plaisir avec le jouet.

Puis il y a, comme nous l'avons dit plus haut, le cas du médicament au goût désagréable. Le petit enfant qui ne sait pas le bien qu'il en retirera, pleure et hurle pour ne pas le prendre. Une fois pris, volontiers ou non, le médicament laisse pendant un moment un mauvais goût. Mais il fait disparaître la souffrance pour longtemps.

Il en est de même dans la vie. Le « mal » qu'on y rencontre est de deux sortes :

a) un inconvénient temporaire qui s'avère bientôt un bien déguisé (comme le médicament) ;

b) un « mal » plus grave, comme la maladie ou même la mort, et qui, en apparence, ne comporte aucun bien. Néanmoins, notre croyance profonde est qu'il est conçu dans une intention de bien, connue de D.ieu seul.

Nous qui croyons en un seul D.ieu, le Créateur Unique qui créa le ciel et la terre, la lumière et l'obscurité, la chaleur et le froid, et tout ce qui existe, croyons que le Créateur de l'univers est foncièrement bon et qu'aucun mal ne peut dériver de Lui.

Si notre foi en cette croyance ainsi que notre piété sont aussi profondes que celles de Rabbi Na'houm, nous pourrions être doué du pouvoir d'influencer les événements de ce monde, de telle sorte que le bien qui a son origine en D.ieu soit vu et senti ici-bas, comme il a été conçu En-Haut. C'est ainsi que Rabbi Na'houm était capable, grâce à sa foi illimitée, de convertir le vulgaire sable et la terre en « bien » ; en quelque chose même de mieux que l'or et les objets précieux volés et remplacés par le sable et la terre, en apparence sans valeur.

Rabbi Akiva appartenait à la génération qui succéda à celle de Rabbi Na'houm. Du maître au disciple, le monde avait considérablement changé. Les gens n'avaient plus le même degré de sainteté et de piété et n'étaient plus dignes de la même révélation de la lumière divine ni des mêmes miracles. Aussi, bien que la foi de Rabbi Akiva fût aussi profonde que celle de Rabbi Na'houm, les miracles qu'elle appelait se montraient plus voilés, moins apparents. L'événement même ne révélait pas directement le bien, mais s'avérait en être seulement la cause indirecte. En même temps, le « mal » subi était infime comparé au bien qui en dérivait. Ce fut le cas pour Rabbi Akiva cette nuit-là quand il se trouvait dans les bois.

Ceci nous explique la différence qui existe entre l'expression dont se servait Rabbi Na'houm et celle de Rabbi Akiva. Le premier disait : « Ceci est aussi pour le bien », entendant par là que l'événement lui-même est bon. Tandis que le second disait : « Tout ce que D.ieu fait, Il le fait pour le bien », voulant dire par là que, même si l'expérience est désagréable, elle mène sûrement au bien.

C'est là également la raison pour laquelle les deux Sages se sont servi chacun d'une langue différente pour s'exprimer. Comme nous l'avons souligné plus haut, l'hébreu était en ce temps-là la langue des érudits, tandis que la plupart des gens parlaient le dialecte araméen. La vie de Rabbi Na'houm était de toute évidence d'une élévation extraordinaire et peu nombreux étaient ceux qui jouissaient du pouvoir si rare de convertir le mal même en bien. Voilà pourquoi il exprimait sa haute conception de la vie en hébreu, c'est-à-dire la langue qu'on n'employait pas couramment, mais, au contraire exceptionnellement. En revanche, le mode de vie de Rabbi Akiva pouvait être suivi par des couches plus larges de la population juive. Aussi s'exprimait-il en araméen, de sorte que chacun pouvait le comprendre et tâcher de suivre son exemple.

'HABAD

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 14:59
Retrait et retour
L’extase de la vie

1. La mort de Nadav et Avihou

Notre paracha commence par le verset : « Et l’Eternel parla à Moïse, après la mort des deux fils d’Aharon, lorsqu’ils s’approchèrent de l’Éternel et qu’ils moururent ». Les derniers mots de ce verset présentent une difficulté : pourquoi la Torah ajoute-t-elle « ils moururent », alors qu’il a déjà été mentionné : « après la mort des deux fils d’Aharon » ?

Le Midrache, en expliquant la raison de leur mort, donne les arguments suivants : ils avaient pénétré dans le Saint des Saints ; ils ne portaient pas les habits sacerdotaux nécessaires pour leur service ; ils n’avaient pas d’enfants ; et ils n’étaient pas mariés. Ceci suscite une seconde question : quelle est la source de ce Midrache ? Où est-il fait allusion à ces fautes dans la Torah ?

Plus encore : comment peut-on supposer que les deux fils d’Aharon, Nadav et Avihou, aient pu se rendre coupables d’un péché ? Le Midrache relate que Moïse dit à Aharon : « Aharon, mon frère, je savais que le Sanctuaire serait sanctifié par ceux qui sont les bien-aimés et les proches de D.ieu. Maintenant je sais qu’ils (Nadav et Avihou) sont plus grands que toi et moi. » Si c’est ainsi, comment ont-ils pu pécher?

2. Une extase fatale

Il existe une interprétation ‘hassidique selon laquelle les deux fils d’Aharon n’ont pas réellement « péché », au sens littéral du terme. Leur « péché » fut d’avoir permis à leur désir s’attacher à D.ieu d’atteindre une telle intensité qu’ils en moururent : leurs corps ne pouvaient plus contenir leurs âmes. C’est pourquoi la Torah dit « ils s’approchèrent de D.ieu (avec une telle passion qu’) ils moururent ». Et c’est cela qui est considéré comme un péché ! Car, bien qu’un Juif doive s’élever au-delà de ses préoccupations matérielles, lorsqu’il atteint l’ultime extase de son âme, il doit alors revenir au travail que l’âme doit accomplir dans une existence matérielle.

Il est écrit dans l’Éthique des Pères : « Contre ta volonté tu vis ». Face au désir de l’âme de s’élever au-delà du monde s’impose la tâche de créer une résidence pour D.ieu à l’intérieur du monde. Nadav et Avihou parvinrent à l’extase, mais non au retour. Ce fut là leur péché et la raison de leur mort. Ils « s’approchèrent de D.ieu et moururent », c’est-à-dire qu’ils permirent à leur passion spirituelle de l’emporter sur leur mission dans ce monde. Ils outrepassèrent les limites du monde et de la vie elle-même.

Cet acte est à la base de chacune des quatre fautes que le Midrachee leur attribue :

- Ils « pénétrèrent dans le Saint des Saints », les profondeurs les plus extrêmes de l’esprit, sans penser à leur retour dans le monde extérieur.

- Ils ne « portaient pas les habits (sacerdotaux) ». Leur souci était de se défaire du monde et de devenir purement spirituels. Ils avaient abandonné les nécessaires « vêtements » desquels D.ieu a souhaité revêtir le monde, c’est-à-dire les Mitsvot, les actions physiques qui sanctifient l’environnement matériel.

- « Ils n’avaient pas d’enfants » et « n’étaient pas mariés ». C’est-à-dire qu’ils n’accomplirent pas le commandement de D.ieu de « croître et multiplier » et faire ainsi venir de nouvelles âmes dans le monde. Ils firent tout le contraire : ils retirèrent leur propre âme de ce monde.

Toutes leurs fautes découlèrent d’une même erreur : croire que le Juif s’approche de D.ieu par le retrait du monde plutôt qu’en s’y investissant. En réalité, ces deux approches sont nécessaires. Et c’est pourquoi, au moment de l’année où nous sommes le plus puissamment extraits du monde – Yom Kippour –, nous commençons la lecture de la Torah par ces versets, pour nous rappeler de la finalité de notre existence.

3. De l’expérience à l’action

Rachi explique que le commandement « qu'Il (Aharon) ne peut entrer à toute heure dans le sanctuaire ... (Mais) voici comment Aaron entrera dans le sanctuaire » vient immédiatement après la mention de la mort de ses fils, pour nous avertir que son service de D.ieu (et le nôtre) ne doit pas être à l’image de celui de Nadav et Avihou.

Cela soulève une question : peut-on réellement exiger de quelqu’un qui atteint l’extase de retourner à des préoccupations terrestres ? Si son expérience est authentique, s’il a atteint l’amour de D.ieu « de toute ta force » et a percé toutes les barrières qui séparent l’homme de D.ieu, peut-il se retenir au point même de son union avec D.ieu, et s’immerger de nouveau dans toutes les contraintes de la condition humaine ? N’y a-t-il pas une incompatibilité émotionnelle entre l’abandon absolu de soi à D.ieu et une vigilance constante pour ne pas aller trop loin ?

La réponse tient dans la manière dont une personne entame sa quête spirituelle. S’il part avec l’intention de satisfaire ses propres désirs, quel que soit leur degré d’exaltation, il ne voudra pas sacrifier sa propre extase aux besoins de ce monde. Mais s’il part du fait du commandement de D.ieu, conscient que, bien qu’il lui soit demandé « Tu aimeras l’Éternel ton D.ieu... de toute ta force », il est néanmoins écrit « Il a créé (le monde) non pour demeurer vide, mais pour être habité », alors, au sein même de son approche extatique de D.ieu, le désir de revenir finalement vers le monde et de le sanctifier sera toujours implicite.

Il y a une histoire célèbre dans le Talmud : quatre hommes pénétrèrent dans le « Pardès », le « verger » (les secrets mystiques de la Torah) : Ben Azaï, Ben Zoma, A’her et Rabbi Akiva. Ben Azaï regarda et mourut. Ben Zoma regarda et fut frappé (de folie). A’her abima les pousses (il devint un apostat). Rabbi Akiva « entra en paix et sortit en paix ».

À première vue, la différence fondamentale entre Rabbi Akiva et les trois autres fut la façon dont il sortit du Pardès. Pourquoi le Talmud mentionne-t-il qu’il « entra en paix » ?

Le fait est que c’est la manière dont chacun des quatre entra qui détermina la façon dont il sortit. Ben Azaï entra en quête d’extase, pas de retour, ainsi il « regarda et mourut ».

Mais Rabbi Akiva entra « en paix », en soumission à la volonté divine, cherchant à unifier le monde supérieur et le monde inférieur. C’est pourquoi il sortit en paix. Son intention de revenir était implicite au commencement de son chemin vers l’extase religieuse.

Ceci était la manière dont Aharon devait pénétrer le Saint des Saints : avec crainte, soumission et abnégation. C’est de cette manière qu’il pouvait alors faire « expiation pour lui et pour sa maison » et dire une prière pour la subsistance d’Israël, des actes liés au monde matériel.

4. De l’expérience à l’action

Tous les récits de la Torah ont un enseignement qui s’applique à chaque Juif sans exception. Quel est le message universel de l’histoire de Nadav et Avihou ? À l’évidence, atteindre un niveau d’extase tel que la vie en danger n’est pas donné à tout le monde. Cette mise en garde semble ne s’adresser qu’à de rares individus. Qu’en est-il de tous les autres ?

Toutefois, chaque Juif se trouve parfois réveillé par une intense expérience religieuse, particulièrement le Chabbat et les Fêtes, et plus spécialement lors des Dix Jours de Repentir et par-dessus tout à Yom Kippour. Pendant un certain temps, il est extrait de sa routine quotidienne, de ses anxiétés habituelles, et il s’élève intérieurement au-delà des limites de sa pensée ordinaire.

C’est à ce moment-là qu’il doit se rappeler que, quelle que soit son expérience spirituelle de ce moment privilégié, il doit la ramener avec lui lorsqu’il revient dans son monde quotidien. Il ne doit pas rechercher l’extase pour elle-même, mais pour le retour qui la suivra. Une expérience religieuse ne doit pas rester un souvenir ; elle doit rester active en animant l’ensemble de sa vie. Comme Rabbi Akiva, il doit entrer et sortir « en paix », c’est-à-dire rapprocher D.ieu et le monde d’une manière harmonieuse.

5. La bénédiction de D.ieu

Ce lien entre la manière d’entrer et de sortir du domaine de la sainteté ne s’applique pas uniquement au service du Juif, mais aussi au monde matériel lui-même. Car tous les besoins du Juif, qu’ils soient matériels ou spirituels, émanent directement de D.ieu : « Si vous marchez dans Mes statuts et gardez Mes commandements et les accomplissez, alors Je vous donnerai la pluie en son temps et la terre donnera ses produits... » C’est seulement à travers de son lien avec D.ieu qu’il est pourvu aux besoins matériels d’un Juif. Celui qui dit : « Tout ira bien pour moi, car j’irai selon l’entêtement de mon cœur » s’avère toujours, en dernière analyse, être dans l’erreur.

Et c’est ce qui est suggéré dans notre paracha, dans la description de la procédure du service du Grand Prêtre : c’est seulement après être entré dans le Saint des Saints qu’il avait la possibilité de prier pour la subsistance du peuple.

C’est donc que le monde public que le Juif habite et le monde privé de son expérience religieuse sont intrinsèquement liés. Car s’il transfère cette expérience dans le monde, ce dernier s’en trouve sanctifié par l’homme et béni par D.ieu.

'HABAD

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 14:55
La vulnérabilité de D.ieu
Vous voulez être D.ieu ?

« Vous serez saints, car Moi, l’Éternel votre D.ieu, Je suis saint. »

Lévitique 19, 1

Ce verset, qui ouvre la paracha de Kédochim, contient certaines des leçons les plus importantes pour notre vie.

Il dissipe des mythes essentiels à propos de D.ieu.

Il nous enseigne le sens du véritable amour.

Il révèle notre immense potentiel.

Il nous donne la force et l’inspiration pour changer le monde.

Ce verset est simple, d’une déroutante simplicité : « Vous serez saints, car Moi, l’Eternel votre D.ieu, Je suis saint. » Mais cette simple déclaration porte en elle des significations multiples, comme l’illustre un curieux Midrache.

Ce Midrache déclare :

Quand le verset nous ordonne « Vous serez saints », nous pourrions penser que nous, êtres humains, pouvons être aussi saints que D.ieu Lui-même. C’est pourquoi le verset spécifie « car Moi, l’Eternel votre D.ieu, Je suis saint » :Kedouchati lemaalah mikedouchatkhem – Ma sainteté (celle de D.ieu) est au-dessus de (c’est-à-dire plus grande que) votre sainteté (humaine). »

Que veut nous dire le Midrache ? Pourquoi donc, en premier lieu, considérerions-nous que les êtres humains peuvent être aussi saints que D.ieu ? Et à quoi sert de souligner que nous ne sommes pas aussi saints que Lui ? Le verset nous dit d’imiter la sainteté de D.ieu et de sanctifier notre vie. Dans ce contexte optimiste et motivant, quel intérêt y a-t-il de nous rappeler que nous ne pouvons pas être aussi saints que D.ieu, ce qui va totalement à l'opposé de l’intention du verset qui compare notre sainteté à celle de D.ieu ?

Ces questions, parmi d'autres, ont mené les maîtres 'hassidiques à donner de ce verset une lecture novatrice, qui nous permet de porter sur nous-mêmes un regard révolutionnaire :

Ce Midrache ne doit pas être lu comme une question et une réponse, mais plutôt comme une déclaration factuelle :

« Vous serez saints » signifie que vous atteindrez la sainteté de D.ieu. Et la source de la force de parvenir à ce niveau de sainteté est (comme poursuit le verset) « car Moi, l’Éternel votre D.ieu, Je suis saint » et J’ai le pouvoir de communiquer Ma sainteté à vous autres, humains.

La raison en est – et c’est là la nouvelle lecture de ce Midrache –  parce que Kedouchati lemaalah : « Ma sainteté qui est au-dessus, En-Haut », mikedouchatkhem : « provient de votre sainteté », lorsque nous, êtres humains, sanctifions notre vie, nous sanctifions D.ieu.

Non seulement nous pouvons être aussi saints que D.ieu, mais nous pouvons réellement générer la sainteté de D.ieu !

Les implications de cet enseignement sont fascinantes – et portent très loin.

Notre perspective conventionnelle sur les relations des hommes avec D.ieu est linéaire : D.ieu est le Créateur et nous sommes les créatures. D.ieu est « le Père Tout-Puissant dans les cieux » et nous sommes de simples mortels sur terre. D.ieu donne et nous recevons. Nous sommes des sujets et D.ieu est le Roi.

Mais en réalité, notre relation avec D.ieu est bien plus complexe. Quel aurait été l’intérêt de créer des êtres humains qui seraient des créatures dépendantes qui ne font que recevoir ? D.ieu se sentait-Il « inconfortable » pour créer des sujets qui Le serviraient ?

D.ieu créa l’être humain « à Son image » comme un « partenaire » égal dans la création. D.ieu choisit d’avoir une véritable relation avec nous, dans laquelle chacun apporte et reçoit. Dans cette relation, nous contribuons autant, voire plus, que nous ne recevons.

Nos Sages nous disent à ce propos que les bonnes actions des justes sont plus importantes que la création par D.ieu du ciel et de la terre. Parce que D.ieu créa la matière à partir de l’esprit, et nous créons l’esprit à partir de la matière.

Oui, D.ieu a choisi d’être « vulnérable » et « dépendant » de nous. Nous avons la force de sanctifier ou de profaner D.ieu dans cet univers. « Aime D.ieu » est interprété comme signifiant « fais que D.ieu soit aimé des autres ». Nous, hommes, sommes les représentants de D.ieu sur terre. En tant qu’enfants de D.ieu, notre comportement fait en sorte qu’Il paraisse bon ou mauvais. Quand nous agissons de manière exemplaire, nous obtenons que D.ieu soit aimé par tous ceux qui nous observent, nous et l’image divine à l’intérieur de nous.

Cette approche récuse la conception que beaucoup de gens ont de la religion et de D.ieu. Nous et D.ieu sommes impliqués ensembles, comme partenaires, dans le scénario de la vie. Nous avons besoin l’un de l’autre. D.ieu a choisi d’avoir besoin de nous et Il s’est soumis à l’influence de notre comportement : celui-ci peut démentir Son existence et gâcher ce qu’Il a investi en nous. Ou nous pouvons illuminer notre environnement avec le divin.

C’est là l’essence de la plus puissante des mitsvot : la mitsva de Kidouch Hachem, sanctifier D.ieu. Et son contraire : le grave péché de profaner D.ieu.

Les six millions de Juifs tués dans la Shoah, et tous ceux qui furent jamais tués parce qu’ils étaient juifs, sont appelés kédochim (comme le nom de cette paracha), « les sanctifiés ». En mourant au nom de D.ieu, ils ont sanctifié D.ieu, bien plus, tellement plus, que les barbares qui furent leurs bourreaux ne profanèrent D.ieu.

Une victime de la Shoah exprima cela lorsqu’elle dit à l’animal nazi qui allait la mettre à mort : « Je remercie D.ieu de ne pas m’avoir créé comme toi... »


Ainsi, voici quelques-uns des puissants messages de ce verset : « Vous serez saints, car Moi, l’Éternel votre D.ieu, Je suis saint. »

  1. La représentation de D.ieu comme figure d’un puissant « père » dans les cieux qui attend de nous « foudroyer », nous, ses impuissants sujets n’est rien d’autre qu’un mythe. D.ieu n’est pas dans un endroit et nous dans un autre. Nous sommes liés, unis dans une relation, dans la symbiose et la synergie d’un partenariat. D.ieu est « l’investisseur » et nous sommes « le producteur », développant des produits à partir des ressources dont Il nous a dotés.

Nous dépendons de D.ieu pour la vie, la santé et toutes les bénédictions. La présence consciente de D.ieu et Sa sainteté dans l’univers dépendent (kavyakhol) de nous. Nous avons le pouvoir de sanctifier D.ieu et de Le faire aimer par les hommes, ou, tragiquement, l’opposé.

  1. Cette relation/ce partenariat complexe est le modèle optimal du véritable amour. Le véritable amour implique la vulnérabilité. Il n’est pas affaire de contrôle, mais de complémentarité : s’attacher à un partenaire, dans une relation mutuellement dépendante.

En aucun cas cela compromet-il l’indépendance de chacun des partenaires. Au contraire : cette vulnérabilité bien placée accroît l’indépendance. Le fait que D.ieu se permette d’être « vulnérable » et nous permette de sanctifier ou profaner Sa présence est un signe de l’indépendance absolue de D.ieu et de Sa confiance que Son pari sera gagnant et que l’image divine en nous l’emportera.

Se protéger sous le masque de « l’invulnérabilité » et l’absence de dépendance vis-à-vis des autres est plus un signe de faiblesse que de force. En amour, le plus grand signe de force est d’avoir la possibilité d’être vulnérable, et de célébrer cette vulnérabilité, avec la confiance et la foi en son/sa partenaire.

  1. Et quel est notre potentiel ? Nous avons le pouvoir d’être comme D.ieu ! En nous conférant Sa sainteté, Il nous a dotés de la capacité d’être divins. Bien plus, la sainteté d’En-Haut dépend de nous. Le sort de la présence de D.ieu dans la vie est entre nos mains.

« Soyez saints » nous parle de notre potentiel infini. Nous avons le pouvoir de ne pas simplement être de bons êtres humains et de faire de notre monde un lieu meilleur, mais de sanctifier D.ieu, de rendre le mortel immortel et de changer le monde pour toujours.

Comment vous vous comportez à n’importe quel instant peut soit sublimiser soit défigurer non seulement l’univers entier, mais aussi D.ieu !

Nous avons malheureusement été témoins de trop de cas où la divinité fut dégradée par l’homme, avec les conséquences funestes que cela eut. De fait, l’un des plus grands obstacles aujourd’hui lorsque l’on discute d’idéaux spirituels est constitué par les stéréotypes négatifs qui furent engendrés par des années d’abus et  de distorsion d’expériences religieuses. 

Lorsque nous rejetons D.ieu, est-ce D.ieu que nous rejetons ou la manière dont D.ieu nous a été présenté ?

  1. Finalement, « Kedochim tihyou », « Soyez saints » est notre appel à transformer l’univers. Nous avons été chargés d’une immense responsabilité et d’un énorme don. Nous autres, humains, sommes les seuls à pouvoir changer le cours de l’histoire.

Tous nos choix soient sanctifient soit polluent notre environnement.

Qu’y a-t-il de plus motivant que de savoir que le destin de l’univers, et le destin de D.ieu Lui-même, dépendent de nos actions ?

Ce sont là certaines des leçons de ce verset.

Tout cela dans un simple verset...

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 23:24

 

 

PS : l'Abbé Alain-René Arbez nous fait suivre un correctif à son précédent texte, nous le republions donc selon ses voeux : 


texte magnifique de l'Abbé Alain-René Arbez

 

L’ETAT D’ISRAEL, FIGURE BIBLIQUE

Il y a 3800 ans, Abraham claquait la porte d’un clan pourvoyeur d’idoles malfaisantes, et il partait à l’aventure de la foi pour répondre à un appel intérieur riche de promesses. Sans rien savoir de son avenir, il allait de l’avant, avec une confiance génératrice d’humanité.

Il y a 3300 ans, le petit hébreu Moïse était déposé sur un fragile panier d’osier voguant au fil de l’eau du Nil, au milieu de crocodiles féroces prêts à l’avaler. Providentiellement sauvé et éduqué par une femme de cœur, puis devenu adulte ayant fait ses choix, il a transmis à son peuple libéré les bases éthiques d’un vivre ensemble qui se montrent encore de nos jours utiles au monde entier.

Israël, l’état moderne est la résurgence récente de tout un peuple agressé maintes fois sur sa terre et au cours des siècles dispersé aux quatre horizons. « L’an prochain à Jérusalem ! » Jérusalem pôle de lumière, indéfectible lieu de la Présence…Depuis 62 ans, Israël est une nation reconnue qui a su survivre au milieu d’une région hostile et dont la société démocratique et interculturelle a atteint de hauts niveaux technologiques. Tandis que nombre de ses voisins semblent de plus en plus affectionner une culture de mort jurant de faire disparaître Israël dans les délirants abîmes du djihad, la devise d’Israël reste vaillamment celle de la Tora : « Choisis la vie pour que tu vives ! » Comme le petit David face au géant Goliath, Israël doit sans cesse rester sur ses gardes et faire front sur son minuscule espace vital pour ne pas être déchiqueté par une brutalité adverse parée de nobles causes dont seuls sont dupes ceux qui y ont trouvé intérêt.

Cloué au pilori sur le Golgotha des bien-pensances aveuglées, il lui est lancé au visage, comme à un certain rabbi d’il y a 2000 ans : « si tu es ce que tu prétends, fais-nous le miracle de la paix ! »Mais la paix peut-elle prendre forme lorsque la haine habite les arrière-pensées de ceux qui l’exigent sans concertation, telle une soumission unilatérale à leur projet religieusement totalitaire ?

La paix authentique, c’est le shalom biblique, l’harmonie respectueuse de réciprocité, inspirée des 10 commandements et facteur de droits de l’homme, incompatible avec les dérives de l’hégémonie coranique. L’histoire biblique se poursuit donc avec Israël et ses voisins, le combat culturel et spirituel entre oppression et liberté également, comme un miroir prophétique de notre humanité à venir.

                                                                         Abbé Alain René Arbez


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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 15:24
La naissance et la renaissance
Des origines à la finalité

La naissance et la renaissance sont les thèmes de ce Chabbat, à la fois par le contenu de la lecture hebdomadaire et la date dans le calendrier juif.

Les cérémonies qui entourent le grand moment de la naissance et l’idée de la Brith Milah, l’Alliance de la Circoncision, qui crée un lien particulier entre D.ieu et l’enfant mâle nous sont expliquées. Les Sages nous disent qu’une fille est considérée comme née avec la circoncision. C’est pourquoi chaque Juif entre dans le monde avec un lien tout particulier avec D.ieu.

La joie de la naissance est, nous l’avons vu, exprimée par l’offrande qu’apporte la mère, des deux colombes, au Temple.

Il est courant que cette Paracha soit lue pendant le mois de Nissan, un mois joyeux, inextricablement lié avec Pessa’h et la Rédemption d’Égypte. Cet événement constitua en fait, la naissance du Peuple Juif. L’Exode est décrit en ces termes par le Prophète Ezéchiel. Il utilise l’allégorie de la naissance pour décrire toute l’expérience du Peuple Juif quittant l’Égypte, errant dans le désert tout en mettant sa foi exclusivement en D.ieu, et finalement son développement en une nation mûre servant D.ieu par la Torah et ses commandements.1

Nous trouvons également des enseignements comparant notre expérience ultérieure d’exil à un état de grossesse. L’enfant pas encore né, est entièrement formé mais il ne fonctionne pas comme un être humain normal. Il possède des yeux et des oreilles mais il ne peut ni voir ni entendre. De la même façon, nous, le Peuple Juif, ne pouvons fonctionner convenablement, en utilisant pleinement notre stature et notre sensibilité spirituelles. Alors que nous sommes toujours en exil, nous accomplissons les Mitsvot mais nous ne sommes pas véritablement conscients de leur importance. C’est pour cette raison que de nombreuses personnes n’ont pas encore pris la mesure de l’importance de les observer. Si nous avions la conscience d’une personne mûre, c’est avec allégresse que chacun d’entre nous s’y livrerait de plein cœur !

Comme dans le cas d’une mère qui attend un bébé devant naître de façon imminente, nous aussi attendons avec impatience la renaissance et le renouvellement du Peuple Juif et du monde, avec la venue de Machia’h. L’attitude adéquate pendant ces derniers instants est l’accomplissement des Mitsvot, l’étude de la Torah et tout particulièrement l’amour de chacun. C’est ainsi que nous parviendrons à la naissance et la renaissance, pour le bien de l’humanité toute entière.

 

 

'HABAD

 
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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 15:10
L’âme fugitive
C'est la vôtre !

Les parachas de Tazria(Lévitique 12-13) et Metsora(14-15) discutent des lois detsaraat, une maladie spirituelle caractérisée par une ou plusieurs marques blanches apparaissant sur la peau d’une personne, sur les murs d’une maison ou sur un vêtement de tissu ou de cuir.

Toutes les taches blanches ne sont pas nécessairement des signes de tsaraat. Il existe plusieurs symptômes secondaires qui déterminent si la personne (ou la maison ou l’habit) devait être déclaréetamé (impure). Sur le corps humain, l’un des signes qui caractérisent tsaraat est lorsque la tache blanche provoque ensuite la décoloration d’au moins deux poils.

Concernant cette loi, il y a un passage remarquable dans le Talmud qui relate un débat se tenant dans l’Académie Céleste :

Il a été débattu dans l’Académie Céleste : si la tache blanche précède le poil blanc, elle est impure. Si le poil blanc précède la tache, elle est pure ; qu’en est-il en cas de doute (sur lequel est venu en premier) ?

Le Saint béni soit-Il dit : elle est pure.

L’Académie Céleste tout entière dit : elle est impure.

Ils dirent : qui tranchera pour nous ? Rabbah bar Na’hmeini. Car Rabbah bar Na’hmeini a déclaré : Je suis unique dans [ma connaissance des] lois de la tsaraat... Ils envoyèrent un messager [pour l’amener au Ciel]... Il [Rabbah] dit : Tahor ! Tahor ! (Pure, pure)

Talmud Bava Metsia 86a

Fuir de soi-même

Pour comprendre le sens de ce débat entre D.ieu et l’Académie Céleste, et pourquoi un mortel être humain fut convoqué pour trancher le débat, nous devons en premier lieu comprendre la nature de la maladie de tsaraat, en général, et le sens de la tache blanche et du poil blanc en particulier.

La ‘Hassidout explique que l’âme humaine est dirigée par deux forces opposées : celle de courir ou de s’échapper (ratso) et celle de se calmer et de se poser (chouv). Chaque fois que nous sommes submergés d’enthousiasme, d’amour, d’ambition ou d’aspiration, nous courons, cherchant à échapper à nous-mêmes pour atteindre quelque chose de plus grand, de plus beau et de plus parfait que nous. Quand nous sommes saisis par la grandeur de quelque chose, quand nous avons un sentiment d’humilité, de dévotion ou d’engagement, nous nous posons, affirmant notre lien avec notre existence, avec notre place dans le monde et notre mission dans la vie. Le ratso nous pousse à gravir une montagne, le chouvà construire une maison ; le ratso nous pousse à prier, le chouv à accomplir une mitsva.

Dans une âme saine spirituellement, la volonté oscille entre ratso et chouvcomme le balancier d’une pendule s’élève et redescend, comme un cœur qui bat se contracte et se relâche. Les contraintes liées à notre place en ce monde, la finitude de notre nature et de notre corps, les limites de notre être : toutes ces limitations nous poussent à les fuir, à aspirer à l’illimité et à l’infini. Mais notre fuite elle-même nous conduit à un lieu d’où nous pouvons mieux apprécier la beauté et la nécessité de notre existence. Ainsi le ratso culmine-t-il puis suscite une réaction de chouv, un retour à soi et à notre place dans le monde.

Tsaraat est une situation dans laquelle ce crucial équilibre est rompu. Le balancier de l’âme s’élève dans son arc de ratso, mais omet de revenir dans le chouv. La volonté échappe au soi et manque de revenir, laissant derrière elle un vide dans lequel toutes sortes d’éléments indésirables peuvent désormais prendre racine, comme des ronces dans un jardin abandonné.

C’est là le sens des taches blanches et des poils blancs qui sont les symptômes de la tsaraat. Une tache blanche sur la peau indique que la vitalité s’est retirée du corps, ou de cette partie du corps. Toutefois, une tache blanche en elle-même ne signifie pas que le manque de retour de la volonté a entraîné des développements négatifs dans le caractère et le comportement de cette personne. Mais quand nous voyons des poils blancs pousser dans la tache blanche – quand nous voyons des choses mortes se nourrir de ce lieu mort –, nous sommes en présence d’un cas avéré de tsaraat.

D’un autre côté, la présence de poils blancs n’indique pas à elle seule un cas de tsaraat. Ces poils peuvent représenter les difficultés ordinaires que nous traînons derrière nous tout au long de la vie, les expériences et les traits négatifs qui ont malgré tout la qualité de nous mettre à l’épreuve et suscitent le réveil de nos capacités et de nos énergies latentes.

C’est seulement lorsque les poils blancs sont causés par les taches blanches que quelque chose de grave se passe. Une telle condition indique que la personne s’est tellement évadée qu’elle en a abandonné ses engagements de vie et de productivité, réduisant son être à une coquille vide et sans vie qui est le terreau le plus favorable à l’émergence des pires facettes de la nature humaine.

C’est pourquoi la Torah statue que le poil blanc est un symptôme detsaraat seulement lorsque la tache blanche le précède, indiquant que cette pousse morte est la conséquence de la perte de vitalité d’une région de la vie de cette personne.

Deux visions de l’homme

Quelle est la racine de la tsaraat ? Le ratso est l’évasion de soi, alors que le chouv est le retour à soi. Il semblerait donc que la tsaraat – ratso sanschouv – découle d’un excès d’effacement et d’abnégation.

En réalité, cependant, c’est l’inverse qui est vrai. Le ratso est ce que l’âme désire, alors que le chouv est ce à quoi elle est astreinte. L’évasion relève du plus grand laisser-aller alors que se ranger constitue la plus grande soumission. Ainsi la tsaraat dérive-t-elle d’un défaut d’humilité, du fait d’avoir manqué de faire précéder la volonté de son Créateur sur sa propre volonté.

Ceci éclaire le débat précédemment évoqué entre le Saint béni soit-Il et l’Académie Céleste. Les kabbalistes parlent de deux sortes d’énergies divines qui nourrissent notre existence : une lumière divine qui « remplit les mondes », pénétrant chaque créature à la mesure de sa capacité, et une lumière divine qui « enveloppe les mondes », une énergie transcendante qui nous apparaîtra seulement comme quelque chose de mystique ou spirituel, quelque chose qui est en dehors de nous.

Bien sûr, l’essence de D.ieu n’est ni « immanente », ni « transcendante ». Dans l’absolu, la relation entre D.ieu et notre existence ne peut pas être définie comme étant intérieure ou extérieure : elle n’est ni l’un ni l’autre, tout en étant les deux à la fois, car la réalité divine est au-delà de telles distinctions et caractérisations. D.ieu désira établir avec nous une relation qui soit cohérente avec notre réalité. Dans notre expérience de la vie, il est des choses que l’on qualifiera d’intérieures – des choses que nous pouvons comprendre et ressentir – et des choses qui nous dépasse, c’est-à-dire qui sont au-delà de nos capacités de compréhension. Ainsi, D.ieu communique-t-Il avec nous par le biais de ces deux canaux, se rendant accessible à nous de façon rationnelle et compréhensible (par exemple, dans les lois de la nature), ainsi que par des vecteurs mystiques et spirituels.

Il y a de nombreuses différences entre ces deux modes d’énergie divine et leurs effets sur nous, largement évoquées dans la littérature kabbalistique et ‘hassidique. Une différence de base est que la lumière divine qui « remplit les mondes » accrédite notre perception de la réalité et de notre existence, alors que selon la perspective de la lumière « enveloppante », qui transcende les paramètres de notre existence, notre réalité n’a pas de vraie validité et notre sentiment d’existence n’est guère plus qu’une illusion.

« L’Académie Céleste » est une allusion à la lumière immanente, et « le Saint béni soit-Il » évoque la lumière transcendante de D.ieu (kédoucha, la sainteté, signifie transcendance). Ainsi, au sujet du cas où il y a un doute si le poil blanc est venu avant ou après la tache blanche, l’« Académie Céleste » tend à statuer qu’il s’agit d’un cas de tsaraat. Car cette perspective divine reconnaît l’égoïsme humain. Dès lors, si la tsaraat est une éventualité, nous devons craindre qu’elle soit avérée.

« Le Saint béni soit-Il », cependant, considère l’homme comme étant essentiellement un être désintéressé. Du point de vue de la lumière transcendante, la tsaraat est une anomalie. Si on produit une preuve claire et concluante qu’une personne a cédé à son désir d’évasion de façon extrême, les lois de la tsaraat sont appliquées. Mais en cas de doute, cette perspective divine tend à la déclarer pure.

Le verdict

Qui pourra trancher entre ces deux visions divines ? Seulement quelqu’un qui est en contact avec la vision primordiale, avec la vérité unique qui dépasse aussi bien le mode « immanent » que le mode « transcendant » de relation entre le divin et la réalité.

Rabbah bar Na’hmeini était « unique dans les lois de la tsaraat ». Il était un être humain, mais un être humain qui s’était tellement dévoué à la Torah de D.ieu qu’il en avait saisi le cœur unique, il avait trouvé la vision divine de la réalité qui découle de l’essence divine plutôt que des éléments « immanents » ou « transcendants » de Sa lumière.

Lorsque Rabbah bar Na’hmeini considéra les lois de l’égoïsme et du désintéressement de l’homme, il vit l’homme tel que D.ieu Lui-même le voit : comme une créature totalement dévouée à la volonté de son Créateur. Une créature qui, même lorsqu’elle est touchée par l’éventualité d’une déficience maladive de chouv, est invariablement déclarée : Pure ! Pure !

Basé sur un discours du Rabbi du Chabbat Tazria 5725 (3 avril 1965) et du

Chabbat Metsora 5730 (18 avril 1970)

 

-habad

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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 15:07
La naissance spirituelle
L'accouchement du peuple juif

Chaque détail appartenant à notre monde humain a son parallèle au niveau spirituel. L’apogée des relations humaines se trouve dans celle qui unit l’homme et la femme dans le mariage. Avec l’aide de D.ieu, le mariage conduit à la naissance des enfants, garçons et filles.

Dans divers passages de la Torah, l’image du mariage est utilisée pour décrire la relation qui unit le Peuple Juif à D.ieu. La plus célèbre d’entre elles se lit dans le Cantique des Cantiques du Roi Salomon. La «  bien aimée  » qu’on y trouve est le Peuple Juif qui entretient une relation complexe avec D.ieu : parfois, il s’éloigne de Lui, parfois il s’en rapproche. Le Prophète Yichayahou utilise également une métaphore similaire :

Notre paracha s’ouvre sur un passage évoquant la femme qui donne naissance à un enfant : « Quand une femme conçoit et porte un fils ». On explique habituellement ce passage par son sens littéral. Si c’est un garçon, l’enfant doit être circoncis, et garçon ou fille, la mère se doit d’apporter une offrande au Temple, en général deux colombes. Elle apporte son don quarante jours après la naissance, si c’est un garçon et quatre-vingt jours plus tard, si c’est une fille. Ces colombes constituaient les offrandes les plus populaires apportées au Temple de Jérusalem.

Le Rabbi cite le grand Sage marocain, Rabbi ‘Haïm ben Attar (auteur du commentaire Ohr Ha’haïm sur la Torah, 1696-1743) qui suggère une autre manière de lire ce texte. Tout comme dans le Cantique des Cantiques ou dans Yichayahou, la femme représente le Peuple Juif : à travers une relation accomplie entre le Peuple Juif et D.ieu naît un enfant.

Rabbi ‘Haïm explique que la naissance symbolise la Rédemption. Le sens de plénitude et d’accomplissement que ressent un couple lorsqu’ils ont un enfant reflète la très grande réalité spirituelle dont un Peuple Juif libre et indépendant fait l’expérience lorsqu’il est enfin capable de servir D.ieu d’une façon complète.

Notre histoire nous présente un certain nombre d’exemples de rédemptions. Il y a plus de 3300 ans, il y eut la rédemption d’Egypte. Alors que nous vivions en Terre d’Israël, nous avons souvent subi les attaques et les persécutions de nos voisins et D.ieu nous en délivrait. Nous avons miraculeusement échappé à une menace d’extermination, à l’époque de Pourim. Nous avons été libérés de Babylone et sommes revenus en Terre d’Israël où nous avons construit le Second Temple. Quelques siècles plus tard, nous avons été sauvés de l’oppression grecque, à l’époque de ‘Hanoucca, etc.

Le problème, à chacun de ces moments de rédemption, était qu’ils étaient suivis d’une nouvelle phase d’exil. Notre espoir et notre foi sont dans la Rédemption ultime, qui sera permanente et totale. Cela mettra fin à tout conflit, pour nous, le Peuple Juif, mais aussi à l’échelle du monde entier. Rabbi ‘Haïm explique que cette Rédemption permanente est symbolisée par la naissance d’un garçon décrite au début de la paracha. Le mâle est physiquement plus fort et cette force dénote la permanence de la Rédemption.

Comment y parvenir ? Quand la femme, le Peuple Juif, « conçoit ». La graine est semée dans le sol et cette ensemencement représente notre service de D.ieu dans notre monde matériel. En fait, il existe des idées merveilleuses, des sentiments et des états de conscience auxquels nous devrions aspirer, mais la base réelle de toute chose est la réalité pratique de l’observance des commandements de la Torah dans notre vie quotidienne, comme manger des aliments cachers, donner la charité ou observer le Chabbat.

Ces réalités concrètes créent le lien tangible avec D.ieu qui mène à la naissance et comme conséquence de la naissance, à l’expérience merveilleuse d’apporter des offrandes au Temple, et pour l’humanité dans son ensemble, à l’accomplissement du but de la Création.1

 

'HABAD

 
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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 10:54
De l'essence de la relativité
Le chemin de la vérité

« La bienveillance et la vérité se rencontrent ; la droiture et la paix se sont embrassées. » (Psaumes 85, 11)

« La bienveillance », c’est Aharon ; « La vérité », c’est Moïse.

« La droiture », c’est Moïse ; « la paix », c’est Aharon.

Midrache Rabbah

La Vérité et la Bienveillance peuvent-elles réellement coexister? Où et comment la Droiture et la Paix convergent-elles ? Moïse et Aharon ne représentent-ils pas des réalités totalement incompatibles ?

La vérité est résolument objective alors que la bienveillance est notoirement subjective. La paix appelle au compromis, qui est contraire à la droiture. Et pourtant, pendant quarante ans, Moïse et Aharon conduisirent ensemble le peuple d’Israël. La Torah (qui rapporte librement les incidents malheureux qui eurent lieu au sein du camp des Israélites, y compris les erreurs de Moïse et d’Aharon) décrit la relation entre les deux frères comme empreinte de respect mutuel et relevant d’une harmonie inaltérable. Dans la période qui vit son développement, entre la sortie d’Égypte et l’entrée en Terre Sainte, le peuple d’Israël fut guidé par un chef qui lui transmit la vérité absolue et immuable de la sagesse et de la volonté divines, et, simultanément, fut conduit par celui qui avait comprenait leurs contradictions humaines et était un maître pacificateur et diplomate, résolvant par ses compromis les conflits « entre l’homme et son prochain, entre le mari et sa femme ».

Pour comprendre la relation entre Moïse et Aharon, il nous faut examiner l’unique occurrence où leurs modes de direction respectifs entrèrent effectivement en conflit. Car la Torah relate une occasion lors de laquelle les frères furent en désaccord – un désaccord dans lequel Moïse se mit en colère, mais céda ensuite à Aharon.

Le sacrifice non consommé

C’était le 1er Nissan 2449 depuis la Création (1312 avant l’ère commune), deux semaines avant le premier anniversaire de l’Exode, le jour où le Sanctuaire devait être érigé et inauguré. En réalité, le Sanctuaire fonctionnait déjà depuis sept jours, mais il s’agissait d’une période d’« entraînement » au cours de laquelle Aharon et ses fils furent initiés à la prêtrise. C’était donc en ce huitième jour qu’Aharon allait prendre son rôle de Cohen Gadol et que la Présence Divine (la Chekhina) allait résider dans le Sanctuaire.

C’est alors que la tragédie frappa. Les deux fils aînés d’Aharon, Nadav et Avihou « offrirent un feu étranger devant D.ieu, que D.ieu n’avait pas ordonné. Un feu jaillit de devant D.ieu qui les consuma et ils moururent devant D.ieu » (Lévitique 10, 1-2) D.ieu ordonna que l’inauguration du Sanctuaire ne soit pas interrompue. Bien qu’Aharon et les deux fils qui lui restaient eussent le statut d’endeuillés du premier jour (onanim), à qui il est d’ordinaire interdit de consommer la viande sainte des sacrifices, ils reçurent l’ordre formel de prendre part à ces offrandes particulières, apportées ce jour en l’honneur de l’inauguration du Sanctuaire.

C’est ce que firent Aharon, Eléazar et Itamar. Mais en ce jour, il y avait également une autre offrande, sans relation avec l’inauguration. Il s’agissait de la chèvre apportée le premier jour de chaque mois comme sacrifice expiatoire. Et c’est au sujet de ce sacrifice que se souleva le désaccord entre Moïse et Aharon.

Moïse constata que la chair de la chèvre avait été brûlée, comme le requerrait la loi pour une offrande qui, pour quelque raison que ce soit, ne pouvait être consommée. Il demanda avec colère pourquoi ce sacrifice n’avait pas été mangé comme D.ieu l’avait ordonné concernant les autres sacrifices.

Aharon expliqua qu’il avait fait une distinction entre Kodchei Chaah, les offrandes ponctuelles commandées par D.ieu pour une occasion exceptionnelle, et Kodchei Dorot, les sacrifices réguliers qui s’appliquent de la même façon pour toutes les générations. Si D.ieu avait ordonné quelque chose concernant l’offrande unique à l’occasion de l’inauguration, argumenta Aharon, il ne fallait pas en déduire qu’il en allait de même pour le sacrifice mensuel. Dans ce cas-là, il convenait d’appliquer les lois ordinaires, qui en interdisent la consommation à un endeuillé.

Moïse écouta l’argumentaire d’Aharon et reconnut qu’il avait raison. Il admit que cette distinction lui avait échappé et que la conclusion d’Aharon était juste.

Absolutisme et vicissitude

Nous voilà devant une confrontation entre la Vérité et la Bienveillance, entre la Droiture d’un côté, et la Paix de l’autre. Moïse, chargé de transmettre la Torah – la vérité par excellence – ne voyait aucune raison de faire la distinction entre Kodchei Chaah et Kodchei Dorot, entre quelque chose qui est justifié par l’occasion unique du moment et quelque chose qui constitue une routine dans le service de D.ieu. Ce qui est vrai et juste est toujours vrai et juste, quelles que soient les circonstances.

Aharon, d’un autre côté, était le Grand Prêtre d’Israël, l’incarnation de l’aspiration du peuple à se rapprocher de D.ieu et à Le servir. Il comprenait que le service de D.ieu est l’offrande de tout ce que l’hommepossède, le don du meilleur que recèle sa personne subjective. Il était conscient qu’il existe des hauts et des bas dans la vie de l’homme et que ce qui est attendu de lui dans ses moments les meilleurs, les plus inspirés, ne s’applique pas nécessairement à la personne qu’il est dans la vie quotidienne.

De là jaillit le conflit. D’un côté se tient Moïse, transmettant la vérité et la volonté divines. Une vérité et une volonté aussi immuables que leur Concepteur. De l’autre côté se tient Aharon, conduisant l’effort du peuple pour s’approcher de cette même vérité et de cette même volonté avec leurs moyens humains : un esprit subjectif pour chercher, un cœur inconstant pour ressentir et des actions soumises aux aléas des circonstances.

Et qu’arrive-t-il ? Moïse est d’accord avec Aharon ! La vérité absolue donne la légitimité aux « sous-vérités » d’un monde relatif.

Que s’est-il réellement passé ? Comment cette contradiction apparemment insoluble put-elle être résolue ?

Les points de contact

Ce qui se passa fut que Moïse gagna une compréhension plus profonde de la nature de la vérité.

Quand nous observons et discutons de notre propre réalité, résolument subjective, nous utilisons avec facilité l’adjectif « vrai ». Nous parlons de nos « véritables sentiments » et de nos « vrais désirs ». Nous prétendons « vraiment comprendre » quelque chose ou avoir découvert des « faits véridiques » concernant certaines circonstances. Mais si nous définissons « la vérité » comme une réalité absolue et objective, il semblerait que ce terme ne puisse être appliqué qu’à la vérité absolue du Divin. Son emploi dans notre réalité subjective n’est-il qu’un leurre ? Nous mentons-nous à nous-mêmes ?

La ‘Hassidout répond par la négative. Le prophète (Jérémie 10, 10) déclare : « D.ieu est la vérité », mais les Maîtres de la ‘Hassidout comprennent ces paroles comme signifiant que non seulement D.ieu est l’essence de la vérité, mais qu’Il est également la source de tout ce qui est défini comme « vrai » dans notre monde. Sa vérité est absolue ; toutes les autres « vérités » sont relatives et n’ont de réalité que celle qu’Il a choisi de leur attribuer. Mais c’est Lui qui crée ces réalités subjectives et, ce faisant, a conféré à leur existence vérité et légitimité. Ainsi, lorsque nous observons des vérités relatives dans Sa création, celles-ci sont des expressions (quoiqu’imparfaites) de Sa vérité universelle, telle qu’elle se manifeste au sein des limites des nombreux « mondes » et réalités qu’Il a créés.

En d’autres termes, quand une personne « se donne entièrement », fait son maximum, elle atteint un absolu personnel, quelque chose qui, dans le contexte de son monde subjectif, personnel est vrai. Et toutes les vérités, y compris de telles vérités subjectives, sont l’expression d’une vérité plus profonde qui est la source de leur existence et de leur validité : la vérité de leur Créateur. C’est ainsi que sa vérité personnelle entre en contact avec la vérité de D.ieu.

C’est là l’héritage conjoint de Moïse et d’Aharon : nous devons tendre à la vérité, guidés par les directives de la Torah, en utilisant les talents et les ressources dont nous avons été dotés. Nous ne devons pas être dissuadés, dans notre quête, par les limites de notre compréhension, la subjectivité de nos sentiments et la relativité de nos actions. Si nos efforts sont véritables, même « véritables » seulement dans le contexte de notre existence relative, alors « Moïse » concèdera à « Aharon » que sa vérité est une parcelle de la Vérité Absolue à laquelle nous aspirons.

 

 

'Habad

 
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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 15:05
Récipients en terre
L'argile, la glaise, la terre... et nous

La Paracha de cette semaine traite des lois complexes relatives à la pureté rituelle, toumah ettahara.

La Torah nous dit que « Tout récipient en terre dans lequel une [créature impure] tomberait... sera impur. »

La loi juive fait une distinction intéressante entre différents types d’ustensiles. Si une source d’impureté pénètre l’espace intérieur d’une poterie de terre, quand bien même elle n’entrerait pas en contact avec ses parois, l’ustensile devient impur. En revanche, si elle ne pénètre pas dans l’ustensile, même si elle en touche les parois à l’extérieur, l’ustensile demeure pur.

Avec tous les autres ustensiles, c’est l’inverse : le fait qu’une source d’impureté soit placée dans leur espace intérieur ne les rend pas impurs, alors que le contact de cette impureté les rend impurs.

Pourquoi cela ?

La valeur d’un ustensile en bois ou en métal ne réside pas uniquement dans sa fonction de contenant. Le matériau qui le constitue possède une valeur intrinsèque. En revanche, un ustensile constitué de simple terre n’a de valeur qu’à travers sa fonction de récipient. En conséquence, son statut de pureté rituelle est déterminé par ce qui se passe à l’intérieur de lui. L’extérieur du récipient, en soi, n’a pas de valeur intrinsèque.

Il y a une leçon, simple, mais ô combien belle, qui peut être apprise de ces lois complexes.

La Torah nous enseigne, « D.ieu forma l’homme de la poussière de la terre, et Il insuffla dans ses narines une âme vivante. » Nous autres, humains, sommes des ustensiles en terre ! L’Éthique des Pères nous enseigne : « Ne considère pas le récipient, mais ce qu’il y a dedans. » Ainsi nous devons nous rappeler que notre valeur ne réside pas dans notre aspect physique et matériel, dans notre « extérieur », mais dans notre « contenu » intérieur. Ce qui se rapporte à la personnalité profonde et à l’âme est ce qui détermine une personne, non son aspect superficiel.

 

'HABAD

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