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24 novembre 2009 2 24 /11 /novembre /2009 16:31
Téhéran pose ses conditions
Par AP 
24.11.09
http://fr.jpost.com/

 

Le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé mardi que Téhéran était désormais prêt à échanger son uranium. La transaction est cependant soumise à condition : elle doit obligatoirement avoir lieu sur le territoire iranien.

Une installation iranienne d'enrichissement d'uranium à Natanz. 
PHOTO: AP , JPOST

La République islamique veut s'assurer qu'elle contrôle la transaction. D'après le porte-parole du ministère, Ramin Mehmanparast, cette exigence est l'une des garanties que le régime chiite tente d'obtenir depuis le début des pourparlers.

En réclamant un échange sur son sol, l'Iran rejette le plan élaboré sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA). Il s'agissait de retarder son programme nucléaire.
Dans le cadre de l'accord, Téhéran devait exporter son uranium pour qu'il soit enrichi en Russie et en France, converti en barres et renvoyé un an plus tard en Iran.

Ces barres pourront alimenter des réacteurs nucléaires mais ne pourront pas être transformées en armement nucléaire.

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 14:02

Pour faire suite à l'excellent article de DEBKAfile et M.Brzustowski
http://www.aschkel.info/article-s-etant-vu-refuser-les-missiles-russes-s-300-l-iran-n-est-pas-en-mesure-de-proteger-ses-installations-nucleaires-39826957.html




Iran : Tel-Aviv menacée
Par AP 
22.11.09
http://fr.jpost.com/ 

Téhéran se méfie d'Israël. L'Iran a entamé, dimanche, un exercice aérien visant à anticiper d'éventuelles frappes militaires de Tsahal, selon un officier iranien. Le Guide suprême des Gardiens de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, aurait prévenu samedi qu'"avant que la poussière des missiles israéliens ne retombe sur le sol d'Iran, les missiles balistiques iraniens viseront le cœur de Tel-Aviv".

Les Gardiens de la Révolution en Iran. 
PHOTO: AP , JPOST

Le général Ahmad Mighani, chef de l'aviation, a prévu cinq jours d'exercice. Pendant ce temps, l'élite des Gardiens de la Révolution et l'armée régulière couvriront 230 000 miles carrés - soit environ 600 000 km² - au centre, à l'ouest et au sud du pays. L'entraînement implique une attaque par des avions qui représenteront un ennemi hypothétique. Pour l'instant, la République islamique ne dispose pas du système anti-missile promis par la Russie. Des rumeurs prétendent que Moscou retiendrait sa livraison sous la pression de Jérusalem : fournir de telles armes bouleverserait le fragile équilibre au Moyen-Orient.

Depuis le début de l'année, l'Iran travaille à renforcer sa défense et l'armée a été profondément remodelée. Une nouvelle branche a été séparée de l'armée de l'air pour traiter spécifiquement des menaces dans l'espace aérien du pays.

Téhéran ne se prépare pas sans raison : alors qu'il avançait son programme nucléaire, les bases atomiques du pays ont été menacées à plusieurs reprises par Israël et les Etats-Unis. L'option militaire serait un dernier ressort pour l'Occident, en cas d'échec diplomatique.

En effet, Washington et ses alliés européens soupçonnent l'Iran de camoufler la fabrication d'armes atomiques derrière un programme nucléaire civil. De son côté, Ali Asghar Soltanieh, ambassadeur d'Iran auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a déclaré que son pays avait besoin d'uranium enrichi pour alimenter quelque 200 hôpitaux. Soltanieh a ajouté samedi, dans une interview accordée au quotidien allemand Der Spiegel, que l'Iran a désespérément besoin de plus d'uranium pour produire des isotopes à des fins médicales.

Ses propos surviennent au lendemain d'une demande des six grandes puissances à l'Iran : elles exhortent la République islamique à accepter un plan de l'ONU visant à retarder son programme nucléaire.

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22 novembre 2009 7 22 /11 /novembre /2009 13:52




S’étant vu refuser les missiles russes S-300, l’Iran n’est pas en mesure de protéger ses installations nucléaires.

 

Rapport spécial de DEBKAfile

Adaptation : Marc Brzustowski

Titre original : Denied Russian S-300 missiles, Iran cannot protect nuclear sites

 

22 Novembre 2009, 12:24 AM (GMT+02:00)

  
http://www.libertasoccidentalis.net/libertasoccidentalis09/wp-content/uploads/2009/09/S-300-001.jpg


S-300 russes - refusés


L’Iran lance, ce dimanche 22 novembre, son vaste exercice de défense anti-aérienne Modafean-e- (Défenseurs) Aseman-e-Velayat, afin de protéger ses installations nucléaires, après avoir échoué à persuader la Russie de lui livrer la fine fleur de sa défense anti-aérienne, le S- 300. Depuis deux semaines, les responsables politiques de haut-rang et les généraux iraniens bombardent littéralement Moscou afin qu’il mène à bien son engagement de lui fournir cette arme-clé, sans résultat. Le samedi 21 novembre, le commandant en chef de l’armée de l’air iranienne, le Général de Brigade Ahmad Mighani a évoqué, en long et en large, le S-300 hautement sophistiqué, sans lequel, selon les sources militaires de DEBKAfile, l’Iran ne possède pas de réelle défense contre des frappes aériennes ou des missiles américains ou israéliens qui viendraient s’abattre sur ses installations nucléaires.


Les exercices militaires iraniens vont se dérouler dans les régions de l’Ouest et du Sud, quisont celles que l’Iran estime être les cibles sélectionnées pour l’attaque, si elle était menée par les Américains et les Israéliens. Ils couvriront une zone de 600 000 km2. Les avions de chasse iraniens simuleront les appareils ennemis fonçant en trombe avant les frappes.

 

http://news.xinhuanet.com/mil/2007-01/17/xin_4220104170356703248093.jpg

Tor M-1


Nos sources rapportent que, à l’exception de l’intercepteur de courte-portée Tor M-1 de fabrication russe, les systèmes de défense anti-aériens iraniens sont obsolètes et, pour ainsi dire, sans utilité contre les bombardiers furtifs américains ou les instruments de brouillage électronique de l’air force israélienne. De la même façon, la Syrie ne possédait pas les armements suffisants pour stopper l’attaque israélienne de son réacteur nucléaire de fabrication nord-coréenne, voici seulement deux ans. L’Armée de l’air iranienne n’est pas près de disposer de la capacité suffisante pour répondre à la puissance de feu aérien des Etats-Unis ou d’Israël.


Du fait de ce manque crucial de S-300, un officier des Gardiens de la Révolution en a été réduit à menacer : «  Si Israël attaque l’Iran, les missiles iraniens frapperont au cœur de Tel Aviv ! »

Les stratèges iraniens tentent de mettre en place 4 types de dispositifs :


1- Le plus possible d’installations nucléaires sont déplacées vers des sites souterrains secrets – parmi eux, la plupart des laboratoires de recherche travaillant au développement d’armes et de missiles nucléaires.


2- Des installations factices ont été déployées non loin des lieux de localisation d’origine afin de tromper les assaillants.


3- Les défenses les plus efficaces de Téhéran sont constituées par la puissance de dissuasion de ses missiles balistiques distribués à ses alliés au Moyen-Orient, la Syrie, le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. Par conséquent, la première réponse de l’Iran à une attaque ne consistera pas à attaquer les centres de populations israéliens, comme l’officier des Gardiens de la Révolution en a menacé, mais à frapper les bases à domicile de son armée de l’air, ses stocks de missile et ses radars, autant que les installations militaires américaines basées en Israël, de façon à ce que les avions de la chasse israélienne soient privés de logistique en revenant à leurs bases et que leur ravitaillement en missiles soit sérieusement endommagé ou hors d’usage.

 

http://defense-update.com/analysis/images/juniper_cobra_10.jpg


4- L’Iran fait de ses manœuvres préparatoires à la guerre un équivalent à l’exercice conjoint antibalistique américano-israélien Juniper-Cobra 10, qui s’est déroulé durant deux semaines, au début de ce mois. Les dirigeants iraniens font le maximum pour tenir leur serment de ne laisser sans réponse aucune avancée de l’armée américaine ou israélienne dans la région, alors que ces manœuvres anti-aériennes ne manqueront pas de mettre en évidence les grosses lacunes de leur système de défense.

http://cache.daylife.com/imageserve/03pJ1zn1Dr9wb/x250.jpg

Même si les toutes dernières mesures anti-aériennes et les dispositifs qu’ils ont en leur possession sont déployés, les installations nucléaires de l’Iran restent susceptibles d’être attaquées, qu’il s’agisse du centre d’enrichissement d’uranium de Natanz, des réserves de carburant d’Ispahan, des installations du nord de Téhéran, ou des réacteurs d’Arak qui font immédiatement face au Détroit d’Ormuz.

http://www.stratpost.com/wp-content/uploads/2009/04/arrow-test-742009.jpg

 
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19 novembre 2009 4 19 /11 /novembre /2009 19:42

Nasrallah réélu à la tête du Hezbollah

[Jeudi 19/11/2009 17:36]

 

Le mouvement terroriste chiite libanais a annoncé ce jeudi « que son chef Hassan Nasrallah avait été réélu en tant que dirigeant, et qu’il ferait connaître son programme politique dans quelques jours ». Nasrallah dirige l’organisation depuis 1992, et il s’agit de son 6e mandat successif.

Son adjoint Naïm Kassem a également été reconduit, ainsi que la plupart des hauts responsables. Dans le communiqué, le Hezbollah annonce qu’il a « opéré quelques changements organisationnels, qui correspondent à l’évolution du mouvement de ces dernières années », sans en préciser d’avantage.

Les « élections » se déroulent tous les trois ans, mais depuis 2004, il n’y avait pas eu de nouveau scrutin, « à cause de la Deuxième Guerre du Liban ». Nasrallah avait pris la succession du Sheikh Abbas Moussawi, éliminé en 1992 dans sa voiture par un raid de l’armée de l’air israélienne.

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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 19:56


Mollah Brader Akhund, Vice-Emir de l’Emirat Islamique d’Afghanistan

(Les Taliban)

 

“La nouvelle stratégie d’Obama”


 

http://www8.0zz0.com/2009/03/12/18/255434423.jpg

 

In : http://www.nefafoundation.org/miscellaneous/nefaAkhund1109.pdf


Adaptation Gilles Raphel


pour www.aschkel.info et http://lessakele.over-blog.fr


Ci-après le courrier adressé par le Mollah Brader Akhund à Obama, portant sur la réponse talibane aux nouvelles orientations de la politique américaine en Afghanistan.


Message à lire avec le recul nécessaire pour l’analyse de la situation d’un pays en guerre, en effet, les taliban bénéficient d’un vaste transfert d’argent occidental soit directement, afin d’acheter une relative paix sur un territoire donné, soit indirectement en exigeant de manière systématique une dime sur le financement des travaux de construction ou de reconstruction. Mais, parole de taliban, cela ne protège pas d’un pétardage de l’ouvrage d’art une fois les travaux terminés, ni de re-donner sa parole afin de toucher à nouveau de l’argent sur la nouvelle construction. Si je mens, je vais en enfer …

 

« Dans l’attente, après un mois et l’indécision portant sur le renfort américain en Afghanistan, la réponse a été donnée par Carl Levin, Président de la commission des services armés du Sénat américain, que Obama veut obtenir un vote de ce comité qui permettrait de donner de l’argent et d’autres aides financières à certains membres taliban en vue de les encourager à se séparer de la résistance armée en cours.


Nous voudrions dire à Obama qu’il s’agit là d’une vieille méthode qui a déjà échoué. Les envahisseurs britanniques l’ont utilisée au 19ème siècle, mais elle a échoué, l’ancienne Union soviétique l’a utilisée et n’a pas mieux réussi. Le peuple moudjahidin afghan tout comme les moudjahidin combattants ont acquis une vaste expérience durant ces trois dernières décennies dans ce domaine et connaissent toutes les ruses utilisées par l’ennemi.

 

http://ndn2.newsweek.com/media/51/afghanistan-kajiki-dam-taliban-fight-wide-horizontal.jpg


Voyant que vous avez échoué à remporter la guerre malgré l’aide de votre avant-garde et une technologie sophistiquée, considérant que votre communication a échoué, gardant à l’esprit que vos alliés cherchent des solutions pour quitter la région et que vos propres hommes armés ne sont même pas capables de se défendre, vous rendant compte que vos politiques nouvellement formulées se concluent par des échecs les unes après les autres, alors comment seriez-vous en mesure de remporter un franc succès en ayant recours à cette tactique diabolique alors que les nôtres sont déjà informés de l’essence même de cette tactique ?


De plus, considérant cette décision comme un signe de faiblesse et de découragement total de l’ennemi, l’Emirat islamique d’Afghanistan annonce les points suivants pour les dirigeants déliquescents de la Maison Blanche :


Tous les moudjahidin de l’Emirat islamique d’Afghanistan mènent le djihad contre les américains et les autres envahisseurs sur la base d’une obligation de leur croyance et leurs idées. Les termes de taliban modérés ou extrémistes sont des inventions américaines qui n’ont pas d’existence physique.

 

Les moudjahidin de l’Emirat islamique d’Afghanistan ne sont pas des mercenaires ou des hommes armés employés en tant que tels par les envahisseurs et leurs substituts. Au contraire, les moudjahidin conduisent à bien cette guerre afin d’obtenir l’indépendance du pays et y établir le système de la charia. Cette guerre prendra fin que lorsque tous les envahisseurs auront quitté le pays et qu’un gouvernement islamique fondé sur les aspirations de notre peuple y sera formé.

 

Nous rappelons à Obama et à tous les dirigeants de la Maison Blanche d’éviter de perdre leur temps sur des moyens qui ne sont pas pragmatiques mais de se concentrer sur des méthodes qui offrent une solution pratique et réaliste à cette question. Retirez toutes vos forces de notre fier pays et mettez fin à cette colonisation qui verse le sang d’innocents musulmans au nom injustifié du terrorisme.

 

L’Emirat islamique d’Afghanistan met en garde les dirigeants de la Maison Blanche que les dépenses militaires colossales nécessaires pour maintenir votre présence militaire en Afghanistan, conduire vos opérations et appliquer des stratégies qui échouent ne feront qu’accroître votre crise économique et nuiront à votre réputation internationale. Votre peuple sera confronté à plus de difficultés et souffrira encore plus de troubles psychologiques. Vous devriez savoir que les Afghans s’amusent de votre décision irrationnelle et de vos stratégiques irréalistes.

 

Les dirigeants américains ne doivent pas penser que tous les héros de la nation afghane sont comme les quelques ceux bien connus des Américains en Afghanistan qui vendent leur pays et ont reçu une formation par la CIA durant des années. Ici, dans ce pays, celui qui trahit, comme celui qui touche de l’argent ou celui qui entre dans le gouvernement actuel ne commet pas seulement un crime contre l’Islam, mais aussi commet une faute historique et infâmante. Traditionnellement il s’agit d’un acte honteux, ce qui est impardonnable. Si vous ne nous croyez pas, alors jetez un coup d’œil sur l’histoire de Shah Shuja, de Babrak Karmal et de leurs acolytes, les collaborateurs de l’ancienne Union soviétique. Etudiez l’image qu’ils avaient au regard des masses afghanes. Les Afghans, en particulier les moudjahidin ne désirent pas résoudre les difficultés économiques de la vie quotidienne grâce à des dons ou toutes autres aides matérielles du réseau de renseignement du colonialisme.

 

http://mecanopolis.files.wordpress.com/2008/09/518981.jpg

 

Ces personnes pieuses et patriotiques ont offerts de considérables sacrifices matériels et leur âme dans la voie de leurs objectifs sacrés. Les moudjahidin n’ont pas choisi cette voie de lutte entre la vérité et le mal afin d’y obtenir certains objectifs matériels. Leurs objectifs sont nobles, islamiques et nationalistes. Cette guerre ne prendra fin que lorsque ces objectifs seront atteints. Si Dieu le veut. »

 

 

 


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18 novembre 2009 3 18 /11 /novembre /2009 04:13
Iran : la politique de l’humiliation

Ahmadinejad a besoin de Clotilde Reiss

Publié le 17 novembre 2009 à 13h42 
http://www.causeur.fr/iran-la-politique-de-l-humiliation,3311 

Ahmadinejad

Le Francop, le cargo arraisonné le 4 novembre par Israël au larges des ses côtes, a livré bien des secrets : il transportait, dissimulées dans des containers, des centaines de tonnes d’armes et de munitions – notamment des roquettes – en provenance d’Iran et destinés au Hezbollah. Mais il n’est pas nécessaire de livrer une bataille rangée en pleine nuit par mer agitée pour connaître un secret de Polichinelle qui est que l’Iran mène tout le monde en bateau.

Les négociations ouvertes il y a un mois sous l’égide de l’AIEA en sont l’illustration parfaite. Les Iraniens avancent pour mieux reculer, mettent en scène des crises et sèment des obstacles pour engager leurs interlocuteurs dans des débats secondaires. Sans jamais dire clairement non, ils prennent leur temps pour concocter des “oui, mais” farfelus. Dernier exemple en date, le deal proposé par l’AIEA aux termes duquel l’Iran transférera 1200 de ses 1500 kilos d’uranium faiblement enrichi à la Russie et à la France pour qu’elles l’enrichissent plus fortement, le transformant ainsi en matière impropre à l’usage militaire. Dès que cette proposition a été mise sur la table, Téhéran s’est appliqué à la vider de sens.

Les négociateurs iraniens ont deux objectifs seulement. D’abord, ils aimeraient empocher les concessions faites par les “5 + 1″ (les quatre membres du conseil de sécurité plus l’Allemagne) dont la plus importante est la reconnaissance du fait accompli iranien dans le domaine nucléaire. Sans rien donner en échange, les Iraniens essaient de transformer en acquis ce qui devrait être une composante d’un deal global. Leur jeu se résume à diluer autant que possible leurs engagements pour reprendre plus tard la négociation avec, comme point de départ, la dernière concession. Quant à leur deuxième objectif, il consiste à séparer les Occidentaux des Russes et des Chinois, ce qui n’est pas très difficile. Pour que Pékin et Moscou bloquent la machine internationale en mode “dialogue”, il leur suffit que les apparences soient sauves et que l’Iran fasse mine de laisser toujours la porte entrouverte.

Cette pratique de la “discussion” fondée sur le chantage n’est pas une tactique provisoire mais une tendance fondamentale de la politique iranienne.

Au moment où la marine israélienne s’affairait sur le Francop, l’Iran était en fête. Comme chaque année le 4 novembre, le régime célébrait un grand moment de la révolution khomeyniste : la prise de l’ambassade américaine à Téhéran. Et pour ce 30ème anniversaire, les dirigeants de la république islamiste se sont offert un petit cadeau, à la fois ludique et pédagogique : Clotilde Reiss. Voilà qui a dû rappeler le bon vieux temps à Ahmadinejad, qui fut l’un des principaux militants du groupe d’étudiants à l’origine de l’opération.

La prise d’otages, mode opératoire favori devenu lieu de mémoire, constitue une “structure élémentaire”, pour utiliser l’expression de Claude Lévi-Strauss, de la culture politique iranienne des trente dernières années. Les étudiants iraniens qui avaient réussi en novembre 1979 à forcer les portes de l’ambassade américaine et à occuper les lieux, ne se sont pas contentés de cet acte hautement symbolique. Dès le début, et malgré l’exil en France de son leader Khomeyni, cette révolution-là ne cherche pas sa Bastille mais la mise en scène sordide du renversement des rapports de forces. L’attaque de l’ambassade était la première scène du premier acte. La pièce fut une prise d’otages de 444 jours.

Depuis cette affaire, l’histoire des relations entre le régime iranien et ce qu’on peut appeler “l’Occident” n’est qu’une succession de prises d’otages. Quand les Iraniens veulent quelque chose, ils négocient avec une arme braquée sur la tempe de quelqu’un. L’humiliation de l’ennemi est au cœur du rituel politique iranien.

Un lacanien aurait déjà noté une non-coïncidence étonnante : les victimes du Shah ont besoin de souris pour jouer le rôle du grand méchant chat. En tout cas, il y a dans cette mise en scène du pouvoir quelque chose de névrotique. Le problème du régime n’a pas grand-chose à voir avec les rapports de force dans le monde réel mais avec un sentiment d’infériorité et d’humiliation qu’aucune victoire ne semble susceptible de guérir et qui se traduit par l’obsession de la domination. Trente ans après leur victoire, pour se sentir forts, Ahmadinejad et les révolutionnaires de 1979 ont toujours besoin de Clotilde Reiss.

Ahmadinejad a besoin de Clotilde Reiss

Publié le 17 novembre 2009 à 13h42 • 31 réactions • Imprimer

Ahmadinejad

Le Francop, le cargo arraisonné le 4 novembre par Israël au larges des ses côtes, a livré bien des secrets : il transportait, dissimulées dans des containers, des centaines de tonnes d’armes et de munitions – notamment des roquettes – en provenance d’Iran et destinés au Hezbollah. Mais il n’est pas nécessaire de livrer une bataille rangée en pleine nuit par mer agitée pour connaître un secret de Polichinelle qui est que l’Iran mène tout le monde en bateau.

Les négociations ouvertes il y a un mois sous l’égide de l’AIEA en sont l’illustration parfaite. Les Iraniens avancent pour mieux reculer, mettent en scène des crises et sèment des obstacles pour engager leurs interlocuteurs dans des débats secondaires. Sans jamais dire clairement non, ils prennent leur temps pour concocter des “oui, mais” farfelus. Dernier exemple en date, le deal proposé par l’AIEA aux termes duquel l’Iran transférera 1200 de ses 1500 kilos d’uranium faiblement enrichi à la Russie et à la France pour qu’elles l’enrichissent plus fortement, le transformant ainsi en matière impropre à l’usage militaire. Dès que cette proposition a été mise sur la table, Téhéran s’est appliqué à la vider de sens.

Les négociateurs iraniens ont deux objectifs seulement. D’abord, ils aimeraient empocher les concessions faites par les “5 + 1″ (les quatre membres du conseil de sécurité plus l’Allemagne) dont la plus importante est la reconnaissance du fait accompli iranien dans le domaine nucléaire. Sans rien donner en échange, les Iraniens essaient de transformer en acquis ce qui devrait être une composante d’un deal global. Leur jeu se résume à diluer autant que possible leurs engagements pour reprendre plus tard la négociation avec, comme point de départ, la dernière concession. Quant à leur deuxième objectif, il consiste à séparer les Occidentaux des Russes et des Chinois, ce qui n’est pas très difficile. Pour que Pékin et Moscou bloquent la machine internationale en mode “dialogue”, il leur suffit que les apparences soient sauves et que l’Iran fasse mine de laisser toujours la porte entrouverte.

Cette pratique de la “discussion” fondée sur le chantage n’est pas une tactique provisoire mais une tendance fondamentale de la politique iranienne.

Au moment où la marine israélienne s’affairait sur le Francop, l’Iran était en fête. Comme chaque année le 4 novembre, le régime célébrait un grand moment de la révolution khomeyniste : la prise de l’ambassade américaine à Téhéran. Et pour ce 30ème anniversaire, les dirigeants de la république islamiste se sont offert un petit cadeau, à la fois ludique et pédagogique : Clotilde Reiss. Voilà qui a dû rappeler le bon vieux temps à Ahmadinejad, qui fut l’un des principaux militants du groupe d’étudiants à l’origine de l’opération.

La prise d’otages, mode opératoire favori devenu lieu de mémoire, constitue une “structure élémentaire”, pour utiliser l’expression de Claude Lévi-Strauss, de la culture politique iranienne des trente dernières années. Les étudiants iraniens qui avaient réussi en novembre 1979 à forcer les portes de l’ambassade américaine et à occuper les lieux, ne se sont pas contentés de cet acte hautement symbolique. Dès le début, et malgré l’exil en France de son leader Khomeyni, cette révolution-là ne cherche pas sa Bastille mais la mise en scène sordide du renversement des rapports de forces. L’attaque de l’ambassade était la première scène du premier acte. La pièce fut une prise d’otages de 444 jours.

Depuis cette affaire, l’histoire des relations entre le régime iranien et ce qu’on peut appeler “l’Occident” n’est qu’une succession de prises d’otages. Quand les Iraniens veulent quelque chose, ils négocient avec une arme braquée sur la tempe de quelqu’un. L’humiliation de l’ennemi est au cœur du rituel politique iranien.

Un lacanien aurait déjà noté une non-coïncidence étonnante : les victimes du Shah ont besoin de souris pour jouer le rôle du grand méchant chat. En tout cas, il y a dans cette mise en scène du pouvoir quelque chose de névrotique. Le problème du régime n’a pas grand-chose à voir avec les rapports de force dans le monde réel mais avec un sentiment d’infériorité et d’humiliation qu’aucune victoire ne semble susceptible de guérir et qui se traduit par l’obsession de la domination. Trente ans après leur victoire, pour se sentir forts, Ahmadinejad et les révolutionnaires de 1979 ont toujours besoin de Clotilde Reiss.

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 20:00
Netanyahou : "L'Iran menace le monde entier"

En visite à bord d'un sous-marin israélien (capable de tirer des missiles à tête nucléaire, de sources militaires), le Premier ministre Binyamin Netanyahou s'est exprimé, mardi, au sujet des dangers que provoquerait un Iran nucléaire. "L'Iran menace non seulement Israël, mais le Proche-Orient et le monde entier", a déclaré Netanyahou. Israël sera sans aucun doute "la première cible", a-t-il poursuivi, "mais pas la dernière [en cas d'attaque iranienne].

Le Premier ministre, Binyamin Netanyahou. 
PHOTO: AP , JPOST

Le Premier ministre a également visité le navire lance-missiles grâce auquel les autorités israéliennes avaient intercepté, il y a deux semaines, un cargo iranien transportant des armes destinées au Hezbollah.

De son côté, l'envoyé spécial iranien chargé de la question nucléaire, Ali Asghar Soltanieh, a nié toutes les récentes allégations de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique). Selon les inspecteurs de l'ONU, le nouveau site d'enrichissement d'uranium de Qom - révélé le mois dernier - a été construit à des fins militaires. L'agence n'offrait aucune estimation précise de la capacité de production de ce site. Les premières conclusions révèlent cependant qu'elles seraient suffisantes pour la fabrication d'une tête nucléaire, et trop faibles pour servir à des fins civiles.

Soltanieh prétend pourtant que le dernier rapport de l'AIEA prouve les intentions pacifiques de la République islamique. Notamment parce qu'elle accepte de coopérer aves les inspecteurs étrangers.

La découverte, le mois dernier, d'une usine d'enrichissement près de la ville de Qom avait intensifié les inquiétudes internationales quant à l'existence de sites de production nucléaire encore inconnus de l'AIEA.

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17 novembre 2009 2 17 /11 /novembre /2009 14:03
Nucléaire : Iran et Corée du Nord doivent choisir

Le président Barack Obama avertit. Si l'Iran ne prouve pas que son programme nucléaire est "pacifique et transparent", les conséquences seront sévères.

Le président américain Barack Obama. 
PHOTO: AP

"L'Iran a l'occasion de présenter et de démontrer ses intentions pacifiques mais s'il ne profite pas de cette opportunité, il en subira les conséquences", a déclaré Obama, lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue chinois Hu Jintao.

Le président américain a assuré, par ailleurs, que les Etats-Unis et la Chine travailleraient ensemble pour affronter la menace d'un Iran nucléaire. Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU sont unis sur le sujet, précise-t-il.

Aucune précision n'a toutefois été apportée quant à la nature des "conséquences" que subirait la République islamique.

Enfin, Barack Obama a également insisté sur la nécessité de stopper le programme nucléaire de Pyongyang. Les pourparlers à six, sur le dossier nord-coréen, sont "essentiels pour la paix et la stabilité de l'Asie du Nord-Est", estiment aussi plusieurs reponsables chinois.

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16 novembre 2009 1 16 /11 /novembre /2009 05:47
Courte histoire des programmes nucléaires de l'Iran

Source : http://defense-jgp.blogspot.com/


Les ambitions nucléaires de l'Iran font la Une des relations internationales depuis plusieurs années, la situation actuelle étant particulièrement tendue sur le front diplomatique, certains évoquant même le spectre de la guerre.

Cet article a pour objectif de retracer de façon synthétique l'histoire du nucléaire iranien depuis un peu plus de cinquante ans, et ne veut en aucun cas exhaustif. Le titre en est au pluriel car si le programme civil a une histoire quasiment à ciel ouvert, le militaire, nous le voyons tous les jours dans le bras de fer entre l'Iran et la communauté internationale, est l'objet de toutes les interrogations. Mais également parce que comme nous allons le voir, il n'y a pas forcément de lien direct entre les deux.

1 - En guise d'introduction : le triptyque nucléaire

Commençons, de façon extrêmement simplifiée, par une introduction sur trois éléments essentiels à la fabrication et à l'utilisation d'une arme nucléaire, et qui sont les supports de la prolifération.

Pour fabriquer une bombe nucléaire (disons une bombe A, voir mon article sur le sujet), il faut d'abord de la matière fissile. Celle-ci peut être alternativement
  • de l'uranium 235 (U-235), présent en faible quantité dans le minerai d'uranium. Il faut donc enrichir celui-ci, i.e. augmenter la proportion d'U-235 au moyen de centrifugeuses, qui vont permettre de séparer, grâce à la différence de masse, l'U-235 des autres isotopes (i.e. des atomes ayant le même nombre de protons mais un nombre de neutrons différent) d'uranium. Une utilisation militaire requiert un enrichissement très élevé (plus de 90%), alors que pour les centrales électronucléaires on se contente de 3 à 5%
  • de plutonium 239 (PU-239), obtenu par retraitement à partir du combustible usagé de certaines centrales de production d'électricité ou des réacteurs de recherche
On voit donc que cette matière peut être issue soit de l'amont du cycle nucléaire, soit de l'aval. Aujourd'hui, les principales puissances nucléaires ont opté pour la filière plutonium, car elle permet de construire des armes moins volumineuses.

L'arme en elle-même, dans laquelle va être introduite la matière fissile, et qui va commander le début de la réaction en chaîne au moment voulu est justement le deuxième élément du triptyque. Inutile de préciser que sa conception nécessite des connaissances et compétences pointues en ingénierie, le plan d'une arme valant très cher sur le marché noir de la prolifération.

Enfin, si l'on exclut le cas de la valise nucléaire, il faut pour transporter l'arme un vecteur, c'est-à-dire un missile balistique ou de croisière, si l'on excepte les bombes largables depuis un aéronef. Je ne reviendrai pas ici sur le programme balistique iranien et les fameux Shahab-3.

2 - Le programme civil


Des débuts en fanfare et un arrêt brutal

Le programme civil iranien est lancé avec la coopération des États-Unis dans les années 1950, peu après l'Opération Ajax qui a déposé le premier ministre Mossadegh. En 1959 est créé le Centre de Recherche National de Téhéran, géré par l'Organisation de l'Énergie Atomique d'Iran (OEAI). Un premier réacteur fonctionnant à des fins de recherche est opérationnel dès 1967. Le Shah Mohammed Reza Pahlavi acquiert très vite de grandes ambitions concernant le développement de l'atome, puisqu'il vise le nombre de 23 centrales à l'horizon de l'an 2000. En 1968, l'Iran signe le TNP et en 1975, les Allemands de KWU remportent le projet de construction de la centrale de Bushehr sur le Golfe Persique, soit deux réacteurs à eau pressurisée d'une puissance d'un peu plus d'1 GW.

KWU se retire du chantier de Bushehr en 1979, alors que le projet est inachevé, en affirmant que c'est à cause du non-paiement de factures par l'Iran.

Dans les années 1970, la France et l'Iran créent la Sofidif (
Société franco–iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), qui doit opérer (pour simplifier) une usine d'enrichissement de l'uranium basée sur le sol français. En 1976, le Shah signe également un accord avec les États-Unis prévoyant que ces derniers livrent à l'Empire Perse une usine de retraitement permettant l'extraction de plutonium du combustible nucléaire usagé.

L'immédiat après-Révolution de 1979 met également un coup d'arrêt provisoire (ou du moins un sérieux coup de frein) au programme, qu'il s'agisse de construction de Bushehr, de l'acquisition de combustible ou de capacités de retraitement : le Guide Suprême, l'Ayatollah Khomeini, est hostile à l'énergie nucléaire, et les partenaires occidentaux, France et USA en tête, reviennent sur leurs engagements (sans les avoir concrètement honorés). Le début de la guerre contre l'Irak en 1980 joue également le rôle de facteur bloquant, les réacteurs étant bombardés par l'aviation de Saddam Hussein.

Un programme sous haute surveillance

La mort de Khomeini en 1989 marque un regain de volonté iranienne. Les Iraniens s'adressent aux Russes, car l'embargo les empêche de solliciter de nouveau KWU. En 1995, un accord prévoyant la reconstruction d'un réacteur (sur les deux initiaux) à eau pressurisée d'1 GW à Bushehr est signé pour un montant d'environ 1 milliard de dollars. Une somme non négligeable pour la Russie de Boris Eltsine et son l'économie chancelante.

Le projet, qui devait initialement se terminer en 2000, est cependant marqué par des problèmes techniques (incompatibilité des infrastructures originelles de KWU et du réacteur russe, transfert de compétences vers les Iraniens...) mais surtout géopolitiques. La Russie, qui ne veut pas trop se mettre à dos les Américains et les Européens, inquiets de voir l'Iran développer en parallèle des capacités militaires, ralentit les travaux. On se souvient également que pour apaiser la situation, Vladimir Poutine avait proposé que l'enrichissement de l'uranium se fasse sur le sol russe, ce qu'ont refusé les Iraniens, soucieux de maîtriser la quasi totalité du cycle, d'autant qu'ils possèdent sur leur sol des mines d'uranium. Ce qui effraie la communauté internationale, qui a peur qu'ils ne cherchent à fabriquer de l'uranium enrichi de qualité militaire (beaucoup plus enrichi que le combustible des centrales civiles, mais mobilisant les mêmes méthodes et matériels de centrifugation).

D'autant qu'en 2002 sont révélées publiquement l'existence
  • de l'usine d'enrichissement de Natanz, dont une partie est enterrée
  • du projet de centrale à eau lourde (pouvant utiliser de l'uranium naturel comme combustible) d'Arak, dont les travaux ont débuté en 2004 et la mise en service ne devrait pas intervenir avant 2011 voire 2013.
Ainsi donc l'Iran utiliserait en partie Bushehr comme "honey pot" pour attirer et focaliser l'attention, mais aurait d'autres installations nettement plus sensibles et dangereuses ailleurs.

Le jeu du chat et de la souris autour de l'enrichissement instauré au début des années 2000 et compliqué par la position de la Chine et de la Russie continue 
encore aujourd'hui entre l'Iran et
  • l'AIEA, surveillant-chef du respect du TNP, dont les inspecteurs ont fait de nombreuses visites plus ou moins fructueuses et les directeurs produisent une flopée de rapports (notamment en 2007-08)
  • le Conseil de Sécurité de l'ONU, qui a voté en pagaille des résolutions et des sanctions
  • les "Cinq plus un", soit les membres permanents du Conseil de Sécurité plus l'Allemagne
En 2004, par le biais de l'accord de Paris, l'Iran avait pourtant suspendu (officiellement) ses activités de retraitement et d'enrichissement.

La tension connaît une apogée en 2006, lorsque la Russie se joint aux autres membres du Conseil de Sécurité pour voter des sanctions dures contre l'Iran d'Ahmadinejad (résolutions 1696 et 1737 notamment). Celui-ci comprend que la Russie est difficilement remplaçable et signe avec elle des contrats pour d'autres réacteurs. Histoire de se rabibocher un allié incontournable.

En décembre 2007, la Russie a commencé les livraisons de combustible nucléaire pour la centrale de Bushehr, achevées en janvier 2009. En mars dernier, le directeur de Rosatom, l'agence russe de l'énergie atomique, a annoncé que les travaux étaient enfin terminés. Les tests finaux ont démarré en octobre, la production à plein régime ne devant pas être dans un futur trop lointain. Les tranches suivantes sont toujours à planifier...

3 - Le programme militaire

Au-delà des suspicions de la communauté internationale et des provocations à répétition des dirigeants iraniens, y a-t-il un programme militaire caché derrière son pendant civil ? Les installations d'enrichissement d'uranium et de retraitement, que l'Iran a longtemps dissimulées et dont la finalité reste largement opaque, sont-elles utilisées pour servir à la fabrication d'une bombe ? En bref, l'Iran cherche-t-il à se doter de l'arme nucléaire ?

Voix officielles

L'Iran a toujours nié développer des activités nucléaires militaires, et encore très récemment par la voix de son Président fraichement réélu, Mahmoud Ahmadinejad. Il a toujours affirmé que l'ensemble de son programme était strictement à vocation civile. D'ailleurs le Guide Suprême Khamenei n'a-t-il pas prononcé en 2005 une fatwa selon laquelle l'utilisation d'armes atomiques était contraire à l'islam ?

La piste pakistanaise

Bruno Tertrais, dans son récent ouvrage "
Le marché noir de la bombe" (Buchet Chastel, 2009), évoque cependant des contacts dès 1984 entre le Pakistan et l'Iran, alors en guerre contre l'Irak depuis trois ans. Face à l'armée de Saddam Hussein mieux équipée et préparée, Khomeini aurait changé d'avis sur le nucléaire, le plus court chemin pour s'en doter étant de solliciter le pays du général Zia et du fameux Abdul Qadeer Khan.

Alors que les Iraniens se demandent si la centrale de Bushehr pourrait être utilisée pour produire du plutonium, ce dernier les aurait persuadé de plutôt s'engager sur la voie de l'uranium hautement enrichi. Un accord de coopération aurait été signé en 1987, et ce malgré les rivalités régionales entre les deux états. Du côté iranien, le Corps des gardiens islamiques de la Révolution mènent la danse, alors que chez les Pakistanais, Khan et son réseau international sont au coeur du programme, assurant la fourniture de plans de centrifugeuses et de composants nécessaires à la fabrication de plusieurs milliers d'entre elles. Il convient ici de noter que l'AIEA mentionne cet accord dans 
un rapport de septembre 2007, mais que selon l'Iran, il s'agissait d'une affaire purement civile, seule l'OEAI étant impliquée de son côté, à l'exclusion de toute partie prenante militaire...

Pour le détail et les différentes versions possibles des évènements, j'invite le lecteur à se référer au livre de Bruno Tertrais. Toujours est-il qu'il semble bien que Khan soit allé au-delà du mandat officiel que lui avait accordé Zia, soucieux de ne pas trop en faire pour l'Iran.

Après la mort de ce dernier en 1988, Benazir Bhutto, nommée premier ministre, refuse aux militaires pakistanais l'autorisation d'exporter des technologies nucléaires. Ils vont alors agir de leur propre chef, d'autant qu'en face, le nouveau Président iranien, Rafsandjani, est très favorable au programme nucléaire. Le successeur de Bhutto, nommé en 1990, Nawaz Sharif, est lui aussi réticent au partenariat étendu qu'essaient de lui vendre les militaires, et il va pousser vers la retraite le général Beg, adjoint du CEMAT, ainsi que le général Gul, chef de l'ISI (services secrets pakistanais). Ceci aurait signé plus ou moins la fin de la première phase de coopération entre Iran et Pakistan sur le nucléaire militaire.

Enrichissement à domicile

Au début des années 1990, l'Iran a du mal à avancer dans son programme d'enrichissement, malgré une coopération avec la Chine et une tentative avortée avec la Russie : problème d'approvisionnement des pièces détachées de centrifugeuses, difficultés techniques....

Le contact est rétabli avec la filière pakistanaise, mais rapidement, selon Bruno Tertrais, en raison de la guerre civile en Afghanistan, les relations entre l'Iran (qui se serait tourné sans succès vers l'Afrique du Sud) et le Pakistan se tendent. Cette fois-ci, le réseau de Khan aurait plus agi en autonomie vis-à-vis de ses propres gouvernants, fournissant des centrifugeuses voire un plan d'arme. Et le programme militaire iranien aurait véritablement pris son envol.

Opération Merlin

Les Etats-Unis prennent très au sérieux la menace d'un Iran militairement nucléarisé. James Risen, dans son ouvrage 
State of War, mentionne une opération clandestine des services secrets américains, appelée Merlin, visant en 2000 à tromper l'Iran et retarder son programme militaire en lui fournissant les plans erronés d'une arme nucléaire. Cependant elle semble avoir été un échec car les Iraniens auraient été informés des erreurs par l'intermédiaire russe de la CIA : elle aurait même accéléré les choses car l'Iran en aurait extrait des informations capitales, notamment en comparant les plans à ceux fournis par Abdul Qadeer Khan.

D'autres opérations indirectes de ce genre (sabotages, fausses informations...), visant à ralentir le programme ou à l'égarer dans de fausses directions, auraient été menées depuis, notamment grâce au retournement de certains membres du réseau Khan.

Des preuves irréfutables ?

Mohamed El-Baradei, directeur général de l'AIEA, 
déclarait en 2006 :
As you are aware, the Agency over the last three years has been conducting intensive investigations of Iran´s nuclear programme with a view to providing assurances about the peaceful nature of that programme. During these investigations, the Agency has not seen indications of diversion of nuclear material to nuclear weapons or other nuclear explosive devices. Regrettably, however, after three years of intensive verification, there remain uncertainties with regard to both the scope and the nature of Iran's nuclear programme.
Donc pas de preuve formelle, mais des incertitudes...

Incertitudes qui reposent sur des découvertes "étonnantes" réalisées par les inspecteurs de l'AIEA, notamment sur le site de Natanz après 2003 : traces d'uranium enrichi au-delà de 5%, document décrivant comment constituer des hémisphères d'uranium (dont l'application unique est la fabrication d'une arme)... mais également sur le suivi assez scrupuleux des avancées réalisées par l'Iran, comme en témoignerait 
le briefing d'Olli Heinonen devant l'AIEA, détaillant les "projets" en cours, et notamment le 111, censé permettre l'adaptation d'une arme nucléaire sur le Shahab-3.


Aujourd'hui, un peu plus de trois ans après les propos d'El-Baradei rapportés ci-dessus, 
comme le signale The Guardian, les incertitudes se sont transformées en doutes très sérieux : l'annexe d'un rapport de l'AIEA fait mention d'essais réalisés par l'Iran relatifs à des ogives à "double implosion". Celles-ci permettent de réduire la taille de l'arme et facilitent son adaptation aux missiles balistiques, comme les Shahab-3.

Par le passé, d'autres rapports de ce genre concernant des dispositifs de mise à feu ont été rejetés par l'Iran, ce dernier affirmant que toutes ses expérimentations avaient des applications purement civiles, sans pour autant indiquer lesquelles. Et El-Baradei lui-même a toujours fait preuve de scepticisme quant aux informations transmises par les services de renseignement occidentaux, qui servent souvent de sources aux rapports de l'AIEA. Mais là, il semble bien que quelque chose soit différent. Ainsi, il indique que la preuve (ou du moins la présomption) de la militarisation
...appears to have been derived from multiple sources over different periods of time, appears to be generally consistent, and is sufficiently comprehensive and detailed that it needs to be addressed by Iran.
En filigrane se profile la question du partenaire de l'Iran sur ce dispositif, car il semble peu probable qu'il ait agi totalement seul : les restes du réseau de Khan, ou un autre acteur de la prolifération ? En septembre dernier, un homme d'affaires Germano-iranien a été reconnu coupable par la justice allemande de vente d'équipement dual (détecteurs de radiations, caméras haute vitesse...), ayant des applications potentielles dans la mise en oeuvre d'armes nucléaires.

Bref, les indices tendant à montrer que l'Iran cherche à se rapprocher et se rapproche du seuil nucléaire. D'autant que dans le domaine du vecteur, comme on l'a vu plus tôt cette année, l'Iran, probablement grâce à la Corée du Nord, a réussi la mise en oeuvre de lanceurs à plusieurs étages, nécessaires aux missiles intercontinentaux. La tension sur le front diplomatique est donc à son comble en cette fin 2009, d'autant que les négociation relatives au transfert d'uranium faiblement enrichi iranien à l'extérieur du pays (Russie puis France) pour la fabrication du combustible civil semblent avoir échoué...

4 - Conclusion

Pas de preuves définitives, mais de très sérieuses présomptions. Toujours est-il que la révélation officielle d'un programme nucléaire militaire et surtout du franchissement du seuil nucléaire par l'Iran aurait des effets dévastateurs dans tout le Moyen-Orient. Pas seulement en Israël, qui dans sa doctrine interdit le nucléaire à tous ses voisins qui ne reconnaissent pas son existence légitime. Mais également dans les pays arabes, pas forcément ravis, pour plusieurs raisons, par une nouvelle de ce genre.

Et bien sûr, il s'agirait d'un camouflet pour le Conseil de Sécurité, mais aussi pour les USA, jugés alors incapables de faire entendre leur voix, par la voie diplomatique, face à un état qui leur tient tête. Quitte à ce qu'il inspire d'autres candidats officieux à l'arme nucléaire.

 

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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 22:18

Et si Israël frappait « l’Iranium »?

novembre 13th, 2009 · 
http://www.alliancegeostrategique.org/ 

Une petite analyse des risques liés à une action militaire contre la Perse atomique, un survol prolongé des motivations stratégiques de Téhéran … Et une lueur d’espoir trop souvent oubliée.


iran_nucleaire2

 

 

Glaives hébreux et boucliers perses


 

Le site d’Osirak regroupait quasiment toutes les installations nucléaires irakiennes. En 1981, une escadre de l’Israeli Air Force pulvérisa définitivement les rêves atomiques de feu Saddam Hussein. Tirant certainement leçon de l’énorme erreur irakienne, la République islamique d’Iran a multiplié les sites clés: une usine de conversion de l’iranium à Ispahan, une centrifugeuse à uranium enrichi et trois usines d’enrichissement d’uranium à Natanz et à Qom, une usine d’eau lourde et un réacteur expérimental au plutonium à Arak, et un réacteur à eau légère à Busher (n’étant pas considéré comme essentiel pour la fabrication d’armes nucléaires. Au total, les visites incomplètes de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique ont permis d’identifier une vingtaine de sites officiels dont quelques uns appartenant à la compagnie électricité. Atteindre autant de cibles éparpillées - profondément enterrées et difficilement localisables - sur l’immense territoire iranien nécéssite non pas un raid aérien mais une opération d’envergure impliquant près d’une centaine de chasseurs-bombardiers, innombrables aléas opérationnels en sus.


 

Les équipements militaires de la République islamique sont de manufactures occidentales d’une part, russes et chinoises d’autre part: les premières acquises auprès de l’OTAN par le régime du Chah, les secondes après la révolution de 1979. Certes obsolètes et manquant sûrement de pièces de rechange, les chasseurs F-14 Tomcat iraniens ont encore des dents très acérées. Grâce à leur remarquable formation et à la manoeuvrabilité de leurs F-15 et F-16, les pilotes hébreux l’emporteraient aisément sur leurs adversaires. Mais le moindre « combat de chiens » dans les cieux perses éveillerait aussitôt l’attention de l’armée de l’air et des batteries anti-aériennes. Maverick et Goose ne volent tranquillement que dans les nuages hollywoodiens…


 

La menace la plus sérieuse viendrait des missiles sol-air I-Hawk made in USA (en service chez les Marines jusqu’en 2002), des redoutables SA-10, SA-15 et des plus récents Thor-M1 et Pachora-2A, technologies russes très efficaces contre les hélicoptères et les chasseurs même équipés de contre-mesures. Cependant, ces systèmes peuvent être brouillés électroniquement, leurrés ou neutralisés à courte/moyenne portée par des missiles anti-radar de l’IAF. En outre, l’efficacité des systèmes anti-aériens russes est sujette à de multiples interrogations depuis un raid particulièrement ingénieux de l’aviation israélienne en Syrie à l’été 2007.


 

Depuis peu, l’IAF a effectué de nombreuses améliorations sur ses F-15 Raam et F-16 Soufa (dérivations des F-15i et F-16i): leurs rayons d’action ont été considérablement allongés et leurs systèmes de guerre électronique ont été drastiquement améliorés. Pour peu que l’aviation israélienne envisage des raids chirurgicaux ou « de moyenne intensité » contre l’Iranium, aurait-elle recours à des drones-leurres (et/ou à des drones cyberpirateurs ?) afin de désemparer les défenses iraniennes ? Cette méthode fit auparavant ses preuves contre la DCA syrienne.


 

On peut parier sans trop risques que les fournisseurs russes aient procédé à quelquesupgrades des défenses anti-aériennes de leurs clients perses, déjà très percutantes dans leurs versions basiques. Plusieurs chasseurs de l’OTAN en firent la triste expérience lors des campagnes balkaniques. En 2009, la Russie aurait du livrer des S-300 à longue portée à la République islamique mais ne pourra honorer son contrat avant 2011. Ces missiles Patriot venus du froid feraient réfléchir toute force aérienne sur le niveau très probable de pertes lors des trajets allers-retours dans les cieux perses.


 

Ces trajets augmenteront significativement si les escadres devaient contourner les espaces aériens jordanien, syrien et irakien, pénétrer celui iranien et rentrer at home. Couvrir ces 1400-2600 km ne peut se faire sans un ou deux ravitaillements en vol compliquant d’autant la donne. Idem pour l’implication de commandos hébreux au sol chargés de marquer/désigner les installations nucléaires iraniennes à leurs compagnons aviateurs. Il s’agit de passer complètement inaperçu en territoire perse, pas d’aller récupérer des otages dans un aéroport africain désaffecté. Pour peu que ces forces spéciales sachent exactement où et quoi marquer, comment détruire une cible savamment bunkérisée ? Disponibles dans les entrepôts de l’IAF, les fameuses bombes anti-bunker BLU-109 furent d’une efficacité très relative lorsque l’US Air Force en fit usage en Afghanistan.


 

Le caractère décisif d’une frappe aérienne contre l’Iranium ne dépend pas seulement des évolutions/réactualisations au sein de l’attaque israélienne et de la défense iranienne, mais surtout des estimations de son impact logistique et stratégique.


 

Dans un rapport intitulé « Can military strikes destroy Iran’s gas centrifuge program? Probably not », le Institute for Science and International Security ne voit guère de réelles solutions militaires contre l’Iranium. En une trentaine d’années, la République islamique a suffisamment accumulé de matières enrichies, fermement sécurisé et géographiquement éclaté sa logistique nucléaire. Les renseignements américains et israéliens ne semblent disposer que d’informations partielles sur cette logistique et sur ses capacités de résilience. L’Iranium a donc largement eu le temps de se prémunir contre un raid israélien et à fortiori contre une opération américaine d’envergure partant de Turquie, du Golfe arabe et/ou des bases irakiennes et afghanes.


 

Dans un tel scénario, il faudra inéluctablement tenir compte des attitudes de la Russie et de la Chine, partenaires militaires et nucléaires de l’Iran. Qu’en serait-il de la réaction de ce dernier: attentats contre des intérêts américains ou occidentaux, contre des civils israéliens ou des communautés juives, paralysie du détroit d’Ormuz, lourdes nuisances tous azimuts au Liban, en Irak et en Afghanistan, tirs de missiles conventionnels contre Israël ou contre les forces américaines ? Et au final, une flambée stratosphérique des cours pétroliers. Bref, l’Iran a largement de quoi enflammer le coût d’une guerre limitée ou totale à son encontre.


 

Aux sources de l’Iranium


 

Comportant d’emblée des visées civiles et militaires, le programme nucléaire iranien date des années 70. Souhaitant réduire sa dépendance aux hydrocarbures et préparer l’après-pétrole, le royaume chiite avait toutes les raisons pour forger un programme nucléaire civil dont l’existence ne sera jamais remise en cause. A l’époque, les Etats-Unis étaient plus soucieux de contenir l’URSS, Téhéran entretenait des relations plus ou moins amicales avec Tel-Aviv, coopérait militairement avec l’OTAN et ratifiait le Traité de Non-Prolifération.


 

L’Iran du Chah diversifia rapidement ses partenariats nucléaires: l’Afrique du sud et la Namibie pour le yellow cake, un réacteur plutonigène de recherche de conception américaine, les firmes allemandes Siemens et Kraftwerke pour la construction de gros réacteurs, les géants français Framatome et Eurodif, et le consortium franco-italo-hispano-belge Tricastin (dans lequel l’Iran détenait 10% des parts) pour l’enrichissement de l’uranium, des scientifiques envoyés au Royaume-Uni, en France, aux Etats-Unis, en Inde et en Argentine.


 

Après la révolution islamique de 1979, ces nombreux partenaires se retirèrent aussitôt, peu rassurés qu’ils étaient par le régime de l’Ayatollah Khomeiny. Plus tard, l’aviation irakienne infligea deux frappes sévères au site de Busher qui ne rentra en service qu’en 2005-2006. Pendant que le bloc communiste se désagrégeait à une vitesse photonique, les atomistes perses en apprenaient énormément auprès de Abdel Kader Khan, futur père de la bombe pakistanaise. Dans les années 90, la Russie et la Chine renforcèrent leurs coopérations nucléaires avec la nation chiite, offrant à l’Iranium son véritable essor… Et sa réputation hautement radioactive.


 

Les guides islamiques et les généraux perses furent confortés dans leurs desseins atomiques lors de la première guerre du Golfe. Dans les années 90, l’Inde et le Pakistan tous proches se dotèrent quasi-simultanément de l’arme atomique. Pourtant non-signataires du TNP, ces deux rivaux sont aujourd’hui ardemment sollicités, même par l’Europe et l’Amérique, dans la coopération nucléaire. Il n’en fallut pas plus pour doper irrémédiablement la Perse atomique. Dans un environnement nucléarisé incluant de surcroît Israël, la Russie, l’Inde, le Pakistan et les forces américaines au Moyen-Orient/Asie centrale, l’Iran adopta alors une logique de sanctuarisation de son territoire par l’arme nucléaire.


 

Championne de « la guerre hybride télécommandée » la République islamique demeure peu prompte à l’aventurisme militaire, veillant scrupuleusement à ne pas trop s’exposer en première ligne… Contrairement à la Turquie, à Israël ou à la Syrie qui, de temps à autre, « fonce chez un voisin pour en découdre » (Kurdistan irakien pour l’un, Syrie pour l’autre, Liban pour deux d’entre eux) blindés et aviation à l’appui. Rien de tel côté Iran. Pragmatiques plutôt que fanatiques, casse-cous plutôt que fous, les ayatollahs ont toujours été très à cheval sur la longévité. À quoi bon sanctuariser un territoire pour ensuite causer son anéantissement ?


 

Ballistic brothers in arms


 

Les entretiens du printemps 2009 entre le président américain Barack Obama et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu permettaient déjà – aux petits observateurs des enjeux stratégiques que nous sommes - de conclure ceci: l’état hébreu ne déclenchera aucune action contre les installations nucléaires iraniennes durant cette année. L’âpre et coriace contestation de la rue iranienne, les éventuelles tensions intestines à l’ayatollacratie et l’affaiblissement politique larvé de l’administration Ahmadinejad (par le Guide suprême Ali Khamenei !), toutes consécutives à des élections présidentielles grossièrement truquées, ont certainement amoindri ou retardé les probabilités d’une action israélienne/américaine anti-Iranium.


 

Même si les États-Unis « conservent toutes les options sur la table », ils ont clairement fait savoir que les négociations avec l’Iran demeureront prioritaires jusqu’à la fin de cette année. D’où un profond désaccord en sourdine avec l’état hébreu frustré d’un quelconque feu vert durant toute cette période mais tenu de se ranger afin de ne pas s’attirer les foudres de son plus fidèle allié et vital appui.


 

Sans le clamer haut et fort, l’Amérique redessine lentement et sûrement sa carte moyen-orientale et centre-asiatique. D’une certaine façon, elle envisage d’endiguer l’Iran comme elle le fit auparavant avec l’URSS et/ou d’impliquer la nation perse dans des partenariats stratégiques (tacites ou explicites) à la fois mutuellement bénéfiques et dissuasifs pour fermement maintenir celle-ci sur les rails. Une autre stratégie consisterait à diminuer l’influence régionale de Téhéran auprès de la Syrie et du Hezbollah libanais. Mais on peut s’interroger sur la nature de la démarche américaine pour parvenir à cette fin.


 

En outre, le bourbier afghan et le château de cartes pakistanais appellent une nécéssaire redéfinition des alliances au Moyen-Orient et en Asie centrale. À ce titre, un Iran à cheval entre ces deux mondes devient incontournable: le mini-sommet de mai 2009 consacré aux luttes anti-terroriste et anti-drogue réunissait les présidents iranien Mahmoud Ahmadinejad, afghan Hamid Karzai et pakistanais Asif Ali Zardari, démontrant une fois de plus la centralité de l’Iran dans le jeu régional.


 

La vision israélienne est complètement différente et se justifie amplement par bien des aspects. Fortement imprégné par la tragique mémoire collective de la Shoah, l’état hébreu prend très au sérieux les incitations du président Mahmoud Ahmadinejad à «rayer Israël de la carte ». Ici, sans pour autant verser dans une géopolitique de l’émotion, l’observateur extérieur doit se mettre dans la peau de de son homologue israélien qui, de par une histoire communautaire et une géographie particulière, ressent et analyse simultanément l’éventualité d’une menace existentielle, ou du moins, se déclarant ouvertement et spécialement comme telle à son encontre depuis la présidence d’Ahmadinejad. Le test iranien du missile Sajjil-2 à moyenne portée et la mise en orbite du satellitte Omid par la fusée Safir-2 ne font que renforcer la perception de cette menace.


 

Dès lors, Israël fait valoir que de nombreuses nations condamnèrent d’abord son raid aérien à Osirak mais s’en réjouirent ensuite lorsque le régime de Saddam Hussein fit usage des armes chimiques contre ses administrés kurdes et contre les troupes iraniennes. Tel-Aviv est également persuadé que la communauté internationale – menée par les États-Unis, l’Europe, la Russie et la Chine – exercera réellement des contraintes fortes et continues sur la République islamique dans le seul cas où une épée de Damoclès (c-à-d un ou plusieurs raids de l’IAF ?) planerait au-dessus de l’Iranium, et ce, peu importe l’avis de Washington.


 

L’autre crainte d’Israël réside dans une course aux armements dans son voisinage: dès le premier essai nucléaire iranien, Arabie Saoudite, Syrie et Égypte voudront à leur tour entrer dans la danse des atomes. Furieux ou désemparé, l’état hébreu ne peut prétendre faire la guerre à tout ce beau et nerveux monde. Par ailleurs, il devrait s’interroger sur ses propres motivations « nucléo-stratégiques » et serait bien surpris de se découvrir plusieurs points communs avec ce trublion perse.


 

Question à cent shekels: Israël s’est-il réellement imaginé détenir durablement ou indéfiniment le monopole régional de l’arme atomique après l’avoir introduite dans une zone grouillant de tempéraments aussi fissionnels ?


 

Heureusement, Tel-Aviv garde la tête sur les épaules: elle planche avec Washington sur des systèmes anti-missiles Aegis et THAAD et sur un dispositif radar X-bandes d’alerte avancée pour la protection du territoire hébreu. Parallèlement, les méthodes rudimentaires ont toujours la côte: les systèmes Iron Dome, Arrow 3 et David Sling censés contrer les missiles à courte/moyenne portée, seront également déployés à l’horizon 2012. La course à la protection ne fait que commencer…


 

Cependant, aussi habile soit-il en matières de raids aériens et d’opérations spéciales, l’état hébreu ne se berce guère d’illusions sur une action même d’envergure contre l’Iranium: celle-ci sera très compliquée, coûteuse en vies humaines et très probablement vouée à l’échec. Car il ne s’agit point de frapper une organisation type Hamas/Hezbollah ou une Syrie saturée de failles sécuritaires, mais d’atteindre des installations nucléaires savamment éparpillées et dissimulées sur un immense pays doté d’une ingénierie militech et d’une défense anti-aérienne dignes de ces noms.


 

Les vertus diaboliques de l’atome


 

« De plus, les Iraniens considèrent leur capacité nucléaire comme un symbole très important pour acquérir une hégémonie au Moyen-orient, en particulier dans la zone du Golfe [persique]. Si j’ai raison de dire que les Iraniens veulent la bombe surtout pour la dissuasion et non pas tant pour dans des intentions offensives, l’Iran a peu de risque de gâcher cet armement, lorsqu’il l’aura acquis, contre un pays comme Israël qui ne constitue pas une vraie menace à son existence. »


 

Ces propos émanent de Ephraïm Kam, ex-colonel du renseignement militaire israélien, co-rédacteur en chef de la revue Middle East Strategic Balance, directeur adjoint duJaffee Center for Strategic Studies, le premier institut hébreu d’études stratégiques. Loin de verser dans quelque angélisme vis-à-vis de l’Iranium, son analyse tranche néanmoins avec les épouvantails habituellement agités par les administrations Bush-Obama et par les médias. Cet expert estime qu’une coexistence pacifique est tout à fait possible entre Israël et l’Iran nucléaires.


 

« Malgré les tendances des deux dernières années, qui étaient négatives pour les réformistes, le changement en Iran se poursuivra parce qu’il existe une réelle exigence de changement. La génération plus jeune en Iran, qui est aujourd’hui la majorité de la population, exige davantage de liberté personnelle, davantage de liberté politique, moins de corruption, une vie meilleure, et une meilleure économie. Si c’est la volonté de la majorité du peuple iranien, le régime radical pourra très difficilement empêcher ce changement. A la fin de tout cela, j’attends un dialogue entre l’Iran et les Etats-Unis, et un dialogue entre l’Iran et Israël. Et si cela se produit, même si l’Iran détient la bombe à un moment donné, la bombe aura une autre signification ».


 

Ne nous leurrons point: l’ayatollacratie n’a rien d’un Saddam Hussein ou d’un Ben Laden. Elle fait preuve de patience, joue sur la corde, gagne du temps, exploite le moment stratégique favorable et, de temps à autre, sacrifie une tour ou un cavalier afin de protéger sa reine. Recherche nucléaire militaire, tests de missiles à moyenne ou longue portée, lancements expérimentaux de fusées et de satellitte, pourparlers avec l’OTAN et l’Europe, louvoiements avec l’AIEA, propositions d’enrichissement de son iranium en Russie… Téhéran manoeuvre avec témérité et dextérité, veillant jalousement à ne commettre aucune erreur dans sa route vers l’Iranium. Nul doute qu’au-delà du populisme antisémite d’Ahmadinejad, le régime iranien et l’ayatollacratie soient parfaitement conscients des risques encourus en cas d’usage irrationnel de l’arme atomique.


 

Néanmoins, c’est peut-être cette bombe tant convoitée qui marginalisera définitivement des garçons comme Mahmoud Ahmadinejad. Explications.


 

À première vue, l’approche de l’administration Obama peut sembler farfelue voire vaine, mais elle l’est pourtant beaucoup moins au regard de l’histoire. La détente avec les Soviétiques ne devint possible qu’une fois leurs efforts reconnus et leur régime «respecté » par l’Amérique et l’Europe occidentale. Par la suite, l’URSS réintégra progressivement le jeu international qui, au final, l’accula à des réformes successives au point de causer son effondrement, course aux armements en sus.


 

Les décideurs iraniens devraient donc longuement relire les cahiers de l’URSS, de l’Inde et du Pakistan nucléaires. Car une fois leur nation inscrite dans la catégorie des « poids moyens-lourds », ils baigneront dans de nouveaux paradigmes stratégiques et de nouvelles responsabilités diplomatiques à l’échelle orientale (Moyen-Orient, Asie centrale, Chine, Russie, Caucase) et donc mondiale. Ouverture, souplesse, sensibilité et pragmatisme tous azimuts l’emporteront vite sur hermétisme, provocation, rigidité et radicalisme, tout retour en arrière deviendra alors impossible.


 

La révolution atomique irradiera-t-elle et transformera-t-elle la République islamique au nez et à la barbe des pasdaran et des ayatollahs ?


 

Charles Bwele, Électrosphère

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