La Première Intifada - 1929 (2/2) - Rumeurs et instrumentalisation religieuse du conflit israélo-palestinien
Par le Dr Claude TENCER
1.2 Les juifs s'emparent d'Harem Al Shérif
Le signal du déclenchement des hostilités est donné à Jérusalem ce vendredi vers 11h, après la prière à la mosquée Al Aqsa. Dès le début de la matinée, une foule, munie de gourdins et de couteaux, venue de plusieurs villages des environs de Jérusalem gagne la mosquée. Un discours nationaliste sur l'esplanade des mosquées explique à la foule que les croyants de l'Islam devront se battre contre les Juifs jusqu'à leur dernière goutte de sang (14) Le Mufti, de son coté, appelle à garder le calme. Vers 11h, depuis le Mont du Temple, une vingtaine de coups de feu est entendue. La foule fait irruption dans la Vieille Ville et attaque les passants juifs. Elle envahit et attaque les quartiers juifs de la nouvelle ville, laissant 8 morts et 15 blessés juifs sur son chemin. Côté arabe, on dénombre 5 morts et 9 blessés.
La police britannique, qui compte pour tout le territoire, 1500 éléments, majoritairement d'origine arabe, et seulement 175 Britanniques, se trouve vite dépassée par les évènements. Les policiers ne peuvent intervenir pour arrêter les assaillants. S'ils tirent sur la foule, ils devront vite faire face à la vengeance et affronter la foule excitée. C'est pourquoi les autorités optent pour que les policiers s'abstiennent d'intervenir tant que les Juifs sont attaqués. Les Juifs, de leur côté, se trouvent sans défense, la Haganah n’est encore qu’une sorte de confédération mal organisée, même les demandes réitérées de Isaac Ben-Tsvi pour distribuer des armes à la population restent vaines.
A Hébron, vivent près de 20 000 personnes, en majorité des Arabes musulmans et environ 800 Juifs selon l'Agence juive. La majorité des Juifs vivent en location dans des maisons arabes, souvent construites à cet effet. Une autre partie, vit au cœur de la ville dans une sorte de ghetto rattaché à la yeshiva. Selon des témoignages, les relations entre les deux communautés sont généralement correctes, bien qu'une certaine tension demeure depuis la montée du nationalisme arabe et le développement du projet sioniste. Pourtant, jusqu'à la mi-journée de ce vendredi 23 août, le calme règne à Hébron, selon le rapport du chef de la police Raymond Kapareta qui a pris ses fonctions au début du mois d'août. Vers quinze heures, les premiers manifestants revenus de Jérusalem font circuler la rumeur que les Juifs tuent des Arabes à Jérusalem. Bien que le chef de la police nie l'information et incite les Juifs à s'enfermer chez eux, quelques Arabes se rassemblent près de la Yeshiva de Hébron et la bombardent de pierres. A ce moment, la Yeshiva est occupée par le bedeau et un élève, Shmouel Halevi Rozenholtz 24 ans. Blessé par une pierre lancée par la fenêtre, il veut s'échapper et tombe nez à nez avec les assaillants qui le poignardent.
Le lendemain le 24 août au matin, des Arabes de Hébron et des alentours, armés de couteaux, haches, gourdins et sabres prennent la route de Jérusalem. En passant devant le quartier juif ils pénètrent dans les maisons et massacrent hommes, femmes et enfants, comme le décrit, Y.L Grodzinsk(15) un touriste arrivé de Pologne trois jours avant les événements. Le déchaînement arabe s’accompagne d’actes d'atrocités : égorgements, mutilations, viols. Le boulanger est brûlé vif, les maisons sont pillées et incendiées ainsi que les synagogues. Le massacre s'arrête vers 10h30 et se solde par 67 morts et des dizaines de blessés. Le Consulat américain fait état de 9 morts arabes, probablement tués par le chef de la police Raymond Kapareta et ses 18 policiers dépassés par les événements. Néanmoins, une majorité des Juifs de Hébron est sauvée par 28 familles arabes.(16) On dénombre 435 noms des Juifs sauvés dans des listes se trouvant dans les archives sionistes.
Voir aussi Tom Segev dans Yemei Hakalaniot, Jérusalem, Keter 1999, pg 267 , il rapporte des témoignages concernant le médecin égyptien, Dr. Abed Al-Al qui, en plus d’avoir secouru les blessés, a sauvé une famille juive en la cachant dans sa maison.
Le déchaînement arabe et les massacres se propagent à tout le territoire. A Safed, les massacres sont décrits avec la même intensité qu’à Hébron. Les événements qui se sont prolongés jusqu'au 29 août se soldent par 133 morts et 339 blessés côté juif et 116 morts et 232 blessés côté arabe (17). Environ 700 Arabes sont portés devant la justice pour actes de violence et pillage, 124 sont inculpés pour meurtre, 55 d’entre eux sont condamnés dont 25 à la peine de mort. 160 Juifs sont aussi inculpés, 70 d’entre eux pour meurtre, deux sont condamnés à la peine capitale transformée en prison perpétuelle(18) Trente ans après, Ben Gourion écrira « que pouvait faire un officier britannique seul dans une ville comme Hébron? » Ce qui était vrai pour Hébron, était vrai pour tout le territoire, l'inefficacité de l'autorité mandataire dans son attitude contradictoire envers les différentes communautés en Palestine faisait l'objet d'une critique permanente.
Le 29 août 1929, dernier jour des hostilités, alors qu’il retourne en Palestine, le Haut-commissaire Chancellor fait un communiqué le 1e septembre, dans lequel il décrit les atrocités et condamne les Arabes sévèrement pour la brutalité de leurs actes. De plus, il décide de suspendre les pourparlers avec le ministère des Colonies au sujet de la création d’institutions représentatives arabes en Israël. Cette condamnation des Arabes est atténuée trois jours plus tard face à la protestation et à la colère arabe. Dans son nouveau communiqué, Chancellor promet qu’aussi bien Juifs et Arabes devront répondre de leurs crimes devant la justice.
Le 13 septembre 1929, la Commission d'enquête(19) dite Commission Shaw est nommée. Sa mission est d'enquêter sur les raisons directes qui ont mené au déclenchement des derniers événements d'août 1929 en Palestine et d'apporter des recommandations afin d'éviter la répétition de tels agissements à l'avenir. La commission ne devait s’attacher qu’aux causes des événements et s'abstenir de proposer des changements relatifs à la structure de l'administration britannique en Palestine. La précipitation dont font preuve les Britanniques dans la nomination de la Commission, ne témoigne pas d’une réelle volonté du gouvernement à trouver les responsables des troubles et à les condamner. Elle reflète plutôt la crainte que la S.D.N. ne propose de nommer une commission internationale, initiative que refuse le gouvernement britannique.
Nommer rapidement une commission britannique protège le gouvernement de constatations et des conclusions peu favorables à sont égard. Déjà très critiqué pour son manque d'anticipation, sa faiblesse, son mépris et sa partialité, leur objectif premier est d'ôter toute responsabilité à l’administration mandataire. Les Arabes considèrent la nomination de la commission une nouvelle victoire, la violence leur permet une fois encore de faire admettre leurs exigences. Les Arabes comme les Juifs ne donnent pas leur accord sur la mission de la commission à enquêter et sur les causes qui ont mené aux troubles. Pour les Arabes, établir leur responsabilité dans les troubles mènerait les Britanniques à prendre des mesures pour les empêcher d'agir dans l'avenir. Pour les Juifs, chercher les causes des ces événements amènera, peut-être, la commission à la conclusion que ce sont les termes faisant référence au foyer juif et à la Déclaration Balfour du texte mandataire qui sont responsables de la peur arabe.
Le 24 octobre 1929, la commission arrive en Palestine pour y séjourner jusqu'au 29 décembre. Devant la commission, les représentants de la direction sioniste désignent conjointement l'administration britannique avec Luke à sa tête ainsi que les Arabes comme responsables du déclenchement des troubles. En menant une politique contradictoire envers le « foyer juif » et en cédant aux Arabes, les Britanniques, de fait ou par omission, ont permis au Mufti et aux extrémistes arabes d'inciter la foule à des actes de violence contre les Juifs. Devant la commission, les Britanniques évoquent leurs difficultés face au caractère même du mandat. Selon eux, la conduite des sionistes, leurs déclarations provocatrices ont principalement poussé les Arabes à des actes de violence. Les Arabes de leur côté soutiennent que les événements sont le résultat naturel d'un mécontentement général : la crainte de l'immigration juive et de l'activisme Juif pour l'établissement de leur foyer national en Israël.
En rendant son rapport, la commission Shaw conclut que ce sont bien les Arabes qui ont commencé les hostilités, en revanche, elle atténue la responsabilité du Mufti et du Comité exécutif arabe. La seule critique évoquée à leur encontre est que dans la semaine qui a précédé les événements et durant ces événements, ils n'ont pas fait le nécessaire pour contraindre leurs fidèles à respecter l'ordre et la loi. Henry Snell, un des membres de la commission exprime sa réserve sur ce point. Dans les milieux gouvernementaux, à Jérusalem et à Londres, on savait qu'en écartant la responsabilité du Mufti, la commission s'écartait de la vérité. O.G.R. Williams, fonctionnaire du Colonial Office, écrit : « je peux dire que selon notre propre opinion au sein du bureau, le Mufti et quelques-uns parmi ses supporters sont les réels responsables des quelques tristes événements survenus en Israël, ce sont les informations, les renseignements en notre possession depuis le début des événements, qui nous permettent de confirmer cette estimation. » Chancellor, avoue plus tard que Snell, en marquant son désaccord avec la décision de la commission avait mieux évalué que les autres membres de la commission la part de la participation du Mufti aux évènements. Il paraît clair que les autorités de Londres préfèrent dissimuler, pour des raisons politiques, ces renseignements, et vont jusqu'à encourager la commission de ne charger ni le Mufti ni son entourage, car le gouvernement ne possède pas de preuves certaines de leur participation active aux événements.
Afin de prévenir de nouveaux troubles, la Commission Shaw préconise une augmentation des forces de la police et de l'armée ainsi que du service de renseignements. Dans l'intérêt de la paix et d'une bonne administration du territoire, il est indispensable de résoudre le conflit sur la question du Mur, c'est pourquoi le gouvernement doit nommer une commission spéciale à cet effet. La commission affirme que lorsqu'on examine les causes du déclenchement des hostilités d'août 1929, on ne peut pas ne pas prendre en considération les griefs politiques et économiques des Arabes, il faut cependant approfondir les recherches pour remonter aux sources même des problèmes. C'est pourquoi la commission a trouvé bon d'examiner les questions d'immigration, d'achat des terres par les Juifs et l'état de droit en Palestine.
Cependant, la commission distingue les causes profondes du déclenchement des troubles et les causes immédiates. Les causes profondes sont la haine et de la rancune des Arabes contre les Juifs, conséquences de leurs aspirations nationales et politiques constamment rejetées et de leur crainte pour leur avenir économique. Les causes immédiates sont une longue série d'incidents, consécutives aux désaccords sur la question du Mur, à des articles provocateurs sans retenue publiés dans des journaux juifs et arabes (pour atténuer l'iniquité, la commission note que les journaux causant le plus de dégâts sont arabes). Une propagande habile manipulant les plus défavorisés, le renforcement de l'Agence juive, la faiblesse et le manquement des forces de l'ordre, le manque de confiance de la population face à une politique ambiguë des autorités aggravent les tensions.
La commission préconise encore que le gouvernement de sa Majesté prenne clairement position quant à sa politique et ses intentions en Palestine, principalement en ce qui concerne l’immigration juive, le droit aux terres des communautés non juives. Subtilement, la commission se détourne de ses prérogatives, elle propose d'apporter des modifications à quelques articles du texte du mandat bien qu'elle n'ait pas compétence à émettre des opinions quant au texte. Pourtant elle le fait en des termes plutôt vagues. On comprend alors pourquoi Snell n'a pas suivi l'avis des autres membres de la commission et propose que le gouvernement de Sa Majesté mette un accent tout particulier sur ses responsabilités internationales, la mise en œuvre de son engagement mandataire en Palestine conformément aux résolutions entérinées par la Société des Nations. La commission recommande que le gouvernement définisse plus clairement l'article 4 du mandat (qui fait référence à la position, au rôle de l'Organisation sioniste et de l'Agence Juive) et qu’il assure la population arabe que les termes de cet article ne confèrent à aucun des deux organismes une quelconque participation au pouvoir local en Palestine. La commission incite, aussi, le gouvernement à enquêter sur les potentialités agricoles afin de limiter le transfert de terres. Elle préconise encore une limitation de l’immigration juive afin d'éviter une crise économique comparable à celle 1926, cependant, le gouvernement doit tenir compte, sur ce point, des intérêts de toutes les communautés.
Le rapport de la commission Shaw rend perplexe le gouvernement britannique. Le Premier ministre, Ramsay Macdonald estime pour sa part, que le rapport Shaw est un peu trop pro-arabe, il craint une réaction de colère de la part des Juifs qui pourraient trouver un soutien auprès de l’opposition parlementaire et conduire à mettre en difficulté son gouvernement déjà affaibli. D’autre part, le gouvernement ne peut pas trop incriminer les Arabes car à cette époque, l'opinion publique britannique soutient la cause arabe. Le Premier ministre se trouve contraint d'équilibrer les propos de la commission. Le 3 avril 1930, il assure aux Juifs que son gouvernement s'attache à respecter les termes du mandat, selon l'engagement pris. En contrepartie, pour calmer les Arabes, il donne un autre sens à la déclaration Balfour : il déclare que ce document engage doublement le gouvernement : vis-à-vis des Juifs et vis-à-vis des autres communautés en Palestine. Il s'engage à respecter l'équité dans la mise en œuvre du texte. Il apparaît clairement que le gouvernement adopte les recommandations de la commission Shaw, lorsqu’il explique publiquement sa position, vis-à-vis des communautés non juives en Palestine et qu’il accepte quelques modifications mineures du texte du mandat pour corriger le tort causé aux Arabes par une certaine discrimination à leur égard.
Les Arabes accueillent avec une certaine satisfaction les conclusions Shaw, qui, pour eux, ne s'opposent pas à leurs intérêts et marquent même un tournant dans la politique britannique envers les Arabes. Mais, les Juifs expriment leur colère sur les conclusions et les recommandations de la commission jugées tendancieuses et non équitables. Ils blâment aussi le fait qu'elles s'écartent des prérogatives de la commission et faussent la réalité des faits. Les crimes arabes sont traduits dans le rapport de la commission comme des erreurs et les droits des Juifs sont réduits à néant. L'inquiétude juive découle non seulement de la partialité et des sympathies pro-arabes résultant du rapport, mais surtout de la position qu’il laisse entrapercevoir, à savoir que le droit des Juifs à vivre en Israël dépend de la bonne volonté arabe, fait contradictoire avec le Livre Blanc de Churchill qui évoque le droit légitime des Juifs à vivre en Israël, et non une tolérance charitable.
L'inquiétude des milieux dirigeants juifs s'avère justifiée. Le 6 mai 1930, le gouvernement britannique annonce la nomination de John Hope-Simpson pour mener une enquête sur l'immigration et le développement en Palestine. Quelques jours plus tard, le 14 mai 1930, l'administration mandataire annonce l'arrêt de l'immigration et le 27 mai, Londres publie un Livre blanc qui légalise cette disposition conformément au rapport Shaw. Pourtant, le 12 mai l'Agence Juive à Jérusalem a reçu une lettre officielle confirmant que le Haut-commissaire a accordé un quota de 3 300 immigrants pour les mois d'avril à septembre 1930 (20)
Les conclusions du rapport Simpson et celles de la commission Shaw aboutissent à une déclaration politique du gouvernement le 20 octobre 1930, à Londres. Elle fait l'objet du Livre Blanc dit de Passfield (21) Ce Livre Blanc, souligne Williams, fonctionnaire du Colonial Office qui l'a rédigé, marque un tournant dans l'attitude de la Grande Bretagne envers les sionistes et le Foyer national juif en Israël. Il adopte le commentaire sur le mandat fait par la commission Shaw et le Haut-commissaire, à savoir, que le mandat impose à la Grande-Bretagne un double engagement équitable envers les Juifs et envers les Arabes, principe de base pour la politique britannique en Palestine. En réalité, Londres annonce dans le Livre Blanc qu'elle n'est plus attachée désormais ni à la déclaration Balfour, ni au mandat, ni à son engagement d'assurer l'établissement du foyer national pour le peuple juif en Palestine. Or, en adoptant la formule politique de double engagement équitable pour les deux peuples, la Grande Bretagne abandonne la distinction entre un mouvement juif d'inspiration nationale (qu'elle s'est engagée à soutenir) et les droits civiques et religieux des communautés non-juives qu’elle doit préserver. A partir de là, les Arabes font figure de citoyens avec une identité nationale. Le Livre Blanc limite alors, l'immigration juive, la vente de terres aux Juifs et il critique ouvertement les institutions sionistes. L’objectif britannique devient politique et se centre à geler le développement du foyer juif en Palestine, une controverse à la déclaration Balfour et aux plans institutionnels du mandat.
Les réactions s’amplifient, Juifs et non-Juifs protestent et critiquent le Livre Blanc. Des manifestations contre le gouvernement britannique se multiplient partout dans le monde. Londres, embarrassée par les proportions qu'ont prises les événements, craint aussi pour ses intérêts à l'étranger. Le Premier ministre, convoque Weizmann pour « un échange d'idées » à propos du Livre Blanc avec le ministre des Affaires Étrangères, Arthur Henderson. Après l’entrevue, Ramsay Macdonald adresse en février 1931 à Weizmann une lettre par laquelle il apporte des précisions sur les termes du Livre Blanc, faisant autorité. Pour ne pas porter atteinte au prestige de son gouvernement, Ramsay Macdonald n'annule pas le Livre blanc, mais les propos de sa lettre marquent une nette atténuation de la rigueur de la politique britannique envers le foyer juif. Les restrictions les plus draconiennes préconisées par les commissions Shaw et Simpson, adoptées par le Livre Blanc semblent assouplies. Cependant, si la lettre lève certains obstacles au sujet de l'immigration et de l'achat des terres par le KKL, elle n'annonce pas clairement la volonté de Londres de revenir sur le processus d’abandon du soutien actif au foyer juif en Israël, évoqué dans le Livre Blanc. Cette lettre, considérée comme un succès au sein des milieux juifs, s'avère être une simple pause dans les relations entre la Grande-Bretagne et l'organisation sioniste.
Le conflit sur le Mur est traité aussi d'une façon ambiguë. Le gouvernement suit les conclusions Shaw et nomme une commission de trois membres, non britanniques, pour satisfaire les revendications des parties sur la question du Mur. Les Musulmans qui se sont opposés à cette commission faisant double emploi avec le Livre Blanc, revendiquent leur propriété exclusive sur le site. Les Juifs quant à eux ne revendiquent pas un droit à la propriété sur le Mur mais un droit d'accès et des conditions convenables pour prier sans entrave. La commission établit que le Mur des Lamentations et l'espace devant sont la propriété du Waqf donc des Musulmans. Les Juifs ont la possibilité d'accéder au Mur à tout moment pour prier à condition de respecter les règles établies par le Haut-commissaire, en octobre 1929, selon lesquelles les Juifs n'avaient le droit de placer un tabernacle et une table sur le site que pour les fêtes du Nouvel an et Kippour et à des prières particulières décidées par le rabbinat. Cependant les Juifs ne sont pas autorisés à installer ni des bancs, ni un paravent ni à sonner le Shofar car ceci dérange les Musulmans. Les Musulmans, quant à eux, ont obligation de ne pas perturber la prière juive devant le Mur. Le gouvernement adopte les orientations de la Commission du Mur et lui donne une forme légale à travers le Western or Wailing Wall Order in juives, 1931 Palestine.
La réglementation de la question du Mur ne contribue en rien à l'amélioration de relations entre Juifs et Arabes. La gravité des événements d'août 1929 matérialise les désaccords profonds entre les deux communautés. Le défaut de protection de la population juive est mis en évidence, la Haganah s'est avérée impuissante avant et pendant les événements, ce qui rend évidents les doutes du Yishouv pour son avenir et son développement. Les propos de Ben Gourion relatent bien cette réalité : « le Juif ordinaire en Israël ressent que sa vie n'est pas sûre. Ce sentiment sera traduit avec plus de vigueur à l'étranger. Il existe un risque que les Juifs n'osent plus immigrer et s’investir en Israël, nos ambitions de construction, de développement humain et économique se réduiront à néant. » Au sein du Yishouv et de la direction sioniste modérée, l’espoir de surmonter les désaccords avec les Arabes s'avère vain. L'attitude individuelle des Juifs envers les Arabes est bien résumée par les propos de l'écrivain S. Agnon « durant les événements mes rapports avec les Arabes ont changé. Je ne les déteste pas et je ne les aime pas non plus, je demande simplement de ne plus les voir. Selon ma modeste opinion, il faudrait faire maintenant un grand ghetto d'un demi million de Juifs en Israël, dans le cas contraire, à Dieu ne plaise, nous sommes perdus. » Cette nouvelle réalité relationnelle entre Juifs et Arabes est, aussi, bien abordée par la commission Peel : « au moins pour un temps, toute collaboration a été anéantie entre les deux communautés, même dans le domaine économique où un espoir persiste. [...] Cependant, dans tous les domaines le clivage est désormais clair. » La fragilité et l'insécurité du Foyer juif face à la puissante résistance arabe déterminent la radicalisation des revendications nationales des Juifs pour établir et garantir leur avenir en Eretz Israël.
La deuxième Intifada peut être datée de 1936, elle est initié encore par le Mufti de Jérusalem Haj Amin Al-Husseini et perdure trois ans. Les arabes parlent alors de la "grande révolte arabe", dont il est difficile d’ignorer l’aide apportée par l’Allemagne lorsqu’on connaît les efforts du grand Mufti pour instaurer une alliance islamo germanique contre les Anglais et les Juifs où il collabora de manière active avec les Allemands. Les archives du haut commandement de l'armée allemande, saisies par les Alliés à Flensburg après la guerre, révèlent que ce sont des fonds de l'Allemagne nazie mis à la disposition du Mufti qui lui avaient permis d'organiser et de mener à bien la révolte (l'Intifada) des années 1936-1939.
Commission on the Palestine Disturbances of August 1929.