Par le Dr Claude TENCER
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Historien, chercheur sur l’histoire du conflit israélo-palestinien, docteur en Communication, Civilisations et médias.
La rumeur est un outil de propagande très répandu chez les forgeurs de troubles arabes pour fédérer la foule et manifestants afin d’atteindre intellectuellement et physiquement les Juifs. La haine arabe contre les Juifs est si proférée et personnifiée, que nul ne peut accepter la moindre présence juive au Moyen Orient, au point où des nombreux prêches et sermons du vendredi incitent aujourd'hui encore à la télévision officielle palestinienne à la haine des Juifs et se font l’écho de la motivation et le rôle qu’ont les musulmans dans le processus de l’anéantissement des Juifs partout dans le monde (1)
La rumeur - une nostalgie
Ces incitations et manifestations antijuive ne sont pas des œuvres récentes. Le mois d’août 1929 peut être cité comme une Intifada ensanglantée où les tensions judéo-arabes à Jérusalem atteignent leur apogée grâce toujours à la même formule : les Juifs veulent porter atteinte à la Mosquée Al Aqsa, une rumeur bien rodée, à l’exemple de tous les appels aux manifestations antijuive.
Ces événements, entamés à Jérusalem, se propagent à toutes les villes et village autour de Jérusalem et Hébron, et se soldent par des dizaines des morts et des centaines de blessés. Pourtant, la résolution 181 n'existait guère encore, ni l’État d’Israël, ni l’Autorité palestinienne, ni des réfugiés ni même l’inspiration palestinienne n’existaient encore. Toutefois, nous allons comprendre que ce conflit ancien ne trouve pas sa source dans une contradiction territoriale ni politique, il ressemble plus à un conflit d’inspiration religieuse où on instrumentalise la religion pour atteinte des objectifs politiques. La religion devient catalyseur de rassemblement de la population.
Afin de comprendre la progression des événements, nous allons considérer la date du 10 août 1922 comme un tournant politique au moyen Orient, date à laquelle le Conseil de la Société des Nations entérine les accords de San Remo qui confient officiellement à la Grande-Bretagne le mandat sur la Palestine. Le gouvernement britannique publie alors The Palestine Order in Council, texte qui constitue le fondement des engagements politiques de la Grande Bretagne et les règles juridiques selon lesquelles fonctionnera l'administration mandataire en Palestine. Bien qu'en introduction ce texte fasse référence à la Déclaration Balfour il n’apporte aucune garantie concernant l'établissement d’un Foyer national juif en Eretz Israël. Toutefois, nous pouvons croire à la bonne intention de l’administration britannique voulant respecter une certaine équité avec la communauté juive et ses leaders afin de calmer des insatisfactions des Juifs envers la décision britannique de fonder la Transjordanie et l’Irak la même année, comme promis au roi Hussein Shérif de la Mecque.
L'article 13 du mandat stipule que le mandataire sera responsable de la sauvegarde des droits acquis sur les Lieux Saints et de la gestion des affaires religieuses en Palestine. L'esplanade du Mur des Lamentations, principal lieu de prières pour les Juifs est pour les Musulmans, à cette époque, la propriété du Waqf (2) qui gère le quartier maghrébin.
L'exigence juive d’un libre accès au Mur se solde par un refus de la part des Musulmans. En rejetant le texte mandataire, les Arabes escomptent l’annulation de la Déclaration Balfour, ils attendent que les Britanniques leur confèrent l’autonomie et établissent un gouvernement national arabe indépendant en Palestine.
Durant la période ottomane, les Juifs sont autorisés à prier près du Mur des Lamentations. Au fil des années un statu quo plutôt souple s'établit. Bien qu'officiellement l'accès au Mur soit réglementé, en pratique, le bakchich permet aux Juifs d’accéder au Mur sans trop de restrictions, ils placent le tabernacle, des bancs et même sonnent le shofar les jours des fêtes. En novembre 1911, l'Assemblée administrative de Jérusalem (Maglasse Al-Adara) établit que les Juifs ne disposent d’aucun droit de propriété, ni sur le Mur, ni sur l'esplanade, mais seulement d’un droit de visite pour prier. Il leur est interdit dès lors d'apporter un quelconque objet : ni chaises, ni paravent, ni chandeliers, ni rouleaux de la Tora. Rien qui ne puisse leurs donner un sentiment de propriété sur le site.
Au cours de l'administration britannique, l'exigence juive d’un libre accès au Mur suscite une opposition catégorique de la part des Musulmans. Après les incidents de Kippour 1925, lorsque Ronald Storrs(3) demande aux responsables du Waqf pourquoi cette obstination à refuser aux Juifs l’installation de sièges sur l'esplanade, ils lui répondent : « aujourd'hui ils installent des chaises, demain ils installeront des bancs en bois, ensuite ils les changeront en bancs métalliques, qui deviendront après demain des bancs en pierre. Ils monteront un toit pour se protéger du soleil et des murs contre le froid - subitement les Musulmans trouveront sur leurs terres des maisons dont ils ne voulaient pas. » Voici tout le conflit sur Israël note Ronald Storrs dans son journal. Ronald Storrs, qui comprend la manipulation arabe, propose au Waqf d'installer lui-même des bancs devant le Mur, ainsi, matérialiser leur propriété sur le lieu.
Après un incident concernant la pose d’un paravent par les Juifs le jour de Kippour le 24 septembre 1928, le Waqf explique à Edward Keith-Roach(4), que comme la séparation entre hommes et femmes se pratique à la synagogue, les Musulmans craignent que la pose du paravent n’ait pour but d'affecter à l'espace du Mur le statut d'une synagogue, premier pas pour se saisir du Waqf.
Keith-Roach considère la pose du paravent qu'il n'a pourtant jamais vu précédemment, comme une violation du statu quo. Sous la pression des Cheikhs arabes qui l'invitent le matin même au Mah'khama (5), il exige que les Juifs enlèvent le paravent afin de ne pas contrarier les Arabes. Malgré la promesse du bedeau juif de l'ôter après le jeûne, l'officier de Police Douglas Duff accompagné d'une dizaine de policiers débarque sur l'esplanade et détruit le paravent. Malgré la résistance de quelques femmes et de quelques vieux, à l’exception de quelques égratignures - personne n'a été touché, écrit-il dans ses mémoires. Duff est condamné pour cette action musclée et disproportionnée, mais reste en poste. Des mécontentements se font entendre et les tensions montent encore d'un cran. De leur côté, le Mufti Hajj Amin El-Husseini et le Conseil Supérieur Islamique incitent à exploiter la « provocation juive » afin d’intensifier la lutte contre les Juifs et le sionisme. L'affaire du Mur leur permet de conférer à leur conflit avec le sionisme une dimension religieuse, ainsi mobiliser les couches populaires arabes des villes et villages, insensibles aux slogans nationaux laïques.
Plus tard, dans ses conclusions, la Commission d'enquête Peel commente : « en Palestine, comme ailleurs dans le monde musulman, le nationalisme plus qu'un mouvement politique était un mouvement religieux.Toutefois, si un appel à la sensibilité religieuse contribue à proclamer, que l'immigration des Juifs ne signifie pas seulement le développement de leur force économique et politique, mais aussi, la volonté de rétablir le judaïsme ancien, d’avoir mainmise sur le Lieu saint en le profanant et de reconstruire le temple sur son lieu d'origine, alors nul ne doute plus que la haine arabe deviendra plus fanatique et plus désespérée qu'elle ne le fut jamais».
C'est dans cette perspective que le Conseil Supérieur Islamique entame une large campagne de propagande auprès des Arabes d'Israël et du monde islamique pour la sauvegarde de la mosquée Al-Aqsa et les droits des Musulmans sur le Mur des Lamentations, qu'ils appellent Al-Bourak(6) Lorsqu’Archer Cust, haut fonctionnaire de l'administration mandataire, témoigne devant la Commission du Mur(7) il affirme que les Arabes soulèvent pour la première fois, durant la Première Guerre Mondiale la sacralité du Mur aux yeux de l'Islam.
Selon Archer Cust, cette revendication et les actions menées par le Mufti dans l'affaire du Mur, sont de nature politique et répondent à deux objectifs(8): molester les Juifs et mobiliser le plus largement possible l'opinion publique arabe pour soutenir la lutte nationaliste. Au congrès musulman, organisé à l’instigation du Mufti à Jérusalem, le 1er novembre 1928, auquel prennent part des représentants de la Palestine mandataire, de la Syrie, du Liban et de la Transjordanie, une commission est constituée pour la défense du Bourak sacré et des Lieux saints de l'Islam. Elle initie aussitôt un mouvement de protestation arabe contre l'intention juive.
Compte tenu ces développements, le gouvernement britannique se trouve contraint d'annoncer sa position. Le 19 novembre 1928, Amery(9)fait une déclaration ayant force d’un Livre Blanc. Le document relate les faits essentiels du désaccord et l'interprétation du gouvernement sur le statu quo. En réalité, le gouvernement accepte la revendication arabe parce qu’il considère que le statut quo doit être conservé en l'état, selon le droit fixé par les Ottomans. Le gouvernement décide que selon les termes du mandat, il a obligation d'agir ainsi sans contraindre les propriétaires de l'esplanade d'accorder à la communauté juive des droits supplémentaires. Néanmoins, le gouvernement reconnaît le droit d'accès aux Juifs pour prier et son obligation d'assurer ces droits. Les Juifs ne pourront se munir que des accessoires de culte permis par les Ottomans.
En raison de l’ambiguïté des termes employés, ce texte ne fait que renforcer les difficultés. Primo, les Britanniques ne précisent pas les accessoires que les Juifs peuvent apporter au Mur selon les coutumes en usage au temps des Ottomans, secundo, comme le statu quo est qualifié dans des termes très généraux, toute la question est d’appréhender le sens du terme permitted, allowed utilisé dans ce texte : doit-on comprendre, des accessoires que les Ottomans ont autorisés officiellement, ou ceux habituellement utilisés selon un usage que les Turcs acceptaient. Selon la formule arabe, légalement, les Musulmans sont les propriétaires des lieux ; les Juifs n’y ont aucun droit, ils ne sont pas autorisés à y placer un quelconque accessoire. Les Juifs de leur côté maintiennent que le terme permitted, allowed, en réfère à la coutume d’utilisation ottomane, qu'elle résulte d’un droit officiel ou de l’usage.
1.Un des sermons parmi les plus virulents est prononcé par le Dr. Muhammad Ibrahim Madi, le 12 avril 2002 dans le PA TV (Télévision palestinienne). Le Dr Hassan Khater le fondateur de l’encyclopédie Al-Quts, affirme dans le même sens le 13 juillet 2003 sur PA TV, les paroles du prophète : « Mohammad dit que la temps de résurrection ne saurait venir tant que vous n’allez pas combattre les Juifs et tant que la roche et l’arbre ne diront pas oh musulman serveur de dieu, il y a un juif derrière moi, lève toi et tue le ». Le Dr. Muhammad Ibrahim Madi explique que tant qu’un juif se cache derrière un arbre ou un rocher, le devoir du musulman est de l’anéantir.
2.Autorité religieuse musulmane chargée en outre de gérer les biens de l’Islam.
3.Gouverneur de Jérusalem et de la Judée 1920-1926.
4.Gouverneur de Jérusalem.
5.Tribunal islamique.
6.Du nom de la jument ailée que selon la tradition, Mahomet aurait attachée au Mur des Lamentations avant son voyage nocturne.
7.International Commission on the Wailing Wall.
8.Colonial N° 48, 1930. Minutes of Evidence, I, p. 74, 254.
9.Ministre des Colonies (1924-1929).
Le Kotel haMaaravi en 1870 :
Les Musulmans expriment leur mécontentement face à l'attitude des Britanniques qu'ils estiment pro sioniste. Afin de proclamer encore leur propriété sur le Mur des Lamentations et d’accentuer la pression sur le gouvernement britannique pour le contraindre d’accepter leurs revendications, les Musulmans entament une série de provocations au Mur pour agacer et importuner les Juifs pendant la prière. Ils vont jusqu'à ouvrir un passage en prolongement du Mur occidental. L'espace qui avait l'aspect d'une cour fermée, se réduit alors à celui d’une ruelle avec l'ouverture du passage.
Par ce nouvel acte, les Musulmans sont certains non seulement d'importuner les Juifs, mais aussi, de pouvoir les accuser de perturber un passage public en plaçant des bancs et des sièges. On constate ainsi que les Musulmans utilisent dès qu'ils peuvent, aussi bien la sensibilité religieuse que le droit public. Les Juifs considèrent alors que ces actes constituent un danger pour le maintien de l'ordre et une violation du statu quo, ils exigent que les autorités interviennent et les arrêtent immédiatement. L'intensification du différend et les tensions conduisent à une intervention gouvernementale sans délai, même si le Colonial Office est hésitant.
Sir John Robert Chancellor, remplace Herbert Charles Plumer au poste de Haut-commissaire en Palestine. Il prend ses fonctions début décembre 1928 et se trouve très vite au centre du différend judéo-musulman sur la question du Mur. Les Juifs réitèrent leur demande du respect du statu quo comme au temps des Ottomans et de l’application des termes de l'article 13 du mandat. Chancellor adopte, alors, une position claire dans le conflit et décide que le terme permitted, allowed, qualifiant le statu quo. Il fait référence aux règles appliquées officiellement par les Ottomans et non à celles qui étaient officieusement en usage(10).
Bien que Londres ne lui donne aucune autorisation pour faire une telle déclaration publique, Chancellor ne cache pas aux Arabes ses opinions dans cette affaire (11) Il va jusqu'à demander aux Grands Rabbins d'apporter des preuves sur les coutumes et les accessoires que les autorités ottomanes leur permettaient de laisser sur l'esplanade (12) La réponse tarde à arriver. Chancellor conclut devant le Mufti, que les Juifs n'apportent pas de preuves pour alléguer leurs revendications et que les réclamations arabes sont donc licites. Présenter l'affaire de cette façon n'a pu que convaincre les dirigeants arabes du soutien de Chancellor. Cette prise de position de Chancellor, démontre une partialité bien curieuse : ni lui, ni les Britanniques ne demandent aux Musulmans d'apporter les preuves sur lesquelles ils fondent leur propriété sur le Mur. Pourtant, selon Archer Cust, les Musulmans ne revendiquent la sacralité du Mur que depuis la Première Guerre. On pourrait conclure, naïvement peut être, qu’une revendication constitue en espèce un acte de propriété.
Les Musulmans ne désarment pas, ils veulent gagner encore du terrain dans leur action nationaliste. Manifester leur refus face aux demandes juives et britanniques, leur permet d'obtenir des concessions face à leurs exigences, ainsi que le soutien des couches populaires arabes et celui de Londres, comme dans le passé. Leur réaction s'avère être une position anti-sioniste récurrente, qui a pour objectif de soustraire tout droit aux Juifs en Israël et de pondérer le mandat fondé sur la Déclaration Balfour et la promesse britannique de participer à l'établissement du Foyer juif. En outre, les Arabes exigent l'établissement d'un gouvernement national arabe représentatif en Palestine.
La réponse britannique tarde à venir non parce que le ministère des Colonies soutient les revendications juives, mais essentiellement, par peur que la signification donnée par Chancellor au statu quo, n'ait aussi des conséquences sur les positions des chrétiens vis-à-vis des Lieux saints. Leurs droits s'exercent comme pour les Juifs, selon le statu quo et non selon des textes légaux. C'est pourquoi le gouvernement britannique préfère, après une analyse de la question, abandonner le terme « statu quo » et revenir aux termes de droits existants (existing rights) de l'article 13 du texte mandataire. Cet article a été étendu non seulement aux droits d'autorité légale (statutory authority) mais aussi aux droits prescriptibles reconnus comme d'usage selon des coutumes qui n'ont pas été contestées jadis (prescriptive rights). Après les élections de juin 1929, remportées par les travaillistes, un nouveau gouvernement est constitué avec à sa tête James Ramsay MacDonald qui nomme au ministère des Colonies, Sidney J. Webb Passfield. La réponse à l'interprétation du statu quo est bloquée à nouveau à Londres, pour finalement être adressée, fin juin, à Harry Luke, remplaçant du Haut-Commissaire.
Le Conseil Supérieur Musulman ainsi que le Mufti traduisent l'hésitation de Londres comme un résultat de la pression sioniste. Ils concluent qu'il faut intensifier les pressions sur Londres pour l'obliger à publier des recommandations officielles sur le statu quo selon leurs exigences et les légaliser dans l'esprit d'un Livre Blanc. Pour cela, ils intensifient les travaux de construction dans la zone de l'esplanade du Mur ainsi que leurs actions de provocation contre les sionistes à qui ils prêtent l’intention de porter atteinte aux Lieux saints de l'Islam.
La contre-réaction juive ne tarde pas à se manifester. Des Conseils pour la défense du Mur sont institués un peu partout dans les villes, afin de rendre publiques les contrevérités arabes sur les intentions juives et d'appeler l'opinion publique mondiale à se mobiliser contre l'atteinte des droits juifs sur le Mur perpétrés par les Britanniques et les Arabes. Les Conseils, avec à leur tête des personnalités de renom comme le journaliste Itamar Ben Avi (fils d'Eliezer Ben Yehouda) incitent même au soulèvement contre les institutions sionistes qui préconisent la modération et s'abstiennent de réagir avec force pour la défense des droits juifs sur le Mur. « Si nous optons pour le silence ou le soutien à la diplomatie de nos dirigeants sionistes, nous perdrons alors la dernière survivance de notre édifice national le plus cher - le Mur des Lamentations », écrit I. Ben Avi dans son journal Doar Hayom, le 12 août 1929 (Elyada 2006).
Cette réaction juive à la provocation arabe sert plutôt les objectifs du Mufti et du Conseil Supérieur Musulman, qui cherchent à mobiliser les Arabes dans leur lutte contre les sionistes en lui conférant une justification religieuse. La réaction juive légitime l'appel lancé aux fidèles musulmans pour protéger leurs Lieux Saints contre les sionistes. L'effervescence sur la question du Mur s'intensifie dans les deux camps mais elle n'inquiète pas plus les autorités britanniques.
Cependant, mi-août 1929, les tensions judéo-arabes à Jérusalem atteignent leur apogée. Une rumeur se propage au sein de la communauté juive laissant croire que les Britanniques interdisent momentanément la prière au Mur. Des réunions et des manifestations de protestation sont organisées la veille du 9 av (13)(14 août 1929) par les Conseils juifs pour le Mur et les révisionnistes, elles se soldent par une marche vers le Mur le soir même et le 15 août. Le lendemain, le 16, les autorités autorisent une manifestation arabe au Mur. A la fin de la prière à la mosquée Al Aqsa, la foule envahit le Mur, détruit les accessoires de culte juif, brûle des livres de prière et frappe des fidèles juifs qui priaient. En laissant faire les manifestants, Charles Luke, qui a remplacé le Haut-commissaire Chancellor, manifeste un manque total de maîtrise et de responsabilité face aux événements qui engendrent les vagues de violences tragiques du 23 août 1929.
Le samedi 17 août, la tension monte encore d'un cran, lorsqu’Avraham Mizrahi, un jeune juif de 17 ans pénètre dans la cour d'une maison arabe près de Lifta, pour récupérer un ballon. Il est, alors, gravement poignardé et décède trois jours plus tard. A la suite de cet incident, des Juifs blessent un passant arabe dans le même quartier. La police fixe une série d'interdictions pour le déroulement de l'enterrement du jeune juif, mais l'enterrement se transforme en manifestation. La police intervient, charge les participants, 28 personnes sont blessées. Luke, réalisant sans doute la gravité de la situation et le risque de dégradation, tente, le lendemain vendredi 23, d'apaiser la tension selon les conseils de l'avocat Shalom Horovitz. Luke invite chez lui des représentants juifs et arabes afin de formuler un appel commun au calme entre les deux communautés, une sorte de cessez-le-feu. Cette initiative est vaine, les deux parties n'arrivent pas à un accord. Une nouvelle rencontre est fixée au lundi 26. Elle n'a jamais eu lieu en raison des évènements qui dégénèrent le lendemain, vendredi 23 août 1929.
10 Public Record Office, Colonial Office London Files 733/160/51540 III, Chancellor to Amery.
12Colonial N° 48 (1930) II page 1106-1108.
13Colonial N° 48 pg. 1056, 1058, 1060.
14Jour de la commémoration de la destruction du Temple juif à Jérusalem.
Lire la deuxième partie > La Première Intifada - 1929 (2/2) - Rumeurs et instrumentalisation religieuse du conflit israélo-palestinien Par le Dr Claude TENCER
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