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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 10:29

 

 

Les révoltes en Syrie et la fin du baathisme
Lundi, 18 Avril, 2011

Par Jean-Sylvestre MONGRENIER, Chercheur associé à l’institut-thomas-more, Chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis).

En dépit de la répression menée par le régime de Bachar Al-Assad, la Syrie bascule à son tour dans une situation insurrectionnelle. L’effondrement de ce régime serait la conséquence logique de l’épuisement du baathisme et de l’échec historique du nationalisme arabe. En Syrie comme dans l’ensemble de la région, le découpage politico-territorial issu du « désordre post-ottoman » pourrait être menacé. Un bref retour sur la Syrie s’impose donc.

La Syrie est un État du Proche-Orient situé sur cet espace que le géographe Yves Lacoste nomme « isthme syrien », entre Méditerranée orientale et golfe Arabo-Persique (« Syrie » renvoie à l’« Assyrie » de l’Antiquité proche-orientale). Les données démographiques et géographiques (185 000 km² ; 22 millions d’habitants), plus encore la situation géopolitique, en font un pays clef, au cœur des équilibres régionaux et des complexes jeux d’alliances moyen-orientaux.

A la fin de l’Empire ottoman, la Syrie est le foyer du mouvement nationaliste arabe et la « révolte arabe » de 1916, avivée par le colonel Lawrence, est le point de départ d’un long contentieux historique avec la Turquie, contentieux aggravé par un litige territorial autour du Sandjak d’Alexandrette (un territoire concédé à la Turquie par la France, puissance mandataire, en 1939). A l’issue de la Première Guerre mondiale, Damas devait être la capitale d’un grand royaume arabe mais l’émir Faysal, fils du chérif de la Mecque (Hussein Ibn Ali, de la dynastie des Hachémites), est chassé par les armées françaises en 1920.

Les accords Sykes-Picot de 1916 qui lient Londres et Paris l’emportent donc sur la promesse d’un grand royaume arabe (les provinces arabes de l’Empire ottoman sont confiées sous la forme de mandats de la SDN à la France et au Royaume-Uni). Non sans contreparties pour les Hachémites toutefois. Réfugié à Londres, Faysal est ensuite placé sur le trône irakien, en 1921, et cette dynastie se perpétue en Mésopotamie jusqu’au 14 juillet 1958, date à laquelle le général Kassem et d’autres officiers nassériens mènent un sanglant coup d’État. En 1921, un autre fils d’Hussein Ibn Ali, Abdallah, devient émir de Jordanie, ensuite érigée en royaume (1946). Dans l’intervalle, la dynastie des Hachémites perd La Mecque, prise par Ibn Saoud en 1925.

Sous mandat français, l’espace syrien est divisé en quatre entités qui correspondent aux points forts de cet espace : les États de Damas et d’Alep, un État alaouite et le Djebel-Druze. Ces entités sont réunies en une sorte de confédération, en 1936, qui reste sous contrôle français. Quant au Liban, il est l’objet d’un mandat français spécifique. A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les troupes françaises évacuent la Syrie qui accède à l’indépendance (1946). Ses dirigeants soutiennent l’unification du monde arabe et c’est à Damas, en 1943, qu’a été fondé le parti Baath (Renaissance), à l’avant-pointe du panarabisme. Des sections « régionales » du Baath sont créées dans différents États arabes et la Syrie lie provisoirement son sort à l’Égypte de Nasser, dans le cadre de la République Arabe Unie (RAU), de 1958 à 1961.

Nonobstant la rhétorique unioniste, la RAU se défait et en Syrie, les coups d’État se succèdent. Au sein du Baath, le « régionalisme » l’emporte sur le panarabisme (les baathistes de Damas et de Bagdad entrent en conflit), et les défaites contre Israël affaiblissent le nationalisme arabe, l’islamisme prenant le pas dans la région. Le coup d’État du général Hafez Al-Assad, en 1970, institue un régime autoritaire et patrimonial qui s’appuie sur la minorité chiite des Alaouites (12% de la population) dans un pays multiconfessionnel (68% de sunnites et 10% de chrétiens auxquels il faut ajouter les druzes).

La géohistoire de l’isthme syrien (la province romaine de Syrie) et les représentations géographiques (le « désert de Syrie » de la géographie classique) inspirent un projet de « Grande Syrie » qui implique le contrôle géopolitique du Liban, de la Jordanie, de la Palestine, voire de la Mésopotamie. Les troupes syriennes entrent au Liban en 1976 pour y soutenir temporairement les Maronites contre les radicaux palestiniens (OLP et autres). Damas manipule ensuite les multiples antagonismes communautaires libanais et passe une alliance durable avec le Hezbollah chiite (une organisation classée comme terroriste en Occident). C’est seulement en 2005 que les Syriens évacueront le Liban, sous pression de la France, des États-Unis et de l’ONU.

Au cours des années de Guerre froide, Hafez Al-Assad s’appuie sur l’URSS, prend la tête du « front du refus » contre Israël, suite au traité de paix israélo-égyptien signé en 1979, et s’allie au régime islamique iranien contre l’Irak (voir la guerre Irak-Iran, 1980-1988). Lors de la guerre du Golfe (1991), la Syrie est partie prenante de la coalition mise sur pied par les États-Unis pour chasser les armées de Saddam Hussein du Koweït. Hafez Al-Assad met à profit ce contexte géopolitique pour renforcer son emprise sur le Liban, avec l’accord tacite de l’Arabie Saoudite mais aussi des Occidentaux.

En 2000, Hafez Al-Assad meurt et son fils, Bachar Al-Assad, lui succède. Il est présenté comme un réformateur, notamment en France où le jacobinisme à la syrienne a ses émules, mais la libéralisation politique ne suit pas une ouverture économique sélective et sous contrôle. L’ « Infitah » (l’ouverture) est confisquée par les clans au pouvoir. En 2003, le renversement de Saddam Hussein et la possible dislocation de l’Irak semblent ouvrir des perspectives au projet de Grande Syrie mais l’attentat contre Rafic Hariri (2005), le premier ministre du libanais, et les pressions internationales (résolution 1559) contraignent Damas à évacuer le Liban, non sans violences (les attentats dirigés contre les personnalités politiques libanaises jugées anti-syriennes sont nombreux).

Suite à ce départ précipité, le régime syrien y perd en légitimité intérieure et il est privé d’une partie des ressources qui alimentent le clientélisme politique, sans que le rapprochement diplomatique avec la Turquie post-kémaliste (voir la « diplomatie multivectorielle » de Davutoglu, ministre des Affaires étrangères d’Erdogan) ne puisse compenser cet affaiblissement.

Depuis quelques semaines, les « révoltes arabes » font sentir leurs effets jusqu’en Syrie où le principe et les pratiques du régime sont contestés. A proximité de la frontière avec la Jordanie, la ville de Deraa est l’épicentre de la contestation mais celle-ci a rapidement gagné d’autres centres urbains, sur le littoral de Méditerranéen orientale (voir le port de Lattaquié, entre autres villes), avec des effets jusque dans la capitale.

Il est difficile de penser que les tardives concessions du pouvoir en place suffisent à apaiser la situation politique intérieure. En Syrie comme dans d’autres États du monde arabe, c’est un mouvement de fond qui est amorcé. Dans le cas syrien, la multiplicité des clivages ethno-confessionnels fait redouter une remise en cause de l’ordre politico-territorial. C’est à des bouleversements d’ensemble qu’il faut donc se préparer.

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 03:36

 

 

Géostratégie/Le Qatar comme pivot géopolitique
Lundi, 11 Avril, 2011

Picture-Mongrenier-2-Avril2011Par Jean-Sylvestre MONGRENIER, Chercheur associé à l’Institut Thomas Morei, Chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis).

Le 13 avril prochain, le « groupe de contact » mis sur pied à Londres pour conduire les efforts internationaux visant à définir le futur de la Libye se réunira à Doha. L’engagement du Qatar dans la coalition appelle l’attention sur ce pivot géopolitique dans le golfe Arabo-Persique comme dans le Grand Moyen-Orient. Ce fait souligne l’importance critique de la région pour l’Occident.

Situé dans le golfe Arabo-Persique, le Qatar forme une péninsule de 11 437 km², peuplée d’environ 2 millions d’habitants (1). Ce territoire est une sorte d’appendice de la vaste péninsule Arabique, avec l’Arabie Saoudite au Sud-Ouest et les Emirats Arabes Unis au Sud-Est (les problèmes de délimitation avec l’Arabie Saoudite n’ont été réglés qu’en 1965). Historiquement, le site est important pour la pêche des perles, une activité essentielle sur les rivages du Golfe, objets de guerres et razzias avant que Londres n’y mette bon ordre (2). C’est un négociant en perles, Muhammad Al-Thani, qui, au milieu du XIXe siècle, fonde une dynastie à Doha. Il bénéficie de l’aide des Anglais avec lesquels un traité est signé, en 1868, tout en préservant sa marge de manœuvre du côté de la « Sublime Porte » dont les forces armées contrôlent le littoral du Hassa (3). Le 29 juillet 1913, un accord anglo-ottoman est signé avec pour objectif de délimiter les zones d’influence dans la région et d’éviter que la tribu des Saoud n’absorbe le Qatar.

A cette date, les classiques disputes territoriales, rivalités d’influence et de puissance sont renouvelées par les enjeux pétroliers. L’Anglo-Persian Oil Company (APOC) est active dans l’Empire Perse depuis le début du siècle et que la Home Fleet passe au diesel en 1913. La Grande Guerre met au jour l’importance de l’ « or noir » (les « larmes d’Allah ») dans la géostratégie mondiale et un traité anglo-qatari, signé le 3 novembre 1916, précise la nature des liens pétroliers et sécuritaires entre la métropole impériale et son protectorat local (aucune concession pétrolière ne peut être accordée par le Qatar sans le consentement de Londres qui garantit sa sécurité). L’APOC explore la zone et c’est en 1932 que le pétrole jaillit, peu avant que la Standard Oil Company of California (SOCAL) n’obtint de l’Arabie Saoudite l’autorisation d’explorer le littoral du Hassa (4).

Jusqu’au retrait des armées britanniques de ses bases à l’est de Suez, annoncé en 1968 et effectif en 1971, le Qatar demeure sous la protection de Londres. Il accède ensuite à l’indépendance et apparaît comme l’une de ces « pétromonarchies » du Golfe placées sous la protection de Washington qui, vaille que vaille, a pris le relais de Londres dans cet espace névralgique pour l’approvisionnement énergétique mondial et la libre circulation des flux (5). Plus encore que de pétrole, le Qatar est un très grand producteur de gaz, doté des troisièmes réserves mondiales (14%), après l’Iran (15%) et la Russie (25%). Avec 30% de la production mondiale de GNL (gaz naturel liquéfié), cet émirat se place au tout premier rang dans ce secteur qui bouleverse le marché du gaz (en plus du gaz de schiste, une énergie qui en 2009 a fait des Etats-Unis le premier producteur mondial). L’activité du Qatar dans l’exploitation du gaz fait contraste avec le retard pris par l’Iran qui, en dépit de ses réserves, doit importer des volumes depuis l’Azerbaïdjan ou le Turkménistan.

 

 

Un “hub” ouvert sur le monde

Au pouvoir depuis qu’il a supplanté son père, en 1995, l’émir Hamad bin Khalifa Al Thani a lancé un processus de réformes sociales et politiques. Dès 1999, l’élection d’un Conseil communal est organisée et l’accès aux fonctions électives est ouvert aux femmes. En 2003, une constitution est adoptée et elle institue un est en vigueur depuis 2005 et les membres du Conseil consultatif, le Majlis Al-Choura, sont élus au suffrage universel direct pour les deux-tiers d’entre eux (30 sur 45), l’émir désignant l’autre tiers. Les libertés de la presse, d’association et de culte sont reconnues par la Constitution et une église catholique a été consacrée le 14 mars 2008. Le fait n’est pas fréquent dans le golfe Arabo-Persique – voir la politique de l’Arabie Saoudite en la matière-, et il doit donc être souligné.

Puissant exportateur d’hydrocarbures, l’émirat du Qatar est à la tête d’abondantes ressources financières gérées par un fond souverain et diverses structures de ce type. Le Qatar Investment Authority est fortement présent sur le London Stock Exchange et il est à l’origine d’importants investissements à Canary Wharf, le quartier d’affaires bâti dans l’East London, au cœur des anciens docks. L’argent qatari irrigue aussi la place de Paris, où est situé son « Conseil supérieur des investissements », et l’ensemble boursier New York Stock Exchange-Euronext a noué une association avec la bourse de Doha (NYSE-Euronext détient 20% de cette entité boursière). Plus généralement, les capitaux issus de la vente d’hydrocarbures financent des infrastructures, des centres de recherche, des universités et la Coupe du Monde de football qui sera organisée au Qatar en 2020 sera l’occasion de mettre en valeur les investissements réalisés dans le tertiaire supérieur.

La création de la chaîne Al-Jazeera, en novembre 1996, illustre la volonté de réformer le pays, d’en faire un « hub » dans les réseaux d’information qui innervent le monde globalisé mais aussi de contrebalancer l’influence de l’Arabie Saoudite dans le monde arabe et musulman (l’émir du Qatar est le propriétaire de la chaîne). Al-Jazeera émet 24 heures sur 24 au Moyen-Orient et en Europe, d’où l’appellation de « CNN arabe », et contribue à la formation d’un espace public dans la région, voire au-delà (6). La version anglaise d’Al Jazeera est lancée en 2006 et la chaîne devrait prochainement ouvrir des bureaux à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, pour couvrir les Balkans (une version en langue française, destinée à relayer les positions qataries en Afrique occidentale et dans la « francophonie », serait à l’étude). L’accueil de dirigeants du Hamas et du Djihad islamique lors de la seconde Intifada, en 2000, la couverture du conflit en Afghanistan l’année suivante et la diffusion des vidéos de propagande envoyées par Oussama Ben-Laden lui confèrent plus de visibilité mais suscitent aussi diverses accusations et reproches (7). Le rôle joué par Al-Jazeera dans les « révoltes arabes » amorcées en 2010 (l’emphatique « Printemps arabe ») est souligné par bien des observateurs, des événements qui ne sont pas sans conséquences dans l’environnement proche du Qatar (8).

 

 

Une plate-forme de projection au Moyen-Orient

Le Qatar est membre du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe (CCG) depuis sa fondation, en 1981, et participe du système de projection de puissance des Etats-Unis au Moyen-Orient, système destiné à assurer la protection de ses alliés, endiguer le pouvoir chiite iranien dont la volonté de puissance inquiète les régimes arabes-sunnites, sécuriser les flux d’hydrocarbures au départ du golfe Arabo-Persique et garantir les approvisionnements mondiaux (9). Tout en conservant des relations à peu près correctes avec l’Iran, le Qatar accueille le Centre des opérations aériennes américaines dans la région ainsi qu’un état-major avancé du Central Command, le grand commandement américain (situé à Tampa, en Floride) qui couvre le Moyen-Orient et l’Asie centrale, et assure donc la direction des opérations en Irak comme en Afghanistan.

Sur le plan des ventes d’armes, le Qatar n’est pas une « chasse gardée » anglo-américaine. Son armée est équipée aux quatre-cinquièmes par des industriels français de l’armement notamment EADS qui met en place le « Bouclier de sécurité national » (un système de surveillance des frontières et de plates-formes d’exploitation des hydrocarbures). Ces liens qui pourraient déboucher sur de nouveaux contrats dans le domaine de la guerre électronique et des systèmes antimissiles ont leurs prolongements au plan diplomatique et sécuritaire. En 1994, la France et le Qatar ont signé un accord de défense et c’est dans ce cadre qu’un Haut Comité mixte a été mis en place, une structure de consultation et de coordination essentielle entre les deux pays. Dans le domaine de la diplomatie, on rappellera le rôle joué par l’émir du Qatar dans la libération des infirmières bulgares, en bonne intelligence avec Nicolas Sarkozy (2007).

C’est une politique d’équilibre que le Qatar pratique dans l’ensemble du Grand Moyen-Orient et au-delà : variations avec la Russie et l’Iran autour d’une possible troïka gazière (une « OPEP du gaz ») alors que l’affolement des marchés énergétiques bouscule les consommateurs occidentaux ; participation aux interminables négociations libanaises sur les coalitions politiques internes ; liaisons avec les mouvements palestiniens les plus radicaux tout en accueillant une représentation diplomatique israélienne à Doha. Par-delà ces complexes jeux de pouvoir et d’influence, l’affaire libyenne met en évidence les liens étroits du Qatar avec les principales puissances occidentales, la France en tout premier lieu. L’émir du Qatar a activement soutenu les efforts français pour mettre sur pied la coalition contre le régime de Kadhafi et il est le seul pays arabe, avec les Emirats Arabes Unis, à déployer des moyens militaires sur le théâtre libyen, là où l’armée égyptienne fait défaut (10). Le souci de gestion des équilibres n’est pas le non-alignement.

 

 

Le Golfe, zone névralgique et stratégique

L’engagement diplomatique et militaire du Qatar en Libye, renforcé par la reconnaissance du Conseil national de transition et l’achat du pétrole qu’il exporte (un mode de financement a été mis sur pied), ne saurait s’expliquer par les liens de type tribal entre l’émir et les groupes en révolte de Benghazi ou une sorte de vendetta géopolitique à l’encontre de Kadhafi, honni dans le monde des dirigeants arabes en raison de ses frasques et provocations répétées.

Dans cette aire géopolitique qui craque de toutes parts, avec des menaces ouvertes à proximité immédiate, le Qatar et plus généralement les pays du Golfe ont besoin de consolider leurs liens diplomatiques et militaires avec les puissances occidentales. En contrepartie, il ne semble pas souhaitable d’attendre une hypothétique « Union pour la Grande Méditerranée » pour travailler au renforcement du dispositif occidental dans une région éminemment stratégique.

 

 

Notes

(1) Seuls le cinquième de cette population a la citoyenneté qatarie, le plus grand nombres étant constitué de résidents temporaires.

(2) Les Anglais dominent la zone après trois siècles de présence portugaise et de rivalités européennes. Alfonso de Albuquerque s’empare d’Ormuz en 1507 et les Portugais mettent en place un réseau de forts et de citadelles. En 1529, ils sont à Bassorah où ils se heurtent à l’avancée de l’Empire ottoman. Un siècle plus tard, ils subissent les assauts de l’Empire perse (les Séfévides) alors que les puissances maritimes du Nord-Ouest européen – Anglais, Hollandais et Français – s’affirment dans le golfe Arabo-Persique. La Pax Britannica commence avec un traité négocié et garanti par Londres, le « traité général de paix » signé en 1820 par les cheikhs de la « côte des pirates » qui devient la « côte de la Trêve ». Les Anglais se posent en puissance arbitrale et garantissent l’ordre nécessaire à l’activité perlière.

(3) Le littoral du Hassa est aujourd’hui placé sous la souveraineté de Riyad. L’essentiel des populations chiites d’Arabie Saoudite (20% de la population totale) se trouvent dans la région ainsi que les principaux gisements pétroliers du royaume. Cette région est voisine de Bahreïn, un émirat peuplé à 70% de chiites dont l’existence en tant qu’Etat indépendant est remise en cause par les menaces du régime iranien chiite. Le 14 mars 2011, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, dans le cadre des accords de sécurité qui lient les Etats membres du Conseil de Coopération du Golfe, ont envoyé des unités de soldats et de policiers à Bahreïn où le souverain a décrété l’état d’urgence. Sur l’importance de cette question, voir Antonin Tisseron, « Bahreïn, un confetti au centre des luttes d’influence dans le golfe Arabo-Persique », Institut Thomas More, avril 2011.

(4) C’est à cette époque que se nouent l’étroite relation entre Riyad et Washington qui conduit au Pacte du Quincy, conclu entre Franklin D. Roosevelt et Ibn Saoud (14 février 1945).

(5) Sur cette question, voir Jean-Sylvestre Mongrenier, « La politique de défense britannique et le spécial relationship anglo-américain », Institut Thomas More, Tribune n° 26, mai 2010.

(6)  Le noyau initial des journalistes d’Al-Jazeera provient de BBC Television.

(7) En 2003, la chaîne Al-Arabiya a été fondée avec Dubaï, avec des financements saoudiens, afin de limiter l’influence d’Al-Jazeera dans le monde arabe. D’autres chaînes d’information en langue arabe ont été lancées par les États-Unis (Al-Hurra, 2004), l’Iran (Al-Alam, 2003), le Royaume-Uni (BBC TV Arabic, 2008), la France (France 24 en arabe, 2007), la Russie (Rusiya al-Yaum, 2007) et la Turquie (TRT 7, 2010).

(8) Sur le positionnement d’Al-Jazeera et les révoltes arabes, au regard de leurs retombées dans le golfe Arabo-Persique, voir Claire-Gabrielle Talon, « Al-Jazeera à l’épreuve du Qatar », Le Monde, 12 avril 2011.

(9) Le Conseil de Coopération des Etats arabes du Golfe (CCG) regroupe tous les Etats de la péninsule Arabique (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Qatar, Oman), à l’exception du Yémen. Il est fondé le 26 mai 1981, avec l’appui diplomatique et les encouragements des Etats-Unis qui cherchent à promouvoir un système de sécurité régional permettant de pallier le retrait des forces britanniques déployées à l’est de Suez (1971) et la « perte » de l’allié régional iranien (révolution islamique et effondrement du régime impérial, 1979). La mise en place du CCG se fait avec, en arrière-plan, le conflit Iran-Irak (1980-1988). L’objectif affiché est de créer un marché commun mais des accords de sécurité sont signés dès 1982 et des manœuvres militaires (« Bouclier de la Péninsule ») sont régulièrement organisées entre les forces armées des pays membres. Le CCG dispose d’un Conseil suprême des chefs d’Etat et de gouvernement, d’un Conseil des ministres, d’un Secrétariat général, situé à Riyad, et d’un Comité de conciliation pour régler les différends internes. Les décisions au sein des instances du CCG se prennent à l’unanimité.

(10) Les avions du Qatar sont déployés sur la base OTAN de Souda, en Crète. Ils sont soutenus par des moyens militaires et logistiques français. En contrepoint, soulignons l’ambivalence de l’armée égyptienne et du gouvernement de transition. D’une part et en dépit des liens historiques de l’Egypte avec la Cyrénaïque, les autorités politiques ont pris soin de rester à l’écart de l’affaire libyenne. D’autre part, après avoir autorisé le passage de deux bâtiments de guerre iraniens par le canal de Suez, Le Caire a fait connaître sa volonté d’instaurer des rapports cordiaux avec Téhéran.

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 03:33

 

 

Bahreïn / Géostratégie: un confetti au centre des luttes d’influence dans le golfe Arabo-persique
Mardi, 12 Avril, 2011

Par Antonin TISSERON, Chercheur associé à lInstitut Thomas More.

Alors que la tension semble redescendre à Bahreïn après un mois de manifestations dans la capitale, l’intervention d’une force conjointe saoudienne et émiratie a rappelé que ce royaume se trouve au centre d’enjeux régionaux plus vastes. Derrière la nécessaire refondation des relations entre la famille royale et les habitants de Bahreïn, le golfe Arabo-persique est le théâtre d’une lutte d’influence opposant les monarchies sunnites, regroupées au sein du Conseil de coopération des États du Golfe, à l’Iran. La montée en puissance de Téhéran et ses ambitions régionales constitue en effet une source de préoccupation, partagée par les États-Unis et l’Alliance atlantique. Devant le risque de voir les logiques de radicalisation prendre le dessus, des réformes politiques à Bahreïn s’avèrent plus que jamais nécessaires et le meilleur moyen de limiter l’influence iranienne auprès des populations chiites, à Bahreïn mais aussi dans les autres monarchies du Golfe.

 

Le 14 février dernier, la police bahreïnie dispersait des manifestants dans plusieurs villages chiites, entraînant la mort d’un jeune homme à Diya, à l’est de la capitale Manama. Le lendemain, plusieurs milliers de personnes descendaient dans les rues de la ville pour assister aux obsèques de la victime et demander des réformes politiques. Durant cette deuxième journée, un autre manifestant était tué lors de la dispersion d'un rassemblement. En réaction, les députés du parti chiite Al-Wifaq – le principal parti d’opposition avec 18 sièges sur 40 – suspendirent leur participation au Parlement tandis que des manifestants commençaient à se rassembler sur le rond-point de la Perle puis à s’y installer. Derrière ce vent de révolte aux racines locales, l’arrivée de militaires saoudiens et de policiers émiratis rappelle cependant que Bahreïn est au centre des luttes d’influence entre puissances dans le golfe Arabo-persique et occupe une place stratégique pour les acteurs de la région.

 

 

Bahreïn et la tectonique de la contestation

Les manifestations à Bahreïn renvoient en premier lieu à la révolution tunisienne. Celle-ci a en effet produit une onde de choc en Afrique du Nord et au Moyen Orient, donnant l’espoir de voir des réformes entamées. L’irruption de manifestants à Bahreïn n’est ainsi, dans cette perspective, que la résultante d’autres mouvements de contestation, qui ont réussi à obtenir le renversement du pouvoir en place et donné l’espoir de voir un monde meilleur se construire sous la pression populaire. À l’heure de la mondialisation et des réseaux sociaux virtuels déterritorialisés, les émotions circulant d’un continent à l’autre et se nourrissant, il est probable que sans les précédents tunisien et égyptien les manifestations à Bahreïn n’auraient pas atteints l’ampleur rencontrée.

Si cette résonnance locale d’événements régionaux ne doit pas être ignorée, la révolution tunisienne n’a cependant fait que réactiver des logiques d’opposition anciennes, donné de la résonnance à ce qui s’annonçait comme une journée de colère destinée à « fêter » le dixième anniversaire du référendum du 14 février 2001 sur la mise en place de réformes politiques et d’une monarchie constitutionnelle. Les récentes protestations à Bahreïn s’insèrent en effet dans une histoire plus profonde des révoltes dans le royaume. De 1994 à 1999, l’île de Bahreïn, alors émirat, est secoué par une insurrection qui fait près d’une centaine de morts en cinq ans et prend fin avec la décision du roi Hamad Al Khalifa, arrivé au pouvoir en mars 1999 après le décès de son père, de libérer les prisonniers politiques, de décréter une amnistie permettant le retour des exilés, de rétablir une constitution et d’autoriser le pluralisme politique. Plus récemment, la première moitié de l’année 2010 est le théâtre de plusieurs mois de manifestations marqués notamment par l’arrestation de 25 opposants au régime (1).

Les racines de la contestation à Bahreïn sont à la fois politiques, sociales et communautaires (2). À la suite du référendum du 14 février 2011, à l’issue duquel la Charte d’action nationale avait été très massivement approuvée, le roi avait assuré la population qu’une commission constitutionnelle proposerait des amendements à la Constitution de 1973 et que le Parlement exercerait seul le pouvoir législatif. Cependant, en février 2002 le roi promulgua sans consultation populaire une nouvelle constitution en vertu de laquelle il contrôle étroitement le pouvoir. Ainsi, le Parlement est constitué d’une Assemblée nationale bicamérale dont quarante membres (les députés) sont élus, mais dont quarante autres (les membres du Conseil consultatif) sont désignés par le roi. En cas de divergence entre les deux chambres, le roi dispose également de la possibilité d’exiger l’adoption d’une loi à la majorité des deux tiers des deux Chambres, tout comme il peut amender lui-même la Constitution et légiférer par décret.

D’un point de vue social, Bahreïn est confronté à la nécessité de créer du travail pour une population jeune importante. Selon le recensement de 2001, les personnes sans emploi seraient un peu moins de 17 000. Sept années plus tard, en juillet 2008, le ministre du Travail déclarait que le nombre de personnes sans emploi s’élevait à un peu plus de 4 000 personnes. Les chiffres réels sont cependant considérés comme bien plus importants. Le chercheur Steven Wright estimait, dans un rapport publié en 2008, que 15 à 30% des personnes en âge de travailler n’avaient alors pas d’emploi, auxquels s’ajoutaient les personnes dont l’emploi était sans mesure avec leur niveau de qualification (3). Cette situation sociale est aggravée par le ressentiment des chiites, majoritaires à Bahreïn – ils constitueraient entre 60 et 70% des 1,1 millions d’habitants (4) –, contrairement aux autres monarchies du Golfe. Plusieurs métiers, notamment dans le domaine de la sécurité, sont ainsi fermés à ces derniers. Dans le domaine politique, le découpage des districts pour les élections législatives ne correspond également pas à l’importance démographique des régions et des mesures ont, de par le passé, été prises pour naturaliser des sunnites jordaniens, syriens ou encore yéménites.

 

 

L’Iran au cœur de la grammaire régionale

La présence d’une majorité de chiites n’est pas la seule spécificité de Bahreïn. L’île abrite le quartier général de la Ve flotte américaine à Manama, dont les navires croisent dans la mer Rouge et l’océan Indien afin de sécuriser les routes d’approvisionnement en pétrole des États-Unis. Située à environ 240 kilomètres des côtes iraniennes, cette base constitue également un outil de surveillance du golfe Arabo-persique (5). Il s’agit à la fois de sécuriser la première région productrice de pétrole et les routes maritimes commerciales reliant l’Asie du Sud et de l’Est à l’Europe, mais aussi d’endiguer les ambitions iraniennes dans le monde arabe. La France et l’OTAN ont d'ailleurs aussi renforcer leur positionnement dans cette région stratégique. Paris a ouvert une base à Abou Dhabi et l’Initiative de coopération d’Istanbul, lancée lors du sommet de l’Alliance atlantique de juin 2004, propose une coopération pratique entre les pays du Conseil de coopération des États du Golfe qui le souhaitent et l’OTAN (6).

L’évolution politique interne iranienne et la politique étrangère de ce pays constituent en effet une source de préoccupation, dont le programme nucléaire n’est que le principal élément. Depuis la mort de l’imam Khomeiny et l’abandon de ses prises de position purement idéologiques – l’Iran se voulait alors le leader mondial de la révolution islamique au nom du pan-chiisme –, l’Iran a en effet développé avec efficacité son influence vers le Golfe, le Moyen Orient, l’Asie Centrale, le Caucase ou encore le Sahel, tout en poursuivant son soutien au militantisme islamique et son combat contre « l’impérialisme américain » et Israël. Ainsi, parallèlement à l’appui apporté aux chiites libanais, l’Iran soutient le Hamas palestinien et même des Talibans sunnites. De jeunes afghans seraient autorisés à franchir la frontière avec l’Iran, puis entraînés avant de retourner en Afghanistan combattre les forces de la coalition (7). Face à ce volontarisme iranien et devant les risques de déstabilisation, en mars 2001, les six pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) décidaient d’ériger un système d’alerte avancée par radars pour se prémunir d’attaques par missiles. Comme le faisaient remarquer en mars 2009 le roi d'Arabie saoudite, Abdallah bin Abdelaziz au conseiller de la Maison Blanche pour l'antiterrorisme : « on ne peut pas faire confiance aux Iraniens. […] L'objectif de l'Iran est de causer des problèmes » (8).

L’arrivée à Bahreïn le 14 mars, dans le cadre du Conseil de coopération des États arabes du Golfe, de 1 000 soldats saoudiens et 500 policiers émiratis (9), se replace dans ce contexte de montée en puissance iranienne et d’opposition entre les monarchies sunnites et Téhéran. Il faut empêcher le petit royaume allié, en première ligne, de basculer dans l’orbite de l'Iran (10). Nombre de religieux chiites exerçant dans le royaume ont en effet été formés dans ce pays. De plus, si en 1971 le Chah d’Iran annonçait officiellement renoncer aux revendications iraniennes sur l’île de Bahreïn, la conviction que Bahreïn demeure terre iranienne – en raison notamment de la présence de populations chiites majoritaire – reste ancrée chez une partie des Iraniens. Ainsi en février 2009, Nateq Nouri, conseiller de Khamenei, affirmait que Bahreïn était une province iranienne, entraînant une rupture des relations diplomatiques entre les deux États.

Derrière cette dimension régionale, l’enjeu est d’autant plus important pour la monarchie wahhabite que les chiites d’Arabie Saoudite sont l’objet de discriminations à l’emploi (administration, armées, forces de sécurité). Même si le régime a engagé un dialogue et reconnaît un certain pluralisme religieux, le risque est ainsi pour Riyad de voir s’étendre les troubles dans la province orientale du pays, où est concentrée l’essentiel de la population chiite et des richesses pétrolières (11). Il faut donc éviter que les manifestations à Bahreïn n’entrent en résonnance avec des revendications proches sur la péninsule arabique ou, pire, qu’un succès de la rue chiite à Bahreïn ne nourrisse une dynamique contestataire forte de l’autre côté de la chaussée du roi Fahd où le réseau social Facebook s’est fait l’écho d’appel à manifester pour le changement. Tel est d’ailleurs en partie l’objet des mesures sociales annoncées par Riyad (12), d’autant que l’on estime que près de 40% des 20-24 ans saoudiens sont sans-emploi (avec des chiffres supérieurs au sein de la minorité chiite).

 

 

Regain de tensions dans le golfe Arabo-persique

Loin d’avoir apaisée la situation, l’intervention saoudienne et émiratie a fait monter d’un cran la tension dans le Golfe. Le mercredi 16 mars, l’ambassade iranienne à Manama était fermée, tandis que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad affirmait que l'intervention de forces des pays du Golfe pour mettre un terme aux manifestations populaires à Bahreïn était « un acte hideux voué à l'échec » résultant de la politique américaine dans la région. Cinq jours plus tard, dans un discours prononcé à l’occasion de la célébration du nouvel an, l'ayatollah Khamenei reprenait ces accusations tout en affirmant apporter le soutien de l’Iran à tous les mouvements de révolte. Vu de Téhéran, la non-reconnaissance des demandes des populations chiites permet de renforcer l’image d’un Iran défenseur de la rue arabe contre les tentatives hégémoniques extérieures.

Alors qu’Internet et les médias internationaux se sont fait l’écho des violences policières, l’occasion est belle. Certes, la diplomatie américaine a marqué ses distances avec l’intervention internationale à Bahreïn. Le 14 mars, l'un des porte-parole de la Maison Blanche appelait les pays de Conseil de coopération des États arabes du Golfe « à faire preuve de retenue et à agir de manière à soutenir le dialogue plutôt que de le saper ». Quant à Hillary Clinton, elle demandait quelques heures plus tard à toutes les forces engagées à Bahreïn de faire preuve de retenue. Cependant, l'Arabie saoudite et Bahreïn sont des alliés stratégiques des États-Unis dans la région (Bahreïn a reçu en 2002 le statut d’allié majeur non-OTAN) et des clients importants des entreprises d’armement américaines. D’autre part, pour Téhéran, invoquer l’ennemi de l’extérieur est un atout pour limiter les répercussions des révoltes arabes à l’intérieur des frontières iraniennes, en contribuant à souder la société derrière ses dirigeants et, ce faisant, à limiter la contestation interne. D’ailleurs, le 18 mars, le consulat saoudien à Mashhad, dans le nord-est de l’Iran, était attaqué par 700 manifestants.

À Bahreïn, l’opposition a demandé à l’Iran de ne pas intervenir. Mais malgré la dispersion des manifestants à Manama et l’établissement d’un couvre-feu, la situation demeure tendue. La contestation s’est déplacée de la place de la Perle, dont le monument a depuis été détruit, aux villages chiites de l’île. Les manifestations se poursuivent dans les villages chiites tandis que les forces de sécurité quadrillent le territoire. Étant donné l’histoire du royaume bahreïni et après les récentes violences et la radicalisation des manifestants, il est en effet peu probable de voir la situation se calmer sans réformes politiques et sans que le pouvoir ne donne des gages de sa bonne volonté aux populations chiites. Plus inquiétant, le fragile dialogue instauré entre les chiites et les sunnites a volé en éclat avec les manifestations de février et mars. Débordé par sa base, le parti Al-Wifaq a subi la surenchère de formations plus radicales, dont le parti Al-Haq, constitué de militants du Wifaq déçus par le choix du dialogue avec le pouvoir, tandis que les opposants autorisés par le roi à revenir ou libérés multipliaient les déclarations incendiaires et les appels à la violence, rejetant l'offre de dialogue avancée par le roi le 19 février et confiée au prince Salman Al-Khalifa. De leur côté, certains soutiens de la dynastie ont également haussé le ton, réclamant le 14 mars l'instauration de la loi martiale pour mettre fin au blocage de la capitale par les contestataires.

 

 

Manama au défi des réformes

Dans ce contexte, le défi est de taille pour la monarchie. La reprise du dialogue avec les chiites risque de prendre du temps. En 2002 déjà, les quatre principales formations politiques de l’opposition avaient boycotté les élections parlementaires. En cela, il semble important d’appuyer les partisans de la conciliation au sein de la monarchie, tout en crédibilisant des partis d’opposition comme Al-Wifaq afin d’éviter qu’ils ne soient durablement dépassés par une frange plus radicale, appuyée par un voisin iranien appelant à l’abolition de la monarchie. Des signaux dans ce sens ont été envoyés ces dernières semaines, mais malheureusement noyés dans une confusion des discours et des actions, avec une alternance d’appel au dialogue et de répression. La dynastie des Al-Khalifa semble en effet divisée. Tandis que l’oncle du roi, à la tête du gouvernement depuis 1971, prône les méthodes fortes avec vraisemblablement le soutien de l’Arabie saoudite, le prince Salman Al-Khalifa privilégie le dialogue (13).

Des réformes politiques sont d’autant plus importantes qu’elles contribueront à créer un climat propice à la poursuite des réformes économiques engagées par la monarchie pour faire face au sous-emploi dans le royaume et à l’arrivée de jeunes travailleurs. Malgré les réformes initiées par le Conseil de Développement économique pour réformer les lois relatives au travail, promouvoir l’éducation et la formation, et inciter les entreprises à venir s’installer à Bahreïn, l’économie reste tributaire d’un pétrole de plus en plus rare (77 % des revenus du gouvernement en 2006 étaient issus de cette ressource) et fait face à la concurrence de Dubaï, qui demeure la destination préférée des entreprises dans la région. C’est tout l’intérêt du projet de construction d’un pont de 45 km de long entre Bahreïn et le Qatar, dont le projet a été signé en juin 2006. Cette liaison est en effet considérée comme disposant du potentiel pour absorber une partie des travailleurs de Bahreïn, accentuant ainsi l’intégration économique entre les États de la région (14).

Ni Bahreïn ni le golfe Arabo-persique n’ont à se satisfaire d’une instabilité chronique et d’un renforcement des processus de radicalisation, d’autant que la question de la cohabitation entre chiites et sunnites est un fil rouge dans la région. À l’heure où le Yémen s’embrase, il y a urgence pour construire un nouveau pacte civil dans la région et instaurer une dynamique de l’espoir. Dans la lutte que se livrent les monarchies du Golfe et l’Iran, faire revivre le souffle de la Charte d’action nationale de 2001 à Bahreïn serait l’un des meilleurs moyens d’associer sécurité, stabilité et développement.

 

 

Notes

(1) À cette occasion, le gouvernement a fait arrêter les activistes qui avaient dénoncé le bilan de Bahreïn en matière de droits de la personne lors d’une assemblée publique à Londres, et suspendu la chaîne Al Jazeera après la diffusion d’un reportage sur la pauvreté dans le royaume

(2) Bahrain’s Sectarian Challenge, Middle East Report n°40, International Crisis Group, 6 mai 2005. http://www.crisisgroup.org/~/media/Files/Middle%20East%20North%20Africa/Iran%20Gulf/Bahrain/Bahrains%20Sectarian%20Challenge.ashx.

(3) Steven Whright, Fixing the Kingdom: Political Evolution and Socio-Economic Challenges in Bahrain, Center for International and Regional Studies in Qatar, 2008, p. 10.

(4) Il s’agit des chiffres pour l’année 2008 (Direction des statistiques de Bahreïn, National Accounts, édition 2009, p. 11. http://www.cio.gov.bh/cio_ara/English/Publications/National%20Account/NA2009.pdf).

(5) Les États-Unis ont également deux bases au Koweït, deux à Oman et une base aérienne et des facilités logistiques au Qatar (Marissa Alison, U.S. and Iranian Strategic Competition: Saudi Arabia and the Gulf States, CSIS, 6 décembre 2010, p. 48. http://csis.org/files/publication/101207_US_Competition_with_Iran_Saudi_Arabia.pdf).

(6) À la fin de l’année 2008, quatre États avaient répondu positivement : Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït et le Qatar. http://www.nato.int/issues/ici/index-f.html.

(7) Frédéric Robin, « Wikileaks : le jeu trouble de l’Iran sur le théâtre afghan », Le Monde, 2 décembre 2010.

(8) Natalie Nougayrède et Gilles Paris, « Wikileaks : La peur des pays arabes », Le Monde, 28 novembre 2010.

(9) Ces hommes font partie du dispositif « Bouclier de la Péninsule », force conjointe mise en place par les États du Conseil de coopération des États du Golfe (5 000 hommes en 1984, 20 000 depuis décembre 2000). Par ailleurs, les États du Golfe ont également décidé le 10 mars de créer un fonds de développement de 20 milliards de dollars pour aider Bahreïn et Oman.

(10) Bernard Gwertzman, Is Bahrain’s Regime Next to Fall, Council on Foreign Relations, 18 février 2011. http://www.cfr.org/bahrain/bahrains-regime-next-fall/p24169.

(11) 40 % des salariés de la société pétrolière saoudienne Aramco sont des chiites. À l’échelle du royaume saoudien, les chiites représentent 10 % de la population totale.

(12) Le 23 février, le roi Abdallah annonçait des mesures sociales pour un montant de 36 milliards de dollars.

(13) Dans un communiqué publié le 13 mars 2011, le prince héritier a officiellement accepté d’entamer un « dialogue national » avec l’opposition, reposant notamment sur la mise en place d’un Parlement avec un pouvoir législatif et d’un gouvernement représentant la volonté du peuple. Le prince s’est également déclaré favorable à un redécoupage des districts pour les futures élections législatives et à des discussions sur la question des naturalisations ainsi que la lutte contre la corruption et la ségrégation ethnique et religieuse.

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 03:23

 

Un des endroits a sruveiller très étroitement dans les prochaines semaines

 

 Géostratégie - Le sultanat d’Oman, sentinelle d’Ormuz
Mercredi, 4 Mai, 2011

Par Jean-Sylvestre MONGRENIER, Chercheur associé à l’Institut Thomas More, Chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis). 

Lors de la « Journée nationale du golfe Persique », le 30 avril 2011, le général Hassan Firouzabadi, chef d’état-major des armées iraniennes, a dénoncé le « front des dictatures arabes » contre l'Iran, affirmant que « le golfe Persique a toujours appartenu, appartient et appartiendra toujours à l'Iran ». Cette revendication met en jeu la sécurité du détroit d’Ormuz par lequel transite le tiers du pétrole mondial, à destination de l’Europe, de l’Amérique du Nord et, plus encore, de l’Asie du Sud et de l’Est. En face de l’Iran, le sultanat d’Oman est l’autre Etat en charge de ce goulet d’étranglement énergétique. Un pays discret dont les évolutions doivent être attentivement suivies.

 

Le sultanat d’Oman est un Etat montagneux du Sud-Est de la péninsule Arabique qui couvre 309 500 km² et compte près de 3 millions d’habitant, dont un quart de simples résidents provenant en grande partie du sous-continent indien. Géographiquement, ce sultanat se compose de deux parties séparées par l’émirat de Fujaïrah (membre des Emirats Arabes Unis) : la presqu’île Rus al Djebel dont le grand massif du Djebel Akhdar (2050 m) domine le détroit d’Ormuz; la côte de Mascate et l’essentiel du territoire, en bordure du Golfe d’Oman et de la mer d’Oman (ou mer d’Arabie). Historiquement, il s’agit là un pays de navigateurs dont la richesse des ports est légendaire (voir le port de Mascate) et dont l’histoire maritime évoque les aventures de Sinbad le marin.

La grande majorité des Omanais a pour particularité, au plan religieux, de pratiquer l’ibadisme, une variante du kharidjisme, branche rigoriste de l’islam distincte tout à la fois du sunnisme et du chiisme (un imamat ibadite est fondé à Nizwa, dans l’intérieur des terres, dès 791). En partie sous domination portugaise aux XVIe et XVIIe siècles, le territoire omanais a ensuite été contrôlé par les Séfévides (Empire perse). En 1744, la victoire d’Ahmed Ibn Said, fondateur de l’actuelle dynastie au pouvoir, libère Oman de la tutelle perse. Oman connaît alors une période faste, jusqu’à ce que l’ouverture du canal de Suez, en 1869, ne détourne vers la mer Rouge un important trafic commercial. A l’intérieur du sultanat, des tribus se révoltent de manière régulière et l’insécurité demeure endémique mais elle reste sous contrôle. La compagnie anglais des Indes est représentée à Mascate dès 1798 (date d’un traité signé avec le sultan) et les Français sont présents en 1808.

Entité la plus orientale et maritime du monde arabe, le sultanat d’Oman est tourné vers l’océan Indien, l’Afrique de l’Est et l’Asie du Sud et du Sud-Est. A ses grandes heures, le sultan a fait la conquête de Zanzibar et pris le contrôle des marchés d’esclaves, jusque dans le sud de la Tanzanie ainsi qu’au Baloutchistan ; c’est en 1958 que l’avant-dernier sultan d’Oman vend au Pakistan le port de Gwadar. Au cours du XIXe siècle, le sultanat d’Oman doit cependant faire face à la pression des Wahhabites et des Saoud depuis l’intérieur de la péninsule Arabique, à la présence renforcée des Anglais et des Français dans la région ainsi qu’à de nouvelles révoltes de tribus à l’intérieur du territoire. Celles-ci refondent un imamat, rival historique de la dynastie au pouvoir (1913).

En 1862, Anglais et Français ont garanti l’indépendance du territoire mais l’ouverture du canal de Suez et ses conséquences sur la géographie des routes commerciales, les développements de la navigation à vapeur qui accélèrent le cours des choses et dévaluent le savoir-faire omanais en matière de maîtrise des courants et des vents, la fin de l’empire omanais en Afrique aussi, conduisent le sultan à accepter de la part de Londres un protectorat de facto. Il se perpétuera jusqu’à ce que les Britanniques se retirent de la zone, en 1971, non sans hésitations et débats à Londres (le « stop-and-go » et les difficultés économiques l’emportent).

En 1937, un accord de prospection est signé entre le sultan omanais d’une part, la Petroleum Development (filiale de l’Iraq Petroleum Company) d’autre part. Cependant, les troubles intérieurs sont aggravés par les revendications de l’Arabie Saoudite sur la région ou se concentrent l’exploration des ressources. Ces faits retardent les opérations jusqu’à la réduction d’une énième révolte, en 1957. Amorcée en 1962, l’exploitation ne commence véritablement qu’en 1969. L’année suivante, l’actuel sultan, Qabous Ibn Said, prend le pouvoir des mains de son père et il amorce une politique d’ouverture. En 1971, les Britanniques se retirent de leurs positions à l’est de Suez et le sultanat d’Oman accède à une pleine indépendance (les Britanniques conservent une présence sur la base de Masirah jusqu’en 1977). Outre les litiges territoriaux avec l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis (réglés depuis), le sultan doit affronter la rébellion du Dhofar. Elle est vaincue en 1975, avec l’appui de l’Iran impérial et du Royaume-Uni.

Membre du Conseil de Coopération du Golfe, fondé en 1981, le sultanat d’Oman assure la surveillance du détroit d’Ormuz, en coopération avec l’Iran. Situé entre la région iranienne du port de Banda Abbas et le cap Musandam, qui dépend du sultanat d’Oman, le détroit d’Ormuz est large de 40 km et long de 63 km. Il relie le golfe Arabo-Persique à la mer d’Oman et à l’océan Indien. A la veille de l’indépendance des Emirats Arabes Unis, en 1971, l’armée du Shah d’Iran a occupé trois îlots (Abu Musa, Petite Tomb et Grande Tomb) qui permettent le contrôle de ce détroit (les relations entre l’Iran et les EAU n’en sont pas facilitées). Par cette voie de passage à caractère géostratégique, organisée en rails de navigation, il s’écoule près du tiers du pétrole mondial, à destination de l’Europe et de l’Amérique du Nord, dans une moindre mesure, ainsi que de l’Asie du Sud et de l’Est.

Placé sous le régime du libre transit, le détroit d’Ormuz est donc l’objet d’une double surveillance, sans parler du dispositif militaire américano-occidental déployé dans cette région névralgique. Dans le cadre de la crise nucléaire iranienne, en cas de recours à la force, Téhéran a menacé de bloquer le détroit d’Ormuz. En fait, depuis la doctrine Carter adoptée en 1979 - sur de révolution islamique iranienne et d’invasion soviétique de l’Afghanistan -, doctrine prolongée par la mise sur pied en 1983 du CENTCOM (Central Command, Tampa/Floride), ce grand commandement américain en charge du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, les Etats-Unis considèrent que la libre circulation des flux dans le détroit d’Ormuz relève d’intérêts vitaux. Leur présence militaire dans la région est massive, avec l’ile de Diego Garcia comme base navale arrière, au beau milieu de l’Océan Indien.

Considéré comme un allié des puissances occidentales, le sultanat d’Oman entretient pourtant des relations correctes avec Téhéran et il privilégie une voie pacifique dans la résolution de la crise nucléaire iranienne. Bien que d’importantes réformes constitutionnelles et politiques aient été opérées depuis le décret de 1996 qui réorganise le système de pouvoir, la vie politique à Oman a subi les contrecoups des révoltes arabes de 2011. Du moins la situation intérieure n’a-t-elle pas versé dans le chaos et le sultanat d’Oman bénéficie du soutien de l’Arabie Saoudite comme des autres pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe). Abusivement présentée comme une coquille vide, le CCG s’est avéré être une précieuse structure de coopération politique et un système de sécurité indispensable qu’il faudra consolider et réassurer par l’engagement durable des puissances occidentales dans le golfe Arabo-Persique.

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 09:42

 

 

 

Amr Moussa - Ses deux inépties du jour !

 

Ce Monsieur est le dirigeant de la ligue arabe très très muet contre son collègue de Damas qui massacre son peuple, et prétendant au "trône" d'Egypte !

 

Amr Moussa : le Hamas n'est pas une organisation terroriste
Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe et présidentiable égyptien, affirme dans une interview au Washington Post que le Hamas n'est pas une organisation terroriste. "Seule une minorité de pays pense que le Hamas est une organisation terroriste, pas la majorité. L'étiquette de ''terroriste'' ne reste pas collée à vie'', a-t-il indiqué. Il a également appelé à faire pression sur Israël pour ''lever le blocus de Gaza'', un blocus auquel la majeure partie des Egyptiens s'opposent.Guysen
Amr Moussa : le nucléaire israélien doit être traité avant celui de l'Iran
L'Egypte doit promouvoir ses relations avec l'Iran, estime le chef de la Ligue arabe et présidentiable égyptien, Amr Moussa, dans son interview au Washington Post. ''L'Iran n'est pas l'ennemi naturel des Arabes et ne doit pas l'être. L'Egypte a beaucoup à gagner de relations pacifiques avec l'Iran'', a-t-il ajouté. Interrogé sur le programme nucléaire iranien qui inquiète les Etats-Unis, M. Moussa a estimé que le dossier nucléaire israélien devait être abordé avant celui de l'Iran...Guysen
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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 05:36

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NOUVEL ORDRE OU DESORDRE MONDIAL ?

 

Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach

 

Pour © 2011 lessakele  et © 2011 aschkel.info

 

Ce 4 mai 2011, le Premier Ministre israélien Benyamin Netanyahou a livré à son homologue britannique David Cameron, sa position quant au principe d’une reconnaissance de l’Etat palestinien en septembre prochain lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies.

 

Pour le Chef du Gouvernement israélien, imposer la paix par le biais d’un « diktat » serait une très mauvaise idée. De même, et lors de sa rencontre avec Tony Blair, il a appelé Mahmud Abbas à abroger l’accord passé avec le Hamas qui porte un coup très dur au processus de paix. Il s’est d’ailleurs inquiété de la condamnation par le Hamas du raid américain qui a éliminé Oussama Ben Laden considéré par le Mouvement islamiste, comme étant un Moudjahid (combattant islamiste).

 

Le lendemain, 5 mai 2011, il a averti le Président Français Nicolas Sarkozy que la France devrait prendre ses responsabilités sur la question de la reconnaissance de l’Etat palestinien en septembre prochain, à défaut d’accord de paix avec les palestiniens. Enfin, il a assuré travailler sur une initiative de paix qui sera présentée au congrès américain à la fin du mois de mai.

 

Le mot de « diktat » employé pour la reconnaissance internationale de l’Etat palestinien, n’est pas sans rappeler la perception par les Allemands, du Traité de Versailles du 28 juin 1919 qui leur a été imposé par la force. Ce traité, dicté par les vainqueurs de la première guerre mondiale et censé régler le conflit débuté en 1914, a été vécu par les Allemands, comme une injustice qui constituera l’une des causes profondes de la seconde guerre mondiale. De la même manière, le désordre qui résulterait d’une reconnaissance par l’Onu de l’Etat palestinien à l’intérieur des frontières « dites de 1967 » devrait être assez comparable à celui qui a suivi le « diktat » imposé aux Allemands en 1919, d’autant que les élections palestiniennes n’auront toujours pas eu lieu et que les palestiniens ne se seront pas collectivement exprimés sur le principe d’une réconciliation avec l’Etat hébreu.

 

La communauté internationale est en effet sur le point de commettre deux erreurs majeures.

 

Tout d’abord elle fait une confusion entre le principe du Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (que la communauté internationale doit encourager) et le droit à un territoire. D’ailleurs, et bien qu’ils s’en défendent, les palestiniens disposent déjà de ce Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, puisqu’ils sont reconnus comme constituant une «nation » à l’Onu, qu’ils disposent d’un gouvernement qui les représente sur la scène internationale, d’institutions qui leur permettent de fonctionner de façon autonome et d’un budget (confortable) alloué par la communauté internationale pour financer leur développement économique. Le seul problème qui subsiste concerne l’emprise territoriale.

 

Or, et sur ce point, il n’appartient pas à l’Onu de se prononcer sur une emprise qui emporterait renonciation pour l’Etat juif à une partie de sa souveraineté. En effet, la souveraineté de l’un ne doit entraîner aucune conséquence sur la souveraineté de l’autre. D’ailleurs l’Onu n’a pas, ni qualité ni compétence pour interférer dans ce domaine. Si donc les palestiniens doivent créer leur(s ) Etat(s), cela ne peut être que sur des territoires sans souveraineté spécifique, c'est-à-dire sur les territoires non annexés ou sur lesquels l’Etat hébreu n’exerce aucune prérogative.

 

A titre de comparaison, c’est un peu comme si Israël proposait de créer un Etat palestinien dans des Etats souverains qui disposent d’une population palestinienne importante comme, bien évidemment, la Jordanie (qui comprend la population palestinienne la plus importante dans le monde) mais aussi, la Syrie, le Liban l’Arabie Saoudite, l’Algérie, les Etats-Unis, l’Irak, le Brésil, le Chili ou le Brésil. Il n’est pas certain que les pays concernés y consentent aussi aisément. Il faut donc revenir au principe général et établir l’Etat palestinien sur les territoires sur lesquels il n’existe aucune souveraineté concurrente israélienne.

 

Le second problème est celui du cadre philosophique dans lequel cet (ces) Etat(s) palestinien(s) sera (seront) créé(créés). Sur ce point, il convient de reprendre le premier paragraphe de la Charte des Nations Unies sur les Droits de l’Homme :

 

« Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ».

 

De façon très claire, la finalité des Nations Unies est bien celle de parvenir à la liberté, à la justice et à la paix dans le monde et ce, par l’admission du principe de dignité de l’individu.

 

En se précipitant à reconnaître l’Etat palestinien, les Nations Unies font manifestement l’impasse sur cette dimension philosophique qui doit présider à la naissance de l’Etat. Or, le 6 mai 2011, le secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki Moon, a invité le Premier Ministre israélien à donner sa chance à l’unité palestinienne qualifiant d’historique l’accord de réconciliation signé deux jours plus tôt entre le Fatah et le Hamas :

 

« l’unité palestinienne est un processus qui ne fait que commencer. Il convient de l’évaluer au fur et à mesure qu’il se concrétise ».

 

Il s’agit en réalité d’une grave méprise du secrétaire général des Nations Unies. En effet, s’il n’appartient pas à l’Onu de déposséder Israël de sa capitale historique, il lui revient de veiller au respect, par le futur Etat palestinien, des principes humanistes.  Les déclarations des palestiniens font, hélas, douter des bonnes dispositions d’esprit à l’égard d’Israël. Lors de son entretien avec le Président Français, Benyamin Netanyahou a rappelé qu’il n’était pas possible de faire la paix avec quelqu’un qui ne le souhaite pas :

 

« Le Hamas qui répète quotidiennement sa volonté d’éradiquer l’entité sioniste ne peut être un bon partenaire pour la paix ».

 

Une nouvelle fois, le chef du bureau politique du 'Hamas Khaled Meshaal le 7 mai 2011 a confirmé la position historique du mouvment lorsqu'il s'est exprimé sur la nature de l'accord passé avec le Fatah consistant à rechercher: 

 

"Comment organiser la résistance, quel est le meilleur moyen de parvenir à nos objectifs, quand utiliser la violence et quand instaurer un cessez-le feu, désormais nous devons nous mettre d'accord sur toutes ces décisions".

 

Ces déclarations contredisent celles faites au Caire deux jours plus tôt et témoignent de la parfaite duplicité du Mouvement islamiste. En revanche, le leader du Hamas exilé en Syrie connait parfaitement les règles humanistes lorsqu’il s’agit de commenter l’élimination du chef d’Al Quaida :

 

« il s’agit d’un acte monstrueux. Les Arabes et les musulmans sont des êtres humains, et l'Occident doit les traiter avec respect ».

 

Ce double jeu palestinien a encore été dénoncé par le Ministre israélien des Finances, Youval Steinitz :

 

« Israël n'acceptera pas un gouvernement terroriste palestinien qui d'un côté parle de paix, et de l'autre continue de s'armer».

 

Or, c’est bien dans cette configuration que s’oriente le futur Etat palestinien. En fin de compte, en s’obstinant à reconnaître un Etat palestinien sur les frontières de 1967, la communauté internationale ne fera pas que nuire à Israël, elle nuira avant tout à elle-même. Si elle ne croit plus dans les principes contenus dans ses Chartes, c’est laisser entendre qu’ils sont factices et artificiels, tout comme le prétendent les islamistes pour qui, ces principes "soi-disants humanistes" ne visent qu’à asseoir la domination de l’Occident sur le monde de l’Islam.

 

Autrement dit, la communauté internationale donnera rétroactivement raison à Ben Laden suscitant donc de nombreuses vocations pour sa succession, dans un désordre généralisé.
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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 20:47

 

Syrie - Assad et le 'Hezbollah continuent de massacrer les Syriens

 

 

Syrie : le régime s’emploie à donner une dimension islamique à la contestation

Mais le passé du régime met sa manœuvre actuelle en échec

samedi 7 mai 2011 - 11h25, par Khaled Asmar - Beyrouth

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Le bilan de la répression du 6 mai 2011 s’est alourdi, dépassant les 40 morts. Le dos au mur, le régime arme désormais la population alaouite contre les sunnites, comme à Banias, et accélère sa propagande en Occident pour donner une dimension confessionnelle à la contestation et faire planer une menace sur les Chrétiens.


Selon des sources de l’opposition syrienne, citées par la télévision « Al Arabiya », la répression a fait une quarantaine de mort, hier, lors de la journée baptisée « Vendredi du défi » et qui coïncidait avec la « Journée des Martyrs », pendus le 6 mai 1916 par le gouverneur ottoman Jamal Pacha Al-Jazzar.

Ce matin, les informations en provenance de Syrie affirment que les chars du régime ont envahi plusieurs quartiers de Banias (ouest). La ville avait été encerclée depuis plusieurs jours, et la population alaouite des localités voisines avait été armée pour accentuer la pression sur la ville, majoritairement sunnite. Homs, majoritairement sunnite, est également encerclée par les chars, et la population craint un nouveau massacre à l’occasion des obsèques des victimes tombées hier.

Le régime fait tout pour donner une dimension confessionnelle à la contestation. L’opposition s’emploie à démentir cette propagande. Les relais médiatiques du régime en Occident contribuent à cette opération de dernière chance en mettant en garde contre la menace qui pèse sur les Chrétiens syriens et sur le Liban, en cas de chute d’Assad. Le réseau Voltaire de Thierry Meyssan (voir ici l’origine du réseau Voltaire et son alliance avec le Hezbollah, l’Iran et la Syrie ), repris par plusieurs médias français pourtant sérieux, a publié une longue tribune signée par Mère Agnès-Mariam du monastère de Mar Yacoub (Saint Jacques) de Qâra. Cette religieuse, d’origine palestinienne et de nationalité franco-libanaise, vit en Syrie depuis une trentaine d’années et tente d’amplifier la peur des Chrétiens, au service du régime.

Or, il est légitime de s’interroger si la religieuse, placée sous la protection des autorités, a-t-elle la liberté d’expression pour rédiger un tel texte ? Depuis son monastère, est-elle réellement au fait que les opposants sont armés et financés par les Wahhabites ? Ou croit-elle la thèse du pouvoir ? Car, jusque-là, seuls les miliciens du régime sont armés et sévissent contre les populations. De ce fait, ne peut-on pas conclure que la religieuse est exclusivement au service du régime et de sa propagande ? Peut-elle refuser d’écrire de tels propos alors qu’elle est de facto la protégée du régime ?

Si la religieuse carmélite et le Réseau Voltaire proche de Damas, de Téhéran et du Hezbollah, et dont la sincérité peut être mise en doute, sont au service de Damas, quel est l’intérêt des médias qui les ont relayés par souci de protéger les Chrétiens de Syrie ? Pourquoi insistent-ils sur le caractère islamique de la révolution syrienne en cours et sur la menace que la chute d’Assad peut engendrer sur l’ensemble de la région ?

Pourtant, la jeunesse syrienne affirme « mener sa révolution pour la liberté et contre la tyrannie du Baath, ainsi que contre le système du parti unique ». Les jeunes syriens, avides de liberté et de démocratie, rompus à la laïcité et aspirant à la modernité, « ne laisseront pas la victoire de leur mouvement leur échapper au profit d’une nouvelle dictature, qu’elle soit laïque ou religieuse », affirment-ils. La jeunesse syrienne insistent aussi sur l’implication du régime du « Baath laïc » dans le recrutement et l’envoi de combattants islamistes en Irak, et sa complicité avec Al-Qaïda au Liban (Fatah Al-Islam...). De l’aveu du régime et de ses relais, « les services syriens ont brillé dans l’infiltration des réseaux terroristes. Après les avoir dénoncés aux Américains, après le 11 septembre, Damas les a exploités pour ses propres intérêts. Le risque islamiste en Syrie n’existe donc aujourd’hui que si le régime veut l’exploiter » concluent les opposants.

Ces arguments battent en brèche la propagande du régime et calment les craintes des Chrétiens qui étaient les alliés de circonstance du régime minoritaire, aux côtés de la bourgeoisie sunnite. Cette alliance s’est transformée, au fil des ans et de son enrichissement, pour se rapprocher inéluctablement d’un système maffieux et criminel que les fruits sont récoltés aujourd’hui à travers le pays en révolte. Les opposants rassurent également les Libanais et affirment « être redevables à la Révolution du Cèdre au Liban, sans laquelle le peuple syrien n’aurait pu retrouver son courage pour se soulever contre la dictature ». « Les visées hégémoniques de la Syrie sur le Liban seront enterrées avec le Baath », ajoutent-ils, et « les relations entre les deux pays seront normalisées ».

La chute du régime d’Assad entrainera l’affaiblissement de ses alliés libanais et palestiniens, qui, certes, pourraient s’engager dans une fuite en avant pour venger le Baath. Ces organisations terroristes, qualifiées de résistantes, seraient de ce fait tentées de déstabiliser le Liban. Mais devenues orphelines et avançant à visage découvert, leurs actions seront de courte durée.

Enfin, la majorité des Libanais, qui redoutent l’onde de choc provoquée par la chute du régime syrien, regrette la propagande menée par Damas et refuse d’y adhérer. Car, « le risque virtuel annoncé par cette propagande concernant le Liban et les Chrétiens de Syrie sera de toutes les façons moins important et moins grave que ce que le Liban et la Syrie ont réellement vécu depuis un demi siècle, sous le Baath ».

Khaled Asmar


 


Une vidéo de Lattaquié prouve la présence du Hezbollah en Syrie

Assad ne fait plus confiance à son armée et sous-traite la répression au Parti de Hassan Nasrallah

samedi 7 mai 2011 - 13h42, par Mediarabe.info

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En regardant cette vidéo, tournée ces derniers jours à Lattaquié, en Syrie, et surtout en écoutant l’accent des agresseurs armés, l’observateur averti peut facilement conclure qu’il s’agit d’éléments du Hezbollah libanais, prêtés au régime syrien pour réprimer la population.


Les autorités syriennes tentent en effet de réduire leur recours à l’armée régulière au profit des unités d’élites de la Garde présidentielle, et des milices, en majorité des Alaouites. Le régime redoute les dissidences au sein de l’appareil militaire, notamment après les accrochages enregistrés la semaine dernière entre deux unités à Deraa, et cette semaine à Homs. Assad s’appuie essentiellement sur la police politique, les services de renseignement et sur le Hezbollah et les Gardiens de la Révolution iranienne.

MediArabe.info


 

Syrie : plus de 800 morts depuis le début de la contestation. Les opposants proposent une sortie de crise et attendent la réaction du régime
samedi 7 mai 2011 - 12h46
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Selon les organisations des droits de l’homme, la répression a fait plus de 800 morts en Syrie depuis le début du mouvement de contestation, le 18 mars dernier. A ce bilan s’ajoute plus de 8.000 arrestations, synonymes de disparitions. Les opposants accusent le régime d’enlever certains blessés sur leur lit d’hôpital, et d’en achever d’autres. Ces informations attendent cependant d’être confirmées. Plusieurs sources de l’opposition affirment en effet que plusieurs disparus, enlevés par les forces du régime et ses miliciens, ont été tués et enterrés dans des fosses communes, d’autant plus que les prisons syriennes sont saturées.

Tout en promettant de poursuivre leur mouvement et de l’accélérer, des opposants syriens ont lancé, ce samedi, un projet de solution susceptible de sauver le pays. Ils ont proposé à Assad qu’« il ordonne l’arrêt de la répression, la libération de tous les détenus d’opinion et les prisonniers politiques, d’autoriser les manifestations, de décréter le pluralisme politique et d’organiser des élections libres dans six mois ». Le régime n’a pas encore réagi, mais il est peu probable qu’il renonce à l’usage de la force. L’organisation d’élections libres serait en effet périlleuse pour le régime, et la proposition a toutes les chances d’être rejetée. Assad sait qu’un scrutin libre conduirait à son éviction du pouvoir, ou du moins à son affaiblissement. Si Assad accepte une telle sortie de crise, son entourage ne le laisserait pas faire, estiment les observateurs. Le piège semble ainsi se refermé sur le Baath.

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 09:57

 

 

 

SYRIE : le massacre se poursuit. La France appelle ses ressortissants à quitter la Syrie, Moscou déconseille la Syrie aux Russes
mercredi 4 mai 2011 - 20h41
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Selon plusieurs organisations syriennes des droits de l’homme et des représentants de l’opposition, outre les 600 morts, entre 5000 et 8000 personnes sont portées disparues dans tout le pays, depuis le 18 mars dernier. Les forces du régime ont en effet procédé à l’enlèvement des hommes âgés entre 16 et 40 ans à Deraa et dans sa région, ainsi qu’à Homs et Banias. Mais selon Khaled Al-Khalaf, un dignitaire tribal réfugié au Canada, les prisons syriennes sont saturées et le régime ne prend pas le risque d’emprisonner les contestataires. Il les élimine systématiquement et les enterre dans des fosses communes.

Ce mercredi, plus de 30 chars et une soixantaine de camions, acheminant plus de 1300 soldats, sont signalés autour de Damas. Ils se sont dirigés vers Homs pour réduire et soumettre la ville d’Ar-Rastan, alors que le siège de Deraa et Banias se poursuit. Recevant une trentaine de personnalités des provinces de l’Est, dans une tentative de désamorcer la colère des Kurdes, Bachar Al-Assad a affirmé que l’armée allaient rapidement achevé sa mission à Deraa avant d’envisager son retrait. Mais le dictateur n’a pas précisé quelle était la mission de l’armée, ni le bilan toléré de la tuerie qui se poursuit. Ce soir, plusieurs manifestants de la région de Homs ont été tués par des tirs des forces du régime.

Dans ces conditions, la France, qui a haussé le ton et qui a réclamé des sanctions sur Assad et son régime, a appelé ses ressortissants à quitter la Syrie. L’inquiétude de Paris est non seulement due à l’insécurité en Syrie, mais sans doute aussi aux capacités de nuisance du régime du Baath, qui a souvent réglé ses différends politiques et diplomatiques avec ses partenaires, ses amis et ses adversaires, en recourant au terrorisme. Moscou vient également de demander aux Russes d’éviter de se rendre en Syrie.

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2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 22:38

 

Syrie - Bachar Al Assad, les protestations et la connexion iranienne par le Dr Jacques NERIAH

Adapté par Aschkel

 © 2011 www.aschkel.info

http://jerusalemcenter.wordpress.com/2011/05/01/bashar-assad-the-protests-in-syria-and-the-iranian-connection/ 

Le Colonel (retraité) Nériah est analyste spécial pour le Proche-Orient pour le Jérusalem Center of Public Affairs, ex-conseiller en politique étrangère du Premier ministre Y.Rabin et vice-chef pour l'évaluation des services de renseignements militaires israéliens


Lire ou relire nos EDITORIAUX

>Le verrou syrien est-il en train de sauter et au profit de qui ? 

> BAHREïN, ARABIE, IRAN : RISQUE D'UN EMBRASEMENT ?  Par Alain Rodier

>Syrie - Quels seront les gagnants et les perdants lors d'un changement de régime éventuel ?Par le Colonel Jacques NERIA

>L'Iran envoie ses milices bassidji massacrer le peuple syrien 


Les options de Bachar Al Assad sont devenues limitées par sont incapacité à mettre un terme à l'agitation populaire qui secoue la Syrie depuis la mi-mars. Les derniers événements montrent clairement que son régime se fissure de plus en plus, comme en témoigne la démission de plus de 200 membres du parti Baas au pouvoir. Démission de ces membres pour protester contre l'utilisation massive d'armes lourdes et tirs à balles réelles dans la région de Déraa contre les manifestants, une première depuis la mise en place il y a cinq décennies du régime d'Assad.

Certains rapports non confirmés font également état de défection de soldats et d'officiers, notamment de la 5ème division après avoir refusé d'ouvrir le feu sur les manifestants.

La seule réponse d'Assad au vu de la poursuite des protestations et l'insuffisance des mesures prises par le régime pour réprimer la dissidence est l'utilisation de la force massive contre son propre peuple. Avec le niveau de violence utilisée par Assad, il est clair qu'il  reste peu d'options à ce dernier. En fait  il n'a pas d'autres choix que l'usage de la force. Chaque signe de clémence peut-être interprétée par ses adversaires ou par ses alliés comme un signe de faiblesse, et donc précipiter la mort du régime.

Dans le même temps le régime a accordé avec peine des semblant de réformes, dissolution de l'ancien cabinet en en formant un nouveau avec de nouveaux visages, ainsi que la fin de la loi d'urgence en vigueur depuis quatre décennies en Syrie.

La révolte n'est pas seulement un cauchemar pour Bashar Al Assad mais il l'est aussi pour son plus proche allié l'Iran. En effet depuis le début de la contestation, l'Iran a été très silencieux sur les évènements en Syrie.

L'Iran a été un grand bénéficiaire des changements de régimes et des révoltes au Moyen-Orient (Maghreb/Maschrek). Le gouvernement libanais actuel ne doit son existence que grâce à l'appui du 'Hezbollah soutenu par l'Iran. Le ministre des affaires étrangères égyptien a déclaré explicitement avoir l'intention de normaliser ses relations avec Téhéran. Le Bahreïn est encore aux prises avec une révolte contre le pouvoir menée par des éléments chi'ites. L'Arabie Saoudite elle aussi a du faire face à une manifestation chi'ite, et le Yémen est pratiquement divisé en deux entre le nord et le sud dans un conflit principalement alimenté par des séparatistes chi'ites.

Depuis la révolution iranienne, Damas a été l'allié le plus précieux de Téhéran, la Syrie a été le pont qui a permis a l'Iran de construire une très grande influence notamment sur le conflit israélo-arabe. L'Iran est présent sur la ligne de front de confrontation sur la frontière nord avec Israël grâce a son allié au Liban le 'Hezbollah, et semble être en face d'Israël sur sa frontière sud principalement avec le 'Hamas.

Tout changement de régime en Syrie (et certainement une prise de contrôle par les sunnites pourrait  compromettre la position régionale de l'Iran et représenterait un sérieux revers pour les ambitions de Téhéran à vouloir dominer la région.

Cette préoccupation est d'ailleurs très vive depuis que les foules manifestantes ont scandé des slogans très virulents contre l'Iran et le 'Hezbollah appelant l'Iran a cessé son intervention en Syrie.

Comme Obama sur la base de ses agences de renseignements l'a précisé (selon reuters et Wall street journal) le 22 avril "Au lieu d'écouter son propre peuple, Assad blâme les étrangers et cherche l'aide iranienne pour réprimer ses propres citoyens par la même tactique que celle utilisée par son allié iranien sur son propre peuple".

 

Téhéran a commencé à fournir des équipements de contrôle aux autorités syriennes et d'autres sont attendus encore. Une leçon apprise et partagée par Téhéran qui a permis la répression postélectorale sur les manifestants iraniens qui cherchaient l'éviction d'Ah'madinedjad.

Selon les mêmes agences de renseignement, l'Iran a fourni à Damas une assistance technique pour surveiller les communications en ligne des groupes d'opposition, qui cherchent a organiser des manifestations, permettant ainsi aux autorités de bloquer tous les courriels, les connexions des téléphones cellulaires, les messageries texte, et l'affichage sur internet des conversations des militants.

La crainte d'Israël que l'Iran et le 'Hezbollah participent à la répression a été relayé notamment par le Jérusalem post  du 27 Mars. Le rapport indiquent que les manifestants ont entendu des gardes de sécurité et des gens dispersés parler le farsi(persan) parmi la foule.

Dans le Yédihot ara'honot(journal israélien) du 1er mai, Alex Fishman précise que, l'Iran a aidé la Syrie au moyen de matériel de renseignement électronique pour surveiller les événements en Israël et fournir des capacités d'alerte rapide et écoutes clandestines liées à la préparation de l'Armée israélienne. Ce même matériel est utilisé aujourd'hui pour surveiller les citoyens syriens, les manifestations et aider a l'arrestation des opposants politique du régime.

Sur la base de communications interceptées entre des responsables iraniens, les responsables américains ont déclaré que Téhéran cherche a aider également a aider les groupes chi'ites au Bahreïn et au Yémen pour déstabiliser les alliés américains dans ces pays.

 

Lorsque les Etats-Unis annoncent des sanctions le 29 avril contre des personnalités clés du régime syrien, ce ne fut pas une surprise que les  commandants "d'Al Qods" division du corps des gardiens de la révolution soient également compris dans la liste.

Assistons-nous au prélude de l'automne de Bachar Al Assad ? Quel est l'impact des manifestations sur la stabilité du régime ?

Il est encore un peu tôt pour prédire un changement de régime à Damas, la cohésion des principaux éléments du ce régime demeure solide.

Les Alaouites ont réussi à créer durant les cinq dernières décennies, une coalition des minorités en Syrie dont l'intérêt est de survivre aux évènements (certains chrétiens, sunnites et druzes prennent encore parti pour le régime). La chute du régime serait leur chute également. Ce qui est important à savoir c'est que dans l'armée syrienne les officiers supérieurs  Alaouites et chrétiens (assyriens) font preuve de détermination pour réprimer par tous les moyens les protestations contre le régime.

Les dirigeants de la répression contre le peuple sont le plus jeune frère et très instable de Bachar; Maher, Chef des forces spéciales et républicaines, Ali Mamelouk, directeur des renseignements syriens et Atif Najib, l'ex-chef des renseignements de la province de Déraa.

Contrairement à Moubarak en Egypte, Ben Ali en Tunisie ou Saleh au Yemen, Bacha Al Assad de la moitié de l'âge de Moubarak, continue de montrer sa ferme détermination et une volonté inébranlable de rester au pouvoir.

 


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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 10:26

 

Syrie/Vidéo - Le massacre du "Tueur en Syrie ASSAD - Le silence complice et honteux se poursuit

Syrie : le ministère de l’Intérieur interdit les manifestations de vendredi et menace de les réprimer. La vidéo du massacre de Houla en témoigne

Le ministre de l’Intérieur, Mohammed Chaar, qui avait détruit Tripoli sur la tête de l’OLP et Yasser Arafat, entend récidiver en Syrie

vendredi 29 avril 2011 - 00h08, par Mediarabe.info

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Le nouveau ministre syrien de l’Intérieur, tout comme le gouvernement Safar, que Bachar Al-Assad tente de présenter comme un « gouvernement d’ouverture », est l’un des plus sanguinaires des officiers syriens. Mohammed Chaar avait rasé Tripoli, au Liban, et entend récidiver chez lui. Il affirme vouloir réprimer les manifestations de ce Vendredi de la colère.


Après l’appel lancé sur la page de « la Révolution syrienne 2011 » pour une forte mobilisation ce vendredi 29 avril pour dénoncer la répression et par solidarité avec Deraa, Douma et Baniyas, le ministère syrien de l’Intérieur a rappelé, dans un communiqué, que « toute manifestation doit avoir obtenu une autorisation après déclaration auprès des autorités ». En effet, le régime affirme avoir fait des concessions et levé l’état d’urgence et autorisé les manifestations pacifiques. Mais au préalable, il faut que « les organisateurs se présentent en personne auprès des autorités pour en faire la demande, donner le nombre et les noms des participants, et l’objet de la manifestation ». Un meilleur moyen de les arrêter sans se fatiguer qui avait échappé à Staline !

De ce fait, le ministère appelle les citoyens à « s’abstenir de se rassembler sous quelque forme et pour quelque raison que ce soit. Et ce, pour aider les forces de l’ordre à rétablir le calme et à protéger les citoyens et leurs biens ». Autrement, le ministère prévient qu’il appliquera la loi en vigueur à la lettre. Donc, il menace de « raser les manifestants ».

Cet avertissement n’est pas fortuit. Le nouveau ministre de l’Intérieur, nommé par Bachar Al-Assad au début du mois dans le cadre de « rajeunissement » du gouvernement, est le général de l’armée Mohammed Chaar, qui fut jusque-là commandant de la police militaire, après avoir commandé les renseignements militaires de la région d’Alep. Mais Chaar doit sa renommée à deux événements majeurs : entre 1983 et 1986, alors en poste au Liban, il avait encerclé et détruit Tripoli, au nord du pays, pour décimer l’OLP et Yasser Arafat. En juillet 2008, il a participé à la répression de la prison de Saidnaya, qui avait fait plusieurs dizaines de morts parmi les détenus. Il est donc impliqué dans la disparition de témoins dans l’assassinat de Rafic Hariri. Son rappel au ministère de l’Intérieur vise ainsi à renforcer la répression. Les Syriens sont prévenus. D’ailleurs, la vidéo ci-après, tournée ces derniers jours à Houla, dans la région de Homs, le prouve. Le massacre étatique commis sur les manifestants, dont des femmes et des enfants, a fait une quinzaine de morts.




Le soulagement, mais à quel prix ?

La fin de Bachar Al-Assad, désigné "tueur en Syrie" par un média français, libère non seulement les Syriens, mais surtout les Palestiniens et le processus de paix

mercredi 27 avril 2011 - 19h50, par Chawki Freïha - Beyrouth

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L’affaiblissement de la dictature syrienne, avant sa chute voulue par la Révolution de la Liberté et de la Dignité, soulage toute la région et prouve, si besoin était, que le régime syrien était bel et bien l’obstacle majeur à la paix et le comploteur en chef du terrorisme, tant en Irak qu’au Liban.


Aujourd’hui, les médias confirment que des combats opposent deux détachements de l’armée syrienne à Deraa. La 5ème compagnie tente de défendre la population de Deraa contre la 4ème compagnie, dirigée par Maher Al-Assad. Cette dernière protège en effet les milices et autres pilleurs de la ville, qui ont déjà fait des centaines de morts. Aujourd’hui aussi, une trentaine de cadres et de membres du parti Baas ont démissionné pour protester contre la répression sanglante qui s’abat sur la population, au moment où une trentaine de chars prend position autour de Douma, au nord-est de Damas. Un représentant du Baas en Ukraine avait démissionné hier pour les mêmes raisons.

Le bateau commence à prendre l’eau et les rats sont les premiers à quitter le navire. Ce phénomène devrait s’accélérer dans les prochains jours, notamment dans les représentations diplomatiques syriennes à travers le monde. Les diplomates ne supporteront pas pour longtemps d’être désignés comme les représentants de Bachar Al-Assad, qualifié ce matin de « tueur en Syrie » par le quotidien français « Libération », qui réalise un très beau jeu de mots !

Les militants syriens de la « Révolution de la Dignité et de la Liberté » ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin ni accorder au régime le moindre répit, en dépit des 453 morts déjà recensés, et des milliers de blessés, dont certains sont achevés par les forces du régime. Le prix d’un abandon de la lutte pour la démocratie sera beaucoup plus élevé que celui de la répression en cours. Car, le maintien du régime signifie qu’au moins la moitié des 22 millions de Syriens seront purement et simplement liquidés ou évaporés, ou plus exactement dissouts dans l’acide !

De ce qui précède, il ressort que le régime est déjà très affaibli et son recours à la force excessive contre des civils, ainsi que la multiplication de ses mensonges et affabulations sur les conspirations et les complots, en témoignent. Certains évoquent déjà l’hypothèse selon laquelle le régime alaouite alimente la contestation pour provoquer les conditions optimales de créer son propre Etat sur la côte, ouvrant la voie à la division du pays entre Sunnites au centre et au Sud, et Kurdes à l’Est.

Mais quels que soient le sort qui sera réservé au dictateur et à son clan, et la forme de la future Syrie, les soulagés se comptent par millions sur la scène régionale :

D’abord les Syriens, qui espèrent vivre en paix, à défaut de mourir dans la grande prison gardée par le Baas depuis mars 1963, et par les Assad père, fils et frère depuis 1970.

Ensuite les Irakiens, qui comptent se débarrasser définitivement des voitures et colis piégés, et des Kamikazes dont 60% passent en Irak à travers la Syrie, grâce à la complicité du régime, lequel affirme aujourd’hui faire face au même phénomène qui, s’il se révèle vrai, prouve que l’arroseur a été finalement arrosé.

Les Libanais chuchotent déjà leur bonheur de pouvoir enfin se libérer du diktat de leur « faux frère ». Ils reconnaissent avoir souffert du bellicisme syrien fraternel durant 30 ans beaucoup plus qu’ils n’ont subi les agressions israéliennes. Kamal Joumblatt, Salim Lawzi, Hassan Khaled, Bachir Gemayel, René Mouawad, Rafic Hariri, Georges Hawi, Gebran Tueini, Antoine Ghanem, Pierre Gemayel, Walid Eido, Wissam Eïd, François Hage, Samer Hanna, et tant d’autres Libanais, toutes confessions confondus, ont été assassinés par la Syrie. Les Libanais rescapés du génocide, durant 30 ans, voient déjà dans la chute ou l’affaiblissement d’Assad la fin du Hezbollah, ou du moins sa marginalisation et son désarmement, en vue de sa libanisation. Ils espèrent aussi la fin du blocage des institutions, et l’assainissement de leur vie politique. Ils entendent ainsi se débarrasser des créatures héritées de l’occupation syrienne comme Nabih Berri, Wiäm Wahhab, Nacer Kandil, Sleimane Frangieh et Michel Aoun notamment.

Les Palestiniens, dont une trentaine d’intellectuels ont publié aujourd’hui un communiqué refusant que le nom de la Palestine et sa cause soient exploités par les dictateurs pour justifier la répression, ont déjà abattu l’obstacle de la peur d’Assad et ont signé, ce mercredi, l’accord de réconciliation au Caire, sous l’égide de l’Egypte. L’accord entre le Fatah et le Hamas porte sur la formation d’un gouvernement d’union composé d’indépendants. C’est la première fois qu’un tel document est signé depuis le coup d’Etat du Hamas à Gaza, télécommandé depuis Damas. Une preuve supplémentaire confirmant que le régime du Baas avait bel et bien pris les Palestiniens en otage et les avait longtemps utilisés comme chair à canon pour se maintenir au pouvoir au nom de leur cause.


(NDLR - ??? Plus de précisions sur cet accord

Merci au 'Hamas et au Fatah' par David GOLDSTEIN

La prise du contrôle par le 'Hamas est inévitable !

Les traités et processus de paix avec l’Egypte et Mazen ont franchi le point de non-retour au Caire.

Membres du Congrès US - Nous arrêterons l'aide à l'Autorité palestinienne

l’Autorité palestinienne a besoin de choisir entre la paix avec Israël et la paix avec le Hamas.



Enfin, les pays du Golfe peuvent estimer que la chute du Baas en Syrie neutralisera - pas dans l’immédiat, car le Baas pourrait effectuer une fuite en avant et user de ses capacités de nuisance par vengeance - le terrorisme d’Etat syrien. Les monarchies pourront désormais se focaliser sur la menace iranienne.

Ainsi, la « Révolution syrienne » doit être une révolution régionale. Elle a déjà abattu l’obstacle majeur à la paix inter-palestinienne, et peut, à terme, permettre une paix israélo-arabe dont rêvent tous les peuples de la région. Mais pour justifier son maintien au pouvoir, Assad avait besoin de priver les Syriens de leur liberté en adoptant un discours hostile à « l’ennemi sioniste ». Aujourd’hui, les peuples découvrent qui était leur véritable assassin. Mais à quel prix ?

Chawki Freïha

 

Syrie : de nouvelles défections au Baas contre Assad le "Damassacreur"
mercredi 27 avril 2011 - 20h47
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Selon plusieurs sources, plus de 200 membres du parti Baas au pouvoir en Syrie ont démissionné ce mercredi, pour protester contre la répression sanglante qui se poursuit dans le pays. Auparavant, une trentaine d’autres cadres et partisans avaient claqué la porte du parti. Notons que la presse française dénote dans sa couverture de l’actualité syrienne avec le silence embarrassé des officiels. Le quotidien Libération a titré « Assad, tueur en Syrie », alors que Le Canard enchaîné a désigné Assad par « Damassacreur », deux jeux de mots qui font sourire, malgré les larmes et le sang qui inondent la Syrie.

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