Alors que le pays est confronté à des risques de famine et reste soumis aux aides internationales (voir rapports de l’ONU), Damas s’apprête donc à recevoir des missiles supersoniques antinavires pour une ardoise exorbitante (plus d’un million de dollars l’unité sans parler des systèmes de lancements). Le dénouement du deal russo-syrien intervient alors que Moscou réactive l’ancienne base navale soviétique de Tartous. Ce site stratégique capable d’accueillir le fleuron de la marine russe sera à nouveau opérationnel en 2012. De vagues garanties auraient été données par Moscou à Israël (partenaire militaire de la Russie) et aux USA que les missiles ne seront pas livrés au Hezbollah.

Faut-il donc avoir peur des Yakhonts ? La réponse est non. Les missiles supersoniques russes électroniquement protégés sont certes les plus rapides du monde, en principe indétectables en dernière phase de vol à une dizaine de mètres d’altitude, mais rigides, complexes à manier, non-intelligents (shoot and forget) et de conception soviétique à l’origine, ce qui ouvre certaines failles. Les performances sur le papier en conditions idéales de tir notamment pour l’acquisition de cibles à longue distance, seraient par ailleurs assez éloignées de la réalité du terrain, le moindre bogue de calcul ou défaut de données se traduisant par un échec de tir.

La taille du Yakhont (deux fois le Harpoon ou l’Exocet), sa trajectoire et sa vitesse théorique (plus de deux fois la vitesse du son) pourraient selon certains experts se transformer en désavantages en augmentant la signature radar du missile qui pourrait être en final une proie envisageable pour les systèmes américains Aegis de guerre électronique navale. Sans parler du coût prohibitif des systèmes russes.

Last but not least la Russie elle-même réserve le Yakhont (encore nommé SS-N-26 ou 3M55 Oniks) à l’export et mise pour son propre équipement sur un nouveau système beaucoup plus performant et fiable codéveloppé avec l’Inde : le Brahmos. A l’image d’Israël qui codéveloppe avec l’Inde justement la dernière version se son missile anti-missile naval surface-air Barak 8 dans le cadre d’un programme plus corsé financièrement et technologiquement que la joint-venture militaire indo-russe Brahmos (pour Brahmapoutre-Moskowa).

Il existe in fine selon les experts 3 méthodes d’annihilation des Yakhonts. Le soft kill par anéantissement du système électronique de bord, le hard kill par interception cinétique (si le close-in weapon systems –CIWS- semble exclu, l’interception à plus longue distance par un Barak8 est plausible) et la formule la plus radicale : l’élimination au sol. Sachant que les systèmes de lancement des Yakhonts n’ont rien de furtifs : les missiles eux-mêmes mesurent 9 mètres et pèsent 3 tonnes, plus les grues de chargements, les véhicules de transports, les allées et venues des conseillers militaires etc.

 

DB.

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