Contrairement aux pays démocratiques, dans lesquels les changements de gouvernement se font en douceur, la fin de règne d’un dirigeant autoritaire peut présenter des dangers non seulement pour la population du pays en question mais également pour les pays environnants. C’est le cas notamment de l’Egypte, où le président Hosni Moubarak prépare activement sa succession, mais n’est pas assuré du maintien de la stabilité du pays après la prise de fonction de son successeur. En Israël, on suit bien-sûr de très près l’évolution de ce pays voisin, avec une certaine crainte de voir un jour les accords de paix remis en question par un nouveau régime mis en place au Caire.
La dernière visite en Israël du Ministre égyptien des Renseignements, Omar Suleiman a été également l’occasion pour les dirigeants israéliens de parler avec lui de ce volet important des relations entre les deux pays. Il est de notoriété qu’il existe en Egypte un fort courant islamiste issu du mouvement des Frères Musulmans, né en Egypte d’ailleurs, et qui effectue un travail de fond et de longue haleine dans la population majoritairement pauvre du pays. Jusqu’à présent, le Président égyptien a réussi à museler et juguler cette opposition sans prendre trop d’égards, mais cela va-t-il durer ? Les Renseignements israéliens ont observé que l’Iran et le Hezbollah sont très actifs en coulisse notamment pour favoriser le terrorisme dans la péninsule du Sinaï qui pourrait à terme déstabiliser l’Egypte.
Les prochaines élections n’auront lieu qu’en 2011, mais d’ores et déjà, Hosni Moubarak, qui ne briguera probablement pas un nouveau mandat (il est au pouvoir depuis 1981), s’active pour préparer une succession qu’il aimerait « tranquille ». Malgré la sérénité affichée par le pouvoir, la classe politique et la société civile sont en effervescence en vue de ce probable changement de régime, et plusieurs personnalités ont déjà fait part de leur volonté de se présenter au suffrage des citoyens, comme Amr Moussa le (très anti-israélien) Secrétaire Général de la Ligue Arabe, ou Muhamad Baradeï, Président sortant de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique. Mais l’on sait également qu’Omar Suleiman serait tenté par l’aventure, tout comme le ministre de la Défense, Muhamad Tantawi.
D’un point de vue israélien, même si la paix avec l’Egypte n’est de loin pas celle à laquelle s’attendaient les signataires des accords de 1977, on souhaite la poursuite de la politique « modérée » pratiquée jusqu’à présent par le Caire, qui ne remettrait pas en cause les alliances stratégiques engagées avec Israël et qui continuerait à œuvrer pour la stabilité de la région, notamment en tentant de contrer les influences islamistes. En ce sens, Jérusalem préférerait que Hosni Moubarak se représente – malgré son âge et son état de santé – ou qu’il désigne son fils Jamaal Moubarak, pour autant qu’il soit ensuite élu, ou encore qu’Omar Suleiman succède au Raïs égyptien. Suleiman entretient d’excellents contacts avec l’Administration US et avec l’Occident en général, et il est également connu comme étant un grand adversaire de l’influence iranienne et des mouvements radicaux islamiques.
Par contre l’arrivée au pouvoir des trois autres noms pressentis, Amr Moussa, Muhamad El-Baradeï ou Muhamad Tantawi serait mal prise par Israël, tant les déclarations des ces personnages traduisent leur animosité envers Israël. De ces trois hommes, c’est El-Baradeï qui aurait le plus de chances de rivaliser avec les favoris de Hosni Moubarak – il a déjà été approché par des responsables de l’opposition – et c’est la raison pour laquelle, l’entourage du Président égyptien a déjà entamé une campagne de dénigrement à son égard. De son côté, El-Baradeï accuse Moubarak « de vouloir imposer son fils comme successeur » et il demande des « élections plus démocratiques en présence d’observateurs de l’ONU ».
Les Frères Musulmans, pour le moment mis sous l’éteignoir, menacent de se réveiller si c’est Jamaal Moubarak ou Omar Suleiman qui sont en passe de succéder à Hosni Moubarak, car une prochaine fin de règne de Moubarak serait une occasion unique pour eux de tenter de prendre le pouvoir en Egypte, ou du moins d’imposer un candidat qui est moins pro-occidental.
Il est probable qu’Omar Suleiman, lors de son récent passage en Israël, ait tenté de calmer les inquiétudes des dirigeants israéliens, leur disant que « tout est sous contrôle », mais il est clair que tous les pays ou mouvements hostiles à l’actuel régime, à savoir l’Iran, le Hezbollah, le Hamas et les « Frères Musulmans », sont avides de ce genre de situations incertaines pour tenter de faire avancer leurs pions machiavéliques, et dans le cas de l’Egypte, lui imposer un virage stratégique, notamment sur le plan de ses relations avec Israël.
L’une des particularités des régimes autoritaires, c’est qu’au-delà de leur solidité et leur stabilité apparentes dues à une main de fer, ils sont susceptibles de connaître des crises intenses à des moments cruciaux de leur histoire, comme par exemple lors d’une fin de règne, et devenir ainsi la proie de tous les appétits intérieurs comme extérieurs.
L’armée saoudienne paie un lourd tribut : 73 morts et 470 blessés
mardi 22 décembre 2009 - 16h44, par Khaled Asmar - Beyrouth


L’Arabie saoudite a revu à la hausse le bilan des opérations engagées depuis près de deux mois contre la rébellion Al-Houthi, à la frontière avec le Yémen. Selon Riyad, 73 militaires ont été tués et 470 autres ont été blessés, dont 60 sont toujours hospitalisés. Le commandement de l’armée saoudienne reconnait en outre que 26 militaires sont toujours portés disparus.
L’adjoint au ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled Bin Sultan, a reconnu, ce 22 décembre, le bilan officiel des opérations menées contre les « insurgés » qui tentent de s’infiltrer en territoire saoudien. Aux rebelles qui occupent la localité frontalière d’Al-Jabiri, Khaled Bin Sultan a lancé un avertissement leur accordant 48 heures pour se rendre aux forces saoudiennes. Notons que le village Al-Jabiri est une avancée saoudienne (enclave) encerclée aux trois quarts par le Yémen, ce qui en fait une position militairement indéfendable. Les rebelles l’ont occupée depuis plusieurs jours.
Par ailleurs, le prince Khaled Bin Sultan a affirmé que les forces saoudiennes ont sécurisé l’ensemble de la frontière sud avec le Yémen, dans la province de Jazane. Mais il n’a pas évoqué la partie nord de la frontière. Pourtant, les rebelles, alliés à Al-Qaïda et soutenus par l’Iran, multiplient les tentatives d’ouvrir de nouveaux fronts avec l’Arabie saoudite. A cet égard, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique est de plus en plus présente dans le Hadramouth, à l’est du Yémen, une province désertique où les tribus se convertissent au chiisme. La particularité de ce territoire est sa vaste étendue et sa proximité avec le « Roubeh Al-Khali » (le quart vide), qui fut longtemps disputé par l’Arabie et le Yémen. En outre, les autorités de Sanaa ont annoncé, ce mardi, la saisie de 37 voitures chargées d’armes et de munitions, destinées aux rebelles. Ce qui prouve que ces derniers ne s’avouent pas vaincus. Leur détermination à harceler l’Arabie est proportionnelle aux divergences politiques et idéologiques qui alimentent la crise saoudo-iranienne tant en Irak qu’au Liban.

Le président égyptien Hosni Moubarak a entamé une tournée dans les monarchies du Golfe, immédiatement après avoir reçu au Caire le président du Parlement iranien, Ali Larijani. Plusieurs observateurs estiment que l’Egypte serait sur le point de tenter une médiation entre la République islamique d’Iran et ses voisins sunnites du Golfe. Mais avant d’en arriver là, il faudrait que le Caire et Téhéran parviennent à normaliser leurs relations. A l’heure actuelle, la tournée de Moubarak serait davantage un signe de tension (revue des troupes) qu’un signe d’apaisement (médiation).
Khaled Asmar
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[Mardi 22/12/2009 14:15]