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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 14:20

 

  

Merci Guitel

 

Théodore Herzl, Une nouvelle lecture

par le Dr Yitshak Weisz

 

Interview Par Guitel Ben-Ishay - leptithebdo

 © 2011 www.aschkel.info

 

Paru en 2006 dans sa version française, et en 2008 dans sa version hébraïque, « Théodore Herzl, une nouvelle lecture », est un ouvrage qui bouscule les idées reçues. Plus de 100 ans après la disparition de l'auteur de l'« Etat juif », Georges Yitshak Weisz nous livre une analyse qu'il décrit lui-même comme factuelle et non personnelle de ce personnage controversé au sein de la communauté juive.

Certaines réactions des sphères rabbiniques face à cet ouvrage prouvent son importance.

 

Ainsi le Rav Yossef Ben-Shoushan après la lecture de ce livre : « Merci Dr Yitshak Georges Weisz, pardon Binyamine Zeev Hertzl z"l ». Et il poursuit : « Je tiens à remercier de tout cœur Mr Yitshak Georges Weisz, pour son excellent ouvrage, qui a été pour moi une véritable révélation. A mon humble avis, cette œuvre révolutionnaire nous dévoile le véritable visage du grand homme Herzl, dans toute la pureté et la noblesse de sa conception du retour d'Israël sur sa terre (…) Suite à ma lecture passionnée de ce livre, j'ai éprouvé le profond besoin de demander à Herzl, Pardon. Je l'ai fait aussitôt sur sa tombe.

C'est pourquoi j'ai décidé de faire Téchouva (= de me repentir) en propageant aux yeux de tous le véritable visage du générateur de notre renaissance nationale. »

 

Cette semaine, nous célèbrerons le 107e anniversaire de la mort du père du sionisme moderne. A cette occasion, nous avons interrogé Yitshak Weisz : il nous explique qui est le Théodore Herzl qu'il a découvert au cours de ses recherches.

 

Le P'tit Hebdo : Pour quelles raisons avez-vous entrepris l'écriture de cet ouvrage ?

Yitshak Weisz : Rien ne me prédestinait à une telle entreprise.

Lors de vacances, j'ai lu, au début distraitement, puis ensuite avec passion, le roman de Théodore Herzl : « Altneuland » (le Pays ancien Nouveau).

Cette lecture a été un déclic : tous les clichés dans lesquels je baignais, comme de nombreux Juifs, ont été brisés.

En rentrant chez moi, j'ai été amené à lire intégralement les écrits d'Herzl et je me suis aperçu que sa pensée avait été falsifiée et dénaturée : Herzl avait été déjudaïsé et désionisé de façon massive. Mon livre est l'aboutissement d'une dizaine d'années  de recherches.

 

Lph : Comment pourrait-on résumer alors la pensée d'Herzl ?

Y.W : Mes recherches m'ont permis de mettre en évidence la convergence entre le narratif juif (Tana'h, Talmud, Midrash, etc.) et les écrits de Théodore Herzl. On passe  sous silence que le grand-père de Herzl, Shimon Leibl, Juif orthodoxe, était un familier du Rav Yehuda Alkalai de Zemlin, dont l'œuvre considérable était essentiellement centrée sur le Retour des Juifs en Eretz Israël, qu'il définissait comme la véritable Techouva au sens premier du mot. Plus tard, dans son discours d'ouverture du premier Congrès à Bâle, Herzl définira le Sionisme comme le Retour à la Judéité comme condition du Retour en Israël, c'est-à-dire la prise de conscience de l'identité juive.        

Théodore Herzl avait parfaitement compris que le problème auquel les Juifs étaient confrontés était avant tout un problème d'identité, et c'est cela qui le rend tellement actuel.

La société israélienne est tiraillée, déchirée entre les deux composantes de l'identité juive, particulariste et universaliste. Dès le premier Congrès Sioniste, Herzl a démontré le caractère artificiel de cette opposition. Il affirmait continuellement que nous devions participer au concert des Nations, mais « en tant que juifs en brandissant bien haut notre judéité ».

  Herzl préférait parler de judéité plutôt que de judaïsme, ce qui revenait à exprimer l'idée que l'identité juive ne se résumait pas à la pratique des mitsvot. D'ailleurs parmi ses proches collaborateurs, on comptait des rabbins dont certains appartenaient même au courant 'haredi.

En effet le Talmud enseigne qu'Erets-Israël possède une dimension qui transcende la pratique des mitsvot.          

 

Lph : Pourquoi a-t-on à ce point dénaturé les écrits de Théodore Herzl ?

Y.W : Tout d'abord, il faut savoir que Théodore Herzl, lui-même, s'attendait à susciter ces réactions : « Les Juifs bien établis me haïront », pensait-il ou encore « Je m'attends à l'ingratitude de ceux qui devraient m'être reconnaissants ». Quelques années plus tard dans une lettre à Bernard Lazare, il se décrit comme « un instrument que l'on brisera après s'en être servi ».

En fait Théodore Herzl était dangereux pour les Rabbins comme pour les partisans de l'assimilation : les uns comprenaient le judaïsme uniquement comme une religion, les autres comme une philosophie universaliste mais aussi bien les uns que les autres avaient évacué l'idée même du retour des Juifs en Israël. 

 

Lph : Dans votre ouvrage vous démontez certaines idées reçues sur Herzl.

Y.W : Les longues recherches que j'ai menées ont mis en lumière deux clichés associés à Herzl qui se sont avérés être totalement faux.

Le premier est le lien que l'on a établi entre l'affaire Dreyfus et la démarche d'Herzl. Cette dernière n'a absolument rien à voir avec le spectacle dont il a été témoin en France.

En effet, Herzl était torturé par la situation des Juifs depuis au moins 13 ans avant l'affaire Dreyfus.

Le deuxième cliché est celui autour de l'Ouganda. Lorsque l'on étudie cette proposition du 6e Congrès sioniste dans le détail, on s'aperçoit que toutes les théories qui ont été bâties dessus ne sont que des calomnies incroyables. Pour Théodore Herzl, Sion était le lieu par excellence de la synthèse entre les dimensions particularistes et individualistes du peuple juif.

 

Lph : De nos jours, sommes-nous fidèles à la véritable pensée de Théodore Herzl ?

Y.W : Il est clair que Théodore Herzl serait ravi de voir que l'Etat d'Israël existe avec son gouvernement et ses infrastructures.

En revanche, il serait épouvanté de constater les clivages qui caractérisent la société israélienne. Ils sont la preuve que sa pensée a été trahie également au niveau social et que le cœur de son message n'a pas été compris.

 

Lph : Pensez-vous que les mentalités peuvent encore évoluer pour d'une part rendre au message d'Herzl son vrai sens et d'autre part l'appliquer réellement ?

Y.W : Je pense qu'il y a de bonnes raisons d'y croire. Je constate que la majorité des gens qui ont été empoisonnés par un certain discours se rendent compte que celui-ci ne résiste pas aux faits.

Nous devons tendre à créer un vocabulaire et une pensée qui permettront de rompre le dialogue de sourds en vigueur.

Dans l'Etat juif d'aujourd'hui, il est nécessaire de dénoncer un vocabulaire inapproprié à la société israélienne. Des catégories de langage et de pensées comme « religieux » et « laïc » en particulier constituent une source de divisions insurmontables. 

Il est évident que cela exige un retour aux sources vivantes de la judéité et une étude authentique des textes de Herzl dans les écoles, ce à quoi travaillent déjà certaines personnes.

Ce qui m'encourage également c'est lorsque je constate que confrontés aux faits, nombreux sont ceux qui ont pu se défaire des clichés concernant Théodore Herzl. J'en suis un exemple, bien entendu, 

Il faut donc revenir à Herzl, c'est-à-dire à une vision unificatrice de la judéité et du sionisme. Selon moi, Herzl est nécessaire aujourd'hui plus que jamais.

 

 

Points de vente :

Version française : publié aux Editions L'Harmattan. Librairie Vice-Versa, 1 rue Ben-Shatah, Jérusalem.

Version hébraïque : publié aux Editions Yediot Aharonot. En vente dans toutes les librairies.

 

L'organisation Oz le Israël, dirigée par le Rav Yossef Ben-Shoushan, organise la hazkara de Binyamine Zeev Hertzl z"l, le Vendredi 20 Tamouz (22 juillet) à 10h30 au mont Hertzl à Jérusalem.

 

 

 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 17:55

 

 

Marek EDELMAN - Héros de VARSOVIE

Par Alain RUBIN

pour © 2011 www.aschkel.info

 

Marek Edelman - 2005

Le Samedi 16 janvier de l’an passé, les héritiers parisiens du Bund, le cercle ouvrier- arbeter ring, organisaient à la maison des métallos une commémoration consacrée au commandant en second de la révolte du ghetto de Varsovie.

 

La salle sera vibrante d’émotion. On peut la comprendre.

Elle honorait un homme qui n’était pas n’importe quel homme. Elle honorait un combattant, un militant, fidèle jusqu’à la fin de sa vie, aux idéaux qui sont à l’origine de la proclamation du premier parti ouvrier dans l’empire des Tsars, le Bund, le parti marxiste du prolétariat juif de la zone de résidence. Dans l’empire tsariste les Juifs, en russe les Yévreï (les Hébreux), n’étaient pas, sauf exception, autorisés à vivre hors de cette partie de l’empire. Ils étaient donc concentrés dans la zone dite de résidence dont seule une infime fraction privilégiée pouvait s’échapper légalement.

 

Plusieurs personnalités interviendront, dont l’ambassadeur de Pologne à Paris. Elles rappelleront le combat d’Edelman et du Bund.

Rosenberg, un survivant de la révolte du ghetto, camarade de parti et ami de Marek, s’adressera à la salle en yiddish. Il rappellera que les jeunes combattants Juifs étaient, le 19 avril 1943, en tout et pour tout, 220 jeunes hommes et femmes.

 

Avant d’être un des dix millions d’hommes et de femmes de Solidarnosc*2, Marek Edelman sera du combat ouvert par le printemps polonais de 1956, ce que l’on appellera le mouvement des Conseils ouvriers du Printemps polonais.

Il sera aussi du travail de réorganisation du mouvement ouvrier qui suivra la grève de décembre 1970. Cette grève subira les tirs de mitrailleuses envoyées par le stalinisme aux abois, comme moyen de « dialoguer » avec la classe ouvrière. Des centaines d’ouvriers polonais seront exécutés dans les rues des ports baltiques, sans autre forme de procès. Les corps des victimes des violences de la Zomo, furent emmenés et ensevelis en cachette dans des fosses communes clandestines, sans que les familles sachent ce que l’on avait fait de leurs morts.

 

Les actions des quatre villes portuaires en grève (Szczecin, Gdynia, Sopot et Gdansk) furent organisées par le comité des délégués élus, présidé par l’ouvrier électricien du chantier naval de Szczecin et ancien militant du PPS (parti socialiste polonais), Edmund Baluka.

Avec leur comité élu de grève, commun à la population ouvrière des quatre cités du golfe baltique, les grévistes, leurs familles et leurs voisins, mèneront un combat qui fera chuter Gomulka. Ce combat légitime amènera son successeur, Gierek, à devoir venir longuement s’expliquer devant les délégués élus des grévistes.

 

La grève de décembre 1970 créera les conditions qui permirent, un peu plus tard et jusqu’à Solidarnosc, l’existence d’une organisation indépendante de la dictature, le KOR (le Comité de défense ouvrier). Marek Edelman sera aussi de ce combat quotidien, dont les effets seront Solidarnosc puis la chute du stalinisme en 1991.

 

La vie de Marek Edelman, c’est le destin croisé de deux nations ne formant qu’un seul mouvement ouvrier avec plusieurs organisations, la polonaise et la juive, victimes à différent degrés : du tsarisme, du nazisme, du stalinisme.

La vie de Marek Edelman, c’est la continuité du mouvement ouvrier.

 

Depuis cette commémoration, on a vu que l’appel de Marek, sous forme d’une lettre aux organisations palestiniennes, n’a pas trouvé d’écho, en dehors du travail quotidien commun entre la Histadrut et les syndicalistes palestiniens de la PFGTU.

 

Les débris putrides du stalinisme, fédérant une constellation de groupes gauchistes, se sont inventée une nouvelle « patrie des travailleurs », une « URSS » par substitution, sous couvert d’une imaginaire « révolution palestinienne » qui serait le « centre de la lutte contre l’impérialisme » (Alan Gresh).

 

Le 68ème anniversaire du soulèvement des quelques milliers de rescapés des « actions spéciales » du mois de juillet 1942 menées contre le demi-million de Juifs du Ghetto de Varsovie devrait marquer cette année la date de l’action de guerre préméditée contre Israël. Il s’agit d’une action de guerre minutieusement préparée par le stalinisme (PCF) et par ses acolytes (NPA et Cie, alliés à des organisations djihadistes, Turques de l’IHH et arabes émanant des Frères musulmans), en invoquant, pour se faire, une « aide humanitaire » (alimentaire, sanitaire et en matériaux pour constructions civiles) dont la population de Gaza n’a nul besoin.

 

Gaza ne subi d’autre embargo que celui sur les armes : armes exclusivement destinées à arroser Israël sous un déluge de feu au moyen d’une nouvelle génération de missiles, allant plus loin que Sderot et Ashkelon, plus maniables et plus précis que les quassam et les roquettes actuelles.

Il n’est qu’à regarder les enfants palestiniens pour voir qu’ils ne manquent ni de nourriture ni de soins.

Il suffit d’ouvrir les registres des hôpitaux israéliens, pour voir que gratuitement, aux frais du contribuable israélien, Juif ou Arabe, les habitants de Gaza bénéficient de soins gratuits en Israël. En 2010, 180 milles d’entre eux ont ainsi bénéficié de soins hospitaliers gratuits en Israël. Embargo sanitaire contre un apartheid si horrible, qu’il à offert des soins gratuits de haut niveau à 180 milles de ses victimes?

Embargo sanitaire ?

De qui se moque-t-on ? J’évoquais les staliniens, leurs comparses et leurs avatars « palestiniens » : cette école politique n’a pris sa véritable physionomie qu’avec le mensonge débridé et la calomnie comme moyen d’action.

Ces lugubres personnages restent fidèles à eux-mêmes, en parlant d’embargo sanitaire et alimentaire, en parlant d’apartheid israélien, en parlant de génocide, en invoquant des actions disproportionnées...

 

Alain Rubin le 21 avril 2011

 

 

Marek EDELMAN - Héros de VARSOVIE

1919/2009

Nous venons d’apprendre la mort de Marek Edelman. Le combattant, le militant du mouvement ouvrier de toujours nous a quittés. Il avait 90 ans.

 

C’est un tout jeune homme qui représentera son parti, le Bund*3 en Pologne, sous l’occupation nazie, au sein de l’organisation juive de combat.

 

En 1945, Marek fera pour son parti, le Bund, un rapport terrifiant sur le quotidien des Juifs enfermés à plus d’un demi million dans une portion de Varsovie à peine assez grande pour y faire vivre, à peu près normalement, trente mille âmes.

Le ghetto de Varsovie, c’était la faim de chaque instant et les habitats surchargés, à treize et plus par pièces non chauffées même par les rudes hivers varsoviens, hivers aux froids plus intenses que ceux connue en Pologne avant la seconde guerre mondiale, -froids plus froids qu’à l’accoutumée donc-, avec leurs effets sur des êtres humains sous alimentés et des milliers d’enfants perdus, n’ayant plus de parents et criant leur faim jusqu’à la mort la nuit dans les rues désertes. Emmanuel Ringelblum racontait (dans « oneg shabbat »- les chroniques du ghetto de Varsovie) ces scènes éprouvantes, pour qui avait encore un quignon à peine suffisant pour survivre jusqu’au lendemain, quand on entendait dans la nuit ces enfants perdus du ghetto appelant devant des fenêtres mortes pour qu’on leur envoie un tout petit morceau de pain. Le lendemain, raconte-t-il- en sortant, on les trouvait morts, gelés sur le trottoir, ces oisillons que les nazis avaient privés de leurs parents et laissés mourir*4. C’était, ces enfants abandonnés du ghetto, quelques uns de ces « poux que seuls on aurait gazé à Auschwitz » -dixit Faurisson- en l’occurrence, pour les Juifs de Varsovie, la chambre à gaz de Treblinka.

 

Le rapport Edelman décrit avec une précision terrible les actions de juillet 1942 qui vont rassembler quotidiennement des milliers de Juifs, hommes, femmes, vieillards et enfants frappés, humiliés, terrorisés, sur la umshlagplatz pour y être poussés et enfermés dans des wagons à bestiaux vers les chambres à gaz de Treblinka.

 

Ahmadinejad et ses comparses du théâtre de la main d’or, je pense au clown sinistre qui y officie, devraient lire le rapport Edelman. Ils apprendraient peut-être la réalité qu’ils nient et prétendent qu’elle serait une invention du « lobby sioniste ».

 

Edelman n’était pas sioniste. Après la guerre, bien qu’antistalinien, il poursuivra en Pologne son combat pour l’émancipation ouvrière et humaine.

Il ne pourra cependant pas poursuivre l’action du Bund, le parti ouvrier juif marxiste*5, devenu illégal après la fusion forcée entre le parti stalinien (PPR) et le grand parti ouvrier PPS (socialiste) et ayant perdu sa base sociale, le prolétariat juif totalement anéanti par la shoah. En 1940, il y avait 3,3 millions de Juifs en Pologne, après la guerre il n’en restait plus que trois cent mille, un tiers ayant survécu en Pologne, caché, ayant pu gagner des maquis, deux tiers ayant pu trouver refuge en URSS.

En 1981, Edelman fut un des hommes de Solidarnosc des dix millions de travailleurs syndiqués, au premier congrès duquel Lipinski, un disciple de Rosa Luxembourg déclara, en pointant du doigt les staliniens : ici, nous sommes la classe ouvrière librement organisée, ici nous sommes les travailleurs, ici nous sommes le Socialisme !

 

Il y a quatre ans je crois, Marek Edelman s’adressa par lettre ouverte aux Palestiniens et à leurs organisations. Il leur demanda de choisir la voie du dialogue et de la lutte politique.

Edelman rappela aux Palestiniens, qui attaquent les autobus scolaires « pour lutter contre le sionisme », qui envoient des hommes et des femmes, parfois des adolescents, se faire exploser sur des marchés, dans des autobus ou à des arrêts de bus, dans des restaurants populaires et des bars, dans des mariages et des fêtes de bar mitzva, que : en Pologne, enfermés dans le ghetto, terrorisés ou révoltés par les cadavres ramassés chaque jour dans les rues par dizaines, cadavres d’enfants ou de vieillards morts de faim, des jeunes militants bundistes ou poalétsionist de l’Hachomer Hatzaïr proposeront de sortir du ghetto, pour se rendre dans les rues de Varsovie habitées par des allemands et leurs familles, pour y tuer, au hasard, des allemands, qu’il soient adultes, femmes ou enfants. Ce point de vue fut rejeté.

Les fautes et les crimes des pères, SS assassins ou complices actifs des assassins, ne peuvent justifier le meurtre des épouses et des enfants.

Pourtant les Juifs avaient alors des motifs d’en vouloir en bloc au peuple allemand. Mais que ce soit le Bund ou les courants du Poalé Tzion, aucun parti socialiste juif, et même au-delà, aucun parti politique et aucun courant religieux juif n’accepta le point de vue de la responsabilité et de la culpabilité collective des allemands. Les souffrances à Varsovie étaient terribles, et certainement pas moins terribles qu’a Gaza où on ne meurt pas de faim dans les rues, que je sache. Pourtant personne ne soutint dans le ghetto de Varsovie qu’il fût juste d’aller tuer des allemands, au hasard, quels qu’ils soient.

 

Edelman a cherché à ouvrir une discussion, espérant, lui le Juif non sioniste, pouvoir favoriser un dialogue en vue de la paix entre Juifs d’Israël et Arabes de Cisjordanie/Gaza.

Quand il a prit cette initiative, Marek Edelman était un très vieil homme ; il était toujours un Juif militant de la cause du socialisme vrai, un militant de la cause humaine. Il n’était pas devenu sioniste mais il a voulu contribuer à favoriser un dialogue sincère entre Juifs et Arabes formant deux nations sur un même exigu territoire. Sa lettre est restée sans réponse. Mais en la circonstance, cette fin de non recevoir était une réponse, et la plus décevante qui soit, à savoir : La haine est légitime, on doit pouvoir tuer n’importe quel juif, parce qu’il est juif ; il n’y a de bon Juif qu’un Juif mort. Isaac, Jacob, Moïse, Aaron, Joseph, David, Salomon, Elie, Jésus, Marie, Einstein, Guevara etc. Tous sont de bon Juifs et Juives, parce qu’ils sont morts. On peut même se les approprier pour dénigrer leurs frères, leurs sœurs et leurs enfants.

 

Saluons le combattant.

 

Saluons Marek Edelman, défenseur fidèle du mouvement ouvrier. Saluons l’adversaire de toujours de l’appareil bureaucratique, le stalinisme, qui a porté un coup si terrible au socialisme, favorisant : la régression « religieuse » qui menace de tout emporter en ramenant l’humanité des siècles en arrière, et les paradigmes du « marché libre » manifestement impuissants à résoudre les problèmes fondamentaux de la planète.

 

                                                                             Alain RUBIN

 

*1 on observera ici que les censeurs d’Israël les plus vindicatifs, -ceux prêts à parler à tout bout de champ de « génocide » des Palestiniens dix fois plus nombreux aujourd’hui qu’en 1967, capables de parler d’enfermement scandaleux et même terroriste d’un malheureux jeune homme, parlant de l’apprenti assassin raté Salah Hamouri, s’agitant dans les conseils municipaux et les syndicats en détournant de leur objet les impôts locaux et les cotisations syndicales pour financer un « Marmara français »-, donc plus particulièrement les supporters des organisations dites « palestiniennes », FPLP, FDPLP, construites avec les fonds de Moscou et avec l’aide des services très spéciaux de la défunte RDA, sont des enthousiastes du prétendu « socialisme réel ». ces censeurs d’Israël, ces irréprochables étaient capables de vous expliquer : qu’il était parfaitement normal que le « socialisme » se défende, même avec des mitrailleuses, qu’il était légitime qu’il envoie ad patres des centaines d’individus manipulés par l’impérialisme, même si c’étaient des ouvriers travaillant sur des chantiers navals où ils produisaient à la sueur de leur front ces richesses que leurs bourreaux dilapidaient.

 

*2 une femme, une ouvrière, a joué un rôle décisif, historique.

Il s’agit d’Anna Valentinowicz, morte dans le crash de l’avion de rendant en Russie pour la cérémonie en l’honneur des milliers d’officiers de l’armée nationale polonaise assassinés, une balle dans la nuque » par les tueurs du NKVD agissant sur ordre de Staline.

C’est Anna qui fut l’élément déclencheur de la grève des chantiers navals Lénine, à Gdansk, grève d’où sortiront les syndicats de masses, groupant les trois quart de la classe ouvrière, voire la totalité dans les grandes entreprises. C’est sa prise de parole, le matin, à l’entrée des chantiers, juchée sur une caisse de bois, appelant à la grève, qui produira le gigantesque ébranlement qui amènera la chute des imposteurs staliniens, architectes et financeurs des FPLP et autres FDPLP.

 

*3 le BUND a été fondé en 1897.

Lorsque se tient en 1903 le congrès qui unifie en un seul parti tous les cercles marxistes de Russie, le POSDR (parti ouvrier social démocrate de Russie) qui naît à ce congrès regroupe un peu plus de 3000 militants.

Le BUND à lui seul n’organisait pas loin de quarante mille membres en Russie et dans la partie de la Pologne annexée à la Russie. Le Bund et ses dirigeants (Vladimir MEDEM en particulier) se voulaient des marxistes intransigeants, mais ils resteront en dehors du POSDR.

Sur un terrain marxiste, le Bund représentait chez les Juifs ce que PPS et Dachnaktoutsioun représentaient alors chez les Polonais et les Arméniens, des partis socialistes organisant le prolétariat naissant et prenant en charge les aspirations nationales de leur nation opprimée.

 

Le Bund, et Edelman avec lui, n’étaient pas antisionistes, ils étaient non sionistes. Qualifier d’antisioniste Marek Edelman, comme on peut lire dans le Figaro, est un résumé abusif, pour ne pas dire mensonger.

Le Bund et Edelman concevaient l’affirmation nationale de la nation juive sur place, dans une perspective d’autonomie nationale culturelle.

Cette perspective en faisait un parti yiddishiste. Il joua un rôle déterminant dans l’apparition et le développement des institutions scolaires et culturelles juives (écoles primaires et secondaires, écoles professionnelles). Certaines existent toujours et sont toujours très actives. L’organisation de la jeunesse, les filles autant que les garçons, jouait un rôle important dans la politique du Bund. Le Bund animait les organisations syndicales des travailleurs juifs, sachant qu’il fallait faire face chaque jour à la politique de boycott à l’encontre des boutiquiers et des artisans Juifs menée par le Parti national démocrate polonais. Ce parti organisait aussi une agitation nationaliste et antisémite cherchant à interdire l’embauche des ouvriers juifs dans les usines. Mon oncle Oskar Kon possédait une grande usine textile à Lodz, mais il n’était pas maître de décider qui il recrutait pour y travailler. Une grève fut déclenchée dans son usine par les nationaux démocrates, parce que quelques tisserands juifs avaient été embauchés. Son fils venu négocier fut lynché et tué par des grévistes.

Aux élections municipales de Varsovie, le Bund remportera le plus grand nombre des suffrages parmi les Juifs qui représentaient 40% de la population de la capitale polonaise.

 Le bundisme représentait une sorte de haskala laïque et socialiste marxiste, vertébrée par le mouvement ouvrier et par l’élément décisif de la nationalité, la langue. Le yiddish était une interconnexion des 10 millions de Juifs vivant en Europe et dans les Amériques, dont plus de 50% en Pologne et dans la Russie devenue URSS.

Le Bund donnera de nombreux militants au mouvement ouvrier dans d’autres pays en Europe et dans les Amériques. Ils y joueront souvent un rôle important, en particulier dans les différents groupements socialistes et dans le syndicalisme américain de la première moitié du vingtième siècle. En Pologne indépendante, c’est de ses rangs, qu’avec Saül Amsterdamer et le « Kombund » sortiront les gros bataillons du parti communiste polonais dissous par Staline en 1938.

Peu après le début de la guerre, Staline fera fusiller les deux principaux dirigeants du Bund réfugiés en URSS.

Sur le plan des revendications nationales de la nation juive, le Bund ne préconisait pas la réinstallation des Juifs de la diaspora et de l’exil sur le territoire historique du peuple juif (Israël/l’ancienne Judée Samarie). C’est ce qui fait que le Figaro se croit autorisé, après qu’il soit mort et ne puisse lui répondre, à parler d’antisionisme de Marek Edelman.

 

Comme les marxistes juifs qui dirigeaient le puissant parti social démocrate d’Autriche Hongrie, -ceux que l’on appelait les austro marxistes et qui se groupaient autour de Karl Renner et Otto Bauer-, le Bund préconisait « l’autonomie nationale culturelle ». Cette autonomie passait en particulier par la défense du yiddish, langue juive née en Rhénanie il y a plus de mille ans, formée d’un lexique de moyen haut allemand marié à l’hébreu et à l’araméen, dans la proportion de vingt pour cent pour les deux langues ancestrales sémitiques, dont les caractères araméens de l’Hébreu carré servent à écrire le yiddish.

Le yiddish produira une riche littérature. Il donnera à lire à ses locuteurs plus de trente mille ouvrages écrits par des auteurs de nombreuses langues, depuis la Torah jusqu’au Capital de Marx, en passant par les plus grands auteurs de la littérature mondiale et les publications scientifiques.

Le yiddish était parlé et compris par les Juifs, depuis les confins le plus orientaux de la Russie jusque dans les Amériques, USA, Canada et Argentine, en passant par l’Italie du nord, la Yougoslavie, la Grande Bretagne, l’Alsace, l’Allemagne et l’ensemble de l’Europe centrale et orientale.

L’hébreu parlé dans les synagogues et étudié dans les yéshivot présentait certaines particularités non reprises dans l’hébreu du Yichouv qui va devenir la langue nationale de l’Israël restauré. L’hébreu, avec le moyen du yiddish, s’est marié à un dialecte germanique du sud ouest. En retour, le yiddish a influencé l’hébreu, lui faisant dire par exemple : Adonoï au lieu d’Adonaï ou oumeïn au lieu d’amen.

Le yiddish reste encore langue nationale officielle au Birobidjan, petit territoire asiatique, extrême oriental. A l’époque du tsar, le futur Birobidjan était presque vide d’habitants humains toute l’année mais pleins de moustiques en été ; c’est une région sur le fleuve Amour, voisine de la Chine, donnée par Staline aux Juifs de l’URSS en tant que moyen territorial pour réaliser leurs aspirations nationales. Le Birobidjan combinait les caractères d’une caricature bureaucratique, typiquement stalinienne, tournant en dérision le sionisme politique et le bundisme. Le yiddish du Birobidjan, même s’il gardera pour s’écrire, les caractères araméens de l’Hébreu  carré, recevra l’ordre du grand linguiste parmi les linguistes, le génial Staline, d’avoir à se débarrasser de ses hébraïsmes et araméïsmes formant son substrat  moral, qui constituaient la base langagière de son humour et plus généralement de sa relation au monde. En d’autres termes, le yiddish stalinisé ne devait plus être qu’un dialecte allemand écrit en caractères hébreux châtré de tout ce qui exprimait la longue marche de la nation juive ne renonçant toujours pas à être elle-même, où qu’elle se trouve .

 

Marek Edelman et ses amis exprimèrent fidèlement une contradiction : rester le parti ouvrier et marxiste du prolétariat juif, donc un instrument de l’existence de la nation juive, mais ne pas revendiquer un territoire pour cette nation, et encore moins le revendiquer là où cette nation est apparue et a cristallisée, bien qu’elle y ait toujours conservé et entretenue une petite partie d’elle-même et persisté à en faire sa référence morale quotidienne.

 

Vers la fin de sa vie, quand Marek s’adressera aux Palestiniens, je ne crois pas abusif cette fois, de dire qu’il était lui aussi en train de résoudre cette contradiction que d’autres de ses camarades avait déjà résolue.

 

*4  Devant cette détresse de centaines et centaines d’enfants perdus et privés de tout, le grand pédagogue Korszak, réussit à mettre sur pieds deux orphelinats exemplaires. Les enfants des orphelinats furent déportés et gazés à Treblinka. 

 

*5 pour n’avoir pas à devenir illégal ou à devoir se soumettre à la fusion forcée, stalinisant tout le mouvement ouvrier pour en faire une machinerie bureaucratique unifiée dans le POUP, puis totalitaire, Edelman et ses camarades représentant les quelques centaines de bundistes survivants, se trouvant encore en Pologne, décideront la dissolution de leur parti. Ce n’était pas une capitulation devant le grand mensonge stalinien, au contraire, au contraire c’était un moyen pour pouvoir poursuivre le combat indissoluble pour la Justice et la Vérité.

 

                                                                       Alain RUBIN

Texte de 2009 - mise à jour 2011

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 06:22

 

Apartheid – 12 juifs à l'honneur sur des timbres africains héros et combattants de l'apartheid

jpost

Adapté par Aschkel -  © 2011 www.aschkel.info

 

 

Voici donc le thème du nouveau DURBAN III rendre hommage aux vrais héros, à ceux qui par leurs actions ont combattu le racisme et l'apartheid

 

UNE EXCELLENTE LECON A CEUX QUI MELANGENT TOUT !!!!!

 

 

 

 

African stamps honoring Apartheid fighting Jews

 

Apartheid – 12 juifs à l'honneur sur des timbres africains héros et combattants de l'apartheid

 

"Cette émission de timbres reconnait les sacrifices extraordinaires faits pas les juifs pour la libération de leurs frères africains"

Les services postaux du Libéria, de la Gambie et du Sierra-Léone émettront simultanément un ensemble de trois feuillets postaux mardi, ç la mémoire de 12 juifs qui ont combattu l'apartheid et le racisme en Afrique.

Selon l'in des feuillets commémoratifs il est estimé que les juifs étaient sureprésentés – 2500 % en proportion – par rapport à la population blanche présente dans l'administration.

 

"Cette émission de timbre reconnait les sacrifices extraordinaires faites par des juifs pour la libération de leurs frères africains et ces timbres reconnaissent une des plus grandes contributions à l'humanité du 20ème siècle"

Selon le texte d'un des feuillets

Chaque fiche présente 4 photos en noir et en blanc mettant en vedette les héros juifs.

http://www.legendaryheroesofafrica.com/

Helen_Suzman

 

Hélen Suzamn (née Gavronsky)

origine lithuanienne

est née en1917

dans une ville minière d'Afrique du sud 

                            Read more


Eli Weinberg

 

 

Eli Weinberg né en Lettonie en 1908

 

 

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Esther Barsel 

 

Esther barsel

né en 1924 en Lithuanie

Femme politique Sud-africaine
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Hymie BarselHymie Barsel -

origine lithוanienne

né en afrique du sud en 1920
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Yetta BarenblattYetta barenblatt

 origine lituanienne

née en Irlande en 1913

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Ray AlexanderRay Alexander

(née Simons)

née en Lettonie 1913

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Baruch HirsonBaruch Hirson  

né en Afrique du sud

en 1921
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Norma KitsonNorma kitson

Ecrivain

 Témoigne du racisme et des injustices
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Ruth FirstRuth First

née en Lettonie

en 1925

Ses parents sont

les fondateurs

du parti communiste

                      d' Afrique du Sud (AFPC)
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Hilda Bernstein

Hilda bernstein – née à Londres en 1915

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Lionel Rusty BernsteinLionel

"rusty" Berstein –

né à Durban en Afrique du Sud
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Ronal SegalRonald Segal-né en Afrique du Sud
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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 19:16

 

 

Numéro spécial de Ynet:
 
Hitler, dans le collimateur de Jabotinsky!
Adaptation : Dominique KAHTAN
Pour © 2010 aschkel.info et © 2010 lessakele


 
 
Le journal intime d'un colonel de l'armée britannique révèle de quelle manière le leader sioniste et révisionniste projetait d'assassiner le tyran nazi.
 
Au mois de décembre 1939, quatre mois aprés le début de la deuxième guerre mondiale, Ze'ev Jabotinsky,  le leader sioniste rendit visite à un colonel à la retraite de l'armée britannique, âgé de soixante- et- un an.
 
Le colonel en question, Richard Henry Meinertzhagen, avait été, en son temps, conseiller auprés du War Office (Ministère de la Guerre) à Londres. Il avait fait la connaissance de  Jabotinsky lors de son service militaire dans l'armée britannique en Terre d'Israël  (NDT, la Palestine à cette époque) en 1918 suite à la période ottomane.
 
Le colonel rapporte ainsi sa conversation avec le leader sioniste dans son journal personnel publié à Londres en 1959, sous forme de livre et  ayant  pour titre :" Journal du Moyen-Orient, 1917-1956 ". Voici un trés court extrait de leur conversation :
 
Jabotinsky: "j'ai là un plan pour  faire sauter Hitler et tout l'état-major nazi.
 
Meinertzhagen:  "projet ambitieux!"
 
Jabotinsky: "oui, mais réalisable"
 
Meinertzhagen: "mais encore?"
 
Jabotinsky::" C'est à Münich qu'il faudra éliminer un certain nombre de nazis haut-plaçés. Leurs collègues, ainsi qu'Hitler devront alors se déplacer pour assister aux funérailles. Au moment où ils se retrouveront tous autour de la tombe, on fera exploser  des bombes contenant 100 kilogrammes d'explosifs, cachées dans un cercueil , les envoyant ainsi de vie à trépas.
 
Meinertzhagen :"Qui va activer le dispositif?"
 
 
Jabotinsky:"un de mes amis, fossoyeur juif à Münich."
 
Le colonel, impressionné par ce plan, le présenta au Foreign Office ( (Ministère des Affaires Etrangères). Il conclua son chapitre sur  une courte phrase : le Foreign Office fronça les sourcils, et les Nazis furent ainsi  épargnés.
 
 
Le Brilliant Stratège Militaire.
 
Selon le calendrier juif,  ce lundi 12 juillet a marqué les 70 ans écoulés depuis la mort de Jabotinsky. Il mourut le 4 août 1940 (NDT: à New York, d'une crise cardiaque). Conformément à son testament, son corps, tout comme celui de  Jeanne, sa femme  furent transportés en Israël et furent enterrés le 9 juillet 1964 sur le Mont Herzl.
 
Poète et écrivain, Jabotinsky fut aussi l'un des fondateurs de l'Organisation d'autodéfense juive d'Odessa. Il participa aussi à nombre de congrés juifs en tant que délégué. Il créa le "Zion Mule Corps" ( NDT : bataillon de volontaires juifs fondé en 1914-5) qui combattit les Turcs avec Joseph Trumpeldor. Il fonda aussi la "Jewish Legion" (NDT: Légion Juive: un groupe de volontaires juifs  incorporé à l'armée britannique) qui combattit les Turcs sur la terre d'Israël (La Palestine, en ce temps-là) et fut décoré pour sa bravoure lors des combats de 1918 dans la vallée du Jourdain. Il fut aussi l'un des fondateurs  de la Haganah, l'organisation d'auto-défense qu'il commanda lors des émeutes de Jérusalem. Il fonda aussi le Bétar, un mouvement de jeunesse juive et sioniste et le Mouvement Révisionniste. Il assuma aussi, à ses débuts, le commandement de l'Irgun, l'organisation de résistants militants et sionistes.
 
Le colonel Meinertzhagen, ornithologue, avait une passion, celle d'observer les oiseaux. Commentateur politique et brillant stratège militaire, il aimait les voyages. A l'origine, son journal intime  se composait de 70 volumes qui  furent compilés en un  livre de 376 pages et traduit en hébreu par Aharon Amir. L'éditeur, Dr. Reuven Hecht, reçut un mot de remerciement officiel de la main de David Ben-Gourion, alors Premier Ministre d'Israël.
 
En 1920, le colonel Meinertzhagen prédit qu'un état juif serait mis en place 30 ans plus tard. Il commença à s'intéresser au Sionisme grâce à Aaron Aronson, son principal agent de renseignements,  l'un des chefs du Nili, le  réseau d'espionnage dont le but était de mettre fin à la domination turque.
 
 
Le Sioniste Passionné
 
Ce fut en 1920 que Le colonel rencontra Jabotinsky pour la première fois. Ce dernier venait d'être arrêté et condamné à 15 ans de travaux forcés alors qu'il se  préparait à défendre Jérusalem contre les émeutes arabes.
 
Meinertzhagen s'adressa au commandant en chef de l'armée en Terre d'Israël qui déclara ne "pas pouvoir entraver le travail de la justice". Ce à quoi  Meinertzhagen rétorqua :"mais vous pouvez entraver le travail de l'injustice." La peine de Jabotinsky se vit ainsi fut commuée en un an de prison.
 
Ils se revirent une fois encore, le 14 septembre 1939, 2 semaines aprés la déclaration de la guerre, lors d'un  déjeuner au Carlton, un hôtel de Londres. Le colonel décrit Jabotinsky comme un sioniste passionné, un combattant, "un homme  résolu, mais aussi un homme de talent". Cette fois-ci, Jabotinsky lui fit part de deux autres idées révolutionnaires qu'il transmit par lettre aux ministres du Cabinet de Churchill.
 
En décembre 1939, Jabotinsky suggéra un plan pour saboter les plateformes pétrolières allemandes du Danube. Selon le journal intime de Meinertzhagen, le plan fut étudié en  présence de plusieurs experts britanniques qui l'estimèrent réalisable,et c'est ainsi qu'on assista  à la destruction de plusieurs plateformes pétrolières. Le journal ne révèle rien de plus à ce sujet.
 
Meinertzhagen écrivit que Jabotinsky était un sioniste ardent et fougueux, un grand révolutionnaire, toujours prêt à l'action.
Force et action lui paraissaient plus imporants qu'arguments et discussions.
Bien que Meinertzhagen ait été plutôt partisan de la ligne de conduite modérée adoptée par Chaïm Weizman, le rival de Jabotinsky au sein du  mouvement sioniste, il statua que la victoire d''Israël en 1948 était bel et bien due à l'Irgun, le groupe des combattants sionistes de Jabotinsky. 
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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 17:15

 

 

Flash 90

 

Le Rav Mordehaï Eliahou, ancien grand rabbin d’Israël, est décédé lundi après-midi des suites d’une longue maladie. Il était âgé de 81 ans. Cela faisait déjà un certain temps qu’il était sous soins intensifs à l’hôpital Shaaré Tsedek de Jérusalem avec plusieurs accidents cardiaques et une hémorragie cérébrale. Mais malgré la gravité de son état, il a connu des rémissions spectaculaires et miraculeuses que les médecins ne s’expliquaient pas. Malheureusement, il s’est affaibli ces derniers jours et a finalement succombé à la grave maladie dont il était atteint.

Le Rav Mordehaï Eliahou est né dans la Vieille Ville de Jérusalem, dans une famille d’origine irakienne. Son père, qui était monté en Israël depuis Bagdad, était connu comme étant un grand cabaliste. Sa mère était la sœur du Rav Yehouda Sadka et la petite-nièce du Rav Yossef Haïm, plus connu sous le nom du Ben Ich Haï.

Le Rav Mordehaï Eliahou était une sommité religieuse d’une très grande érudition, dont l’influence était considérable. C’est en 1960 qu’il a entamé sa carrière de juge rabbinique, après avoir obtenu son diplôme de Dayan du grand rabbinat d’Israël. Il a alors été nommé au tribunal rabbinique de Beershéva, devenant le plus jeune Dayan d’Israël. Après quatre ans d’exercice, il a obtenu un poste à Jérusalem avant de siéger, trois ans plus tard, au grand tribunal rabbinique d’Israël.

En 1983, le Rav Mordehaï Eliahou a été élu grand rabbin séfarade d’Israël, recevant le titre de Rishon Letsion, après le grand rabbin Ovadia Yossef. Il a alors dirigé les affaires religieuses du pays avec le grand rabbin ashkénaze, le Rav Avraham Shapira. Il a occupé ce poste pendant dix ans, jusqu’en 5753 (1993).

Dès qu’il a quitté ses fonctions, il est devenu le maître spirituel du public sioniste religieux aux côtés de son ancien collègue, le Rav Shapira, répondant régulièrement aux questions posées par ses nombreux fidèles.

Ces derniers temps, son état de santé s’était nettement dégradé et il y a deux semaines, des dizaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées dans différents points du pays pour des prières collectives en faveur de son rétablissement. Malgré les souffrances qu’il a endurées, il est toujours resté conscient.

La disparition du Rav Mordehaï Eliahou va laisser un grand vide au sein de toute une population qui le respectait profondément et suivait scrupuleusement ses décisions et ses avis. Le Rav Mordehaï Eliahou sera inhumé lundi soir à Jérusalem. Le cortège funéraire prendra son départ dans le quartier de Kiriat Moshé où il demeurait. Yehi Zih’ro Barouh’.


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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 14:50

 

 

QUI A TUE ARLOZOROFF.mp3
De Jacques BENILLOUCHE
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Livresque 

                                                   par Jacques BENILLOUCHE 

Votre navigateur ne gère peut-être pas l'affichage de cette image.             QUI A TUÉ ARLOZOROFF ?

                                               De Tobie NATHAN (Editions Grasset)

 
 Il était difficile à Tobie Nathan de quitter son poste de conseiller culturel à l’Ambassade de France à Tel-Aviv, durant cinq ans, sans y laisser une trace tangible de sa mission diplomatique. Il savait charmer son auditoire à chacune de ses interventions et, avec son dernier roman, il renoue les liens avec ceux qui le liront après avoir aimé l’écouter. Il a réalisé une performance à la fois d’historien et de romancier car« Qui a tué Arlozoroff » est avant tout un thriller, se déroulant à Tel-Aviv et mêlant l’Histoire et le suspense, dont les ramifications se retrouvent en Europe à l’heure où les juifs se battaient pour leur survie et Israël pour sa création.

      Peu de jeunes israéliens connaissent l’histoire de Haïm Arlozoroff et la seule réponse consisterait pour eux à dire qu’il s’agit du nom d’une grande artère de Tel-Aviv ou celui d’une sortie du périphérique. Grand socialiste progressiste, gauchiste dans la terminologie moderne, sorte de ministre des affaires étrangères avant la création de l’Etat, il aurait pu être leader à la place de David Ben Gourion. Il avait créé, le premier, le concept de deux peuples sur une même terre dans une sorte de théorie d’Etat binational avant l’heure mais il a dû par la suite déchanter. Le Foyer National devait, selon lui, intégrer « la politique d’une compréhension mutuelle entre les deux peuples ». Il avait négocié des accords « de transfert » avec le gouvernement nazi consistant à permettre l’immigration organisée de Juifs allemands en Israël mais les révisionnistes de droite mirent tout leur poids pour faire capoter le projet.

      L’auteur ne se borne pas à des considérations politiques puisqu’un roman ne se conçoit pas sans une histoire d’amour tumultueuse. Il nous conte alors, à sa manière truculente, la passion amoureuse de Magda Goebbels, devenue croqueuse d’hommes par déception amoureuse, éprise de ce juif russe Arlozoroff alors que, allemande et fille adoptive de juif, elle devait par la suite épouser le théoricien de la propagande nazie.

      L’assassinat d’Arlozoroff nous conduira progressivement à un puzzle que le lecteur  reconstituera au fil des pages car plusieurs officines avaient intérêt à éliminer cet intellectuel politique juif, trop en avance sur son temps. Plusieurs hypothèses sur le commanditaire du meurtre avaient été échafaudées mais le doute plane encore et le secret reste bien gardé dans les mémoires israéliennes.

      Ce roman, d’une écriture fluide et recherchée, se lit d’une traite tant le lecteur est absorbé par une histoire qui oscille sans cesse entre réalité et fiction. L’auteur en profite pour faire œuvre d’historien car la création d’Israël a été peu contée par les auteurs français. Les amoureux de vraie littérature auront le double plaisir de s’informer sur une période dramatique juive tout en accompagnant leur détente au soleil, cet été, au bord de la plage de Tel-Aviv, où Tobie Nathan a planté son décor, non loin de l’Ambassade de France. 

      Grasset tient certainement un candidat sérieux à un prix prestigieux à moins que le roman ne fasse l’objet d’un film qui lui donnera son envol. D’ailleurs l’auteur laisse transpirer dans son récit l’ébauche d’un scénario dramatique où les scènes sont déjà découpées pour donner au film toute son intensité dramatique. La psychanalyse mène à tout, à la diplomatie certes, mais aussi à la littérature de qualité.   
 
 

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 15:01
Joyeux anniversaire Herzl !

Par EVA SAMAK 
02.05.10

jpost.

 

Relire la superbe série d'articles de Sacha Bergheim

>Sionisme : La pensée de Herzl - Altneuland par Sacha Bergheim

1/5 - 2/5 -  3/5 -  4/5 -  5/5

 

Une petite autobiographie de Theodor Herzl

par Sacha Bergheim

 

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herzl bale aout 1897

 

Tiré de Jewish Chronicle, Londres, 14 janvier 1898.

Il y a 150 ans naissait Theodor Herzl. Dans cette autobiographie de la main de Theodor Herzl, on découvre un homme intelligent, enthousiaste, qui, après avoir cherché sa voie, s'est révélé déterminé à réagir vis-à-vis de la judéophobie ambiante de la seconde moitié du 19e siècle, en se dévouant à son peuple et à sa restauration.

Une époque où par crainte de ce voir exclus d'une société européenne où ils luttaient depuis plus d'un siècle pour l'égalité des droits, de nombreux Juifs accueillirent avec scepticisme le sionisme, dont Herzl pourtant ne doutait pas un instant de ses futures réalisations.

Car elles étaient la seule solution possible aux persécutions et discriminations subies par les minorités juives alors que Dreyfus était condamné et que Vienne élisait un maire sur programme antisémite.


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Herzl et ses enfants à vienne dans son bureau 1897

« Je suis né en 1860 à Budapest, près de la synagogue dont le rabbi, autrefois, me reprochait durement que mes revendications pour les Juifs d'une plus grande liberté et d'un plus grand honneur qu'ils peuvent obtenir actuellement. Sur la porte de la maison de la Tabakgasse, où je vus le jour, on pouvaitt lire vingt ans plus tard un écriteau indiquant « à louer ».



« Je ne peux pas nier que je suis allé à l'école. Je fus tout d'abord envoyé dans une école maternelle juive, où je profitais d'une certaine considération, parce que mon père était un commerçant aisé. Mes plus anciens souvenirs de cette école sont les punitions que je recevais car je ne connaissais pas en détail la sortie des Juifs d'Egypte. Aujourd'hui, de nombreux maîtres d'école me puniraient car je me souviens trop bien de chacun des détails de la sortie d'Egypte. À l'âge de dix ans, je suis allé au collège, où, à la différence du lycée qui mettait l'accent sur les langues anciennes, on insistait sur l'apprentissage des sciences modernes. Lesseps était le héros à l'époque, et j'élaborais un plan pour percer l'autre isthme, celui de Panama. Je perdis bientôt ma préférence pour les logarithmes et la trigonométrie, en raison de l'orientation ouvertement antisémite du collège. Un de nos enseignants nous expliquait le sens du terme « païen » en disant que dans cette catégorie, on trouvait les idolâtres, les musulmans et les juifs. Après avoir écouté cette explication, j'en eus assez du collège et voulut fréquenter un établissement classique. Mon père eut la bonté de ne pas me contraindre à mener mes études dans une voie étroite, et je devins écolier d'un lycée. Malgré tout, mon plan d'un canal de Panama n'était pas encore tout à fait mis de côté. Des années plus tard, alors que j'étais correspondant parisien de la « Neue Freie Presse » de Vienne, je ressentis le devoir d'écrire sur les événements tristement célèbres du « scandale de Panama ».

 

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Herzl au centre, au café luber Wien, avec membres org sioniste 1896


« Au lycée évangélique, les Juifs formaient la majorité des élèves, et pour cette raison, nous n'avions pas à nous plaindre d'un quelconque attitude de dénigrement envers les Juifs. Dans la septième classe, j'écrivis mon premier article, bien sûr sans nom d'auteur, sans quoi on m'aurait sévèrement puni. Pendant mon séjour dans les premières classes du lycée est décédée mon unique soeur, une jeune fille de dix-huit ans, et ma bonne mère était si accablée de chagrin que nous avons déménagé à Vienne en 1878.

« Pendant la semaine de deuil, le rabbi Kohn nous rendit visite et me demanda quels étaient mes projets d'avenir. Je lui répondis que je voulais devenir écrivain : le rabbi dodelina la tête de déception, de la même façon que plus tard il accueillit avec désapprobation le sionisme. Être écrivain n'est pas un véritable métier, conclut le rabbi avec mécontentement.

« À Vienne, j'ai étudié le droit, j'ai participé à toutes les incartades des étudiants, et je portais le bonnet d'une association d'étudiant jusqu'au jour où ils décidèrent qu'ils n'accepteraient dorénavant plus aucun Juif parmi eux. Ceux qui l'étaient déjà seraient amicalement convié à rester. Je quittais aussitôt ces jeunes gens de la noblesse, et me mit dès lors à travailler avec application. En 1884, je devins le titre de docteur en droit et j'obtins un poste de fonctionnaire non rémunéré sous la direction d'un juge, travaillant dans un tribunal à Vienne et à Salzbourg. Dans cette ville, le travail m'apparut particulièrement intéressant, et le paysage autour de la ville est comme chacun sait très pittoresque. Mon bureau se situait dans une vieille tour de forteresse juste en deçà de la chaise du clocher, et trois fois chaque jour j'entendais la sonnerie des cloches qui me semblait vraiment jolie.

« Bien sûr, j'écrivais alors plus sur le théâtre que sur la justice. J'ai passé à Salzbourg parmi les moments les plus heureux de ma vie. Je serais très volontiers resté dans cette belle ville, néanmoins, en tant que Juif, je n'aurais jamais pu prétendre à devenir juge. C'est pourquoi je pris le parti de quitter Salzbourg et le droit.

 

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Herzl avec la délégation sioniste à jaffa 1898

« À nouveau, je suscitai la colère du Rabbi de Budapest, car, au lieu de chercher un véritable métier ou un emploi, je me mis à voyager et à écrire pour le théâtre et des revues. Beaucoup de mes pièces ont été jouées dans différents théâtres, certains avec beaucoup de succès, d'autres avec peu. Jusqu'à maintenant, je ne parviens pas à comprendre pourquoi certaines de mes pièces de théâtre trouvèrent du succès quand d'autres furent sifflées. Cette réception différente m'apprit cependant à ne pas faire attention à la réaction du public vis-à-vis de mes oeuvres. Il faut se contenter soit même de son travail, tout le reste est indifférent. Je rejette aujourd'hui toutes mes pièces, même celles qui ont encore du succès au Burgtheater impérial de Vienne, et je ne m'y intéresse plus du tout.

« En 1889, je me suis marié, et j'ai trois enfants, un garçon et deux filles. Pour moi, mes enfants ne sont loin d'être laids ou idiots. Bien sûr je peux me tromper.

« Lors de mon voyage en Espagne en 1891, le journal « Neue Freie Presse » de Vienne me sollicita pour être leur correspondant à Paris. J'acceptais ce poste bien que je méprisais et détestais à cette époque la politique. À Paris, j'eus l'occasion de comprendre ce que le monde entend par politique, et j'exprimais mes vues sur la question dans un petit livre intitulé « le Palais Bourbon ». En 1896, j'en eus assez de Paris et revint à Vienne. C'est lors des deux derniers mois de mon séjour à Paris que j'écrivis « l'Etat des Juifs », qui me valut l'honneur d'être contacté pour une notice biographique dans votre journal concernant ma modeste personne. Je ne me souviens pas d'avoir vécu dans une tel enthousiasme lors que j'ai écrit ce livre. Heine écrit qu'il entend le battement des ailes d'un aigle au-dessus de sa tête lorsqu'il met sur papier certains vers. Je crois également avoir entendu quelque chose de similaire quand j'ai écrit ce livre. Je travaillais chaque jour à ce livre, jusqu'à ce que je sois complètement épuisé, et mon unique réconfort le soir consistait à écouter la musique de Wagner, en particulier Tannhäuser, un opéra que j'ai écouté toutes les fois où il fut joué. Ce n'est que les soirs où aucun opéra n'était joué que je doutais de la bonne direction de mes pensées.

« Tout d'abord j'avais pensé que je ne diffuserais ce petits livres concernant la résolution de la question juive que de façon privée, parmi mes amis. Ce n'est que plus tard que j'ai envisageais de publier cet écrit : je n'avais aucunement l'intention de me lancer dans une polémique publique autour du judaïsme. La plupart des lecteurs seront surpris d'apprendre cette réserve initiale. Je concevais les choses que d'une seule façon : éviter toute polémique qui n'aurait été qu'un ultime recours au cas où les conseils diffusés en privé n'étaient ni écouté ni suivi.

« Lorsque je terminai le livre, je priais mon plus vieil et meilleur ami de lire le manuscrit. Il se mit à pleurer tout à coup au milieu de la lecture. Je trouvais cette émotion tout à fait naturelle, car il était Juif, et que j'avais moi-même à plusieurs reprises pleurer lors de son écriture. Mais à ma consternation il me donna une tout autre explication. Il pensait que j'étais devenu fou et il était attristé, en tant qu'ami, de mon malheur, et partit sans dire un mot de plus. Après une nuit sans sommeil, il revint et me poussa à abandonner ce projet qui me vaudrait d'être pris par tous pour un fou. Il était si agité que je le lui promis pour le rassurer. Puis il me conseilla de demander conseil à Max Nordau pour savoir si mon plan était l'oeuvre d'un hommes sensé. Ma réponse fut sans appel : « je ne solliciterai personne, à partir du moment où mes pensées produisent une telle impression sur un ami très cher et instruit. Je vais abandonner ce plan. »

« Je venais de traverser une très sérieuse crise, que je ne peux comparer qu'avec un corps chauffé à vif plongé dans l'eau glacée. Il ne fait aucun doute que si ce corps se trouvait être du fer, il devint alors de l'acier.

« Cet ami, dont j'ai précédemment parlé, avait comptabilisé mes dépenses en télégramme. Lorsqu'il me présenta le compte – qui incluait un très grand nombre de courrier – je remarquai d'emblée qu'il les avait comptabilisé de façon inexacte. Je le lui fis remarquer, et il reprit son calcul, mais ce n'est qu'à la troisième ou quatrième fois que la somme qu'il obtint correspondit à la mienne. Ce petit détail me redonna tout ma confiance. J'étais tout à fait capable de compter avec précision mieux que lui : ma raison devait donc ne pas m'avoir totalement abandonné.

« À partir de ce jour commencèrent mes souci concernant l'Etat des Juifs. Pendant les années suivantes, j'ai vécu beaucoup, beaucoup de jours tristes, et je crains devoir encore en vivre beaucoup d'autres. C'est à partir de 1895 que je commençais à tenir quotidiennement un journal, et aujourd'hui, quatre larges volumes sont remplis. Si je devais les publier, le monde serait surpris d'apprendre ce que j'ai dû endurer, qui furent les ennemis de mon projet et, à l'opposé, qui me soutint.

« Mais il m'est certain et indubitable que le mouvement va perdurer. Je ne sais pas que je vais mourir, mais le sionisme ne mourra jamais. Depuis ces journées à Bâle [du premier Congrès sioniste] le peuple juif dispose à nouveau d'une représentation populaire, et ainsi, « l'Etat des Juifs » va renaître dans son propre pays. Je travaille activement à donner naissance à une banque, et j'ai espoir qu'elle se révélera un aussi grand succès que le Congrès. »

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 10:17
Janusz Korczak, l’héroïsme pour l’enfance

par Agnès Staes

un écho d'israel

 

La première fois que j’ai entendu parler de Janusz Korczak c’était à un cours d’ulpan où j’essayai laborieusement d’apprendre l’hébreu. Une leçon portait sur le Yad Vashem et la vie de ce personnage hors du commun.

J’emmène souvent des amis au Yad Vashem et lorsque nous sortons du mémorial des enfants en prenant le chemin du côté droit, nous passons devant une statue d’un homme d’une soixantaine d’année, grave et triste, entourant d’une grande main protectrice des enfants de tout âge, tristes eux aussi : C’est Janusz Korczak dans les derniers jours de sa vie. Elle est souvent recouverte de pierres indiquant le passage de personnes désirant l’honorer.

Janusz Korczak est surtout connu pour son héroïsme : il s’est laissé déporter avec les enfants du ghetto de Varsovie au camp de Treblinka où ils ont tous étaient exterminés. Israël en a fait un juste. Il est une figure humaine indéniable mais il ne faut pas le réduire aux dernières années de sa vie et aux circonstances insoutenables qui les ont marquées. Il est avant tout pédagogue mais aussi médecin pédiatre, journaliste, écrivain. « Le fait que Korczak ait volontairement renoncé à sa vie pour ses convictions parle pour la grandeur de l’homme. Mais cela est sans importance comparé à la force de son message », disait Bruno Betteheim.

Henryk Goldszmit, de son vrai nom, est né d’une famille juive assimilée en Pologne le 22 juillet 1878.
Vers de l’âge de 12 ans, Janusz doit subvenir aux besoins de sa famille à cause de la maladie puis de la mort de son père. Il donne des cours privés et découvre son goût et sa capacité à communiquer avec les enfants. Il les observe et apprend beaucoup d’eux.
Vers l’âge de 15 ans, il devient passionné de lecture.

De 1895 à 1905 il étudie la médecine et se spécialise dans la pédagogie et la pédiatrie. Il voyage pour se former davantage. Durant ce même temps, il publie plusieurs pièces de Théâtre.
En 1909, il rencontre Stefania Wilczynska et la prend pour associée dans son orphelinat.
Un an plus tard, il devient directeur d’un orphelinat et construit en 1912 une institution modèle, Dom Sierot, organisée en ’république’ où les enfants ont autant de droits que les adultes. C’est une école de la démocratie et de la participation.
En 1919, il prend la direction d’un autre orphelinat Nasz Dom avec le même schéma.

Pour lui l’enfant est une réalité à prendre en compte et il milite activement pour la popularisation des droits de l’enfant par le biais d’émission de radio. De 1920 à 1936, il exerce de multiples activités en plus de son orphelinat. Il est expert au tribunal, formateur pédagogique, écrivain, journaliste à la radio. Il est précurseur de la mise en pratique des droits positifs de l’enfant : droit d’expression, de participation et d’association. Dès le début du 20ème siècle, J. Korczack fait une refonte complète de l’éducation et du statut de l’enfant en privilégiant la sauvegarde et le respect absolu de celui-ci. Il est important pour bien comprendre de remettre cela dans le contexte d’un pays occupé, les deux guerres mondiales, les violences politiques et sociales, le clivage entre les Juifs et les Polonais sans compter l’intolérance religieuse et l’antisémitisme.

De 1936 à 1942, c’est la lutte quotidienne pour la survie des enfants puis l’enfermement dans le ghetto de Varsovie à partir de 1940. Là, il porte son uniforme polonais mais refuse de porter l’étoile de David car dit il cela désacralise le symbole.
Le 6 août 1942, il est emmené avec les 192 enfants de son orphelinat et 10 « soignants » dont Stefania vers les wagons de l’enfer qui les emmèneront à Treblinka où ils seront tous exterminés dans les chambres à gaz. On raconte que J.Korsack était en tête en tenant deux enfants par la main. Les autres suivaient par rang de quatre, tous en beaux habits. Le même jour les nazis déportèrent d’Umschlaplatz 4000 enfants des orphelinats et leurs aides du ghetto de Varsovie.
Plusieurs fois on lui donne la possibilité de s’en aller, de fuir, il refusa toujours pour être jusqu’au bout avec « ses » enfants.
Janusz Korczak a joué un rôle important dans tout ce qui concerne les droits de l’enfant et qui appartient aujourd’hui au paysage institutionnel mondial.

Alors qu’il était tout jeune éducateur en 1937, feu le professeur Aleksander Lewin qui devient l’éminent directeur de l’Institut (national) de la recherche pédagogique à Varsovie a rencontré et travaillé avec J. Korczak. Il témoigne de la modestie de l’homme, mal compris, imprégné d’une mission vitale, un homme profondément impressionné par le destin des autres et qui voulait changer ces destins. « Il était donc absolument convaincu que la tâche essentielle des adultes est d’aider les enfants à devenir eux-mêmes, de comprendre et de soutenir leurs efforts quotidiens que signifie grandir, mûrir et apprendre sur soi et sur le monde environnant. Les enfants ont leur propre représentation du monde, de la justice, ils ont un rapport personnel à la vie, supérieur même dans certains domaines (les émotions, la spontanéité, l’authenticité) à celui des adultes » (Site Internet association française Janusz Korczak AFJK).

Pour terminer voici une citation de J. Korczak : « Vous dites : c’est épuisant de s’occuper des enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez : parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser. Là, vous vous trompez. Ce n’est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d’être obligé de nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, de nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser. » Janusz KORCZAK, Quand je redeviendrai petit (prologue), AFJK, traduction révisée en 2007 :

Un cénotaphe en sa mémoire se trouve au cimetière juif de Varsovie.

Pour en savoir plus sur Korczak : http://korczak.fr

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 20:59
L'identité, force de la liberté
Par DAVID BRINN 
06.04.10

 

 

Face au bureau du président de l'Agence Juive, Natan Sharansky, à l'entrée de la salle de conférence de l'organisation, trônent deux portraits : l'un est celui du père du sionisme moderne, Théodore Herzl ; l'autre représente le premier président d'Israël, Haïm Weizmann. Mais assis à son bureau ordonné, qu'il occupe depuis sa prise de fonctions en juin dernier en succédant à Zeev Bielski, Sharansky contemple un troisième portrait. Celui d'Andrei Sakharov, dissident et ardent défenseur des droits de l'Homme en URSS.

Natan Sharansky. 
PHOTO: ARIEL JEROZOLIMSKI , JPOST

Trois figures, qui ont toutes joué un rôle majeur dans la formation du caractère de Sharansky. Ce sont elles qui ont conduit le jeune ingénieur informaticien à devenir l'emblème de la lutte pour la communauté juive soviétique et à vaincre les sombres pouvoirs des autorités soviétiques. Herzl et Weizmann pour la quête d'un Etat juif - ultime réalisation de l'identité juive - et Sakharov pour le combat de la liberté.

Et ce sont justement ces bases que Sharansky, aujourd'hui âgé de 62 ans, a emportées avec lui à l'Agence juive, dernière étape en date du périple de l'illustre immigrant, arrivé en Israël en 1986, alors entouré d'une aura héroïque. Il établira par la suite son propre parti politique, Israël Baaliya, et sera ministre sous trois gouvernements. Mais c'est sans conteste aujourd'hui, en tant que responsable de la relation entre Israël et le monde juif, que Sharansky se sent le plus à l'aise et le plus impliqué. "J'ai fait le choix de quitter le gouvernement et de venir ici", raconte l'ancien refuznik qui a accepté de se confier au Jerusalem Post à l'occasion des fêtes de Pessah.

"Je sens une grande continuité entre les sujets dans lesquels je me suis impliqué toute ma vie - l'identité juive et la convergence entre nos luttes propres et celles visant à faire du monde un endroit meilleur. Car d'ici, je peux influencer le cours de l'histoire juive." L'homme avait suscité la surprise le mois dernier lorsqu'il avait déclaré, à l'occasion d'une rencontre du Bureau des gouverneurs de l'Agence juive : "Notre but ne doit pas simplement consister à faire venir le plus de Juifs possible en Israël. Il faut qu'une forte identité juive précède l'aliya." Et fermement déterminé, Sharansky avait exposé la meilleure façon d'invoquer et de renforcer le sens de l'identité juive là où celle-ci se trouvait à l'état latent. Vaste entreprise. Mais Sharansky n'en est pas à son premier combat.

Face à cet homme trapu, doux, poli et élégamment vêtu, il est facile d'oublier qu'il a enduré les pires épreuves dans une prison soviétique, où il a été incarcéré pour haute trahison et espionnage durant huit longues années. Jusqu'à ce qu'une campagne internationale lancée par sa femme Avital parvienne à faire obtenir sa libération, en 1986. La nuit même, il arrivait en Israël.
Devant le tribunal soviétique en 1978, avant d'être emprisonné, Sharansky avait conclu son appel par ces mots : "Pendant plus de
2 000 ans, le peuple juif, mon peuple, a été dispersé. Mais où qu'ils aient été, les Juifs ont répété chaque année 'l'an prochain à Jérusalem'. A présent, loin de mon peuple, loin d'Avital, confronté à de nombreuses rudes années d'emprisonnement, je déclare à mon peuple et à Avital : 'l'an prochain à Jérusalem.'" Qui saurait mettre en perspective les notions de peuple et d'identité mieux que l'homme qui déclarait : "Cette année nous sommes esclaves, l'année prochaine nous serons des hommes libres", et qui a vu sa prophétie se réaliser ?

Jerusalem Post : Il y a une centaine d'années, il existait une communauté juive mondiale unifiée et reconnue. Pensez-vous qu'elle existe encore aujourd'hui ?
Natan Sharansky : Je ne suis pas sûr qu'il y ait jamais eu de communauté juive unifiée. On peut peut-être avoir cette impression rétrospectivement. Il y a cent ans, Théodore Herzl découvrait l'idée d'une communauté juive, au moment même où il percevait la nécessité du sionisme et de sauver les Juifs. C'était un Juif assimilé, et il ne se sentait pas appartenir à une quelconque communauté.

Je pense que l'idée de communauté juive évoque différentes choses pour chaque Juif. A cette époque, en Russie, on a pu assister à de grandes luttes entre les Sionistes et les Bundistes (Juifs laïcs socialistes) : ils affichaient une différente interprétation de ce qu'est la communauté juive. Quant à la communauté juive américaine, elle pensait globalement n'avoir rien à voir avec ce qui se passait en Palestine. Dans mon dernier livre, Défendre l'identité : son rôle indispensable dans la protection de la démocratie, j'ai inclus un texte de la Plateforme de Pittsburgh (document central du 19e siècle sur l'histoire du mouvement de Réforme américain, adopté en 1885).

On peut constater la façon dont les principes constitutifs de l'identité juive étaient en train de changer : d'un côté les citoyens américains de confession juive qui ne souhaitaient pas embrasser les idéaux sionistes, de l'autre, les Juifs respectueux des principes de la démocratie américaine pour qui Israël est la base de leur identité. Avec l'exode d'Egypte, deux choses se sont passées : des hommes esclaves sont devenus libres, et ils se sont constitués en tant que peuple.

Le lien entre l'identité et la liberté - au centre de mon intérêt ces vingt dernières années - est exprimé de manière tellement profonde et significative avec la sortie d'Egypte. De tous temps, le fait de comprendre pourquoi certains quittaient ou rejoignaient la communauté juive s'est inscrit dans un débat sur la connexion entre identité et liberté. Les idéaux de justice et de liberté peuvent-ils se combiner avec des idées tribales, nationales et religieuses de la communauté juive ou doivent-ils être séparés ?
Je pense qu'à l'image de ce qui s'est passé au moment de l'Exode biblique, on retrouvait ces conflits dans l'Union soviétique des années 1970 : la connexion profonde entre le combat pour la liberté et celui pour l'identité. Et cela demeure vrai aujourd'hui.

J.P. : Enseigner l'identité juive ne dépend-il pas du pays auquel on s'adresse - que ce soit la Russie, les Etats-Unis, la France ou même Israël ?
N.S. : Si. Selon les pays, la façon dont les Juifs se rendent compte qu'ils sont juifs est différente. En Russie, l'assimilation était absolue et totalement forcée. Par conséquent, le retour aux racines passe par une connaissance basique du judaïsme. D'un autre côté, aux Etats-Unis, la meilleure manière d'alimenter l'identité juive passe par des programmes tels que Birthright, Masa ou Lapid (permettant à des lycéens et des étudiants d'université d'étudier en Israël), ou tout type d'expérience en Terre sainte. En France, il s'agit de renforcer le système d'éducation juive sioniste. Et ainsi de suite.

Mais, quelle que soit la communauté, renforcer l'identité juive est pratiquement impossible sans placer Israël au centre de la question. Sans doute, y a-t-il un grand besoin de renforcer l'identité juive en Israël. Il est intéressant de noter que des Israéliens impliqués dans Partenariat 2000 - programme de partenariat entre communautés juives de l'étranger et communautés israéliennes, mené par l'Agence juive - découvrent pour la première fois leur propre dimension juive, longtemps demeurée en sommeil. Ils ne la suspectaient même pas. Et cela inclut les directeurs de programmes eux-mêmes. Ils pensaient qu'être israélien était au-dessus du fait d'être juif. Pendant des milliers d'années, nous étions des Juifs ; à présent nous sommes israéliens. Nous avons construit l'Etat juif, l'avons défendu, nous parlons hébreu et nous vivons ici - difficile d'être plus juif. Mais nous avons découvert la signification de
"communauté juive".


J.P. : Quelles priorités de l'Agence juive sont actuellement en train de changer ? Il y a eu des modifications majeures dans l'équipe, avec l'intégration de personnes que vous avez soutenues en son sein. Où va l'Agence aujourd'hui ?
Développer des cours pour les écoles israéliennes dans la diaspora juive fait partie des défis et du nouveau plan stratégique de l'Agence juive. C'est une très grande priorité, pour laquelle nous bénéficions actuellement d'excellents partenaires au sein du ministère de l'Education comme le ministre Gideon Saar et le directeur-général Shimshon Shoshani. Nous envisageons également les prochaines étapes, dans la lignée des programmes Masa et Birthright, pour rassembler des groupes d'Israéliens et de Juifs de la diaspora. Leur expérience renforcera leur identité commune.

N.S. : Nous sommes en train de préparer la tenue de rencontres stratégiques pour discuter des priorités de l'Agence juive, qui réuniront les 120 membres du Bureau des gouverneurs. A l'assemblée de juin prochain, des propositions seront mises sur la table et, espérons-le, approuvées. En octobre, à notre prochaine rencontre, le budget sera validé. Ainsi, en 2011, nous travaillerons avec de nouvelles priorités.
Bien sûr, nous sommes dévoués à l'aliya, de la même façon que nous sommes dévoués à l'éducation et à la démocratie. Ce qu'on pourrait qualifier d'"aliya choisie" dépend entièrement du renforcement de l'identité juive.

C'est un défi pour les Juifs de la diaspora qui sont confrontés à l'assimilation, et pour les Israéliens pris dans la lutte pour la légitimité de l'existence d'un Etat juif. La clé de tout cela est de développer, étendre, renforcer et défendre ce sentiment d'appartenance à la famille juive. C'est le centre autour duquel toutes nos discussions gravitent, ce qui signifie, en termes pratiques : comment transformer ces idées générales et ces bonnes intentions en programmes concrets et en budgets.

Je rejette l'idée d'une Agence juive qui s'éloigne de l'aliya. L'aliya est l'expression la plus riche du renforcement de l'identité juive. L'idée de rassembler les exilés est toujours présente. Mais elle évolue : il ne s'agit plus de s'évader de pays ennemis ou de sauver des milliers de Juifs, mais d'une aliya choisie.
Il y a quelques jours, j'étais en train de parler à un groupe d'Américains, tous religieux, qui avaient fait leur aliya l'an dernier. Ils m'ont demandé comment il était possible que moi, qui me suis tant battu pour faire mon aliya, je dérive de la lutte pour l'aliya vers la lutte pour le renforcement de l'identité juive. Je leur ai répondu : "Vous savez que Hakadosh Barouch Hou a donné l'ordre 'Lekh lekha'. Vous croyez que des Juifs qui ne veulent pas entendre la voix de Dieu écouteront un shaliah (émissaire) de l'Agence juive leur disant de faire leur aliya ?"

Il est impossible de forcer nos émissaires à concurrencer Dieu et à essayer de crier plus fort que lui pour faire passer le message. Vous ne pouvez pas parler plus fort que le Créateur.
Ce que nous avons à faire est donc d'aider les gens à entendre la voix de Dieu. Comment ? En renforçant leur sentiment de connexion, de fierté et de tradition juives et leur lien avec Israël. C'est notre fonction. Notre fonction n'est pas de leur imposer ce que Dieu lui-même ne peut leur imposer, mais de leur faire entendre Sa voix.

J.P. : Que pouvez-vous dire des Juifs en détresse dans le monde ?
N.S. : Chaque Juif amené depuis le Yémen l'est grâce à une grande collaboration avec la communauté juive mondiale. Je ne veux pas fermer de portes en mentionnant d'autres pays. Nous devons être sur nos gardes. Nous examinons les situations et essayons d'aider tout Juif qui pourrait se retrouver en danger. Nous faisons beaucoup d'efforts pour être sûrs de ne pas arriver trop tard.

C'est peut-être pour les Juifs iraniens que la situation pourrait actuellement être la plus difficile. Si j'en étais un, je réfléchirais sérieusement sur le pourquoi de ma présence persistante dans le pays. Je ne veux pas mentionner d'autres nations car cela rend l'aide plus complexe. Une partie essentielle du travail de l'Agence est similaire à celui de l'armée : être prêt, même si il n'y a pas de guerre. Nous devons nous tenir prêts à sauver des Juifs, même si eux-mêmes n'y pensent pas encore. Il y a des dépenses pour sauver mais aussi des dépenses pour être prêts à sauver. Et tous ces efforts se déroulent loin des yeux du public.

J.P. : Quel genre de message voudriez-vous donner aux lecteurs du Post pour Pessah ?
N.S. : Nous sommes en train d'augmenter notre rôle sur les campus et les universités américaines de façon spectaculaire. Des gens pourront se demander pourquoi dépenser autant d'énergie et d'argent pour cela. J'ai découvert, il y a de nombreuses années, que les campus sont le principal lieu de gestation du peuple juif. Et la boucle est donc bouclée.

Le défi pour les Juifs durant des milliers d'années était de faire le lien entre, d'une part, leur désir de liberté, les idées universelles de justice et de l'autre leur appartenance à la communauté juive et la loyauté à leur "tribu". En général, quand les Juifs sont convaincus qu'il y a un choix à faire, ils privilégient les chemins de l'universalité.
Quand j'étais porte-parole du groupe de surveillance Moscou-Helsinki en URSS, avec Sakharov, certains disaient qu'on ne pouvait pas faire les deux à la fois, qu'il faut impérativement choisir. J'ai senti avec force que je ne voulais pas choisir. Je ne peux pas. Car toute ma force dans mon combat pour la liberté vient de mon identité juive. Sans cela, se battre contre ce genre d'idéaux n'a aucun sens.

Aujourd'hui, dans la bataille qui a lieu sur les campus, nos ennemis tentent de convaincre les étudiants juifs en leur disant que pour faire partie du monde de la justice et de la liberté, il faut se désolidariser d'Israël et se départir de son identité juive. Ces attaques, ces discriminations et ces calomnies résultent du fait que beaucoup de jeunes Juifs ne veulent rien avoir à faire avec leur identité juive.


J.P. : Y a-t-il quelque chose dans le Seder de Pessah qui vous a permis de tenir bon pendant vos années en prison ?
Notre histoire, celle qui remonte à 2 000 ans, celle de la communauté juive soviétique ou celle d'aujourd'hui, est pleine de situations de ce type. C'est quelque chose que nous devons faire savoir à chaque jeune Juif. Si tu veux faire partie du monde de la justice, de la liberté et du tikkoun olam (réparation du monde), ton identité est source de force dans le combat que tu mènes - ton identité, basée sur notre histoire, nos traditions propres et bien entendu notre connexion avec Israël.

N.S. : Je me souviens du premier Seder de ma vie, j'avais 25 ans. J'étais à Moscou avec Avital, quelque mois avant qu'elle ne devienne ma femme. Nous étions un grand groupe d'étudiants apprenant l'hébreu, et nous avions été emmenés là par trois professeurs. Aucun des professeurs ne pouvait lire la Haggada en entier, donc chacun en lisait un tiers. Nous avions appris quelques chansons, comme "Dayenou". Je me souviens que cette phrase du Seder, "cette année nous sommes esclaves mais l'an prochain nous serons des hommes libres" nous avait beaucoup émus. Quelques années plus tard, je me trouvais dans un cachot le soir de Pessah, et j'étais seul. J'ai décidé qu'avec mon pain, mon sel et mon eau chaude, j'allais faire mon propre Seder. Rien d'autre que cela.

J'ai essayé de réciter la Haggada, mais je ne pouvais pas me souvenir de grand-chose. Mais cette phrase "cette année nous sommes esclaves, mais l'an prochain nous serons des hommes libres" me suffisait. Et je me suis rappelé du passage : "A chaque génération, chaque individu doit se comporter comme s'il était lui-même sorti d'Egypte." C'était tellement facile de sentir que c'était vrai, que je faisais partie de cette génération qui garde le flambeau de la liberté. C'était facile de se sentir faire partie d'une grande lutte historique ? Cela m'a donné beaucoup de force.


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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 22:03





Merci Mimi pour l'envoi de cette vidéo







Discours du Grand Rabbin de France lors de la remise de la légion d'honneur




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