La Turquie laisse tomber Assad, suspend sa participation à la flotille pour Gaza
DEBKAfile Reportage exclusif 25 mai 2011, 9:18 AM (GMT+02:00)
Adapté par Marc Brzustowski
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Tags: Syrian uprising Turkey Turkish flotilla Bashar Assad
La fin d’une chaleureuse amitié
Le soutien arabo-musulman au Président syrien Bachar al-Assad fond à vue d’oeil. Les sources du renseignement de Debkafile mentionnent que son second supporter le plus inébranlable, après l’Iran, le Premier Ministre turc Tayyip Erdogan, a secrètement ordonné aux responsables de son gouvernement de se défaire au plus vite, de tout ce qui concerne les relations d’Ankara avec Damas.
Ce changement à 180 ° a plusieurs conséquences, qui pourraient, à terme, également, concerner les relations de la Turquie avec Israël. Pour l'instant, Erdogan a donné, pour la première fois, aux dirigeants de l’opposition syrienne, l’autorisation de tenir leur assemblée à Anatolia, du 31 mai au 2 juin, pour opérer un tour de table sur les façons d’intensifier le soulèvement populaire qui dure depuis trois mois, jusqu’au point qui permettrait, finalement, de renverser Bashar al Assad.
Au bout de trois mois d’un soutien sans faille au régime d’Assad, les cercles du gouvernement turc cherchent à éviter à tout prix de se retrouver pris en train de « soutenir un régime qui tire dans les rues sur les Musulmans, dans le but de les massacrer ». Constatant que le nombre de morts syriens a dépassé les 1.100 tués, un responsable de haut-rang a commenté, auprès de Debkafile : « La Turquie est une démocratie musulmane. Elle ne doit pas prêter son concours à des dictateurs qui assassinent leurs citoyens ».
Ce changement de politique a pris un nouveau virage au cours de trois phases supplémentaires :
1. Le message qui suit a été envoyé à Damas, le mardi 24 mai : « La Turquie n’est pas membre de l’Union Européenne et, par conséquent, n’est pas liée par les sanctions qu’elle a imposées, qui consistent à geler les avoirs d’Assad et de lui interdire, ainsi qu’aux chefs de son régime, de sortir du pays pour voyager. Quoi qu’il en soit, il est conseillé au dirigeant syrien de ne rien tenter pour tester ses intentions, en essayant de se rendre en visite en Turquie ».
2. La répression du soulèvement, menée par Assad, dans les régions kurdes du nord de la Syrie, provoque des remous parmi les Kurdes du Sud de la Turquie. A moins qu’elle ne soit stoppée sans délai, Ankara prendra des mesures déclarées contre le dirigeant syrien.
3. Erdogan a interrompu ses conversations quasi- quotidiennes avec Assad. En tout état de cause, ses conseils au Président syrien sur la façon de procéder pour venir à bout du soulèvement contre son régime n’ont jamais été pris en compte.
Nos sources rapportent également qu’il a ordonné à Hakan Fidan, le chef du MIT, les services de renseignement turc, de cesser de se rendre à Damas pour faire son compte-rendu sur les activités de l’opposition. Assad a ainsi perdu sa source principale d’information concernant les intentions de l’opposition sur ce qu’elle est sur le point de faire.
Parmi les sous-produits de ce changement radical de politique, à Ankara, nos sources mentionnent que le Premier Ministre turc a reconsidéré le déploiement, depuis les ports turcs, d’une vaste flottille anti-israélienne, visant à briser le blocus de Gaza. Elle était prévue pour la dernière semaine de juin.
15 vaisseaux transportant 1500 militants en provenance de plusieurs pays devraient y prendre part, autour du « navire-amiral » Mavi Marmara, le bateau turc à bord duquel 9 personnes avaient été tuées lors d’un affrontement violent avec les commandos israéliens, il y a un an. Erdogan a décidé de retirer la participation turque, de façon à éviter que la Syrie n’exploite une nouvelle confrontation israélo-turque en mer pour lancer une attaque contre la frontière nord d’Israël, lors d’une démonstration de solidarité entre la Syrie et la Turquie.
Ces derniers temps, Ankara travaille dur pour éviter toute suggestion de solidarité quelconque avec la Syrie…