Ce point de vue intervient alors que le Premier ministre libanais, Saad Hariri, fils de Rafic Hariri, a déclaré hier s’être« trompé en accusant la Syrie du meurtre de son père » (des propos qui restent incompris par ses électeurs et, ses partisans ainsi que ses élus).
Dans ces conditions, la manœuvre du régime de Bachar Al-Assad serait sur le point de réussir : Damas cherche à se« laver les mains des assassinats politiques au Liban », en les attribuant uniquement au Hezbollah. Or, ce dernier refuse de jouer le rôle du bouc émissaire et terrorise les Libanais pour les contraindre à oublier le Tribunal international. Toutefois, le procureur du Tribunal international, le juge canadien Daniel Bellemare, n’a pas encore rédigé ses actes d’inculpation et rien, à ce stade, ne confirme l’innocence de la Syrie ni la culpabilité du Hezbollah.
En effet, la Syrie faisait la pluie et le beau temps au Liban qu’elle occupait avec 35.000 soldats. Il est inconcevable que le Hezbollah, ou toute autre organisation terroriste ou résistante, puisse commettre un tel acte terroriste sans l’aval de l’occupant, théoriquement responsable de la sécurité de l’occupé. Pour éviter la justice internationale, la Syrie devrait non seulement trouver et sacrifier un responsable de l’assassinat de Hariri, mais devrait aussi changer de politique, tant au Liban qu’en Irak et en Palestine. Elle devrait ainsi cesser ses ingérences dans les pays voisins et mettre un terme à son opposition au processus du paix. Mieux encore, Damas est sollicité pour rejoindre les négociations : la visite du roi Abdallah II de Jordanie hier à Damas, et la mission à venir de Jean-Claude Cousseran, l’attestent. Mais en acceptant une telle issue, la Syrie devrait se rebeller contre son allié iranien, lâcher le Hezbollah, et se montrer docile avec l’AIEA, l’Agence internationale s’inquiètant des ambitions nucléaires syriennes... Le Tribunal international peut, à cet égard, « aider Damas à franchir le pas ».
Pour échapper à un tel scénario, le Hezbollah terrorise les Libanais. C’est dans cette complexité que Farès Khachane a publié son point de vue, sur le site« Youkal.net ». Traduction :
Le Hezbollah... et l’enfer
« - Il n’y a pas, chez le Hezbollah, des assassins… Pourtant, le Parti de Dieu sème la terreur ;
Il n’y a pas, chez le Hezbollah, des non-religieux… Pourtant, ses partisans et alliés utilisent un langage ordurier ;
Il n’ y a pas, chez le Hezbollah, des partisans qui s’opposent à la souveraineté et à l’indépendance du Liban... Pourtant, ils répètent tous ce que leur dicte l’Iran ;
Il n’y en a pas au sein du Hezbollah, que des pacifistes... Pourtant, ses militants n’hésitent pas à utiliser les armes y compris contre leurs propres alliés pour leur infliger une bonne leçon ;
Les membres du Hezbollah condamnent le confessionnalisme et le sectarisme... Pourtant, leur chaîne de télévision Al-Manar se fait un point d’honneur d’appliquer à la lettre les instructions de Wilayat Al-Faghih ;
Il n’existe pas, parmi les partisans et alliés de Hezbollah, qui ne prétendent l’indépendance... Pourtant, ils répètent tous ce que leur dicte la “salle d’opérations et de commandement” du parti ;
Il n’existe pas, parmi ceux qui défendent le Hezbollah, qui ne prétendent dire la vérité… Pourtant, ils sont tous passés maîtres en désinformation et falsification ;
Il n’existe pas, parmi le peuple libanais, qui ignore toute la vérité concernant le Hezbollah… Pourtant, nombreux sont ceux qui le couvrent, qui prétendent le connaitre et qui lui expriment leur adoration ;
Le général Michel Aoun a “vendu son adoration” en expliquant aux Chrétiens que le Hezbollah fait peur, et qu’il vaut mieux gagner son affection et l’utiliser comme soutien. “Car un allié qui terrorise est plus utile qu’un allié faible” (les Sunnites, NDLR) ;
Le député Walid Joumblatt est resté prisonnier des menaces sécuritaires jusqu’à ce qu’il remette son destin aux mains du Hezbollah ;
Des marionnettes politiciennes vivant de “mendicité” ont commencé, sur ordre du Hezbollah, à menacer de mettre dans les coffres des voitures tous ceux qui ne suivent pas le Hezbollah. Ils ont menacé d’écraser ses opposants et de les annihiler (des propos de Wiäm Wahhab et Nasser Kandil notamment... NDLR).
Tout cela n’est qu’un infime exemple de la réalité politique libanaise. La réalité est que Hassan Nasrallah humilie les leaders nationaux qui refusent de se taire. La réalité est qu’il menace la stabilité et que des dizaines d’officiers de l’armée regardent “terrorisés” l’homme de la télévision, voient ses miliciens faire main basse sur les rues et semer mort, destruction et corruption. La réalité est cette politique de terreur vise à obliger ses victimes à venir lui demander pardon et à s’excuser pour avoir eu des sursauts de dignité et lui admettre s’êtres égarés...
Les serviteurs du Hezbollah et de sa politique sont bien protégés… Ils sont armés jusqu’aux dents, alors que leurs adversaires sont tout simplement des “espions d’Israël” auxquels on doit infliger le châtiment suprême en leur dressant les potences dans tous les coins de rues ! Les serviteurs du Hezbollah sont devenus hyper riches (Michel Aoun et Gebran Bassil, NDLR)… Ceux qui n’avaient pas de quoi manger sont devenus propriétaires d’immeubles et de médias, alors que les adversaires sont accusés de corruption… et d’être trop riches ! Les sbires du Hezbollah ne quittent plus les plateaux de télévision et les antennes de radio, nous engorgeant d’informations fabriquées de toutes pièces, alors que quiconque a le culot de réclamer le droit d’un martyr ou d’une victime devient la cible des flèches empoisonnées de cette “chorale des menteurs”.
La réalité politique impose à tous d’accepter cette situation en silence. Au nom de cette réalité politique, le slogan “Beyrouth démilitarisé” devient une farce, une ineptie, alors que la Palestine sans les Juifs et sans Israël est une “partie de plaisir”...
Quant au Tribunal international (TSL), ses travaux peuvent commencer mais ne doivent jamais aboutir. Le Hezbollah accuse le TSL d’être politisé alors qu’il dépêche ses émissaires auprès des leaders politiques du monde entier leur enjoignant d’intervenir afin de bloquer l’acte d’accusation. Il demande au TSL d’examiner la piste israélienne prétendant avoir des preuves. Et quand le TSL accepte de les examiner et réclament ces preuves, il annonce qu’il ne reconnait pas ce tribunal et refuse de collaborer. Le Hezbollah exige de la justice libanaise, paralysée et incapable d’intervenir même dans la banlieue sud de Beyrouth, une enquête sérieuse sur l’implication d’Israël dans l’assassinat de Rafic Hariri… La justice libanaise n’a qu’à obtempérer, aveuglément à la sommation prononcé par Hassan Nasrallah !
La réalité est que le peuple libanais rêvait de passer de l’anarchie à un Etat de droit. Il est désormais réduit en robots et il lui est demandé d’oublier son droit à la vérité et à la justice. Le Liban devient ainsi un théâtre de marionnettes qui doit obéir à Hassan Nasrallah dès qu’il apparait à la télévision.
Que faire ?
Hier un ami m’a offert un livre écrit par un Iranien qui a trahi la Révolution islamique et, comme il se doit, le livre est interdit au Liban. Les premières pages m’ont empêché de dormir. On y apprend en effet que la Révolution islamique est la mère de toutes les révolutions, qu’elle est le guide du Hezbollah libanais, et que le Hezbollah n’est autre que la Révolution islamique au Liban. On y apprend aussi que les bourreaux doivent violer les filles avant de les exécuter, car les vierges vont impérativement au Paradis… Les Ayatollahs iraniens, maîtres à penser du Hezbollah, ordonnaient ainsi le viol des jeunes filles avant de les exécuter pour les empêcher d’aller au Paradis ! Exactement comme le Hezbollah au Liban, qui continue à lapider Rafic Hariri et tous les martyrs de la Révolution du Cèdre dans leurs tombes. Entre le livre sur l’Iran et nos histoires libanaises, il n’y plus de place au doute : le Hezbollah veut à la fois nous faire perdre la terre et le paradis. Mais malgré cela, au nom du réalisme politique… nous devons accepter. »
Farès Khachane.
Traduction de Randa Al-Fayçal
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