Judah s’approche de Joseph pour plaider la libération de Benjamin, s’offrant comme esclave à la place de son jeune frère. Devant cette expression de loyauté l’un envers l’autre, Joseph ne peut davantage se contenir et leur révèle son identité. « Je suis Joseph », dit-il d’une voix chargée de pleurs. « Mon père vit-il encore ? »
Ses frères sont accablés de honte et de remords, mais il les réconforte en leur disant « ce n’est pas vous qui m’avez fait venir ici, c’est D.ieu, afin de nous sauver, nous et toute le pays, de la famine. » Il se jette ensuite au cou de Benjamin et pleure.
Les frères, chargés de présents, s’empressent de retourner en Canaan pour y apporter la bonne nouvelle. Jacob descend alors en Égypte avec ses fils et leurs familles, soixante dix âmes en tout, afin d’y retrouver Joseph après 22 ans de séparation. Sur son chemin, il reçoit la promesse de D.ieu « N’hésite point à descendre en Égypte, car Je t’y ferai devenir une grande nation. Moi-même, Je descendrai avec toi en Égypte ; Moi-même Je t’en ferai remonter ».
Joseph rassemble les richesses de l’Égypte au profit de Pharaon en vendant nourritures et semences pendant la famine. Pharaon donna à Jacob et à sa famille la région fertile de Gochen, où les enfants d’Israël connurent une prospérité prodigieuse.
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LA SIDRA DE VAYIGACHE
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La sidra de cette semaine est particulièrement fertile en événements émouvants. Elle a inspiré des écrivains célèbres comme Thomas Mann, et pourtant, rien ne dépasse la sobre beauté du texte biblique. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’admirable plaidoyer de Judah, qui tente d’arracher Benjamin à la colère du haut fonctionnaire égyptien dont il ignore l’identité, ou encore d’évoluer la rencontre de Jacob avec son fils retrouvé. Ce sont des textes qui font jaillir les larmes aux yeux.
Jacob apprend avec stupéfaction que Joseph est vivant et qu’il est devenu un personnage considérable dans le pays des Pharaons.
Sa décision de le rejoindre est vite prise. Sa joie est immense, et pourtant D. trouve nécessaire de le tranquilliser. Ne crains pas de descendre en Egypte, tu y deviendras un peuple grand et fort. Cette consolation de D. au moment du plus exaltant bonheur de notre patriarche, implique chez lui une source inquiétude.
Sa joie n’est pas sans mélange. Il a peur de quitter le pays qu’il sait être le cadre futur de l’histoire de ses descendants. C’est pour rejoindre ce pays qu’Abraham a abandonné le foyer familial. C’est vers le pays qu’on convergé les pensées des ancêtres. S’expatrier n’est pas chose facile.
Celui qui porte depuis sa lutte avec l’ange le nom d’Israël peut pourtant entreprendre tranquillement le voyage. Le Seigneur lui a assuré : Je descendrai avec toi en Egypte, et je te ferai remonter en Israël.
Cette certitude que D. accompagne Israël dans toutes ses pérégrinations a rendu les sombres pages de l’histoire juive supportables. Elle a détruit la fable selon laquelle l’exil n’était rien d’autre qu’une punition. Elle a permis au Juif de tous les temps de ne jamais douter de D.
Bien plus, cette promesse fait de la situation de la minorité juive un test de degré de civilisation du milieu qui l’environne. Je descends avec toi en Egypte. Je demeure avec toi. Dit D. à Jacob – si tu es persécuté, Je le suis aussi- si tu es heureux, je le suis aussi, Atem édaï vous êtes mes témoins, dira plus tard le prophète.
Mais cette permanence de la présence divine auprès d’Israël nous oblige à une vigilance de tous les instants. Que D. fasse à Jacob l’honneur de l’accompagner et voilà notre patriarche, pour ainsi dire, obsédé par cette présence. Il va revoir Joseph. Son amour paternel se traduit par une fébrile impatience. Joseph arrive, se jette à son cou et pleura longtemps Rachi, le célèbre commentateur du Moyen Âge, nous explique : « Joseph embrassa Jacob, mais Jacob n’embrassa pas Joseph car il récitait le Chéma, la proclamation de l’unité divine »
Cette récitation du Chéma, en un tel moment, nous paraît presque déplacée. Qui n’aurait excusé Jacob de s’abandonner à des effusions somme toute naturelles. Mais Jacob avait conscience de ce qu’il devait à D. En ces instants mêmes, plus que dans d’autres, il a voulu marquer la priorité absolue des devoirs de l’homme envers D. Et ce faisant, il a donné la preuve d’une rare fermeté de caractère.