Analyses et actualités sur la geopolitique - Proche et Moyen-Orient - israel - conflit israel palestine - renseignement - diplomatie - Lutte contrela désinformation
LA FLOTTILLE AÉRIENNE A RENFORCÉ LA SOUVERAINETÉISRAELIENNE EN PLAÇANT LES PALESTINIENS DEVANT LEURS RESPONSABILITES
Par Maître Bertrand Ramas-Mulhbach
Pour © 2011 lessakele et © 2011 aschkel.info
Ce 8 juillet 2011, des centaines de militants pro-palestiniens du collectif « bienvenue en Palestine » ont eu la désagréable surprise de constater qu’ils ne l’étaient pas en Israël. Bon nombre d’entre eux n’a pas été autorisé à embarquer dans les avions à destination de l’aéroport israélien de Ben Gourion, d’autres ont été, dès leur arrivée, refoulés du territoire israélien, les derniers ont été placés dans les geôles israéliennes avant que ne soit trouvée une solution pour leur expulsion. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait annoncé la veille : « tout pays a le droit élémentaire de refuser l'entrée sur son sol de provocateurs » et ce, « conformément aux lois d’Israël et aux conventions internationales ».
Effectivement, si la Palestine n’existe pas (encore), ce n’est pas le cas d’Israël. L’Etat juif peut donc valablement opposer à quiconque les prérogatives internationales que sont la souveraineté étatique et le droit de prévenir toute atteinte à l‘ordre publique. Si des « hooligans », ou des « voyous » cherchent uniquement à « porter atteinte à notre légitimité dans notre propre pays » (comme l’a rappelé le Ministre de la Sécurité Intérieure), le principe de souveraineté permet alors d’empêcher aux personnes indésirables, l’accès sur le territoire.
L’objectif des militants pro-palestiniens était, dans le discours, de se rendre dans les territoires palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza en vue de participer à une semaine d’activité culturelle pour assurer aux palestiniens que le monde ne les oubliait pas. En réalité, leur démarche entendait illustrer « les conditions draconiennes et discriminatoires » qu’impose Israël aux palestiniens « en les isolant et en les piégeant dans un statut inférieur loin des yeux extérieurs ».
Pour ce faire, plusieurs symboles ont été exploités. Tout d’abord le choix du nom « bienvenue en Palestine » nie l’existence d’Israël et sa souveraineté. Ainsi, l’atterrissage en Israël aurait pu laisser entendre que la Palestine était sous occupation d’une entité de type coloniale, ce qui est non seulement provoquant mais encore humiliant pour Israël. Ce nom répond par ailleurs, à tous les pays dans le monde qui ne mentionnent pas le nom Israël sur les mappemondes mais seulement celui de « Palestine ». Un autre symbole résultait du choix de la date (8 juillet) qui marque l’anniversaire de la décision prise le 9 juillet 2004 par la Cour Internationale de Justice de la Haye, qui a déclaré illégale la construction du « mur » de séparation israélien édifié en Cisjordanie et l’annexion de Jérusalem-Est. Sur ce point, l’arrivée massive de pro-palestiniens aurait pu jeter un nouveau discrédit sur l’Etat juif.
Par ailleurs, les militants entendaient dénoncer les obligations qui leurs sont soumises lorsqu‘ils se rendent en territoires palestiniens via Israël : « Nous infliger de mentir, de signer des documents par lesquels nous nous engageons à ne pas nous rendre dans les territoires palestiniens, nous humilier, et refuser quotidiennement le passage à des pacifistes, n’est plus acceptable !». A cet égard, la démarche des pro-palestiniens n’était pas cohérente. Les organisateurs n’ont jamais encouragé l’Autorité Palestinienne à entretenir de bonnes relations avec Israël pour faire en sorte qu’il ne soit plus nécessaire de passer par Israël pour se rendre à Ramallah, Bethlehem, Naplouse, kalkilya…
Enfin, le dernier objectif était de condamner la politique des gouvernements occidentaux qui « s’abstiennent d’œuvrer pour libérer l’accès à la Palestine en soutenant la politique israélienne d’apartheid » (sic).
Ce fiasco pro palestinien a finalement placé les palestiniens devant leurs responsabilités : ils ne pourront jamais être reconnus comme constituant une entité nationale s’ils ne respectent pas eux-mêmes l’entité souveraine d’autrui.
La bande de Gaza n’est pas coupée de l’extérieur. Si les militants pro- palestiniens souhaitent s’y rendre, qu’ils empruntent la voie égyptienne puisqu’il n’y a plus aucun problème pour rejoindre le territoire palestinien en venant de l’Egypte (Mahmoud Abbas vient d’ailleurs d’y penser en suggérant, ce 9 juillet 2011, de réfléchir à ce mode d’accès). De façon plus utile, ils pourraient également inviter les palestiniens à abandonner la doctrine du Hamas et l’objectif consistant à anéantir l’entité sioniste, ce qui permettrait d’entrevoir la reconstruction de l’aéroport de Gaza pour leur éviter de passer par Israël pour se rendre à destination. De même, et s’agissant de ceux qui entendent se rendre dans les territoires palestiniens de Cisjordanie, il suffit de suggérer à l’Autorité palestinienne qu’elle normalise ses relations avec Israël, qu‘elle annonce officiellement l‘abandon définitif du recours à la lutte armée et qu‘elle l‘impose à ses ressortissants. Il sera alors possible de construire un aéroport international près de (la future capitale) Ramallah, ce à quoi l’Etat juif prêtera bien évidemment son concours. Les militants pro-palestiniens pourront alors en toute quiétude, rendre visite aux palestiniens sans même avoir à solliciter l’autorisation à Israël.
Les palestiniens viennent d’essuyer deux cuisants échecs avec leurs flottilles maritime et aérienne dont l’objectif était purement propagandiste. La communauté internationale ne s’est pas laissée piégée par la première, opportunément stoppée en Grèce avant que l’Etat juif ne bloque intelligemment la seconde. Les palestiniens et ceux qui les soutiennent devraient finir par comprendre que la violence ne résout rien et qu’ils ne pourront jamais parvenir à la reconnaissance d’une souveraineté palestinienne en occultant celle d’autrui. Leur déni d’Israël et leur manœuvre pour délégitimer l’Etat juif ne fait que les desservir.
La réalité de la situation géopolitique contemporaine est la seule qui puisse fonder les frontières interétatiques, non la guerre, les fantasmes, la spoliation de parties dépendant de la souveraineté israélienne ou le rêve d’un anéantissement de l‘Etat juif. En attendant le sursaut palestinien sur ce point, il faut admettre qu’Israël a formidablement géré cette nouvelle tentative de déstabilisation et fait un nouveau pas vers l’opposabilité au monde de sa spécificité.